Catégorie : Littératures

Labribis-la

— Par Daniel M. Berté —

An labribis pété dézod
Epi an bis ki fè rita
Si lapawol de lom vo lom
Sé lorew di bis ki fè le bis

Dayè lè’w pa rivé a lè
Vwayajè ka di pa ni bis
Si pa ni bis ou initil
Kivédi ki ou pa pèsonn

Simenn pasé sété lagrev
Epi konpè’w la lign Zéwo
Ek tousa san avertisman
Ki fè boul moun lévé faché

A koz di wou man ka sibi
Mové kolè ek wouspétans
Dé zizajé ki an soufrans
Pou kadans ou pa respekté

Man ka tan moun ka babiyé
Pas ou ka mélé lavi-yo
Fè-yo raté an randévou
Rivé anrita o travay

Fè-yo ped tan pou zafè-yo
Epi fè tansyon-yo monté
Jis ni adan ki ka jouré
Pou pé trapé an soulajman

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Le bilinguisme de l’équité des droits linguistiques en Haïti 

Fondements constitutionnels et politique linguistique d’État

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« (…) nous n’avons pas à hiérarchiser les langues entre elles, bien au contraire. Nous devons être riches, concrètement ou poétiquement, de toutes les langues du monde. Aucune langue ne peut s’épanouir seule, il lui faut le concert des autres langues qu’elle invoque, qu’elle accueille et respecte. (…) il nous faut abandonner l’imaginaire monolingue des colonialistes, pour tendre vers un imaginaire multi-trans-linguistique, qui n’a rien à voir avec une faculté polyglotte, mais qui tend vers le désir-imaginant de toutes les langues du monde, qu’on les connaisse ou non. » — (« Nous devons être riches de toutes les langues du monde », par Patrick Chamoiseau, Le Courrier de l’UNESCO, 20 juin 2024)

L’idée d’élaborer le présent article provient en partie de la lecture d’un avis public paru dans l’édition du 9 juillet 2024 du journal Le National et elle est en lien avec la publication antérieure en Haïti d’un livre mort-né traitant du statut du créole. Rédigé uniquement en français, l’avis public paru en page onze du National est fort intéressant.

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« Mille… » &  » Parole »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Mille…

Mille pages entrouvertes du long livre de ma vie…
Mille blessures ouvertes du long cours de ma vie,
écrites avec du sang, de la sueur et des larmes…
Mille poésies brandies comme des armes
pour exorciser les spectres cannibales de l’esprit…
Mais aussi mille moments de joie, d’extase et de passion
pour n’en rien oublier, pécher par omission…
Comme un vieil album photo devenu familier
qu’on ne se lasse pourtant jamais de feuilleter…
Mille et une nuits du poète
qui, pour ne pas perdre la tête,
ne se laissent conter
qu’au travers du prisme irisé
par la magie de sa poésie
qui rend la vie plus belle,
qui rend la vie plus vraie
et les rêves réels
et qui donne des ailes
quand on est tellement fatigué de marcher
qu’on ne voudrait plus jamais
devoir se réveiller…
J’ai ciblé l’impossible et tout mis dans le mille !

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« Zamana », un roman d’Emmanuel de Reynal

« Leur temps n’est pas le mien. Ils me croient éternel. Je les vois comme des éclairs. (…) Ils défilent au rythme de leurs vies rapides. Ils vont, viennent, repartent, bougent, viennent encore (…) Savent-ils pourtant que c’est à eux que je dois d’être ancré ici depuis si longtemps ? Savent-ils qu’ils ont été mes maîtres ? Savent-ils aussi que je les comprends bien mieux qu’ils ne l’imaginent ? Peut-être est-il temps de leur parler ? »

Celui qui parle est un vieil arbre planté au cœur d’une habitation créole au début du XIXe siècle pour servir d’ombrage aux cultures de café. Pendant plus de 200 ans, le Zamana observe les mouvements des hommes, les chemins de l’histoire, les caprices du temps… Par sa sagesse d’arbre, il jette sur le monde un regard curieux et fasciné. Parviendra-t-il à établir une connexion avec ces petits êtres sans racines ?

Emmanuel de Reynal est né en 1965 à Fort-de-France. Il fait partie des « békés », qui désignent aux Antilles les Blancs créoles, descendants des premiers colons européens.
Très investi dans la vie associative de son île, la Martinique, il fait partie de l’association « Tous Créoles » dont le but est de rapprocher les différentes communautés antillaises.

