Catégorie : Littératures

Premiers instituts d’apprentissage de la tyrannie en Haïti ?

Jean-Durosier Desrivières vous ouvre ses archives
N° 5 : Réflexions de Jean-Durosier Desrivières

Note : Article principal N° 2 du supplément mensuel Relire Haïti qui a été publié avec le soutien de France-Antilles de la Martinique ; paru pour la première fois en février 2004 sous le titre : « Qui parle d’abus de mémoire en Haïti ? » le texte a été revu, modifié, augmenté et actualisé.

L’histoire d’Haïti est truffée d’ambiguïtés : le devoir de mémoire serait à la fois pris dans les filets du silence, de l’excès et de la manipulation.

« Même quand mon ombre est penchée
je garde la tête droite
Il ne faut jamais laisser aux morts
l’initiative de la lumière
Debout partisans ! » (Georges Castera)1

Interroger, en Haïti comme ailleurs, la mémoire et les différentes attitudes à afficher vis-à-vis d’elle, c’est aussi poser la question de la connaissance ou de l’ignorance de l’Histoire, de son enseignement et des enjeux idéologiques qui en résultent. Depuis 1847 et 1848, dates de la parution des trois tomes de l’Histoire d’Haïti de Thomas Madiou, comblant une évidente lacune dans le domaine, instruire l’haïtien de son passé est devenu une préoccupation décisive.

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En Haïti, tout repose sur un collectif-prison engluant

Jean-Durosier Desrivières vous ouvre ses archives
N°2 : Entretien avec Gary Victor

À l’angle des rues parallèles, Gary Victor • Vent d’ailleurs • ISBN 978-2911412233 • 2003.
Son roman A l’angle des rues parallèles venait de paraître chez Vents d’ailleurs (2003), quand Gary Victor était invité par l’Association pour la Connaissance des Littératures Antillaises (ASCODELA), en Martinique. Garry Serge Poteau et moi-même avions rencontré l’écrivain le plus lu en Haïti au salon de l’Hôtel Galleria, le dimanche 9 novembre 2003. C’était l’occasion d’aborder avec lui, de façon détendue, les grandes thématiques de ce roman au titre combien énigmatique et symbolique qui semble prescrire une esthétique de la dégradation et de la déconstruction des mythes de l’espace haïtien.

Garry Serge Poteau : Gary VICTOR, dans A l’angle des rues parallèles, Eric, ton personnage principal, fait un véritable carnage aux représentants de l’autorité, de l’ordre, de l’Etat, de la culture… La volonté d’en finir avec les mythes fondateurs apparaît clairement dans tes œuvres. Comment expliquer ce besoin ?
Gary Victor : Ma perception des mythes vient d’abord de mon rapport avec le quotidien haïtien.

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A propos d’un propos pseudo-philosophique

 —Par Raphaël Confiant, Ecrivain et créoliste —

 creolesDepuis que la controverse autour du projet « Humanités créoles » mis en œuvre par Bernard Alaric et quelques-uns de ses collègues inspecteurs de l’Education Nationale, projet contesté par le Ministère et qualifié de « communautariste », a pris de l’ampleur (débats télévisés, articles de presse etc…), on voit fleurir ici et là des contributions pour le moins curieuses. La plus hilarante est celle d’un collègue de B. Alaric qui se fend d’un long texte ressemblant à la dissertation d’un élève besogneux, bourrée de citations ou de références à des auteurs/des ouvrages prestigieux. Ce texte est pompeusement intitulé « A propos des humanités créoles et d’un problème plus général » et l’auteur, d’entrée de jeu, se pose « en tant que philosophe ». Il signe d’ailleurs son propos : « docteur en philosophie ». S’agit-il d’une naïveté ou d’un désir d’en imposer au vulgum peccus ? Les deux sans doute car chacun sait qu’il y a un monde entre un « philosophe » et un « professeur ou docteur en philosophie ». De même qu’il y a un monde entre un docteur en littérature et un écrivain, entre un professeur de mathématiques et un mathématicien.

