Catégorie : En librairie

André Breton, L’éloge de la rencontre. Antilles, Amérique, Océanie.

 — Par Yves Bernabé—
Ce texte est la traduction écrite, donc nécessairement infidèle, de la présentation orale faite à la Bibliothèque Schoelcher de Fort-de-France le 25 mai 2008. Cette présentation du récent ouvrage de Dominique Berthet s’intéresse à la signification de sa structure et aux questions qu’il suggère et qui rendent compte de l’intérêt de sa lecture.

 I. Ce que dit la structure.

 Le titre de l’ouvrage de D. Berthet rappelle dans un premier temps l’ « âme errante » qui fait le cœur de Nadja, et l’on s’attend d’emblée à des développements sur cette thématique. De fait, en reliant très fortement la vie de Breton avec son œuvre, D. Berthet montre que la rencontre et le hasard sont pour le poète un art de vivre et que la vie et l’écriture ont partie liée. Ainsi, dès le premier chapitre, D. Berthet évoque et analyse cette disposition de Breton à la rencontre, cette disponibilité qui permet l’éclosion subite d’instants vrais, et l’éclosion de la Beauté convulsive, en laissant libre cours à l’inconscient. La trouvaille, la rencontre, dit D. Berthet, répondent au désir enfoui.

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«Le monde tel qu’il est» de Monchoachi

 Une invite au débat

—par Roland Sabra —


Le débat commence. Monchoachi publie ces jours- ci un petit opuscule  » Le monde tel qu’il est« , d’un cinquantaine de pages qui se veut une réponse à celui de Chaoiseau et Glissant «  Quand les murs tombent« . Ce dernier écrit dans l’urgence d’une situation politique que le nécessitait, la création ignominieuse, d’un « Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale » présentait les avantages et les imperfections d’un long tract qui permettait d’organiser des débats. Ce qui avait été le cas, dans plusieurs endroits du monde et notamment en Martinique. On se souvient en effet que des élèves du lycée Schoelcher, des étudiants de l’IUFM, des syndicalistes s’étaient emparés du texte et en avaient débattu avec les auteurs. A partir de la dénonciation de ce qu’ils considéraient comme une infamie, Glissant et Chamoiseau portaient sur la place publique la question de la nature d’un futur état  pour la Martinique. Etat-Nation ou Etat-Relation?

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« Eloge de la servilité ». L’écrier, la nuit A tous les Quashie

 

L’écrier, la nuit


A tous les Quashie



Eloge de la servilité. Là où loge la servilité. Non pas son bwabwa pitoyable, l’ancêtre esclave dérespecté dans son maintien et sa retenue, mais la résidence coloniale, au cœur (au corps, an kò’y menm) de nos élites. Déloger la servilité. La tracer, la traquer, la détraquer, tout à trac. Kri ! Est-ce que la cour dort ? Car il était temps de la réveiller de ce cauchemar académique et liturgique qui creuse nos renoncements, et notre abandon au pillage plutôt qu’à la Parole.

 

Ce qui habite Monchoachi c’est le cri. Monchoachi n’écrit pas, il é-crie (yékri) il est cri. Le cri est souffle, il est mantra, il est Nom. Kriyé c’est nommer. Le cri est Création (criation). Il figure un lieu, possiblement habitable et partageable, que nul ne possède en propre (malgré que les lieux communs soient toujours des noms propres). Le cri vient de l’envers des choses, il vibre sa vérité, et d’un saut nous révèle (i ka fè nou soté !). Poétique de l’événement, co-naissance à ce qui vient dans la fatalité tragique, ignorant l’inconnu qui déborde de toute sa grandeur (sa ou pa konnèt gran pasé’w).

