—Par Franck Johannès —
C’est un petit livre, une grosse centaine de pages, « écrites au pas de charge durant cette poignée de nuits plus calmes » de la fin de l’année. Un cri de colère, mesuré, raisonnable et passionné, dans ce style fleuri et un peu ampoulé qui est l’inaltérable marque de fabrique de Christiane Taubira. « Le temps n’est pas à l’ordinaire », rappelle paisiblement la garde des sceaux, alors qu’aucun ministre de la République, depuis Roger Salengro qui s’est tué en 1936 après l’ultime crachat au visage d’un inconnu, n’a été à ce point traîné dans la boue.
« Le temps n’est pas à l’ordinaire. Sinon l’ordinaire du malheur qui s’annonce et que l’on choisit d’ignorer », écrit la ministre dans Paroles de liberté (Flammarion, 128 pages, 12 euros), publié le 5 mars. C’est la seule qui cite encore le grand Frantz Fanon, « l’essentiel n’est pas ce que l’on a fait de toi, mais ce que tu fais de ce que l’on a fait de toi ». Les insultes, pendant le long combat du mariage pour tous l’ont grandie, mais bien sûr l’ont touchée.

Tout passe entre les griffes de Slavoj Zizek, philosophe classé à la rubrique marxiste. Il livre ici un ouvrage tout à la fois brillant, inattendu, jargonneux, et inutilement complexe.
Vient de paraître aux éditions Mémoire d’encrier le collectif Première nuit : une anthologie du désir sous la direction de la romancière Léonora Miano.
C’est au début de l’année 2005, un soir de janvier, à la galerie Léo Scheer, rue de Verneuil, à Paris. Vêtu d’un chapeau noir, avec une veste noire sur une chemise rouge, Édouard Glissant est l’invité d’un débat philosophique. Sa voix est douce, presque chantante, ses mots profonds, puissants, mais immédiatement accessibles, communicatifs. Sans détour, sa pensée pointe au vif et donne le sentiment du mouvement, dans une sorte d’élégance qui suit son chemin.
La S.I.M.A.R. s’est engagée dans un processus d’amélioration du cadre de vie des habitants et d’embellissement de son patrimoine immobilier de Dillon en réalisant des travaux de résidentialisation dans le cadre du Programme de Développement et de Rénovation Urbain (PDRU) de la Ville de Fort-de-France. La S.I.MAR. a souhaité compléter ce programme important de travaux sur les espaces extérieurs de ses résidences par une intervention d’ordre culturel et esthétique liée à l’histoire de la Cité Dillon et à la dénomination de sa voie principale, l’Avenue Salvador Allende. L’idée de base étant de mettre en relation l’implication très forte dans l’évolution de la Cité Dillon de l’ancien Maire de Fort-de-France et poète Aimé Césaire, et sa décision de rendre hommage au Président Chilien Salvador Allende, symbole de courage et de résistance, en attribuant son nom à l’axe routier central de Dillon.
La revue
L’impression, tenace, envoûtante, que la disparition d’un grand homme de lettres et d’un grand médecin, neurologue spécialiste du langage, puise à des eaux profondes, non pas seulement celles de la tristesse ou de l’accablement – non sans que l’inquiétude ne vienne à celui qui se risque à saluer la mémoire du disparu – mais de la certitude que son œuvre contenait en elle-même les racines d’un art médecine et qu’on y retrouvait une langue d’écrivain, sa musique, sa distinction, son entêtement et finalement ce qui est irréductible à tout autre, une écriture.
Le prix Femina 2013 a été décerné à la Camerounaise Léonora Miano pour La saison de l’ombre (Grasset). Ce roman raconte l’esclavage, mais du point de vue de ceux qui ont dû vivre avec le traumatisme de voir les leurs arrachés à leur amour.
Jean Metellus nous a quittés. Il était né le 30 avril 1937 à Jacmel (Haïti), il émigre en France en 1959 à l’époque de la dictature des Duvalier. Il exerçait la profession de neuro-linguiste, en même temps que ses multiples activités littéraires de romancier, poète, dramaturge et essayiste.
Le Salon international du Livre 2013 dédié à Aimé Césaire, organisé pour la première fois par le Conseil régional de la Martinique dans les premiers jours du mois de décembre 2013, a été marqué par la volonté des élus de faire de la Culture l’un des principaux leviers du développement et de la fierté des Martiniquais.
Les lecteurs d’Aimé Césaire se retrouvent dans un temps éperdu.
L’écrivain canadien d’origine haïtienne a été élu ce jeudi à l’Académie française par 13 voix sur 23. Il prend le fauteuil d’Hector Bianciotti, décédé en juin 2012.
Voici une flambée de poèmes qu’Eric Pézo a choisi de n’écrire qu’en créole, langue qu’il fait chanter, crier, pleurer, aimer comme le font toutes les langues, aimer, pleurer, crier, chanter. Lasotjè… Ce titre parce que, pour l’auteur, le créole est tel un jardin qu’il convient sans cesse d’arroser pour qu’il fleurisse et résiste aux secousses des vents qui le menacent.
Albin-boulanger nous procurait notre pain quotidien ; mais si l’on fait la part entre son métier qu’il exerçait avec conscience et le reste, il n’avait montré qu’un seul don dans sa vie, celui de disparaître. 
On affirme souvent, à juste titre, qu’il n’y a pas une règle fixe pour l´acceptation d´une œuvre par le public dans l´art et la littérature. Il n´est pas rare qui est célèbre rapidement après son apparition, tombe quelque temps plus dans l´oubli, comme cela peut aussi arriver avec celui que presque personne ne remarque quand il crée et, plus tard, il est reçu en fanfare. Il y a des pièces qui se maintiennent durant des siècles comme monuments, qui sont appelés des classiques, et d’autres qui souffrent en alternance des hauts et des bas après leur appréciation.
Je connais peu de gens comme Mirta Yañez, dotées d’une polyvalence, d’un sérieux et d’une rigueur intellectuelle peu communs. À la lecture de sa vaste œuvre pour adultes ou de ses essais sur des sujets les plus ingrats, on pourrait imaginer que c’est une personne cultivée, intransigeante, quelque peu étrangère au monde normal, et non cette femme pleine d’énergie, d’humour, d’originalité et d’amour pour les animaux et les êtres les plus démunis en général.
Le poète haïtien Jean-Durosier Desrivières signe aux éditions « Le teneur » un magnifique recueil de poésies, préfacé par Roger Toumson et illustré par l’artiste-peintre Bernard Thomas-Roudeix.
Ce sont les poètes qui font la poésie et non les langues, quelles que soient les langues. La langue créole ne fait pas exception. Ce n’est pas parce qu’elle a été très longtemps reléguée, envoyée se faire parler et entendre ailleurs, qu’elle devrait forcément chercher à faire société conforme pour avoir la poésie fréquentable. Cette langue ne se sera pas émancipée à force d’imagination et de créativité, de déboulements et de détours, pour s’emprisonner dans un quelconque académisme, fût-il « Tan-nou »… national et populaire.