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A propos des humanités créoles et d’un problème plus général

Par Pierre Zabulon

Docteur en philosophie 

creolesLes idées générales ne sont ni vraies ni fausses,

ni justes, ni injustes,

mais creuses. 

Paul Veyne

   L’examen du texte intitulé « Les humanités créoles – Séminaire des corps d’inspection de la Martinique », publié dans un numéro récent de l’hebdomadaire Antilla, appelle de ma part, en tant que philosophe, les observations ci-après qui, je l’espère, permettront d’en appréhender avec davantage d’exactitude la portée, surestimée, me semble-t-il, par ses concepteurs, qui n’ont pas hésité, pour en signifier la grandeur, à employer l’attribut « historique » ; ce qui, soit dit en passant, ne me semble pas refléter une très grande modestie.

 

Ce texte repose en effet sur plusieurs postulats ou affirmations indémontrables dont la légitimité apparaît fortement contestable – ce qui, de mon point de vue, en vicie irrémédiablement le fond .

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Contre le créolocentrisme : Frankétienne ou Edouard Glissant ?*

 

— Par Jean Durosier Desrivières,—

 

 

Le jury du 13e prix Carbet de la Caraïbe, présidé par Edouard Glissant, s’est retrouvé au soir du vendredi 20 décembre à l’Atrium de Fort-de-France, salle Frantz Fanon, pour honorer, face à un public dirait-on sélectif, la dernière parution de Frankétienne : H’éros-Chimères. Ce titre résumerait « de manière profonde et provocatrice les horreurs qui bornent nos horizons ; les tourments et les fantasmes qui peuplent l’imaginaire des humanités contemporaines ». L’auteur reçoit ce prix comme un hommage rendu à la créativité féconde du peuple haïtien qui compte tant de « guerriers de l’imaginaire ». Tout se serait joué entre mise en scène de l’artiste, proximité visible avec le jury et son « jeu/je » parfois morbide et lassant.

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Contre le créolocentrisme : Frankétienne ou Edouard Glissant ?*

 —Par Jean-Durosier Desrivières —

Le jury du 13e prix Carbet de la Caraïbe, présidé par Edouard Glissant, s’est retrouvé au soir du vendredi 20 décembre à l’Atrium de Fort-de-France, salle Frantz Fanon, pour honorer, face à un public dirait-on sélectif, la dernière parution de Frankétienne : H’éros-Chimères. Ce titre résumerait « de manière profonde et provocatrice les horreurs qui bornent nos horizons ; les tourments et les fantasmes qui peuplent l’imaginaire des humanités contemporaines ». L’auteur reçoit ce prix comme un hommage rendu à la créativité féconde du peuple haïtien qui compte tant de « guerriers de l’imaginaire ». Tout se serait joué entre mise en scène de l’artiste, proximité visible avec le jury et son « jeu/je » parfois morbide et lassant.

L’esthétique du chaos récompensée
Quelques minutes avant la remise du prix Carbet 2002 au lauréat, nous avons rencontré dans le hall de l’Atrium l’ami Frankétienne qui m’affirme être en Martinique par hasard : il ne sait même pas s’il est nominé. Gérald Delver, président de l’association Tout-Monde, amorce la soirée. Un hommage à l’écrivain haïtiano-canadien, Emile Ollivier, lauréat du Prix Carbet 1995, décédé le 10 novembre 2002, précède la déclaration solennelle de l’attribution du prix.

