Catégorie : Littératures

« Délits d’encre n°26 » de Collectif

Damas et la Négritude

Résumé

Le mot négritude, selon les manuels, est apparu pour la première fois sous la plume d’Aimé Césaire dans les années   30, dans la revue « L’étudiant Noir », elle-même créée à Paris  dans les années 30. La Négritude devient, dans les années 40, un courant littéraire et politique rassemblant des écrivains noirs francophones revendiquant l’identité noire et sa culture.
Ces écrivains et intellectuels noirs (Damas, Césaire, Senghor, Diop…) ont pour objectif de rendre la dignité aux peuples noirs après des années de frustration culturelle et politique. La Négritude avait comme double objectif de réhabiliter le « nègre » en valorisant son histoire, sa culture et participer ainsi à la construction de la civilisation universelle, ce qui est à l’opposé du communautarisme abondamment médiatisé de nos jours.
Consacrer un numéro de délit d’encre à « Damas et la Négritude » et donc au « Déni de l’Histoire Africaine » reste de nos jours un délit.
On aurait pu penser que l’indépendance des pays africains des années 50 et 60 aurait permis de tourner la page et de libérer les écrivains et les intellectuels noirs de leur « devoir d’histoire ».

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« Lettres d’intérieur », par Augustin Trapenard

Annie Ernaux & Léonora Miano

Sur France Inter, dans sa nouvelle chronique intitulée « Lettres d’intérieur », chaque matin à 8h55 Augustin Trapenard lit une lettre qu’un écrivain lui a confiée : c’est une lettre sur le sujet de son choix qu’il adresse à la personne de son choix. Si comme moi vous résidez aux Antilles, que vous n’êtes pas oiseau de nuit ni insomniaque berçant son mal en captant les ondes au tout petit matin, presque « au pipiri chantant » (en raison du décalage horaire actuel), vous pouvez toujours écouter en podcasts ces lettres, superbes, intelligentes, ou tendres, ou indignées, ou justement coléreuses mais toujours teintées d’une humanité véritable… à l’instar de la chronique journalière tenue par Wajdi Mouawad,  le dramaturge et directeur du théâtre de La Colline à Paris, sur le site de ce théâtre précisément. De « Lettres d’intérieur », j’ai retenu aujourd’hui ces deux écrivaines emblématiques : Annie Ernaux, Léonora Miano.

Additif, ce 31 mars : quel bonheur ! Ce matin, dernier jour de mars, je constate que l’émission « Boomerang » d’Augustin Trapenard a été déplacée à 14 heures sur la grille de France-Inter, elle est donc audible en direct aux Antilles à 8 heures du matin !

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Kovid d…

— Par Daniel M. Berté —

Ni an lo moun ki té pèd lakat épi Koronaviris-la:

Kovidébandé dématé ek démonté épi Kovid

Kovidézolé dékalfoutjé ek défrisiyé épi Kovid

Kovidékalé détratjé ek démantibilé épi Kovid

Kovidéfonsé défòlmanté ek déréglé épi Kovid

Kovidérayé dékalbandé ek déglendjé épi Kovid

Kovidébiélé déchiktayé ek déchèpiyé épi Kovid

Alò yo pran an lot atitid épi Koronaviris-la:

Kovidésidé drivé an didan pou déjwenté déblozé Kovid

Kovidendé doktè an didan pou dékalé dékalfonsé Kovid

Kovidansé danmié an didan pou dépotjolé danmé Kovid

Kovidòmi dizèdtan an didan pou dékroché détronné Kovid

Kovidousiné distraksion an didan pou dérayé déchiré Kovid

Kovidétèwminé di rété an didan pou dékatjé déchouké Kovid

 

Daniel M.

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Le créole et « L’idéologie linguistique haïtienne » : un cul-de-sac toxique

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le sociodidacticien et sociolinguiste haïtien Bartholy Pierre Louis, ancien étudiant de la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti, a soutenu avec succès en 2015 une magistrale thèse de doctorat intitulée « Quelle autogestion des pratiques sociolinguistiques haïtiennes dans les interactions verbales scolaires et extrascolaires en Haïti ? : une approche sociodidactique de la pluralité linguistique » (tome 1 : 551 pages ; tome 2 : 125 pages). Cette thèse, défendue le 15 décembre 2015 sous le sceau de l’Université européenne de Bretagne (laboratoire « Plurilinguisme, représentations, expressions francophones information, communication, sociolinguistique », PREFics – UFR Arts, lettres, communication (ALC), a été élaborée sous la direction du linguiste Philippe Blanchet, professeur à l’Université́ Rennes 2. Sociolinguiste, spécialiste du plurilinguisme et didacticien de réputation internationale, Philippe Blanchet est l’auteur entre autres de « Les transpositions didactiques », dans Blanchet, P. et Chardenet, P. (dir.), « Guide pour la recherche en didactique des langues et des cultures. Approches contextualisées ». Montréal / Paris, PREFics, Agence universitaire de la Francophonie / Éditions des archives contemporaines, 2011 ; il est également l’auteur de « Politique linguistique et diffusion du français dans le monde », dans Bulot, T.

