Catégorie : Poésies

« Apprivoiser la vie » & “School blouse”

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

« Apprivoiser la vie »

Apprivoiser l’inconnu
comme on approche une bête sauvage,
innocent animal sans morale
mais non dénué de rage…

Toute erreur sera fatale
à qui ne l’aurait pas perçu !
Et l’on se ferait aussitôt dévorer tout cru
par la peur de la nouveauté.

Quand les habitudes, les préjugés
sont bien plus difficiles à tuer
que les illusions et les rêves,
c’est de ça que l’humanité crève…

Redoute alors le doute plus que le futur,
l’ennui plus que l’aventure,
la sédentarité plus que le voyage,
quels que soient ton passé ou ton âge !

Aie d’être fou le courage
plutôt qu’un désir d’être sage,
tant qu’à être à la page,
à la norme, préfère la marge

si tu veux, sans regrets ni remords,
retrouver le paradis perdu
avant d’être tout à fait mort
et te dire : “J’ai bien vécu…”

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« Ouvè zyé, pèp mwen ! », de Yves Untel Pastel

Avec une transposition en Martiniquais de l’écrivain guadeloupéen José Robelot.

Ouvè zyé, pèp mwen !

Ouvè zyé-w, pèp mwen
Ès ou pa wè yo ka kwazé-ou w jòdi
kon yè yo krazé papa-w maman-w?
Es ou pa wé sé sé menm-lan
ki mété pèp nou an tribilasyon yè
Sé yo menm ka malmennen w jodi ?
Nou anvi kwé ki sa chanjé
ki tjè bouwo vini méyè
ki sitiyasyon nou ké pli dous
Men eskè chyen ka tounen poul ?
Èskè sèpan ka fè vètè ?
Èskè agoulou sèléra pé fè dot yich
Ki agoula séléra ?
Manmay, tou patou moun èstintjé pèp blan
Pèp mounblan mandè é trapé répawasyon!
Gadé mannyè pèp nég
Ka trimen san trapé ayen !
Ès an zyé zéropéyen nou plis ki ayen ?
Ès nou pa chyen, ès nou pa kaka yenyen ?
É an zyé nou menm, ki sa nou yé ?
Mi nou ka fè bèbèl adan bèl lenj ki pa ta nou
Mi nou ka dansé adan gwan bal ki pa ta nou
Mi nou kwé nou sitwayen adan nasyon ki pa ta nou !

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Lé lannuit

— Par Daniel M. Berté —

Ni dé lannuit fènwè
Pli nwè ki yièoswè
Eti’w pas ka wè klè
Menm si’w ni bon limiè

Ni dé lannuit modi
Eti’w ka jwenn zonbi
Ladjables ki ka ri
Ki ka fè’w pran kouri

Ni dé lannuit lanmou
Epi an bel doudou
Ki pé fè’w vini fou
Anba kares ki dou

Ni dé lannuit katjil
Ka pété tet anpil
Réfléchi a ped fil
Epi kité’w frajil

Ni dé lannuit lanmò
Ka kasé nenpot kò
Ka chayé feb kon fò
An péyi andérò

Ni dé lannuit kòchma
Ka fè’w garé an bwa
Oben tonbé an ma
Maskilili pran mama

Ni dé lannuit labonm
An gran wob ek bizbonm
Eti’w ka brè bon ronm
Ki’w sé fanm ki’w sé nonm

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« Entropie » & « Mauvaise Onde »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Entropie

Pourquoi faut-il vivre le pire
après avoir eu le meilleur ?
Car on ne devrait pas vieillir,
juste s’éteindre quand vient l’heure…

Une bougie reste allumée
et elle brille sans faiblir
jusqu’à ce qu’ait fondu sa cire
sans qu’elle ait eu à décliner…

Hélas, l’homme est bien moins loti
que la plus humble des bougies
quand il s’agit de faire face
à l’entropie du temps qui passe !

