Les 40 entretiens d’artistes contemporains de Martinique et de Guadeloupe rassemblés dans ces deux volumes ont été publiés dans un premier temps dans la revue Recherches en Esthétique, entre 1996 et 2014. Les artistes s’y dévoilent, donnent des informations importantes permettant de mieux comprendre leur démarche, les raisons de leurs choix artistiques et esthétiques. Ces témoignages informent sur leurs motivations, leurs préoccupations, leurs croyances, leurs aspirations, cela sur le mode d’un dialogue stimulant, ouvert, instructif et éclairant.
Ces entretiens attestent de la diversité des pratiques, des démarches, des supports et des médiums utilisés, mais également de préoccupations communes. L’art des Antilles se caractérise-t-il par un certain nombre d’aspects spécifiques ? Est-il identifiable comme tel ? Ces entretiens apportent des réponses et des éclairages sur ces questions.
Le premier tome rassemble les entretiens publiés entre 1996 et 1999. Ils constituent une première série de témoignages inédits. Les thématiques traitées sont : « Appropriation » (1996), « La critique » (1997), « Trace(s) » (1998), « Hybridation, métissage, mélange des arts » (1999). Tout en présentant leur travail et leur démarche, les artistes expliquent ce en quoi ces notions les concernent.
Catégorie : En librairie
En librairie, Littératures
Saint-John Perse : Lettres familiales (1944-1957)
Édition de Claude Thiébaut
Collection Les Cahiers de la NRF, Série Saint-John Perse (n° 22), Gallimard
Parution : 11-12-2015
Ces 45 lettres inédites de Saint-John Perse forment un document exceptionnel pour la compréhension de l’homme, Alexis Leger, qui se cache derrière le poète. Écrites depuis les États-Unis (1944-1957), elles constituent les seules lettres familiales authentiques, non retouchées, qui nous soient parvenues – parmi elles, une longue lettre adressée à sa mère peu avant sa mort. Saint-John Perse écrit principalement à son beau-frère, Abel Dormoy, qui veille en son absence sur sa mère et ses sœurs. Il vit alors à Washington d’un modeste emploi à la Librairie du Congrès, puis d’une bourse versée par la Fondation Bollingen. Il reçoit le soutien d’admirateurs américains (dont les Biddle et Mina Curtiss). Déchu de ses fonctions puis de sa nationalité, la gravité de ses soucis l’a d’abord empêché de poursuivre son œuvre poétique (onze ans séparent la publication de Vents et celle d’Amers).
Il revient en France pour la première fois en 1957. Les lettres révèlent avec précision les raisons de la prolongation de son exil américain.
En librairie
NSA : ils savent tout de vous
Avez-vous déjà rêvé de lire dans les pensées des gens? Savoir ce que se dit la serveuse en vous apportant votre café du matin. Ce que vos amis pensent vraiment de vous. Ou même ce que votre chat a dans la tête? Eh bien, c’est exactement ce qui arrive un jour à Snowe, un flic du Michigan. Au début, il se croit fou. Puis ça l’aide à arrêter pas mal de faux innocents… À des kilomètres de là, un autre homme est victime du même syndrome. Mais lui est en prison, et ce don de télépathie semble fortement intéresser le FBI…
Iain Levison nous entraîne dans un suspense d’une brûlante actualité, où la surveillance des citoyens prend des allures de chasse à l’homme. Mais sait-on vraiment tout de nous?
*****
« Si on lui avait demandé quand exactement tout avait commencé, Snowe aurait dit que c’était au moment où il avait frappé le toxico devant la pharmacie DaVinci. Depuis environ une semaine il se sentait… réceptif. Comme s’il pouvait ressentir les émotions des autres. Le mercredi, après son service, il avait su que la femme qui trottait sur le tapis de course à côté de lui dans la salle de sport était contrariée, et il avait vaguement compris que c’était à cause de son compagnon.
