Catégorie : Littératures

Lire, une saine addiction !

– par Janine Bailly –

 Du monde et de la lecture comme consolation 

Si ton corps te fait faux bond, que te voici confinée à la chambre, que tu cherches au creux des oreillers un repos qui ne veut pas se donner, alors, la lecture se fait plus encore qu’à l’habitude ton amie chère, celle qui console, celle qui de son baume panse les plaies et blessures de la vie. Que le livre en cours soit de tonalité rose, grise ou noire n’a d’ailleurs que peu d’importance, ses vertus tiennent à l’histoire contée, aux thèmes abordés, aux héroïnes et héros aussi bien qu’aux anti-héros, réels ou inventés. Mais encore, la force d’un texte tient à la belle qualité d’un style qui, laissant sous-jacents ses procédés, donne à l’écriture une certaine force d’envoûtement. Tant de mots pour définir ce qu’apporte l’acte de lire, ce que le lecteur y cherche et en attend : un loisir, un plaisir, un enrichissement, le rêve et l’évasion, être au monde par procuration, par le truchement des pages ou, à l’inverse, être pour un temps au cœur d’une bulle protectrice, ignorant du monde qui tout autour va, vient et s’agite…

Une partie non négligeable de la littérature d’aujourd’hui aime se tenir au plus près de la vraie vie, elle plonge dans la réalité ses racines, elle fait aussi que chacun pense sa propre existence – comme sa propre petite personne – digne de se tenir au cœur d’un récit, plus ou moins déclaré autobiographique, ou mieux, affublé de ce terme d’auto-fiction, qui me reste quelque peu ambigu.

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Quelques nouvelles du Front

— Par Mireille Jean-Gilles —

Depuis exactement 6 mois, j’étais absorbée par une tâche, seule sur la ligne de front, et maintenant que j’ai terminé, celle-ci peut être emportée par la vague de « La parole silencieuse ».

« La parole silencieuse », c’est justement le titre d’un poème de Lémistè 4 de Monchoachi, et chaque titre des 32 poèmes qui composent ce recueil est un poème en soi : Les lèvres pures, La demeure celestielle, L’ombre de Dieu, Le dieu éblouissant, L’énigme du sceau, La voix de l’époux, La Reine, l’anneau nuptial, l’En haut, l’En bas,…

Je suis particulièrement émue d’écrire sur Streitti, tant il s’agit de la poésie à l’état pur, un poète a dit de cette œuvre : Le dernier Monchoachi, très beau. Très saisissante, cette physique kabbalistique qui s’approprie les sens radicaux en même temps que les racines des lettres. Cela fait ressortir un langage comme de dessous terre, le langage d’une création nouvelle.

Un autre lecteur écrivait :  Je suis un peu fatigué de cette poésie d’intellos à laquelle je ne saisis que dalle même si, récemment, un proche a tenté de m’expliquer par le texte (Monchoachi, STREITTI, La Confrontation, chez Obsidiane) pourquoi il fallait passer parfois par des poèmes “obscurs” pour être en mesure d’accueillir le monde.

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Limiè Kréyol 2024

Samedi 15 juin 2024 de 9h à 20h CGOSH Pointe Faula, 97280 Vauclin
Jwenn sé tradision-an, évolision-yo, bagay nef ka paret.
Epi an lanvi : brennen sé larel-la
Invitation à voyager à travers les paroles, les mémoires, les usages et la culture puisés dans la richesse et la pluralité de la langue créole.
Des temps forts, culturels et chargés d’histoire attendent les spectateurs autour du patrimoine, révélant les traditions, la mémoire de la langue créole dans le monde ainsi que tous ses trésors.
Au programme, petits et grands pourront se nourrir de tables rondes avec les acteurs créolophones incontournables de notre île et du monde, savourer des moments enrichissants autour de l’histoire et de la perception du créole Martiniquais dans notre société et de profiter des nombreuses animations (concerts, danses, etc.).

