Catégorie : Poésies

Pléré fonmajé

— Par Daniel M. Berté —

Grenn tonbé
Man lévé
Pyé an tè rasiné
Branch anlè ansiélé
Jòdiya man ka di
Sa ka fè-mwen pléré

Chak kout fret an do neg
YO maré anlè-mwen
Té ka fè zépin-mwen
Antré adan kò-yo
Magré mwen magré mwen
Sa ka fè-mwen pléré

An branch-mwen
YO pann neg
Ki té za mawonné
Pou trapé Libèté
Ek chien-YO kaptiré
Sa ka fè-mwen pléré

Lé kapon ka fè won
Pou sa évité-mwen
An tet-yo yo ka di
Fo pa pasé anba’y
Sa ka pòté malè
Sa ka fè-mwen pléré

→   Lire Plus

« État du monde » & « Face au néant… »

État du monde

Ce n’est qu’une question de temps :
se meurt peu à peu l’Occident
car de plus en plus décadent,
toute sa culture étouffant,
en proie au culte de l’argent…

Hélas, l’Orient ne vaut pas mieux.
On y vit de moins en moins vieux,
le fanatisme religieux
faisant la guerre au nom d’un dieu
qu’aucun homme a vu de ses yeux…

Le Sud sombre dans la misère :
il a perdu tous ses repères
par la faute de trop de guerres,
colonisations meurtrières…

L’avenir est tellement noir
et le monde entier va si mal
que partout l’homme perd espoir :
extinctions d’espèces animales,
climatique réchauffement,
inondations et ouragans…

Lorsque l’équilibre est rompu,
la Terre crie : je n’en peux plus !
Lors, à bon entendeur, salut…
(ou sinon, ce monde est foutu !)

→   Lire Plus

E poutan

— Par Daniel M. Berté —

E poutan
Avan i té bien pòtan
I té ka chanté toulitan
Kouri an savann o chan
Dèyè tout poul a bel kanman

E poutan
Epi yo i té boug galan
Bel ganm épi pawol charman
Ka plen tet-yo tout-an riyan
Ka fè kous dèyè lé manman

E poutan
I té an kok vayan-vayan
Pa kokoriyè anlè ban
Men an tet lé pyé flanbwayan
Pou sa lévé lé zabitan

E poutan
I té majò a gran balan
Adan pitt i té atatjan
Prèmié a balansé kakan
A dérayé tout konbatan

E poutan
I pa té an tirè-o-flan
Lè’y té adan konba méchan
Sé té dé kout bek dékalan
Epi dé kout zépon sanglan

→   Lire Plus

« Parler… » & « Faire… »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Parler…

Parler pour ne rien dire ?
Parler quand on ne sait plus écrire…
Parler pour éviter le pire !

Parler car c’est le propre de l’homme
depuis qu’il a croqué la pomme…
Parler de ce qui compte, en somme :

parler d’amour, de la vie, de la mort
et, même si tout est dit, parler encore…
De vaincre sa timidité faire l’effort

et, pour se faire entendre, parler plus fort !
Parler jusqu’à ce qu’on tombe enfin d’accord…

Puis, quand on n’a plus rien à se dire,
qu’on ne sait vraiment plus quoi dire,
se souvenir que le silence est d’or
et se taire alors…

Faire…

→   Lire Plus

Lè mwen ka’y lévé

— Par Daniel M. Berté —

Man ka sòti an sann
Pou tonbé an difé
Man ka sòti an mang
Tonbé an ma labou

Lè mwen ka’y lévé
Sé pou man wè tiyanmay
Nwè ek blan ba’y lanmen
Kon Martin Luther King té révé an jou

Lè mwen ka’y lévé
Sé ki man admet man pa ka janmen ped
Swa man ka genyen, swa man ka aprann
Kon Nelson Mandéla té di an jou

Lè mwen ka’y lévé
Sé ki man dakò ki dan an révolision
Nou ni dwa genyen oben mò
Kon Ché Guevara té di an jou

Lè mwen ka’y lévé
Sé ki man sav ki vo mié glisé épi pyé
Pasé glisé épi lang
Kon Edouard Glissant té matjé an jou

Lè mwen ka’y lévé
Sé pou mwen doubout
Doubout ek lib
Kon Aimé Césaire té matjé an jou

Pou lenstan man atè
Grif planté pou fè fos
Ek man pa ka ped fwa
Man ka’y lévé an jou

Daniel M. Berté 31024

→   Lire Plus

Existe-t-il une « nouvelle politique haïtienne d’enseignement en kreyòl » ?