Aimé Césaire, En librairie
« Une oeuvre mobile », de Ernstpeter Ruhe
Aimé Césaire dans les pays germanophones (1950-2015)
La réception de l’oeuvre césairienne a commencé très tôt dans les pays germanophones, et elle est restée d’une vitalité que rien n’est venu affaiblir au fil des ans depuis 1950. Son envergure reflète celle de l’oeuvre d’Aimé Césaire, poète, dramaturge, essayiste et orateur.
Beaucoup de matériaux et de documents inconnus étaient à découvrir. Ils concernent la genèse de l’oeuvre qui a toujours été accompagnée chez Césaire du phénomène de la mouvance, de la facilité avec laquelle il intervenait dans ses textes. Ils concernent l’auteur dans le rôle d’auto-commentateur de ses poèmes dans les discussions et échanges avec son traducteur. Ils dévoilent enfin les facettes non encore explorées de l’oeuvre que mettent à jour les mises en scène de ses pièces dont les deux premières ont commencé leur carrière en terre germanophone.
Préface
La poésie est un naufrage insensé, plein de silencieux messages, grâce auxquels le poète reprend possession de lui-même et s’installe parmi les choses.
(Aimé Césaire)1
Les grandes cérémonies n’ont pas manqué en France depuis la mort du poète Aimé Césaire le 17 avril 2008.
Aimé Césaire, En librairie
Césaire hors frontières, de Lilian Pestre de Almeida,
Lilian Pestre de Almeida, dans ce nouveau volume d’essais, analyse le tout dernier manuscrit inédit du Cahier (les troisièmes épreuves avant l’impression de 1956), corrigé à la fois par le poète lui-même et l’Angolais Mario Pinto de Andrade, le secrétaire de Présence Africaine.
On découvre à quel point ce poème-phare constitue l’exemple même « d’œuvre mobile », selon l’expression de Ernstpeter Ruhe. L’auteure replace la production césairienne dans un contexte beaucoup plus large qui dépasse les frontières de la francophonie (antillaise ou africaine), explore son intertextualité foisonnante, souvent à la limite de l’imprévisible et étudie ses rapports avec le surréalisme et les textes de la tradition classique (occidentale et orientale), les arts visuels ct la réécriture de l’oralité traditionnelle, grâce à la lecture renouvelée du long poème épique « Batouque » et de quelques courts poèmes. Le texte est accompagné d’une iconographie importante qui discute et éclaire plusieurs des mots énigmes du poète.
Présentation.
Le centenaire de la naissance d’Aimé Césaire (1913 – 2008) a été célébré tout au long de l’année 2013 en France et à la Martinique, en Afrique et en Amérique.
En librairie, Littératures
Le Goncourt des lycéens attribué à Delphine de Vigan, déjà lauréate du Renaudot

Le Goncourt des lycéens permet à près de 2 000 élèves de lire et d’étudier la sélection de romans de la liste du Goncourt. Une cinquantaine de classes de lycéens âgés de 15 à 18 ans, issus de seconde, première, terminale ou BTS, généralistes, scientifiques ou techniques sont concernées. La sélection des classes est basée sur la motivation des enseignants.
Deux mois pour étudier les livres
Après l’annonce des livres sélectionnés pour le Prix Goncourt par les membres de l’académie Goncourt, la Fnac remet les ouvrages de la liste à chaque classe. Les lycéens ont deux mois pour lire les romans, avec l’aide des enseignants. Pendant cette intense période de lecture, des rencontres régionales sont organisées entre auteurs et lycéens.
Délibérations régionales et nationales
À l’issue de l’étude des livres, les classes élisent un délégué pour présenter leur tiercé de livres gagnants et défendre leurs choix lors de délibérations régionales.
En librairie, Littératures
In Koli Jean Bofane, lauréat du Prix des cinq continents de la Francophonie.
Le jury du Prix des cinq continents de la Francophonie présidé par l’écrivain, Prix Nobel de littérature, Jean-Marie Gustave Le Clézio, a désigné In Koli Jean Bofane pour son roman Congo Inc. le testament de Bismarck (Editions Actes Sud), lauréat de l’édition 2015.
