Catégorie : Littératures

Drôle de genre ou Le dieu masqué

par DÉGÉ

Andromède Tamara de Lempicka Intéressant pour le moins L’Esclave de Michel Herland par ses thématiques et sa construction : d’un chapitre à l’autre l’auteur nous propulse d’un  narrateur à l’autre, d’un siècle à l’autre. De 2009 à 2114. Roman de science fiction donc ? Pas vraiment car nul futurisme dans les descriptions, les dialogues, les idées… Bien au contraire. Est-ce parce que, l’Asie ayant pompé toutes ses richesses, l’Europe à genoux est soumise aux Sarrazins ? L’ambiance est orientale et moyenâgeuse. Le calendrier grégorien étant remplacé par l’hégirien : en 2114 (1538), nous sommes au 16ème siècle ! Une régression dans le futur.

Au début on se dit : « Originaire du sud de la France, universitaire, M. Herland épouse les thèses du FN pour mieux les écraser… » Mais non. Fausse piste. Politique fiction oblige, les Musulmans ont triomphé. Après leur Reconquête, leur civilisation perdurera au-delà du XXIIème siècle. La prophétie lepéniste s’est réalisée.
Les Chrétiens, condamnés à l’artisanat (qu’il soit agricole, avec les corvées, politique, dans la votation à mains levées, religieux à travers des pratiques clandestines un tantinet dégradées voire réac., etc.), les Chrétiens donc, solidaires par nécessité, s’entredéchirent par nature.

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Irrésistibles afropolitains

— Par Catherine Simon —
adichie2Quel est le rapport entre un sparadrap « couleur chair », une soirée à la librairie parisienne L’Humeur vagabonde et une canne en bois, baptisée Mormegil, alias « noire-épée, dans la langue de Tolkien » ? La littérature, bien sûr. Plus précisément, une nouvelle vague made in diaspora, incarnée par de jeunes écrivains d’origine africaine, de langue anglaise le plus souvent, et qui vivent (presque) indifféremment, aux deux (ou trois) extrémités de la planète.

Née au Nigeria, Chimamanda Ngozi Adichie, 37 ans, partage son temps entre Chicago et Lagos ; natif du Ghana, Nii Ayikwei Parkes, 40 ans, navigue entre Londres et Accra ; quant à Olufemi Terry, 42 ans, né en Sierra Leone, il se trouve présentement en Allemagne, après avoir grandi au Nigeria, au Royaume-Uni et en Côte d’Ivoire. Le terme d’« afropolitain » (clin d’œil à leur éclectisme cosmopolite), inventé en 2005 par la romancière Taiye Selasi, leur va bien. Eux-mêmes s’en contrefichent. Comme on dirait ici, qu’importe le flacon…

Dans son nouveau roman, le formidable Americanah, à paraître début 2015 chez Gallimard, Chimamanda Ngozi Adichie met en scène une jeune émigrée nigériane de Philadelphie, Ifemelu, qui, entre autres activités, tient un blog.

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Misyé Tousen : an transbòdaj « Monsieur Toussaint » Edwa Glisan

monsieur_toussaintMiss Baylavwa, militant culturel de Guadeloupe et qui s’intéresse à la culture créole a consacré une interview à la récente publication de Rodolf Etienne « Monsieur Toussaint – Misyé Tousen », traduction créole (Martinique) de « Monsieur Toussaint » d’Edouard Glissant. Une interview menée en créole dont Madininart retranscrit la substance. La version française figure en bas de page.

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M. B : Ki jan ou touvé’w ka woulé épi kréyòl ?

R.E. : Sé an bel listwa. Mwen toujou enmen li dépi jenn ti manmay. An jou, oliwon dizuit lanné mwen, an kanmarad fè mwen kado « Kod yanm » Rafael Konfyan ek i di mwen konsa « Wou ki toujou ka li liv gran blan (Chal Bodlè, Jan-Jak Wouso), mi an liv pou enstwui kò’w ti bren. I di mwen sa pou pitjé mwen. Ki di ki fet, mwen tonbé jaja liv tala. Apré sa mwen koumansé konprann ki kréyol sé té an lang poutoulbon ki té mérité yo ékri’y.

M. B : Ou sé on makè mé pasé kréyé sa ou pi plis chwazi sé chalviré tèks ant fransé é kréyòl. 

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Le Goncourt des lycéens attribué à Foenkinos

charlotteLe prix Goncourt des lycéens a été décerné à David Foenkinos, mardi, pour son roman Charlotte.