 —Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis plusieurs années, l’enseignement en langue maternelle créole est une préoccupation majeure chez un grand nombre d’enseignants, de directeurs d’écoles, de parents d’élèves, de rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires, de cadres du ministère de l’Éducation nationale et de linguistes-didacticiens. Pour la première fois dans l’histoire du pays, une singulière association professionnelle d’enseignants a vu le jour le 28 août 2016, il s’agit de l’Asosyasyon pwofesè kreyòl ayisyen (APKA), et l’action de cette instance professionnelle pourrait aboutir un jour, grâce à son dynamisme, à une diplomation spécifique –à l’attribution d’un diplôme d’État–, résultant d’une formation spécialisée en didactique du créole. Il est attesté que l’enseignement en langue maternelle créole –qui n’est toujours pas sanctionné par un diplôme émis dans le cadre d’un programme spécifique de formation des enseignants à l’École normale supérieure de l’Université d’État d’Haïti–, a fait l’objet de plusieurs études élaborées à partir d’enquêtes de terrain, entre autres celles contenues dans un ouvrage collectif de premier plan, « L’aménagement linguistique en salle de classe – Rapport de recherche » (les Ateliers Grafopub, 2000).

→   Lire Plus

« Lorsque le monde prend goût de cendre », par Gary Klang

Lorsque le monde prend goût de cendre
Par Gary Klang

Lorsque le monde prend goût de cendre
Et que tout semble
Si lourd
Si vain

Lorsque le monde prend la couleur du gris
Malgré le soleil rouge et dur
On se demande
Pourquoi le pin auprès de la rivière
L’oiseau qui chante
Et à quelle fin le jour

Le sens se perd et l’on voudrait dormir à tout jamais du sommeil de l’enfant
Ne plus souffrir
Quitter un lieu de leurres et de mensonges
Où seul compte ce droit que l’on dit du plus fort
Masqué du beau nom d’hommes
Qui ne savent plus à quelle porte frapper
Dans un monde
Où la loi est mirage
Et la fausseté la loi
Un monde où les pièces du puzzle ne trouvent jamais leur place

Le sens s’est effondré sous les chars et les balles
Comme si tout cela n’était qu’un film et qu’on va ouvrir l’œil
Pour quitter un cauchemar qui n’a lieu qu’à l’écran
Mais le cauchemar traverse l’écran et prend pied dans les
cœurs

Y a-t-il quelque part une terre où habiter

GARY KLANG

→   Lire Plus

« Union libre », d’André Breton

Union libre
Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d’éclairs de chaleur
À la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d’étoiles de dernière grandeur
Aux dents d’empreintes de souris blanche sur la terre blanche
À la langue d’ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d’hostie poignardée
À la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
À la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de bâtons d’écriture d’enfant
Aux sourcils de bord de nid d’hirondelle
Ma femme aux tempes d’ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
Ma femme aux poignets d’allumettes
Ma femme aux doigts de hasard et d’as de cœur
Aux doigts de foin coupé
Ma femme aux aisselles de martre et de fênes
De nuit de la Saint-Jean
De troène et de nid de scalares

→   Lire Plus

Analyse et réflexions sur le poème « Complaintes d’esclave » de Massillon Coicou

— Par Fortenel Thélusma, linguiste et didacticien du FLE —

I
Pourquoi donc suis-je nègre ?
Oh ! pourquoi suis-je noir ?
Lorsque Dieu m’eut jeté dans le sein de ma mère,
Pourquoi la mort jalouse et si prompte au devoir
N’accourut-elle pas l’enlever de la terre ?
Je n’aurais pas connu tous ces tourments affreux ;
Mon cœur n’aurait pas bu tant de fiel, goutte à goutte.
Au fond de mon néant, oh ! je serais, sans doute,
Moins plaintif, plus heureux.
Mais Dieu m’a condamné, le sort doit me poursuivre ;
De mon sang, de mes pleurs, il faut que tout s’enivre !…