Mauvaise Onde

Il pleure dans mon cœur
comme il pleut sur mon île.
Lorsqu’il y pleut des cordes,
les rivières débordent…

De sortir on a peur
car on n’est pas tranquille
et redoute le pire…
Le préfet a beau dire :

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« Carpe diem »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Carpe diem !
I

Dans chaque mur est une faille
et ce, quelle que soit sa taille :
de brique, de bois ou de paille,

si ce n’est le souffle du vent
ou de la terre un tremblement,
un jour l’emportera le temps…

Rien ne dure, tout se fissure,
finit par céder à l’usure.
Seule chose dont on est sûr :
rien n’échappe à la pourriture !

Le vivant comme la matière
ont pour commun lot l’éphémère :
ce jour, demain, devient hier…

Si chaque endroit a son envers,
toute médaille a son revers
et tout paradis, son enfer
comme tout homme a ses travers !

Aucun mur ne peut protéger
l’humain de sa mortalité…
La leçon qu’on doit en tirer ?
De la vie, il faut profiter
sans au lendemain trop songer !

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Fal

— Par Daniel M. Berté —

Dan an lawon-danmyé
An met-majò tonbé
Pektoro’y i montré
Epi boug-la kriyé
Kaka-la sa ki pé
Ek kwenyen kò’y an fal

An bektan rilévé
Défi misié vréyé
I fè dé pa kwazé
Tanbou alé salié
Chimiz-li i tiré
Ek frapé kò’y an fal

An moman observé
Dé kok a lanvolé
An kakan balansé
An mal kout-pwen monté
Lom défian ritjilé
Touché an mitan fal

Lè boug-la rilévé
I vini énewvé
Anlè majò plonjé
Men misié eskivé
Di an kout-tet bélié
I frapé’y an plim-fal

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 » Sagesse » &  » Jazz »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Sagesse

Tout au bout de la nuit,
c’est le petit matin,
la vie et ses chagrins
sitôt que tu te lèves
et là, c’est marche ou rêve !

Mais qui trouve la fève
au sein de la galette
devient roi de la fête…
Tout Éden a ses lois
et chaque Adam son Ève.

La pomme a son serpent,
chaque envers, son endroit
car tout chemin montant
à la fin redescend
obligatoirement…

Tout meilleur a son pire,
rien ne sert de courir :
il faut partir à temps,
juste avant qu’on se lasse…

Ne pas perdre la face,
c’est le plus important !
De tout ça, mieux vaut rire
qu’y trouver à redire…

Jazz

La Vie est une musique de jazz,
tantôt syncopée, rythmée, rapide et joyeuse
et tantôt lente et rêveuse et même quelquefois blues,
avec ses temps forts, son temps perdu et ses silences…
Parfois on joue ce qu’on a écrit sur la partition de nos souhaits
mais le plus souvent on improvise…
Et même si l’on sait qu’à la fin de la coda, les instruments se taisent,
que j’aime la jouer, cette belle musique de la Vie, quand ça jazze dans ma tête !

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« Féminin mystère » & « Strip-teases »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Féminin mystère

Femme, depuis bien longtemps j’espère
un jour enfin percer ton mystère…
Mais plus je te côtoie, moins j’en sais,
me restant inconnue à jamais…

La plus incroyable différence
est ce pouvoir de donner naissance
à l’enfant, insondable mystère
puisqu’aucun homme ne peut le faire…

De ressentir, ton autre manière
me demeure à jamais étrangère
et j’ai beau essayer de l’apprendre,
je te connais mais sans te comprendre !

Moins grave, après tout, que c’en a l’air :
l’important, être complémentaires !
Je t’aime à la folie, te vénère
et, puisque s’attirent les contraires,
m’excite et me séduit ton mystère…

Strip-teases

L’éclat de ses yeux noirs
comme deux entonnoirs,
des puits de gravité,
happent tous les regards

des hommes hypnotisés,
éclipsant l’alentour
devenu tout à coup
indistinct, pâle et flou…

Prêtresse de l’Amour
à l’attraction fatale
dont la grâce animale
demeure sans égale…

Des déesses à l’instar,
Lilith ou bien Ishtar,
irrésistible star
dont nous subjugue l’art,

comme des satellites,
tous aussitôt gravitent
autour de cette étoile
lorsque tombent ses voiles !