Le 27e prix Goncourt des lycéens a été attribué mardi à Rennes à Charlotte (Gallimard), le roman de David Foenkinos consacré à une artiste peintre juive allemande assassinée à Auschwitz, déjà récompensé par le prix Renaudot début novembre. Les élèves de 57 lycées ont sélectionné ce livre parmi 15 autres ouvrages en compétition. Charlotte l’a emporté devant On ne voyait que le bonheur (JC Lattès) de Grégoire Delacourt, et L’amour et les forêts (Gallimard) d’Eric Reinhardt, a indiqué le jury. « C’est une émotion qui est très intacte tout au long de ce roman », a déclaré Naomi, l’une des 13 membres du jury, saluant dans l’oeuvre « la possibilité de s’identifier à Charlotte ». Favori du Goncourt, qui a finalement été remis à Lydie Salvayre, l’auteur de La Délicatesse se console donc avec une autre prestigieuse récompense.

« Ce prix, c’est un rêve pour moi »
« Grâce à vous, beaucoup de gens vont découvrir sa vie, son oeuvre », a déclaré David Foenkinos, intervenant par téléphone lors de la cérémonie de récompense.

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Lydie Salvayre, une grande romancière enfin récompensée

— Par Alain Nicolas —

pas_pleurerEn distinguant « Pas pleurer », le prix Goncourt a déjoué les pronostics et salué une œuvre généreuse et sans concession. Un geste qui fait suite à des choix ambitieux des premiers jurys d’automne. Un reflet de la créativité du roman français.

On l’espérait, on ne l’attendait pas. La raison raisonnable inclinait à faire peu de cas des chances de Lydie Salvayre pour ce Goncourt 2014. Parce que son éditeur venait d’avoir le Médicis avec Antoine Volodine. Parce que les choix antérieurs du jury pouvaient faire craindre qu’il ne cherche un roman très vendeur. Les pronostiqueurs en ont été pour leurs frais, et le prix phare de la rentrée est allé au meilleur livre de sa sélection, Pas pleurer, de Lydie Salvayre.
Une œuvre considérable 
et une écriture chargée de révolte

Un choix logique, qui aurait pu, qui aurait dû, venir plus tôt. Lydie Salvayre, au fil des années, a construit une œuvre considérable, qui lui vaut le soutien de la critique, de nombreux libraires et d’un nombre croissant de lecteurs. C’est en 1990 que la Déclaration attire l’attention sur son ironie mordante, sa façon de retourner contre les dominants leurs propres mots.

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Le prix Femina attribué à Yanick Lahens

L’auteure haïtienne a été récompensée pour « Bain de lune ». L’Israélienne Zeruya Shalev a reçu le Femina étranger pour « Ce qui reste de nos vies ».

— Par AFP —

yanick_lahensL’auteure haïtienne Yanick Lahens a reçu, lundi 3 novembre, le prix Femina pour son livre Bain de lune. Yanick Lahens a publié son premier roman, Dans la maison du père, en 2000. Bain de lune, son quatrième livre publié chez Sabine Wespieser éditeur, est un roman d’une violente beauté sur son pays, traversé par la destruction, l’opportunisme politique, les familles déchirées mais aussi les mots magiques des paysans.

« Je suis très contente. La reconnaissance fait du bien et je suis surtout sensible au fait que le jury a compris que cette histoire, si elle se passe en Haïti, est universelle », a déclaré la lauréate. Elle a été choisie au deuxième tour par six voix contre quatre à Marie-Hélène Lafon pour Joseph.

OFFICIER DES ARTS ET DES LETTRES

Née en 1953 à Port-au-Prince, Yanick Lahens, engagée dans le développement social et culturel de son pays, brosse sans complaisance le tableau de la réalité caribéenne dans chacun de ses livres.

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« L’arc en ciel de l’amitié », de Dominique Charles-Edouard

arc_en_ciel_amitie-2A l’heure où nos enfants, dès le plus jeune âge, sont soumis à l’imaginaire des faiseurs de robots et autres jeux électroniques qui abolissent le temps, et  où tout peut de nouveau recommencer avec le seul click sur un bouton, à l’heure où l’image informatisée, cette succession de signes et d’icônes, veut remplacer la lecture qui permet d’être en accord avec le temps qui passe et  avec son temps intérieur, voilà qu’apparait sur la scène littéraire, un conte, « L’arc en ciel de l’amitié » (Prix : 10 euros) ,  écrit par madame Dominique Charles-Edouard, épouse du plasticien et sculpteur du groupe Fwomajé, François CHARLES-EDOUARD.