II
Pourquoi donc suis-je nègre ?
Oh ! pourquoi suis-je noir ?
Lorsque Dieu m’eut jeté dans le sein de ma mère,
Pourquoi la mort jalouse et si prompte au devoir
N’accourut-elle pas l’enlever de la terre ?
Car libre l’oiseau vole et redit ses concerts ;
Car libre le vent souffre au gré de son caprice ;
Car libre, l’onde limpide, harmonieuse, glisse
Entre les gazons verts.
Esclave, il n’est pour moi nul bonheur, nulle fête,
Et je n’ai pas de place où reposer ma tête.

→   Lire Plus

Eia! Jeunesse téméraire !!

Par Yves Untel Pastel

Il faut les voir nos jeunes gens
Gorgés d’une violente espérance !

Il faut les voir, enflammés d’innocente ardeur
On sait bien que la jeunesse croit à tous les possibles !

Il faut les voir transformer l’ombre du chaos persistant
En cette vaste et lumineuse et si folle utopie !

Il faut les voir pour certains, avides d’apprendre
Croyant en leur destin, prêts à prendre la mer !

Matelots de leur rêve navire, hissant la voile au grand mât
Ils ont soif d’aventure, ils ont faim d’avenir.

Et moi qui ai un peu vécu, je voudrais être leur vigie
Hissé sur le rafiot lucide des marins du grand large.

Je voudrais leur montrer la terre bonne à ensemencer,
Leur offrir les premières semences et les gestes primordiaux.

Je voudrais leur livrer le secret du courage,
La leçon de la chute et celle du recommencement.

Car, j’ai vu la tempête et les voilures déchirées.
J’ai vu les horizons voilés et des rêves envolés.

J’ai vu des téméraires hâtifs échoués au bord des routes.
Mais j’ai aussi vu franchir les rugissants, risquer le naufrage.

→   Lire Plus

« Plus que jamais, Carpe Diem ! » & « Autant en emporte le temps … »

— Patrick Mathelié-Guinlet —
Plus que jamais, Carpe Diem !

La vie est un voyage passionné,
passionnant bien qu’éphémère,
dont le temps est compté
et difficile à prévoir l’itinéraire…
En fin de compte, est-ce le paradis
ou bien est-ce l’enfer ?
Un dosage subtil est nécessaire
pour éviter l’ennui
mais aussi des regrets
de ce qu’on n’a pas eu le temps de faire…
La vie est un pari,
un risque calculé :
on peut doubler la mise
mais aussi tout perdre sur une bêtise !
Comme une feuille d’arbre emportée par la bise,
face au vent du destin,
il faut trouver l’équilibre
entre la volonté d’être libre
et la faculté de s’adapter
quand il se fait contraire…
Garder le cap sur sa cible
tout en restant disponible,
prêt à toute éventualité…
Savoir où l’on veut aller,
oui, mais ne rien rater
de l’occasion en or qui peut-être plus jamais
ne va se représenter…
Alors : “Carpe diem !”

→   Lire Plus

« La main fantôme », par Robert Paquin

— Par Robert Paquin —

La main fantôme

Mon fantôme est fidèle.
Il est là, invisible,
Un fantôme modèle,
Présent, inaccessible.
C’est une main fantôme
Qui partout m’accompagne.
Je sens les doigts, la paume
Et la douleur me gagne;
Une démangeaison,
Fantôme d’urticaire,
Sans qu’aucune raison,
Aucun apothicaire
Ne puisse m’expliquer
D’où cette sensation,
Ce mal, vient m’attaquer.
Je mets de la pression
Et frotte l’avant-bras,
Mais la douleur résiste;
Je mets un sparadrap,
Mais où? La main n’existe
Pas, mais je sens mes doigts
Nominativement
Du pouce au petit doigt
Coincés dans le ciment.
Dans l’avant-bras, les muscles
Réagissent et se tendent
À tout mouvement brusque
Que mon esprit demande.

