Catégorie : En librairie

« Célestine », un roman de Sophie Wouters

« Cette nuit, j’ai lu Célestine. Ton texte m’a bouleversée, je n’ai pas pu m’arrêter. Je te dois une nuit blanche. »

Amélie Nothomb

Célestine est le premier roman de Sophie Wouters, artiste-peintre vivant à Bruxelles, qui démontre ici son talent à peindre l’âme humaine… avec des mots.
Nous sommes au tout début des années soixante, dans un village de la France profonde où le destin de Célestine se dessine dès sa naissance. Elle naît un 14 juillet sur le bord de la route où ses parents viennent d’avoir un accident de voiture. Recueillie par de lointains parents qui n’avaient jamais voulu d’enfants, elle va grandir auréolée de sa beauté extraordinaire et de sa grande intelligence. Mais alors que démarre le récit, Célestine a dix-sept ans et comparaît devant la cour d’assises des mineurs. Jugée pour meurtre, elle a décidée de garder le silence.
Publié en Belgique en 2021, Célestine a rencontré un très grand succès ; elle a reçu le prix Chapel 2021 et le Manneken-Prix de l’auteur bruxellois 2022.

Sophie Wouters
Artiste-peintre, Sophie Wouters vit à Bruxelles. Pendant plus de vingt ans, son travail, essentiellement axé sur l’être humain, son regard, sa solitude, son individualité, s’est traduit dans la peinture.

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« L’Imposture du théologico-politique », de Géraldine Muhlmann

Présentation
Le « théologico-politique », c’est l’idée selon laquelle au « fond » des choses politiques, il y a toujours quelque chose de religieux : quelque chose ayant à voir avec notre rapport au sacré. Même à l’heure où la politique moderne s’est « sécularisée » (séparée des pouvoirs religieux) et où les références religieuses, parfois présentes en elle, ont infiniment moins de poids que par le passé, la pensée théologico-politique est formelle : le fond de l’affaire serait encore et toujours « religieux ».

Depuis une trentaine d’années, le théologico-politique est en plein triomphe dans la philosophie contemporaine. Très au-delà de la mode « Carl Schmitt », c’est une vague qui passe par Giorgio Agamben, Charles Taylor, le dernier Jürgen Habermas, le dernier Richard Rorty… et qui fait revivre, aussi, certaines œuvres du passé : celles de Jacob Taubes et d’Eric Voegelin, ou certains écrits de Karl Jaspers. Toute une myriade d’auteurs contemporains la nourrit (Gianni Vattimo, Marcel Gauchet, Luc Ferry…), non sans échos à un air du temps général (dont témoigne, par exemple, le succès des thèses de René Girard).

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Fortenel Thélusma, de la linguistique à la fiction romanesque : un pari et de grands défis ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

La littérature haïtienne a en partage avec les autres littératures à travers le monde une caractéristique de premier plan : les forgerons de la fiction appartiennent la plupart du temps à des champs d’activités qui n’ont pas à priori grand-chose à voir avec la littérature. Il en est ainsi de Jacques Stephen Alexis et Joël Des Rosiers, médecins ; de Marie-Célie Agnant, traductrice ; de Lilas Desquiron, ethnologue ; de Ketly Mars, gestionnaire ; de Jan J. Dominique, communicatrice ; de Georges Anglade, géographe ; de Michel Soukar, historien ; de Gérald Bloncourt, photographe et peintre ; de Faubert Bolivar, philosophe, etc. Il est toutefois attesté que nombre d’écrivains puisent dans leur expérience professionnelle la matière première de leurs œuvres de fiction. C’est notamment le cas du neurologue et linguiste Jean Métellus. À la suite de « Une eau forte » (Gallimard, 1983), qui marquait une première prise de distance à l’égard des clichés du roman haïtien, l’auteur s’attache dans « La parole prisonnière » (Gallimard, 1986) à l’étude de certains troubles du langage.