-Quel meilleur cadeau de fin d’année, que cet ouvrage facile à lire, d’un joli graphisme, des couleurs attrayantes et une mise en page qui accentue le merveilleux, qu’il nous est donné de lire.
-Ce texte met en scène des enfants, la terre, le ciel, le soleil, de gentils nuages et un abominable cumulonimbus, porteur d’orages et de pluies incessantes et qui dérange le cours des choses sur terre.
-Qui va intercéder auprès de lui, qui va tenter de le séduire, seul ou collectivement, afin qu’il tempère ses ardeurs et permette au Soleil de revenir?

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« Le Morne était le Monde »

Samedi 8 novembre, 19h – La Purgerie du Domaine de Fonds Saint-Jacques

joby_bernabeThéâtre & Arts de la Parole création inédite – Co-production Accueil en résidence : Compagnie CAHPA | La ferme du Vasais, Saint Jean de Monts. Avec le soutien de la Direction des Affaires Culturelles de Martinique De l’autre, les voyages, la métropole, l’Afrique, les événements de 68, le théâtre des années 70, le retour au pays natal, et l’engagement artistique.
Un cercle qui ramène toujours à l’essentiel, comme le manège du chouval bwa, symbole de la vie qui tourne en dépit des vents contraires.
Entre récit de vie, autobiographie fantasmée, poésie et musique, « Le Morne était le Monde », est le fruit de ces différentes rencontres.
NAISSANCE DU PROJET
Ce nouveau projet, proposé et porté par l’arc, scène conventionnée de Rezé, fait suite à une longue série d’initiatives prises par l’arc, en accord et avec le soutien de la Direction des Affaires Culturelles de Martinique, pour promouvoir la diversité de la création artistique de la Martinique, provoquer des rencontres entre artistes martiniquais et métropolitains, emprunter de nouveaux chemins, dépasser les frontières.

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« Orange sanguine » de Laure Morali

orange_sanguinePoésie de la mémoire, du vécu et de la route, Orange sanguine conte l’expérience des lieux et émotions. Tout semble concret et fluide dans cette quête liant action poétique et méditation sur le sens du monde. Les mots nous viennent au fil des saisons, telle une marée douce.
Laure Morali nous dit : Mon grand-père avait perdu son pays et me le rendait chaque matin en me faisant boire le jus de l’orange sanguine. Offrir le monde dans un fruit, tel est le don de la
poésie. L’humanité au creux de la main tendue, portée par le poème.

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Une écriture résolument actuelle

— Par Roland Sabra —

« La jupe de la rue Gît-le-Coeur » de Jean-Durosier Desrivières.

Si l’on en croit l’auteur, et il n’y a aucune raison de ne pas le faire, l’audience (l’odyans) est une forme narrative qui si elle emprunte au conte dans sa forme oralitaire, s’en éloigne définitivement dans son contenu par son ancrage dans une réalité vraie pourrait-on dire. Dans son dernier opus «  La jupe de la rue Gît-le-Coeur » il nous propose une confrontation entre un « audienceur » et un écrivain. Quand l’un décrit, l’autre écrit. Quand l’un est reporter, l’autre est prosateur. Sauf que la prétendue réalité n’existe pas en dehors des mots qui la construisent.

Un écrivain se balade, une ballade dans la tête. Toujours dans la tête. Une chanson d’un autre écrivain, Allen Ginsberg. Brusquement il se sent entouré par une multitude de femmes en pantalons blancs. Troublé il se perd dans les rues étroites du Quartier Latin. Il demande son chemin à une femme en pantalon bleu, puis à une autre toujours en pantalon mais de nouveau de couleur blanche…

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Mise en orbite d’un beau conflit…

 la_luneJean-Durosier Desrivières

Mise en orbite d’un beau conflit1

« La vraie civilisation est du domaine de l’obsession.

La civilisation est une idée absurde qui, sentie et vécue intégralement,

par là-même, et par là-même seulement, devient vrai.

Je prêche l’obsession.

Le vrai idéal : la femme « possédée ».

[…]

Je fais appel aux Enragés. »

Aimé Césaire, « Appel au magicien ».

