Catégorie : Littératures

Les poèmes sont des gros cochons, la poésie est une grosse truie

de Benoist Magnat  

–Haïti février 2013–

 

-La pieuvre sexuelle-

 

Les gros nichons sont octopus – ils attirent le regard – vous ne vous en remettez pas – en dérive totale – les îles de vos yeux s’engloutissent – confiture de baise – les volcans chauffent la cheminée – le magma se rue vers la surface – il n’y a pas moyen d’arrêter tout ça – pour le moment seulement – Une tape sur les doigts ou sur le regard risque de tout bouleverser – on rentre sa « chose » comme les cornes d’un escargot et tout semble redevenir normal.

De fines jambes avec un en-bout de derrière bien potelé réveillent la machine – je crois entendre la mélasse s’étendre sur la crêpe – on sourit d’une envolée ou d’une partie de jambes en l’air – pour le moment c’est seulement dans l’air – on suit des yeux cette excitation mobile – on met allume-cigare en connexion – on se vidange le disque dur par des images rafraîchissantes – un coca pétillant avec une paille – une montée d’escaliers voluptueuse – un raclement de la gorge pour signaler votre existence à l’allumeuse de réverbères.

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Fanon, mauvaise conscience des Antilles

Par Michel Herland. À propos de Frantz Fanon et les Antilles, un livre d’André Lucrèce.

Publié en 2011 pour marquer le cinquantenaire de la mort de Frantz Fanon (né en 1925, décédé prématurément en1961), ce livre petit par ses dimensions mais bel objet (par son papier, sa typographie, sa couverture à rabats), et bien écrit, a surtout le mérite de poser quelques bonnes questions (1). La préface annonce la couleur : « En quoi la mise à l’écart de la pensée fanonienne et la promotion du discours-monde constituent-elles une possibilité offerte à l’homme antillais de prendre la mesure du monde et de se défaire des formes d’aliénation moderne ? » (p. 19).

Le premier chapitre du livre rappelle opportunément combien chez Fanon la théorie était inséparable de l’action. Quand il s’intéressait aux névroses de l’homme noir ou du combattant algérien, il savait exactement de quoi il parlait pour avoir reçus ces hommes en tant que patients, pour les avoir soignés. Et de même sa connaissance de la révolution algérienne était-elle directe, intime puisqu’il en était lui-même l’un des acteurs. Intellectuel atypique à cet égard, chez Fanon l’engagement ne se limitait pas à la publication d’écrits non-conformistes ou à l’addition de sa signature au bas d’un manifeste.

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Rencontre littéraire autour de ‘L’empreinte à Crusoé »

 

 Mercredi 16 janvier 2013 – 18h30 – Bibliothèque Schœlcher

 

La Bibliothèque Schœlcher vous invite à la rencontre entre l’auteur Patrick Chamoiseau, le sociologue Serge Domi et l’écrivain Alfred Alexandre autour de « l’empreinte à crusoé » et de la thématique qui s’en dégage.

 

Résumé :

Robinson Crusoé vient de passer vingt ans de solitude dans son île déserte. Il a dû reconstruire son équilibre. C’est avec fierté, celle d’avoir soumis l’île à sa domination, qu’il entame ce matin-là une promenade rituelle sur la plage où il avait mystérieusement échoué il y a tant d’années. C’est alors qu’il découvre l’inconcevable : dans le sable, une empreinte. Celle d’un homme. Passé l’affolement, puis la posture agressive et guerrière, le solitaire s’élance à la recherche de cet Autre qui lui amène ce dont il avait oublié l’existence : l’idée même de l’humain.

Commence alors une étrange aventure qui le précipite en présence de lui-même et d’une île inconnue jusqu’alors.

