Catégorie : Littératures

Une culture en héritage

— Par Lise Gauvin —

Comment survivre à cette « absence fondamentale » que constitue la mort de la mère ? se demande le narrateur du dernier roman de Patrick Chamoiseau. En risquant « une parole, […] sans mander de répondeurs, juste soucieux de respirer et de sourire aux souffles de ce qui n’est nulle part et qui pourtant subsiste ».

Dans La matière de l’absence, l’écrivain amorce une longue méditation, en compagnie de sa soeur aînée surnommée La Baronne, sur l’héritage laissé par Man Ninotte et sur la culture antillaise, qu’il présente comme une combinaison de traces, ces « mélanges en précipitations », ces « marques jamais monumentales » qui font les paysages.

Cette culture, Chamoiseau la retrouve dans la présence du conteur créole, dont le récit se situe tout autant dans ce qu’il dit que dans ce qu’il ne dit pas, mais aussi dans les allées et venues des pacotilleuses, ces femmes qui voyagent sans cesse dans la Caraïbe pour tenir un « commerce mobile ». La cale négrière est également là, tout comme l’impact de ceux que le poète martiniquais Édouard Glissant a désignés comme des « migrants nus », dont la première nécessité était de survivre à la traversée, « dans l’ardeur de renaître, sans espoir de retrouver la communauté perdue, ni même de reconstituer une nouvelle communauté ».

→   Lire Plus

Patrick Chamoiseau : « Aux grands vents de la relation »

— Entretien réalisé par Muriel Steinmetz —

patrick_chamoiseau-400Il publie la Matière de l’absence, un livre puissant qui part d’un deuil personnel pour se hisser à l’universel humain en passant par la Martinique, qui brasse tant de cultures payées au prix fort, depuis la traite négrière jusqu’à la colonisation.

À l’occasion de la sortie de la Matière de l’absence, Patrick Chamoiseau (né en 1953 à Fort-de-France en Martinique), qui obtenait en 1992 le prix Goncourt pour son roman Texaco, nous a accordé un entretien. Il y est question, entre autres, de la mère, de la terre mère, de la créolité et du « tout-monde », prôné par son maître et ami Édouard Glissant.

Tout roman n’est-il pas autobiographique ?

Patrick Chamoiseau La création romanesque mobilise toutes les ressources, y compris celles de la propre vie de l’auteur. C’est toujours une expérience subjective singulière, qui se transmet dans le langage et le thème donnés. La Matière de l’absence peut donc être considérée comme autobiographique au sens d’un exercice d’exploration et de connaissance poétique sur le cheminement d’une conscience. La disparition de ma mère, il y a une dizaine d’années, m’a obligé à mobiliser tout ce que j’étais et à définir ce que j’allais devenir.

→   Lire Plus

Un deuil différé qui finit par embrasser le monde

matiere_de_l_absence_fdfPatrick Chamoiseau part de lui-même pour nous livrer, à l’échelle de toute l’espèce, un vaste poème en prose aux bouffées épiques.

Après la catastrophe qu’a été la mort de sa mère – dont il a longtemps différé le deuil –, Patrick Chamoiseau compose un objet d’écriture proprement inédit (ni roman, ni récit, ni essai) d’une rare ambition, ponctué de dialogues entre un narrateur qui dit « je » et une sœur aînée, dite la Baronne, décrite comme élancée, dotée d’un solide bon sens qui tempère volontiers le penchant de son cadet à la philosophie. Une prose dense à l’extrême rend magnifiquement compte de l’état d’esprit d’un homme brutalement saisi par l’annonce de la disparition de celle qui le mit au monde. C’est ensuite la lente remontée des souvenirs, des sensations, des couleurs, des odeurs… Structurée en trois parties (intitulées « Impact », « Éjectats », « Cratère »), la Matière de l’absence, littéralement possédée par un dessein autobiographique de grande ampleur, convoque au passage maintes disciplines de la pensée, au premier rang desquelles l’anthropologie et l’histoire. Chemin faisant dans la lecture, on découvre, comme en creux, le journal de bord d’un orphelin qui se prend enfin pour objet d’étude, des années après le bouleversement de la perte, qui est un jour ou l’autre le lot de tout un chacun.