 

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An van

— Par Daniel M. Berté —

An van

Sé an van san ganm ki lévé
Ek fifin-lapousiè soufflé
Ki kon lésen yenyen antré
An zié lasi La Matirin

Sé li menm van malélivé
Ki wob madanm-la lévé
Ek tjilot krévé’y i montré
Ki té fet épi twel poplin

Sé li ki vin van énewvé
Ki alé pousé gwo difé
Adan dé pies-kann ki brilé
Anlè bitasyon La Violin

Sé li osi van méchansté
Ki baloté soukwé jété
Ti zaboka non matrité
Espéré pou féros farin

Sé li ankò van révolté
Ki lapot an bwa défonsé
Pou té sa Women libéré
YO té fèmen an makolin

Sé toujou li van apézé
Ki fè lé dé moun rankontré
Matirin ek Women enmé
Ek yo fè twa ti katjopin

Sa ki pé di sé van madré
O vi di sa man rakonté
Sé li sel ki ka’y pé jijé
Si sé an van a zanzolin

Sé o final van ki kalté
Sé la vré kèsion a pozé
Lektè ou ka’y konklizionné
Oubien mandé manzè Lalin

Daniel M. Berté 180724

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Connaissez-vous Roger Parsemain, poète ?

— Par Michel Herland —

Mon œil implore d’un tic la folie d’un mot
Mais au seuil de l’enfer le dire s’incinère

Bien sûr, tous les Martiniquais sont censés connaître ce compatriote, remarquable poète, mais au cas où et à l’occasion de la publication d’un récent recueil, voici de quoi pour nous rafraîchir la mémoire.

Roger Parsemain est né en 1944 dans la commune du François, la ville où, devenu professeur, il enseigna les lettres et l’histoire-géographie avant d’y prendre sa retraite en 2004. Il y fut également conseiller municipal sous l’étiquette communiste tout au long de la décennie 1970. Il habite avec son épouse dans une maison cachée dans la végétation, à l’écart du bourg. Cet attachement à un lieu est l’une des caractéristiques de la poésie de Roger Parsemain, ce qui n’empêche pas qu’elle soit nourrie aussi de ses rêveries et de ses nombreux voyages, par exemple mais pas seulement dans le recueil Les Chemins inondés inspiré au départ d’un séjour au Québec et de la rencontre avec la peintre Louise Prescott.

Roger Parsemain est l’auteur jusqu’ici de dix recueils de poésie chez divers éditeurs, sans compter deux livres de nouvelles et récits en prose et de pièces de théâtre non publiées.

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« En Terre d’ élections présidentielles », « Le péril d’une Terre souffrante » & Perdition d’une tuerie souffrante.

— Par Myrna Nerovique —

En Terre d’ élections présidentielles

Belle Terre que je n’ai jamais connue.
Etats-Unis, ne suis-je point une parvenue ?
Je ne verrai jamais point Clinton ou Biden ;
Ma combativité actuellement réellement traîne.

Trump, s’envole vers d’autres horizons,
Tandis que je me mêle enfin de mes oignons.
Je me goinfre d’actualités.
Dieu sait, que je ne puis m’en priver.

Les élections s’en vont encore de plus belle.
La médiatisation s’en veut sensationnelle.
L’effervescence de cette tuerie en perdition,
S’en déguise comme une malédiction.

La perle de nuit s’endort dans mes bras,
Et, je compte alors chacun de mes pas.
Mon enfant dort alors profondément,
Je n’ai plus, alors, nul tourment.

Le péril d’une Terre souffrante.

Face à cette guerre civile écologiste,
Il n’y avait point plus d’arrivistes.
La Terre perdait de sa superbe,
Point plus de fleurs ou de fraîche herbe.

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À un enfant du monde*

(pour mon neveu et filleul Jean-Philippe S.)

