Catégorie : En librairie

Parutions ; nouveautés du 18 décembre 2024

Samuel Beckett et Gérard Astor
La Nuit et le Jour au Théâtre
Roger-Daniel Bensky, Préface par Rachida Triki, Postface par Jacques Poulain
« Utopie contre Dystopie ; éclatement baroque contre rétrécissement classique ; différentialité narrative contre minimalisme situationnel ; tente abrahamique (ou ibrahimique) pour accueillir les multitudes, contre retraite vertigineuse vers le donjon de l’Égo ». Ainsi Roger-Daniel Bensky définit-il les différences entre Beckett et Astor. Mais ne nous y trompons pas, au-delà d’une réflexion sur ces[…] EAN : 9782336501109
19/11/2024
135 x 215 mm
Collection : Carnets d’Archipel méditerranées
188 pages
23.00 €

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Vini Vann, la boutique de Manzèl Yvonne : Un voyage au cœur de la Martinique des années 60

Samedi 7 décembre de 19h à 21h au Teyat Otonom Mawon (TOM), m.e.s. Elie Pennont

Dans le récit Vini Vann, la boutique de Manzèl Yvonne, Arlette Pujar nous offre une immersion émouvante dans la Martinique des années 60, une époque où les changements sociaux étaient encore balbutiants, et où la modernité peinait à pénétrer l’île. À travers les yeux d’Anita, une jeune Martiniquaise qui vit à Marseille avec sa famille, le roman retrace une époque où l’identité, les valeurs de solidarité et le lien social étaient vécus au quotidien, notamment à travers les petites boutiques de quartier, telles que celle de sa grand-mère, Manzèl Yvonne.

Une époque, une boutique, un lien social

Le roman se déroule principalement aux Terres-Sainville, un quartier populaire de la Martinique où la boutique de Manzèl Yvonne est un véritable centre de la vie communautaire. À cette époque, ces débits de la régie, comme les appelait l’auteur, étaient les lieux où l’on échangeait plus que des marchandises : c’était aussi là que se tissaient des liens sociaux profonds. « Vini vann ! » – l’invitation sonore des clients annonçant leur arrivée – devient le symbole d’un monde révolu, où la simplicité et la solidarité faisaient le quotidien des habitants.

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« Petite collection de grandes pensées », un livre de Nina Simon

— Par Jean-Robert Léonidas —

L’auteure de ce petit livre d’une étonnante profondeur m’a personnellement épaté. D’une double façon. Tout d’abord, je me crois en face de deux identités. C’est que j’ai déjà lu avec grand bonheur un premier texte en anglais, signé par la même personne, sous une autre appellation, son nom de naissance. Je l’avais bien apprécié et j’en ai déjà donné mon sentiment dans un court article publié par Madinin’Art (1). Me voici ensuite en présence d’une autre production que je viens de recevoir de la même personne, cette fois-ci sous un nom de plume. Pas seulement un changement de nom. Tenez-vous bien : Un changement de langue. Elle écrit cette fois-ci en français avec la même aisance. Il est vrai qu’elle est canadienne. Mais ceci n’explique pas cela.

En des mots simples, dans ce nouveau texte, l’auteure présente une intéressante conversation entre soi et soi-même. De façon surprenante, comme en un tour de passe-passe, la porte s’ouvre sur l’autre. Le lecteur se sent alors engagé dans un dialogue avec un penseur qui remue des idées qui nous intéressent toutes et tous.

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Francine Narèce : une voix littéraire enracinée dans la culture martiniquaise

— Par Sarha Fauré —

Francine Narèce est une auteure prolifique, passionnée par les contes et les récits traditionnels, qui puise son inspiration dans les richesses et les tourments de la Martinique, son île natale. Née au François, elle a grandi près de la mer, ce qui nourrit son imaginaire et son œuvre. Ayant vécu une partie de sa vie en Ardèche et dans la Drôme, Narèce est revenue en Martinique, où elle continue de partager sa passion pour l’écriture. À travers ses ouvrages, elle explore les contradictions et les ambiguïtés de la société martiniquaise, tout en mettant en lumière les luttes sociales, les récits historiques et les légendes populaires.

