Catégorie : En librairie

Dit des réfugiés : Jours tranquilles à Vichy

— Par Michèle Lamarchina —

Je l’avais pourtant repéré sur la carte de France, et je connaissais bien l’histoire des années 40, mais jamais je n’aurais imaginé me retrouver à Vichy. C’est ça que les Français appellent l’ironie du sort? Il fallait que ce soit cette cité qui m’accueille comme réfugié! Pourtant, ils n’étaient pas pires que les autres Français, ces vichyssois! Pas tous des Vichystes ni des pétainistes! Plutôt meilleurs, même! En tout cas, le même mélange de bénévoles humanistes et dévoués et de citoyens haineux et racistes. Et la grande masse des indifférents, occupés à vivre ou à survivre. Pas pire, pas mieux! En tout cas, pas très colorée comme population: les noirs sont encore l’exception. Il y a encore pas si longtemps, j’avais l’impression d’être le seul noir. Mon statut de réfugié se lit sur ma figure. Pas comme à Paris! Au temps où j’étais venu pour la co-tutelle de ma thèse, je croyais même que ce serait facile. Pensez, le pays des droits de l’homme!
Ici, le plus étonnant, c’est cette manie qu’ils ont, ces gens, de toujours parler du temps: c’est vrai qu’il fait froid et gris.

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Sony Labou Tansi. Naissance d’un écrivain

Qui est Sony Labou Tansi ? Celui que l’on considère aujourd’hui comme l’un des plus grands auteurs africains d’expression française n’est pas né en un jour. Il lui a fallu s’imaginer, se fabriquer, se faire connaître et reconnaître par un Congo en proie aux convulsions de l’Histoire. Tout s’est décidé pour lui à la fin des années 1960, quand son goût de l’expérience créatrice s’est changé en un besoin, toujours plus impérieux, de construire son propre univers, dense et homogène. L’anonyme Marcel Ntsoni invente la figure flamboyante de Sony Labou Tansi, écrivain explosif qui, en marge de l’ordre littéraire, ne craint rien ni personne, dans son projet hyperbolique de fonder une nouvelle littérature. Entre les coups d’État et les fièvres révolutionnaires, le Congo a beau traverser des tempêtes, l’apprenti grand écrivain ne désarme pas. La société devient paroxystique ? À l’écriture d’aller plus loin encore en lui administrant son paroxysme à elle, jusqu’à faire voler en éclats ses normes et ses institutions.
Scénarios existentiels et fictions compensatoires aident le jeune Sony à modeler son oeuvre et son identité, mais l’exposent aussi à de multiples contradictions : affirmer publiquement son statut d’écrivain et assouvir sa haine du régime au pouvoir ; s’attaquer à une France taxée de néocolonialisme et tenter d’y diffuser ses écrits ; démolir les figures d’autorité et partir en quête de conseillers, d’intercesseurs et de pères littéraires.

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Terre ferme

— Par Michèle Lamarchina —

• Ça, c’est mon rêve! Les vacances de Pâques sur l’île de Malte. Écoute un peu, chéri, ce qu’écrit mon guide de voyage: « Le printemps est la saison où Malte se révèle dans toute sa splendeur. L’île s’éveille au milieu de collines ondoyantes aux couleurs bordeaux et or, et des champs de trèfle et des meules de foin qui jalonnent la campagne. » c’est pas génial, ça? Un séjour à Malte! Tu vas voir, on ne le regrettera pas! Attends la suite: « Les plages quasi désertes à cette époque de l’année peuvent offrir la cachette idéale pour se détendre et profiter du soleil voluptueux et de la douceur du climat. L’eau est peut-être encore un peu fraîche pour s’y baigner, mais l’environnement marin unique offre un cadre imbattable pour un pique-nique, lorsque la météo est encore clémente et que les températures sont encore supportables. »
Tu n’as pas envie de te baigner? Histoire de se laver de tous les miasmes de l’hiver! Sortir son corps de cette gangue où il a été enfermé pendant six mois?

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Indifférence

— Par Michèle Lamarchina —

– Bonjour mon chou, tu as bien dormi? Tu as déjà allumé la radio?

Depuis deux semaines, le navire de l’ONG qui porte secours aux naufragés est bloqué dans le port de Marseille car aucune nation n’est prête à lui accorder un pavillon.

