Catégorie : Littératures

Jean Genet, l’échappée belle

— Par Marc Sagaert —

jean_genet_echappee_belleÉdition publiée sous la direction d’Emmanuelle Lambert avec la collaboration de Philippe Artières, Patrick Autréaux, Arno Bertina, Sonia Chiambretto, Albert Dichy, Emmanuel Pinto et Oliver Rohe

Coédition Gallimard / Mucem

Le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, Mucem, consacre depuis quelques mois une exposition à Jean Genet, « Jean Genet, l’échappée belle », qui s’inscrit dans une double commémoration : le 30e anniversaire de la mort de l’écrivain, survenue dans la nuit du 14 au 15 avril 1986. Et le 50e anniversaire de « la bataille des Paravents ».
L’exposition a été réalisée avec le concours de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine, Imec. Le commissariat général a été assuré par Albert Dichy, directeur littéraire de l’Imec, créateur du fonds Genet, et aujourd’hui spécialiste majeur de son oeuvre dont il a fait publier l’oeuvre posthume aux éditions « l’Arbalète » Gallimard, et à qui l’on doit entre autres l’édition du Théâtre complet, qu’il a codirigée avec Michel Corvin, dans « la Bibliothèque de la Pléiade ». Ainsi que par la romancière Emmanuelle Lambert, auteur d’une thèse de doctorat sur l’oeuvre théâtrale de Genet.

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« Furie divine » de José Rodrigues Dos Santos

furie_divineMayak, complexe nucléaire en Russie.
Au coeur de la nuit, un commando tchétchène fait irruption dans l’un des entrepôts du site et s’enfuit avec deux cargaisons d’Uranium hautement enrichi. Le nouveau cauchemar de l’Humanité commence.
Tomás Noronha est en vacances aux Açores lorsque Frank Bellamy, directeur des Sciences et de la Technologie de la CIA, prend contact avec lui. Le jeune et talentueux cryptologue portugais doit les aider à déchiffrer un message d’Al Qaïda qu’ils ont intercepté et qui pourrait être une menace planétaire.
Quarante ans plus tôt, en Égypte, Ahmed est un jeune garçon pieux et particulièrement brillant. Il a 7 ans lorsqu’il est présenté au cheik Saad qui lui enseignera le Coran et les fondements d’un Islam modéré et pacifique.
Ahmed grandit, il étudie dans l’une des plus grandes universités islamiques du Caire et se lie d’amitié avec un professeur charismatique qui lui présente un autre Islam, celui du Djihad et de la guerre contre les infidèles. Le petit garçon est devenu un jeune homme. Son âme reste partagée entre les discours de ses deux maîtres spirituels, jusqu’au jour où il décide de prendre le chemin de la radicalisation.

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« Manuel d’exil. Comment réussir son exil en trente-cinq leçons » de Velibor Čolić

manuel_d_exil«Fraîchement restauré, le foyer de demandeurs d’asile à Rennes me fait penser à mon lycée. Une grande porte vitrée, d’interminables couloirs, sauf qu’ici au lieu des salles de classe on a des chambres pour les réfugiés. Dans le hall central il y a une carte du monde avec les petits drapeaux du pays des résidents. La misère du monde s’est donné rendez-vous à Rennes en cette fin d’été 1992.
Je suis accueilli par une dame aux énormes lunettes. Elle parle doucement en me regardant droit dans les yeux. Je saisis que je vais avoir une chambre simple, pour célibataire, que la salle de bains et la cuisine sont communes et que j’ai droit à un cours de français pour adultes analphabètes trois jours par semaine.
Je suis un peu vexé :
– I have BAC plus five, I am a writer, novelist…
– Aucune importance mon petit, répond la dame. Ici tu commences une nouvelle vie…»
Après avoir déserté l’armée bosniaque, le narrateur se retrouve sans argent ni amis, ne parlant pas le français, dans un foyer pour réfugiés. Dans une langue poétique, pleine de fantaisie et d’humour, Velibor Čolić aborde un sujet d’une grande actualité et décrit sans apitoiement la condition des réfugiés, avec une ironie féroce et tendre.