— Par Lenous Guillaume-Suprice —

Tu pourrais encore franchir le mur
avant l’inéluctable
voir des enfants fleurir plusieurs sourires d’oliviers
avant les premières foudres dans leurs yeux

Mais à l’impossible
où aller
que faire sinon enregistrer et encore remémorer le cours des choses
et puis vouloir que tes fils soient bien adroits
attachés avant tout à l’habitat des ancêtres

Il ne sert à rien (parfois) de courir de long en large
devant l’indésirable

Mieux vaut (souvent) tout affronter
et dire ses quatre bêtises à l’ignoble de plein fouet

Cinq miroirs aux images brisées plus tard
et combien de villes défilées en poussière depuis
avec les promesses d’invétérés coquins
au vol des vautours du quotidien
tu es toujours là
méprisé
à encaisser les coups de l’horreur

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« L’horizon de la guerre » &  » Tu ne resteras point sourd »

— Par Myrna Névorique —

L’horizon de la guerre

Dans ma plénitude ensevelie,
Je pensais à mon beau guerrier,
Au travers de ma jambe meurtrie,
Sévissant sous la course de l’armurier.

Nous n’étions plus en temps de paix,
Et, je pouvais enfin laisser la craie.
Et, dans l’histoire militaire gonflant les saisons,
Je ne voyais plus d’autres horizons.

L’écriture me laissait pantoise,
Je n’avais point plus d’ardoise.
Et, dans le cœur d’une bonté perdue,
Je me retrouvais, goinfrant de la viande crue.

Ukraine ! Russie !
J’y pensais même la nuit .
Hamas ! Israël !
Le sang n’y était plus que charnel.

Je me retrouvais dans une troisième guerre mondiale,
Où le trivial avait tout de général.
Et, je rêvais du vent de la liberté,
Cherchant à rejoindre mon tout premier.

L’automne approchait dans des tons monotones,
Tandis que la voisine m’apostrophait de moutonne.
Et, l’horizon se peuplait de courses hagardes,
Vers mes balustrades d’une pureté de blancharde.

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Labribis-la

— Par Daniel M. Berté —

An labribis pété dézod
Epi an bis ki fè rita
Si lapawol de lom vo lom
Sé lorew di bis ki fè le bis

Dayè lè’w pa rivé a lè
Vwayajè ka di pa ni bis
Si pa ni bis ou initil
Kivédi ki ou pa pèsonn

Simenn pasé sété lagrev
Epi konpè’w la lign Zéwo
Ek tousa san avertisman
Ki fè boul moun lévé faché

A koz di wou man ka sibi
Mové kolè ek wouspétans
Dé zizajé ki an soufrans
Pou kadans ou pa respekté

Man ka tan moun ka babiyé
Pas ou ka mélé lavi-yo
Fè-yo raté an randévou
Rivé anrita o travay

Fè-yo ped tan pou zafè-yo
Epi fè tansyon-yo monté
Jis ni adan ki ka jouré
Pou pé trapé an soulajman

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« Mille… » &  » Parole »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Mille…

Mille pages entrouvertes du long livre de ma vie…
Mille blessures ouvertes du long cours de ma vie,
écrites avec du sang, de la sueur et des larmes…
Mille poésies brandies comme des armes
pour exorciser les spectres cannibales de l’esprit…
Mais aussi mille moments de joie, d’extase et de passion
pour n’en rien oublier, pécher par omission…
Comme un vieil album photo devenu familier
qu’on ne se lasse pourtant jamais de feuilleter…
Mille et une nuits du poète
qui, pour ne pas perdre la tête,
ne se laissent conter
qu’au travers du prisme irisé
par la magie de sa poésie
qui rend la vie plus belle,
qui rend la vie plus vraie
et les rêves réels
et qui donne des ailes
quand on est tellement fatigué de marcher
qu’on ne voudrait plus jamais
devoir se réveiller…
J’ai ciblé l’impossible et tout mis dans le mille !