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Nou an K… K… (Kovid 19… Koronavirus)

— Par Daniel M. Berté —

Kriz ki pli potalan ki pli gran Katastròf

Katastròf ki ka fè tout péyi fè Kòchma

Kòchma ki ka tounen an vré Koko-makak

Koko-makak a résoud pou dékalé Kovid

Kovid 19 moun ka trapé’y paw lé Kontak

Kontak ant moun ek moun lè yo ka fè Kalen

Kalen fo évité menm épi la Kopin

Kopin a fè tjilé si’y lé Kolé-séré

Kolé-séré pa fèt ; Annou wè pou Kisa

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De la nécessité d’une loi d’orientation linguistique de l’éducation en HaïtiDe la nécessité d’une loi d’orientation linguistique de l’éducation en Haïti

 

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue  —

Un large consensus a vu le jour et s’est renforcé ces dernières années chez nombre d’enseignants, de linguistes, de didacticiens et d’administrateurs des écoles en Haïti : faire du créole une véritable langue de scolarisation aux côtés du français et à parité statutaire avec le français. Ce consensus, de plus en plus, emporte l’adhésion même si, comme la plupart des langues à tradition orale, le créole n’a toujours pas franchi l’étape cruciale de sa didactisation et n’est pas encore pourvu d’un stock lexical suffisant pour exprimer les réalités nouvelles liées au développement accéléré des sciences et des techniques. (Sur la problématique de la « didactisation » du créole, voir notre article « Aménagement et « didactisation » du créole dans le système éducatif haïtien : pistes de réflexion », Le National, 24 janvier 2020.) Il ne faut donc pas perdre de vue qu’aucun travail de recherche linguistique sur le terrain, aucune étude publiée ces dernières années n’a jusqu’ici démontré que le créole –langue relativement jeune dotée d’un grand potentiel expressif dans les échanges quotidiens entre locuteurs–, a déjà développé les vocabulaires scientifiques et techniques dont il a besoin pour nommer les domaines scientifiques et techniques qui sont au rendez-vous du développement du pays.

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Tropisme poétique : Aimé Agat

Samedi 14 mars 2020 à 20h – Tropiques-Atrium —

Nicole Cage – Fondas-Natal

&

Aimé Agat | Larmes de feu

Voix & textes : Aimé Agat
Distribution en cours

Organisateur de spectacles, producteur, manager, animateur dans l’audiovisuel et président d’un syndicat d’artistes, Aimé Agat a aussi un penchant pour les mots, la parole slamée ou poétique et les musiques urbaines.
En 2017 il publiait le recueil Enflammées, couplé au CD Larme de feu pour des paroles acidulées, engagées, enrobées de musiques plurielles pour dire sa vision du monde, du pays. Place à la découverte !
Nicole Cage | Fondas-Natal

Conception : Nicole Cage & José Zébina
Voix : Nicole Cage
Percussions : José Zébina
Chorégraphie : Robert Régina
Invité : Tambour bèlè : Sully Cally

Tanbou sé djérizon
Tanbou sé souvenans
Epi’y mwen sav la mwen sòti
Ki chimen ka ouvé ba-mwen… dit Nicole Cage dans l’un de ses textes. La poétesse-performeuse, bravant la pudeur qui la tenait à distance respectueuse du tambour, ose de plus en plus l’intégrer dans sa création. Avec Fondas-Natal, un concept dépouillé où les frappes percussives de José Zébina et Sully Cally donnent le répons* à sa voix et à sa danse, elle repousse ses limites en arpentant les arcanes d’une conversation tour à tour sauvage et joyeuse et toujours vibrante d’espérance et de foi en l’humain.

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Didier Bezace, comédien et metteur en scène, est mort

Le comédien et metteur en scène Didier Bezace, cofondateur du Théâtre de l’Aquarium et ex-directeur du théâtre de La Commune d’Aubervilliers, est mort à 74 ans des suites d’une longue maladie « qu’il a combattue avec vigueur et courage », a annoncé jeudi 12 mars son attachée de presse.