Il a souhaité récompenser « un roman étonnant. Sorte d’encyclopédie du Congo, d’un humour tour à tour tendre et féroce, satirique et burlesque sur un sujet inédit : l’Afrique vue par un pygmée géant. Tout y est : la pauvreté, la dépendance, les désastres d’une certaine mondialisation, les fantasmes blancs, les enfants des rues, la migration, la gadgétisation face à la tradition, une vision panoramique des problèmes d’une société exploitée, cela dans une langue puissante qui puise dans tous les registres avec une énergie et une inventivité étourdissante ».
Le jury a également décerné une mention spéciale à Miguel Bonnefoy (Venezuela) pour son roman Le Voyage d’Octavio (Editions Rivages) pour ses grandes qualités d’écriture. « D’une inventivité constante où l’allégresse prend la force du mythe, le Voyage d’Octavio, est un périple dans le temps et le territoire d’un Venezuela méconnu.
En librairie, Littératures
Travail de mémoire et devoir de mémoire
À propos du nouveau roman de Marie-Célie Agnant(1)
— Par Alain Saint-Victor* —
Le nouveau roman de Marie-Célie Agnant nous plonge dans un univers cauchemardesque, univers où s’entrechoquent frayeurs, trahisons, courage, détermination, luttes, espoirs. Il s’agit d’un texte aux images puissantes, profondes, vivantes, exacerbées par un «pointillisme» structurant. L’histoire est, en effet, émaillée de multiples détails, chacun est essentiel pour prendre la mesure du tout scriptural qui constitue le récit de Agnant. Cette réalité du texte ne noie pas pour autant l’intention de l’écriture de l’auteure. C’est cela, à mon avis, qui constitue l’exceptionnel talent littéraire de Marie-Célie Agnant : l’efflorescence prodigieuse de l’art littéraire qui structure le récit sert à interpeller le lecteur, le «transformer», malgré lui, en témoin d’une époque marquée par le sang, la haine, la nuit, la douleur, la désolation, le chagrin. C’est l’époque du duvaliérisme, plus précisément celle de sa genèse, de son fondement, de la mise en œuvre de ses éléments constitutifs : la terreur, les massacres, les assassinats, la torture, la descente aux enfers de toute une nation.
L’histoire débute en 1958, un an après l’usurpation du pouvoir par François Duvalier.
Arts Plastiques, En librairie
L’art, la vie, le poison
— Par Sophie Joubert —
« Vie ? ou Théâtre ? » de Charlotte Salomon, Allemande d’origine juive, assassinée à Auschwitz en 1943, est publié dans son intégrité.
Le Tripode, 840 pages, 95 euros.
Charlotte Salomon (1917 -1943) fut la dernière étudiante juive des Beaux-Arts de Berlin. Fin 1938, le danger devient si grand pour elle que sa famille décide de lui faire quitter l’Allemagne. Elle rejoint en décembre ses grands-parents maternels, réfugiés dans la région de Nice depuis déjà plusieurs années.
Le début de la guerre rompt cet équilibre. Le 20 mars 1940, bouleversée par le déclenchement des hostilités et paniquée par la violence nazie qui déferle sur l’Europe, la grand-mère de Charlotte Salomon se défenestre sous les yeux de sa petite-fille. Peu de temps auparavant, son grand-père avait révélé à la jeune femme un terrible secret familial : elle est la dernière d’une lignée maternelle dont tous les membres, depuis trois générations, se suicident. Elle apprend ainsi que sa propre mère – qu’elle croyait morte de la grippe en 1926 – s’est elle aussi jetée dans le vide, ou encore qu’elle doit son prénom à une tante morte noyée avant sa naissance, en 1913.
En librairie
« Une nuit d’orgie à Saint-Pierre Martinique »
« Une nuit d’orgie à Saint-Pierre Martinique » a été publié en 1893 par un certain Effe Géache ou F.G.H., dont l’identité n’a jamais été découverte.