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« Créole Blues », de Jean-Marc Beausoleil

Un roman polyvocal sur les terres enneigées du Québec

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

Sur les terres vêtues de neige au Québec, de Pointe-Calumet à Chibougamau, de l’Abitibi au Saguenay-Lac‑Saint‑Jean, il n’est pas rare d’entendre parler créole au détour d’une rue… Dans les couloirs d’une école secondaire de Montréal comme dans une épicerie desservant des locuteurs du créole à Montréal-Nord, le créole poursuit sa lente mais sûre entreprise de métissage sur plusieurs registres, de l’univers symbolique à celui des mutations langagières. Le vénérable quotidien montréalais Le Devoir s’en est fait récemment l’écho dans un article de la série « Le français sous influence » daté du 20 août 2022 et dont le titre est « Un français appelé à évoluer à Montréal ». L’auteure de l’article, Sarah Rahmouni, note de manière tout à fait pertinente combien le créole haïtien arpente différents lieux de vie : « On les entend dans la rue, dans le métro ou sur les bancs d’école depuis plusieurs années : des mots provenant du créole haïtien et de l’arabe maghrébin se sont peu à peu ajoutés à l’argot de Montréal, venant bouleverser la traditionnelle dichotomie entre le français et l’anglais.

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Le Goncourt des lycéens 2022 attribué à Sabyl Ghoussoub pour « Beyrouth-sur-Seine »

Le Goncourt des lycéens 2022 a été attribué jeudi à Sabyl Ghoussoub pour son roman Beyrouth-sur-Seine.

Le Goncourt des lycéens 2022 a été attribué jeudi à Sabyl Ghoussoub pour son roman Beyrouth-sur-Seine, publié chez Stock, a annoncé le jury composé de lycéens de toute la France.

Dans son deuxième roman, le journaliste franco-libanais de 34 ans propose une réflexion sur la famille et l’immigration, en questionnant ses parents venus s’installer en 1975 à Paris alors que la guerre va ravager leur pays.

Le vote de 2 000 élèves

Le jury de la 35e édition du Goncourt des lycéens a annoncé son verdict depuis la mairie de Rennes (ouest), berceau de ce prix, après plus de deux mois de lecture assidue des 15 ouvrages sélectionnés.

Réunis jeudi matin à huis clos, douze jurés lycéens étaient appelés à départager les quatre romans finalistes lors d’ultimes délibérations.

Petit frère du Goncourt, le plus prestigieux prix littéraire français, le Goncourt des lycéens se déroule chaque année de septembre à novembre et permet à quelque 2 000 élèves des lycées généraux, technologiques, professionnels et agricoles, de la seconde au BTS, de découvrir la littérature contemporaine et de susciter le goût de la lecture.

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« Des rêves pour un regard », un premier roman de Myrna Nérovique

Lorsque son regard croise celui d’Armand par une belle matinée au lycée de Bellevue, Saphir tombe immédiatement sous le charme du jeune homme. Les jours suivants, elle le recroise à de nombreuses reprises dans les couloirs. Pour elle, c’est le coup de foudre, une véritable attirance la lie à lui.
Mais ses sentiments sont-ils réciproques ?
Qu’en pensent les amies de la jeune lycéenne ?
Voient-elles cette passion naissante d’un bon oeil ?
Dans ce roman young adult, Myrna Nérovique nous remémore les papillons dans le ventre des premières amours adolescentes…

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La vue sur l’océan était merveilleuse ce matin-là, depuis le lycée de Bellevue. Il n’y avait pas un nuage à l’horizon. Le ciel était d’un bleu parfait. Nous étions regroupés, à l’époque, près de l’ancienne vie scolaire, afin d’attendre les transports scolaires qui devaient nous conduire à Madiana.
Quand elle eut fini l’appel pour notre seconde, elle se dirigea vers un groupe d’élèves qui paraissaient un peu plus âgés. Et c’est là que je l’ai vu, j’ai à peine tourné la tête et mon regard s’est posé instantanément sur lui.