« Limiè Kréyol » poursuit trois objectifs principaux :
Transmettre l’histoire et la culture du créole ancrées dans le patrimoine mondial : faire connaître l’histoire et la culture créoles aux martiniquais et au-delà.
Rassembler les créolophones autour de l’avenir de la langue: créer un espace de dialogue pour unir les créolophones et discuter de l’avenir de la langue créole.

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La lexicographie créole et la question des emprunts lexicaux aux langues du bassin Caraïbe

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le journaliste et opérateur culturel Mingolove Romain anime tous les samedis l’émission « DEKABÈS » sur les ondes de Radio Méga 1700 AM à Miami. Cette émission est retransmise en direct, en Haïti, par Radio Explosion 96.5 FM aux Gonaïves et Radio Rendez-Vous 100.9 FM à Jacmel. À l’émission du 8 juin 2024 il a reçu en entrevue le linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol qu’il a invité à aborder différents aspects du thème général de l’entrevue, « Evolisyon lang kreyòl la ak gwo defi ki drese yo, sitou nan leksikografi kreyòl la ». Le « DEKABÈS » du 8 juin 2024 est maintenant accessible en différé sur le Web (cliquer ICI). Les questions fort pertinentes du journaliste et opérateur culturel Mingolove Romain ont ouvert la voie à des échanges éclairants sur l’ensemble des sujets traités et que les lecteurs du présent article peuvent désormais apprécier par l’écoute de l’entrevue. En présentant Robert Berrouët-Oriol aux auditeurs, l’animateur de l’émission a rappelé sa contribution à la conceptualisation et à la mise en route de la coopération terminolinguistique entre le Québec et Haïti.

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Chlordécone

— Par Yves Untel Pastel

Chlordécone,
le peuple accuse,

L’état récuse

Chlordécone,
Nos terres distillent
La mort à petit feu

Le peuple suffoque
Halète, crache une braise

Cancéreuse

Des générations sacrifiées
Et personne au banc des accusés :
Le peuple accuse, l’État récuse !

Les prétoires sont sourds à toute plainte
Les juges en livrée de corbeau
Ricanent à l’énonciation des charges

Nulle doléance n’est recevable
Puisque les preuves s’évanouissent
À peine versées aux mains des greffiers

Et cependant, les hommes flétrissent
Leurs testicules s’atrophient
Le mal ronge du dedans
Émascule même les plus viriles

Et c’est tout un peuple
Qui agonise sous castration chimique
C’est tout un peuple qui attend
Un péril sans visage
Un tueur rampant
Dans un silence funeste

Et le grand mal porte

Ce nom barbare
CHLORDECONE

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2e Festival du Jamais Lu Caraïbe

13-15 juin 2024 – Médiathèque Ernest J. Pépin de Lamentin, Guadeloupe

Textes En Paroles vous invite à participer à la 2e édition du Festival du Jamais Lu Caraïbe qui se tiendra du 13 au 15 juin 2024 à la médiathèque Ernest J. Pépin de Lamentin, Guadeloupe.

Organisé en partenariat avec le Jamais Lu (organisme basé à Montréal), ce festival est un événement gratuit mettant en avant des textes de théâtre des francophonies québécoise et caribéenne mis en lecture par des équipes de metteur.e.s en scène et comédien.ne.s professionnels (cf. programme synthétique en pièce jointe).


Venez découvrir, en l’espace de trois jours, la lecture théâtrale des quatre textes issus des résidences croisées d’écritures organisées par le Jamais Lu et Textes En Paroles entre 2023 et 2024, avec 4 dramaturges de la Caraïbe francophone et du Québec.

Il s’agit de :

Y’es-tu trop tard pour apprendre à aimer les écureuils ? de Sabrina Auclair (Québec – résidence 2023 Guadeloupe)

Mise en lecture par Nathalie Lau Jeudi 13 juin 2024

Embarquement immédiat ! d’Emmelyne Octavie (Guyane – résidence 2024 Montréal)

Mise en lecture par Emmanuelle Jimenez Lecture : Vendredi 14 juin 2024, 19h

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« La poésie, sans aucun doute! » & « Parturition »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

La poésie, sans aucun doute!