→   Lire Plus

« Le bar des Amériques » par Alfred Alexandre

le_bar_des_ameriques« Le bar des Amériques » par Alfred Alexandre édité chez « Mémoire d’encrier »
L’écrivain martiniquais Alfred Alexandre présentait son dernier roman au festival « Etonnants Voyageurs » de Saint-Malo (du 14 au 16 mai 2016). « Le bar des Amériques » conte l’amour perdu entre deux protagonistes dont l’existence dérive. L’auteur écrit sur les désirs, les manques et les douleurs. Projecteur sur la plume d’un écrivain qui fait des vagues…
Les îles sont propices à la littérature, qu’elles soient bretonnes ou caribéennes… A Saint-Malo, le festival « Etonnants Voyageurs » qui vient de s’achever, a réuni des écrivains aux univers variés. Parmi eux Alfred Alexandre, l’un des chefs de file de la nouvelle génération d’écrivains antillais, au parcours auréolé de plusieurs prix littéraires.

Après des études de philosophie à Paris, Alfred Alexandre retourne en Martinique, où il vit et exerce actuellement la profession d’enseignant-formateur en français. « Bord de canal », son premier roman publé en 2005 a obtenu le « Prix des Amériques insulaires et de la Guyane 2006 ». Son premier texte théâtral, « La nuit caribéenne », avait été choisi parmi les dix meilleurs textes francophones au concours général d’ETC Caraïbe en 2007.

→   Lire Plus

Les sales gosses de Gros regardent notre société

— Par Caroline Constant —

gros_l_enferÉditions du Chêne

Le dessinateur sort un album intitulé L’enfer, c’est les enfants des autres. Une charge réjouissante sur l’état de notre société, dont les premières victimes sont justement les enfants.

Ils sont affreux et méchants. Capricieux et moralisateurs. Et puis, de toute façon, les enfants des autres, c’est forcément l’enfer, se moque le dessinateur Gros dans un album qui paraît aux Éditions du Chêne. Pascal Gros a compilé dans ce livre 150 dessins sur la thématique de l’enfance. Mais si Gros force le trait, ce ne sont pas tant les enfants qu’il moque que notre société, ses injonctions contradictoires et nos modes d’éducation. Il raille l’arrivée de l’enfant, entre émerveillement et « début des emmerdes ». Il croque avec cruauté les biberons imbibés de saletés, de tranquillisants, d’alcool, et une alimentation qui finit par conduire au surpoids (« Je suis Charlie et la chocolaterie », porte fièrement sur son tee-shirt un enfant très enveloppé). Il raille les opposants à l’adoption par les homosexuels : « Tu préférerais être adopté par Jodie Foster ou Christine Boutin ?

→   Lire Plus

« La matière de l’absence » : rencontres avec Chamoiseau

30 septembre 2016 à 19h au restaurant foyalais « Chez Claudia »

1er octobre 2016 à La Librairie Antillaise La Galéria

rencontre_chamoiseau-09-2016La Matière de l’absence
Patrick Chamoiseau

A partir de la mort de sa mère, l’écrivain visite l’histoire encore méconnue des Antilles, leurs genèses, leurs rituels, leurs modes de vie, remontant aux origines de l’humanité, retraçant l’étonnante créativité d’un peuple qui a inauguré ses mythes et ses combats dans le ventre du bateau négrier. Dialoguant avec sa sœur, dite « la Baronne », il évoque, avec tendresse, humour et profondeur, la poétique de tout un monde qui dépasse le cercle familial et nous initie à un bel art de vivre.
Lire aussi :« La matière de l’absence » : Le grandiose de l’intime

*****

→   Lire Plus

« Printemps créole » , un ouvrage de Kalimat

kalimatCeci n’est pas une préface,

Au commencement de tout était la parole.

Kalimat – le bien nommé – incarne la sienne, comme il incarne sa vision poétique d’Homme-archipel, naviguant entre tous les vents du nde, voguant îles en îles, à la rencontre de l’être, humain en lui. La poésie est un engagement, un chemin solitaire solidaire. Et Mathieu Marie-Eugénie est poète, dans le regard d’enfant et le geste artistique, la relation aux mots et le sens de l’Autre.

Dans ses silences aussi.