J’ai longtemps habité la lune, bien avant de savoir que ce n’était point ma demeure légitime, bien avant de savoir qu’elle n’était qu’une danseuse extravagante, la lune, entrainant ma tête dans les rondes de ses quartiers tournants autour de la terre, bien avant de savoir que par amour pour elle, des hommes avaient posé leurs pieds sur sa rondeur rêche, à la manière d’un préliminaire, tout en prévoyant d’en faire, dans un temps prochain et bienheureux, un bordel exemplaire, mieux que la terre…

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« Le Best-seller de la rentrée littéraire » : un regard drôle, désabusé et captivant sur le monde littéraire

— Par Roland Sabra —

le_best-seller_de_la_rentreOlivier Larizza vit en Martinique et à Strasbourg. Il n’a pas quarante ans et déjà une vingtaine de livres à son compteur. Cet auteur ne veut pas vieillir : plus du tiers de ses ouvrages sont consacrés à la jeunesse. Il a peur de mourir. Un de ses personnages, dans son dernier opus lui rappelle dés la quatrième page : « « Mais enfin Octave (Olivier) pas une minute ne passe sans que tu penses à la mort. » Le personnage, pas plus que le narrateur n’est l’auteur direz- vous ! Sauf que dans le cas qui nous occupe Olivier Larizza nous présente un narrateur, écrivain de 37 ans d’âge, qui parle à la première personne, qui vit à Strasbourg, qui se nomme Octave Carezza et qui cite Olivier Larizza. Et par moment l’écrivain Olivier Larizza, dans ce livre évoque nominativement l’écrivain Olivier Larizza. Moïsation , action de couper une chose en deux pour en obtenir une troisième ? Hypertrophie de l’instance moïque constitutive de l’écrivain ? Cancer narcissique ? Loin de là puisque l’humour « qui ne sert à rien » selon Houellebecq, épinglé à plusieurs reprises avec ce qui donc « ne sert à rien » est présent sur toutes les pages, à toutes les lignes.

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Cinq livres de Patrick Modiano

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— Par Mohammed Aissaoui —

L’écrivain a décroché le prix Goncourt avec Rue des boutiques obscures en 1978, mais, dès son premier roman, La Place de l’étoile, publié en 1968, il fait une entrée fracassante en littérature.

Modiano est l’auteur d’une œuvre dense aussi bien en romans qu’en scénarios. Il a également écrit des chansons pour Françoise Hardy et Régine. Voici cinq de ses titres qu’il faut absolument avoir lus. Tous ces romans sont repris en poche chez «Folio». L’écrivain a également rassemblé dix de ses titres dans la collection «Quarto».
La Place de l’étoile (1968)
C’est son premier roman, il est atypique dans l’œuvre de Modiano. Une histoire dingue, presque parodique. Ce livre est composé comme un récit autobiographique d’un Juif antisémite au ton virulent et qui pense que la terre entière lui en veut.
Rue des Boutiques Obscures (1978)
L’écrivain obtient le prix Goncourt pour ce titre, qui illustre à merveille le travail de l’écrivain. Il s’agit de l’histoire de Guy Roland, un détective qui a, un temps, été amnésique, et à qui on a attribué une fausse identité.

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« Le Best-seller de la rentrée littéraire » d’Olivier Larizza

larizza_best_sellerQuel est l’hurluberlu qui a inventé la rentrée littéraire ? Si l’argent ne fait pas le bonheur, pourquoi les éditeurs n’en donnent-ils pas plus ? Comment un auteur traversant une période de vaches maigres peut-il faire un bœuf en librairie ? Et le grand Shakespeare, il chaussait du combien ?

Ces questions fondamentales tenaillent Octave Carezza, écrivain de 37 ans qui rêve d’écrire un best-seller et de trouver l’amour. Il lui arrive moult aventures rocambolesques avec ses lectrices, ses éditeurs, ses confrères croisés dans les salons du livre, cette drôle de dame qui s’appelle Inspiration ou encore l’e-book, invention fabuleuse qui va révolutionner nos vies avant de nous pousser à faire la révolution…