Narèce se distingue par son écriture théâtrale et ses contes qui naviguent entre le réel et l’imaginaire, offrant aux lecteurs une plongée dans un univers à la fois poétique et engagé. Sa plume élégante et vive donne vie à une galerie de personnages truculents, qu’ils soient ancrés dans la réalité historique ou issus de son imagination fertile. Au fil des ans, elle a enrichi la littérature francophone avec des œuvres telles que De l’olympisme au handisport, Le combat de Léona Bataille, et la pièce émotive Pour deux francs, retraçant un épisode douloureux de l’histoire des ouvriers de la canne.

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« Les enfants du requin », roman de Régine Louiset et Stéphane Blondel

Présentation du livre

Imaginez un monde où l’eau, les graines et les histoires sont les choses les plus précieuses. Un monde où les nouvelles s’accrochent aux branches des arbres-messagers près des vieux puits, ceux-là mêmes qui ont permis à la vie de renaître. Dans cet univers, la ville et la nature se mêlent pour former un « Dernier Continent » dont les limites restent introuvables pour les voyageurs les plus téméraires.

Premier tome d’une saga inédite, « Les enfants du requin » nous invite à un voyage extraordinaire. Ce roman est une invitation à l’évasion, à la rencontre d’un univers très différent du nôtre, tout en nous incitant à réfléchir sur les enjeux et les transformations de notre époque.

Depuis ses premières ébauches en 2002, l’univers de la « Ville aux mille noms », ou « l’En-ville » comme l’appellent les caravaniers, s’est enrichi et structuré. Il nous fait explorer un dédale de routes, de fleuves et de quartiers, à la rencontre de caravanes lointaines, de voyageurs intrépides et de pirates épris de liberté totale. Dans ce monde, les traces de notre civilisation disparue se mêlent à une société qui a réinventé son fonctionnement, sans institution ni gouvernement, trouvant pourtant un équilibre et une paix relative.

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« Bayou », un roman de Franck Lacombe

Au cœur de la Louisiane, au début du vingtième siècle, trois destins s’entremêlent dans un climat de mystère et de tension. Lynn Rockwell, fille de pasteur noir, croise le chemin de Jessie Lapointe, issue d’une famille de fermiers blancs cajuns, et d’Alexander Mazzella, homme de main de la mafia. Leur amour pour le bayou, ces terres marécageuses où se mêlent les eaux du Mississippi, les unit dans une amitié improbable. Dans un monde où la peur et la haine règnent en maîtres, quelles forces obscures pourraient bien les séparer ?

Dans son roman « Bayou », Franck Lacombe explore de manière romancée le monde caribéen et la créolité. L’œuvre traite de l’amitié inattendue entre trois personnages de milieux différents, mais unis par leur attachement au Bayou. Lynn Rockwell, en quête de liberté et de bonheur, vit en Louisiane au début du 20e siècle. Elle rencontre Jessie Lapointe, fille de fermiers blancs cajuns, et Alexander Mazzella, un gangster mafieux. Ensemble, ils partagent leur amour pour le bayou, malgré un environnement où la peur et la haine sont omniprésentes.

Franck Lacombe nous plonge dans un univers humide, chaud et parfois effrayant pour ceux qui ne le connaissent pas, mais hospitalier pour ceux qui l’aiment.

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Les sœurs Nardal : pionnières de la Cause Noire

Léa Mormin-Chauvac Préface d’Alain Mabanckou

— Par Sabrina Solar —

Paulette, Émilie, Alice, Jane, Cécile, Lucie et Andrée Nardal : sept sœurs originaires de la Martinique, se sont distinguées par leur engagement littéraire et musical. Paulette et Jane, parmi les premières femmes noires admises à la Sorbonne dans les années 1920, ont fondé le « salon littéraire de Clamart ». Paulette a également co-fondé La Revue du monde noir, tandis que ses sœurs ont rédigé des articles engagés et universalistes.

Lire aussi : Les sœurs Nardal, A l’avant-garde de la cause noire — Par Dominique Daeschler

Un printemps éditorial historique

Léa Mormin-Chauvac, avec sa biographie publiée chez Autrement, éclaire l’importance historique des sœurs Nardal dans le mouvement de la négritude. Cette biographie est la première à leur être consacrée et offre une documentation minutieuse sur leur parcours. Les sœurs, élevées par leur père Paul Nardal pour être indépendantes, ont été des figures emblématiques de l’engagement féministe et antiraciste.