Printemps créole est une traversée identitaire et poétique, l’odyssée intérieure d’un garçon de lettres, moderne, ancré dans son époque.

Kalimat sème des poèmes sur son passage.

Peut-être pour ne pas s’oublier, dans le tourbillon du temps qui passe et nous efface. Peut-être pour ne pas perdre de vue les rêves, qui le fondent et font de lui aussi, un marcheur et un chercheur.

D’art.

Printemps créole est un texte fruité, aux saveurs de châtaignes, d’abricots et de mangues térébinthes, un livre aux battements d’ailes et fulgurances de lumière, sagesse et bonté.

→   Lire Plus

Atelier d’étude du créole martiniquais

creole_martiniquais

2016-2017

Sous l’égide du CIRECCA (Centre International Recherches Echanges Coopération Caraïbes Amériques), l’atelier d’étude du créole martiniquais ouvre de nouveau ses portes.
Cet atelier a comme objectif d’apprendre à lire et à écrire le créole martiniquais et d’en étudier le fonctionnement sur le plan lexical, grammatical et syntaxique.
Cet atelier s’adresse aux créolophones qu’ils soient natif-natal ou bien d’adoption ou d’option.
Ses séances, bi hebdomadaires, se déroulent, le soir, sur le Campus de Schoelcher et ce, réparties en deux niveaux : un niveau 1 destiné aux débutants, un niveau 2 aux personnes ayant déjà une pratique de la langue.
Ces séances sont animées par Daniel Boukman, écrivain, militant culturel martiniquais.

Pour tous renseignements complémentaires
0696 94 32 20
galta972@gmail.com.
cireccamartinique@gmail.com.fr
0696 73 68 28

→   Lire Plus

« La matière de l’absence » : Le grandiose de l’intime

la_matiere_de_l_absenceA l’occasion de la parution de dernier livre de Patrick Chamoiseau, « La matière de l’absence », l’Association Tout-monde a organisé une soirée poétique. Gérard Delver, président de l’association, s’est entretenu avec l’écrivain. Quelques extraits…

Gérard DELVER : Ton dernier ouvrage « La matière de l’absence » me semble ouvrir une nouvelle dimension dans la littérature de nos pays, je veux parler de « l’intime ». Nos littératures étaient souvent identitaires, à visée collective, essayant le plus souvent d’élucider un être-au-monde créole et pour le moins énigmatique, tant et si bien que l’intime que l’on trouvait dans les littératures européennes était très peu présent chez nous. Qu’est-ce qui justifie ta plongée soudaine dans l’intime de la mort d’une mère, de l’émoi d’un deuil ?

Patrick CHAMOISEAU : C’est vrai que le fondement de nos littératures, leur énergie profonde était l’élucidation identitaire. Nous avons de tout temps été confrontés à la nécessité d’explorer cette complexité créole inédite qui nous chahute au plus profond. Ce qui fait que notre manière d’écrire, mais aussi de lire, était souvent marquée du sceau de l’épique, c’est à dire de la construction communautaire : trouver les ressorts de nos peuples composites, les dynamiques de nos nations faites de diversités.

→   Lire Plus

« Liberté, parité, sororité », la République oubliée

sorcieres_de_la_republiqueDes choses, pas belles, se sont passées, en France, entre 2017 et 2020. Les femmes, par la main de déesses grecques surgies de l’Olympe, ont pris le pouvoir détenu par les hommes depuis des millénaires. L’Apocalypse, prédite pour décembre 2012, n’a pas eu lieu. Les déesses sont venues se mélanger à la société française. Le Parti du Cercle a imposé ses règles. L’expérience a très mal tourné. Mais comment faire la lumière sur ce règne éphémère et probablement sanglant, alors qu’une amnésie collective a été décidée par référendum au terme de cette page d’histoire, en 2020 ? Une amnésie appelée le Grand Blanc, approuvée à l’unanimité par la population. C’est pour juger cette douloureuse parenthèse que s’ouvre un maxi-procès dans ce qui fut longtemps le Stade de France et qui abrite désormais le Tribunal du Grand Paris. Nous sommes en 2062. À la barre, la Sibylle, prophétesse de la révolution des femmes. Pièces à conviction à l’appui, elle déroule le fil de sa mémoire, et la généalogie des événements. Petit à petit, on découvre la réalité de ces années très spéciales.