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 » Le ruban de la fille du pape », de Patrice Louis

— Par Roland Sabra —

            Patrice Louis et les possibles de la non-rencontre.
A propos de son dernier livre  » Le ruban de la fille du pape  »

« Je ne dois rien à personne et personne ne me doit rien »

Il est en avance au rendez-vous. De noir vêtu, à la ville comme à la télévision, avec cette cravate à rayures jaunes dont il doit avoir moult exemplaires. Il est plongé dans la presse, qu’il vient d’acheter. On ne se départ pas d’une vieille maîtresse aussi facilement. Il est avenant, persuadé qu’il y a toujours à apprendre de l’autre et que la rencontre est une richesse. Dans un entretien il se comporte en vrai professionnel. Il connaît les ficelles du métier. L’interview, c’est son quotidien. Difficile de l’emmener là où il ne veut pas aller; il se dérobera prétextant la question ou le thème trop difficile pour lui. Il est venu parler de son dernier livre, de sa première fiction. Et si Breton à la recherche dans Fort-de-France en avril 1941, d’un ruban pour sa fille n’avait pas aperçu dans la vitrine de la mercerie que tenait la sœur de  René Ménil un exemplaire de la revue « Tropiques »?

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L’Afrique répond à Sarkozy

Contre le discours de Dakar

14,5 x 22 cm, 480 pages, 19,80 € ISBN : 978-2-84876-110-7

 

Le 26 juillet 2007 à Dakar, lors de sa première visite en Afrique subsaharienne,Nicolas Sarkozy a profondément blessé les Africains par un discours qui se voulait pourtant amical. Son adresse « fraternelle » à la jeunesse du continent, supposée fonder la nouvelle politique africaine de la France, n’a en effet trompé personne. Elle est vite apparue comme une grossière tentative de maquiller publiquement en oeuvre de bienfaisance les crimes de ses ancêtres.

 

Les paroles de Nicolas Sarkozy, émaillées de clichés racistes, ont été centrées sur un mythique homme africain, sur l’âme de l’Afrique, sur la Renaissance africaine, dont il fait du reste une lecture bien suspecte.

 

Rien sur le rôle réel de l’Europe et des institutions financières internationales dans l’appauvrissement de ce continent. Aucune allusion aux régimes « kleptocrates » et férocement dictatoriaux, soutenus par les différents gouvernements français depuis les « indépendances ». L’Afrique vilipendée à Dakar par Nicolas Sarkozy,  c’est celle du pacte colonial, fragilisée par la Françafrique dans un monde de plus en plus organisé et cupide.

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« René Maran, le premier Goncourt noir », de Charles Onama

Une vie de compromis et de révolte

La vie de René Maran n’est ni simple ni rectiligne. Sa démarche intellectuelle n’est pas non plus facile à cerner. Durant sa carrière de fonctionnaire et d’écrivain, il n’a pas souvent pris des positions aisément compréhensibles et accessibles au premier abord. Ce qui l’a souvent amené à être mal compris, à la fois des Blancs et des Noirs. Sa force principale a toujours été son indépendance d’esprit même s’il a incontestablement été formé dans un environnement où les préjugés raciaux sont parfois tenaces. René Maran est resté un homme du compromis mais pas de la compromission. Il a toujours été un homme du dialogue franc et sincère, un pondéré aux convictions fortes, bref, un médiateur incompris des Blancs et des Noirs. Il est surtout un intellectuel qui voulait voir l’humain triompher au-delà de sa couleur, un écrivain attaché au savoir et à la culture de toutes les aires géographiques, car le savoir et la culture sont, pour lui, une ouverture aux autres et au monde.

Si les contraintes de la vie ont poussé René Maran à accepter certains compromis, il est presque toujours parvenu à maintenir un équilibre entre le compromis et la révolte.

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Qui était vraiment René Maran, le premier Goncourt Noir ?

 — par Selim Lander —

 


Le 14 décembre 1921, l’Académie Goncourt a couronné un jeune écrivain de 34 ans, René Maran, pour son roman Batouala. Au cinquième tour de scrutin ne restaient plus en lice que L’Épithalame de Jacques Chardonne et Batouala. Avec cinq voix contre cinq les deux romans étaient à égalité. Le second l’a emporté grâce à la voix prépondérante du président Gustave Geoffroy. Les autres candidats de cette année-là n’ont guère marqué l’histoire littéraire, à l’exception de Pierre Mac-Orlan qui concourrait avec La Cavalière d’Elsa. Comme le nom l’indique, Batouala est un roman africain. Par contre le nom de l’auteur ne révèle pas qu’il s’agit d’un noir, « le premier Goncourt noir ».