La publication simultanée de deux autres ouvrages par les éditions Ròt-Bò-Krik sur des thématiques similaires révèle un intérêt renouvelé pour ces figures historiques.

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« Zamana », un roman d’Emmanuel de Reynal

« Leur temps n’est pas le mien. Ils me croient éternel. Je les vois comme des éclairs. (…) Ils défilent au rythme de leurs vies rapides. Ils vont, viennent, repartent, bougent, viennent encore (…) Savent-ils pourtant que c’est à eux que je dois d’être ancré ici depuis si longtemps ? Savent-ils qu’ils ont été mes maîtres ? Savent-ils aussi que je les comprends bien mieux qu’ils ne l’imaginent ? Peut-être est-il temps de leur parler ? »

Celui qui parle est un vieil arbre planté au cœur d’une habitation créole au début du XIXe siècle pour servir d’ombrage aux cultures de café. Pendant plus de 200 ans, le Zamana observe les mouvements des hommes, les chemins de l’histoire, les caprices du temps… Par sa sagesse d’arbre, il jette sur le monde un regard curieux et fasciné. Parviendra-t-il à établir une connexion avec ces petits êtres sans racines ?

Emmanuel de Reynal est né en 1965 à Fort-de-France. Il fait partie des « békés », qui désignent aux Antilles les Blancs créoles, descendants des premiers colons européens.
Très investi dans la vie associative de son île, la Martinique, il fait partie de l’association « Tous Créoles » dont le but est de rapprocher les différentes communautés antillaises.

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Langue française dans un gosier créole

A propos du dernier ouvrage de Rudy Rabathaly : « Oliwon d’imaginaire créole » chez K. Editions.

— Par Mireille Jean-Gilles —
A la manière de V.S Naipaul, immortalisant dans Miguel Street la vie de petites gens (le peuple) de Trinidad catapultées dans une rue de Port of Spain, Rudy Rabathaly, lui-même journaliste avant de « devenir écrivain » (une expression de Naipaul), nous offre ici une fresque martiniquaise à partir de personnages, non pas puisés dans son imagination mais dont la vie ou la personnalité dépasse l’imagination, et par conséquent deviennent des signes tangibles de notre « imaginaire créole », jusqu’à parfois être immortalisés dans une chanson de carnaval.

« La chanson composée par Ti-Citron pour marquer cet épisode douloureux pour son anatomie intime et plus particulièrement son refrain, fut reprise en vidé tous les dimanches du carnaval… »

Ce recueil de textes, empreint de culture populaire, préserve ainsi à sa manière un pan de notre patrimoine, autrement voué à l’oubli. Mais au-delà des personnages pittoresques ou de leurs faits d’armes les plus saillants, ce qu’il y a de proprement délectable dans OLIWON d’’imaginaire créole, c’est chez l’auteur ce sens de l’observation et du détail proprement journalistique qui produit un effet littéraire saisissant.

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Festival International du Livre Gabonais et des Arts (FILIGA)

Par Fortenel Thélusma

Du 30 mai au 1er juin 2024, s’est tenue la 3e édition de la foire du livre à Libreville, au Gabon. C’est un évènement annuel qui a débuté en 2022. Pour y participer, les auteurs et écrivains doivent recevoir une invitation des organisateurs à titre de conférencier et d’exposant. Manifestation culturelle fortement médiatisée, la foire du livre a réuni, cette année, dix-sept pays.

Edgard Gousse, professeur et écrivain haïtiano-canadien était présent à cette troisième édition. Sa participation a été couronnée de succès. En dehors de sa prestation, en tant qu’exposant et conférencier dans le cadre des activités coordonnées par le FILIGA, il a été également reçu et introduit, avec une chaleureuse cordialité, par le vice-recteur de l’Université Omar Bongo (UOB), la principale université publique de Libreville. Une séance de dédicaces y a été, par ailleurs, organisée. Voici quelques titres signés, majoritairement des romans :

1) Ne dites pas à ma mère que je suis une salope (roman, 2013)

2) Le pouvoir du Sexe (récits, 2014)

3) Je suis Black mais je baise tes Blanches (nouvelles, 2017)

4) Femme des papas (roman, 2019)

5) Les petites donneuses (roman, 2020)

6) Silence, on assassine le président (roman, 2021)

7) Sang pour sang (roman, 2022)

8) Un canal pour deux moitiés d’île (roman, 2023)

9) Et si le sexe n’existait pas (roman, 2024)

Était également exposé le gros volume de 1654 pages, une biographie de Fidel Castro.