→   Lire Plus

L’Îlet aux sorcières, des contes pour petits et grands

– par Janine Bailly –

luneQu’elle fut belle, cette dernière après-midi de vacances, quand avant de reprendre, un peu nostalgique, le chemin de l’école, on a pu rêver encore et voguer dans l’imaginaire sous la houlette de Jean l’Océan ! Comme un sursis accordé, comme un dernier voyage immobile au pays des arbres et des sorcières, qui hantent les nuits noires et les forêts profondes.

C’est à la mairie de Sainte-Luce qu’en ce mercredi nous étions conviés au spectacle de la Compagnie Car’Avan, dans le cadre des animations rendues possibles par les subventions de la Direction des Affaires Culturelles (représentée ce jour par Madame Anny Désiré). Les plus petits, assis par terre au devant de la salle, les plus grands sagement disposés sur les chaises, ont fait un public attentif aux contes originaux fleurant bon l’enfance, dans ses joies, ses bonheurs et ses peines, dans ses peurs ancestrales aussi. Et si quelques bambins, trop jeunes peut-être pour une écoute tranquille, ont quelque peu déstabilisé le début de la représentation, la douce autorité, le savoir-dire et le charisme du conteur ont su faire jouer la magie de l’instant.

→   Lire Plus

Crépuscule du tourment, de Léonora Miano.

leonora_miano_crepusculeCrépuscule du tourment, de Léonora Miano. Grasset, 286 pages, 19 euros.

De nos jours, quelque part en Afrique subsaharienne, au Cameroun peut-être, quatre femmes s’adressent successivement au même homme : sa mère, la femme à laquelle il a tourné le dos parce qu’il l’aimait trop et mal, celle qui partage sa vie parce qu’il n’en est pas épris, sa sœur enfin.
À celui qui ne les entend pas, toutes dévoilent leur vie intime, relatant parfois les mêmes épisodes d’un point de vue différent. Chacune fait entendre un phrasé particulier, une culture et une sensibilité propres. Elles ont en commun, néanmoins, une blessure secrète : une ascendance inavouable, un tourment identitaire reçu en héritage, une difficulté à habiter leur féminité… Les épiphanies de la sexualité côtoient, dans leurs récits, des propos sur la grande histoire qui, sans cesse, se glisse dans la petite.
D’une magnifique sensualité, ce roman choral, porté par une langue sculptée en orfèvre, restitue un monde d’autant plus mystérieux qu’il nous est étranger… et d’autant plus familier qu’il est universel.

*

***

*****

***

*

 

La presse en parle :
Le Monde
« Crépuscule du tourment » de Léonora Miano, une œuvre féministe et postcoloniale
Par Françoise Alexander (Contributrice Le Monde Afrique)
S’efforcer d’affronter la réalité en face, dans toute son épaisseur, dans ses moindres recoins, fussent-ils peu engageants, quand bien même nous dévoileraient-ils la part sombre de nous-mêmes.

→   Lire Plus

Cancer des tropiques

— Par Muriel Steinmetz —

natacha_appanahLa Mauricienne Nathacha Appanah, dans son sixième roman, s’attache aux traces d’un enfant noir recueilli par une Blanche qui, à l’adolescence, rejette violemment le monde de sa mère adoptive.

Tropique de la violence, de Nathacha Appanah. Gallimard, 192 pages, 17,50 euros.

« C’est Mayotte, ici et toi tu dis c’est la France. Va chier ! La France c’est comme ça ? En France on voit des enfants traîner du matin au soir comme ça, toi ? En France il y a des kwassas (embarcations de fortune dans lesquelles s’entassent les clandestins – NDLR) qui arrivent par dizaines comme ça avec des gens qui débarquent sur les plages et certains sont déjà à demi morts ? En France il y a des gens qui vivent toute leur vie dans les bois ? » Ces imprécations sont tirées de Tropique de la violence, dernier roman de Nathacha Appanah, née à Mahébourg (île Maurice) en 1973. L’action se situe à Mayotte, seule île française de l’archipel des Comores (qui comprend aussi Grande Comore, Mohéli et Anjouan). ­Mayotte, dont on parlait récemment dans les journaux et à la télévision, constitue un des postes avancés du processus de déconstruction en jeu dans les pays encore sous tutelle.