Malgré les guerres et trahisons,
la misère, les déceptions
et quand l’amour, les religions
sont remplis de désillusions,

la Poésie rend la vie belle
et aux hommes donne des ailes
parce qu’en vers tout comme en prose,
elle fait voir la vie en rose

même quand elle a des épines…
Elle est comme un vin de l’oubli
de l’amertume de la lie
qui pourrit le fond du tonneau,

la couleur au bout du pinceau
qui change en rêve un cauchemar
et dissipe les idées noires
en faisant renaître l’espoir

au sein même du désespoir.
De la baguette la magie,
une mystérieuse alchimie
transformant le vil plomb en or.

Chassant les ombres de la mort,
la lumière éclairant la route…
Et je le dis sans aucun doute :
on n’peut vivre sans Poésie !

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Gwoka et décolonisation culturelle : 1930 – 2009 

Des femmes et des hommes de Guadeloupe à l’œuvre

Auteur : Marie-Héléna LAUMUNO 

Marie-Héléna Laumuno est docteure en Histoire contemporaine. Passionnée de Gwoka, pratique culturelle aux tambours de racine africaine en  Guadeloupe, l’auteure en fait sa pratique artistique ( chant, danse) et l’objet principal de ses recherches et publications. Sa thèse intitulée Les gens du Gwoka en Guadeloupe, Devenir acteur de décolonisation, 1931-1994 a été soutenue en décembre 2019 à  l’Université des Antilles, sous la direction du Professeur Jean-Pierre Sainton. L’auteure est membre du GRiiim, Groupe de Recherche internationale, interdisciplinaire, interlaboratoires sur la musique, intégré au Centre de recherches intercontinental sur la musique (Québec/Antilles/Aix-Marseille) et favorisant les projets avec les Amériques et l’Afrique. 

Le Gwoka en Guadeloupe est-t-il juste ce qui se donne à voir, c’est-à-dire un ensemble de musiques, chants et danses aux tambours, vécu comme un amusement ou encore ne constitue-t-il pas un langage artistique par lequel s’exprime une rupture avec les représentations coloniales du tambour de racine africaine et de ses attributs ? Tel est le questionnement du présent ouvrage. 

Des années 1930 à 2009, alors que la question de la décolonisation politique de la Guadeloupe est pressentie puis posée par des acteurs politiques d’horizons divers, ces 80 années de pratique et de participation au Gwoka en Guadeloupe et à Paris, relatent une histoire révélatrice du Gwoka comme un cas  de décolonisation culturelle.

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Les Kanaks face à un colonialisme attardé 

Une mise en cause décisive de la civilisation occidentale

— Par Monchoachi —

L’Occident est entré, depuis quelques temps, dans sa phase de décadence. Cela s’est signalé entre autres dernièrement par son regroupement défensif spectaculaire autour d’Israël dans le conflit qui oppose ce dernier aux palestiniens. Suite à ses revers répétés en Afrique, la France quant à elle, s’est précipitée sur ses Outremers, en vue de bien marquer aux yeux de tous les limites de son territoire et d’y renforcer en toute urgence sa présence. Cette manœuvre conduit à la situation actuelle en Nouvelle Calédonie où cette volonté colonialiste se heurte à l’opposition et à la résistance farouche du peuple kanak originaire. En quoi cette situation nous regarde t-elle nous autres Antillais ? Deux points fondamentaux semblent à nos yeux nous concerner : le premier de toute évidence est la politique de colonisation de peuplement et ses implications inéluctables à terme. Le second est non moins important présentement, et plus fondamental pour la vision de sociétés et d’un monde tout autre que celui légué par la civilisation occidentale, qui apparaît de plus en plus comme l’un des piliers de cette dernière et l’élément le plus insidieux de son idéologie, à savoir la démocratie.