-Qu’est-ce que tu prendras ce matin, tu préfères du thé ou du café?

Un chalutier espagnol est en errance au beau milieu de la Méditerranée; il détient à son bord treize réfugiés qu’il a recueillis alors que leur embarcation était en perdition depuis deux jours. Affamés, assoiffés et épuisés, les naufragés ont partagé à bord le maigre ravitaillement de l’équipage. Mais le chalutier est ballotté de port en port car aucun pays n’accepte de lui ouvrir un port. Les vivres sont en train de s’épuiser.

– Le thé, tu le prendras avec du citron ou avec du lait?

Le patron du chalutier avance que le seul pays qui accepte de recevoir les réfugiés, c’est la Libye. Mais quand il a prononcé le nom de Libye, les réfugiés ont été pris d’hystérie, assurant qu’ils préféraient se noyer que de retourner là-bas.

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Fait d’hiver

— Par Michèle Lamarchina —
Déjà à Bardonecchia, la neige tombait depuis plusieurs jours. Qu’est-ce qui nous avait poussés à partir en cette saison? Quelle folie, quel rêve? L’envie et la peur du blanc, ce mélange de désir et de crainte, le champ magnétique du blanc et nos cœurs aspirés comme par un aimant. Consolés par le nom de la route, la Viale della Vittoria: on s’en sortirait peut-être. Pourtant elle était fermée cette route, mauvais signe ! mais pour nous de bon augure. Pas de voiture à l’horizon.
Et nous voilà tous les deux, Moussa et moi, les autres avaient renoncé ou bien nous avaient évités, je ne sais pas. Peut-être qu’ils nous trouvaient trop. Trop quoi, va savoir, peut être trop de lectures, et trop de bon français dans nos bouches. Moussa et moi, on s’était rapprochés. J’avais reconnu en lui un frère de déroute, rien qu’à sa façon de jeter autour de lui des regards éperdus. Crainte de tout et de tous, avec l’idée que le pire ennemi c’est toujours un homme. C’est d’un homme qu’on a tout à craindre, et pourtant même le pire est toujours un homme.

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« Les Jours de Silence », l’histoire d’une relation père-fils par Phillip Lewis

— Par Karen Lajon —
La vie en noir – Never trust a lawyer! Ne jamais faire confiance à un avocat! C’est un peu ce que l’on s’est dit lorsqu’après une heure d’interview contenue, voire hésitante, avec Phillip Lewis, on assiste dans la foulée à la métamorphose du bonhomme, au cours d’un débat en compagnie notamment de Gabriel Tallent. Drôle, limite bateleur, l’écrivain américain brouille les pistes et se révèle être un sacré numéro lors de son passage au Festival America à Vincennes, il y a quelques semaines.

Avec Les Jours de Silence, l’avocat qu’il est à l’origine, Phillip Lewis signe son premier roman et quel roman. Maîtrisé, brillant, « une symphonie », selon les propres mots de l’auteur, actuelle et surannée tout à la fois. Un peu comme lui avec son physique de gendre parfait et sa trajectoire au fond pas si classique que ça. « Suis écrivain, dit il, je n’aime pas mon métier d’avocat. » Ok. Un écrivain qui a pris son temps. Lewis a 47 ans, il a mis cinq ans à rédiger l’ouvrage. Pour les adeptes du « tout se joue avant six ans », vous voyez ce que je veux dire.

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Les tremblantes disparitions de la Québécoise Andrée A. Michaud

LA VIE EN NOIR – La Québécoise Andrée A. Michaud, Prix des lecteurs Quai du Polar en 2017, faisait partie des têtes d’affiches du Festival America, fin septembre à Vincennes. Son dernière livre, Rivière tremblante, y a fait sensation.

« Je suis Québécoise. Officiellement Canadienne. En d’autres termes, je m’inscris dans la territorialité québécoise. » Et voilà, c’est dit. Il suffit d’observer le tressaillement d’Andrée A. Michaud pour comprendre que cette question demeure sensible, voire un poil agaçante. Mais promotion oblige, la dame qui fut récompensée par le Prix des lecteurs Quai du Polar pour Bondrée en 2017, a fait bonne figure en cette première journée du Festival America – qui a eu lieu du 20 au 23 septembre à Vincennes (Val-de-Marne) – où justement cette autre entité territoriale, le Canada, est à l’honneur.