→   Lire Plus

Hampâté Bâ, gardien de la mémoire collective

— Par Caroline Constant —

Sayouba Traoré présente sur RFI depuis le lundi 9 août une série estivale sur les grandes voix littéraires africaines. Aujourd’hui, Amadou Hampâté Bâ est à l’honneur.

«En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui meurt. » La citation, très célèbre, est souvent prise à tort pour un proverbe. Elle émane pourtant d’un écrivain malien, Amadou Hampâté Bâ. Cet après-midi, les auditeurs de RFI auront le bonheur de pouvoir à nouveau se régaler de la voix de cet auteur, décédé en Côte d’Ivoire en 1991. Car RFI possède de nombreuses interviews d’artistes africains. La station a décidé, le temps du mois d’août, de les mettre à disposition du public. L’écrivain et journaliste Sayouba Traoré a été chargé de leur mise en ondes.

La série s’appuie sur les archives très riches de Radio France Internationale. « À RFI, un service se chargeait de former les journalistes africains. » Qui devaient, pour le coup, « fournir des émissions clés en main à des radios africaines », raconte Sayouba Traoré. Ainsi, de 1974 à 1992, la station a archivé sur des disques vinyles et CD des voix d’écrivains, enregistrées au fil de ces entretiens et des années.

→   Lire Plus

Décès de Françoise Mallet-Joris, romancière féministe

francoise_mallet-jorisDISPARITION – L’auteure notamment du Rempart des béguines est morte à l’âge de 86 ans.

Romancière populaire et exigeante, Françoise Mallet-Joris, auteure notamment du Rempart des béguines, est morte à l’âge de 86 ans, laissant derrière elle une oeuvre féministe et engagée où elle a peint son époque avec réalisme et subtilité. L’écrivain franco-belge est décédée samedi matin dans un hôpital de la région parisienne, a précisé à l’AFP son fils Daniel Amadou.

Jurée du prix Femina de 1969 à 1971, la romancière avait ensuite siégé de 1971 à 2011 à l’Académie Goncourt, qui décerne chaque année le célèbre prix littéraire éponyme.

«Françoise avait vraiment une sensibilité» qui a incité «les académiciens (du Goncourt) à lire des livres vers lesquels ils ne seraient pas allés spontanément», a expliqué l’écrivain et journaliste Pierre Assouline, qui lui avait succédé chez les Goncourt.

Née à Anvers le 6 juillet 1930, fille de la première femme avocate de Belgique, Suzanne Lilar, et d’un ancien ministre belge de la Justice, Albert Lilar, Françoise publie ses premiers textes (Les poèmes du dimanche) à Bruxelles à tout juste 15 ans.

→   Lire Plus

Jean Genet, l’échappée belle

— Par Marc Sagaert —

jean_genet_echappee_belleÉdition publiée sous la direction d’Emmanuelle Lambert avec la collaboration de Philippe Artières, Patrick Autréaux, Arno Bertina, Sonia Chiambretto, Albert Dichy, Emmanuel Pinto et Oliver Rohe

Coédition Gallimard / Mucem

Le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, Mucem, consacre depuis quelques mois une exposition à Jean Genet, « Jean Genet, l’échappée belle », qui s’inscrit dans une double commémoration : le 30e anniversaire de la mort de l’écrivain, survenue dans la nuit du 14 au 15 avril 1986. Et le 50e anniversaire de « la bataille des Paravents ».
L’exposition a été réalisée avec le concours de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine, Imec. Le commissariat général a été assuré par Albert Dichy, directeur littéraire de l’Imec, créateur du fonds Genet, et aujourd’hui spécialiste majeur de son oeuvre dont il a fait publier l’oeuvre posthume aux éditions « l’Arbalète » Gallimard, et à qui l’on doit entre autres l’édition du Théâtre complet, qu’il a codirigée avec Michel Corvin, dans « la Bibliothèque de la Pléiade ». Ainsi que par la romancière Emmanuelle Lambert, auteur d’une thèse de doctorat sur l’oeuvre théâtrale de Genet.