René Maran est né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui menait ses parents d’origine guyanaise à Fort-de-France. Comme c’est là où sa naissance a été enregistrée, on le présente souvent comme un écrivain de Martinique. En réalité, il n’est resté sur cette île que les trois premières années de sa vie, avant de déménager avec sa famille au Gabon où son père devait poursuivre sa carrière d’administrateur colonial.

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« Batouala » de René Maran

(extraits de la préface)

     Civilisation, civilisation, orgueil des Européens, et leur charnier d’innocents, Rabindranath Tagore, le poète hindou, un jour, à Tokyo, a dit ce que tu étais !      Tu bâtis ton royaume sur des cadavres. Quoi que tu veuilles, quoi que tu fasses, tu te meus dans le mensonge. À ta vue, les larmes de sourdre et la douleur de crier. Tu es la force qui prime le droit. Tu n’es pas un flambeau, mais un incendie. Tout ce à quoi tu touches, tu le consumes.

     Honneur du pays qui m’a tout donné, mes frères de France, écrivains de tous les partis ; vous qui, souvent, disputez d’un rien, et vous déchirez à plaisir, et vous réconciliez tout à coup, chaque fois qu’il s’agit de combattre pour une idée juste et noble, je vous appelle au secours, car j’ai foi en votre générosité. Mon livre n’est pas de polémique. Il vient, par hasard, à son heure. La question « nègre » est actuelle. Mais qui a voulu qu’il en fût ainsi ? Mais les Américains. Mais les campagnes des journaux d’outre-Rhin. […]

     Mes frères en esprit, écrivains de France […].

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Amatya Sen :“La notion de guerre des civilisations s’est insinuée dans l’inconscient collectif.”

Identités, cultures, religions : Prix Nobel et professeur d’économie à Harvard, Amartya Sen tord le cou aux bons sentiments. Une pensée libre et originale.

L’Indien Amartya Sen a aujourd’hui 73 ans et compte parmi les intellectuels les plus brillants de notre époque, les plus éclectiques aussi. Peut-être est-ce pour cela qu’il reste étrangement méconnu en France, parce qu’il est difficile à classer, d’abord dans sa discipline reine, l’économie, pour laquelle il a obtenu le Nobel en 1998. Enseignant à Harvard et à Cambridge, il a depuis longtemps affirmé un regard original, s’inscrivant dans la théorie économique dominante tout en la contestant de l’intérieur par ses travaux sur la pauvreté, l’équité et le bien-être. Mais Amartya Sen pourrait tout aussi justement être présenté comme philosophe, historien, sociologue et analyste politique, sans qu’il perde jamais en cohérence.
Deux ouvrages fraîchement parus permettent de le découvrir ou le redécouvrir. L’Inde, Histoire, culture et identité, voyage érudit et captivant à travers un sous-continent où, comme le résume Sen, « l’hétérodoxie a toujours été l’état naturel des choses et a engendré une tradition de dialogues et de confrontations extrêmement féconde entre islam, hindouisme, bouddhisme et christianisme ».

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Amartya Sen : pour une identité multiple

 

 

Le prix Nobel d’économie 1998 est l’un des plus grands penseurs actuels. Il publie aujourd’hui deux nouveaux livres, « Identité et violence » et « L’Inde. Histoire, culture et identité », chez Odile Jacob. L’occasion pour nous d’aborder ces thèmes brûlants d’actualité en sa compagnie.

 

Prix Nobel d’économie en 1998, Amartya Sen, 73 ans, est plus qu’un grand expert international. C’est un penseur d’envergure, dont l’oeuvre se situe au carrefour de l’économie, de la philosophie, des sciences sociales et de la théorie politique. Sa démarche constante est de mettre l’accent sur les conditions morales, humaines et sociales des mécanismes économiques. Il n’a cessé d’insister sur le fait que « l’économie est une science morale » et que le développement est le point de départ de la liberté. Son originalité est aussi d’avoir toujours en vue les aspects pratiques de la vie politique : avoir le droit de voter ne sert à rien sans l’éducation nécessaire pour comprendre les choix proposés et sans les moyens de transport pour se rendre au bureau de vote…

Attentif à tous les aspects de la mondialisation, il en est lui-même une incarnation.

