Catégorie : Poésies

Ninet’InfernO : un chant d’amour et de désespoir

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— Par Marina Da Silva —

Roland Auzet adapte les Sonnets de Shakespeare pour Pascal Greggory et Mathurin Bolze. 
Un poème sur mesure d’une beauté à couper le souffle.

Le rideau se lève sur une forêt de chaises où sont assises des silhouettes humaines. Elles vont s’éclipser à cour et à jardin, rejoindre la tapisserie d’instruments composée par l’Orchestre symphonique de Barcelone et national de Catalogne (OBC). Ils restent à deux. Lui est un homme d’âge mûr, à la beauté solaire, Pascal Greggory, acteur révélé d’abord au cinéma par Rohmer puis par Chéreau. Il a commencé à jeter les chaises et jette aussi les mots de sa rage et de son amour blessé, trahi. Face à lui, Mathurin Bolze déploie sa jeunesse étincelante et insolente. Le premier est aimanté par le second, qui ne le regarde plus, suit sa trajectoire d’astre fasciné par son destin. L’un est à bout de souffle, laisse couler son chant d’amour comme une lave de volcan. L’autre est muet, mais tout son corps vibre d’un prodigieux langage qui éblouit. Ninet’InfernO s’inspire des Sonnets de Shakespeare (154 poèmes publiés en 1599), que Roland Auzet, compositeur et dramaturge, a sélectionnés.

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Haïti est une blessure et une jouissance que je traine avec moi

— Entretien réalisé par 
Muriel Steinmetz —

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Un fort alcool de contrebande
La Nuit des terrasses, de Makenzy Orcel. Éditions La Contre Allée, 62 pages, 9 euros. recueil De bars en bars à Port-au-Prince l’auteur dans une langue de la rue réinventée au grè de ses errances redevient poète pour aller à la rencontre de ses frères de terrasses avec la force et la tendresse des chants populaires.

Makenzy Orcel est né en 1983 dans le quartier pauvre de Martissant, à Port-au-Prince. Son roman les Immortelles (Zulma, 2012), texte forgé dans une langue de la rue réinventée, à la fois crue et poétique, donnait voix aux prostituées de la capitale haïtienne dont tant sont mortes écrasées sous les décombres du terrible tremblement de terre qui a ravagé l’île en janvier 2010. Makenzy Orcel nous confiait l’avoir écrit dans la rue, après le séisme, derrière une vieille voiture abandonnée, à côté du cadavre d’une femme enceinte. Avec la Nuit des terrasses, le romancier redevient poète. Il trinque à la convivialité, invite à sortir la tête de son verre pour célébrer à plusieurs, présents et absents, « l’heure ivre », « la lumière pintée », car « boire nous sort du temps ».

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Alain Borer « Ce qui frappe chez Rimbaud, c’est la continuité des ruptures »

— Entretien réalisé par Muriel Steinmetz —
rimbaudHéritage L’écrivain Alain Borer (1), qui vient de présider le Printemps des poètes, a consacré trente ans de sa vie à la fouroyance du poète (1854-1891).

Comment expliquer que ce géant poétique foudroyant qui a tout écrit à dix-sept ans avant de jeter l’encrier, soit devenu ­ensuite un trafiquant colonial, autrement dit comment ce jeune homme en sympathie avec la cause des communards se retrouve soudain dans le vertige de la conquête ­coloniale du XIXe siècle ?

Alain Borer En aucun cas, Rimbaud n’a été colonialiste. Parmi les personnages qui débarquent des bateaux de messagerie en 1880, on ne voit que des prêtres, des diplomates, des marchands de canons et des commerçants. Rimbaud n’est rien de tout ça. Il vient chercher du travail. C’est un jeune homme ­ouvert à toutes les perspectives et, parmi celles-ci, il y eut celle de vendre des armes, mais du côté du libérateur de l’État éthiopien, à travers la figure de Ménélik et avec l’accord du gouvernement français. Je dirai que Rimbaud en Abyssinie, c’est la figure de l’idiot au sens grec.