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Les mondes de Roger Parsemain

(A propos de Fin(s) du monde , aux éditions Long cours)

— Par Georges-Henri Léotin —

Fin(s) du monde, tel est le titre du dernier ouvrage de Roger Parsemain. Un titre qui interpelle. A l’oral, quand on entend fin du monde, on peut avoir une petite idée de ce que cela peut vouloir dire, même s’il est difficile de concevoir, d’imaginer ce que c’est que la fin du monde. Et il se trouve maintenant que sur la couverture du livre de Parsemain, il y a un s entre parenthèses après fin, ce qui signifie qu’il pourrait y avoir plusieurs fins du monde ! Quelque part dans l’ouvrage, le lecteur sera éclairé, il découvrira un des sens que ce pluriel peut avoir. Nous vous laisserons découvrir une des significations possibles, de cette fin plurielle.

Nous remarquons que le tout premier poème, présenté comme « envoi », s’intitule L’œil d’éternité, un titre qui contraste avec celui de tout l’ouvrage, si on considère que l’éternité apparait comme étant tout le contraire de la fin du monde. Nous reviendrons sur ce point, mais nous voudrions faire tout d’abord une présentation de l’ensemble de l’ouvrage.

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Gwoka et décolonisation culturelle : 1930 – 2009 

Des femmes et des hommes de Guadeloupe à l’œuvre

Auteur : Marie-Héléna LAUMUNO 

Marie-Héléna Laumuno est docteure en Histoire contemporaine. Passionnée de Gwoka, pratique culturelle aux tambours de racine africaine en  Guadeloupe, l’auteure en fait sa pratique artistique ( chant, danse) et l’objet principal de ses recherches et publications. Sa thèse intitulée Les gens du Gwoka en Guadeloupe, Devenir acteur de décolonisation, 1931-1994 a été soutenue en décembre 2019 à  l’Université des Antilles, sous la direction du Professeur Jean-Pierre Sainton. L’auteure est membre du GRiiim, Groupe de Recherche internationale, interdisciplinaire, interlaboratoires sur la musique, intégré au Centre de recherches intercontinental sur la musique (Québec/Antilles/Aix-Marseille) et favorisant les projets avec les Amériques et l’Afrique. 

Le Gwoka en Guadeloupe est-t-il juste ce qui se donne à voir, c’est-à-dire un ensemble de musiques, chants et danses aux tambours, vécu comme un amusement ou encore ne constitue-t-il pas un langage artistique par lequel s’exprime une rupture avec les représentations coloniales du tambour de racine africaine et de ses attributs ? Tel est le questionnement du présent ouvrage. 

Des années 1930 à 2009, alors que la question de la décolonisation politique de la Guadeloupe est pressentie puis posée par des acteurs politiques d’horizons divers, ces 80 années de pratique et de participation au Gwoka en Guadeloupe et à Paris, relatent une histoire révélatrice du Gwoka comme un cas  de décolonisation culturelle.

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« Tu, c’est l’enfance » de Daniel Maximin, une nouvelle édition en collection de Poche

— Par Sarha Fauré —

La réédition en collection de poche du récit d’enfance de Daniel Maximin, « Tu, c’est l’enfance », nous offre une plongée captivante dans la jeunesse tourmentée mais enrichissante de l’auteur en Guadeloupe. À travers ce livre, Maximin nous dévoile son enfance marquée par les éléments naturels et les luttes historiques de son peuple.

