Catégorie : Poésies

Syto Cavé, notre ami, est en Martinique

— Communiqué de Culture Égalité —

syto_cave_photoSyto Cavé écrivain et metteur en scène de théâtre haïtien.
La priorité de Syto Cavé est le vécu poétique permanent.
Il sera parmi nous avec sa production littéraire et musicale
Mardi 19 avril à 19h30, conversations croisées à Trinité
Mercredi 20 à 18 h à l’AMEP (route de Redoute) : «le projet du nord est en Haïti »
Jeudi 21 à 18h à la médiathèque du Saint-Esprit : «an lodyans épi Syto Cavé»
Vendredi 22 à 20 h au Times – rue Paul Nardal à Fort-de-France
Samedi 23 à 10h à la librairie Alexandre à Fort-de-France (rue de la République) : séance de dédicaces
Dimanche 24 à midi : « A dansé la vi a » Gallochat l’Anse à l’Ane.
Mercredi 27 avril à 18H30 à la médiathèque du Lamentin : « Paroles d’artistes »

 

Né à Jérémie (Haïti) le 7 août 1944, Syto Cavé est un véritable passionné de théâtre et d’écriture. Parolier, il a écrit plusieurs recueils de nouvelles, de poèmes, de pièces de théâtre en créole et en français. Ces dernières ont été jouées en Haïti, aux États-Unis, en France, au Canada, en Martinique, en Guadeloupe et dans le milieu latino-américain.

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Mésiézédanm bien bonswè !

— Par Roger EBION, lors de la soirée d’ouverture des Rencontres pour le lendemain —monchoachi-2

« Le poète est celui qui par la parole, les mots, déploie le monde dans sa présence et nous le rend proche. S’ouvrir au monde, ce n’est pas comme on veut le faire croire, s’ouvrir aux quatre coins de la planète : le monde est là où nous sommes, et s’ouvrir au monde, c’est s’ouvrir à sa présence ici et maintenant. Je ne vois pas d’autre façon que celle-là d’aller sur le chemin de la poésie. »

Mi sa Monchoachi di adan « Lakouzémi retour à la parole sauvage, page 11, novembre 2008 ». É sé pou sa, mwen la, pou di poutji poézi Monchoachi, sé sa i di nou a. Pou mwen poézi sé sa.

Mwen ba zot pawol Monchoachi pou zot konprann sé poézi ki fè mwen isi-a oswè-a … Anlè chimen poézi Monchoachi, i ni Lémistè ki paret lanné 2012. Daprè mwen, pa ni anpil matinitjé ki sav i paret, ek sel an ti lech moun li déotwa mòso adan. Moun andéwò pran wotè travay Monchaochi.

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Parution de Lémistè 2, de Monchoachi

monchoachi-2Le mardi 19 janvier 2016 se tenait la soirée d’ouverture des Rencontres pour le lendemain à la Médiathèque du Saint-Esprit, autour de la vie et l’œuvre de Monchoachi. Le public, nombreux et attentif, était heureux de re-découvrir cet immense poète qui se fait discret depuis de nombreuses années, se retirant dans les hauteurs du Vauclin pour mener son œuvre poétique.  Avec son aimable autorisation, nous publions ici les poèmes qui ont été lus ce soir-là. Ils sont extraits de Lémistè 2, en librairie à partir du 29 mars. Bonne lecture !
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XV

Mâle / Fimelle

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Paroles de vie, Paroles d’envie …

Tropiques-Atrium, le 30 mars à 20 h

slam_paroles_de_vieLe slam est une forme de lecture poétique considérée comme un mouvement d’expression populaire, initialement en marge des circuits artistiques traditionnels, aujourd’hui largement reconnu et médiatisé. C’est un art du spectacle oral et scénique, focalisé sur le verbe et l’expression brute avec une grande économie de moyens, un lien entre écriture et performance.

Si des poètes, en particulier issus de la mouvance hip-hop, le revendiquent comme issu de la rue ainsi que le rap à ses débuts, il est néanmoins pratiqué par des poètes de tous styles, de tous milieux sociaux, en ville comme à la campagne.