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« Ti-prince », d’Emmanuel de Reynal : un roman « cri du cœur »

— Retour de lecture de Yvon Joseph-Henri —

Ti Prince, d’Emmanuel de Reynal est, dirons-nous, un roman. L’auteur ne choisit pas la forme de son ouvrage et c’est déjà une manière d’ouvrir la réflexion du lecteur. « C’est l’histoire d’un petit garçon… » nous dit-on en présentant le livre. Si c’est une histoire, c’est soit un conte, soit une nouvelle, soit un roman.

Le roman est une histoire ou un ensemble d’histoires lorsqu’il s’agit par exemple du roman de Renard. En même temps, le roman est comme on l’a dit un genre sans loi, « lawless », écrit selon une partition multiple et complexe. La complexité la plus évidente de ce roman est dans l’épilogue qui nous ramène à la réalité et à la morale de notre monde.

Somme toute, le Ti-Prince d’Emmanuel de Reynal s’inscrit dans une forme extérieurement limpide : parcours d’un enfant handicapé de la naissance à la mort. L’autre parcours, concerne une famille rayonnante et aimante dont la force d’amour transforme le rejet habituel des individus ayant un handicap en les intégrant au groupe « normal » parce qu’ils sont innocents, en les faisant reconnaître comme des humains avec tout ce que cela signifie.

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« L’impossible oubli » – 11 questions autour du lien social aux Antilles

Le 09 Novembre à 18h à la Bibliothèque Schoelcher de Fort de France

École Régionale de ALI – Antilles (Association Lacanienne Internationale) vous invite à la présentation du livre de Mme Dany DUCOSSON (psychiatre guadeloupéenne)

« L’impossible oubli» rassemble ici les fils constants de son questionnement sur le lien social aux Antilles françaises, en Guadeloupe :

– Le poids de la violence des origines de la société guadeloupéenne au regard de la traite et de l’esclavage : comme si l’origine traumatique de cette société rendait difficile tout processus d’individuation, entrainait une omniprésence du sentiment de persécution et la nostalgie des Origines.
-L’empêchement de penser, conséquence de l’idée de malédiction qui protège de la folie…
-Une passion folle de l’égalité qui en vient à équivaloir à un Tous Pareils, Tous Héros ou Tous Victimes.
-Le poids de la couleur noire, obstacle à penser et réserve permanente de haine ordinaire.
Ce qui constitue la richesse de cette société est plutôt de l’ordre d’un processus sans fin de bricolage ; la pureté rêvée dans le combat identitaire est de l’ordre du tri, de l’exclusion et du refus de l’altérité.

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Six nouveautés poches chez Caraïbéditions pour cette fin d’année !

Raphaël Confiant, Miguel Duplan, Marie-Reine de Jaham et Viktor Lazlo pour la collection « Îles en poche ».
Pour rappel, cette collection accueille l’ensemble des romans grand format déjà parus au sein de notre maison d’édition ainsi que des romans parus en grand format chez des éditeurs hexagonaux tels que Gallimard, Grasset, Plon, Albin-Michel, Robert Laffont ou Le Seuil mais jamais publiés en format poche ou abandonnés depuis.
 
Bernard G. Lagier et Gaël Octavia pour la collection « Didascal’îles ».
Le principe de cette collection théâtre est de présenter des textes d’auteurs de la Caraïbe connus et reconnus qui ont déjà été joués sur scène.

– Titre : Les tremblements essentiels
– Auteure : Viktor Lazlo
– Date de sortie en librairie : 21 octobre 2022
– Collection : Îles en poche
– ISBN : 9782373111309
– Prix TTC métropole :  8,60 €
– Public : Tout public
– Format :   110 X 179 mm
– Paginations :  256 pages
– Résumé : Qui était vraiment Alma Sol, cette beauté caraïbe devenue une star de la chanson ? Pourquoi a-t-elle disparu du jour au lendemain ?

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Dans l’atelier du « Vent du Nord »

Patrick Chamoiseau présente son dernier ouvrage : « Le vent du nord dans les fougères glacées »

ASSOCIATION TOUT-MONDE : J’aimerais approcher du cœur de votre processus créatif en considérant votre dernier ouvrage qui me semble très important. On dit que vous n’aimez pas trop parler de vos livres ?