→   Lire Plus

« Furie divine » de José Rodrigues Dos Santos

furie_divineMayak, complexe nucléaire en Russie.
Au coeur de la nuit, un commando tchétchène fait irruption dans l’un des entrepôts du site et s’enfuit avec deux cargaisons d’Uranium hautement enrichi. Le nouveau cauchemar de l’Humanité commence.
Tomás Noronha est en vacances aux Açores lorsque Frank Bellamy, directeur des Sciences et de la Technologie de la CIA, prend contact avec lui. Le jeune et talentueux cryptologue portugais doit les aider à déchiffrer un message d’Al Qaïda qu’ils ont intercepté et qui pourrait être une menace planétaire.
Quarante ans plus tôt, en Égypte, Ahmed est un jeune garçon pieux et particulièrement brillant. Il a 7 ans lorsqu’il est présenté au cheik Saad qui lui enseignera le Coran et les fondements d’un Islam modéré et pacifique.
Ahmed grandit, il étudie dans l’une des plus grandes universités islamiques du Caire et se lie d’amitié avec un professeur charismatique qui lui présente un autre Islam, celui du Djihad et de la guerre contre les infidèles. Le petit garçon est devenu un jeune homme. Son âme reste partagée entre les discours de ses deux maîtres spirituels, jusqu’au jour où il décide de prendre le chemin de la radicalisation.

→   Lire Plus

« Manuel d’exil. Comment réussir son exil en trente-cinq leçons » de Velibor Čolić

manuel_d_exil«Fraîchement restauré, le foyer de demandeurs d’asile à Rennes me fait penser à mon lycée. Une grande porte vitrée, d’interminables couloirs, sauf qu’ici au lieu des salles de classe on a des chambres pour les réfugiés. Dans le hall central il y a une carte du monde avec les petits drapeaux du pays des résidents. La misère du monde s’est donné rendez-vous à Rennes en cette fin d’été 1992.
Je suis accueilli par une dame aux énormes lunettes. Elle parle doucement en me regardant droit dans les yeux. Je saisis que je vais avoir une chambre simple, pour célibataire, que la salle de bains et la cuisine sont communes et que j’ai droit à un cours de français pour adultes analphabètes trois jours par semaine.
Je suis un peu vexé :
– I have BAC plus five, I am a writer, novelist…
– Aucune importance mon petit, répond la dame. Ici tu commences une nouvelle vie…»
Après avoir déserté l’armée bosniaque, le narrateur se retrouve sans argent ni amis, ne parlant pas le français, dans un foyer pour réfugiés. Dans une langue poétique, pleine de fantaisie et d’humour, Velibor Čolić aborde un sujet d’une grande actualité et décrit sans apitoiement la condition des réfugiés, avec une ironie féroce et tendre.

→   Lire Plus

« L’exil » de Çiler Ilhan

Prix de l’Union Européenne pour la littérature 2011

l_exil_ciler_ilhanIls ont subi toutes sortes de violences. Ils n’ont le droit d’exister ni dans leurs corps ni dans leurs âmes. Se conformer à leur âge, parler leur propre langue dans leur propre pays ou épouser la personne qu’ils aiment leur est interdit. Leur enfance et leur intimité leur ont été volées, comme leur a été refusé le droit de vivre leur vie.
Quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, on les reconnaît tous, ces gens ordinaires dont le destin peuple les pages glacées des magazines. Ils disent à la fois l’exil, le crime, la vengeance, les pleurs ou le retour. Avec ce récit universel, intime et bouleversant, sans concession, dans la lignée de Hakan Günday, la jeune auteur turque Çiler İlhan, qui, avec ce livre, a reçu le prix de l’Union européenne pour la littérature 2011, donne un visage et une voix aux victimes de l’exil et de l’injustice, sans jamais perdre espoir en l’humanité.
L’AUTEUR
Née en 1972, Çiler İlhan a étudié les relations internationales et les sciences politiques à l’université du Bosphore.

→   Lire Plus

Décès de l’écrivain et philosophe Elie Wiesel

elie_wieselLe prix Nobel de la paix et rescapé de la Shoah Elie Wiesel est mort samedi à l’âge de 87 ans, après avoir consacré sa vie à perpétuer la mémoire de l’Holocauste.