En anglais, Slam Poetry signifie schelem de poésie, comme on parle de schelem dans les tournois de rugby, de tennis ou de bridge. Les scènes slam prennent la forme ludique d’une rencontre sportive , impliquant une participation du public, un jury populaire étant désigné dans l’audience. Les scènes réunissent des poètes d’origine, d’inspiration et de styles variés, formant un spectacle populaire et démocratique. Trois personnes du jury, désigné dans le public présent, attribuent un score à la fin du passage de chaque poète.

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25 ème anniversaire de la mort de Sonny Rupaire

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25 fevrier 1991

Sonny Rupaire, le père de la poésie de langue créole, décède. L’aphorisme:

« Jou nou ké mété ajounou pòkò  vwè jou »

est assez significatif de son engagement politique.

Sonny Rupaire (Soni Ripè) est né le 7 novembre 1940 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). Son enfance est tôt marquée par le décès de sa mère en 1947 : un passage initiatique à une sensibilité à fleur de peau, autant dire un coup d’ « état de poésie » permanent. Les études secondaires au Lycée Carnot de Pointe-à-Pitre (1953) puis l’École Normale (à Pointe-à-Pitre, 1959) sont pour lui l’occasion de la fraternité partagée, et surtout le lieu de révélation du poète ; ainsi, il participera pour la première fois aux Jeux Floraux en 1955. Ces jeux étaient à l’époque une véritable institution qui récompensait les meilleurs poètes de l’archipel guadeloupéen.

À la fin de ses études en 1961, Rupaire prend son premier poste comme instituteur à Saint-Claude (Guadeloupe). Par insoumission, il refuse de faire la guerre d’Algérie dans le camp des forces coloniales françaises et il rejoint – à la frontière marocaine, ayant passé par l’Europe de l’Est – l’A.L.N.

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14 février 1974

— Poème de Patrick Mathélié-Guinlet —

14 FÉVRIER 1974

Sur le plateau Chalvet
tous ensemble ils marchaient,
leur commune misère
d’étendard leur servant,
de cinq malheureux francs
désirant seulement
augmenter leur salaire
trop maigre au demeurant
afin que leurs enfants
ne meurent pas de faim
pour aller à l’école.
Ouvriers agricoles,
des coupeurs de banane
tous unis dans la grève,
par désespoir poussés
à cette extrémité.
Pour tous ces prolétaires,
le travail inhumain,
la dure exploitation
par les riches patrons
lors avaient remplacé
l’esclavage aboli
des grandes plantations
de l’île, soi-disant
depuis si tant d’années…
Leurs revendications
pour plus de dignité,
pour justes qu’elles sont,
sont ignorées pourtant
par tous ces békés qui
n’ont pour eux que mépris.

Et en ce jour maudit,
quatorze février,
les gendarmes appelés
par les propriétaires,
font feu à bout portant
sur la foule en colère
des damnés de la terre,
faisant couler le sang…
Lors Ilmany « Renor »,
père de nombreux enfants
s’écroule raide mort !
Quatre autres sont blessés
et le reste est gazé
par les hélicoptères.
C’était le pot de terre
contre le pot de fer :
« qui demande du pain,
récoltera du plomb… »
Puis le surlendemain
avant qu’on ne l’enterre,
sur la plage à côté
fut découvert le corps
profané, mutilé
de Georges Marie-Louise
qui n’avait pas vingt ans,
assassiné aussi
par la maréchaussée
qui resta impunie,
ayant bénéficié
de la complicité
du pouvoir judiciaire.

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Rencontres pour le lendemain

Lettre ouverte aux Martiniquaises et Martiniquais

logo rencontresA l’aube de cette nouvelle année, alors que la Martinique vient de s’engager dans un nouveau tournant politique et administratif, ce qui la rend comme toute neuve, alors que tous les espoirs sont encore permis, nous avons le plaisir de vous convier à une aventure, une belle aventure, une riche aventure ayant pour nom Rencontres pour le lendemain.

Parce que nous croyons au lendemain. Parce que nous savons que nous ne pouvons pas vivre sans aller à la rencontre de l’autre. L’autre, quel qu’il soit. Humain ou végétal. Minéral ou animal. Pur esprit ou matière seule. Oui, nous naissons de nos rencontres. Oui, elles nous enrichissent. Oui, elles nous poussent à nous remettre en question. A nous dépasser. A nous modifier.