→   Lire Plus

« Constat d’échec » & « À temps perdu… »

Constat d’échec

La jeune femme au rire clair,
au bleu regard plein de douceur
comme une vision éphémère
de ce que serait le bonheur

si les anges peuplaient la Terre
en y faisant régner l’amour…
Hélas, ce rêve est bien trop court
puisque partout sévit la guerre !

Je me demande tous les jours
si l’homme n’est pas une erreur
lorsque je regarde alentour
et ne vois là que des horreurs !

Où est la solidarité ?
Rien que la peur et la misère,
la jalousie, l’iniquité,
la méfiance communautaire !

Pourtant il suffit de s’aimer,
de juste un peu de tolérance…
Est-ce si dur d’avoir conscience
de cela afin d’avancer ?

Tant de milliers d’années d’histoire
et l’on n’a fait aucun progrès…
À croire qu’on est sans mémoire
ou que l’homme est sans intérêt !

→   Lire Plus

Sa ki pè-pa pè difé

— Par Daniel M. Berté —

Difé !
Sa ki pè ?
Sa ki pa pè ?

Lé posédan ek lé zespwatan
Lé gwo-mòdan ek lé profitan
Lé mové-vivan ek lé désandan
Lé dékalan ek lé dérayan
Lé méprizan ek lé zawogan
Lé bo-pawlan ek lé méchan
Lé zensolan ek lé zangzolan
Lé zenpòwtan ek lé zendiféran
Lé rat-gwouyan et lé sisè-san
Lé san-manman ek lé volan
Lé krazan ek lé brizan

Lé détenan ek lé zòwdonan
Lé tjenban ek lé pòch-an-van
Lé chien-kouchan ek lé san-lajan
Lé kominikan ek lé zobéyisan
Lé dirijan ek lé swuivan
Lé zoblijan ek lé mòwdan
Lé défian ek lé dévian
Lé pansan ek lé dépansan
Lé mistifian ek lé kouyonan
Lé sakripan ek lé brigan

Lé dépandan ek lé konsoman
Lé kriyan ek lé soufran

→   Lire Plus

« Constat d’échec » & « À temps perdu… »

La jeune femme au rire clair,
au bleu regard plein de douceur
comme une vision éphémère
de ce que serait le bonheur

si les anges peuplaient la Terre
en y faisant régner l’amour…
Hélas, ce rêve est bien trop court
puisque partout sévit la guerre !

Je me demande tous les jours
si l’homme n’est pas une erreur
lorsque je regarde alentour
et ne vois là que des horreurs !

Où est la solidarité ?
Rien que la peur et la misère,
la jalousie, l’iniquité,
la méfiance communautaire !

Pourtant il suffit de s’aimer,
de juste un peu de tolérance…
Est-ce si dur d’avoir conscience
de cela afin d’avancer ?

Tant de milliers d’années d’histoire
et l’on n’a fait aucun progrès…
À croire qu’on est sans mémoire
ou que l’homme est sans intérêt !

À temps perdu…

→   Lire Plus

« Amazones blues » & « Détox »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Amazones blues

Cancer naissant comme une rumeur maligne
qui porte atteinte à ma ligne.
Blanc-seing pour chant de rouge gorge déployée
car, à cent pour cent, mieux vaut en fou-rire qu’en mourir !
Concert du sang en cacophonie de cellules
emprisonnant, empoisonnant doucement mon existence…
Un essaim d’abeilles tueuses de rêves.
Le serpent croquant les pommes d’Ève
à lui en faire perdre la tête et l’Éden…
Et même si je suis de tumeur noire
parce que m’envahit la peur,
j’essaie néanmoins, sein en moins, de garder l’espoir
d’une vie meilleure grâce au soutien de mes sœurs…
Amazone pour un A.R.C. qui n’est pas en ciel,
qu’allais-je faire dans un coupe-gorge tel
que je ne m’en sortirai pas sans soutien ?

Détox

Si chaque nuit, en songe,
le poids d’un remords ronge
comme un rat affamé
ton cœur, ta volonté,

dis-toi sans hésiter
que ce qui est passé
ne peut être changé
car mort et enterré !

→   Lire Plus

Japé japé’w

— Par Daniel M. Berté.