Né le 30 septembre 1928 à Sighet, en Roumanie (alors Transylvanie), Elie Wiesel est déporté à 15 ans à Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée par les nazis, où sa mère et sa plus jeune soeur sont assassinées. Son père meurt devant lui à Buchenwald (Allemagne) où ils ont été transférés. A sa sortie du camp, en 1945, il est recueilli en France par l’OSE (oeuvre juive de secours aux enfants) et y vit jusqu’en 1956. En 1986, le comité Nobel a salué en lui « l’un des plus importants leaders et guides spirituels à l’époque où la violence, la répression et le racisme continuent à dominer le monde ». En France, où il a suivi ses études de journalisme à la Sorbonne, Elie Wiesel a été décoré en 1984 de la Légion d’honneur, avant d’être fait Grand-officier en 1990, puis Grand-croix en 2001. « Elie Wiesel était l’élégance même, la grandeur, la générosité », dit Jack Lang, ancien ministre de la Culture, dans un communiqué.

→   Lire Plus

« Ce qui désirait arriver » de Leonardo Padura

leonardo_padura_juin_2016Titre original : Aquello estaba deseando ocurrir
Langue originale : Espagnol (Cuba)
Traduit par : Elena Zayas

En quelques mots, on y est. Cuba, La Havane, comme un regret sans fond, comme la musique d’un vieux boléro. Un doigt de rhum Carta Blanca (quand il en reste), soleil de plomb, solitude. Magie des décors qui n’ont pas besoin de description, ou si peu.
Les héros de Padura sont des tendres ; ils se heurtent à la société, au destin, au temps qui passe ; à ce désir qu’ont les choses, souvent, d’arriver contre notre gré, sans nous consulter. Ainsi, les toits qui s’effondrent, les pénuries de rhum, le départ intempestif d’êtres aimés.
On trouve de tout dans ce recueil de nouvelles, amours bêtement gâchées, soldat en fin de mission à Luanda, archange noir, nuits torrides, jeunes gens désœuvrés, fonctionnaires désabusés, souvenirs cuisants…

→   Lire Plus

« Padura, Cuba du siècle » de Philipe Lançon (Libération)

— Par Michel Porcheron —

Leonardo PaduraLe journaliste et écrivain Philippe Lançon a retrouvé pour Libération Leonardo Padura à Paris trois ans après leur dernière rencontre, à La Havane. « Le romancier semble égal à lui-même : discret embonpoint, ironique prudence et chaleur distanciée ». Il clope toujours, « ici comme là-bas »

L’écrivain cubain, 60 ans, est en France pour présenter un recueil de nouvelles « Ce qui désirait arriver » (Ed.Métailié), composé de textes écrits entre 1985 et 2009, une époque où il n’était pas encore romancier, « ou pas encore connu ». Ces nouvelles ont été écrites « avant, pendant et après la naissance de Mario Conde, son flic mélancolique, devenu vendeur de livres » .Le Conde a été imaginé en 1989.

L’article du « conocedor » Philippe Lançon couvre deux pages de Libération dans son n° du jeudi 9 juin, avec pour titre « Padura, Cuba du siècle ».
« Padura, Cuba du siècle » de Philippe Lançon (Libération)

Posté par Michel Porcheron

Rencontre de Philippe Lançon (photo) avec l’écrivain cubain dont l’œuvre incarne l’histoire de son pays, depuis la disparition du « parrain » soviétique jusqu’au récent rapprochement avec l’ancien ennemi américain.

→   Lire Plus

Breleur total !

Arpenteur des ombres et servant de l’éclat

breleur_clement

— Par Patrick Chamoiseau —

Dans la vie d’un artiste, une exposition n’est jamais quelque chose d’anodin. Ce n’est pas seulement une circonstance où il se montre à son public, et partage le degré de questionnement auquel il est parvenu. C’est surtout l’instant où, d’une certaine manière, l’œuvre s’éloigne du créateur et commence à vivre, loin de lui, une vie autonome, dans ce que Saint John Perse appelait un grand « verger d’éclairs ».