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Au gui l’an neuf!

au_gui_lan_neuf— Poème de Patrick Mathélié-Guinlet —

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Quand une année se meurt,
souvenirs seuls demeurent
et naît un Nouvel An
de l’utérus du Temps…

Autre tour du soleil,
différent mais pareil,
alternant le sommeil,
le rêve et puis l’éveil,

le froid et la chaleur
de la ronde des heures,
le jour et la nuit noire,
déceptions et espoir…

Quel sera l’avenir ?
Nul ne saurait le dire
mais cet espoir demeure
que l’année soit meilleure !
Poétiquement vôtre

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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À Betzi, Marajo, Rosile,

Décembre 59

decembre_59Ils avaient cru qu’en devenant département,
c’en serait fini du mépris, de la misère,
oubliant hélas que toujours le colon ment…
La fermeture des usines sucrières
menant à l’exode rural, pas de travail,
le racisme des colons français fonctionnaires
avaient encore plus agrandi cette faille.
Déçus dans leur espoir, tous ces jeunes frustrés
dans les rues de Foyal exprimaient leur colère.
Ils en avaient assez en chiens d’être traités,
seul le nom de leur laisse avait été changé.
Ils pensaient qu’ils seraient français à part entière,
entièrement à part ils s’étaient retrouvés.
Lors, non content de ne pas tenir ses promesses,
la République avait lâché ses C.R.S.
racistes qui, par la police secondés,
avaient chargé la foule avec brutalité.
Trois morts étaient tombés, fleur de notre jeunesse,
pour défendre à tout prix la dignité bafouée
et la liberté du peuple martiniquais.
À Betzi, Marajo, Rosile, honneur, respect !
Aujourd’hui d’autres leurres à nos choix sont offerts,
alors songeons aux déconvenues du passé
et sachons voir ce qui peut se cacher derrière
afin que nos martyrs ne soient point morts en vain…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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En Saint-John Perse, il y avait : le poète

andre_lucrece-400« Préserver l’enfant… »
« S’il refusa de venir en Guadeloupe, ce ne fut vraisemblablement pas seulement par peur de détruire un rêve ou par mépris de ce qu’elle avait pu devenir, ce fut plutôt pour préserver l’enfant qu’il avait été d’une confrontation incongrue avec une réalité que son regard n’avait pu percevoir, ce fut parce que, littéralement, ce retour n’avait pas de sens, parce que le problème n’était pas la Guadeloupe, mais le « vert paradis des amours enfantines »». Jack Corzani

Quarante ans après sa mort, Saint-John Perse, né Alexis Leger en 1887 à Pointe-à-Pitre, continue à susciter de l’intérêt. Il suffit de penser aux deux nouvelles biographies qui tentent de cerner à la fois le poète, prix Nobel de littérature en 1960, et le diplomate, présent à la Conférence de Munich de 1938. Tous deux ont-ils besoin d’être « démasqués » ? Entretien avec André Lucrèce.
En 1971, Emile Yoyo (1), dans une approche linguistique et en cherchant à «évacuer toute idéologie», se lançait dans un plaidoyer afin que Saint-John Perse soit reconnu comme un auteur antillais.

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Ninet’InfernO : un chant d’amour et de désespoir

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— Par Marina Da Silva —

Roland Auzet adapte les Sonnets de Shakespeare pour Pascal Greggory et Mathurin Bolze. 
Un poème sur mesure d’une beauté à couper le souffle.

Le rideau se lève sur une forêt de chaises où sont assises des silhouettes humaines. Elles vont s’éclipser à cour et à jardin, rejoindre la tapisserie d’instruments composée par l’Orchestre symphonique de Barcelone et national de Catalogne (OBC). Ils restent à deux. Lui est un homme d’âge mûr, à la beauté solaire, Pascal Greggory, acteur révélé d’abord au cinéma par Rohmer puis par Chéreau. Il a commencé à jeter les chaises et jette aussi les mots de sa rage et de son amour blessé, trahi. Face à lui, Mathurin Bolze déploie sa jeunesse étincelante et insolente. Le premier est aimanté par le second, qui ne le regarde plus, suit sa trajectoire d’astre fasciné par son destin. L’un est à bout de souffle, laisse couler son chant d’amour comme une lave de volcan. L’autre est muet, mais tout son corps vibre d’un prodigieux langage qui éblouit. Ninet’InfernO s’inspire des Sonnets de Shakespeare (154 poèmes publiés en 1599), que Roland Auzet, compositeur et dramaturge, a sélectionnés.