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Pour une insurrection poétique permanente

poesie_sauveuse_du_monde— Par Marie-José Sirach  —

La poésie sauvera le monde, de Jean-Pierre Siméon. Éditions Le Passeur, 86 pages, 15 euros. Directeur du Printemps des poètes, Jean-Pierre Siméon signe un pamphlet nerveux et enthousiaste. Pour la poésie.

C’est le livre d’un homme en révolte, comme on dirait, en colère. Jean-Pierre Siméon, poète, ose la poésie, le poème, la langue. Un livre comme un cri, Urgent crier !, proclamait André Benedetto, un cri pour dire haut et fort, sans détours ni faux-semblants, que « la poésie sauvera le monde ».

« Le poème demande un effort (…) : le silence, la lenteur, la patience », écrit-il. Affirmer cela aujourd’hui, dans nos sociétés où l’imaginaire est piétiné sur l’autel de l’image, où la langue est aseptisée, lissée jusqu’à la vider de son sens (de son sang), c’est nager à contre-courant des flots et du flux, de ces torrents d’images et de mots-mensonges qui prétendent parler du réel… Or « tout poème est un grain de sable dans les rouages de la grande machine à reproduire le réel », poursuit-il, quand tout concourt, par le truchement du divertissement, de la domination du conceptuel dans l’art, « à une lecture passive du monde ».

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De la poésie de toutes les couleurs

ce_qui_est_ecritCe qui est écrit change à chaque instant, anthologie poétique. Le Castor Astral, 315 pages, 12 euros.

Cent un poètes pour un ouvrage qui est en même temps un manifeste de diversité et d’éclectisme.
C e qui est écrit change à chaque instant, c’est le titre de l’anthologie qui paraît ces jours-ci au Castor Astral. Il s’agit d’une citation du poète suédois Tomas Tranströmer, auteur vedette de la maison. Cent un poètes y sont présents sous forme d’extraits de leurs œuvres, véritable pot-pourri de ce que la maison d’édition s’honore d’avoir publié depuis sa création en 1975. La majorité des écrivains sont francophones, mais on trouve aussi des voix venues de l’étranger (Chine, Flandres, Pays basque, Angleterre, Colombie, États-Unis, Irlande, Italie, Norvège, Jamaïque, Suède, Russie, Allemagne…). Les choix de Jean-Yves Reuzeau et Marc Torralba sont très divers. Ils embrassent aussi les auteurs de la Beat Generation et ceux du Manifeste électrique (1971) et du Manifeste froid (1973), ainsi que les participants aux revues Chorus (Franck Venaille, Daniel Biga et Pierre Tilman) et Exit (Patrice Delbourg, Daniel Fano, Yves Martin, Marc Villard), sans omettre les changements formalistes sans cesse à l’œuvre dans la sphère poétique.

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Il y a 70 ans mourrait Robert Desnos

Desnos, alias Robert le Diable, le veilleur du Pont-au-Change

— Par Marie-José Sirach —

robert_desnos-2Il est mort d’épuisement et de maladie le 8 juin 1945 au camp de Terezin

Toute sa vie durant, sa courte vie, Robert Desnos l’a consacrée à la poésie, à l’écriture. Il est né en 1900 près de la Bastille, on l’imagine baguenauder dans les ruelles de ce quartier encore populaire de la capitale. Mauvais élève, il quitte très vite les bancs de l’école, ce qui ne l’empêche pas, à tout juste dix-sept ans, de publier ses premiers poèmes dans la Tribune des jeunes, revue socialiste d’alors. Déjà, il retranscrit sur des petits carnets ses rêves. En 1919, il se consacre pleinement à l’écriture et compose en alexandrins, soigneusement ordonnés en quatrains, le Fard des argaunotes. Ami de Benjamin Péret, c’est par son entremise qu’il rejoint les surréalistes qui se retrouvaient alors au Certa, un café passage de l’Opéra, où Breton organisait des soirées d’écriture poétique sous hypnose. Le 25 septembre 1922, Desnos fait un tabac auprès de ses pairs bluffés par les vers qu’il prononce en état de sommeil hypnotique.