L’histoire se déroule dans le « Paris des Antilles » encore appelé la « Venise tropicale» ou le « Sodome américain », qu’était alors Saint-Pierre, la capitale de l’île de la Martinique.
Ce roman met en scène les us et coutumes amoureux de cette ville peu avant sa destruction par l’éruption de la Montagne Pelée.
Les aventures érotiques de Hubert, Jules et Philippe, les compères d’Une nuit d’orgie, « mêlent toujours – selon Raphaël Confiant – la débauche au comique, le stupre à la rigolade la plus franche ». L’intérêt de cet ouvrage réside moins dans l’intrigue que dans la richesse de son vocabulaire imagé et épicé ; le créole apporte notamment gourmandise et gaieté à cette oeuvre sans égal.
Lire un extrait :
Le port de Saint-Pierre est magnifique tant par l’immobilité de la mer dans la belle saison que par sa forme gracieuse.
Quoi de plus beau, en effet, que le quart de cercle que la vague a creusé sur la plage de la ville montueuse et mal pavée, et les petites lames qui, couronnées de blanches écumes, viennent mourir presque sans bruit sur un bord de sable gris ?
En librairie
Le Nègre de Napoléon
Joseph Serrant, seul général noir de l’Empire
Raymond Chabaud
Préface : Lieutenant-colonel Pierre Garnier de Labareyre
Peut-on être martiniquais, noir, abolitionniste, officier de la Légion d’Honneur, général nommé par Napoléon sur le front et membre de l’état-major de Louis XVIII ? L’histoire de Joseph Serrant débute dans l’époque troublée de la Révolution pour s’achever dans le morne conformisme de la Restauration.
Cordonnier à Saint-Pierre, Joseph Serrant s’active dans le Club des jeunes citoyens et se bat pour l’abolition avec Louis Delgrès : tous deux participent, dès 1792, à la première abolition qui ne durera guère. Puis c’est la guerre où il peut enfin exprimer sa bravoure : Napoléon le nomme général après la victoire d’Ostrovno. Joseph Serrant est le seul métis élevé au grade de général par Napoléon, le seul métis général d’Empire.
Chabin, aux Antilles, Joseph est Noir. En Europe, seul officier métis dans une armée qui n’en compte guère, il est vu comme Blanc. Aux Antilles, révolutionnaire, Joseph se prend d’une passion pour la Nation. En France, la Nation jacobine lui fera oublier la singularité antillaise.
L’histoire de Joseph Serrant est une histoire moderne, une histoire d’homme déplacé qui perd ses repères et doit s’en construire de nouveaux.
En librairie, Littératures
Sony Labou Tansi, la « douce morsure du langage »
Sony Labou Tansi, Encre, sueur, salive et sang, avant-propos de Kossi Efoui, édition établie par Greta Rodriguez-Antoniotti, septembre 2015.
Né en 1947, mort prématurément à Brazzaville le 14 juin 1995, Sony Labou Tansi était une figure de proue de la jeune littérature africaine. Il a laissé derrière lui six romans – tous publiés au Seuil – ainsi que des pièces de théâtre, des poèmes, des essais critiques. Relus aujourd’hui, tous ces textes apparaissent d’une actualité plus que jamais brûlante. Lorsqu’il dénonce la « poudrière incontrôlée » qu’est devenue la planète, ou l’avènement du « grand marché de la misère et du dénuement », et son corollaire, la fabrique d' »un réservoir de terroristes et de désespérés », ses propos s’inscrivent dans l’ici et le maintenant. Debout et libre, Labou Tansi se définissait comme un « proscrit idéologique ». Le vingtième anniversaire de sa disparition sera l’occasion, pour Le Seuil, de mettre en avant deux de ses romans majeurs – La vie et demie (1979) et L’anté-peuple (1983) – et de faire connaître le mouvement de sa pensée à travers un recueil de textes pour la plupart introuvables ou inédits, réunis par Greta Rodriguez, spécialiste de son oeuvre.
En librairie
Martinique des Mornes, dernière œuvre de Philippe Bourgade.