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Haïti est une blessure et une jouissance que je traine avec moi

— Entretien réalisé par 
Muriel Steinmetz —

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Un fort alcool de contrebande
La Nuit des terrasses, de Makenzy Orcel. Éditions La Contre Allée, 62 pages, 9 euros. recueil De bars en bars à Port-au-Prince l’auteur dans une langue de la rue réinventée au grè de ses errances redevient poète pour aller à la rencontre de ses frères de terrasses avec la force et la tendresse des chants populaires.

Makenzy Orcel est né en 1983 dans le quartier pauvre de Martissant, à Port-au-Prince. Son roman les Immortelles (Zulma, 2012), texte forgé dans une langue de la rue réinventée, à la fois crue et poétique, donnait voix aux prostituées de la capitale haïtienne dont tant sont mortes écrasées sous les décombres du terrible tremblement de terre qui a ravagé l’île en janvier 2010. Makenzy Orcel nous confiait l’avoir écrit dans la rue, après le séisme, derrière une vieille voiture abandonnée, à côté du cadavre d’une femme enceinte. Avec la Nuit des terrasses, le romancier redevient poète. Il trinque à la convivialité, invite à sortir la tête de son verre pour célébrer à plusieurs, présents et absents, « l’heure ivre », « la lumière pintée », car « boire nous sort du temps ».

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Alain Borer « Ce qui frappe chez Rimbaud, c’est la continuité des ruptures »

— Entretien réalisé par Muriel Steinmetz —
rimbaudHéritage L’écrivain Alain Borer (1), qui vient de présider le Printemps des poètes, a consacré trente ans de sa vie à la fouroyance du poète (1854-1891).

Comment expliquer que ce géant poétique foudroyant qui a tout écrit à dix-sept ans avant de jeter l’encrier, soit devenu ­ensuite un trafiquant colonial, autrement dit comment ce jeune homme en sympathie avec la cause des communards se retrouve soudain dans le vertige de la conquête ­coloniale du XIXe siècle ?

Alain Borer En aucun cas, Rimbaud n’a été colonialiste. Parmi les personnages qui débarquent des bateaux de messagerie en 1880, on ne voit que des prêtres, des diplomates, des marchands de canons et des commerçants. Rimbaud n’est rien de tout ça. Il vient chercher du travail. C’est un jeune homme ­ouvert à toutes les perspectives et, parmi celles-ci, il y eut celle de vendre des armes, mais du côté du libérateur de l’État éthiopien, à travers la figure de Ménélik et avec l’accord du gouvernement français. Je dirai que Rimbaud en Abyssinie, c’est la figure de l’idiot au sens grec.

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Pour une insurrection poétique permanente

poesie_sauveuse_du_monde— Par Marie-José Sirach  —

La poésie sauvera le monde, de Jean-Pierre Siméon. Éditions Le Passeur, 86 pages, 15 euros. Directeur du Printemps des poètes, Jean-Pierre Siméon signe un pamphlet nerveux et enthousiaste. Pour la poésie.

C’est le livre d’un homme en révolte, comme on dirait, en colère. Jean-Pierre Siméon, poète, ose la poésie, le poème, la langue. Un livre comme un cri, Urgent crier !, proclamait André Benedetto, un cri pour dire haut et fort, sans détours ni faux-semblants, que « la poésie sauvera le monde ».

« Le poème demande un effort (…) : le silence, la lenteur, la patience », écrit-il. Affirmer cela aujourd’hui, dans nos sociétés où l’imaginaire est piétiné sur l’autel de l’image, où la langue est aseptisée, lissée jusqu’à la vider de son sens (de son sang), c’est nager à contre-courant des flots et du flux, de ces torrents d’images et de mots-mensonges qui prétendent parler du réel… Or « tout poème est un grain de sable dans les rouages de la grande machine à reproduire le réel », poursuit-il, quand tout concourt, par le truchement du divertissement, de la domination du conceptuel dans l’art, « à une lecture passive du monde ».

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De la poésie de toutes les couleurs

ce_qui_est_ecritCe qui est écrit change à chaque instant, anthologie poétique. Le Castor Astral, 315 pages, 12 euros.