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« L’exil » de Çiler Ilhan

Prix de l’Union Européenne pour la littérature 2011

l_exil_ciler_ilhanIls ont subi toutes sortes de violences. Ils n’ont le droit d’exister ni dans leurs corps ni dans leurs âmes. Se conformer à leur âge, parler leur propre langue dans leur propre pays ou épouser la personne qu’ils aiment leur est interdit. Leur enfance et leur intimité leur ont été volées, comme leur a été refusé le droit de vivre leur vie.
Quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent, on les reconnaît tous, ces gens ordinaires dont le destin peuple les pages glacées des magazines. Ils disent à la fois l’exil, le crime, la vengeance, les pleurs ou le retour. Avec ce récit universel, intime et bouleversant, sans concession, dans la lignée de Hakan Günday, la jeune auteur turque Çiler İlhan, qui, avec ce livre, a reçu le prix de l’Union européenne pour la littérature 2011, donne un visage et une voix aux victimes de l’exil et de l’injustice, sans jamais perdre espoir en l’humanité.
L’AUTEUR
Née en 1972, Çiler İlhan a étudié les relations internationales et les sciences politiques à l’université du Bosphore.

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Décès de l’écrivain et philosophe Elie Wiesel

elie_wieselLe prix Nobel de la paix et rescapé de la Shoah Elie Wiesel est mort samedi à l’âge de 87 ans, après avoir consacré sa vie à perpétuer la mémoire de l’Holocauste.

Né le 30 septembre 1928 à Sighet, en Roumanie (alors Transylvanie), Elie Wiesel est déporté à 15 ans à Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée par les nazis, où sa mère et sa plus jeune soeur sont assassinées. Son père meurt devant lui à Buchenwald (Allemagne) où ils ont été transférés. A sa sortie du camp, en 1945, il est recueilli en France par l’OSE (oeuvre juive de secours aux enfants) et y vit jusqu’en 1956. En 1986, le comité Nobel a salué en lui « l’un des plus importants leaders et guides spirituels à l’époque où la violence, la répression et le racisme continuent à dominer le monde ». En France, où il a suivi ses études de journalisme à la Sorbonne, Elie Wiesel a été décoré en 1984 de la Légion d’honneur, avant d’être fait Grand-officier en 1990, puis Grand-croix en 2001. « Elie Wiesel était l’élégance même, la grandeur, la générosité », dit Jack Lang, ancien ministre de la Culture, dans un communiqué.

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« Ce qui désirait arriver » de Leonardo Padura

leonardo_padura_juin_2016Titre original : Aquello estaba deseando ocurrir
Langue originale : Espagnol (Cuba)
Traduit par : Elena Zayas

En quelques mots, on y est. Cuba, La Havane, comme un regret sans fond, comme la musique d’un vieux boléro. Un doigt de rhum Carta Blanca (quand il en reste), soleil de plomb, solitude. Magie des décors qui n’ont pas besoin de description, ou si peu.
Les héros de Padura sont des tendres ; ils se heurtent à la société, au destin, au temps qui passe ; à ce désir qu’ont les choses, souvent, d’arriver contre notre gré, sans nous consulter. Ainsi, les toits qui s’effondrent, les pénuries de rhum, le départ intempestif d’êtres aimés.
On trouve de tout dans ce recueil de nouvelles, amours bêtement gâchées, soldat en fin de mission à Luanda, archange noir, nuits torrides, jeunes gens désœuvrés, fonctionnaires désabusés, souvenirs cuisants…

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« Padura, Cuba du siècle » de Philipe Lançon (Libération)

— Par Michel Porcheron —

Leonardo PaduraLe journaliste et écrivain Philippe Lançon a retrouvé pour Libération Leonardo Padura à Paris trois ans après leur dernière rencontre, à La Havane. « Le romancier semble égal à lui-même : discret embonpoint, ironique prudence et chaleur distanciée ». Il clope toujours, « ici comme là-bas »

L’écrivain cubain, 60 ans, est en France pour présenter un recueil de nouvelles « Ce qui désirait arriver » (Ed.Métailié), composé de textes écrits entre 1985 et 2009, une époque où il n’était pas encore romancier, « ou pas encore connu ». Ces nouvelles ont été écrites « avant, pendant et après la naissance de Mario Conde, son flic mélancolique, devenu vendeur de livres » .Le Conde a été imaginé en 1989.