Comme « à la recherche du temps perdu ».
— Par Janine Bailly —
« Sans que je puisse m’en défaire / le temps met ses jambes à mon cou / le temps qui part en marche arrière / me fait sauter sur ses genoux / mes parents l’été les vacances / mes frères et sœurs faisant les fous / j’ai dans la bouche l’innocence / des confitures du mois d’août. »
Ainsi chantait Jean Ferrat, et s’il défiait le temps qui passe par la poésie de ses mots, c’est par la poésie de ses images que Philippe nous conte sa Martinique et nous dit l’amour indéfectible qu’il porte à son petit pays. Il est vrai sans conteste que « nul ne guérit de son enfance », et si ses parents lui firent quitter tôt – trop tôt ? – sa terre d’origine, Sainte-Marie, pour l’emmener vivre à Fort de France, il retrouvait à chaque vacance son cher quartier de Bézaudin, d’où il tire aujourd’hui d’émouvants paysages, portraits et scènes de la vie quotidienne. Sur la route qui mène au bourg, on peut lire sur un panneau cette indication de lieu « Derrière Morne », et le photographe, traversant le miroir des apparences, va bien chercher, jusque « derrière les mornes », la réalité inchangée de son peuple et de son territoire.
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Alain Mabanckou : « Petit Piment »épice la grande Histoire
— Entretien réalisé par Muriel Steinmetz —
Jeune orphelin de Pointe-Noire, Petit Piment effectue sa scolarité dans une institution catholique placée sous l’autorité abusive et corrompue de Dieudonné Ngoulmoumako. Arrive bientôt la révolution socialiste, les cartes sont redistribuées, et Petit Piment en profite pour s’évader avec des jumeaux à la brutalité légendaire, abandonnant ainsi son meilleur ami, qui refuse de le suivre. Il s’adonne alors, avec son clan, à toutes sortes de larcins, jusqu’à ce que les habitants décident de nettoyer leur zone d’action. Petit Piment trouve refuge auprès de Maman Fiat 500 et de ses dix filles, et la vie semble enfin lui sourire dans la gaîté quotidienne de cette maison pas si close que ça, où il rend toutes sortes de services. Mais le maire de Pointe-Noire décide d’une nouvelle intervention énergique contre la prostitution. C’en est trop. Petit Piment perd la tête. De bonnes âmes cherchent à le soigner (médecine, psychanalyse, magie ou sorcellerie), mais l’apparente maladie mentale ne lui fait pas perdre le nord : il a une vengeance à prendre contre celui qui a brisé son destin.
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« Les Antilles et la Guyane en 365 dates »
Pour une petite découverte chaque jour. Du 1er janvier au 31 décembre, cet ouvrage présente un évènement ayant trait à la Guadeloupe, à la Martinique ou à la Guyane, des origines jusqu’à nos jours. En donnant, à petite dose, un concentré d’informations, il est conçu comme un antidote à l’ennui parce qu’il n’est pas évident d’aborder le passé sans se dérober face aux montagnes d’archives ou à l’épaisseur des œuvres réalisées par des historiens soucieux de tout rapporter dans le moindre détail.
En 365 dates, le champ des possibles semble plus vaste pour glisser un œil dans l’échancrure de la longue robe de l’Histoire, s’émouvoir face aux drames, se réjouir des avancées économiques et sociales considérables, apprécier les richesses culturelles, jubiler devant les exploits sportifs, s’inspirer des grands Hommes, se laisser gagner par l’intrigue du temps filant comme le vent qui revient de sa course pour raviver nos mémoires…
Les bons comme les mauvais souvenirs jalonnent le temps jour après jour. Certains laissent des traces plus ou moins indélébiles et font date. En voilà 365 qui ont marqué nos territoires.
Vous pourrez découvrir, ci-dessous, la couverture, quelques pages intérieures de l’ouvrage ainsi qu’une photo de l’auteure Laura Manne.