Cent un poètes pour un ouvrage qui est en même temps un manifeste de diversité et d’éclectisme.
C e qui est écrit change à chaque instant, c’est le titre de l’anthologie qui paraît ces jours-ci au Castor Astral. Il s’agit d’une citation du poète suédois Tomas Tranströmer, auteur vedette de la maison. Cent un poètes y sont présents sous forme d’extraits de leurs œuvres, véritable pot-pourri de ce que la maison d’édition s’honore d’avoir publié depuis sa création en 1975. La majorité des écrivains sont francophones, mais on trouve aussi des voix venues de l’étranger (Chine, Flandres, Pays basque, Angleterre, Colombie, États-Unis, Irlande, Italie, Norvège, Jamaïque, Suède, Russie, Allemagne…). Les choix de Jean-Yves Reuzeau et Marc Torralba sont très divers. Ils embrassent aussi les auteurs de la Beat Generation et ceux du Manifeste électrique (1971) et du Manifeste froid (1973), ainsi que les participants aux revues Chorus (Franck Venaille, Daniel Biga et Pierre Tilman) et Exit (Patrice Delbourg, Daniel Fano, Yves Martin, Marc Villard), sans omettre les changements formalistes sans cesse à l’œuvre dans la sphère poétique.

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Il y a 70 ans mourrait Robert Desnos

Desnos, alias Robert le Diable, le veilleur du Pont-au-Change

— Par Marie-José Sirach —

robert_desnos-2Il est mort d’épuisement et de maladie le 8 juin 1945 au camp de Terezin

Toute sa vie durant, sa courte vie, Robert Desnos l’a consacrée à la poésie, à l’écriture. Il est né en 1900 près de la Bastille, on l’imagine baguenauder dans les ruelles de ce quartier encore populaire de la capitale. Mauvais élève, il quitte très vite les bancs de l’école, ce qui ne l’empêche pas, à tout juste dix-sept ans, de publier ses premiers poèmes dans la Tribune des jeunes, revue socialiste d’alors. Déjà, il retranscrit sur des petits carnets ses rêves. En 1919, il se consacre pleinement à l’écriture et compose en alexandrins, soigneusement ordonnés en quatrains, le Fard des argaunotes. Ami de Benjamin Péret, c’est par son entremise qu’il rejoint les surréalistes qui se retrouvaient alors au Certa, un café passage de l’Opéra, où Breton organisait des soirées d’écriture poétique sous hypnose. Le 25 septembre 1922, Desnos fait un tabac auprès de ses pairs bluffés par les vers qu’il prononce en état de sommeil hypnotique.

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Anderson Dovilas : un poète aux métaphores infinies

— Par Dana Shishmanian —
anderson_dovilasNé à Port-au-Prince (Haïti), Anderson Dovilas a publié en France, au Canada, et aux Etats-Unis. Il est poète, auteur dramatique et comédien. Il a fait des études de linguistique à la Faculté de Linguistique Appliquée de l’Université d’Etat d’Haïti. Et des études de psychologies inachevées à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti. Passionné du devenir des mots et militant politique ; Il possède la force et la tendresse de son âge. Le courage et la volonté sont ses armes, auxquelles s’ajoute le charme pimenté d’un goût de vivre qui lui attire toutes les sympathies (…) Il est sans doute l’un des plus grands poètes de sa génération avec des métaphores infinies a déclaré Denise Bernhardt poétesse Française.
Maniant un langage poétique fait de ruptures de plans, d’images disparates, de glissades ludiques, de trouvailles provocatrices, le poète jongle en fait au-dessus d’un abime bouillonnant de lave : c’est le sang de son peuple, qui s’élève soudainement au détour des vers, tel une lame de fond, rasante et bouleversante, projetée par un océan en feu. Son programme littéraire est étroitement lié à un projet de société.