 

Mercredi 16 janvier 2013 – 18h30 – Bibliothèque Schœlcher

 

 

Cordialement,

 

Dominique CATHERINE

Chargée de communication – Bibliothèque Schoelcher

Tél : 05 96 55 68 45

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Biennale Internationale du Livre Créole

Poster-Tabou

A l’instigation du sociologue Hector Elisabeth, président de l’Association des Amis de la Bibliothèque Universitaire (AABU), et de l’écrivain Raphaël Confiant un salon du livre, qui portera le nom de Biennale Internationale du Livre Créole se tiendra à la Martinique en décembre 2013. En effet, si la Martinique est réputée à travers le monde pour être une terre d’écrivains et de penseurs, si malgré son exiguïté, elle possède une place sur la carte du monde, cela grâce à des auteurs d’envergure internationale tels qu’Aimé Césaire, Frantz Fanon ou encore Edouard Glissant, elle ne dispose pas à ce jour de salon du livre pérenne, ce qui est un paradoxe. Avec l’appui de la Bibliothèque Universitaire du campus de Schœlcher, de bibliothécaires, d’éditeurs et d’écrivains du cru, cette Biennale a pour objectif premier de valoriser le livre dans toutes ses déclinaisons et pas uniquement le livre de littérature. C’est dire qu’ouvrages d’économie, d’histoire, d’anthropologie, de sociologie, de psychologie, de sciences exactes et naturelles etc. seront mis à l’honneur aux côtés des ouvrages littéraires.

Ouverte sur toutes les diversités du monde (d’où l’expression « créole »), elle ne se cantonnera pas non plus à la Martinique, mais à tous les pays créoles et à leurs diasporas en Europe et en Amérique du Nord.

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La pan-créolité ou la dynamique d’une identité créole internationale. Le rôle des grandes capitales

par Rodolf Etienne

 

Introduction

  Poster-Tabou
 

L’exposé qui suit s’inscrit en droite prolongation des arguments énoncés en préface de l’ouvrage Les Indes/Lézenn, traduction créole de Les Indes d’Edouard Glissant, publié en version bilingue français/créole, aux Editions « Le Serpent à Plumes » en septembre 2005.

Il s’attache à démontrer le rôle des grandes capitales dans la pleine valorisation de l’identité pan-créole.

Un peu d’histoire

En soi, l’affirmation d’une volonté pan-créole n’a rien de nouveau. En 1950 déjà, pour parler de la Martinique, le créoliste Gilbert Gratiant auteur de Fab Compè Zicaq (Désormeaux. 1976) affirmait sa volonté (son rêve !) de voir un jour « tous les créoles du Monde réunis ». Plus tard, à la suite de Gilbert Gratiant (qui n’a d’ailleurs jamais cessé d’être un militant pan-créole), la pan-créolité et les réflexions qu’elle soutient ont mobilisé de nombreux créolistes, engagés dans des études avisées en matière d’identité créole.

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Spinoza sé ta nou tou

  Poster-Tabou
 

Par Georges-Henri Leotin, président de Krèy Matjè Kréyol Matnik

A propos du livre de Roland Davidas, « Que peut le corps des Antillais ? » , éd. Gawoulé

Le livre de Roland Davidas « Que peut le corps des Antillais ? » est un ouvrage proprement extra-ordinaire. Il existe bien-sûr un très grand nombre d’introductions à la lecture de Spinoza, et un nombre encore plus considérable d’études sur cet immense auteur. Ici, avec Davidas, c’est Spinoza qui parle, et qui s’adresse… aux Antillais! Pour leur dire quoi ? Le mieux est sans doute encore de laisser parler Spinoza, ou plutôt de laisser Roland Davidas faire parler Spinoza : « Les Antillais ont tendance à contempler autre chose qu’eux-mêmes ainsi que leur puissance d’agir. Ils ont tendance à contempler leur Impuissance, leur Bassesse, leur complexe d’infériorité, leurs Superstitions ainsi que leurs pouvoirs imaginaires.(…) Ils ne se conçoivent pas comme des Sujets autonomes, actifs et responsables.(…) Doutant d’eux-mêmes et de leur puissance, les Antillais ont tendance à imiter les affects des Autres. Ils sont prompts à s’identifier à l’Autre. Or, cette imitation et cette identification affectives génèrent des passions tristes, telles que l’Envie, la Jalousie ou la Haine imaginaire » (pp.5 à 7).

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Ecrire à l’hôpital, l’échappée belle

Par VÉRONIQUE PITTOLO Ecrivaine

Poster-Tabou

Je travaille à l’Institut Gustave-Roussy (IGR) depuis 2007, afin de favoriser la créativité des patients atteints de cancer par une pratique soutenue d’écriture. Il s’agit de restaurer l’estime de soi, d’inverser la spirale de l’échec.