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Prix International de l’Invention Poétique 2024 : Palmarès de la 3ème édition

— Par Sarha Fauré —

La littérature haïtienne continue de briller sur la scène internationale, consolidant sa réputation avec de nombreux auteurs qui se distinguent par leurs œuvres exceptionnelles. Lors de la troisième édition du Prix International de l’Invention Poétique, organisée par l’association Balisaille en Martinique, Haïti a triomphé en remportant les deux catégories principales.

Le 11 mai 2024, l’association Balisaille a révélé les lauréats du prix lors de la clôture du Festival Mai Poésie. Dans la catégorie Langue Française, Witerwan Kenley Jean a été couronné pour son texte poignant intitulé « Nul oiseau ne viendra picoter nos tombes ». Originaire de Lascahobas, ce jeune écrivain-poète a exprimé une profonde joie et un sentiment d’accomplissement après avoir reçu cette reconnaissance. Il a décrit sa poésie comme une exploration des thèmes de la mort et de l’existence, qui a su toucher le cœur des jurés.

Dans la catégorie Langue Créole, Iléus Papillon a remporté le premier prix avec son texte « Adjeridan ». Papillon, un poète bien établi et auteur de plusieurs recueils de poèmes en créole tels que « Sèt priyè lari », a dédié ce prix à sa terre natale, Haïti, via sa page Facebook.

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Langue française dans un gosier créole

A propos du dernier ouvrage de Rudy Rabathaly : « Oliwon d’imaginaire créole » chez K. Editions.

— Par Mireille Jean-Gilles —
A la manière de V.S Naipaul, immortalisant dans Miguel Street la vie de petites gens (le peuple) de Trinidad catapultées dans une rue de Port of Spain, Rudy Rabathaly, lui-même journaliste avant de « devenir écrivain » (une expression de Naipaul), nous offre ici une fresque martiniquaise à partir de personnages, non pas puisés dans son imagination mais dont la vie ou la personnalité dépasse l’imagination, et par conséquent deviennent des signes tangibles de notre « imaginaire créole », jusqu’à parfois être immortalisés dans une chanson de carnaval.

« La chanson composée par Ti-Citron pour marquer cet épisode douloureux pour son anatomie intime et plus particulièrement son refrain, fut reprise en vidé tous les dimanches du carnaval… »

Ce recueil de textes, empreint de culture populaire, préserve ainsi à sa manière un pan de notre patrimoine, autrement voué à l’oubli. Mais au-delà des personnages pittoresques ou de leurs faits d’armes les plus saillants, ce qu’il y a de proprement délectable dans OLIWON d’’imaginaire créole, c’est chez l’auteur ce sens de l’observation et du détail proprement journalistique qui produit un effet littéraire saisissant.

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L’aménagement du créole dans l’École haïtienne durant le mandat de Nesmy Manigat à l’Éducation nationale : radiographie d’un bavardeux naufrage

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Obligation de rendre compte : « Devoir incombant à une personne physique ou morale responsable d’une tâche de répondre des résultats et du choix des moyens mis en œuvre ». Domaines d’indexation : gestion, contrôle de gestion, Administration publique. (Grand dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française, 2023)

La nomination de Nesmy Manigat, ex-ministre de facto de l’Éducation nationale, au poste de Directeur de cabinet du Premier ministre Gary Conille avec rang de ministre, a surpris et heurté nombre d’enseignants, de directeurs d’école et de parents d’élèves. Contactés par nos soins, des collègues juristes et politologues sont unanimes : cette nomination est inconstitutionnelle et illégale, elle s’est effectuée au creux d’un processus de transition politique lui-même inconstitutionnel. Il est amplement attesté que ce processus inconstitutionnel de transition politique a été imposé par le Département d’État américain de concert avec les caïds-en-chef du PHTK soucieux d’obtenir, à l’aune d’un sombre traficotage, les garanties protectrices de l’impunité. Nos interlocuteurs juristes précisent que n’ayant pas obtenu « décharge » de sa gestion du ministère de l’Éducation nationale —selon les articles 200.4, 229, 233, 234 et 236 de la Constitution de 1987, qui sont intégralement reproduits plus bas dans le présent article–, Nesmy Manigat n’a nullement le droit d’occuper le poste de Directeur de cabinet du Premier ministre Gary Conille avec rang de ministre.