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Anderson Dovilas : un poète aux métaphores infinies

— Par Dana Shishmanian —
anderson_dovilasNé à Port-au-Prince (Haïti), Anderson Dovilas a publié en France, au Canada, et aux Etats-Unis. Il est poète, auteur dramatique et comédien. Il a fait des études de linguistique à la Faculté de Linguistique Appliquée de l’Université d’Etat d’Haïti. Et des études de psychologies inachevées à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti. Passionné du devenir des mots et militant politique ; Il possède la force et la tendresse de son âge. Le courage et la volonté sont ses armes, auxquelles s’ajoute le charme pimenté d’un goût de vivre qui lui attire toutes les sympathies (…) Il est sans doute l’un des plus grands poètes de sa génération avec des métaphores infinies a déclaré Denise Bernhardt poétesse Française.
Maniant un langage poétique fait de ruptures de plans, d’images disparates, de glissades ludiques, de trouvailles provocatrices, le poète jongle en fait au-dessus d’un abime bouillonnant de lave : c’est le sang de son peuple, qui s’élève soudainement au détour des vers, tel une lame de fond, rasante et bouleversante, projetée par un océan en feu. Son programme littéraire est étroitement lié à un projet de société.

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La cuisine créole d’Arthur H et Nicolas Repac

Par Selim Lander

arthur h l'or noirOn apprend par les gazettes (Le Monde des Livres du15 mai) que Maryse Condé vient de publier un livre pas vraiment de mais sur la cuisine (Mets et Merveilles, J.-CL. Lattès, 2015). On se demande ce qu’elle penserait de la drôle de tambouille poético-musicale à base d’ingrédients (principalement) antillais concoctée par deux Français de France. Rien à dire en ce qui nous concerne, sinon des éloges, sur les ingrédients : les textes de Césaire (tirés du Cahier, des Armes miraculeuses, de Corps perdu) sont « étranges et pénétrants » comme il se doit ; et ceux qui l’accompagnent sans être aussi puissants (comment se comparer à Césaire ?) méritent néanmoins d’être entendus. On remarque en particulier, pour leur originalité, l’humour macabre d’Amos Tutuloa (L’Ivrogne dans la brousse traduit Raymond Queneau) ainsi qu’une définition de l’amour vrai comme l’art du voyage à motocyclette par Édouard Glissant (Marie-Galante). Rien à dire non plus, sinon des éloges, sur le chef, le nommé Arthur H (comme Higelin), lequel, incontestablement, sait dire des textes : mieux que ça, sa manière concentrée et inspirée, ménageant là où il faut les silences qu’il faut, est celle d’un maître.

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Ces deux blancs qui célèbrent l’Or noir!

—Par Roland Sabra —

or_noir-2C’est d’une rencontre avec Edouard Glissant qu’est né « L’Or noir ». Arthur H. était venu lui lire du Césaire ! Peu de temps après sur la scène de l’Odéon il lit des vertiges de l’Anthologie poétique du Tout-monde et la nécessité d’un spectacle consacré aux écrivains et poètes créoles s’impose dans toute son évidence. Il y ajoute des extraits de « L’ivrogne dans la brousse » du nigérian Amos Tutuola, roman publié en 1952 et traduit en français par Raymond Queneau l’année suivante. La part du lion du lion de la soirée est consacrée au maître tutélaire Aimé Césaire. L’entame se fait avec Corps perdu, de « Cadastre » mais viennent aussi des extraits du Cahier et d’autres des « Armes miraculeuses ». Édouard Glissant est lu à deux endroits. Une première fois après Césaire avec un passage de  La Cohée du Lamentin  et une seconde fois de nouveau après Césaire avec Marie-Galante mais comme point de clôture du spectacle. Encadrés par ces deux piliers on entend des textes de Dany Laferrière, René Depestre, Gilbert Gratiant, James Noël.