Aujourd’hui, l’hôpital s’ouvre à des dimensions qui dépassent le soin, l’enseignement, la recherche. Sous des formes multiples – arts plastiques (1), musique, littérature, théâtre -, une pratique créative dans un espace qui n’est pas dévolu à l’art permet d’améliorer le bien être des patients. C’est aussi une manière subtile de combattre la maladie, de s’engager dans une aventure modeste qui crée du lien. Ma participation, d’abord en pédiatrie, s’est développée ensuite avec les adultes du service d’innovation thérapeutique.

Maladie longue et éprouvante, le cancer fait alterner des périodes de rémission et d’espoir. Dans une vie médicalisée, la pratique artistique permet d’ouvrir une brèche. Si la maladie parasite l’existence, la création propose des pistes de liberté. Le rôle de l’écrivain et la mission de l’hôpital peuvent se rejoindre lors de moments privilégiés, à l’atelier d’écriture fonctionnant comme un laboratoire de création au jour le jour.

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C’était un homme

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953

Par Michel Lercoulois.

 

Comiques du vieillard les sourcils broussailleux

Les bouquets de poils aux nasaux les yeux chassieux

Les cheveux clairsemés et la bouche édentée

Les crevasses les rides le souffle coupé

Le ventre débordant les muscles affaissés

La chair flasque et triste des dernières années

Le chef qui ploie le dos de plus en plus vouté

Le pied qui accroche à peine se soulève

Marche hésitante maladroite inquiète

D’avance fatigué et si découragé

 

À quoi bon se dit-il s’efforcer davantage

Toujours recommencer d’éternelles corvées

Il a tout essayé à chaque fois échoué

Naïveté qui ne sied plus à son grand âge

Il ne regrette pas les illusions d’antan

Mais ce qu’il eut jadis de force et de courage

Les élans stupéfiants du sexe vigoureux

Le rire des filles qu’il tenait enlacées

 

La vie était légère et le plaisir frivole

Il attend maintenant que son âme s’envole

Prêt pour le néant ou pour le souverain bien

De son corps épuisé il n’espère plus rien

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Daniel Boukman , un héros martiniquais

par Raphaël Confiant,

 

J’ai rencontré l’écrivain martiniquais Daniel Boukman en Algérie, en 1974, lorsque, comme bon nombre de jeunes étudiants antillais de cette époque, j’avais décidé de tout larguer pour rejoindre le rêve de la Révolution algérienne alors dirigée par le président Houari Boumédienne. Avant moi, il avait accueilli, d’une année sur l’autre, des Martiniquais, des Guadeloupéens, des Guyanais, quelques Haïtiens même.

Une décennie venait de s’écouler après l’indépendance de ce pays (1962) au terme d’une guerre de libération sanglante de huit ans qui avait vu périr un million d’Algériens. Je me souviens de l’arrivée du ferry, à bord duquel j’avais embarqué à Marseille, dans la rade d’Alger la Blanche, et, dans le lointain de cette fin d’après-midi d’octobre, la Casbah et ses demeures mauresques qui surplombaient orgueilleusement la ville européenne. Au contrôle douanier, à la rudesse plutôt des douaniers envers les nombreux immigrés algériens qui rentraient au bled pour de courtes vacances, immigrés qui faute d’argent avait voyagé sur le pont, je compris que quelque chose clochait. Avec moi, les douaniers se montrèrent chaleureux, le souvenir de Frantz Fanon étant encore dans toutes les mémoires.

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Le 10e Prix Edouard Glissant (2012)

 

L’université Paris 8, en partenariat avec l’Institut du Tout-Monde et la Maison de l’Amérique latine, a créé en 2002 le Prix Édouard Glissant pour honorer une œuvre contemporaine en affinité avec l’esprit du poète et philosophe de la Relation. Le Prix est décerné chaque année par un comité scientifique. Il est remis officiellement au lauréat lors d’une journée organisée autour de son œuvre. Une bourse d’étude de 5000 € est attribuée, dans ce même esprit, à un(e) doctorant(e) de l’université.