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« Tu, c’est l’enfance » de Daniel Maximin, une nouvelle édition en collection de Poche

— Par Sarha Fauré —

La réédition en collection de poche du récit d’enfance de Daniel Maximin, « Tu, c’est l’enfance », nous offre une plongée captivante dans la jeunesse tourmentée mais enrichissante de l’auteur en Guadeloupe. À travers ce livre, Maximin nous dévoile son enfance marquée par les éléments naturels et les luttes historiques de son peuple.

Le regard de l’enfant et l’universel

Daniel Maximin s’efforce de préserver la pureté et l’innocence du regard enfantin, refusant d’écraser les événements de l’enfance sous le poids du regard adulte. Cette dualité entre le « tu », l’enfant d’autrefois, et le « je », l’adulte d’aujourd’hui, permet de commenter et d’explorer les souvenirs qui ont forgé l’auteur. L’objectif est de respecter cette innocence et de montrer l’universalité de tous les regards d’enfants à travers le monde. Chaque enfant, en affrontant les éléments – l’air, la terre, l’eau et le feu – trouve une vitalité essentielle pour se construire en tant qu’adulte, tout en faisant face aux malheurs et douleurs qu’ils imposent. Maximin illustre cela par ses propres expériences : cyclone, éruption volcanique, tremblement de terre et raz de marée.

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Problèmes et perspectives de la lexicographie créole contemporaine 

De la nécessité de revisiter les enseignements de la linguiste Annegret Bollée

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« La lexicographie est la branche de la linguistique appliquée qui a pour objet d’observer, de recueillir, de choisir et de décrire les unités lexicales d’une langue et les interactions qui s’exercent entre elles. L’objet de son étude est donc le lexique, c’est-à-dire l’ensemble des mots, des locutions en ce qui a trait à leurs formes, à leurs significations et à la façon dont ils se combinent entre eux. » (Marie-Éva De Villers, « Profession lexicographe », Presses de l’Université de Montréal, 2006.)

L’article que nous avons publié le 23 mai 2024 en Martinique et aux États-Unis, « L’enseignement-apprentissage des mathématiques en créole à l’épreuve de la « pédagogie interactive » et de l’« aprantisaj aktif » de l’Inisyativ MIT-Ayiti », a retenu l’attention de divers lecteurs en Haïti, parmi lesquels des enseignants de créole. L’un d’entre eux, tout en précisant être peu familier de l’histoire de la lexicographie créole et de ses enjeux, nous a demandé avec insistance (1) de rappeler les principales caractéristiques des ouvrages lexicographiques lacunaires ainsi que celles des ouvrages lexicographiques de qualité.

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O lé Loa

— Par Daniel M. Berté —

O lé Loa libéré Ayiti

Legba
Olicha
Kouzen-Zaka
Gédé-Masaka
Baron-Lakwa
Mété lanmen ba Ayiti

Ogou
Agaou
Agasou
Gédé-Ousou
Entèwsédé ba Ayiti

Ewzili
Ogou-Badagri
Baron-Samdi
Gédé-Vi
Vwéyé limiè ba Ayiti

Danmbala-Wèdo
Aîda-Wèdo
Agoué-Taroyo
Balindjo
Loko
Chango
Gédé-Nibo
Trasé larel ba Ayiti

Azaka-Médé
Sobo ek Badé
Kaptenn-Gédé
Pòté soukou ba Ayiti

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« Un poète… » & « Ces mots qu’on n’utilise plus … »

Patrick Mathelié-Guinlet

Un poète…

Lorsqu’il a emprunté
certains chemins étranges
où la folie vous guette,
alors un homme change…

S’il ne perd pas la tête,
il devient un poète,
narrant son expérience
en visions imagées

même si ça dérange
le cours de l’existence
un peu trop bien rangée
du commun des mortels

qui ne peut s’envoler
puisque la société
lui a rogné les ailes
et pris sa liberté…

Comme une sorte d’ange,
un chamane, un prophète,
apparaît le poète
qui vous sort de la fange

où s’englue votre vie
et tous vos maux guérit
par la seule magie
de ses mots poésie…

On l’adore ou maudit
mais toujours on l’envie
d’avoir jeté les yeux
sur ces lieux interdits
où seuls vivent les dieux !