Le regard de l’enfant et l’universel

Daniel Maximin s’efforce de préserver la pureté et l’innocence du regard enfantin, refusant d’écraser les événements de l’enfance sous le poids du regard adulte. Cette dualité entre le « tu », l’enfant d’autrefois, et le « je », l’adulte d’aujourd’hui, permet de commenter et d’explorer les souvenirs qui ont forgé l’auteur. L’objectif est de respecter cette innocence et de montrer l’universalité de tous les regards d’enfants à travers le monde. Chaque enfant, en affrontant les éléments – l’air, la terre, l’eau et le feu – trouve une vitalité essentielle pour se construire en tant qu’adulte, tout en faisant face aux malheurs et douleurs qu’ils imposent. Maximin illustre cela par ses propres expériences : cyclone, éruption volcanique, tremblement de terre et raz de marée.

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Turbulence(s) / Dezòd : appel à contributions : DO-KRE-I-S # 7

Une turbulence est une agitation désordonnée, bruyante. Frénésie. Fureur. Insolence. Tourbillons dans un fluide. Tel un avion surpris par la densité du dialogue entre l’air chaud et l’air froid. Les turbulences agitent le confort, défont, l’espace d’un instant, l’inertie. Elles inventent chaos, chocs, entrecroisements, crissements.

Les turbulences créent désordre, tension. 

Le monde traverse une zone de turbulences. Ça secoue. C’est inquiétant, troublant, effrayant, paralysant. Ses fêlures s’engorgent d’une putrescence haineuse. Les repères sont jetés bas et les vieux monstres en semblent tout ragaillardis : moralisme, patriotisme, colonialisme, racisme, autoritarisme, capitalisme, sexisme, fleurissent plus que jamais, çà et là.

Les turbulences engendrent rupture, distorsion.

Paradoxalement, ne sont-elles pas aussi des opportunités de faire résistance aux désastres annoncés, aux catastrophes à l’œuvre ? Elles pourraient s’avérer un moyen d’endiguer les violences frénétiques infligées au monde. Le nouveau volume de la revue DO-KRE-I-S se propose de côtoyer et d’exalter cette promesse alternative, créatrice et instable du désordre (dezòd). Tumultes, tapages, cris, cacophonies, gribouillages. Les ruptures, ce sont aussi les existences qui se développent, se renouvellent, mutent, subvertissent. Ce sont de nouveaux milieux, de nouvelles voies, de nouvelles paroles, qui y sont promises, qui y sont possibles.

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« Tempes », un recueil de Nathanaël

Primé en 2023 lors de la deuxième édition du Prix international de l’Invention poétique, « Tempes », le dernier recueil de Nathanaël, vient d’être publié chez LEGS ÉDITION. Ce livre de 106 pages, magnifiquement illustré par l’artiste-peintre Sergine André, est introduit par une note de l’éditeur Dieulermesson Petit Frère. Cette préface offre un aperçu des conditions de publication et relate les conflits de censure entre l’autrice, l’éditeur et l’association initialement liée au prix. Refusant les pressions, Nathanaël a finalement confié son œuvre à l’éditeur initial, offrant ainsi au public un recueil empreint de sincérité et de résistance.

« Tempes » se divise en quatre sections : Interdiction, Contemplation, Portes et Épilogue. Chaque section explore les éléments fondamentaux de l’univers – la terre, l’eau, l’air et le feu – et est accompagnée de photographies illustratives. Interdiction invite à surmonter la solitude, Contemplation révèle la beauté du monde naturel, Portes explore les thèmes de la peur et de la mort, et Épilogue conclut sur une note d’odyssée et de quête intemporelle. La poésie de Nathanaël, lumineuse et intertextuelle, offre une réflexion profonde sur l’altérité et le dialogue entre les êtres.

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« La saison des fruits à pain. La sézon fiyapen » & « L’exil du roi Béhanzin, 1894-1906 »

En librairie

La saison des fruits à pain, La sézon fiyapen
Il y a bien des années, si le matin, au réveil, une mère de famille ne se demandait pas, anxieuse : ki sa man kay ba sé timanmay-la manjé ? (Que vais-je donner à manger aux enfants ?), cela signifiait que la saison des fruits à pain était là ! Du pain-bois disaient nos aînés, une merveille, cet arbre, un miracle son fruit ! Un kiwi géant avait murmuré une petite fille qui en voyait un, coupé longitudinalement, pour la première fois. S’il est bien préparé, il est d’une saveur inégalable. La gastronomie lui a offert un plateau d’argent afin de conjurer les confluences historiques et économiques qui le transplantèrent dans les Amériques. On regarde, on hume, on touche, on se délecte, on écoute tomber avec extravagance ces larges feuilles qui filent dans le cours d’eau de l’oubli, s’accrochent à une autre avant d’atteindre le sol ou s’étalent lentement sur l’herbe.
La sézon fiyapen est arrivée et a apporté la langueur des chaudes après-midi et la douceur des soirées habitées par les contes et les histoires de toutes sortes.