Le 10e Prix Glissant (2012) a été décerné exceptionnellement à deux créateurs: l’artiste photographe Anabell Guerrero et l’écrivain Michaël Ferrier.
La Bourse a été attribuée à Hiroshi Matsui pour son projet de thèse de doctorat « Deux cartographies de la relation (Aimé Césaire, Kateb Yacine, Édouard Glissant) »
Anabell Guerrero, vénézuélienne, vit à Paris depuis 1986. Elle a entrepris une enquête sur les lieux de la découverte de l’Amérique dans le journal Le Monde, qu’elle exposa en 1992 sous le titre « Introuvable Amérique ». Elle a été photographe du Parlement international des écrivains. Elle renouvelle le regard sur l’exil, les migrations, la vie à la frontière, l’entre-deux-mondes, dans les séries: Les Réfugiés (1998), Totems (2001), Aux Frontières (2002), Voix du Monde (2004) et Cité fragile (2009).

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L’argent de la phobie anti-immigrés

Par Catherine Simon

 

Contrôler les migrants étrangers, les enfermer si nécessaire, surveiller les frontières par tous les moyens : on n’a rien inventé de plus profitable ni de plus efficace au cours des dernières décennies. Vous sursautez ? Vous avez tort.

En termes de profit et de marketing politique, les migrants sont une excellente affaire. C’est ce que démontre cet essai percutant, précisément documenté et qui se lit sans peine. Les sociétés privées de sécurité, tout comme l’industrie de l’armement, ont su, très vite, occuper le créneau. Ainsi, l’entreprise multinationale G4S, dont une partie de l’activité est consacrée à la « gestion » de l’immigration (celle de centres de détention du Royaume-Uni notamment), emploie aujourd’hui près de 650 000 personnes.

Quant aux fameux drones, ces avions sans pilote, ils sont utilisés, depuis le milieu des années 1990, à des fins non militaires – en particulier pour la surveillance des frontières. Celle séparant les États-Unis et le Mexique a été la première, en 2005, à « bénéficier » des services d’un drone, le modèle Predator B, de la société General Atomics.

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Rumeurs d’îles : La poésie vers de nouveaux horizons


Jo Ensfelder

par Rodolf Etienne
Jo Ensfelder, comédien, poète, passionné de littérature, après « Solitude cannibale », nous revient avec un nouveau recueil de poésie inspiré par les Haïkus japonais. Une inestimable douceur à consommer sans modération…
Peut-on imaginer plus douce littérature que celle qui, plus que des mots, charroie des humeurs en autant de correspondances que l’âme peut en supporter ? Peut-on imaginer plus douce musique que celle qui parle à l’âme, lui sussurant à l’oreille des douceurs tellement belle qu’elle ne saurait y résister. Peut-on, enfin, imaginer, l’aurore primordiale comme un beau pays rêvant au soleil ? Oui ! On le peut ! Jo Ensfelder, avec ses 49 Haïkus, tirés du recueil « Rumeurs d’îles », nous convie à une quasi initiation, tout au moins à une élévation de l’esprit, de l’imaginaire et de l’âme tout ensemble. Écoutons plutôt : « La mangue. Sa dévorante couleur. Patience de l’arbre. Pluie de carême. Une fleur dans la boue. Son parfum intact… » Musique des mots, pulsions de terre, rumeurs de vague, déboulante de tendresse, d’harmonie comme une avalanche d’amour sur le cœur assoiffé.

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Que l’espérance demeure

de Wébert Charles et Denise Bernhardt

Poèmes à quatre mains, publiés aux Editions du Vert-Galant.

 Par Jeannine Dion-Guérin*

De la Société des Poètes Français

 

 

Il y a, dans la chair des Haïtiens, une blessure ouverte indéfiniment empêchée de se refermer. Poétesse française et femme de cœur, Denise Bernhardt tente de s’en approcher en établissant avec les artistes, un dialogue à long cours sur le mode sensible qui lui appartient, grâce à un échange continu avec ces îliens, riches de courage et d’endurance.

En Haïti, « on parle dans la démence » et « c’est aussi simple que se laver les mains » dit Wébert Charles.