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« Vénus et Adam » de Alain Foix

Roman inclassable et iconoclaste

 Alain Foix, guadeloupéen, est écrivain, docteur en philosophie, directeur artistique, documentariste et consultant. Journaliste et critique de spectacles, il est également auteur d’un grand nombre d’articles et de courts essais, notamment sur l’art et le spectacle, directeur artistique et d’établissements artistiques et culturels il a notamment dirigé la scène nationale de la Guadeloupe de 1988 à 1991. Il s’est vu décerné le Premier prix Beaumarchais/ Etc_Caraïbe d’écriture théâtrale de la Caraïbe pour Vénus et Adam (2005) et Prix de la meilleure émission créole au Festival Vues d’Afrique de Montréal (1989) etc. Fort-de-France a eu la chance d’être le lieu l’an dernier  d’une création mondiale d’Antoine Bourseiller : la mise en scène de Pas de prison pour le vent une pièce écrite par Alain Foix. Il publie aujourd’hui aux Editions Galaade, Vénus et Adam.

 

 

 

Résumé du livre

21 septembre 2001. Alors que la planète regarde les ruines fumantes des Twin Towers, le corps d’un enfant noir sans tête, ni bras, ni jambes, petit tronc recouvert d’un short orange, est retrouvé dans la Tamise. Dépêchés sur place, l’inspecteur Ling, expérimenté et méthodique, est Jean Windeman, journaliste se rêvant écrivain, tentent de lever l’énigme de l’origine du petit garçon baptisé Adam par Scotland Yard.

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Un numéro d’ »Esprit » sur les Antilles

février 2007

Antilles : la République ignorée

Lire le sommaire détaillé de la revue

 

par Selim Lander

Le numéro de la revue Esprit de février 2007 consacre un dossier aux Antillais de France et d’outre-mer. Le titre : « Antilles : la République ignorée » est trompeur. On pourrait croire en effet que le dossier apporte des informations sur la manière dont le droit de la République est trop souvent bafoué aux Antilles, sur le paternalisme gouvernemental, sur les consignes passées aux préfets pour qu’ils ferment les yeux sur les pratiques des édiles locaux, sans parler de ce privilège hérité de l’époque coloniale qui fait que tous les fonctionnaires en poste dans les « DOM-TOM », donc en particulier aux Antilles, sont rémunérés davantage, pour un même travail, que leurs homologues métropolitains. Il n’en est rien. La plupart des contributions insistent plutôt sur les discriminations « négatives » dont les Antillais sont les victimes, à l’origine des revendications mémorielles qui se sont faites jour récemment et auxquelles a voulu rendre justice la loi du 21 mai 2001, dite loi Taubira, qualifiant l’esclavage et la traite négrière comme des crimes contre l’humanité.

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La France vue du Sénégal… par un Sénégalais

—Par Fadel Dia —

, 11 janvier 2007


Introduction
C’est une vérité connue, mais que nous avons souvent tendance à oublier : les rapports du pouvoir s’expriment sur le plan linguistique autant que sur le plan politique, économique ou social. Le dominant est, entre autres choses, celui qui a la parole, tandis que le dominé doit sans cesse la conquérir. Quand le second doit se battre non seulement pour avoir la parole mais aussi et surtout pour être écouté (c’est-à-dire pris au sérieux) et entendu (c’est-à-dire au moins compris, à défaut d’être approuvé), le premier est investi d’une « autorité » symbolique qui lui donne à peu près toute légitimité à dire à peu près tout ce qu’il veut sur à peu près tous les sujets, et sa parole jouit d’une « légitimité », d’un « intérêt » et d’un « crédit » quasi « naturel ». C’est ainsi par exemple que, parallèlement à la domination militaire, politique et économique que la France coloniale a exercé et exerce sur l’Afrique noire, s’est mis en place un ordre symbolique qui répercute la division sociale du travail sur le terrain linguistique, en instituant les Français Blancs dans le rôle de sujet ou d’agent d’énonciation, tandis que les Africains Noirs sont relégués soit au rang d’objet, soit à celui de destinataire des discours [1].