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DO.KRE.I.S, la revue haïtienne des cultures créoles 

— Par Scarlett Jésus, membre d’AICA sc(*) et du CEREAP.(**) —

Il y a fort à parier que jusqu’à aujourd’hui vous ignoriez l’existence de la revue DO. KRE.I.S.

Un drôle de nom penserez-vous pour une revue. Un nom aux sonorités étranges qui, tel un nom de code, suggère le mystère, l’étrangeté. Mais aussi la créolité. Vous n’auriez pas tort puisque cette revue fut créée en Haïti en 2017. Destinée à une publication annuelle, mais freinée par le Covid, son 6ème numéro vient tout juste de sortir en mars 2024. Avec à chaque fois un thème différent.

Son titre est issu d’un jeu d’osselets, très couru à Haïti. Il se joue en quatre manches avec 5 osselets dont chacune des quatre faces porte un nom, en rapport avec son apparence : Il y a le dos (D0 en créole), le creux (KRE), la lettre Z (I ou Zi) et ès (la lettre S). Les joueurs tentent de réussir la combinaison gagnante DO.KRE.I.S. Conçue pour être un espace de rencontres permettant à des cultures et disciplines différentes de dialoguer, la revue a vocation à « faire archipel », c’est-à-dire d’établir des ponts d’un océan à l’autre entre des îles (mais pas que) où le français, imposé, cohabite avec des parlures créoles qui lui résistent.

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« Quand les cœurs battent aux rythmes du ka », de Viviane Gustave

Résumé :
Kris, un enfant empreint de liberté, grandit et évolue dans les faubourgs de Pointe-à-Pitre, Lapwent. Il rencontre un percussionniste, monsieur Mawsèl, qui accepte de l’initier à son art… C’est le début de la transmission.
Ce gamin participe aux côtés des adultes aux luttes contre diverses formes de domination, mais surtout contre le rejet dans le paysage urbain d’une culture issue des campagnes.
Ce récit est raconté à travers le regard d’un enfant en quête de sens et de maitrise de son environnement culturel. Il se déroule sur une période de transition caractérisée par le passage du rejet à l’acceptation progressive du gwoka guadeloupéen.

Auteur : Viviane Gustave
est une enseignante formatrice originaire de Morne-à-l’Eau, en Guadeloupe. Choriste en chant traditionnel gwoka, elle s’est engagée dans une réflexion sur la préservation et la valorisation du patrimoine culturel immatériel. Elle a coordonné plusieurs projets scientifiques et culturels au niveau local et européen, traitant de sujets ancrés dans le territoire guadeloupéen.
Dans ce premier roman, elle développe, à partir de témoignages, l’évolution sociale de la Guadeloupe et retrace le cheminement d’une construction identitaire.

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Les parutions de fin février 2024

– Album illustré MOI AUSSI JE DANSE LE QUADRILLE de la journaliste et auteure Isabelle Calabre et de l’illustratrice Colombine Majou.

– Roman LE BAL DES CLOCHARDS CÉLESTES de l’écrivain Ernest Pépin.

– Recueil de peintures CASES CARAÏBES. CARIBBEAN CABINS du peintre Paul Elliott Thuleau (ouvrage en français et anglais).