Patrick CHAMOISEAU : Un peu. Je suis toujours un peu embarrassé quand il faut parler d’un livre. Pour moi, un texte est le résultat d’une cérémonie émotionnelle qui produit quelque chose que je ne comprends pas totalement. Je préfère idéalement laisser le contact, la perception, s’effectuer librement entre le lecteur et le texte. J’ai donc tendance à considérer que ce que je peux dire n’a pas grande importance. Donc, vous avez raison, le plus utile pour tout le monde est que je puisse en donner quelques éléments d’échafaudage.

L’échafaudage est tout ce qui il y a autour d’une construction, en l’occurrence ici, autour de l’acte de création. C’est l’intention, c’est tous les dispositifs qui aident au geste créateur, à l’écriture, ça je peux vous en parler. Cela vous donnera une idée de ce que j’avais dans la tête quand je me suis lancé dans cette alchimie particulière que représente chaque livre.

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J’ai lu « Ti-Prince » de Emmanuel de Reynal.

— Par Aurore Holmes —

Ti Prince, un récit se déclinant en intensités émotionnelles, celles qui sans crier gare, vous étreignent à la gorge. Dès la première page, la première ligne, les premiers mots, les premiers instants, le premier souffle de vie, notre regard de lecteur, étrangement surpris, se confond avec celui d’une mère aimante et anxieuse qui en donnant la vie, s’inflige un combat contre la mort, et désormais, une lutte contre l’intolérance.

Le roman s’impose d’emblée non seulement par sa rareté thématique mais aussi grâce à l’angle par lequel l’auteur, Emmanuel de Reynal, nous invite à percevoir l’intériorité d’un enfant, puis d’un adulte marqué du syndrome de Down. Une intériorité bousculant nos certitudes, nos logiques cartésiennes parfois formatées et souvent ballottées dans un monde ensauvagé laissant si peu de place aux élans d’empathie et d’affection. Le monde des « gens normaux » est en question. Ils ont érigé le quotient intellectuel comme référence absolue de la valeur d’un être humain, référence implacable et glaciale dont nous avons pourtant conscience de l’absurdité et de l’inconsistance.

Ti-Prince est un roman troublant par la force d’amour qui s’en dégage, troublant par ses protagonistes qui se densifient par la relation d’affection nouée avec le personnage principal, ou bien à l’opposé sont rendus insignifiants, basiques, caricaturaux lorsqu’ils se campent sur un comportement de mépris, d’indifférence ou de haine.

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« Ti-Prince », un roman d’Emmanuel de Reynal

Ti-Prince
« Je suis entré dans la vie sans avoir l’intention d’y rester. Je n’avais rien à y faire, j’étais sans arme, incapable d’illusion. Mes sens étaient vides, mon cœur battait à peine. Mon corps flottait, d’une sinistre mollesse. J’étais plus que nu, entièrement dépossédé, absolument inutile. »

« Ti-Prince » relate l’histoire d’un petit garçon atteint du syndrome de Down. Au départ fragile, souvent différent, il va pourtant franchir tous les obstacles qui se dresseront sur son chemin, posant calmement son regard franc et rempli d’amour sur bien des situations. Ce récit inspiré d’une histoire vraie apporte un éclairage intéressant et des questionnements bienvenus sur une condition qu’on ne connaît que trop peu.

L’AUTEUR : Emmanuel de Reynal

Emmanuel de Reynal est un acteur engagé dans la vie économique et sociale de la Martinique. Né en 1965 à Fort-de-France, il fait carrière dans la publicité régionale et se montre actif dans les associations de son île. Il est l’auteur de « Ubuntu, ce que je suis », aux éditions l’Harmattan, de « Recta Linea » et d’« Une Minute » aux éditions du Panthéon.

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« Ladjè-a », de Louis-Ferdinand Céline (traduction du roman « Guerre », par Raphaël Confiant)

Quelques mois après sa publication, plus de soixante ans après la mort de son auteur, du roman Guerre (Éditions Gallimard), à l’occasion du mois du créole et à l’occasion de la sortie de Londres (la suite de Guerre) : publication de Ladjè-a (Éditions Caraïbéditions), la traduction de Guerre en créole.