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Aimé Césaire et Gaston Miron

— Par Gary Klang —

 L’idée de cet article me vint de Gaston Miron lui-même qui m’invitait à la comparaison :

« La lecture de Césaire me bouleversera en raison d’une parenté à mon insu très proche…»

Malgré des différences, il y a de grandes similitudes entre le poète du Québec et celui de la négritude, deux écrivains engagés, investis d’une mission sacrée : exprimer l’être de leur peuple à partir d’un sentiment d’aliénation, analysé brillamment par Hegel que cite Miron :

«Aliénation : traduction de  Entfremdung.  Hegel : dépossession.  Ne plus s’appartenir.  Devenir étranger à soi-même »

Miron est étranger dans sa province, et Césaire, dépossédé de son identité dans le département français de la Martinique, en étrange pays dans son pays lui-même. Une des raisons pour lesquelles il parle si souvent de Toussaint Louverture, du Roi Christophe et d’Haïti qui, elle, a arraché son indépendance aux troupes de Napoléon, acquérant ainsi un sentiment profond de devoir accompli qui lui permettra de supporter bien des malheurs. Césaire est un homme en colère et Miron, un être qui porte sa tristesse en écharpe, d’où le sentiment de faim et de soif qu’ils expriment dans leurs poèmes :

« Nous avons soif de toutes les eaux du monde

Nous avons faim de toutes les terres du monde » (Miron)

« Ce que je veux

c’est pour la faim universelle

pour la soif universelle » (Césaire)

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Fleur des champs.

— Myrna Nerovique —

Fleur des champs,

Tu es mon doux tourment.

La vie s’écoule ainsi,

Dans mon tendre paradis.

 

Fleur des champs,

Je sais que dorénavant,

L’amour me rendra crécelle.

Je ne suis point cruelle.

 

Fleur des champs,

L’ homme de mon firmament,

Vient de sonner le glas de l’amour,

Qui, je l’espère, durera toujours.

 

NEROVIQUE Myrna

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« Marée » & « Insomnie »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Marée

Se succèdent les années comme
les vagues de la mer du temps,
grignotant peu à peu la plage
de la vie trop courte d’un homme…

Cette marée, que l’on nomme âge,
n’y laisse que sa grise écume
de souvenirs comme un voyage
dans le passé, teint d’amertume…

Chaque ressac retire alors
un peu de sable au sablier.
Désormais le temps est compté
qui sépare encor de la mort !

Impossible de résister
à cette fatale érosion.
On ne peut que se résigner
en profitant de chaque instant
avant notre disparition…

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Les défis majeurs d’Augustin Antoine, le nouveau ministre de l’Éducation nationale d’Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’annonce de la nomination par Arrêté du 11 juin 2024 d’Augustin ANTOINE au poste de ministre de l’Éducation nationale d’Haïti a été, selon les remontées de terrain qui nous parviennent d’Haïti, bien accueillie par les enseignants, les directeurs d’écoles et les parents d’élèves. Plusieurs interlocuteurs œuvrant dans le milieu éducatif haïtien indiquent qu’Augustin ANTOINE, enseignant de carrière, jouit d’une réputation d’intégrité et il est décrit par ses collègues comme un professionnel rigoureux, ouvert et attentif, crédible et fiable. Sociologue de formation, ancien étudiant en sociologie à la Faculté d’ethnologie de l’Université d’État d’Haïti, Augustin ANTOINE est détenteur d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie de l’Université catholique de Louvain. Il est actuellement doctorant en sociologie à l’Université de Liège en Belgique. Augustin ANTOINE a également été nommé le 11 juin 2024 ministre de la Culture et de la communication.

Le sociologue Augustin ANTOINE est dépositaire d’une vaste expérience des milieux de l’éducation en Haïti, tant sur le registre de la conception que sur celui de la mise en œuvre de projets et de programmes divers.