Or chacun possède sa propre « démence », qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs, et le devoir de s’y atteler :

« Libérés de nos chaînes/ Et de la malédiction/ Du temps des Origines. » D. Bernhardt

C’est ce que tenteront W Charles , natif de Port-au-Prince et D B qu’une meilleure providence a fait naître à Cannes, par le biais de poèmes à quatre mains, publiés par le Vert-Galant, sous la forme d’un livre soigné et prometteur de résilience : « Que l’espérance demeure ».

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« Mon interlocuteur »

— par Térèz Léotin —

Marguerite Donnadieu, Aurore Dupin, Françoise Gourdji, François Marie Arouet, Henri Beyle, Louis-Ferdinand Destouches, Isidore Ducasse, André Pétricien, André Pierre-Louis, Jean-Baptiste Poquelin, Frédéric Louis Sauser, sont les noms d’état civil d’auteurs français connus. Cependant pour leurs activités d’écriture, ces noms ne figurent que dans leur biographie, et beaucoup parmi nous les ignorent parce que Marguerite Duras, George Sand, Françoise Giroud, Voltaire, Stendhal, Céline, Lautréamont, Tony Delsham, Monchoachi, Molière, Blaise Cendrars, sont respectivement leur nom de plume.
Vous viendrait-il à l’idée de débaptiser Françoise Giroud en la renvoyant à son nom d’état civil Gourdji ? En feriez-vous de même pour Marguerite Duras (Marguerite Donnadieu), George Sand (Aurore Dupin), Stendhal (Henri Beyle), Voltaire (François Marie Arouet), Tony Delsham (André Pétricien), Monchoachi (André Pierre-Louis), Molière (Jean-Baptiste Poquelin), Céline (Louis-Ferdinand Destouches), Lautréamont (Isidore Ducasse), Blaise Cendrars (Frédéric Louis Sauser) ? Ou même Johnny Hallyday l’appelleriez-vous Jean-Philippe Smet ? Refuseriez-vous à Jacques Delmas son nom de résistant Chaban, comme vous vous êtes entêtez à le faire pour Boukman ?
Le droit français admet l’usage d’un pseudonyme. Il est même possible que celui-ci figure sur la carte d’identité à côté du vrai nom.

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L’écrivain-chamane

 par Yann Garvoz

Auteur du roman Plantation Massa-Lanmaux, aux éditions Maurice Nadeau

  

L’ouverture de l’exposition Les Maîtres du Désordre, au musée du Quai Branly (11 avril-29 juillet), accompagnée de rencontres, conférences, projections et programmes radio (émission Tout un Monde sur France Culture, les 10 17 et 24 avril) est venue consacrer le chamanisme comme un concept dans l’extension duquel pouvaient se croiser de nombreuses tendances, aspirations et réflexions de notre époque. L’écrivain a son tour peut y trouver de quoi penser sa pratique, et aussi un appui pour étendre son exploration du champ de l’expérience humaine sous un nouveau paradigme.

Après avoir été négligés par l’anthropologie structuraliste des années 1970, les rituels africains, asiatiques, nord ou sud-américains, de possession et de communication avec un autre monde, ont retrouvé la faveur des chercheurs, mais aussi celle du public occidental — au point qu’un “tourisme chamanique” se développe, plus ou moins naïf, plus ou moins respectueux, plus ou moins dévoyé.

Que vont chercher ces occidentaux, dans les cérémonies gabonaises associées à la prise d’iboga, ou au festival des “divinités noires” (vaudous) du Togo, ou lorsqu’ils vont quémander leur adoption par des plantes totémiques en Amazonie (le vaudou haïtien semblant hors d’atteinte actuellement) ?

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Lire avec des yeux de peintre

Par Thierry Clermont

 

De tout temps, les artistes ont interprété les œuvres des écrivains et des poètes.

Peinture et littérature ont toujours fait bon ménage. Que l’on songe, pour le seul XXe siècle, aux couples contemporains formés par Balthus et Rilke, Magritte et Mallarmé, Matisse et Aragon, Zao Wou-ki et Michaux, Chagall et Cendrars pour ne citer qu’eux.

René Char, qui s’était lié d’amitié avec Nicolas de Staël, voyait dans les peintres les «alliés substantiels» des poètes. Sans compter ceux qui ont pratiqué les deux arts: de Michel-Ange à Picabia en passant par Byron ou Hugo.