Ladjè-a comporte une préface détaillée de Raphaël Confiant sur l’art et la méthodologie de traduire les classiques de la littérature française en créole et plus particulièrement sur les difficultés rencontrées pour traduire Céline et son style unique si particulier.

– Titre : Ladjè-a (traduction du roman Guerre)
– Auteur : Louis-Ferdinand Céline
– Traducteur : Raphaël Confiant
– Résumé : Traduction en créole de Guerre : Adan sé maniskri Louis-Ferdinand Céline la éti yo viré-touvé a té ni an boul dé-san-senkant fey-papié ki sé an roman ki ka pasé adan Les Flandres pannan Bidim Ladjè a. Epi transkripsion maniskri-tala ki pa ritravay, ki matjé apochan dé lanné apré Voyage au bout de la nuit (1932) té paret, an mòso fondal-natal adan ev matjè-a ka tijé gran jou. Davwè Céline, ant rakontaj-lavi ek liv imajinasion, ka lévé an vwel asou lespérians fondal lekzistans-li : dépotjolay kò’y ek lespri’y la asou larel-goumen an, adan « labatwè toutwonlatè a ki vini dekdek la ».

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« Il n’y a pas de Ajar », de Delphine Horvilleur

Après « Vivre avec nos morts », la femme rabbin revient avec un livre contre les assignations communautaires. 

L’étau des obsessions identitaires, des tribalismes d’exclusion et des compétitions victimaires se resserre autour de nous. Il est vissé chaque jour par tous ceux qui défendent l’idée d’un « purement soi », et d’une affiliation « authentique » à la nation, l’ethnie ou la religion. Nous étouffons et pourtant, depuis des années, un homme détient, d’après l’auteure, une clé d’émancipation : Emile Ajar.
Cet homme n’existe pas… Il est une entourloupe littéraire, le nom que Romain Gary utilisait pour démontrer qu’on n’est pas que ce que l’on dit qu’on est, qu’il existe toujours une possibilité de se réinventer par la force de la fiction et la possibilité qu’offre le texte de se glisser dans la peau d’un autre. J’ai imaginé à partir de lui un monologue contre l’identité, un seul-en-scène qui s’en prend violemment à toutes les obsessions identitaires du moment.

Dans le texte, un homme (joué sur scène par une femme…) affirme qu’il est Abraham Ajar, le fils d’Emile, rejeton d’une entourloupe littéraire.

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Philippa C. Jabouin : Le minimalisme littéraire à son apogée.

— Par Jean-Robert Léonidas —

Short shorts on family, c’est le premier livre écrit en anglais par cette auteure polyglotte, petite fille d’un grand poète haïtien. Je me suis laissé dire que c’était un recueil facile à lire et digérable en un rien de temps. Rien n’est moins vrai.

Le livre, un ensemble de 30 histoires succinctes, pourrait donner une fausse impression de facilité. Mais la couverture en impose par sa gravité, elle offre à notre regard une œuvre d’art suggérant un puzzle titré Sulphurous Exchange. Ce n’est donc point de l’eau de rose. Nous sommes en face de croquis, de réflexions qui, plongeant dans l’âme humaine, obligent à cogiter en profondeur sur les choses, les hommes, leur nature, leur travers. Point de longs discours dont l’auteure est certainement capable vu sa préparation académique et son expertise. De petites histoires de famille qu’il ne faut pas prendre comme une confession d’un enfant du siècle, mais plutôt comme une tactique d’écriture pour se révéler à soi-même et au monde. D’autres sujets semblent provenir du lieu de travail. L’auteure, par pudeur, garde une difficile distance par rapport à l’intimité et maintient une éthique professionnelle, même quand elle a décroché volontiers de ses occupations antérieures.