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L’Éthique selon Edgar Morin

 

Edgar Morin, La Méthode 6 – Éthique, Paris : Seuil, 2004.

 par Michel Herland

 

On ne présente pas Edgar Morin, personnalité éminente de l’intelligentsia française, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages parmi lesquels quelques essais sociologiques qui ont fait date (Les Stars, 1957, La Rumeur d’Orléans, 1969) et surtout une somme, La Méthode (1981-2004) dont le projet, fort ambitieux, ne vise pas moins qu’à changer notre regard sur le monde, sans rien dissimuler de sa complexité, grâce à une démarche systémique. En passant, malgré tout, peut-être un peu vite sur l’objection d’ordre épistémologique qui se présente d’emblée : Comment une telle méthode considère-t-elle la distinction qui existe inévitablement entre l’objet réel, éminemment complexe en effet, et l’objet de la connaissance, le « modèle », nécessairement simplificateur (1) ?  La reconnaissance de « la différence entre la réalité empirique et la forme théorique » (2) étant le point de départ de la démarche scientifique, toute tentative pour la tirer du côté du concret comporte donc un risque du point de vue de sa pertinence.

 Dans le 6ème et dernier volume de la Méthode (3), Edgar Morin (E.M.)

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« Pour en finir avec la repentance coloniale » de Daniel Lefeuvre,

De la repentance à l’Apartheid ?

par Olivier Pétré-Grenouilleau

29/09/06

 

Veut-on vraiment une France de l’Apartheid ? Si tel n’est pas le cas, alors cessons d’opposer les Français en fonction de leurs origines par l’intermédiaire d’un passé déformé. Rompons avec une repentance coloniale qui ressasse et divise au lieu de guérir. Tel est le diagnostic formulé par Daniel Lefeuvre dans son bel essai. Celui d’un historien ayant décidé de se jeter dans l’arène, non pas pour satisfaire à quelque sensationnalisme, mais afin de montrer, tout simplement, que les choses sont souvent plus complexes qu’on ne l’imagine, et cela en puisant dans son domaine de spécialité : l’étude des relations franco-algériennes.

Nullement  » nostalgique  » d’une période coloniale dont il ne connaît que trop les excès, Lefeuvre prend d’emblée pour cible les  » Repentants «  qui mènent  » combat sur les plateaux de télévision et dans la presse politiquement correcte « . Substituant les mots au réel, le juste au vrai, écrit-il, ils tendent à fonder l’idée d’un continuum colonial et raciste entre une France d’hier et celle d’aujourd’hui. Le tout afin de  » justifier une créance de la société «  à l’égard des anciens colonisés et de  » leurs descendants réels ou imaginaires « .

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« Soulever les pics montagneux de nos malheurs »

— par René Depestre —

Larges extraits du discours prononcé  à la Sorbonne, pour le cinquantenaire du Congrès des écrivains noirs

22/09/06

Il y a eu décolonisation des institutions impériales, décolonisation des mentalités colonialistes et racistes, mais ne reste-t-il pas encore à décoloniser les concepts mythologiques dévalorisant des négros, bicots, coolies, pêle-mêle indigènes des temps du mépris de la condition humaine ?

Un bilan des cinquante dernières années, avec l’automne 1956 pour point de repère, permet de constater que le racisme d’origine colonial est en net recul dans le monde. L’Apartheid a été démantelé dans l’Afrique du Sud de Nelson Mandela. On n’entend plus dans les médias parler des rites barbares par lesquels le KKK déshonorait, toute honte bue, l’histoire du Vieux Sud nord-américain. La notion même de race a perdu tout crédit anthropologique. Au pays de Walt Whitman, de William Du Bois et de Martin Luther King, des femmes et des hommes, issus des légendes atroces du coton, accèdent aujourd’hui aux plus hautes responsabilités. (…)

Sur le plan culturel, il n’est pas vrai qu’en France, ou en Occident en général, il existe dans les sphères du pouvoir une volonté d’occultation du passé colonial.