Florent Charbonnier
Éditeur Guadeloupe – Martinique – Guyane – La Réunion
0690 12 12 12 / 07 60 24 48 96
Caraïbéditions Guadeloupe : BP 110  – 97112 Grand-Bourg – Guadeloupe
Caraïbéditions Martinique : MBE 212 – Mangot-Vulcin – 97288 Le Lamentin -Martinique

– Titre : Moi aussi je danse le quadrille
– Auteures : Isabelle Calabre et Colombine Majou
– Date de sortie en librairie : 1er février 2024
– Collection : Moi aussi je danse…
– ISBN : 9782373111767
– Prix TTC métropole : 14,70  €
– Public : Tout public
– Format : 200 X 200 mm
– Paginations : 32 pages
– Résumé : Un beau soir, Anita découvre les quadrilles créoles.
Et avec ces danses, tout un pan de l’histoire des Antilles et de la Guyane…
Une nouvelle collection d’albums jeunesse, qui raconte en images toutes les danses pour les enfants d’aujourd’hui.

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« Ce qui est pour toi, la rivière ne l’emporte pas », le nouveau roman de Viktor Lazlo

Sa ki la pou-w, larivyè pa ka chayé-ï

Viktor Lazlo
EAN : 9782221273173
240 pages
Robert Laffon (25/01/2024)

« Ce qui est pour toi, la rivière ne l’emporte pas » est le dernier roman de Viktor Lazlo, qui plonge le lecteur dans un récit entre deux mondes, explorant la condition des Noirs à travers les yeux d’une femme, Olvidia, une ancienne esclave. L’histoire débute en 1752 dans le domaine des Bois-Tranchés en Martinique, où une fillette métisse de six ans, Olvidia, est rejetée par sa mère en raison de sa couleur de peau plus claire, souvenir d’un viol par le maître.

Olvidia est ensuite emmenée à la Grande Maison, au service de Madame de Lalung, une Autrichienne sans enfant. Malgré les épreuves et les galères, la patience bienveillante de Madame de Lalung permet à Olvidia de s’épanouir, mais la vie bascule lorsqu’elle est violée par son propre père, le maître absolu. Après avoir assassiné son agresseur en légitime défense le jour de son accouchement, Olvidia entame un périple vers la France aux côtés de Madame de Lalung, traversant des épreuves périlleuses.

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« Basses Terres » d’Estelle Sarah-Bulle publié aux Éditions Liana Levi

En ce mois de juillet 1976, la Guadeloupe s’embrase, et les toussotements habituels de la Soufrière prennent une ampleur déconcertante. Les explosions volcaniques deviennent le protagoniste d’une trame narrative qui se tisse au cœur de la Basse-Terre, où la vie quotidienne des habitants est chamboulée. Les cendres, impitoyables, recouvrent la végétation, forçant de nombreux résidents à abandonner leur terre pour trouver refuge en Grande-Terre.

Au sein de cette saison brûlante, les bourgs se vident, les rues résonnent des pas de ceux qui partent, et les destins se jouent. De l’autre côté de l’isthme, chez les Bévaro, la vie prend une tournure particulière. La case d’Elias, le patriarche, devient le point de convergence pour la famille de son fils, revenu de métropole, ainsi que pour une cohorte de cousins déplacés.

Pendant ce temps, Eucate, en Basse-Terre, résiste à l’appel de l’évacuation. Sa case, érigée autrefois sur les pentes du volcan pour fuir les injustices de son patron monsieur Vincent, devient son dernier bastion.

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« La nuit tu es noire, le jour tu es blanche », le 2ème roman d’Anne Terrier

Née à Paris d’une mère martiniquaise et d’un père lyonnais, Anne Terrier a toujours nourri le désir d’écrire, même si la littérature lui semblait initialement hors de portée. Son admiration pour les écrivains, qu’elle dévorait à travers leurs romans, ainsi que pour ceux de son entourage, tels que le poète et traducteur Roger Giroux (son père), l’écrivain et philosophe Edouard Glissant (son oncle), le compositeur et écrivain Maurice Roche (ami de la famille), a joué un rôle déterminant dans son parcours.

Pour contourner ce défi apparent, Anne Terrier a embrassé diverses vocations, se consacrant successivement ou simultanément au journalisme (papier et web), à la traduction, à la correction, à la réécriture, à la rédaction, et à la rédaction d’ouvrages pratiques. En somme, tout ce qui la rapprochait de l’écriture et de la littérature a constitué l’essentiel de sa vie professionnelle.

À la fin de cette carrière plurielle, Anne Terrier n’a pu se résigner à quitter le monde des livres. Aujourd’hui, elle s’investit en tant que bibliothécaire bénévole au sein du réseau associatif Culture et Bibliothèques pour Tous, tout en assumant le rôle d’écrivain.