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Rencontre avec Virginie Despentes : « J’aime les gens qui posent problème »

« Cher connard,
J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve : je t’écris. »

Après le triomphe de sa trilogie Vernon Subutex, le grand retour de Virginie Despentes avec ces Liaisons dangereuses ultra-contemporaines.
Roman de rage et de consolation, de colère et d’acceptation, où l’amitié se révèle plus forte que les faiblesses humaines…

Lire un extrait=>

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Virginie Despentes écrit comme on monte sur un ring. Avec « Cher Connard », elle chausse le roman épistolaire, sur fond de confinement, pour jouer des points de vue et, finalement, faire l’éloge du dialogue et de la distance. Une confrontation 2.0 qui déborde de punchlines mais aussi de tendresse. Brillant et percutant. Entretien.

— Par Michaël Mélinard —

Virginie Despentes a longtemps été à la marge.

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« Les lumières de l’ombre », de Liliane Salcede

Synopsis:
Connaissez-vous, Josua, Siméon, Keita, Gwada, Tre, Eve, Chantel, Ada, Marcia, Freda… personnages du cinéma noir des années 1990 à nos jours que dévoile Liliane SALCEDE ?
Dans cet essai qui s’intitule « Les lumières de l’ombre » l’auteure revendique une visibilité et une considération plus grandes à l’égard des héros et héroïnes précités.
Campés par des acteurs et actrices africains ou afro-descendants (Caraïbe, USA et diasporas), ils ont été imaginés par des cinéastes de même origine. Pourtant, ces derniers, malgré leur panache sont loin d’inonder les marchés du cinéma mondial.
Leurs histoires, reléguant souvent cette « parole de nuit » héritée des griots de l’Afrique originelle, reflètent aussi à l’écran une modernité réinventée. Une étoile pointe à l’horizon en cette année 2022, avec une qualification caribéenne pour Freda (Haïti) à l’Académie des Oscars. L’occasion de sortir ces lumières afro-descendantes de l’ombre pour que la magie et la force de leurs images contribuent, elles aussi, au patrimoine mondial du Septième Art.

 

Auteur : Liliane SALCEDE
Née en Guadeloupe, Liliane SALCEDE consacre sa carrière de professeur certifié en lycée, à l’enseignement de la langue anglaise avec l’image fixe ou mobile comme support incontournable de son apprentissage.

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« A l’ombre de la cité Rimbaud », un livre choc pour en finir avec le tabou de l’excision, en France comme en Afrique

— Par Sandrine Berthaud-Clair
Dans son roman, Halimata Fofana raconte l’histoire de Maya, dont l’innocence basculera « dans la violence » après son excision à l’âge de 5 ans lors d’un voyage familial à Bamako.
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C’est une fiction qui a tout de vrai. L’autrice, Halimata Fofana, ne s’en cache pas, mais elle préfère se fondre dans le décor et dans son personnage, Maya, qui représente « toutes les filles qu’on violente, qu’on excise, qu’on marie de force. Toutes les filles, leurs mères avant elles, et leurs frères aussi, à qui l’on cache tout », explique-t-elle.

A l’ombre de la cité Rimbaud (éd. du Rocher), qui paraît ce mercredi 24 août, est donc un roman. Entre témoignages recomposés et récit autobiographique, le livre raconte l’itinéraire d’une enfant née en France de parents maliens, dont l’innocence basculera « dans la violence » après son excision à l’âge de 5 ans lors d’un voyage familial à Bamako.

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« Le vent du nord dans les fougères glacées », de Patrick Chamoiseau

Parution le 08 octobre 2022

« Boulianno Nérélé Isiklaire était espécial. Il savait des choses sur le profond du conte, sur la Parole qui demande majuscule, sur la lutte contre la mortalité… Il avait développé une connaissance de tout cela dans le secret de son esprit. »

Le dernier maître de la Parole a gagné les hauteurs de Sainte-Marie, dans le nord de la Martinique. Depuis, il demeure inaccessible et silencieux. Malgré son grand âge, Boulianno n’a initié aucun successeur à son savoir exceptionnel, lequel risque de se perdre à jamais.

Avant que son retrait ne soit définitif, des gardiens de la tradition orale se lancent en convoi sur ses traces improbables dans les mornes pour qu’il désigne un héritier et lui offre en legs le secret de sa poésie.