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Prix International de l’Invention Poétique 2024 : Palmarès de la 3ème édition

— Par Sarha Fauré —

La littérature haïtienne continue de briller sur la scène internationale, consolidant sa réputation avec de nombreux auteurs qui se distinguent par leurs œuvres exceptionnelles. Lors de la troisième édition du Prix International de l’Invention Poétique, organisée par l’association Balisaille en Martinique, Haïti a triomphé en remportant les deux catégories principales.

Le 11 mai 2024, l’association Balisaille a révélé les lauréats du prix lors de la clôture du Festival Mai Poésie. Dans la catégorie Langue Française, Witerwan Kenley Jean a été couronné pour son texte poignant intitulé « Nul oiseau ne viendra picoter nos tombes ». Originaire de Lascahobas, ce jeune écrivain-poète a exprimé une profonde joie et un sentiment d’accomplissement après avoir reçu cette reconnaissance. Il a décrit sa poésie comme une exploration des thèmes de la mort et de l’existence, qui a su toucher le cœur des jurés.

Dans la catégorie Langue Créole, Iléus Papillon a remporté le premier prix avec son texte « Adjeridan ». Papillon, un poète bien établi et auteur de plusieurs recueils de poèmes en créole tels que « Sèt priyè lari », a dédié ce prix à sa terre natale, Haïti, via sa page Facebook.

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Fleur des champs.

— Myrna Nerovique —

Fleur des champs,

Tu es mon doux tourment.

La vie s’écoule ainsi,

Dans mon tendre paradis.

 

Fleur des champs,

Je sais que dorénavant,

L’amour me rendra crécelle.

Je ne suis point cruelle.

 

Fleur des champs,

L’ homme de mon firmament,

Vient de sonner le glas de l’amour,

Qui, je l’espère, durera toujours.

 

NEROVIQUE Myrna

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« Marée » & « Insomnie »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Marée

Se succèdent les années comme
les vagues de la mer du temps,
grignotant peu à peu la plage
de la vie trop courte d’un homme…

Cette marée, que l’on nomme âge,
n’y laisse que sa grise écume
de souvenirs comme un voyage
dans le passé, teint d’amertume…

Chaque ressac retire alors
un peu de sable au sablier.
Désormais le temps est compté
qui sépare encor de la mort !

Impossible de résister
à cette fatale érosion.
On ne peut que se résigner
en profitant de chaque instant
avant notre disparition…

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Kou man pran

— Par Daniel M. Berté —

Kout do-lanmen man pran
ki pété bò djol-mwen
paske man té ouvè’y
pou di man pa dakò
alé achté mis ronm
Kout tjok man pran
ki dérayé fwa-mwen
pas man té kontesté
pou an profitasion
anlè an pli piti
Kout tet man pran
ki pété bouden-mwen
padavwè man mélé
adan ladjè lézot
o non di la jistis
Kout pyé man pran
ki potjé bonda-mwen
adan an gawoulé
pas man ritouvé mwen
an kannaval lé zot
Kout boutou man pran
ki fann mitan tet-mwen
lè lé manmblo chajé
pas man manifesté
pou réklamé dwa-nou

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« Entropie » & « Impassible »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Entropie

Les mots s’érodent-ils à force d’être dits
comme un vêtement s’use à force d’être mis,
délavant ses couleurs, se froisse et puis s’élime…
En va-t-il de même quand il s’agit de rimes ?

Vont-elles s’appauvrir et perdre leur éclat
si le poète en fait trop souvent un emploi ?
Tout passe, tout lasse, dans la vie rien ne dure :
le temps à toute chose fait cruelle injure

et l’on doit se soumettre à sa fatale usure !
Alchimiste pervers qui change de l’or pur
en amas de poussière ou pourrissante ordure,
tout est à redouter d’un incertain futur

où le bien peut se muer en mal un peu plus tard
et le plus beau rêve virer au cauchemar…
D’une grande passion vite ont des amants marre,
qui, après quelques temps, se déchirent et séparent…

En fait, hélas, rien n’est sacré aux yeux du temps.
Ce dieu aveugle et sourd demeure indifférent
au sort du monde tout comme au malheur des gens…
Sa seule loi : autant en emporte le vent…

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Lé témwen

— Par Daniel M. Berté —

Soley jòn briyant-chofant té la… I wè
an karésaj kalinant belté-vidjozté’w… I wè!