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« Aimé Césaire, la part intime », d’Alfred Alexandre

cesaire_part_intim-2Vient de paraître chez Mémoire d’encrier Aimé Césaire, la part intime, essai d’Alfred Alexandre, dans la collection Cadastres.
Avec Aimé Césaire, la part intime, Alfred Alexandre propose de revisiter l’oeuvre poétique d’un auteur fondamental. Les poèmes de Césaire se montrent à la lumière de cet essai dans ce qu’ils ont de plus déchirant, de plus profondément humain. Un bonheur que cette petite anthologie secrète de Césaire.
Point de vue de l’éditeur
Poème après poème, Aimé Césaire construit et conquiert sa part de liberté. Recueil après recueil, l’aventure du poème de Césaire est revendiquée pour sa part collective. La part intime est ainsi noyée, dans la foule à côté du cri. Alfred Alexandre nous dit que la poésie de Césaire est avant tout récit de soi, conjurant les démons de l’histoire et les mauvais vents de ces poussières d’îles déportées. Aimé Césaire, c’est une parole d’abord intérieure, bien que prophétique, un jaillissement interne qui deviendra plus tard cadastre. Un sujet libre qui regarde souverainement le monde, et qui rêve de magies, de cris et d’armes miraculeuses.
Point de vue de l’auteur
« Alors que l’habitude est de lire la poésie de Césaire à partir de sa théorie de la culture et de sa pensée politique (très postérieures, à vrai dire, à son engagement poétique), le pari de l’essai est de dégager le texte poétique du vacarme idéologique qui l’entoure.

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Monsieur Toussaint. Edouard Glissant. Misyé Tousen.

Traduction créole de Rodolf Etienne (Martinique).

monsieur_toussaintPréface de Michaël Dash, Université de New York
Toussaint Louverture
Un errant ingouverné
Edouard Glissant a souvent imaginé des gens qu’il admirait comme des villes. C’est ce à quoi il se livre dans Faulkner, Mississippi, où l’écrivain américain représente une ville du sud des Etats-Unis. Il en a été de même pour Toussaint l’Ouverture. Ce révolutionnaire a toujours fasciné Glissant parce que tout en cherchant d’autres façons de concevoir les relations postcoloniales, il n’a pas mené une lutte nationaliste. Il incarne le type d’insurrection qui hante l’oeuvre de Glissant. Vers la fin de La Cohée du Lamentin, Glissant dit à son sujet : « Un homme peut être une ville, a lui tout seul. Je pense à Toussaint Louverture, créateur de monde, perdu dans la glace du Jura, vers les années 1800. Ce fut une ville. Un spectre oublie, qui étendra bientôt ses avenues ». Une page plus loin, il dédie un court poème au spectre de Toussaint, où il lui écrit « Et vous errez ingouverné/Sous les remblais hagards du fort de Joux ».

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Les fils de l’indicible

— Par Michèle Bigot —

tenenbaum_peau_viveOn évoque ici ceux qui ont en héritage dans les fibres de leur chair les marques de l’histoire.
Gérald Tenenbaum est de ceux-là et son œuvre témoigne de ce tissage patient des liens qui nous constituent. L’un après l’autre, ses romans composent le palimpseste d’une mémoire incarnée. Son dernier titre Peau vive, paru en août 2014 à « La grande Ourse » est un nouvel élément de ce vaste patchwork qui tente de dire l’indicible, tel qu’il se loge dans la mémoire inconsciente, celle des enfants et des petits enfants de la génération sacrifiée.
Chacun de ses romans est l’histoire d’une perte, perte de virilité pour Simon dans L’ordre des jours (Héloïse d’Ormessson, 2008), perte de la mémoire pour Souffles couplés, (Héloïse d’Ormessson, 2010), perte d’identité pour L’Affinité des traces (Héloïse d’Ormessson, 2012), perte du sens du toucher pour Peau vive. Plutôt que de pures pertes, il faudrait d’ailleurs parler de dérèglement des sens, dans tous les sens du terme.

Car Ève, la fille aînée de Yankel Reizer, souffre d’un sens du toucher si aigu qu’il est douleur de tout instant et qu’il lui interdit tout contact humain.