Japé japé’w chyen
Man sé an karavann
Man ka pasé

Japé japé’w…
Chyen nwè
A lapo alanvè
Ka ay douvan-dèyè
Anba an lalin klè

Japé japé’w…
Chyen blan
Ki ni twa zyé wouj san
Tala Edwa Glisan
Jwenn kat-kwazé Dyanman

Japé japé’w…
Chyen gri

Ki ka fè simagri
Ki Gran-Zong fè sanfwi
A gran kout zoranj-si

Japé japé’w…
Chyen jòn

Ka fè kon an yich kòn
Grenpé an wo tet mòn
Pou défié van siklòn

Japé japé’w…
Chyen blé

Ka métamòwfozé
Emé Sézè palé
« Visitation »’y matjé

→   Lire Plus

« Adoration » & « Frustration »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Adoration

Je lui voue un vrai culte,
une passion occulte…
De mes doigts qui l’auscultent,
en rêve je la sculpte,

toutes les nuits m’endors
avec son effigie
gravée dans mon esprit,
déesse que j’adore…

Femme que je chéris
comme un précieux trésor,
elle est mon égérie,
ma mine d’or, ma muse…

Tellement je m’amuse
quand elle est dans ma vie,
j’en oublie les ennuis,
les malheurs et je ris,
je suis au paradis !

Frustration

→   Lire Plus

Sa man-yé ?

— Par Daniel M. Berté —

Sa man-yé ?

Man an soley
Man an lalin
Man an zétwal
Man an bètafé

Man an zié
Man an fidji
Man an sourir
Man an tet volkan pété

Man an flanm
Man an boukan
Man an lensandi
Man an fouyé-difé

Man an lanp
Man an flanbo
Man an méloulou
Man an lapawol

Man an zéklè
Man an létensel
Man an solawyòm
Man an lalouwé-di-jou

Man an bek
Man an alogèn
Man an lanpadè
Man an tib-néyon

→   Lire Plus

« Adieu Aylan », un poême de Gary Klang

A l’heure ou souffle un vent de haine aux États-Unis contre les Haitiens, je leur dédie mon poème pour le petit Aylan Kurdi mort d’avoir voulu trouver une terre d’accueil

Le grand responsable
celui que je nomme come mierda
l’épouvantail a la tignasse blonde

Adieu Aylan

Plus rien
Que l’ombre de la mer
Et l’enfant
Qui paraît endormi
A jamais seul
La tête bercée par cette eau calme
Comme une dernière caresse
Sa mère
N’est plus là pour le faire

Adieu Aylan

Je ne t’ai pas connu
Mais c’est tout comme
Tu es l’enfant du monde
L’enfant de tous les hommes
De toutes les femmes
L’enfant qu’on n’a pas eu

Adieu Aylan

Même allongé dans cette eau calme
Telle une poupée de chair
Tu te dresses à jamais
Contre tous ceux qui t’ont tué
Ces petits hommes
Vautrés
Dans leur démence
Et leur insignifiance

Adieu Aylan

Bonne route
Ton petit corps a fui le bateau ivre
Pour les terres de lumière
Qu’il repose à jamais dans les étoiles

Gary Klang

 

 

Le corps d’Alan Kurdi, trois ans, a été retrouvé sur la côte turque, à Bodrum.

→   Lire Plus

« Sans aucun doute ! » & « Battant de cloche »

Qu’on laisse s’immiscer un doute,
sous peu s’ensuivra la déroute !
De ceux qui sèment ainsi le doute,
méfie-toi : ils sont somme toute
le plus grand des freins à l’action…

Mis en travers de notre route,
ils ne méritent aucune écoute !
Mais s’il faut éviter le doute,
nécessaire est la réflexion
avant d’entreprendre une action…

Peser le pour et puis le contre,
les conséquences envisager
avant d’avoir à regretter,
est uniquement faire montre
de sagesse et de précaution…

Ensuite on doit, coûte que coûte,
quand est prise la décision,
poursuivre en avant notre route
et sans la moindre hésitation !
Cela, bien sûr, sans aucun doute…

→   Lire Plus

Tiédeurs de Minuit.