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Kou man pran

— Par Daniel M. Berté —

Kout do-lanmen man pran
ki pété bò djol-mwen
paske man té ouvè’y
pou di man pa dakò
alé achté mis ronm
Kout tjok man pran
ki dérayé fwa-mwen
pas man té kontesté
pou an profitasion
anlè an pli piti
Kout tet man pran
ki pété bouden-mwen
padavwè man mélé
adan ladjè lézot
o non di la jistis
Kout pyé man pran
ki potjé bonda-mwen
adan an gawoulé
pas man ritouvé mwen
an kannaval lé zot
Kout boutou man pran
ki fann mitan tet-mwen
lè lé manmblo chajé
pas man manifesté
pou réklamé dwa-nou

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Ismaïl Kadaré : disparition d’un géant des lettres albanaises, pourfendeur du totalitarisme

— Par Sarha Fauré —

L’écrivain albanais Ismaïl Kadaré, une figure monumentale de la littérature moderne, est décédé lundi matin d’une crise cardiaque à l’âge de 88 ans. Son décès, survenu à Tirana, a été confirmé par l’hôpital où il avait été transporté sans signe de vie. Les médecins ont tenté de le réanimer, mais il a été déclaré mort à 8 h 40 locales (6 h 40 GMT).

Ismaïl Kadaré, souvent comparé à Dante Alighieri et Ossip Mandelstam, était reconnu pour son exploration incisive des mythes et de l’histoire de l’Albanie, qu’il utilisait pour dénoncer les maux du totalitarisme. Son œuvre, comprenant une cinquantaine de livres traduits en une quarantaine de langues, comprend des romans, des poèmes, des mémoires, des essais et du théâtre. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent « Le Général de l’armée morte », « Le Palais des rêves », et « Le Crépuscule des dieux de la steppe ».

Né le 28 janvier 1936 à Gjirokastër, ville également natale du dictateur Enver Hoxha, Kadaré a grandi dans une « ville de pierres » qui a inspiré nombre de ses récits.

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Référentiel méthodologique standardisé en terminologie scientifique et technique créole : pistes prolégomènes

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’un des professeurs de sociolinguistique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), friand amateur de la haute poésie du Guadeloupéen Saint-John Perse et mathématicien de formation avant d’arpenter les terres arables de la linguistique, disait souvent, en salle de cours, que dans la langue usuelle comme dans la fiction poétique et romanesque, les mots ont une saveur, une tonalité, une résonance, une histoire, un sens premier ou différencié selon le contexte d’énonciation, selon le registre de langue et selon l’époque. Les dictionnaires de la langue usuelle et les terminologies spécialisées témoignent à des degrés divers de la pertinence des remarques du sociolinguiste de l’UQAM, et l’histoire de la migration des mots en témoigne lorsqu’ils se déplacent d’un territoire à l’autre, d’une époque à l’autre, d’un domaine à l’autre, d’un registre de langue à un autre. Les linguistes et sémioticiens qui suivent depuis plusieurs années les travaux de la psychanalyste et linguiste Julia Kristeva sont familiers de cette problématique repérable notamment dans son roman « Les Samouraïs » (Éditions Fayard, 1990) où la « parole est liée à un plaisir essentiel », à la « saveur des mots » (Kristeva, 1990 : 35), « à la musique des lettres » (ibidem : 38).

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« Entropie » & « Impassible »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Entropie

Les mots s’érodent-ils à force d’être dits
comme un vêtement s’use à force d’être mis,
délavant ses couleurs, se froisse et puis s’élime…
En va-t-il de même quand il s’agit de rimes ?

Vont-elles s’appauvrir et perdre leur éclat
si le poète en fait trop souvent un emploi ?
Tout passe, tout lasse, dans la vie rien ne dure :
le temps à toute chose fait cruelle injure

et l’on doit se soumettre à sa fatale usure !
Alchimiste pervers qui change de l’or pur
en amas de poussière ou pourrissante ordure,
tout est à redouter d’un incertain futur

où le bien peut se muer en mal un peu plus tard
et le plus beau rêve virer au cauchemar…
D’une grande passion vite ont des amants marre,
qui, après quelques temps, se déchirent et séparent…

En fait, hélas, rien n’est sacré aux yeux du temps.
Ce dieu aveugle et sourd demeure indifférent
au sort du monde tout comme au malheur des gens…
Sa seule loi : autant en emporte le vent…

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Contre l’extrême droite : avec la joie de Spinoza!

—Par Patrick Camoiseau —

L’Humanité : Partons du début. Quelle a été votre réaction, à l’annonce fracassante de la dissolution de l’Assemblée nationale ?