Il n’est donc pas surprenant que l’œuvre de l’écrivain soit imprégnée de nature. « Quand on vit dans un lieu où les espaces sauvages sont conséquents, on a une autre façon de voir les choses, de comprendre ce qui nous entoure, de se comporter. On a les deux pieds ancrés dans le sol.

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« Le grand combat », de Ta-Nehisi Coates

Résumé :
«Je me réveillais enfin, avide de comprendre.»À West Baltimore dans les années 1980, les gangs et le crack sont le seul horizon des gosses du quartier. Ta-Nehisi est voué lui aussi à devenir un bad boy. Mais son père Paul, ancien Black Panther passionné de littérature, lui fait découvrir Malcolm X et James Baldwin. C’est une révélation. L’adolescent rêveur, égaré dans les frasques d’une famille hors norme, se jure d’échapper à son destin.Épopée lyrique aux accents hip-hop, portée par l’amour et l’ambition, Le Grand Combat est l’histoire magnifique d’un éveil au monde, un formidable message d’espoir.

Ta-Nehisi Coates
ISBN : 2290148504
Éditeur : J’AI LU (16/05/2018)

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« Un bonheur à crédit » de Térèz Léotin.

— Par Gérard Dorlwing-Carter —
« Elle aura mangé la misère à en être rassasiée, entendu une litanie de mensonge, porté des chapelets de douleur, voilà qu’aujourd’hui elle tourne le dos à la vie, que la terre lui soit légère car elle était bonne. » Ainsi commence, par l’enterrement de Vincenne le chapitre 1 du dernier ouvrage de Térèz Léotin, et la cloche chante la comptine très connue « Valentine Berlan, si’y mò téré’y ». Étrange manière d’accrocher le lecteur, penserez-vous, mais néanmoins l’histoire que nous raconte Térèz Léotin est celle d’une vie bien singulière
L’église du Saint_Esprit sonne le glas d’une femme qui vient de nous quitter elle sonne deux ou trois coups, d’une cloche, qui vient de loin, de la ville de Sébastopol, dans le Caucase.
Il a plu des trombes sur la commune, est-ce simplement pour marquer la tristesse et les tourments du moment ou pour compléter l’atmosphère pesante que sont des funérailles ? Cette profusion torrentielle ira de profusion en profusion jusqu’à inondation comme on le découvrira au dernier chapitre, une fois égrenée la vie difficile et passionnante de l’héroïne Vincenne.

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« Belle merveille », premier roman du poète James Noël Prix Caraïbes de l’ADELF

Prix hors concours : Simone Schwarz Bart pour l’ensemble de son œuvre

Dans le cadre de la Semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes en France, l’Ambassade d’Haïti en France informe que le poète haïtien James Noël (40 ans, né en1978 à Hinche) qui a reçu le 24 mai dernier, le Prix Caraïbes de l’Association des écrivains de langue française (ADELF) pour son livre « Belle Merveille »  a reçu lundi une décoration du Sénat Français lors d’un déjeuner dans les salons de la Présidence du Sénat à Paris.

Cette décision de proposer la candidature de Noël a été motivée par la qualité de ses œuvres, notamment dans le domaine de la poésie, déjà récompensée par divers Prix dont « Belle Merveille » est un hommage vibrant, sur fonds d’amour sismique, à son pays.

Par celle décoration, l’Ambassade voudrait, au nom du Gouvernement, encourager son dévouement à créer des passerelles favorisant les échanges et la diversité culturelle, à travers particulièrement sa revue artistique et littéraire « IntranQu’illités », dont les parutions sont régulièrement saluées par les professionnels du secteur des Lettres des deux pays.

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Chronique des Îles du vent – Guadeloupe & Martinique

Nouvelles et poésies sélectionnées par Dominique Ranaivoson, en collaboration avec Jean-Marc Rosier

Douze écrivains originaires de la Guadeloupe et de la Martinique témoignent leur commun attachement à leurs îles natales ou adoptives. Leurs écritures, en français ou en créole, associées à l’image ou à la musique du slam, en prose ou en vers, témoignent de la richesse de la créativité littéraire de la région. Inspirées par leurs aînés, mais libres de toute école, leurs plumes sont tout à la fois des Caraïbes et du Monde.