Avec nos amis, nous avons toujours essayé de ritualiser le moment du décrochage. Il est pour nous bien plus important que celui du vernissage. Après l’exposition, le cordon ombilical achève de se rompre, l’œuvre se retrouve pour ainsi dire « lâchée » comme on le ferait d’un animal sauvage. Elle commence non pas une vie décidée par l’artiste, mais véritablement un marronnage dans la matière du monde, tout comme une extension imprévisible dans les consciences et les imaginaires qu’elle a pu confronter. Il est précieux pour un créateur de voir le sillage de ce qu’il a créé. Quand l’œuvre est considérable, ce sillage est tissé d’effervescences, de déclenchements, de germinations, d’émergences de toutes sortes.

→   Lire Plus

Haïti – Littérature : René Depestre, Lauréat du Grand Prix SGDL 2016

rene_depestreLa Société des Gens De lettres (SGDL) a dévoilé le mois dernier les lauréats de ses différents Prix. Cette année, le Grand Prix SGDL de littérature a récompensé le poète et écrivain haïtien René Depestre pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la parution de son dernier livre « Popa Singer », publié aux éditions Zulma et notamment connu pour « Hadriana dans tous mes rêves » récompensé par le prix Renaudot en 1988.

Le jury présidé par Corinna Gepner, était composé des auteurs membres du comité : Mohammed Aïssaoui, Gérald Aubert, Christiane Baroche, Jean Claude Bologne, Mathieu Brosseau, Belinda Cannone, Evelyne Châtelain, Georges-Olivier Châteaureynaud, Sophie Chauveau, Fabrice Colin, Edith de Cornulier, Chantal Danjou, Christophe Deleu, Pierrette Fleutiaux, Françoise Henry, Emmanuelle Heidsieck, Mathias Lair, Dominique Le Brun, Laure Limongi, Véronique Ovaldé, Marie Sellier, Mathieu Simonet, et Carole Zalberg.

Palmarès :

Grand prix SGDL de littérature pour l’ensemble de l’œuvre : René Depestre, Popa Singer (Zulma)
Grand prix SGDL de poésie pour l’ensemble de l’œuvre : Michel Butor, Ruines d’avenir (Actes Sud/Ville d’Angers)
Grand prix SGDL du roman : Monica Sabolo, Crans-Montana (JC Lattès)
Grand prix SGDL de l’essai : Jean-Claude Guillebaud, Le tourment de la guerre (L’Iconoclaste)
Grand prix SGDL de la nouvelle : Gilles Verdet, Fausses routes (Rhubarbe)
Prix de poésie Charles Vildrac : Anne-James Chaton, Elle regarde passer les gens (Verticales)
Prix Paul Féval : Bénédicte des Mazery, Les oiseaux de passage (Anne Carrière)
Grand prix SGDL de la fiction radiophonique : Caroline Guilea Nguyen, Antoine Richard, Alexandre Plank, Le Chagrin, Jules et Vincent (France Culture, 2015, 55’)

Dotés de 1,500 à 6,000 euros, les Prix SGDL seront remis à l’hôtel de Massa, le mardi 21 juin à 19h30.

→   Lire Plus

« Planète migrants » de Sophie Lamoureux et illustré par Amélie Fontaine

planete_migrantsUn livre indispensable pour comprendre un des principaux enjeux du monde d’aujourd’hui.

Depuis la fin du XXe siècle, les flux de migrations se sont multipliés. Aujourd’hui, on estime qu’un humain sur trente a quitté son pays de naissance. Pour des raisons économiques, politiques, climatiques… il n’existe plus un endroit sur Terre qui ne soit pas concerné. Ces mouvements de population suscitent de nombreux débats dans les pays d’accueil comme la France. Pourtant, la France est traditionnellement un pays d’immigration massive. Ce documentaire clair et précis propose un rappel historique de ce phénomène et détaille les questions et enjeux actuels auxquels les pays développés doivent répondre.

Journaliste de formation, Sophie Lamoureux a travaillé pour plusieurs médias avant de se consacrer essentiellement à l’édition jeunesse. Aux éditions Actes Sud Junior, elle est l’auteur de plusieurs documentaires dans la collection “À petits pas”, L’Immigration, La Politique, La Presse, Les Indiens d’Amérique, Les Grandes découvertes ainsi que Le Livre des jeux, Sur la piste du soldat inconnu, Sur la piste des héros de l’ombre et Planète migrants. Elle vit dans le Sud-Ouest.

→   Lire Plus