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Arthur, le nègre

« L’Or noir » à Fonds Saint-Jacques le 16/05/2015 à 20h

or_noir— Par Nadine Eghels —

Enfant, j’ai entendu quelqu’un dire que les nègres étaient des gens qui vivaient le long du fleuve Niger, et cela m’avait tant touché que souvent, la nuit, je filais là-bas. Il n’était pas question de race, ni de couleur, mais d’un lieu où l’on pouvait se rendre, en suivant le fil rouge de la nuit. Je dis cela parce qu’après t’avoir entendu, Arthur, je suis retourné là-bas où je t’ai retrouvé.
Le chemin, pour y aller, n’est pas fait de terre mais de chants, un long ruban de chants, rugueux, longtemps macérés dans l’eau de vie et le sang gâté. J’y ai retrouvé des gens venant de partout, et de tous les temps.
Ils y étaient par choix. Édouard Glissant, les pieds dans l’eau, conversant, avec Aimé Césaire. James Noël pêchant des écrevisses, juste à la courbe du fleuve, et ce nègre courant, dans la brousse avec un molosse à ses trousses ne peut être que Chamoiseau, et tant d’autres, même Queneau, et Vian, et cette voix qui nous vient du fond de la bananeraie, langoureuse et élégante, comme un hamac l’aurait fait s’il savait chanter, parfois grave et sèche comme une lampée de rhum, pour s’éteindre doucement afin de faire corps avec la nuit : c’est celle d’un jeune homme du nom d’Arthur H.

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Hommage de Fernand Tiburce Fortuné à Henri Corbin

henri_corbin-400Henri CORBIN nous  a quittés, le mois dernier. Je me souviens de lui dans ce texte, de 1997,  retrouvé et que je vous demande aimablement d’accueillir. Qu’il repose en paix.

Le 06/05/2015

Fernand Tiburce Fortuné

SEMAINE DE LA POESIE

DES GRIOTS DE LA MARTINIQUE

INVITÉ D’HONNEUR :

HENRI CORBIN – poète
LAMENTIN – MARTINIQUE (Mer Caraïbe) – 8/4/19

Contribution de Fernand Tiburce FORTUNÉ
Président du GROUPE FWOMAJÉ

 

Lamentin – 13/3/1997

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Un écrivain sans dieu

— Par Alain Freixe —

mickael_gluckPoésie. Michaël Glück revisite en poète le premier livre de la Torah, la Genèse. Aux sept jours attendus, il ajoute la nuit qui les a précédés.

Dans la suite 
des jours, de Michaël Glück. L’Amourier éditions, collection « Poésie », 490 pages, 26 euros. Sur la table des libraires, voir Dans la suite des jours, de Michaël Glück, édité par l’Amourier, impressionne. Pour un pavé, c’en est un ! Et sous celui-ci, les pages ! 490 au total ! Michaël Glück et ses éditeurs ont choisi de regrouper les sept volumes parus entre 1996 et 2008 : Jour un, le Lit, la Table, le Couteau, le Berceau et la Tombe, l’Échelle, le Repos, soit sept méditations écrites dans les marges de la Bible, sur les bords du livre. Michaël Glück, « ce lecteur et écrivain sans dieu », comme il aime à se définir lui-même, et son éditeur ont choisi d’ajouter un huitième livre.

Et c’est le chaos qui resurgit. Non pas le désordre mais la fente première : l’inarticulé, l’irrévélé, l’irrésigné. La séparation fondatrice. « Au commencement est la nuit / toujours la nuit », « la nuit sans nom », Albe la blanche, si c’est là un des noms de ce qui serait espace lisse et blanc d’avant tout signe.