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« Les Césaire », La mémoire d’un peuple

— par Marianne Payot —

«Vous ferez un jour de la politique?» «Ah non, ça, jamais! Papa Aimé a assez donné.» La réponse claque, sans hésitation aucune, de la part d’Ina et de Michèle. Il est vrai qu’avec cinquante-six ans de mandat à la mairie de Fort-de-France et quarante-sept (de 1946 à 1993) à l’Assemblée nationale, Aimé Césaire a largement acquitté la quote-part républicaine de la famille. En revanche, le tribut césairien aux lettres et aux arts ne s’est pas interrompu avec le patriarche. Au contraire. Les six enfants d’Aimé et de Suzanne, dite «maman Suzy», ont tous choisi d’œuvrer dans le monde de l’esprit.

Le véritable gène familial est bien là, dans la création et non dans la politique. Et on accréditera volontiers la version selon laquelle Aimé est entré au Parti communiste par hasard, et est devenu, par surprise, maire de Fort-de-France en 1945. En fait, le credo absolu, chez les Césaire, est avant tout l’instruction. C’est maman Nini, la grand-mère d’Aimé, maîtresse femme du Lorrain, qui apprend à lire au futur poète. C’est papa Fernand, l’un des 12 enfants de Nini, arpenteur puis simple petit fonctionnaire, qui, avec sa femme Eléonore, couturière de son état, se serre la ceinture pour envoyer sa progéniture à l’école.

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Le « Nous » haïtien / Le « Nous » martiniquais ?

— Par Jean-Durosier Desrivières —

Note :
Cet article a été publié initialement dans les colonnes du quotidien haïtien 
Le Nouvelliste au cours de l’année 2001 sous le titre originel : « Une mémoire en colère ». Il est diffusé ici, pour mémoire, après de légères corrections et amputations.

Le Comité Devoir de Mémoire Martinique, sous l’égide de Médecins du Monde, a fait de l’Atrium de
Fort-de-France, le 2 mai 2001, le siège d’un colloque intitulé : « Histoire et mémoire des sociétés post-esclavagistes… ou … La révolte contre l’oubli ». C’est dans ce cadre que s’inscrit « Une mémoire en colère », la communication de l’historien haïtien Pierre Buteau, laquelle a interpellé ses pairs historiens, politiciens, professeurs d’histoire et amateurs curieux des problématiques de la région caribéenne, constituant l’humble assistance. Comment saisir les rapports que les haïtiens entretiennent avec les lieux de mémoire, avec le passé et le présent ? Telle est la question fondamentale qui, selon nous, se dégage de l’exposé du « mémorialiste ».

 

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La question du créole dans la Caraïbe francophone : querelles de chapelle en la chapelle

 — Par Jean-Durosier Desrivières

Georges Castera et Lyonel Trouillot
A Fonds Saint-Jacques

Note : Cet article-compte-rendu, légèrement modifié, a été publié dans les colonnes du quotidien haïtien Le Nouvelliste en 2001. Presque onze (11) ans après, je prends plaisir à le diffuser sur ce site, une façon de le partager à un plus large public, pour montrer que les questions liées à la langue créole en espace caribéen qui y sont évoquées, ce sont quasiment les mêmes qui alimentent actuellement le débat houleux sur la langue créole en Haïti, voire en Martinique, dans une incompréhension presque totale entre écrivains, linguistes, intellectuels et défenseurs de cette langue.
A Fonds Saint-Jacques, Centre des cultures et des arts de la caraïbe, situé à Sainte-Marie, commune du nord caraïbe de la Martinique, s’est tenu, dans le cadre d’un « Atelier de traduction et d’interprétation d’œuvres caribéennes et contemporaines », un ensemble de conférences-débats, les vendredi 20 et samedi 21 avril 2001, autour du thème : « Langue et traduction : passage, ouverture, transmission ». Sur les douze communications, les unes plus percutantes que les autres, qui ont alimenté les réflexions et réactions de plus d’un, celles de Georges Castera, « Traduire dans une langue aminorée » (le créole), et de Lyonel Trouillot, « Créole, langue réelle, langue imaginée », s’opposent à toute idéologie démagogique de la langue, et à toute démarche de technocrate se posant comme « des gourous de la langue créole ».

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