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Turbulence(s) / Dezòd : appel à contributions : DO-KRE-I-S # 7

Une turbulence est une agitation désordonnée, bruyante. Frénésie. Fureur. Insolence. Tourbillons dans un fluide. Tel un avion surpris par la densité du dialogue entre l’air chaud et l’air froid. Les turbulences agitent le confort, défont, l’espace d’un instant, l’inertie. Elles inventent chaos, chocs, entrecroisements, crissements.

Les turbulences créent désordre, tension. 

Le monde traverse une zone de turbulences. Ça secoue. C’est inquiétant, troublant, effrayant, paralysant. Ses fêlures s’engorgent d’une putrescence haineuse. Les repères sont jetés bas et les vieux monstres en semblent tout ragaillardis : moralisme, patriotisme, colonialisme, racisme, autoritarisme, capitalisme, sexisme, fleurissent plus que jamais, çà et là.

Les turbulences engendrent rupture, distorsion.

Paradoxalement, ne sont-elles pas aussi des opportunités de faire résistance aux désastres annoncés, aux catastrophes à l’œuvre ? Elles pourraient s’avérer un moyen d’endiguer les violences frénétiques infligées au monde. Le nouveau volume de la revue DO-KRE-I-S se propose de côtoyer et d’exalter cette promesse alternative, créatrice et instable du désordre (dezòd). Tumultes, tapages, cris, cacophonies, gribouillages. Les ruptures, ce sont aussi les existences qui se développent, se renouvellent, mutent, subvertissent. Ce sont de nouveaux milieux, de nouvelles voies, de nouvelles paroles, qui y sont promises, qui y sont possibles.

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Les Docs de La grande librairie : Colette

Diffusion : Mercredi 29 mai 2024 à 21h sur France 5

Ce mercredi 29 mai, « Les Docs de La Grande Librairie » consacre son cinquième volet à une figure emblématique de la littérature française : Colette. Réalisé par Catherine Aventurier et Margaux Opinel, ce documentaire inédit propose une exploration profonde et sensible de la vie et de l’œuvre de Colette, l’une des écrivaines les plus appréciées des Français.

Une vie de liberté et de paradoxes

Colette, de son vrai nom Sidonie-Gabrielle Colette, est célèbre pour ses œuvres devenues des classiques, telles que « Claudine à l’école », « Chéri », « Le Blé en herbe » et « Gigi ». Elle a écrit environ soixante ouvrages, plus de deux mille articles de presse et une abondante correspondance couvrant plus d’un demi-siècle. Pourtant, au-delà de son impressionnante production littéraire, Colette incarne une figure de liberté et de paradoxe. Insaisissable et féroce, elle mène sa vie littéraire, artistique et amoureuse en s’affranchissant des conventions et des attentes, forgeant ainsi une trajectoire unique et souvent scandaleuse.

Une émancipation totale des codes

Colette a toujours suivi une seule ligne de conduite : la sienne.

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« Tempes », un recueil de Nathanaël

Primé en 2023 lors de la deuxième édition du Prix international de l’Invention poétique, « Tempes », le dernier recueil de Nathanaël, vient d’être publié chez LEGS ÉDITION. Ce livre de 106 pages, magnifiquement illustré par l’artiste-peintre Sergine André, est introduit par une note de l’éditeur Dieulermesson Petit Frère. Cette préface offre un aperçu des conditions de publication et relate les conflits de censure entre l’autrice, l’éditeur et l’association initialement liée au prix. Refusant les pressions, Nathanaël a finalement confié son œuvre à l’éditeur initial, offrant ainsi au public un recueil empreint de sincérité et de résistance.