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La guerre de Sécession à travers les yeux d’une femme
— Par Karen Lajon —
LA VIE EN NOIR – Laird Hunt, du nom de jeune fille de sa mère, aime à raconter les histoires du point de vue des femmes. Neverhome est le troisième du genre. De passage à Paris, l’auteur américain qui a vécu et étudié dans la capitale française, raconte dans un excellent français pourquoi les femmes lui sont une source d’inspiration infinie. Neverhome ou l’histoire d’une métamorphose, celle d’une héroïne qui ose tout. Qui ose vivre libre.
« J’ai entendu une voix un jour, comme ça. Puis la première phrase m’est venue. » Détrompez-vous Laird Hunt n’est pas fou. L’envie d’écrire lui vient parfois d’une façon bizarre. D’une démarche peu banale, il nous livre un petit livre aussi insolite que magique. Neverhome est une histoire de femme déguisée en homme pour aller se battre. Une histoire de femme qui part à la guerre. « J’étais forte, lui pas, ce fut donc moi qui partis au combat pour défendre la Republique. » Tout simplement. Les femmes ont cette capacité déconcertante de prendre des décisions dramatiques en un laps de temps très court, en un battement de cils.
En librairie
« La sérénade à Poinsettia » de Gerty Dambury
Poinsettia Fridland, femme d’une quarantaine d’années, vit en recluse à Goyave, petite commune de la Guadeloupe. Ses parents s’y sont réfugiés à la suite d’un drame dont Poinsettia ignore tout.
Joseph Guiriaboye, homme d’une cinquantaine d’années, fait le pari de séduire cette femme étrange et se prend à vouloir lui chanter la sérénade sous ses fenêtres.
Il passe commande à son frère Paul, musicien génial et solitaire, vivant à Pointe-à-Pitre.
Voici Joseph et Poinsettia engagés dans une histoire amoureuse quelque peu surannée. Il semble bien que chacun des deux soit en quête d’autre chose. Elle rêve d’ailleurs et cherche à retisser les fils de son histoire familiale, lui rêve de changements et court après une complicité avec Paul.
Poinsettia quitte Goyave pour Pointe-à-Pitre, où elle découvrira la véritable histoire de ses parents et y rencontrera Paul, dont elle bousculera également la vie.
La sérénade à Poinsettia verra-t-elle le jour et à quel prix ? Lire un extrait
ISBN 978-2-918565-19-2 – Prix 18€
Pensées secrètes de Paul
Et puis merde ! Ce que tu me racontes là ne m’intéresse pas. C’est couillon de ta part d’être venu jusqu’ici pour me
parler de ta Poinsettia, de tes sérénades.
En librairie
Corto Maltese. « Et nous reparlerons des gentilshommes de fortune »
— Par Michaël Mélinard —
20 ans après la mort de son créateur Hugo Pratt, Corto Maltese revient pour une nouvelle aventure concoctée par Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero. Retour sur la vie du plus célèbre marin de bande dessinée que ses voyages ont confronté aux soubresauts du siècle.
Les héros sont éternels. Ainsi, Corto Maltese dont on ignore s’il est bel et bien mort, ressuscite, 20 ans après la disparition de son créateur Hugo Pratt, sous la houlette de deux auteurs espagnols, le scénariste Juan Diaz Canales et le dessinateur Ruben Pellejero dans « Sous le soleil de minuit ».
Ce personnage de marin solitaire, instantanément identifiable, dépasse largement le cadre de la bande dessinée. Il est devenu un mythe littéraire qui lui vaut nombre d’ouvrages, d’adaptations cinématographiques et même quelques chansons. Visage anguleux, créole à l’oreille gauche, redingote bleu nuit, casquette de marin, Corto Maltese cultive certes sa liberté et son indépendance. Mais il ne s’interdit pas, au gré de ses nombreuses rencontres, de s’engager pour des causes.
Pratt lui a fait vivre 29 aventures (dont une partie fut publiée dans « Pif » entre 1970 et 1973), réunies en 12 albums depuis sa création en 1967.