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La cuisine créole d’Arthur H et Nicolas Repac

Par Selim Lander

arthur h l'or noirOn apprend par les gazettes (Le Monde des Livres du15 mai) que Maryse Condé vient de publier un livre pas vraiment de mais sur la cuisine (Mets et Merveilles, J.-CL. Lattès, 2015). On se demande ce qu’elle penserait de la drôle de tambouille poético-musicale à base d’ingrédients (principalement) antillais concoctée par deux Français de France. Rien à dire en ce qui nous concerne, sinon des éloges, sur les ingrédients : les textes de Césaire (tirés du Cahier, des Armes miraculeuses, de Corps perdu) sont « étranges et pénétrants » comme il se doit ; et ceux qui l’accompagnent sans être aussi puissants (comment se comparer à Césaire ?) méritent néanmoins d’être entendus. On remarque en particulier, pour leur originalité, l’humour macabre d’Amos Tutuloa (L’Ivrogne dans la brousse traduit Raymond Queneau) ainsi qu’une définition de l’amour vrai comme l’art du voyage à motocyclette par Édouard Glissant (Marie-Galante). Rien à dire non plus, sinon des éloges, sur le chef, le nommé Arthur H (comme Higelin), lequel, incontestablement, sait dire des textes : mieux que ça, sa manière concentrée et inspirée, ménageant là où il faut les silences qu’il faut, est celle d’un maître.

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Ces deux blancs qui célèbrent l’Or noir!

—Par Roland Sabra —

or_noir-2C’est d’une rencontre avec Edouard Glissant qu’est né « L’Or noir ». Arthur H. était venu lui lire du Césaire ! Peu de temps après sur la scène de l’Odéon il lit des vertiges de l’Anthologie poétique du Tout-monde et la nécessité d’un spectacle consacré aux écrivains et poètes créoles s’impose dans toute son évidence. Il y ajoute des extraits de « L’ivrogne dans la brousse » du nigérian Amos Tutuola, roman publié en 1952 et traduit en français par Raymond Queneau l’année suivante. La part du lion du lion de la soirée est consacrée au maître tutélaire Aimé Césaire. L’entame se fait avec Corps perdu, de « Cadastre » mais viennent aussi des extraits du Cahier et d’autres des « Armes miraculeuses ». Édouard Glissant est lu à deux endroits. Une première fois après Césaire avec un passage de  La Cohée du Lamentin  et une seconde fois de nouveau après Césaire avec Marie-Galante mais comme point de clôture du spectacle. Encadrés par ces deux piliers on entend des textes de Dany Laferrière, René Depestre, Gilbert Gratiant, James Noël.

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Arthur, le nègre

« L’Or noir » à Fonds Saint-Jacques le 16/05/2015 à 20h

or_noir— Par Nadine Eghels —

Enfant, j’ai entendu quelqu’un dire que les nègres étaient des gens qui vivaient le long du fleuve Niger, et cela m’avait tant touché que souvent, la nuit, je filais là-bas. Il n’était pas question de race, ni de couleur, mais d’un lieu où l’on pouvait se rendre, en suivant le fil rouge de la nuit. Je dis cela parce qu’après t’avoir entendu, Arthur, je suis retourné là-bas où je t’ai retrouvé.
Le chemin, pour y aller, n’est pas fait de terre mais de chants, un long ruban de chants, rugueux, longtemps macérés dans l’eau de vie et le sang gâté. J’y ai retrouvé des gens venant de partout, et de tous les temps.
Ils y étaient par choix. Édouard Glissant, les pieds dans l’eau, conversant, avec Aimé Césaire. James Noël pêchant des écrevisses, juste à la courbe du fleuve, et ce nègre courant, dans la brousse avec un molosse à ses trousses ne peut être que Chamoiseau, et tant d’autres, même Queneau, et Vian, et cette voix qui nous vient du fond de la bananeraie, langoureuse et élégante, comme un hamac l’aurait fait s’il savait chanter, parfois grave et sèche comme une lampée de rhum, pour s’éteindre doucement afin de faire corps avec la nuit : c’est celle d’un jeune homme du nom d’Arthur H.

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Hommage de Fernand Tiburce Fortuné à Henri Corbin

henri_corbin-400Henri CORBIN nous  a quittés, le mois dernier. Je me souviens de lui dans ce texte, de 1997,  retrouvé et que je vous demande aimablement d’accueillir. Qu’il repose en paix.

Le 06/05/2015

Fernand Tiburce Fortuné

SEMAINE DE LA POESIE

DES GRIOTS DE LA MARTINIQUE

INVITÉ D’HONNEUR :

HENRI CORBIN – poète
LAMENTIN – MARTINIQUE (Mer Caraïbe) – 8/4/19

Contribution de Fernand Tiburce FORTUNÉ
Président du GROUPE FWOMAJÉ

 

Lamentin – 13/3/1997

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Un écrivain sans dieu

— Par Alain Freixe —

mickael_gluckPoésie. Michaël Glück revisite en poète le premier livre de la Torah, la Genèse. Aux sept jours attendus, il ajoute la nuit qui les a précédés.