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« L’esclave » : un roman politico-philosophico-théologico-et-poético-érotique de Michel Herland

— Par Quiestemont —
esclave_herland-2L’automne, est en France, la période où l’on parle le plus des livres, ou plus précisément des romans. Les éditeurs concentrent leurs publications sur cette période (qui s’étend en fait de la mi-août à la mi-novembre) et comptent sur l’effet « rentrée littéraire » pour en pousser quelques-uns. Cette année, 607 nouveaux romans sont ainsi proposés au public. Sur les 404 romans français, seuls 74 sont des premiers romans : quand on sait que le nombre des manuscrits reçus par les éditeurs chaque année se compte en milliers, on mesure combien sont minces les chances pour un auteur débutant de se faire publier par une de ces maison d’édition ayant pignon sur rue, dont tous les amateurs de littérature connaissent les noms et savent distinguer les jaquettes. Pour les nouveaux auteurs qui ne seront pas retenus dans le filet d’une sélection aussi impitoyable, il ne reste qu’à renoncer ou à se débrouiller par leurs propres moyens. Michel Herland, pour sa part, s’est adressé à l’un de ces éditeurs apparus avec l’ère internet qui distribuent des livres électroniques (e-books) ou les impriment à la commande.

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La jupe de la rue Gît-le-Coeur

la_jupe_jddLa jupe de la rue Gît-le-Coeur

Théâtre comme audience d’un petit roman

de Jean-Durosier DESRIVIERES

Prix Spécial du Jury Etc_caraïbe 2013

Synopsis:

Déambulant dans Paris, du côté de Saint-André des Arts, un écrivain tourmenté, apparemment démodé, dévoile son étrange histoire. Jusqu’à quel point le poème d’Allen Ginsberg qui l’accompagne apaisera-t-il ses pensées et ses humeurs, nourries des sanglantes actualités du monde et de l’insupportable réalité de la ville ? Par étourderie, il se trompe de rue, et brusquement l’image ou le mirage d’une jupe le fait basculer dans un autre espace-temps… Qu’adviendra-t-il de lui ?

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Essais. Une rentrée entre ombre et lumière

— par Nicolas Dutent —

bibliothequeEn dépit d’une baisse inexorable du temps consacré à la lecture, de la mainmise d’Amazon qui bouleverse l’économie du livre, et plus largement le commerce des biens culturels, l’offre éditoriale des sciences humaines et sociales demeure fournie et impose d’innover.

Amazon est « un cancer, son but avoué est de supprimer les intermédiaires, d’en finir avec les libraires, puis d’en finir avec l’édition ». Éric Hazan, éditeur engagé à la tête de la Fabrique, ne mâche pas ses mots pour identifier la tourmente qui frappe son secteur. Invité par le site d’entretiens critiques Hors-Série, le professionnel devait concéder qu’« Amazon est notre premier client, comme c’est le premier client de tous les éditeurs », fustigeant l’obligation de se soumettre au cybermarchand omnipotent, le refus de vente demeurant un « délit correctionnel ». Dans cette tempête – le spectre de la faillite hantait récemment encore Aden en Belgique, les Éditions du croquant et les librairies Chapitre en France, pour ne citer qu’eux – le vocabulaire de la résistance est limpide : « On ne saurait trop inciter les gens qui lisent à acheter leurs livres dans les librairies. 

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Appel à résidence d’écriture au Bénin

appel_etc_femininETC Caraïbe en partenariat avec l’Ecole Internationale de Théâtre du Bénin (EITB)
Cet appel à résidence est ouverte aux écritures dramatiques féminines francophones de la Caraïbe et de Guyane.

Le lieu de la résidence se situera à Ouidah au Bénin du 21 novembre au 21 décembre 2014.

Cette ville berceau historique du vaudou mais également porte du départ des esclaves d’Afrique de l’ouest vers les Antilles est porteuse de sens pour la Caraïbe et d’inspiration pour les auteurs.

L’objet de cette résidence est de permettre à une auteure de la Caraïbe de développer un projet d’écriture personnel⋅

Cette résidence se déroulera à l’Ecole Internationale de Théâtre du Bénin, conservatoire de théâtre pour la formation des comédiens d’Afrique de l’ouest.

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A Haïti, le coeur battant des jeunes créateurs

— Par Samuel Chalom —
bar_10-tractionAlors que s’ouvre en novembre, au Grand-Palais à Paris, une exposition inédite autour de l’art haïtien, Port-au-Prince continue de vibrer au rythme de son effervescence intellectuelle. Plongée dans un monde bouillonnant, malgré la misère.