Entre tradition et modernité, entre rire et mémoire, entre passé et futur, entre la vie et la mort, ils se retrouvent plongés sans le vouloir dans les complexités insondables du monde de la Parole que symbolise le vent du nord.

Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992, grande voix de la littérature contemporaine, renoue ici avec sa veine narrative riche en personnages inoubliables.

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«Joël Des Rosiers. L’échappée lyrique des damnés de la mer»: éclairer Des Rosiers

— Par Hugues Corriveau, Collaborateur du journal Le Devoir —

Dans son essai Joël Des Rosiers. L’échappée lyrique des damnés de la mer, Jean-Jacques Thomas veut tout aborder, prendre à bras-le-corps les divers aspects de l’oeuvre poétique d’un auteur qu’il admire, et ce faisant, il se répète. C’est bien là le plus grand défaut de cet essai qui, par ailleurs, est pénétrant et éclaire de façon méticuleuse les voies à emprunter pour en décoder le désir.

Ce que l’essayiste souligne chez Des Rosiers, c’est « d’abord un refus radical et absolu d’une poésie tout entière dominée par le devoir de mémoire déploratrice. » Ce point de départ capital met en lumière le projet intrinsèque du poète, à savoir : « faire une oeuvre québécoise originelle et personnelle sans le poids du pathos déploratif incrusté dans le regret du “pays natal”. » Ainsi libérée du poids du fétichisme ancestral, la poésie de Des Rosiers va s’incarner dans les territoires nouveaux qu’elle découvre, va se mettre au présent de l’émotion.

Jean-Jacques Thomas va aussi du côté d’une forme étonnante de psychocritique, alors qu’il rappelle que le poète, premier bébé haïtien né d’une césarienne, a eu les mains blessées alors qu’il tenait la lame du bistouri qui le délivrait.

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« Comme un arbre planté dans le jardin du bon Dieu », Jean-Robert Léonidas, Paris, 2022

Une gageure : raconter l’identité

— Recension par Yves Chemla —

Un arbre dans le jardin de Dieu : voici une image qui nous enjoint de remonter à la source de pas mal d‘histoires, et aussi de pas mal d’imaginaires qui croisent et recroisent les fils du bien et du mal, du genre, des histoires de paradis et de perte de celui-ci, des histoires de genre, de serpent, de connaissance des autres, de soi, de l’origine et aussi d’identité. Ève et Adam ont dû longtemps se demander ce qu’ils faisaient là, et qui ils étaient. Certes, l’Eden aura été à la fois un lieu et un moment remémorés sans relâche, mais espace traversé de choses plus ou moins cachées : la connaissance, l’éternité, la séduction, le mal, la surveillance jalouse identifiable par des bruits de pas sur la terre.

Dans ce roman étrange, Comme un arbre planté dans le jardin du bon Dieu, Jean-Robert Léonidas, l’écrivain de Jérémie, entrelace ces figures qui structurent une bonne partie de nos imaginaires en provenance de la Bible, avec la réalité âpre et sévère de la vie quotidienne en Haïti, dans le premier quart de ce siècle fertile en malheurs de toutes sortes : séisme, ouragan, décrépitude, misère, dépérissement de l’État, gangstérisme.

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« Fais danser la poussière » de Marie Dô

Le roman qui a inspiré le célèbre film du même nom !

– Synopsis : « – Marron, c’est pas la couleur des vraies princesses ! Dans mes livres, les princesses sont blanches avec de longs cheveux blonds. Camille, mon grand-oncle, lève les yeux au ciel : – Boudiou, et la reine de Saba, alors ? Elle était marron comme toi ! Reine, c’est autre chose que princesse, non ? « 
Maya, née à Paris, élevée dans les années soixante dix, est une petite fille différente. Sa mère est blanche et son père est noir. Un père qu’elle n’a jamais vu et qu’elle cherchera toute sa vie. Plus tard, sa mère se marie et Maya vit mal son métissage dans une famille où tout le monde est blanc. Sa passion pour la danse la sauve. Maya réalise son rêve, se faire engager par un chorégraphe, mondialement connu, un noir américain.
Fais danser la poussière est une histoire poignante sur les secrets de famille et la difficulté d’être « à part » .
Son adaptation télévisuelle pour France 2 a touché six millions de téléspectateurs lors de sa première diffusion.