Patrick CHAMOISEAU : Surtout, l’incompréhension. Puis, je me suis dis qu’il y avait peut-être une stratégie de chaos soudain pour susciter une désorganisation générale qui éliminerait tout débat et faciliterait le fameux « front républicain », lequel bien sûr se serait organisé autour de la figure présidentielle. Une manière de demeurer au centre de la vie politique malgré la fin toujours désenchantée d’un mandat non renouvelable.

Passée une probable stupéfaction, avez-vous vite mesuré les dangers consécutifs à cette décision plus qu’intempestive, qui peut placer l’extrême-droite au seuil du pouvoir ?

PC : Bien sur, mais je regarde tout cela en tant que martiniquais, c’est à dire comme membre d’un peuple-nation nié dans ce qu’il est et encore enfoui dans un vestige colonial archaïque, un syndrome systémique appelé « Outremer ». N’oublions pas que l’esprit colonial et l’esprit de l’extrême-droite sont quasi identiques. Les premiers camps de concentration et les génocides qui les accompagnent ont été expérimentés dans les colonies, avec les Hereros et les Nama, en Namibie.

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Lé témwen

— Par Daniel M. Berté —

Soley jòn briyant-chofant té la… I wè
an karésaj kalinant belté-vidjozté’w… I wè!

Piébwa ver mirmirant-foufoutant té la… I wè
An milannaj observant van lalizé ki té lévé wob-ou… I wè!

Lalizé san koulè balansinant -powétizant té la… I wè
an chichotaj rafréchisant anlè chalè ti-kò’w…
I wè!

Lariviè klè regardant-otjipant té la… I wè
an koméraj akéyant tout kò’w an dézirans… I wè !

Savann mawon matlasant-dousinant té la… I wè
an makòkòtaj sèvant d’kabann ba koulè kannel kò’w…
I wè!

Sièl blé konpatisant-bienvéyant té la… I wè
an konplisitaj liennant pou endé nanm tjè-nou volé wo… I wè!

Zwézo miltikolò mélodizant-chantant té la… Yo wè
an makrélaj admirant jé kò-nou an mélanjans ek jwisans… Yo wè!

Soley, piébwa, lalizé, lariviè, savann, siel, zwézo, té la… Yo wè
Kalinant, observant, rafréchissant, akéyant, sèvant, liennant, admirant… Yo wè !

Yo tout pé jiré épi fwa, toutalafwa, tousa… Yo wè
Yo tout wè jou tala pétayé lanmou-nou… Yo wè!

Ou pé pa di i pa té vré… Yo wè
Yo tout té témwen… Yo wè!

Daniel M.

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Les Lectures du Laminaire

 Tropiques-Atrium Salle Frantz Fanon – 19h30

Mercredi 26 juin 19h 30

À lencre de Mancelunier
Texte : Loran Kristian
Lecture dirigée par Charly Lerandy
Avec : Charly Lerandy et Dominik Lauréat
Dans ce recueil de poésie, « code source de 60 articles dencre de lumière noire », Loran Kristian déploie une parole insulaire et globale, destinée à nommer la singularité plurielle des imaginaires caribéens.

Loran Kristian est un poète martiniquais. Son premier recueil Les mots de silence (K. Éditions) a reçu le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2021. Son nouveau texte, À lencre de Mancelunier (Edition Atlantiques déchainés), est paru en 2023.

Jeudi 27 juin 19h 30

Rosanie Soleil!
Texte : Ina Césaire
Mise en lecture : Arielle Bloesch
Avec : Alexandra Déglise, Rita Ravier, Suzy Singa, Caroline Savard
Pièce intimiste sur arrière-fond de drame historique, Rosanie Soleil fait entendre la parole occultée de quatre femmes s’efforçant, pour se protéger l’une l’autre, de passer sous silence leur participation à la révolte qui en 1870 a enflammé le sud de la Martinique.

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Pour faire Front Poétique

— Par Patrick Chamoiseau —

Il ne s’agit pas d’opposer une contre-économie au tout-économique capitaliste, de la colère à l’arrogance fasciste ou de la véhémence apeurée à sa haine. Il s’agit de se mettre poétiquement du côté de la vie.