Le bar 10-traction à Port-au-Prince, repère de la scène littéraire

Sur l’avenue Magloire-Amboise, dans le quartier des universités à Port-au-Prince, à proximité du marché Salomon, où l’on vient s’approvisionner en matériaux de constructions, entre les bruits de klaxons et les pots d’échappement, un bar discret, le 10-Traction, rassemble tout ce que la vibrante capitale haïtienne compte d’écrivains, de critiques littéraires, de poètes ou de slameurs. Autour d’une « Prestige », la bière nationale, ou d’un Ti-punch au rhum Barbancourt, dans ce « Café de Flore » antillais, la jeune garde de la littérature haïtienne refait le monde à la nuit tombée. Parmi eux, il y a Coutechève Lavoie Aupont, poète, connu pour son recueil de poèmes Partances (Rivarticollection, 2009), mais aussi James Pubien, un autre poète, cofondateur des éditions Bas de Page, Jerry Michel, un doctorant en sociologie à l’université Paris 8 qui prépare une thèse sur le rapport des Haïtiens à la mémoire, ou encore Béo Monteau, slameur et membre du collectif artistique Feu Vers.

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Retour sur le roman « L’esclave » de Michel Herland.

— Par Roland Sabra —
l_esclave_herland-400Dans le roman « L’esclave » de Michel Herland, il y a peu de personnages positifs. Une figure centrale apparaît sous des identités différentes, Michel essentiellement, Emmanuel un peu moins, animée par un solide égo-centrisme qui n’est pas un égoïsme. Ce n’est pas un « moi d’abord » qui prévaut mais plutôt un « moi aussi ». Il ne s’agit pas tant de s’aimer plus que les autres, ce qui est assez banal, que de s’aimer dans le regard que les autres portent sur soi sans pour autant s’aimer véritablement. Cela paraît un peu compliqué mais que l’on se rassure Piaget définit l’égocentrisme comme un stade normal du développement. Il y a bien quelques personnages qui pourraient endosser la défroque du héros mais ce sont des personnages secondaires. L’histoire ou plutôt les histoires s’ordonnent autour de cette figure centrale, bien dessinée par M. Herland dans le personnage de Michel dont la philosophie est largement teintée d’utilitarisme.

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« Le respect de l’amour » 10e épisode

djebaba— Par Djénaba Diallo & Michel Pennetier—

Chapitre IV

Suite de l’épisode 9

La France

Le gigantisme de Roissy, cette façade prétentieuse de l’Occident ne l’impressionne pas. Sur le tapis roulant qui la surprend quand même un peu, pas d’émotions particulières, pas d’exaltation, pas de frisson de l’aventure, elle pense simplement à tous ces gens qu’elle a laissés en Afrique et qui ont voulu l’empêcher de faire sa vie, et elle a envie de leur dire : « Voilà, je vous ai échappé, maintenant je suis mon chemin ». Sur le sol de la France, elle se sent en accord avec elle-même. Elle téléphone à une tante de Dakar, une intellectuelle, pour lui dire qu’elle est bien arrivée. La femme lui demande ses premières impressions. «  Il y a beaucoup de Blancs, plus qu’à Dakar », dit Djen en riant. Puis elle appelle son père qui lui dit tout surpris : «  Ma fille, tu es un homme ! ».

Djen arpente l’aéroport bruissant de milliers de voyageurs qui arrivent ou partent, des appels sucrés des hôtesses. Elle trouve enfin la file des taxis et se fait conduire à la Gare de Lyon.

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« L’esclave » : un roman érotico-théologique original de Michel Herland

— Par Roland Sabra —

l_esclave_herland-400C’est un livre étrange que nous offre Michel Herland à l’aube de sa retraite de Professeur des Universités, en Sciences Économiques. Étrange, inclassable. Le titre ? L’esclave. Le genre ? Indéfini, il balance allègrement entre érotisme, théologie, philosophie avec une pointe d’histoire de la pensée économique. L’histoire ? Il y en a quatre qui se rejoignent à la fin. La première débute en 2009, un professeur de philosophie, à Aix-en-Provence, par ailleurs marié et père de famille, drague une de ses étudiantes, la séduit, la baise entre deux cours, lui fait cours entre deux baises. Situation de pouvoir, relation de domination entre le maitre, Michel et l’élève, Colette. La deuxième histoire est le prolongement de la première, soixante dix ans plus tard, nous sommes en 2081, Colette à l’annonce de la mort de Michel dont elle n’a cessé d’être amoureuse, recompose, revisite l’histoire première à la lumière d’une situation politique caractérisée par le dépérissement de l’Occident chrétien en voie d’islamisation. Pas moins!

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