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L’entrée singulière en écriture de Mahmud Nasimi, exilé Afghan.

— Par Dominique Daeschler —

A travers deux livres « un Afghan à Paris » et « Chant de la mélancolie », Mahmud Nasimi évoque le long périple qu’il a accompli avant d’arriver à Paris : Iran, Turquie, Grèce, Serbie, Hongrie, Autriche, Allemagne, Belgique. Parti précipitamment de Kaboul en 2013 car menacé, il prend la route de l’exil et y connaît ces douleurs multiples qui blessent jusqu’à l’intime : peur, soif, faim, duplicité des passeurs, vols et trahisons, prison et chantages…

De son pays, plongé depuis si longtemps dans la guerre il dit «  le nombre de bombes qui ont explosé dans mon pays l’emporte sur celui des étoiles du ciel ou des grains de sable du désert ». Le ton est donné, sans le savoir encore, Mahmud Nasimi entre en poésie et fait bagage d’images, de métaphores liées aux nuances précieuses du dari . Du cheminement chaotique à travers l’Europe, il donne des instants de vie sans s’appesantir sur l’horreur même quand il croise la mort. Il sait attraper à la volée un souvenir qui aide à vivre (la magnifique grand-mère, les baisers de la mère, la bien-aimée, le copain voleur de biscuits, l’oncle intransigeant, les tantes insouciantes, la grande cour inondée de soleil) et se taire par pudeur et dignité.

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« Et coule la rivière chagrin », un roman de Frantz Succab

Ce roman débute par l’annonce de l’assassinat d’un propriétaire de terres, membre éminent du syndicat patronal. Un ouvrier de sa plantation, immédiatement appréhendé, avoue en être l’auteur. La rédaction de l’article concernant ce fait divers est confiée à Kamo, un vétéran de
l’hebdomadaire La Clameur. Le journaliste, proche de la retraite, est peu intéressé par une affaire déjà résolue. Il rédige sans originalité l’article attendu.
En revanche, il se pose de nombreuses questions sur le lieu-dit Nòlfòk où s’est déroulé le drame.
Il profite de sa retraite pour aller au contact des habitants de ce dernier. On pourrait s’attendre à un polar, mais le narrateur s’ingénie à dévier son propos. Il mêle roman, témoignages de vies et récit, dans une polyphonie où s’entrecroisent des voix multiples. De la Guadeloupe à Paris, une galerie de portraits contrastés se dévoile. …Et coule la rivière chagrin, tel un personnage à part entière, traverse le récit en nous embarquant dans son lot de malheurs et de joies.

Au fil des pages…

Un chant matinal de pipirit, ça change du radioréveil. De la douche trop froide au bar du port de pêche, Kamo savourait sa bonne idée d’attendre un ou deux jours avant de contacter Sadvi.

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La Flore médicale des Antilles

Cadeau de Noël

— Par Michel Herland —

A-t-on suffisamment signalé, voici deux ans, la publication de cet ouvrage dont les illustrations et les commentaires constituent un véritable trésor historique, qui de surcroît peut se révéler encore utile de nos jours ?

Michel Étienne Descourtilz était médecin à Saint-Domingue au moment de la Révolution haïtienne. Curieux de botanique et de biologie, si ses collections furent toutes perdues lors de l’incendie de Port-au-Prince, il avait heureusement mis à l’abri à l’étranger les planches de sa flore médicale et put ainsi, de retour en France, entreprendre de les publier.

Cette publication s’étagea entre 1821 et 1829 sous forme de fascicules d’une dizaine de pages. Une deuxième édition intervint en 1833. La Flore médicale des Antilles recensait quelque six-cent planches en couleur, correspondant à autant de plantes, peintes par Jean-Théodore Descourtilz, le fils de Michel Étienne. Ce dernier, l’auteur des notices, a présidé le Société linnéenne de Paris ; il fut un botaniste reconnu et donna son nom à plusieurs espèces végétales.

L’ouvrage ne manque pas d’annotations pittoresques. C’est ainsi que l’auteur nous met en garde à propos du laurier rose ou « laurose », cette plante aussi commune qu’apparemment inoffensive.

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