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Le Goncourt du premier roman décerné à Étienne Kern

Paris – Le prix Goncourt du premier roman a été décerné mardi à Étienne Kern pour « Les Envolés » (éditions Gallimard), inspiré de l’histoire d’un homme qui tenta de voler depuis la tour Eiffel.

Ce professeur de lettres a signé un récit sensible sur le destin de Franz Reichelt, immigré autrichien qui en 1912 se tua, devant les caméras, en s’élançant du premier étage de la tour avec un parachute de sa fabrication. 

Salué par la critique, ce roman de la rentrée littéraire 2021 était entré dans la sélection des prix Renaudot et Femina, avant d’être écarté. 

Le prix Goncourt de la nouvelle est allé au Belge Antoine Wauters pour « Le Musée des contradictions » (éditions du Sous-Sol), recueil de 12 discours de révoltés. 

Cet auteur enchaîne les prix littéraires français, après le prix Marguerite Duras en octobre puis le prix Wepler en novembre pour son roman « Mahmoud ou la montée des eaux » (éditions Verdier)

Le prix Goncourt de la biographie Edmonde Charles-Roux a couronné le journaliste Jean-Pierre Langellier pour « Léopold Sédar Senghor » (éditions Perrin)

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9 bel kont Grimm, Perrault épi Andersen an kréyol Gwadloup épi Matinik

Sortie en librairie du recueil des 9 contes les plus célèbres de Grimm, Andersen et Perrault en créole traduits par Hectour Poullet et Marie-José Desnel.

Un livre de 144 pages avec les contes Blanche-Neige, Cendrillon, La Belle au bois dormant, Le vilain petit canard, Le petit poucet, Le chat botté, La petite sirène, Le petit chaperon rouge et Raiponce en créoles de Guadeloupe et de Martinique.

– Titre : 9 bel kont Grimm, Perrault épi Andersen an kréyol Gwadloup épi Matinik
– Collection : Livres jeunesse en français et créoles de 144 pages
– Format : 21,8 X 28,7
– Auteurs : Gustavo Mazali et Poly Bernartene
– Traducteurs : Hector Poullet et Marie-Josée Desnel
– Date de sortie en librairie : 8 février 2021
– ISBN : 9782373110760
– Prix TTC : 16,30 €
– Résumé :  Les contes Blanche-Neige, Cendrillon, La Belle au bois dormant, Le vilain petit canard, Le petit Poucet, Le chat botté, La petite sirène, Le petit chaperon rouge et Raiponce en créoles de Guadeloupe et de Martinique.

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À propos de « La désapparition » : entretien avec l’auteur, Gerry L’Étang

— Propos recueillis par Jean-Pierre Arsaye —

Gerry L’Étang nous expose son roman, La désapparition, à paraître aux éditions Project’îles le 5 mai 2022. Suit un extrait du livre.

Pourquoi ce titre : La désapparition ?

C’est une expression d’Édouard Glissant, vraisemblablement forgée à partir du mot créole « dézaparet ». Glissant désigne par-là quelque chose qui a disparu mais pas totalement ; comme quand il dit que les Indiens caraïbes n’ont pas disparu, qu’ils ont désapparu. Il y a dans ce récit, une, des désapparitions.

Quel est l’objet de ce roman ?

– J’ai une obsession : que se passerait-il si le cargo de la Compagnie n’arrivait plus ? Autrement dit, si nous nous retrouvions, nous Martiniquais, seuls face à nous-mêmes. Si la Martinique, pays perfusé où l’on ne produit plus que de l’illusion, était soudainement coupée du monde et devait tenter de survivre. C’est de cette obsession qu’est né cet ouvrage, qui est en quelque sorte un roman d’anticipation. Car la situation décrite ici n’est pas totalement absurde, spéculative. Elle est possible. Je crois d’ailleurs que cette perspective doit hanter bien des Martiniquais.

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