En cette angoisse où l’extrême droite se rapproche du pouvoir, il est utile que toute conscience progressiste ajoute à l’idée du Faire Front populaire celle d’un Faire Front poétique. La Gauche française, en quête de ferveur unitaire, invoque un passé glorieux : le Front Populaire (1936), et, en filigrane, l’esprit du Conseil National de la Résistance (1943). Ce dernier a su combiner diverses forces politiques pour jeter les bases très humaines d’un État-providence. Le Front Populaire a, quant à lui, imaginé d’inouïes audaces sociales : congés payés, réduction du temps de travail, droits syndicaux…

Ces moments rappellent aux Français que l’intelligence collective transversale peut sublimer un désastre par des élévations humaines. Cependant, notre monde a changé. Les défis actuels exigent de cultiver sinon la nostalgie, du moins le sel de ces périodes : l’effervescence d’une créativité.

La réponse économique

La Gauche française semble répondre à la montée de l’extrême droite en s’entourant d’économistes.

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« Les confettis lépreux » & « Gaoulé, Gaoulé !

Par Yves Untel Pastel

Les confettis lépreux

Voici nos terres,
Voici Guanakera, voici Madinina,
Voici Karukéra, voici Mascarehnas,
Voici kanaky, voici Maoré.
Terres paradisiaques jadis, désormais lépreuses

Les voici, ces confettis dont toute respiration est souffrance
Terres captives sous les bottes de l’orgueilleuse France
Peuples frères des antipodes douloureux, je clame
Que dans la subordination, la peur et l’excès de convenance
N’ont jamais accouché d’une émancipation pérenne.

L’heure d’affronter l’ombre est venue, elle lancine,
Et nous avons beau esquiver ce frontal fracas
Nous y passerons où nous disparaîtrons !
L’envahisseur pilleur a faim d’une famine sans fin
Et sa seule profession de foi est froide et compulsive :
La grandeur de la France dans le monde.

Et pour nous, cette sentence est une malédiction.

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La vision de la diaspora africaine et l’héritage d’Aimé Césaire et Toni Morrison.

Colloque mardi 25 et mercredi 26 juin, au Théâtre Aimé-Césaire à FdF

La Toni-Morrison Society organise régulièrement des événements en Martinique autour de l’anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire. Ces événements rappellent l’attachement que Toni Morrison, auteure américaine et prix Nobel de littérature, avait pour le poète et pour son travail remarquable sur la Négritude.

Pour marquer le lien qui unissait Toni Morrison (18 février 1931 – 5 août 2019) à Aimé Césaire, la Toni-Morrison Society a installé un banc dans les jardins du théâtre municipal de Fort-de-France. Ce banc, placé en l’honneur du 100e anniversaire de la naissance de Césaire en 2013, symbolise un espace de réflexion et de repos pour les Martiniquais.

En matière de réflexion, la Toni-Morrison Society propose un colloque intitulé : « La vision de la diaspora africaine et l’héritage d’Aimé Césaire et Toni Morrison ».

L’influence de Morrison et Césaire

Carolyn Denard, organisatrice du symposium et présidente du conseil d’administration, a réuni des artistes et chercheurs renommés des États-Unis, d’Europe, d’Afrique et des Caraïbes. Des universitaires, auteurs et artistes animeront les tables rondes du symposium qui explorera quatre questions centrales :

Quelle était la vision diasporique de Toni Morrison et d’Aimé Césaire ?

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Festival International du Livre Gabonais et des Arts (FILIGA)

Par Fortenel Thélusma

Du 30 mai au 1er juin 2024, s’est tenue la 3e édition de la foire du livre à Libreville, au Gabon. C’est un évènement annuel qui a débuté en 2022. Pour y participer, les auteurs et écrivains doivent recevoir une invitation des organisateurs à titre de conférencier et d’exposant. Manifestation culturelle fortement médiatisée, la foire du livre a réuni, cette année, dix-sept pays.

Edgard Gousse, professeur et écrivain haïtiano-canadien était présent à cette troisième édition. Sa participation a été couronnée de succès. En dehors de sa prestation, en tant qu’exposant et conférencier dans le cadre des activités coordonnées par le FILIGA, il a été également reçu et introduit, avec une chaleureuse cordialité, par le vice-recteur de l’Université Omar Bongo (UOB), la principale université publique de Libreville. Une séance de dédicaces y a été, par ailleurs, organisée. Voici quelques titres signés, majoritairement des romans :

1) Ne dites pas à ma mère que je suis une salope (roman, 2013)

2) Le pouvoir du Sexe (récits, 2014)

3) Je suis Black mais je baise tes Blanches (nouvelles, 2017)

4) Femme des papas (roman, 2019)

5) Les petites donneuses (roman, 2020)

6) Silence, on assassine le président (roman, 2021)

7) Sang pour sang (roman, 2022)

8) Un canal pour deux moitiés d’île (roman, 2023)

9) Et si le sexe n’existait pas (roman, 2024)

Était également exposé le gros volume de 1654 pages, une biographie de Fidel Castro.