L’article du « conocedor » Philippe Lançon couvre deux pages de Libération dans son n° du jeudi 9 juin, avec pour titre « Padura, Cuba du siècle ».
« Padura, Cuba du siècle » de Philippe Lançon (Libération)

Posté par Michel Porcheron

Rencontre de Philippe Lançon (photo) avec l’écrivain cubain dont l’œuvre incarne l’histoire de son pays, depuis la disparition du « parrain » soviétique jusqu’au récent rapprochement avec l’ancien ennemi américain.

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Breleur total !

Arpenteur des ombres et servant de l’éclat

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— Par Patrick Chamoiseau —

Dans la vie d’un artiste, une exposition n’est jamais quelque chose d’anodin. Ce n’est pas seulement une circonstance où il se montre à son public, et partage le degré de questionnement auquel il est parvenu. C’est surtout l’instant où, d’une certaine manière, l’œuvre s’éloigne du créateur et commence à vivre, loin de lui, une vie autonome, dans ce que Saint John Perse appelait un grand « verger d’éclairs ».

Avec nos amis, nous avons toujours essayé de ritualiser le moment du décrochage. Il est pour nous bien plus important que celui du vernissage. Après l’exposition, le cordon ombilical achève de se rompre, l’œuvre se retrouve pour ainsi dire « lâchée » comme on le ferait d’un animal sauvage. Elle commence non pas une vie décidée par l’artiste, mais véritablement un marronnage dans la matière du monde, tout comme une extension imprévisible dans les consciences et les imaginaires qu’elle a pu confronter. Il est précieux pour un créateur de voir le sillage de ce qu’il a créé. Quand l’œuvre est considérable, ce sillage est tissé d’effervescences, de déclenchements, de germinations, d’émergences de toutes sortes.

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Haïti – Littérature : René Depestre, Lauréat du Grand Prix SGDL 2016

rene_depestreLa Société des Gens De lettres (SGDL) a dévoilé le mois dernier les lauréats de ses différents Prix. Cette année, le Grand Prix SGDL de littérature a récompensé le poète et écrivain haïtien René Depestre pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion de la parution de son dernier livre « Popa Singer », publié aux éditions Zulma et notamment connu pour « Hadriana dans tous mes rêves » récompensé par le prix Renaudot en 1988.

Le jury présidé par Corinna Gepner, était composé des auteurs membres du comité : Mohammed Aïssaoui, Gérald Aubert, Christiane Baroche, Jean Claude Bologne, Mathieu Brosseau, Belinda Cannone, Evelyne Châtelain, Georges-Olivier Châteaureynaud, Sophie Chauveau, Fabrice Colin, Edith de Cornulier, Chantal Danjou, Christophe Deleu, Pierrette Fleutiaux, Françoise Henry, Emmanuelle Heidsieck, Mathias Lair, Dominique Le Brun, Laure Limongi, Véronique Ovaldé, Marie Sellier, Mathieu Simonet, et Carole Zalberg.

Palmarès :

Grand prix SGDL de littérature pour l’ensemble de l’œuvre : René Depestre, Popa Singer (Zulma)
Grand prix SGDL de poésie pour l’ensemble de l’œuvre : Michel Butor, Ruines d’avenir (Actes Sud/Ville d’Angers)
Grand prix SGDL du roman : Monica Sabolo, Crans-Montana (JC Lattès)
Grand prix SGDL de l’essai : Jean-Claude Guillebaud, Le tourment de la guerre (L’Iconoclaste)
Grand prix SGDL de la nouvelle : Gilles Verdet, Fausses routes (Rhubarbe)
Prix de poésie Charles Vildrac : Anne-James Chaton, Elle regarde passer les gens (Verticales)
Prix Paul Féval : Bénédicte des Mazery, Les oiseaux de passage (Anne Carrière)
Grand prix SGDL de la fiction radiophonique : Caroline Guilea Nguyen, Antoine Richard, Alexandre Plank, Le Chagrin, Jules et Vincent (France Culture, 2015, 55’)

Dotés de 1,500 à 6,000 euros, les Prix SGDL seront remis à l’hôtel de Massa, le mardi 21 juin à 19h30.

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« Planète migrants » de Sophie Lamoureux et illustré par Amélie Fontaine

planete_migrantsUn livre indispensable pour comprendre un des principaux enjeux du monde d’aujourd’hui.