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La sensibilité effervescente d’Henri Corbin

—Par Georges Desportes* —

henri_corbin-400Le poète Henri Corbin est comme un arbre qui nous donne à goûter chaque année les fruits savoureux de ses poèmes. Sa générosité productive, ce me semble, est due, à une sensibilité effervescente qui activement, appréhende et mord de son écume, légère et poétique, tout ce qui le touche au cœur, le fait rêver ou réfléchir à même l’impact du quotidien. Il sait aussi réactualiser le passé et, dans sa clairvoyance, dessiner le profil d’un avenir ouvert à l’espérance de tous.
En son ouvrage intitulé Lieux d’ombre, Corbin nous démontre à profusion qu’il n’est pas un témoin figé de notre temps et qui, plongé dans l’indifférence de l’homme blasé, se débarrasse du monde, de ses maux, de ses peines et de ses malheurs.
Dans ce livre, d’affirmation et de courage, le poète Corbin se permet, sans fausse honte, d’étaler sa profession de foi, afin que nul n’en ignore. Et il manifeste, par cette déclaration publique, ses opinions, ses engagements, ses liens avec toutes les valeurs auxquelles il croit et pour lesquelles il se dévoue et se bat.

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La Caraïbe danse ses mots

La littérature caribéenne puise sa vitalité dans le brassage inouï qu’a connu l’archipel, souligne l’écrivain et poète Daniel Maximin

— Propos recueillis par Raphaëlle Rérolle —

daniel_maximin-bDes pays distincts, des langues différentes, des populations aux origines diverses, la Caraïbe forme une guirlande à plusieurs facettes, chacune dotée de son histoire particulière. Cet -ensemble possède pourtant une identité commune, qui se manifeste à travers la -culture et notamment la littérature. C’est l’un des postulats de l’Association des écrivains de la Caraïbe, qui a tenu son quatrième congrès en Guadeloupe, avec le soutien du conseil régional. Pendant quatre jours, du 15 au 18 avril, des auteurs venus de Guadeloupe ou de Martinique, de Cuba, d’Haïti, de Trinidad et Tobago, de Panama ou d’Anguilla ont débattu ensemble du thème de la diaspora dans la littérature caribéenne. Parmi eux, l’écrivain et poète guadeloupéen Daniel Maximin, né en 1947. Invité d’honneur de la manifestation, il définit les contours de cette identité marquée par le métissage et la lutte pour la liberté.

Au commencement était la géographie La nature joue un rôle essentiel dans cette identité commune : l’arc -caraïbe a la particularité d’être un archipel.

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La Paix d’Henri Corbin

Par Kenjah

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Vieux Frère

Les mots se sont tus

Au pas de la porte

Leurs ombres vont

Et viennent dans l’étourdie

Des franchissements qui saisissent

 

Ne vacille pas la flamme du serbi

Ne cillent point les grands yeux rouges

De la nuit

Mais un secret trébuche

Trébuche

En secret.

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Oraison pour Henri Corbin

— Par André Lucrèce —

henri_corbin-400Le monde ne garde souvent à l’esprit dans une société humaine que l’état du pire, la graveleuse condition dans laquelle on s’épie.

Et puis, se penche vers vous, sans que cela ne soit dû au hasard, la possibilité d’une rencontre dans l’estime. C’est là que j’ai rencontré Henri Corbin, cela fait bien longtemps. Comme il me l’écrivait lui-même : cette longue et affectueuse amitié sous l’investiture des clartés nouvelles. Nous nous sommes, en effet, rencontrés au lieu de la poésie pour laquelle il avait le souci de la minutie portée à la pointe de la parole, là où se joue, dans la chose écrite, l’horizon du poème.

Cette rencontre avec Henri Corbin relève de cette joie rythmée par les mille eaux des intrigues de la langue. Ne point répudier son utopie consubstantielle – au lieu même où on risque de se brûler les ailes – pour dire l’essentiel : le murmure enchanté des retrouvailles avec sa terre, sa passion pour le monde des humbles, la beauté de l’amitié. Et puis il y a la femme et la danse violente du désir.