LES AUTEURS

Jimmy Anjoure-Apourou, Nicole Cage, Miguel Duplan, Frankito (Franck Salin), Michel Herland, Véronique Kanor, Serghe Kéclard, Gaël Octavia, Émeline Pierre, Michael Roch, Jean-Marc Rosier, TiMalo

EXTRAITS

« Ça faisait long d’temps qu’j’y étais pas revenu, fout’ mes pieds sur le sol de ma gwada pour rien, pour de faux, et jouer pour de faux au fils qui s’en revient après un long périple. Et pourquoi tout ce temps Je n’en sais fichtre rien, j’avais traîné, erré, marché sur toute la terre, en cherchant dans l’ailleurs une réponse à moi-même… Question à la peau dure, persistante et teigneuse comme de la mauvaise herbe.

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« L’épopée mexicaine de Romulus Bonnaventure » de Raphaël Confiant

— Par Fernand Tiburce Fortuné —

Raphaël Confiant
L’épopée mexicaine de Romulus Bonnaventure
Mercure de France
Avril 2018

Raphaël Confiant nous livre, en ce début d’année, son dernier roman, «L’épopée mexicaine de Romulus Bonnaventure», dédié au grand combattant de notre langue créole, Jean Bernabé. Le titre lui-même est déjà toute une aventure, l’évocation apparente d’un long voyage vers une terre promise, magique et généreuse. Ce voyage n’est pas ordinaire, puisqu’il se développe en une épopée, c’est-à-dire que l’auteur veut nous plonger à la fois dans un monde merveilleux, picaresque, où tout peut arriver à des héros hors du commun, qui doivent aussi nous enchanter par leurs prouesses ou des exploits exceptionnels, et dans lesquels nous pourrions nous reconnaître.

Ce qui donne encore plus de piquant au titre, qui ne doit rien au hasard, quand on connaît Raphaël Confiant, c’est l’identité dont est affublé celui que nous pensons être le héros primordial.

D’abord le prénom, Romulus, le vainqueur de Remus son jumeau, interpelle, car il nous plonge en pleine latinité et rappelle la formule « ab urba condita », à un moment donc de création, de fondation, d’ensemencement dans une douleur assumée.

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« Ti manmay la ki té rété kous kouri soley-la », de Fernand Tiburce Fortuné

— Quatrième de couverture par Raphaël Confiant —

Kont fantastik, menm manniè kont moral, kont satirik épi kont lanmou, ka benyen limajinè moun péyi kréyol pas sé kont-tala wè jou dan bouden bato négriyé épi dan gran fènwè bitasion. Sé manniè palè lespri lannwit, bondjé chalviré épi falfret sa ki gran pasé’w. Ladjables, Papadjab, Zonbi, Lom san tet, Lantikris épi lézot soukouyan navidjé dan tet sa ki, pami nou, té ni chans pa tro konnet radjo
épi pa konnet télévizion pies. Epi yo péla an sel kou ! Disparet pran yo dan fon brech mémwa pété-nou.

Pou….mondjé mèsi ! ki Legba, papa Jézikri oben Marémen viré wè jou anba plim sé vayan matjè pawol nou an. Sé Césaire ki dékouvè « vié amadou » afritjen-an ka brilé dan fondok nou chak-la ; sé Glissant ka rélé kous kouri neg mawon-an dan bòdaj pies kann ; sé Chamoiseau ka chapé kouri dèyè dowlis-la épi Pépin « l’homme au bâton ».

Fernand fortune, li, ka di soley « vini isi ! » Menm « Compère général soleil » -la gran matjè pawol ayisien-an yo kriyé Jacques Stephane Alexis a té bien enmen an.

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Déconstruire les violences urbaines haïtiennes

— Par Hugues Saint-Fort —

Yanick Lahens

Douces déroutes, roman

Sabine Wespieser, Paris, 2018

La fiction romanesque est devenue une source importante de connaissance et d’imagination pour les sciences sociales, spécialement la sociologie. Il est possible que les personnages romanesques soient plus « vivants » que les vies individuelles décrites dans les enquêtes sociologiques, mais l’apport de la sociologie a été justement de produire des représentations plus exactes de la réalité grâce à l’utilisation de données empiriques, de travail de terrain, d’instruments de mesure pour observer et scruter les interactions humaines. Cependant, la sociologie ne pourra pas se passer de ce reflet brut de la réalité sociale que lui renvoient les personnages, les situations décrites, les intrigues romanesques tels qu’ils sont mis en scène dans les textes littéraires.