Depuis la fin du XXe siècle, les flux de migrations se sont multipliés. Aujourd’hui, on estime qu’un humain sur trente a quitté son pays de naissance. Pour des raisons économiques, politiques, climatiques… il n’existe plus un endroit sur Terre qui ne soit pas concerné. Ces mouvements de population suscitent de nombreux débats dans les pays d’accueil comme la France. Pourtant, la France est traditionnellement un pays d’immigration massive. Ce documentaire clair et précis propose un rappel historique de ce phénomène et détaille les questions et enjeux actuels auxquels les pays développés doivent répondre.

Journaliste de formation, Sophie Lamoureux a travaillé pour plusieurs médias avant de se consacrer essentiellement à l’édition jeunesse. Aux éditions Actes Sud Junior, elle est l’auteur de plusieurs documentaires dans la collection “À petits pas”, L’Immigration, La Politique, La Presse, Les Indiens d’Amérique, Les Grandes découvertes ainsi que Le Livre des jeux, Sur la piste du soldat inconnu, Sur la piste des héros de l’ombre et Planète migrants. Elle vit dans le Sud-Ouest.

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« Martinique des mornes » par Philippe Bourgade

Archiver la tendresse…

— Par Raphaël Confiant

Il y a d’abord cette rondeur maternelle, l’impression d’être en permanence sous mille regards bienveillants et à mesure-à mesure que l’on suit la montée de la trace, entre goyaviers sauvages et halliers aux noms inconnus, la certitude d’être vivant, là, au beau mitan du pays.

Le Morne est donc éternité impassible.

Il charroie avec allégresse – ô têtue ! – des fragments de lumière, des éclats argentés et tout un scintillement infini que capte miraculeusement l’objectif de Philippe Bourgade. Ce sont rigoles, ravines, torrents, rivières, tout ce qui nous ramène au royaume enchanté de l’enfance. Fugacement. La lessivière au bord de l’eau, accroupie dans l’eau, devient négresse féerique. Elle invente un chanter muet, des gestes qui subjuguent l’homme revenant de son jardin créole. Et lui de kokiyé les yeux de tendresse.

Car l’entre-jambes de la négresse, assise sur une roche, n’est point du tout obscène, pas plus que n’est hilarante la traversée, bas du pantalon relevé et jupe remontée, du couple de vieux-corps, qui brave les gués faussement calmes pour s’en aller prier à l’église.

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22 mai : poèmes de Patrick Mathelié-Guinlet

le_22_mai22 MAI 1848

I

L’or rouge de l’Afrique a menotté mes yeux
pour toujours obsédés par le son du tambour.
Ces mains battant la peau de joie ou de douleur
dont déborde le cœur des hommes de couleur
conjurant tous les dieux des jungles et des cieux
pour oublier le poids de leur destin trop lourd,
racontant l’épopée d’un trajet sans retour,
d’un exil au delà des terres des ancêtres,
subissant sous le joug insensible de maîtres
cruels l’injustice du légal code noir
qui fait dans la terreur d’un monde sans amour
l’espérance de vie rimer au désespoir.
C’est pourquoi aujourd’hui vient le besoin d’écrire,
d’exorciser enfin le triste souvenir
afin que désormais avec moi puisse dire
tout homme sensé : “L’ESCLAVAGE, JAMAIS PLUS !”

II

Mon île n’est pas née de nébuleuses
mais bien plutôt de la mer houleuse.
22 Mai ! Ce beau jour
vit se briser les chaînes…
N’est-ce pas le bon jour
pour enterrer les haines ?
Et si sont remisés
et les fouets et les fers,
c’est pour qu’enfin jaillisse
aujourd’hui la lumière.
22 MAI 1848

Si se sont libérés
les poignets et les pieds,
cela n’est pas assez
pour crier : « Liberté !

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Bob/ Des ombres et des lueurs/ Mon ami Pierrot

Nassuf Djailani, Criss Niangouna, Faubert Bolivar

livre_tarmacTrois pièces. Trois pays. Trois auteurs. Les Comores. Le Congo-Brazzaville. Haïti. Et pourtant, non pas la même histoire, mais la même question : la violence est-elle le dernier recours contre l’injustice politique ? Ces trois auteurs y répondent chacun à leur manière, en traitant des faits les plus tragiques de l’actualité récente de leurs pays, mais en n’oubliant pas ce que le théâtre peut opposer à la barbarie engendrée par le chaos : le langage, la poésie et le logos comme un long chant destiné à témoigner, à faire réfléchir, à faire agir.