En librairie, Littératures
Dinaw Mengestu, d’un lieu à l’autre
Le jeune romancier retrace dans ses livres le parcours des déracinés pour lesquels l’exil est une nécessité.
Classé parmi les dix meilleurs romans de l’année par le New York Times
Élu « livre de l’année » par le quotidien britannique The Independent
Isaac, jeune étudiant Africain, fuit la guerre civile de son pays et s’exile aux États-Unis dans le cadre d’un programme d’échange. Dans l’Amérique post-raciale des années 1970, il est accueilli par Helen, une assistante sociale qui le prend rapidement sous son aile. Très vite, une idylle s’installe, troublée par les secrets du passé d’Isaac – les actes qu’il a commis dans son pays, ce qu’il a laissé derrière lui et qui reste inachevé.
Ni Helen, Américaine du Midwest qui, en tombant amoureuse de lui, voit ses préjugés voler en éclats et tente de s’élever contre les inégalités raciales qui persistent dans sa propre communauté, ni le lecteur ne connaissent le vrai nom d’Isaac : il l’a laissé derrière lui, en Ouganda, avec les promesses d’une révolution réprimée dans le sang par la future dictature, abandonnant aussi son ami le plus cher, qui n’a pas hésité à tout sacrifier pour assurer sa liberté.
En librairie
C’est la rentrée des classes littéraires
— Par Muriel Steinmetz —
Une nouvelle maquette, surgissement de l’exofiction, et malgré tout, pas mal d’ouvertures sur le monde tel qu’il va mal.
En cette rentrée, le rendez-vous des livres change de visage avec une nouvelle maquette. Désormais, la fiction et l’essai cohabitent dans un même espace. Ces changements coïncident avec une rentrée littéraire foisonnante même s’il y a moins de titres que l’année passée (589 titres, contre 607 en 2014). La baisse est particulièrement notable pour les premiers romans, 68 contre 75 l’an dernier et 90 dans les années fastes. Prudence ? Frilosité ? Pour la fiction francophone, se côtoient valeurs sûres et découvertes.
On peut discerner quelques tendances. La première, qu’on appelle aujourd’hui l’exofiction, définit le roman en brouillant (ou du moins en remaniant) la frontière entre fiction et biographie, voire en utilisant des personnages plus ou moins célèbres ou en s’inspirant de récits historiques d’époques diverses. Laurent Binet, par exemple, s’empare de la figure de Barthes, Yasmina Khadra de celle de Kadhafi, Bernard Chambaz de Poutine, Simon Liberati d’Eva Ionesco… D’autres vont même jusqu’au roman « sans fiction ».
En librairie
Toni Morrison, le retour de la Prix Nobel de littérature

En librairie, Littératures
Denis Lachaud, la révolution en 2037
— Par Sophie Joubert —
Ce roman d’anticipation explore les nouvelles formes de contestation,
entre intime et collectif.
Ah ! ça ira… de Denis Lachaud. Actes Sud. 432 pages, 21,80 euros. Ah ! ça ira… commence comme un épisode de la série américaine 24 Heures chrono. Rapide et efficace. Un groupuscule dont les membres se nomment Robespierre, Marat et Saint-Just enlève le président (fictif) de la République française. Leur objectif : « rendre sa dignité au peuple ». Déshabillé, séquestré, l’homme est jugé devant un tribunal révolutionnaire et reconnu coupable. Il est retrouvé mort dans un coffre de voiture. L’assassinat a eu lieu hors champ. Comme les hommes de 1793, les membres de Ventôse veulent, en coupant la tête de l’État, fonder « la possibilité d’une autre histoire ». Mais l’opération est un échec. Le groupe est mis en sommeil et Antoine, alias Saint-Just, arrêté par la DGSI et emprisonné. Fin du suspense et de l’acte I. Avant le basculement dans l’anticipation.
Le livre fait écho à un environnement multipolaire et aux communications rapides
À travers le destin de quelques personnages, Denis Lachaud a voulu embrasser tous les mouvements d’émancipation, de la Révolution française aux printemps arabes en passant par la Résistance et les mobilisations citoyennes de par le monde.