Piébwa ver mirmirant-foufoutant té la… I wè
An milannaj observant van lalizé ki té lévé wob-ou… I wè!

Lalizé san koulè balansinant -powétizant té la… I wè
an chichotaj rafréchisant anlè chalè ti-kò’w…
I wè!

Lariviè klè regardant-otjipant té la… I wè
an koméraj akéyant tout kò’w an dézirans… I wè !

Savann mawon matlasant-dousinant té la… I wè
an makòkòtaj sèvant d’kabann ba koulè kannel kò’w…
I wè!

Sièl blé konpatisant-bienvéyant té la… I wè
an konplisitaj liennant pou endé nanm tjè-nou volé wo… I wè!

Zwézo miltikolò mélodizant-chantant té la… Yo wè
an makrélaj admirant jé kò-nou an mélanjans ek jwisans… Yo wè!

Soley, piébwa, lalizé, lariviè, savann, siel, zwézo, té la… Yo wè
Kalinant, observant, rafréchissant, akéyant, sèvant, liennant, admirant… Yo wè !

Yo tout pé jiré épi fwa, toutalafwa, tousa… Yo wè
Yo tout wè jou tala pétayé lanmou-nou… Yo wè!

Ou pé pa di i pa té vré… Yo wè
Yo tout té témwen… Yo wè!

Daniel M.

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« Les confettis lépreux » & « Gaoulé, Gaoulé !

Par Yves Untel Pastel

Les confettis lépreux

Voici nos terres,
Voici Guanakera, voici Madinina,
Voici Karukéra, voici Mascarehnas,
Voici kanaky, voici Maoré.
Terres paradisiaques jadis, désormais lépreuses

Les voici, ces confettis dont toute respiration est souffrance
Terres captives sous les bottes de l’orgueilleuse France
Peuples frères des antipodes douloureux, je clame
Que dans la subordination, la peur et l’excès de convenance
N’ont jamais accouché d’une émancipation pérenne.

L’heure d’affronter l’ombre est venue, elle lancine,
Et nous avons beau esquiver ce frontal fracas
Nous y passerons où nous disparaîtrons !
L’envahisseur pilleur a faim d’une famine sans fin
Et sa seule profession de foi est froide et compulsive :
La grandeur de la France dans le monde.

Et pour nous, cette sentence est une malédiction.

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« Un chaud effroi » & « Préservons la magie »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Un chaud effroi

Comme au soleil d’été
la neige des sommets
ou les ailes d’Icare
qui s’approcha trop près

du dieu chaud sur son char,
fond peu à peu l’espoir
qu’aille mieux cette Terre
avec son atmosphère

un peu plus chaque année
par les gaz réchauffée
et leur effet de serre…
La fonte des glaciers,

des îles submergées,
les forêts incendiées,
en danger des espèces,
famines et sécheresse

sont le triste constat
et sinistre inventaire
qu’on doit désormais faire
de ces nombreux dégâts

que l’homme a infligés
à la Pachamama,
déréglant le climat…
Mais pas trop tard pour faire

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Si Bondié lé…

— Par Daniel M. Berté —
Man té di’w
a dèmen
pou nou té fè chalè
an bòdaj lariviè
planté létjet an dlo
klè
adan gran basen
fré
touché fon
rimonté
ripran souf…
Jé-dlo
tjim-dlo limiè-dlo
lajwa-dlo koulè-dlo
lodè-dlo dousè-dlo
anmizman-dlo djewté-dlo
dousinaj lavi-dlo
jé lanmen-dlo
jé lanmen
fè dé bras…

Ek kouché-ripozé an savann
pran soley pou serviet
anlè-nou
tou touni
zié nan zié
tjè an tjè…

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La Rose et le Réséda

— Par Louis Aragon —

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l’échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Qu’importe comment s’appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l’un fût de la chapelle
Et l’autre s’y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas

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