— Par Myrna Nérovique —

L’antre de mon bonheur,
M’intime cette tiédeur.
L’amour à la Sardou,
Te rend doucement fou.

La vie me semble impossible,
Dans mes passions où tout drible.
La bonté de mes yeux doux,
S’irrite de l’immensité du roux.

La rigueur de nos ardeurs,
Fane allègrement ces fleurs.
Je t’aimerai toujours à la folie,
Dieu le sait, comme le dit Sophie.

Myrna Nérovique

→   Lire Plus

AnthologieS de la poésie haïtienne : arpentage documentaire, datation, voix plurielles

— Par Robert Berrouët-Oriol —

En hommage fraternel et amical à Anthony Phelps, « Homme de vigie »,

qui vient de fêter ses 96 ans…

L’idée de rédiger le présent article provient d’un échange de correspondance entre Jean-Claude Nazon et moi relatif à la parution de L’« Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine / This Land, My Beloved : A Trilingual Anthology of Contemporary Haitian Poetry / Tè mwen renmen an : Yon antoloji trileng pwezi ayisyen kontanporen ». Éditée par Elizabeth Brunazzi, Denizé Lauture et Tontongi, cette « Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine » a été publiée le 28 octobre 2023 aux Éditions Trilingual Press, Cambridge, MA, USA. J’en ai fait par courriel une courte présentation indicative qui est pour l’essentiel reproduite dans le présent article. Détenteur d’un diplôme d’études supérieures en gestion administrative et financière de l’Université libre de Bruxelles et au Canada, passionné de musique classique et de littérature, friand d’opéra, Jean-Claude Nazon est, sur l’archipel fécond d’une vieille amitié, le lecteur critique de tous mes articles : qu’ils soient du domaine linguistique ou littéraire, je les lui soumets avant publication.

→   Lire Plus

Lavi lari red

— Par Daniel M. Berté —

Wè ! Di wo gadé-mwen
konsi man pa ayen
wou ki bon sitwayen
Akondi ou pa sav… ki lavi lari red

Wè ! Trousé nen’w lè’w wè-mwen
pas man ni lodè chen
wou ki za bien benyen
Akondi ou pa sav… ki lavi lari red

Wè ! Ou pé twazé-mwen
pis man sé bonnarien
wou ki sé jan de bien
Akondi ou pa sav… ki lavi lari red

Wè ! Tounen tet lè’w wè-mwen
pou’w man ka détonnen
wou ka suiv bon chimen
Akondi ou pa sav… ki lavi lari red

Wè ! Vréyé mépri ban-mwen
paske man pa ni pen
wou ki ni bouden plen
Akondi ou pa sav… ki lavi lari red

Wè ! Chèché konsey ba-mwen
pas man mwens-ki-ayen
wou ki sé bon krétjen
Akondi ou pa sav… ki lavi lari red

Wè ! Ou pé jis jouré-mwen
pas man lonjé lanmen
wou moun lanmen fèmen
Akondi ou pa sav… ki lavi lari red

Wè ! Ou pa kouto frè-mwen
man pa jomou’w kouzen
wou pa sav fon tjè-mwen
Mé man sèten ou sav… ki lavi lari red

→   Lire Plus

« Apprivoiser la vie » & “School blouse”

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

« Apprivoiser la vie »

Apprivoiser l’inconnu
comme on approche une bête sauvage,
innocent animal sans morale
mais non dénué de rage…

Toute erreur sera fatale
à qui ne l’aurait pas perçu !
Et l’on se ferait aussitôt dévorer tout cru
par la peur de la nouveauté.

Quand les habitudes, les préjugés
sont bien plus difficiles à tuer
que les illusions et les rêves,
c’est de ça que l’humanité crève…

Redoute alors le doute plus que le futur,
l’ennui plus que l’aventure,
la sédentarité plus que le voyage,
quels que soient ton passé ou ton âge !

Aie d’être fou le courage
plutôt qu’un désir d’être sage,
tant qu’à être à la page,
à la norme, préfère la marge

si tu veux, sans regrets ni remords,
retrouver le paradis perdu
avant d’être tout à fait mort
et te dire : “J’ai bien vécu…”

→   Lire Plus