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Convoi pour Henri Corbin

— Par Patrick Chamoiseau —

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Ce sont maintenant les routes qui s’ouvrent

Plénières

Elles disent les énergies de l’archipel
les chairs aimantes du continent
(ce sont les langues qui chantent

créole des Bitations et langue de France gâchée
dans ce que l’Amérique a fait de l’espagnol)

C’est cette force tremblante
Cette solitude en liberté qui empoignait d’emblée tous les rivages connus
Toutes les saisons
Tous les possibles
Du soleil de Marseille aux sentiments de Saint-Domingue

Des profonds de l’ici jusqu’aux passions vénézuéliennes
Le lieu mis sans bornages sous l’étendard des Amériques

Le lieu mis solidaire

René char disait que pour un poète
ce sont les traces et non les preuves qui font rêver

Ami

J’ai connu ta tendresse pour notre soleil commun

J’ai su entendre dans le recoin des confidences le chant des femmes captives
et l’incroyable des aventures

(chevelure gominée et couteaux de voyou)
Rien de fixe ou de banal dans cette vie soumise à poésie très pure
Tu plongeais dans les ombres et vivait de lumière !

Pas de tombeau !

Les tombeaux de l’exil sont tristes, disais-tu

Pas de tombeau quand l’exil est vaincu et que l’errance nous verse à Relation !

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Henri Corbin, mort d’un poète de la Caraïbe

— Par Sylvie Glissant —

couronne_mortuaire« La mort est superbe

 elle met fin à la faiblesse de notre argile » ,

 l’oiseau des ruines ( page 69) , extrait des poèmes inédits envoyés par Henri Corbin il y a quelques semaines…

Le grand poète Henri Corbin vient de mourir en Martinique. Édouard Glissant, son frère en poésie, le saluait dés 1962 dans la Revue Esprit comme étant « sans aucun doute l’un des plus doués parmi les jeunes poètes antillais » lors de la publication de son recueil Le lys et l’ébène. Il ajoutait :  » le titre de ces poèmes résume bien leur propos qui est de cerner la ligne de partage entre les deux univers du poète. Il témoigne ainsi pour la douloureuse ambiguïté qui fut longtemps le lot des antillais. Il faut augurer que bientôt, une fois « les prisons vides » , il nous dessinera, comme il y convie lui-même, « d’autres lunes » .

Premier prix Frantz Fanon en 1987 pour Le Sud rebelle (relatif aux révoltes qui ont amené le  22 Mai 1848 l’abolition de l’esclavage en Martinique), l’édition de 1996 : Le Sud rebelle (Édition La Ceiba, Caracas 1990) est Mise en scène par  Yvan Labejof.

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« Soumission » et « L’Esclave » : deux romans semblables de M.H.

— Par Michel Lercoulois —

Le déferlement inouï d’articles de presse consacrés au dernier livre de Michel Houellebecq avant même sa parution (1) devrait plutôt décourager toute nouvelle critique mais, en réalité, les articles publiés, pour la plupart obnubilés par le « pitch », ne s’intéressent pas à l’écriture. Il est donc légitime d’examiner Soumission d’un peu près. La tentation est d’autant plus grande qu’un autre roman, L’Esclave, publié quelque temps auparavant par Michel Herland, un collaborateur de Madinin’Art, traite d’un sujet très semblable. La ressemblance des thèmes se retrouve-t-elle au niveau de la forme ? On ne voit pas a priori pourquoi il en irait ainsi. La comparaison révèle pourtant de nombreuses proximités sur ce plan-là également.

Les deux auteurs imaginent que la France passera sous la coupe des islamistes : chez M. Houellebecq, ce serait pour demain (2022), chez M. Herland pour après-demain (2090). Le narrateur est dans les deux cas un universitaire, professeur de littérature chez Houellebecq, de philosophie chez Herland. La différence principale, ici, tient à la place du narrateur. Chez Houellebecq il s’exprime à la première personne, il vit les événements qui portent un musulman à la présidence de la République et les changements qui en résultent pour le pays et pour lui-même.