« Tempes » se divise en quatre sections : Interdiction, Contemplation, Portes et Épilogue. Chaque section explore les éléments fondamentaux de l’univers – la terre, l’eau, l’air et le feu – et est accompagnée de photographies illustratives. Interdiction invite à surmonter la solitude, Contemplation révèle la beauté du monde naturel, Portes explore les thèmes de la peur et de la mort, et Épilogue conclut sur une note d’odyssée et de quête intemporelle. La poésie de Nathanaël, lumineuse et intertextuelle, offre une réflexion profonde sur l’altérité et le dialogue entre les êtres.

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Du méfait colonial à la mondialité

Il n’y a pas d’ultramarins, il n’y a que des peuples-nations encore sans État.

— Par Patrick Chamoiseau —

La Kanaky (maintenant convulsive sous le mépris, la violence et la mort) offre à la vieille République française une occasion de se moderniser. Sa juste revendication exige une autre vision du monde. Elle demande aussi un réexamen de ce qui se « crie » tristement « Outre-mer ». Cette estampille ténébreuse camoufle ensemble un système et un syndrome.

Système, parce que, depuis des décennies (déjouant les mannes européennes et les paternalistes plans de développement), tous les indicateurs mortifères attestent d’une évidence : ces situations humaines demeurent largement en dessous du niveau de bien-être humain que l’on pourrait attendre de terres dites « françaises ». Syndrome, parce que dans ces pays-là, les signes pathologiques d’assistanat, de dépendance ou de déresponsabilisation sont les mêmes et sévissent de concert. (1)

Lire aussi :Édouard Glissant : Un État-nation martiniquais? Non merci, mais que vive la Nation-relation martiniquaise! — Par Roland Sabra —

La mondialité.

Via la Kanaky, ces pays méprisés par la France offrent à la compréhension du monde une réalité encore inaperçue.

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« La saison des fruits à pain. La sézon fiyapen » & « L’exil du roi Béhanzin, 1894-1906 »

En librairie

La saison des fruits à pain, La sézon fiyapen
Il y a bien des années, si le matin, au réveil, une mère de famille ne se demandait pas, anxieuse : ki sa man kay ba sé timanmay-la manjé ? (Que vais-je donner à manger aux enfants ?), cela signifiait que la saison des fruits à pain était là ! Du pain-bois disaient nos aînés, une merveille, cet arbre, un miracle son fruit ! Un kiwi géant avait murmuré une petite fille qui en voyait un, coupé longitudinalement, pour la première fois. S’il est bien préparé, il est d’une saveur inégalable. La gastronomie lui a offert un plateau d’argent afin de conjurer les confluences historiques et économiques qui le transplantèrent dans les Amériques. On regarde, on hume, on touche, on se délecte, on écoute tomber avec extravagance ces larges feuilles qui filent dans le cours d’eau de l’oubli, s’accrochent à une autre avant d’atteindre le sol ou s’étalent lentement sur l’herbe.
La sézon fiyapen est arrivée et a apporté la langueur des chaudes après-midi et la douceur des soirées habitées par les contes et les histoires de toutes sortes.

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DO.KRE.I.S, la revue haïtienne des cultures créoles 

— Par Scarlett Jésus, membre d’AICA sc(*) et du CEREAP.(**) —

Il y a fort à parier que jusqu’à aujourd’hui vous ignoriez l’existence de la revue DO. KRE.I.S.

Un drôle de nom penserez-vous pour une revue. Un nom aux sonorités étranges qui, tel un nom de code, suggère le mystère, l’étrangeté. Mais aussi la créolité. Vous n’auriez pas tort puisque cette revue fut créée en Haïti en 2017. Destinée à une publication annuelle, mais freinée par le Covid, son 6ème numéro vient tout juste de sortir en mars 2024. Avec à chaque fois un thème différent.