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50e anniversaire du 1er Congrès International des Écrivains et Artistes Noirs

Biographies


Intervenants au Congrès de 2006 pour le 50e anniversaire du 1er Congrès International des Écrivains et Artistes Noirs (Programme de la matinée)

* M. René Depestre
* Mme Yandé Christiane Diop
* M. Henry Louis Gates, Jr.
* M. Edouard Glissant
* M. Jean-Robert Pitte
* M. Maurice Quénet
* M. Noureini Tidjani-Serpos
* M. Wole Soyinka

 

René Depestre

René Depestre est né en 1926 à Jacmel (Haïti). A dix-neuf ans, il publie ses premiers poèmes Etincelles. Opposant au régime du dictateur Lascot, il joue un rôle dans sa chute en 1946, mais est contraint à l’exil par la junte militaire qui prend le pouvoir.

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Cuba, totalitarisme tropical de Jacobo Machover

 Avec Cuba il faut être patient : même lorsqu’ils ont quitté l’île depuis longtemps, et c’est le cas de Jacobo Machover, les Cubains perdent rarement de vue un paramètre essentiel de leur histoire : la durée.

La durée est en effet devenue la caractéristique principale de Fidel Castro qui est en train de reléguer Franco, Kim il Sung et Yasser Arafat, au rang d’amateurs éclairés et d’intérimaires de passage .

C’est ce qui explique que Jacobo Machover ressente la nécessité de remonter plus de 50 ans en arrière pour démêler les fils embrouillés de ce “totalitarisme tropical”. La mystique castriste a en effet fixé le point de départ de son exégèse au 26 juillet 1953, date de l’assaut raté contre la caserne de Moncada à Santiago de Cuba.
En 160 pages, Machover tente donc à sa façon, et de manière assez convaincante, d’expliquer la formidable suite de méprises qui continue à perturber tout examen objectif de la situation cubaine.

Cuba est en effet un totalitarisme, mais d’un genre un peu particulier puisqu’il a réussi à habiller son implacable dictature d’habits festifs, romantiques, voires idéalistes (grâce entre autres à la légende du Che).

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Cuba, le livre noir

Reporters sans frontières a rassemblé dans cet ouvrage des rapports d’organisations de défense des droits de l’homme qui décrivent l’ampleur de la répression lancée par Fidel Castro au printemps 2003, avec 75 dissidents arrêtés et condamnés à de lourdes peines. Ces rapports reviennent également sur le fonctionnement d’un régime totalitaire où la liberté de l’individu n’a décidément pas sa place.

En mars 2003, alors que le monde a les yeux tournés vers l’Irak, Fidel Castro lance une vague de répression sans précédent : soixante-quinze dissidents – journalistes, militants des droits de l’homme, syndicalistes, bibliothécaires… – sont arrêtés et condamnés à de lourdes peines. Au total, 1 453 années de prison, le plus souvent pour « activités contre l’intégrité et la souveraineté de l’État ». Partout dans le monde, les protestations se multiplient. L’image romantique de la Révolution de 1959, savamment entretenue par La Havane, s’effrite. Les organisations de défense des droits de l’homme, elles, n’en étaient plus dupes depuis longtemps. Leurs rapports, rassemblés ici à l’initiative de Reporters sans frontières, décrivent l’ampleur de la répression du printemps 2003. Ils reviennent également sur le fonctionnement d’un régime totalitaire où la liberté de l’individu n’a décidément pas sa place.

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«Cuba: La faillite d’une utopie», d’Olivier Languepin,

 


LA HAVANE, le 29 novembre (Jorge Diego Rodriguez, Cuba Press) – «Cuba: La faillite d’une utopie», d’Olivier Languepin, est une livre qui vient d’être publié en France par les Editions Gallimard.

L’œuvre comprend une interview avec Elizardo Sanchez Santa Cruz, président de la Commission Cubaine des Droits de l’Homme et de la Réconciliation Nationale, sur la situation cubaine actuelle, le rôle de l’opposition et la possibilité d’une transition.

Le livre relate aussi une conversation entre son auteur et le poète et journaliste indépendant Raul Rivero, directeur de l’agence alternative de nouvelles Cuba Press.

«Cuba: La faillite d’une utopie», publié en français, passe en revue le débâcle économique des années 90, plusieurs sujets d’aspect religieux et le traitement du gouvernement de phénomènes comme l’homosexualité, la prostitution et le sida, parmi tant d’autres.