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Le « Dictionnaire scolaire bilingue kreyòl-fransè français-créole »…

..un outil d’apprentissage de haute qualité scientifique pour l’École haïtienne

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Les élèves haïtiens, les enseignants, les directeurs d’écoles, les associations de parents d’élèves, les rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires auront à leur disposition, dans un proche avenir il faut le souhaiter, l’un des meilleurs ouvrages produits par la lexicographie haïtienne depuis 1958 : il s’agit du « Dictionnaire scolaire bilingue kreyòl-fransè français-créole ». Il a été élaboré en Haïti, il y a quelques années, par une équipe rédactionnelle dirigée par feu André Vilaire Chery et il a bénéficié de l’expertise des lexicographes oeuvrant au Creole Institute (Indiana University) sous la direction scientifique du linguiste-lexicographe Albert Valdman. La parution dans un proche avenir aux éditions ÉDITHA de cet outil d’apprentissage de haute qualité scientifique sera d’un apport considérable pour l’École haïtienne qui ne dispose toujours pas –quarante-cinq ans après le lancement de la réforme Bernard–, d’un dictionnaire bidirectionnel français-créole/créole-français et d’un dictionnaire unilingue créole élaborés selon la méthodologie de la lexicographie professionnelle.

Pourtant la lexicographie haïtienne, sur ses versants français et créole, a su produire au fil des ans des outils lexicographiques de grande qualité comme nous l’avons mis en lumière par l’analyse de plusieurs ouvrages lexicographiques (voir nos articles « Le ‘’Dictionnaire de l’écolier haïtien’’, un modèle de rigueur pour la lexicographie en Haïti », Le National, 31 août 2022, et « Lexicographie créole : revisiter le « Petit lexique créole haïtien utilisé dans le domaine de l’électricité » d’Henry Tourneux », Médiapart, 6 mars 2022).

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Les mondes de Roger Parsemain

(A propos de Fin(s) du monde , aux éditions Long cours)

— Par Georges-Henri Léotin —

Fin(s) du monde, tel est le titre du dernier ouvrage de Roger Parsemain. Un titre qui interpelle. A l’oral, quand on entend fin du monde, on peut avoir une petite idée de ce que cela peut vouloir dire, même s’il est difficile de concevoir, d’imaginer ce que c’est que la fin du monde. Et il se trouve maintenant que sur la couverture du livre de Parsemain, il y a un s entre parenthèses après fin, ce qui signifie qu’il pourrait y avoir plusieurs fins du monde ! Quelque part dans l’ouvrage, le lecteur sera éclairé, il découvrira un des sens que ce pluriel peut avoir. Nous vous laisserons découvrir une des significations possibles, de cette fin plurielle.

Nous remarquons que le tout premier poème, présenté comme « envoi », s’intitule L’œil d’éternité, un titre qui contraste avec celui de tout l’ouvrage, si on considère que l’éternité apparait comme étant tout le contraire de la fin du monde. Nous reviendrons sur ce point, mais nous voudrions faire tout d’abord une présentation de l’ensemble de l’ouvrage.

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« Un chaud effroi » & « Préservons la magie »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Un chaud effroi

Comme au soleil d’été
la neige des sommets
ou les ailes d’Icare
qui s’approcha trop près

du dieu chaud sur son char,
fond peu à peu l’espoir
qu’aille mieux cette Terre
avec son atmosphère

un peu plus chaque année
par les gaz réchauffée
et leur effet de serre…
La fonte des glaciers,

des îles submergées,
les forêts incendiées,
en danger des espèces,
famines et sécheresse

sont le triste constat
et sinistre inventaire
qu’on doit désormais faire
de ces nombreux dégâts

que l’homme a infligés
à la Pachamama,
déréglant le climat…
Mais pas trop tard pour faire

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