Ces rencontres croisées, parfois à plusieurs siècles de distance, ont donné de purs chefs-d’œuvre, où l’image non seulement commente ou illustre, mais sublime le texte, en apportant une vision singulière à l’œuvre écrite. Quelques illustrations cardinales des grands classiques:La divine comédiede Dante interprétée par Botticelli puis par Gustave Doré (lequel avait magnifié Pantagruel et Gargantua), Les Fleurs du mal revisitées par Delacroix, Courbet, Cézanne, Félicien Rops… et opus mixtum entre tous: Les Fablesde La Fontaine qui ont inspiré depuis trois siècles Boucher, Fragonard, Oudry, Chagall… et plus récemment Foujita, Dali ou Leonor Fini, la muse italienne d’André Pieyre de Mandiargues.

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Scholastique Mukasonga, Renaudot surprise pour un cri contre l’oubli


  La rwandaise Scholastique Mukasonga, écrivaine rescapée du massacre des Tutsis, a été couronnée mercredi par le prix Renaudot pour « Notre-Dame du Nil » (Gallimard), a annoncé le jury. (c) Afp

PARIS (AFP) – La Rwandaise d’origine tutsi Scholastique Mukasonga, hantée par le spectre du génocide de 1994 où périt sa famille, a reçu mercredi un Renaudot surprise pour son implacable « Notre-Dame du Nil » (Gallimard), devenant le cinquième auteur africain lauréat de ce prix convoité.

La romancière d’expression française figurait dans la sélection de printemps du Renaudot mais avait été écartée par la suite. Elle a obtenu 6 voix au 10e tour de scrutin. Valessis Alexakis et Philippe Djian, absent lui aussi des finalistes, ont aussi obtenu des suffrages.

Née en 1956, Scholastique connaît dès l’enfance les persécutions et les humiliations des conflits ethniques qui agitent son pays. Sa famille est déplacée dans une région insalubre. En 1973, elle s’exile au Burundi puis en France en 1992, deux ans avant le début des massacres qui ont ensanglanté son pays.

Près de 30 membres de sa famille, dont sa mère, ont été assassinés en 1994.

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Le Goncourt sacre Jérôme Ferrari


Jérôme Ferrari a été couronné, mercredi 7 novembre, par le prestigieux prix Goncourt pour son roman Le Sermon sur la chute de Rome (Actes Sud), qui fait d’un bar corse l’épicentre d’une fable superbe sur les espérances déçues, les frustrations et l’inéluctable fugacité des mondes. Le lauréat, en lice pour la plupart des prix littéraires cette année, a été choisi au deuxième tour.

Jérôme Ferrari a affirmé avoir ressenti « comme une chute de tension qu’on peut considérer comme une définition correcte de la joie ». « Je suis heureux, notamment pour la maison qui me soutient depuis sept ans dans des conditions qui n’ont pas toujours été aussi favorables. Je n’ai pas encore mesuré ce que c’est », a-t-il déclaré. « Vous savez que Barack Obama a été élu aujourd’hui, vous ne manquez pas un peu de sens de la hiérarchie ? », a-t-il également lancé dans un sourire aux dizaines de journalistes qui l’assaillaient de toutes parts. Son ouvrage a jusqu’ici été vendu à près de 90 000 exemplaires, selon Actes Sud.

SOUFFLE DES SERMONS ANTIQUES

Né en 1968 à Paris, Jérôme Ferrari est professeur de philosophie et conseiller pédagogique au lycée français d’Abou Dhabi depuis la rentrée, après avoir enseigné au lycée international d’Alge,r puis au lycée Fesch d’Ajaccio.

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Autiste, un poême de Patrick Mathélié-Guinlet

 

Je ne vois rien

mais ne suis pas aveugle…

Je n’entends rien

mais je ne suis pas sourd

ni muet, pour autant

je ne dis rien

mais n’en pense pas moins…

Et ce monde où je vis,

où je me réfugie,

certes vaut bien le tien !

Tu parles de folie

quand tu ne comprends rien…

Mais c’est la jalousie

qui fait parler ainsi

lorsque ta vie tu rêves

et que souvent t’en crèves

des rêves inassouvis

alors que j’ai choisi

de vivre dans les miens

que j’aime à la folie !