Si l’on adopte une telle grille de lecture, les deux derniers romans de Yanick Lahens, Bain de lune, (Prix Femina 2014) et celui-ci recensé actuellement, Douces déroutes, nous offrent le plus bel exemple de mariage entre les sciences sociales et la littérature. Dans Douces déroutes, Yanick Lahens a réussi un véritable tour de force : condenser en forme de fiction romanesque un immense ensemble de malheurs urbains qui assaillent Port-au-Prince.

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Roman. Le prêtre noir qui s’est dressé contre l’esclavage

Un océan, deux mers, trois continents Wilfried N’Sondé Actes Sud, 267 pages, 20 euros
Le roman de Wilfried N’Sondé tire de l’oubli la figure de Nsaku Ne Vunda, qui au XVIIe siècle rencontra le pape pour plaider la cause de ses frères.
Il s’appelle Nsaku Ne Vunda, il est né vers 1583 sur les rives du fleuve Kongo. Orphelin élevé dans le respect des ancêtres et des traditions, éduqué par les missionnaires, baptisé Dom Antonio Manuel le jour de son ordination, le voici, au tout début du XVIIe siècle, chargé par le roi des Bakongos de devenir son ambassadeur auprès du pape. En faisant ses adieux à son Kongo natal, le jeune prêtre ignore que le long voyage censé le mener à Rome va passer par le Nouveau Monde, et que le bateau sur lequel il s’apprête à embarquer est chargé d’esclaves…
Roman d’aventures et récit de formation, Un océan, deux mers, trois continents plonge ce personnage méconnu de l’Histoire, véritable Candide africain armé d’une inépuisable compassion, dans une série de péripéties qui vont mettre à mal sa foi en Dieu et en l’homme.

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L’université comme chambre close

— Par André Lucrèce —

Je viens de lire le roman plein d’ardeur de Corine Mencé-Caster Le Talisman de la présidente, paru aux éditions Ecriture, où tout le travail littéraire est conçu à partir à la fois de son expérience de présidente d’université, telle que vécue par « son moi social », et de son regard vif sur la société martiniquaise.

Il y a quelques années, j’avais donné une conférence à la bibliothèque de l’université sur trois romans écrits par de jeunes martiniquais dont la génération murmure sa propre réplique aux oreilles d’un monde, aux confins de la turpitude et de l’incertitude. Les vieilles questions de notre tradition littéraire antillaise sont ainsi posées là où le regard, la perception, la vision demeurent toujours à naître devant nos hallucinations. J’affirmais alors que le roman pouvait nous révéler les pôles antagonistes face aux consciences déshumanisantes que génèrent les sociétés.

Le roman de Corine Mencé-Caster, par sa faculté qui consiste à prendre de la hauteur par rapport à une affaire qui a affecté l’université et qui a défrayé la chronique, pose clairement le problème de l’irrationalité qui règne de plus en plus dans nos sociétés antillaises, Martinique et Guadeloupe.

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Cimarrón : nouvelle maison d’édition de production caribéenne

Note des éditeurs-producteurs

C’est avec une immense fierté que nous vous présentons aujourd’hui Cimarrón EdiProd !
Cette création d’entreprise est le résultat d’un long parcours fait de doutes, de découragements, de jugements, d’accusations de folie, d’inconscience ou
de prise de risque, mais aussi de tant d’instants de grâce, de joie et, disons-le, de bonheur.
Bonheur quand les auteures sollicitées pour l’anthologie ont dit un oui franc et enthousiaste ; quand les artistes se sont mis à nous soumettre les projets auxquels ils avaient fini par renoncer ; quand les ami (e)s, simples connaissances, ou les professionnels se sont mis à saluer la naissance d’une telle structure ! Bonheur de tenir entre nos mains la première publication, une anthologie de paroles de femmes de Martinique !
Nous y croyons ! Portés par vous, nous irons loin, au coeur de notre volcanique et fécond archipel !
NICOLE CAGE, ANNE FLORENTINY, JOSÉ ZÉBINA

NICOLE CAGE, À L’ORIGINE D’UN PROJET AUDACIEUX
Je suis heureuse de vous présenter aujourd’hui un projet que j’ai porté en moi pendant très très très longtemps, un très très très vieux rêve !