Son titre est issu d’un jeu d’osselets, très couru à Haïti. Il se joue en quatre manches avec 5 osselets dont chacune des quatre faces porte un nom, en rapport avec son apparence : Il y a le dos (D0 en créole), le creux (KRE), la lettre Z (I ou Zi) et ès (la lettre S). Les joueurs tentent de réussir la combinaison gagnante DO.KRE.I.S. Conçue pour être un espace de rencontres permettant à des cultures et disciplines différentes de dialoguer, la revue a vocation à « faire archipel », c’est-à-dire d’établir des ponts d’un océan à l’autre entre des îles (mais pas que) où le français, imposé, cohabite avec des parlures créoles qui lui résistent.

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L’enseignement-apprentissage des mathématiques en créole…

… à l’épreuve de la « pédagogie interactive » et de l’« aprantisaj aktif » de l’Inisyativ MIT-Ayiti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« (…) il n’est pas de production de connaissance robuste et fiable hors du collectif de scientifiques qui s’intéressent aux mêmes objets, faits et questions. La connaissance scientifique doit être mise à l’épreuve et vérifiée par des collègues ou pairs compétents, à savoir ceux qui sont préoccupés par les mêmes questions ou sont pour le moins familiers de la démarche scientifique concernant la matière spécifique (…). » (« Les sciences et leurs problèmes : la fraude scientifique, un moyen de diversion ? », par Serge Gutwirth et Jenneke Christiaens, Revue interdisciplinaire d’études juridiques 2015/1 (volume 74).

Paru en Haïti dans Le Nouvelliste daté du 16 mai 2024, l’article « Ansèyman ak aprantisaj matematik vin pi fasil gras ak bourad Inisyativ MIT-Ayiti », que signe le Biwo kominikasyon MIT-Ayiti, a médusé nombre d’enseignants préoccupés par la didactique du créole ainsi que des professeurs de créole soucieux d’intégrer à leur enseignement les apports de la lexicographie créole.

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Bienfaisante sécheresse

— Par Patrick Chamoiseau —
Bienfaisante sécheresse, qui nous amène à désirer la pluie, au point qu’une journée pluvieuse, n’en déplaise à l’imagerie occidentale, serait, enfin, à ce niveau de conscience, une bien jolie et belle journée.

Bienfaisante sécheresse. Elle nous révèle notre esprit épicier, rapia du nord rapia du sud rapia du centre, loin de toute vision d’ensemble, qui nous prive ( dans notre micro-espace ) d’une intelligence de l’en-commun du manque ; et nous illustre notre perte de la-main-solidaire des traditions du Lasotè ou des philosophies conviviales du Bèlè.

Bienfaisante sécheresse. Elle nous enseigne à penser l’eau, à chaque seconde, à chaque instant, chaque jour durant, à mieux réaliser nos dilapidations ordinaires, et à la mignonner goutte à goutte comme nous devrions le faire toulitan, en ressource précieuse, fragile, à respecter, à préserver, à conserver, à recycler, car elle nous sera très certainement enlevée dans les aridités prochaines du changement climatique.

Bienfaisante sécheresse. Elle nous montre comment nous vivons en mode déterritorialisé, hors sol, ignorants du contexte Caraïbe, au point que nos collectivités, nos mairies, nos écoles, nos hôpitaux, nos cabinets médicaux, nos Ehpad, nos maisons, nos refuges éventuels … ne disposent même pas d’une citerne stratégique capable de faire face à ce petit-mille-fois-moins-pire-que-ce-qui-nous attend-dans-les-vingt-ans-qui-viennent.

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« Sous les ponts… » & « Apocalypse »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Sous les ponts…

Sous les ponts de la grande ville
s’écoule l’eau d’un fleuve tranquille
et ça, c’est cool au fond…
S’y écoule aussi la vie des SDF
qui n’est pas un long fleuve tranquille
mais une situation si vile
quand on a froid sur des cartons !
Eux qui jamais nulle part ne vont
car ils n’ont nulle part où aller,
rêvent-ils de soleil et de lointaines îles
dans leur sommeil si difficile
quand on n’a même pas les sous
pour se payer assez de mauvais vin
et boire à en être soûl
pour oublier qu’il fait si froid
dans ce pays où se loger, avoir un toit
est théoriquement un droit
garanti par la loi
pour tous les êtres humains ?
Passent des jours trop longs
aux trop semblables lendemains,
sans amour et sans joie,
avec pour seule caresse sur des joues bleuies de froid
l’effleurement glacé de la bise hiémale
et comme horizon sans espoir
la vue du fleuve et ses flots noirs…