Change donc ton regard

car mon indifférence,

en fait, à ton égard

est juste une apparence,

plutôt ma différence

et d’or est mon silence…

C’est pas une maladie,

différent je le suis,

mais on peut être amis

dans un monde enrichi

si, au lieu de rejet,

vient un peu de respect.

Lors, à bon entendeur

si tu ouvres ton cœur,

l’autiste te salue…

 

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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La rentrée littéraire en Guadeloupe : un album pour les jeunes.

par Scarlett JESUS, critique d’art.
Marielle PLAISIR :
« Les longues nattes de POÉTICA »
Editions JASOR, octobre 2012.

  Poética est une bien étrange petite fille. Une petite fille différente de tous les autres enfants.
C’est en réalité une fille-fleur rêveuse. Elle s’est créée un monde dans lequel elle détient des pouvoirs magiques. Et cela, grâce à une chevelure hors du commun. Deux longues, très longues nattes capables d’agir comme un être vivant.
Les illustrations de Marielle PLAISIR nous introduisent dans le monde poétique de son personnage. Le surnom qu’elle lui attribue est en étroite correspondance, à travers le déroulement de ses quatre longues syllabes, avec les volutes et arabesques sinueuses de ses nattes noires. A l’image du monde imaginaire dans lequel l’enfant se réfugie, c’est un motif végétal, celui de la liane, qui va être utilisé pour représenter ces nattes exubérantes. Dans le même temps, la délicatesse du tracé renvoie à la fragilité de l’enfance, symbolisée par la fleur. Celle que tient Poética, ou celles qui parsèment le récit au fil des pages. Ou encore celles qu’évoquent les robes-corolles de la fillette, tantôt bleue tantôt rouge orangée comme un coquelicot.

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Dans quel état j’erre à la Bibliothèque Schoelcher !

— par Marie-France Sissoko —

Bibliothécaire de mon état, en vacances dans mon île natale, je décide d’inscrire ma sœur à la bibliothèque Schœlcher.

Ce splendide bâtiment emblématique de la ville de Fort-de-France, cité dans tous les guides touristiques me réserve une immense déception.

Après avoir admiré la partie ancienne, je pénètre dans « la verrue » plus récente de la bibliothèque. Quel désappointement !

 Un lieu quasiment vide, suranné, quelques lecteurs désœuvrés…
Une section « études » rappelant l’époque la plus rébarbative des bibliothèques.  La section « jeunesse » : une salle encombrée, un mobilier vieillot, une mobilité sûrement très réduite pour les « ti-moun » qui fréquenteraient l’établissement (mais je n’en ai vu aucun !). Pas de secteur audiovisuel, donc ni prêt de CD ni prêt de DVD ! Pas d’espace numérique (aujourd’hui une des premières causes de fréquentation des bibliothèques).

Il semblerait que la politique d’acquisition des collections soit réduite à sa plus simple expression : peu d’ouvrages récents, aucune mise en  valeur des collections. Des vitrines désuètes dans lesquelles sont présentés des livres écornés, abimés.

Dans le jargon bibliothéconomique on parle de « désherbage ».

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Le deuil de l’été

 

Philippe PILOTIN

-C’est un 20 septembre que l’été rend toujours l’âme

Et que l’automne nous prive ainsi de sa flamme.

Cette triste nouvelle jette instantanément un froid

Que le temps devient triste et maussade à la fois.

La période de deuil dure environ six mois.

Octobre fait grise mine et se demande pourquoi.

Le thermomètre affiche un moral proche de zéro

Et ne peut cacher son amertume sous un sombréro.

Les feuilles pour manifester toute leur compassion

Errent ça-et-là dans un interminable tourbillon

Sous l’effet d’un vent glacial venu loin d’ailleurs

Pour ne point rater l’heure du sermon salvateur.

Les champignons armés de parapluies multicolores

Composent en maître de l’art le tout nouveau décor

Virant tantôt au jaune tantôt au rouge via le marron

Attirant ainsi l’œil aguerri des ramasseurs en action.

Les six précieux numéros du cadran de l’horloge

Au grand dam du désespoir ne lui font aucun éloge.

En lieu et place de l’habituelle minute de silence,

Ils affichent une heure de moins en signe de doléances.