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« By the rivers of Babylon » de Kei Miller, Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout Monde 2017

Le Jamaïcain Kei Miller remporte le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout Monde 2017

« By the rivers of Babylon », le roman du jamaïcain Kei Miller a été déclaré vainqueur, à l’unanimité du jury, du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2017. La cérémonie s’est déroulée samedi 2 décembre 2017 à l’Institut Martiniquais du Sport (IMS), au Lamentin.

Ce livre raconte l’histoire d’un petit garçon à qui on a coupé les dreadlocks de force. Un roman inspiré d’une histoire vraie.

C’est la seconde fois que l’ouvrage est récompensé. « By the rivers of Babylon » a déjà remporté le Prix OCM Bocas pour la littérature caribéenne, en avril dernier.

Créé en 1990 à l’initiative d’Edouard Glissant, le Prix Carbet, porté par l’Institut du Tout-Monde, récompense chaque année « une œuvre de la Caraïbe ouverte aux imaginaires et aux identités multiples, particuliers et complémentaires ».

By the rivers of Babylon
Kei Miller

 Roman traduit de l’anglais (Jamaïque) par Nathalie Carré

Lauréat 2017 du OCM Bocas Prize for Caribbean Literature

En librairie le 7 septembre 2017 • ISBN 978-2-84304-800-5 • 304 pages • 20,50 €

Augustown, quartier pauvre de Kingston.

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Études littéraires : nouveautés du 3 décembre 2017

Cognitis enim pilatorum caesorumque funeribus nemo deinde ad has stationes appulit navem, sed ut Scironis praerupta letalia declinantes litoribus Cypriis contigui navigabant, quae Isauriae scopulis sunt controversa.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas. hanc provinciae inposito nomine rectoreque adtributo obtemperare legibus nostris Traianus conpulit imperator incolarum tumore saepe contunso cum glorioso marte Mediam urgeret et Parthos.

Post hoc impie perpetratum quod in aliis quoque iam timebatur, tamquam licentia crudelitati indulta per suspicionum nebulas aestimati quidam noxii damnabantur. quorum pars necati, alii puniti bonorum multatione actique laribus suis extorres nullo sibi relicto praeter querelas et lacrimas, stipe conlaticia victitabant, et civili iustoque imperio ad voluntatem converso cruentam, claudebantur opulentae domus et clarae.

Tantum autem cuique tribuendum, primum quantum ipse efficere possis, deinde etiam quantum ille quem diligas atque adiuves, sustinere. Non enim neque tu possis, quamvis excellas, omnes tuos ad honores amplissimos perducere, ut Scipio P.

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Littérature : nouveautés de novembre 2017

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux xviie – xviiie siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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« Sucre noir », de Miguel Bonnefoy

Dans un village des Caraïbes, la légende d’un trésor disparu vient bouleverser l’existence de la famille Otero. À la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt, les explorateurs se succèdent. Tous, dont l’ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l’héritière de la plantation de cannes à sucre qui rêve à d’autres horizons.

Au fil des ans, tandis que la propriété familiale prospère, et qu’elle distille alors à profusion le meilleur rhum de la région, chacun cherche le trésor qui donnera un sens à sa vie. Mais, sur cette terre sauvage, la fatalité aux couleurs tropicales se plaît à détourner les ambitions et les désirs qui les consument.

Dans ce roman aux allures de conte philosophique, Miguel Bonnefoy réinvente la légende de l’un des plus célèbres corsaires pour nous raconter le destin d’hommes et de femmes guidés par la quête de l’amour et contrariés par les caprices de la fortune. Il nous livre aussi, dans une prose somptueuse inspirée du réalisme magique des écrivains sud-américains, le tableau émouvant et enchanteur d’un pays dont les richesses sont autant de mirages et de maléfices.

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Littérature : nouveautés octobre 2017

Cognitis enim pilatorum caesorumque funeribus nemo deinde ad has stationes appulit navem, sed ut Scironis praerupta letalia declinantes litoribus Cypriis contigui navigabant, quae Isauriae scopulis sunt controversa.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas. hanc provinciae inposito nomine rectoreque adtributo obtemperare legibus nostris Traianus conpulit imperator incolarum tumore saepe contunso cum glorioso marte Mediam urgeret et Parthos.