Dans la suite 
des jours, de Michaël Glück. L’Amourier éditions, collection « Poésie », 490 pages, 26 euros. Sur la table des libraires, voir Dans la suite des jours, de Michaël Glück, édité par l’Amourier, impressionne. Pour un pavé, c’en est un ! Et sous celui-ci, les pages ! 490 au total ! Michaël Glück et ses éditeurs ont choisi de regrouper les sept volumes parus entre 1996 et 2008 : Jour un, le Lit, la Table, le Couteau, le Berceau et la Tombe, l’Échelle, le Repos, soit sept méditations écrites dans les marges de la Bible, sur les bords du livre. Michaël Glück, « ce lecteur et écrivain sans dieu », comme il aime à se définir lui-même, et son éditeur ont choisi d’ajouter un huitième livre.

Et c’est le chaos qui resurgit. Non pas le désordre mais la fente première : l’inarticulé, l’irrévélé, l’irrésigné. La séparation fondatrice. « Au commencement est la nuit / toujours la nuit », « la nuit sans nom », Albe la blanche, si c’est là un des noms de ce qui serait espace lisse et blanc d’avant tout signe.

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La sensibilité effervescente d’Henri Corbin

—Par Georges Desportes* —

henri_corbin-400Le poète Henri Corbin est comme un arbre qui nous donne à goûter chaque année les fruits savoureux de ses poèmes. Sa générosité productive, ce me semble, est due, à une sensibilité effervescente qui activement, appréhende et mord de son écume, légère et poétique, tout ce qui le touche au cœur, le fait rêver ou réfléchir à même l’impact du quotidien. Il sait aussi réactualiser le passé et, dans sa clairvoyance, dessiner le profil d’un avenir ouvert à l’espérance de tous.
En son ouvrage intitulé Lieux d’ombre, Corbin nous démontre à profusion qu’il n’est pas un témoin figé de notre temps et qui, plongé dans l’indifférence de l’homme blasé, se débarrasse du monde, de ses maux, de ses peines et de ses malheurs.
Dans ce livre, d’affirmation et de courage, le poète Corbin se permet, sans fausse honte, d’étaler sa profession de foi, afin que nul n’en ignore. Et il manifeste, par cette déclaration publique, ses opinions, ses engagements, ses liens avec toutes les valeurs auxquelles il croit et pour lesquelles il se dévoue et se bat.

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La Caraïbe danse ses mots

La littérature caribéenne puise sa vitalité dans le brassage inouï qu’a connu l’archipel, souligne l’écrivain et poète Daniel Maximin

— Propos recueillis par Raphaëlle Rérolle —

daniel_maximin-bDes pays distincts, des langues différentes, des populations aux origines diverses, la Caraïbe forme une guirlande à plusieurs facettes, chacune dotée de son histoire particulière. Cet -ensemble possède pourtant une identité commune, qui se manifeste à travers la -culture et notamment la littérature. C’est l’un des postulats de l’Association des écrivains de la Caraïbe, qui a tenu son quatrième congrès en Guadeloupe, avec le soutien du conseil régional. Pendant quatre jours, du 15 au 18 avril, des auteurs venus de Guadeloupe ou de Martinique, de Cuba, d’Haïti, de Trinidad et Tobago, de Panama ou d’Anguilla ont débattu ensemble du thème de la diaspora dans la littérature caribéenne. Parmi eux, l’écrivain et poète guadeloupéen Daniel Maximin, né en 1947. Invité d’honneur de la manifestation, il définit les contours de cette identité marquée par le métissage et la lutte pour la liberté.

Au commencement était la géographie La nature joue un rôle essentiel dans cette identité commune : l’arc -caraïbe a la particularité d’être un archipel.

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La Paix d’Henri Corbin

Par Kenjah

gerbe_mortuaire

Vieux Frère

Les mots se sont tus

Au pas de la porte

Leurs ombres vont

Et viennent dans l’étourdie

Des franchissements qui saisissent

 

Ne vacille pas la flamme du serbi

Ne cillent point les grands yeux rouges

De la nuit

Mais un secret trébuche

Trébuche

En secret.

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