Le roi soleil n’arbore plus son éclatant sourire de délice

Et dame nature abasourdie se pare du teint de la jaunisse.

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L’île-aux-Chiens, un émouvant récit de vie

Par Laurence Aurry —


 L’île-aux-Chiens est un beau roman de Michel Dural. L’île-aux-Chiens est une petite île de l’archipel de Saint Pierre et Miquelon. C’est là, en 1914, que débute le récit. Dans toute la première partie du roman, un récit au passé, raconté sous la forme d’un journal par un narrateur omniscient, nous permet de suivre Angélique. Elle vient d’épouser Etienne Lamour, elle porte son enfant et elle attend avec angoisse et impatience son retour du front. Elle mettra au monde un petit garçon, Pierre, dont nous observons les premiers pas jusqu’en 1918, date de son départ pour la Bretagne. L’écriture sobre et précise nous donne à voir avec force cette époque révolue et ce lieu étrange de ces colonies d’outre atlantique. Elle nous donne surtout à pénétrer dans des consciences déchirées par les préjugés, l’abandon et le désespoir. Toute cette première partie nous offre un récit bouleversant où les personnages sont saisis de plein fouet par le malheur et l’acharnement du destin, comme si le « Barber », ce terrible vent canadien qui gèle tout ce qu’il touche, prenait plaisir à les tourmenter.

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Flagrant malaise dans la littérature…


— Par Robert Berrouët-Oriol —

Linguiste-terminologue

Montréal, le 28 mai 2012

Défaillance,   dérangement, désagrément, désarroi, éblouissement, embarras… On dispose d’une ample récolte de synonymes pour exprimer la notion de ‘’malaise’’. À la suite des textes publiés ces trois derniers mois, sur différents sites et journaux, par de jeunes poètes haïtiens et qui illustrent l’actuel malaise dans la littérature, voici que paraît aujourd’hui, sur le site Potomitan, la  »Lettre ouverte à un poète que j’apprécie : Georges Castera »1. Cette nouvelle lettre ouverte porte la signature du poète Anivince Jean-Baptiste et elle est d’abord parue sur le site Haïti News 2000. Le document que publie aujourd’hui Potomitan m’a été aimablement acheminé, hier, par le jeune poète Claude Sainnécharles.

Dans le champ littéraire haïtien, cette nouvelle interpellation publique des écrivains ‘’aînés’’ par les jeunes poètes mérite une attention critique et elle intervient en écho à la nécessaire et rigoureuse appréciation de la gestion autocratique et préjudiciable de l’extraordinaire activité dénommée ‘’Étonnants voyageurs – Haïti’’ déjà mise en cause publiquement. Au jour d’aujourd’hui, les responsables de ‘’Étonnants voyageurs – Haïti’’ n’ont pas consenti à répondre avec hauteur de vues et de manière responsable aux jeunes poètes haïtiens sur certaines questions de fond qu’ils ont courageusement soulevées.

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Controverse cubaine entre le tabac et le sucre

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Fernando Ortiz le père du concept de « transculturation »

 


« Eblouissant ». Quel est ce livre « éblouissant » dont parle Charles Dinje, chargé de la Page Livres de l’Amateur de Cigare (mars-avril 2012, 6,50 euros), la bible du cigare ? Un roman inédit, un livre pratique sur le havane, un beau livre sur Cuba ? Non. D’une œuvre majeure du grand anthropologue cubain Fernando Ortiz, parue en 1940 et traduite pour la première fois en français !

Ce livre « éblouissant », s’il n’est pas un livre de plus sur le cigare ou le tabac, étudie de manière magistrale, comme personne ne l’a fait, le tabac (tabaco) à Cuba, en le considérant avec le sucre comme composantes de l’identité cubaine. Il est un livre fondamental pour comprendre le cigare cubain, dit-on chez les aficionados a los habanos. D’où la chronique de Charles Dinje.

Controverse cubaine entre le tabac et le sucre de Fernando Ortiz (La Havane, 1881-1969) est la traduction de Contrapunteo cubano del tabaco y el azucar, paru pour la première fois à Cuba en 1940 et réédité (augmenté) par le Consejo nacional de Cultura en 1963 (La Habana, 540 p, avec une introduction de Bronislaw Malinowski, datée Yale University, julio 1940).

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