Post hoc impie perpetratum quod in aliis quoque iam timebatur, tamquam licentia crudelitati indulta per suspicionum nebulas aestimati quidam noxii damnabantur. quorum pars necati, alii puniti bonorum multatione actique laribus suis extorres nullo sibi relicto praeter querelas et lacrimas, stipe conlaticia victitabant, et civili iustoque imperio ad voluntatem converso cruentam, claudebantur opulentae domus et clarae.

Tantum autem cuique tribuendum, primum quantum ipse efficere possis, deinde etiam quantum ille quem diligas atque adiuves, sustinere. Non enim neque tu possis, quamvis excellas, omnes tuos ad honores amplissimos perducere, ut Scipio P.

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Aimé Césaire, le porteur de clarté

— Par Max Pierre-Fanfan —

Aimé Césaire (26 juin 1913-17 avril 2008) nous laisse en héritage une parcelle d’humanité. Ce porteur de clarté a transformé le destin des peuples noirs en conscience et érigé en conquête ce qui avait été subi, en l’occurrence, l’esclavage et la colonisation…Poète et homme politique, « sa bouche fut la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche et sa voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir ». Sa parole n’a jamais été autant d’actualité. Elle s’adresse derechef à des milliers d’hommes et de femmes à qui, on a inculqué et on continue d’inculquer savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le « larbinisme »…

La négritude n’a jamais été à ses yeux « une prétentieuse conception de l’univers, ni une philosophie encore moins une métaphysique ». C’était, selon lui, « une manière de vivre l’histoire dans l’histoire; l’histoire d’une communauté dont l’expérience apparaît à vrai dire singulière, avec ses déportations de populations, ses transferts d’hommes d’un continent à l’autre, les souvenirs de croyances lointaines, ses débris de cultures assassinées ».

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 » La rumeur des rives » de Dominique Deblaine

Un roman maritime, au large des Antilles.
Une femme puissante à la barre de son voilier tente d’échapper à son destin, au drame.
L’appel du large comme celui de la liberté, de la sagesse, quel qu’en soit le coût…

« On sait qu’en mer le vent n’est rien, le danger vient des vagues. Une de mes navigations dans la Caraïbe ne s’était pas bien passée et c’était de ma faute. Malgré une météo très peu favorable, j’avais levé l’ancre en début d’après-midi, confiante en ma bonne étoile. Le coup de vent annoncé se transforma en fort coup de vent avec l’anémomètre, mais j’essayais de respirer calmement, de rester concentrée sur la mer.
Le vent sifflait dans les haubans, Epicure grinçait, son étrave s’enfonçait dans les vagues en faisant naître un fleuve dans le cockpit et une équipée répandit son contenu dans le carré. Je gardais le cap, la nouvelle têtière de grand-voile tenait bien, mais empannant sans le vouloir, le bôme rasa ma tête, le brusque mouvement d’Epicure me projeta sur bâbord… »

Lire aussi : « Paroles d’une île vagabonde » de Dominique Deblaine

« Le Raconteur » de Dominique Deblaine

Dominique Deblaine est née en Guadeloupe.

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Littérature : nouveautés de septembre 2017

Cognitis enim pilatorum caesorumque funeribus nemo deinde ad has stationes appulit navem, sed ut Scironis praerupta letalia declinantes litoribus Cypriis contigui navigabant, quae Isauriae scopulis sunt controversa.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas. hanc provinciae inposito nomine rectoreque adtributo obtemperare legibus nostris Traianus conpulit imperator incolarum tumore saepe contunso cum glorioso marte Mediam urgeret et Parthos.

Post hoc impie perpetratum quod in aliis quoque iam timebatur, tamquam licentia crudelitati indulta per suspicionum nebulas aestimati quidam noxii damnabantur. quorum pars necati, alii puniti bonorum multatione actique laribus suis extorres nullo sibi relicto praeter querelas et lacrimas, stipe conlaticia victitabant, et civili iustoque imperio ad voluntatem converso cruentam, claudebantur opulentae domus et clarae.

Tantum autem cuique tribuendum, primum quantum ipse efficere possis, deinde etiam quantum ille quem diligas atque adiuves, sustinere. Non enim neque tu possis, quamvis excellas, omnes tuos ad honores amplissimos perducere, ut Scipio P.

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