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« Le Morne était le Monde »

Samedi 8 novembre, 19h – La Purgerie du Domaine de Fonds Saint-Jacques

joby_bernabeThéâtre & Arts de la Parole création inédite – Co-production Accueil en résidence : Compagnie CAHPA | La ferme du Vasais, Saint Jean de Monts. Avec le soutien de la Direction des Affaires Culturelles de Martinique De l’autre, les voyages, la métropole, l’Afrique, les événements de 68, le théâtre des années 70, le retour au pays natal, et l’engagement artistique.
Un cercle qui ramène toujours à l’essentiel, comme le manège du chouval bwa, symbole de la vie qui tourne en dépit des vents contraires.
Entre récit de vie, autobiographie fantasmée, poésie et musique, « Le Morne était le Monde », est le fruit de ces différentes rencontres.
NAISSANCE DU PROJET
Ce nouveau projet, proposé et porté par l’arc, scène conventionnée de Rezé, fait suite à une longue série d’initiatives prises par l’arc, en accord et avec le soutien de la Direction des Affaires Culturelles de Martinique, pour promouvoir la diversité de la création artistique de la Martinique, provoquer des rencontres entre artistes martiniquais et métropolitains, emprunter de nouveaux chemins, dépasser les frontières.

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« Orange sanguine » de Laure Morali

orange_sanguinePoésie de la mémoire, du vécu et de la route, Orange sanguine conte l’expérience des lieux et émotions. Tout semble concret et fluide dans cette quête liant action poétique et méditation sur le sens du monde. Les mots nous viennent au fil des saisons, telle une marée douce.
Laure Morali nous dit : Mon grand-père avait perdu son pays et me le rendait chaque matin en me faisant boire le jus de l’orange sanguine. Offrir le monde dans un fruit, tel est le don de la
poésie. L’humanité au creux de la main tendue, portée par le poème.

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Décès de Maya Angelou, poète, proche de Martin Luther King

Hommage par Alain Nicolas
maya_angelouParler de Maya Angelou c’est évoquer toute une époque de l’histoire politique et culturelle des États-Unis. Proche de Martin Luther King, militante des droits civiques, elle était aussi une artiste investissant tous les domaines, chant, danse, théâtre, cinéma, littérature. Maya Angelou « est morte paisiblement chez elle », à 86 ans, a expliqué sa famille.
Née Marguerite Ann Johnson le 4 avril 1928 à St-Louis (Missouri), la jeune africaine-américaine « expérimente très tôt la brutalité de la discrimination raciale ». Adolescente, elle étudie la danse et le théâtre à San Francisco où vit sa mère. Jeune mère célibataire, elle multiplie les petits boulots avant de partir en tournée en Europe avec l’opéra « Porgy and Bess ».Elle étudie la danse contemporaine avec Martha Graham, danse avec Alvin Ailey, enregistre son premier album en 1957 avant de partir pour New York où elle monte sur les planches pour jouer notamment du Jean Genet.

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Le BUMIDOM croisière de la misère

— Par Philippe Pilotin —

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Ils venaient tous des DOM d’Amérique,
Laissant derrière eux les doux rayons du soleil des tropiques.
L’esprit rêveur, le cœur joyeux, pressés de partir,
Ils quittaient parents, amis en quête d’un meilleur avenir.
Croyant vite voguer librement vers l’espoir,
Ils se retrouvaient souvent sur le trottoir.
Même si le voyage n’était pas très plaisant,
Cela ne dissuadait aucunement les partisans.
Après une longue quinzaine de jours de bateau,
Débarquer enfin n’était jamais trop tôt.

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Canne à sucre, roseau maudit

— Par Philippe Pilotin —

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Pour ton expansion aux Antilles,
Des êtres humains ont été arrachés à leur famille.
Transportés loin de l’Afrique leur terre natale,
On a assimilé leur vie à celui de l’animal.

Graminée à forte teneur en saccharose,
A ses braves gens, tu n’as offert qu’une vie morose.
Ils n’ont connu que le fouet sous les taudis,
C’est pour cela qu’ils t’ont appelée, le roseau maudit.

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Ballade de merci

villon_francois

François Villon (1431-1463)

A Chartreux et à Célestins,
A Mendiants et à Dévotes,
A musards et claquepatins,
A servants et filles mignottes
Portants surcots et justes cottes,
A cuidereaux d’amour transis,
Chaussant sans méhaing fauves bottes,
Je crie à toutes gens mercis.

A fillettes montrant tétins,

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