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« Pa ni dlo »

— Par Daniel M. Berté—

Matinik an malè
Lalizé fè dèyè
Karenm ka ba’y chalè
Pa ni dlo ! Nou an fè

Bet ek moun ka soufè
Piébwa, zeb, tout latè
Yo la yo ka bat bè
Pa ni dlo ! Nou an fè

Pandan si tan Chelbè
Di sé fot Odjilbè
Ka akizé Makè
Pa ni dlo ! Nou an fè
Dlo ka ped anba tè
Réparman a larè
Koupur tournant yo fè
Pa ni dlo ! Nou an fè

Lasopam an kolè
Ka kriyé met préfè
Pou réglé lé zafè
Pa ni dlo ! Nou an fè

I ka kriyé dèyè
Sosiété dè jérè
I ni trop kouyonnè
Pa ni dlo ! Nou an fè

Ki administratè
Ki politik mantè
Yo tout sé magouyè
Pa ni dlo ! Nou an fè

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Alice Munro: une vie en mots

— Par Hélène Lemoine —

Alice Munro, cette nouvelliste de très grand talent, s’est éteinte paisiblement le 13 mai, dans sa maison de Port Hope, en Ontario, à l’âge de 92 ans. Son départ laisse un vide dans le monde littéraire, mais son héritage, lui, demeure pour toujours.

Née Alice Ann Laidlaw le 10 juillet 1931 à Wingham, dans la province de l’Ontario, Munro a su capturer l’essence même de la vie canadienne à travers ses écrits. Elle était une enfant du pays, élevée dans le comté rural de Huron, où chaque recoin semblait être une source d’inspiration inépuisable. Dans ces vastes étendues, où les silences en disaient parfois bien plus long que les mots, elle a puisé les histoires qui ont façonné son œuvre exceptionnelle.

C’est dans ce décor pittoresque, imprégné de neige et de puritanisme, que Munro a forgé son style unique. Ses récits, souvent teintés de mélancolie, dépeignent avec une précision saisissante la vie quotidienne de femmes ordinaires, mais pourtant si extraordinaires dans leur simplicité. À travers elles, elle explorait les méandres de l’âme humaine, dévoilant ses joies, ses peines, ses regrets, et parfois même ses noirceurs les plus profondes.

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« Quand les cœurs battent aux rythmes du ka », de Viviane Gustave

Résumé :
Kris, un enfant empreint de liberté, grandit et évolue dans les faubourgs de Pointe-à-Pitre, Lapwent. Il rencontre un percussionniste, monsieur Mawsèl, qui accepte de l’initier à son art… C’est le début de la transmission.
Ce gamin participe aux côtés des adultes aux luttes contre diverses formes de domination, mais surtout contre le rejet dans le paysage urbain d’une culture issue des campagnes.
Ce récit est raconté à travers le regard d’un enfant en quête de sens et de maitrise de son environnement culturel. Il se déroule sur une période de transition caractérisée par le passage du rejet à l’acceptation progressive du gwoka guadeloupéen.

Auteur : Viviane Gustave
est une enseignante formatrice originaire de Morne-à-l’Eau, en Guadeloupe. Choriste en chant traditionnel gwoka, elle s’est engagée dans une réflexion sur la préservation et la valorisation du patrimoine culturel immatériel. Elle a coordonné plusieurs projets scientifiques et culturels au niveau local et européen, traitant de sujets ancrés dans le territoire guadeloupéen.
Dans ce premier roman, elle développe, à partir de témoignages, l’évolution sociale de la Guadeloupe et retrace le cheminement d’une construction identitaire.

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