Bob de Nassuf Djailani, Des ombres et des lueurs de Criss Niangouna, Mon ami Pierrot de Faubert Bolivar : des écritures neuves, nécessaires et essentielles, pour appréhender les bouleversements de l’aire francophone en ce début de XXIe siècle.

Né à Port-au-Prince en 1979, Faubert Bolivar est poète, dramaturge et essayiste. Récipiendaire en 1996 du Prix Jacques Stephen Alexis pour sa nouvelle Faux-Lit, il a reçu en 2013 le Prix Marius Gottin d’ETC-Caraïbe pour sa troisième pièce en créole Mon ami Pyero. ( lire le compte-rendu de lecture publique ici)

Journaliste et écrivain, originaire de Mayotte dans l’archipel des Comores, Nassuf Djailani collabore régulièrement à des revues littéraires telles que Po&sie, Mange Monde, Riveneuve Continents ou Ubu – Scènes d’Europe.

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« Le bout du monde est une fenêtre  » d’Emmelie Prophète

—Par Alexis Viardot —

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Prix Carbet des Lycéens 2016. Critique primée.

Le bout du monde est une fenêtre est un roman écrit par l’haïtienne Emmelie Prophète. Je dois avouer qu’après avoir lu la quatrième de couverture, je n’étais pas très enthousiaste à l’idée de lire une histoire avec des « dialogues sans mots ». Mais Le bout du monde est une fenêtre est un roman bien plus profond que cela : il regorge de symboles. L’implicite et le non-dit dominent largement. L’auteur semble vouloir nous laisser naviguer entre nos propres interrogations et interprétations : c’est réussi. Chaque élément du livre a un sens, une signification à déchiffrer et rien ne nous laisse nous cantonner à la première impression. Le livre montre plus qu’il n’en dit et apprécier ce livre à sa juste valeur, c’est savoir lire entre ses lignes et déchiffrer les messages que l’auteur a placés avec subtilité. La plume et l’écriture d’une justesse inouïe nous inondent de détails sur la vie des personnages, sur les lieux, les habitudes des habitants et tant d’autres informations, véritable oasis pour notre imaginaire.

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L’enfant et le quimboiseur, roman de Véronique Lordinot

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Dans le huis clos d’une maison de campagne, un petit collégien est maltraité par sa mère. À quelques mètres de chez eux, vit un vieil homme taciturne et énigmatique, Monsieur Zouti. Son refuge : une case minuscule délabrée et à moitié engloutie par la forêt.
Un soir après la classe, l’enfant découvre dans les bois un étrange spectacle. Le vieux Zouti seraitil l’artisan de cette mise en scène insolite au parfum de rituel occulte ? Pour élucider le mystère, le petit collégien bouscule les conventions, dans un monde rural qui s’efforce de passer sous silence son héritage magico-religieux.

Entre peur et fascination, le narrateur livre au lecteur un récit à la fois empreint de tendresse, de souffrances et d’éveil à la vie sur fond de vérités révélées et révélatrices…

Véronique Lordinot, originaire de Sainte-Marie en Martinique, signe ici son tout premier roman. Cette passionnée de l’écriture et de l’image a exercé, pendant une vingtaine d’années, le métier de journaliste sous le pseudonyme de Véronique Malidor.

Très tôt, elle séduit un lectorat choisi, à qui elle dévoile sa plume en rédigeant des portraits et des nouvelles centrés sur la vie de ses lecteurs.

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Les derniers jours d’un condamné mort pour ses idées

— Par Sophie Joubert —

de_nos_freres_andrasPrix Goncourt 2016 du premier roman, Joseph Andras retrace les derniers jours de Fernand Iveton,le seul Européen guillotiné pendant la guerre d’Algérie, qui fut militant communiste.

De nos frères blessés, de Joseph Andras. Éditions Actes Sud, 144 pages, 17 euros. Fernand Iveton n’a tué personne. Il avait tout juste 30 ans lorsqu’il a été torturé et condamné à mort pour avoir posé une bombe dans son usine. Nous sommes à Alger, en 1956. La guerre sans nom a commencé deux ans plus tôt. Français d’Algérie anticolonialiste, délégué CGT, membre du Parti communiste algérien rallié au FLN, il veut alerter l’opinion sans intention de tuer. L’explosif est désamorcé, ne faisant ni dégât ni victime. Fernand Iveton est mort le matin du 11 février 1957, avec deux de ses camarades algériens, après une journée de procès sommaire et une demande de grâce rejetée par le président René Coty et François Mitterrand, alors garde des Sceaux. « Iveton demeure comme un nom maudit (…). On se demande comment Mitterrand pouvait assumer ça », écrivent l’historien Benjamin Stora et le journaliste François Malye dans François Mitterrand et la guerre d’Algérie, cité en exergue.