Olivier Languepin, licencié en Sciences Politiques et journaliste, pénètre plus profondément les faits et processus qui ont servi de modèle depuis l’arrivée au pouvoir du castrisme. Il s’arrête ainsi sur le rôle du Che Guevara, la Crise des Missiles, l’exportation de la révolution, la copie du modèle soviétique et le cas Ochoa, parmi d’autres événements.

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Cuba. Tout changera demain

 

Le titre choisi par l’éditeur français pour traduire « This is Cuba: an outlaw culture survive » ne rend pas service à Ben Corbett qui n’ a pas écrit un livre de prospective, mais bien une description minutieuse et documentée de la vie quotidienne des Cubains. Condamné au système D, au marché noir et donc à l’illégalité, le peuple cubain lassé des diatribes de son « comandante », survit comme il peut aux incessantes pénuries que la rigidité du socialisme Cubain ne cesse d’engendrer. Ben Corbett montre bien que l’acharnement idéologique de Castro est la véritable cause du désastre économique cubain : dès qu’un petit espace de liberté est créé, les Cubains s’y engouffrent aussitôt, mais le pouvoir prend alors rapidement les mesures nécessaires pour asphyxier toute tentative de libéralisation économique.

En attendant mieux, chaque Cubain est dans l’obligation de vivre dans l’illégalité pour pouvoir simplement subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Ben Corbett a bien saisi la logique dévastatrice du castrisme qui veut absolument capter jusqu’au dernier dollar qui circule dans l’ile, tout en n’étant plus capable de faire fonctionner l’économie en pesos, qui est censée faire vivre les Cubains.

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Misère du sarkozysme de paul Ariès

 LU POUR VOUS

2005. 252 pages, 13 euros

par CLA

Tous les arrivistes aux dents longues adorent Sarkozy.

Ils se réclament le plus souvent de la droite, mais de plus en plus ouvertement  de cette gauche branchée amoureuse d’euros, de prébendes, affairiste  et assoiffée de pouvoirs, même dérisoires.

La pertinence du clivage droite gauche semble à nouveau mobiliser l’attention d’un certain nombre de martiniquais.

Qui est de gauche ? Qui est de droite ? Que signifie en 2006 être de gauche à la Martinique ?

Ce questionnement, cette recherche de positionnement  relève d’une démarche plus que saine pour quiconque souhaite s’orienter dans l’espace politique martiniquais où les frontières ne sont plus aussi nettes qu’elles ne  l’étaient avant la chute du mur de Berlin et de  l’implosion de l’URSS à la fin su siècle dernier

Le livre de Monsieur Ariès, Misère du Sarkozysme devrait aider tous ceux qui s’interrogent  sérieusement sur le contenu  de  ces deux expressions qui continuent à occuper une place centrale dans les discours politiques.

En effet, Sarkozy est le  prototype de l’homme de droite moderne, fier de l’être, et qui, crânement  défend les idées qu’il souhaite voir l’emporter dans la lutte idéologique sans merci que se livrent les tenants de la gauche et de la droite sur le plan national  comme international, n’en déplaisent aux doux rêveurs qui s’imaginent qu’il s’agit d’un clivage dépassé.

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Francophonie sans Français

 En occultant la diversité ethnique de ses écrivains, la France réduit le rayonnement de sa langue

A la veille de l’Année de la francophonie annoncée – pour 2006 – par le président de la République, des émeutes font désordre dans ce beau paysage coloré des peuples francophones. Beau mais étroit : le français perd des locuteurs d’année en année dans le monde.

La puissance anglo-saxonne n’explique pas entièrement ce rétrécissement de la clientèle. L’anglais est certes le vecteur de communication de l’économie mondiale, mais aussi, il est la langue de plusieurs cultures : les Anglo-Saxons ont intégré le chromatisme des peuples qui contribuent à construire cette universalité. Et, de plus, ils auraient, comme les Français, un certain souci d’égalité et de justice. Allez ! Ils sont bien un peu racistes –  » nobody’s perfect « . Par exemple, en 2004, ils recensèrent cent Britanniques remarquables. On constata qu’aucun de ces individus n’était d’origine ethnique.

Des voix s’élevèrent pour protester et cent Britanniques noirs remarquables furent répertoriés. Pas seulement des sportifs ou des musiciens de jazz ! On trouva une poétesse, un producteur de télévision, un syndicaliste.

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