En librairie, Littératures, Théâtre
« Les Désenfantées » de Nathalie M’Dela-Mounier
Théâtre
En collaboration avec Aminata Dramane Traoré
Alors que de jeunes migrants tentent en vain de gagner l’Europe depuis une plage africaine, deux femmes guettent les appels téléphoniques de leurs enfants respectifs séduits par un ailleurs qu’elles n’imaginaient pas. Amadou a en tête de rejoindre les djihadistes au nord du Mali ; Alice a pris la route de la Syrie où ils recrutent également.
Du déni à la colère, au-delà des efforts que font ces mères – qui n’ont apparemment rien en commun – pour que leurs enfants reviennent et pour comprendre les causes de leur départ, elles mesurent ce qui les rapproche toutes les deux. Non dénuées d’humour, repoussant déterminisme et fatalisme, elles nous font aussi percevoir comment ce qui se passe à un endroit de la terre peut affecter l’autre partie.
En donnant la parole aux mères et en interrogeant le système sous un angle inhabituel, cette pièce nous invite à réaliser notre communauté de destin. Elle souligne la nécessité de remonter à la source des événements qui tissent puis déchirent les vies de femmes et d’hommes refusant de n’être que les jouets cassés d’un monde chaotique.
En librairie, Poésies
Haïti est une blessure et une jouissance que je traine avec moi
— Entretien réalisé par Muriel Steinmetz —
Un fort alcool de contrebande
La Nuit des terrasses, de Makenzy Orcel. Éditions La Contre Allée, 62 pages, 9 euros. recueil De bars en bars à Port-au-Prince l’auteur dans une langue de la rue réinventée au grè de ses errances redevient poète pour aller à la rencontre de ses frères de terrasses avec la force et la tendresse des chants populaires.
Makenzy Orcel est né en 1983 dans le quartier pauvre de Martissant, à Port-au-Prince. Son roman les Immortelles (Zulma, 2012), texte forgé dans une langue de la rue réinventée, à la fois crue et poétique, donnait voix aux prostituées de la capitale haïtienne dont tant sont mortes écrasées sous les décombres du terrible tremblement de terre qui a ravagé l’île en janvier 2010. Makenzy Orcel nous confiait l’avoir écrit dans la rue, après le séisme, derrière une vieille voiture abandonnée, à côté du cadavre d’une femme enceinte. Avec la Nuit des terrasses, le romancier redevient poète. Il trinque à la convivialité, invite à sortir la tête de son verre pour célébrer à plusieurs, présents et absents, « l’heure ivre », « la lumière pintée », car « boire nous sort du temps ».
En librairie, Littératures
Dans la maison du père, danser au risque du péril
— Par Sophie Joubert —
Dans la maison du père, de Yanick Lahens. Coll. «SW Poche», Sabine Wespieser éditeur, 9 euros. Le premier roman de la Haïtienne Yanick Lahens [première parution en 2000] suit l’émancipation par la danse d’une jeune fille de bonne famille.
Dans la maison du père est un roman doublement initiatique. Au sens classique, parce qu’il suit la formation d’Alice Bien-aimé, une jeune mulâtresse de la bonne société haïtienne. D’une manière plus souterraine, parce qu’il pénètre au cœur des cérémonies vaudoues, interdites par un décret de Toussaint Louverture, le 4 janvier 1800. C’est dans une villa de Port-au-Prince, à l’insu de ses parents, qu’Alice découvre cette danse du diable qui libère les corps et les esprits.
Un corps et une île en pleine ébullition
Alice Bienaimé est véritablement née d’une image, à l’âge de treize ans. Portée par un air de ragtime à la mode, l’adolescente esquisse quelques pas de danse, aussitôt réprimés par une violente gifle de son père, Anténor le Sévère. Ce traumatisme originel est le cœur du très beau roman de Yanick Lahens, raconté à la première personne par la petite fille devenue une vieille femme.