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Slam et beatbox au Cap Excellence Théâtre.

Guadeloupe Cap Excellence Théâtre 2016

refugies_poetiques— Par Roland Sabra —

Pour beaucoup c’était une découverte. Une belle découverte. Ils sont deux sur scène. D’emblée ce qui s’affirme, ce qui s’impose c’est une voix. Forte, puissante et claire dans son phrasé. Ensuite c’est la source de cette voix. Un petit bout d’être, peau claire légèrement basanée, cheveux serrés entre foulard et bandana, jean’s qui tombe sur des running shoes, t-shirt recouvert d’un gilet sans manche, le tout dans des tons sombres. Délicieusement androgyne, le personnage « slam » entouré d’une baraque sans ambiguïté aucune qui l’accompagne comme beatbox. Corneil, il s’appelle. Très vite la question du genre s’envole. On ne retient que la voix et les poèmes urbains, la beauté des images, les raccourcis saisissants, les envolées électriques, les jeux sur la langue, la rage de vivre, l’appel à la naissance d’un autre monde dans l’entre deux des rimes lancés au public comme une offrande. Un image s’impose : celle d’une mère en héritage de voix et gabarit : Piaf ! La gouaille est la même, le format est le même, la puissance de la voix est la même.

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Une édition lacunaire

— Par Kora Véron —
cesaire_ecrits_pol_t2Annoncée depuis plusieurs années, l’édition des Écrits politiques d’Aimé Césaire était attendue avec curiosité. Désinvolte, dépourvu de l’apparat critique indispensable à l’appréhension d’écrits politiques, ce travail se signale surtout par ses lacunes manipulatrices.
Aimé Césaire, Écrits politiques (1935-1956). Édition établie et présentée par Édouard de Lépine⋅ Nouvelles Éditions Jean-Michel Place, 428 p⋅, 23 €

Le lecteur gourmand se précipite sur la table des matières Qu’y a-t-il au menu ? Impossible de le savoir avec précision. Il y reconnaît les titres de textes bien connus, comme « Nègreries : jeunesse noire et assimilation », ou Discours sur le colonialisme Mais à ces titres authentiques sont mêlés des titres inventés par l’éditeur Ainsi, « Hommage au cri de l’invincible espérance. Cinquième anniversaire du 18 juin 1940 » devient « Ve anniversaire de l’appel du général de Gaulle prononcé le 18 juin par Aimé Césaire, maire de Fort-de-France » dans la version retenue par Édouard de Lépine Plus étonnant encore, les interventions de Césaire à l’Assemblée nationale se voient attribuer un titre, plus ou moins romancé (par définition, un discours parlementaire n’a pas de titre) La table des matières ne mentionnant pas l’origine des textes, le lecteur alléché doit tourner les pages pour savoir, par exemple, à quoi renvoie : « Les troupes coloniales ne méritent pas le déshonneur d’être traitées en troupes prétoriennes » Aura-t-il le plaisir de découvrir un texte qu’il ignorait ?

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« Partition noire et bleue » (Lémistè 2) de Monchoachi

lemiste_2Le premier volume du cycle Lémistè, sous-titré « Liber America », était une approche par la parole de l’univers culturel et langagier du monde amérindien, à travers le choc entre les cultures européenne, africaine et caraïbe, qui se traduisit notamment, du point de vue de la langue et donc de la littérature, par l’invention à travers le créole d’une langue particulièrement sensuelle.
Dans le présent volume, Partition noire et bleue continent africain, sa puissance symbolique, son énergique vitalité. La grande originalité de la prosodie de ce livre, –où l’incantation la plus mystérieuse et la réalité langagière la plus immédiate et triviale répondent par la parole poétique au génie tragique de l’Afrique —,est de métaphoriser par une langue particulièrement riche et parleuse ses rites, ses masques, toute cette force merveilleuse qui « être relié par toutes les fibres du corps aux puissances de l’univers ». Monchoachi magnifie le Continent noir et ses riches cosmogonies face à l’emprise étouffante et froide de « la rationalité rapetissante, standardisante, nivelante, le fatalisme morne généré par un culte obtus rendu à l’évolutionnisme… »

Un livre qui s’inscrit dans le continuum d’une incroyable et fascinante entreprise langagière.

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« Asou latolérans »

traite_sur_la_toleranceVoltaire Traité sur l’intolérance
ASOU LATOLERANS
Texte bilingue en français et en créole
Traduction de Rodolf Etienne
Publié en 1763, le “Traité sur la Tolérance” de Voltaire, inscrit invariablement au coeur de son époque mouvementée, ressurgit infailliblement dans l’universalité du temps et de l’espace de la modernité, nous rappelant sans cesse les atavismes, les errances et les faiblesses de la condition humaine.

Lire aussi l’entretien accordé à Madinin’Art par  Rodolf Etienne

A l’heure où les humanités, multiples, se rencontrent, se croisent et s’entrecroisent, se chevauchent parfois, s’entrechoquent et se conjuguent dans un mouvement inaliénable, incessant, irréversible – créolisation du monde1 ? -, le “Traité sur la Tolérance” de Voltaire répond indubitablement, comme un écho clair et distinct, à nos pires peurs d’un monde dominé toujours par le fanatisme, le dogmatisme.
Premier adepte du “despotisme éclairé”2 aux côtés de son grand ami Frédéric II de Prusse, Franc-maçon tardif – il fut initié le 7 avril 1778, à l’âge de 84 ans -, Voltaire fut incontestablement l’un des plus brillants esprits de son époque, dévoué qu’il fut aux causes humaines les plus progressistes de son temps.

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« Les Rencontres pour le lendemain » – Premier bilan

— Par Selim Lander —

mairie Saint-EspritOrganisées à la médiathèque du Saint-Esprit, à l’initiative d’un écrivain philosophe, Faubert Bolivar, épaulé par un petit groupe de volontaires passionné(e)s, les Rencontres du lendemain dont la première a eu lieu au mois de janvier 2016 se sont déroulées jusqu’ici au rythme annoncé d’une par mois. Il s’agit à chaque fois de donner à la personnalité autour de laquelle s’organise la soirée l’occasion de se faire connaître du public autrement que par ses œuvres, d’une manière plus personnelle, plus intime. Le déroulement de chaque soirée suit toujours à peu près le même canevas : les deux ou trois personnes que la tête d’affiche a souhaité avoir auprès d’elle pour témoigner s’expriment avant qu’elle ne prenne elle-même la parole, puis un débat s’ouvre avec le public. Dans les intervalles, un film peut être projeté à la demande de la personnalité invitée et les organisateurs s’arrangent pour lui ménager quelques « surprises » : la lecture à plusieurs voix d’un de ses textes, une chanson accompagnée au clavier ou au tambour, un témoignage qu’elle n’avait pas sollicité, par exemple de la part de quelqu’un d’éloigné qui se sera fait filmer pour la circonstance…

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Syto Cavé, notre ami, est en Martinique

— Communiqué de Culture Égalité —

syto_cave_photoSyto Cavé écrivain et metteur en scène de théâtre haïtien.
La priorité de Syto Cavé est le vécu poétique permanent.
Il sera parmi nous avec sa production littéraire et musicale
Mardi 19 avril à 19h30, conversations croisées à Trinité
Mercredi 20 à 18 h à l’AMEP (route de Redoute) : «le projet du nord est en Haïti »
Jeudi 21 à 18h à la médiathèque du Saint-Esprit : «an lodyans épi Syto Cavé»
Vendredi 22 à 20 h au Times – rue Paul Nardal à Fort-de-France
Samedi 23 à 10h à la librairie Alexandre à Fort-de-France (rue de la République) : séance de dédicaces
Dimanche 24 à midi : « A dansé la vi a » Gallochat l’Anse à l’Ane.
Mercredi 27 avril à 18H30 à la médiathèque du Lamentin : « Paroles d’artistes »

 

Né à Jérémie (Haïti) le 7 août 1944, Syto Cavé est un véritable passionné de théâtre et d’écriture. Parolier, il a écrit plusieurs recueils de nouvelles, de poèmes, de pièces de théâtre en créole et en français. Ces dernières ont été jouées en Haïti, aux États-Unis, en France, au Canada, en Martinique, en Guadeloupe et dans le milieu latino-américain.

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« Les anges du désir », un roman, Michel Redon

redon_anges_du_desirUn roman. Pas une histoire mais des histoires : une rencontre amoureuse, à Cayenne, de nos jours, écrite par une femme, Hélène. En fait, une histoire à quatre mains, cocasse, surprenante mais harmonieuse, un peu comme une partition de piano. L’écrivain, Claude, écrivant l’histoire d’Hélène qui écrit celle de Marie et de Julien. Chaque écrivain, le réel et le créé vit l’histoire de ses propres désirs… Jusqu’à ce que les récits s’enchevêtrent et que Claude rencontre – ou croit rencontrer – l’un de ses personnages…

Vous l’aurez compris, tout cela orchestré par la plume d’un auteur joueur voire taquin qui entraîne ses lecteurs à la découverte d’un tableau à plusieurs lectures pour faire apprécier la notion de désir.

MOTS DE LECTEUR :

« Ce que l’on aime dans ce roman c’est la liberté, sinon légèreté, du narrateur principal qui mène, si l’on ose dire, son lecteur par le bout du nez. Celui qui tient la plume a le pouvoir… C’est néanmoins avec un réel plaisir que l’on suit l’évolution des états d’âme des personnages qui, à quelques égards, nous renvoient immanquablement à nos propres questionnements sur d’éventuelles relations amoureuses en cours ou passées.

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EROICA, un roman sur l’alchimie entre Basquiat et New York

— Par Dominique Daeschler —

eroica_ducrozetTroisième ouvrage publié chez Grasset du jeune auteur Pierre Ducrozet, Eroica nous entraîne dans le New York des squats, dans Harlem et le South Bronx. Un New York respiré, sniffé à en perdre la vie par Basquiat, entre ciel et trottoir.

« Le garçon est sorti de l’imagination du garçon. C’est sa plus belle création. Mais gaffe garçon. Ca glisse aussi dans la fiction ».

Le ton est donné, le pari posé. Pierre Ducrozet possède l’écriture pressée des jeunes gens d’aujourd’hui : on s’y émerveille de faire une phrase avec sujet-verbe-complément ! Cependant cette écriture à l’américaine, cinématographique en diable(les champs, contre-champs y remplaçant toute analyse psychologique), est héritière, dans ses qualités descriptives, d’un Dos Passos, ce qui n’est pas un mince compliment. Ecrit le plus souvent à la première personne (c’est Basquiat qui parle), comme un scénario, avec beaucoup de dialogues, l’auteur nous entraîne dans l’intimité de Basquiat, nous donnant l’impression de le suivre à la trace.

A New York, après les tags signés SAMO « comme de grands sacs de réel emballés », Basquiat devient Jay et célèbre en un an (81-82).

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« 2028 L’affaire Jean-Mohamed Galmot », un roman d’André Paradis

paradis_2028_affaire_galmotQui est ce Jean-Mohamed Galmot qui débarque en Guyane quelques jours avant le centième anniversaire des événements de 1928 ? Serait-il la réincarnation de Jean Galmot ? Étrange, oui, vraiment, ce qui arrive à Jean-Mohamed en cette année terrible de 2028 où il devra tout simplement sauver le monde… Mais est-ce encore possible ? Et d’ailleurs, de quel monde s’agit-il ?
André Paradis a écrit ici le roman que personne n’attendait.
Une nouvelle vérité (et définitive !) sur l’Eldorado ?

MOTS DE LECTEUR :

« Si l’on ne se trouve pas proprement dans un roman de science-fiction à la Aldous Huxley ni semi-prophétique à la George Orwell, l’on est quand même plongé dans une intrigue à la fois étonnante et inquiétante d’une Guyane et plus largement de l’Amazonie et du monde de 2028, dévorés par la société dite de consommation et les organisations mafieuses. Une façon pour l’auteur de proposer ‘‘un monde possible’’ si les bons choix ne sont pas faits par la population guyanaise et les représentants qui, ici, ne sont qu’illusion de pouvoir. Non sans un humour rafraîchissant et une ironie piquante, l’auteur nous livre dans ce roman les charmes d’une nature et la beauté d’un environnement confrontés à la course au profit néfaste des êtres humains… »

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Extraits croustillants (la larme à l’oeil ou l’eau à la bouche, au choix)

Quand même, il me fallut pas mal de temps pour oser l’ouvrir, ce livre.

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