Le Syndicat national des metteurs en scène a salué « son engagement et l’intégrité de ses spectacles » qui « resteront comme des marqueurs d’une partie de l’histoire de la décentralisation théâtrale dans notre pays ».

Au cinéma, il a joué dans une trentaine de films dont L.627, Ça commence aujourd’hui, de Bertrand Tavernier et La Petite Voleuse, de Claude Miller, ainsi que dans plusieurs dizaines de téléfilms. Comme metteur en scène, il monte des textes d’auteurs classiques et contemporains comme Luigi Pirandello, Molière ou Bertolt Brecht et en 2001, présente sa version de L’Ecole des femmes, de Molière, à la cour d’honneur au Festival d’Avignon, avec Pierre Arditi.

Molière de la meilleure adaptation

Didier Bezace a créé en 2004 Avis aux intéressés, de Daniel Keene, qui a reçu le Prix de la critique pour la scénographie et une nomination aux Molières pour le second rôle.

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Tropisme poétique : Aimé Agat

Samedi 14 mars 2020 à 20h – Tropiques-Atrium —

Aimé Agat | Larmes de feu

Voix & textes : Aimé Agat
Distribution en cours

Organisateur de spectacles, producteur, manager, animateur dans l’audiovisuel et président d’un syndicat d’artistes, Aimé Agat a aussi un penchant pour les mots, la parole slamée ou poétique et les musiques urbaines.
En 2017 il publiait le recueil Enflammées, couplé au CD Larme de feu pour des paroles acidulées, engagées, enrobées de musiques plurielles pour dire sa vision du monde, du pays. Place à la découverte !
Nicole Cage | Fondas-Natal

Conception : Nicole Cage & José Zébina
Voix : Nicole Cage
Percussions : José Zébina
Chorégraphie : Robert Régina
Invité : Tambour bèlè : Sully Cally

Tanbou sé djérizon
Tanbou sé souvenans
Epi’y mwen sav la mwen sòti
Ki chimen ka ouvé ba-mwen… dit Nicole Cage dans l’un de ses textes. La poétesse-performeuse, bravant la pudeur qui la tenait à distance respectueuse du tambour, ose de plus en plus l’intégrer dans sa création. Avec Fondas-Natal, un concept dépouillé où les frappes percussives de José Zébina et Sully Cally donnent le répons* à sa voix et à sa danse, elle repousse ses limites en arpentant les arcanes d’une conversation tour à tour sauvage et joyeuse et toujours vibrante d’espérance et de foi en l’humain.

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Manzè-Madanm

— Par Daniel M. Berté —

Moun a bo di kiw sé:
Malpawlèz, ki alèz kon Blèz siw lafalèz
Milannèz, ki pli fò ki métrès-bétizèz
Madradjèz, ka palé pou mété malalèz
Malfentèz, ka gaté épi liméwo trèz

Moun a bo kriyéw :
Makòkòt, ka mandé zanmi prété tjilòt
Makrèl, ki ka véyé menm zafè an toutrèl
Malpalan, ka pasé de milan a kankan
Masoukwèl, ka karé an lari Akakwèl

Moun a bo méprizéw:
Madrépòl, ka baw sa konsi’y ka vini fòl
Madré, fodré péyé kiw lé ki ou pa lé
Manawa, dontokel nonm jaja madafa
Machapia, ka chayé a tout lè boug lapia

Menm si ou pa:
Madigwa’n, la pawòl pa janmen ka pran pa’n
Majorin, ka fann tèt tout kalté katjopin
Matadò, ki pa pè goumen épi bòbò
Mal-fanm, ki lè’y faché i ka vréyé bon flanm

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« Quand Patrick Chamoiseau écrivait: «Esquisser en nous la voie d’un autre imaginaire du monde…» »,

— Par Sophie Klimis, professeure ordinaire de philosophie, Université Saint-Louis-Bruxelles, pour Carta Academica —

Chaque semaine, « Le Soir » publie une chronique d’un membre de Carta Academica* sur un sujet d’actualité. Cette semaine : quand la parole du poète peut recréer le monde en le disant autrement…

A des années-lumière d’un certain narcissisme parisien et de sa surenchère dans le « glauque » et le cynisme, Patrick Chamoiseau, écrivain français martiniquais, fait œuvre profonde de salubrité publique. Son livre Frères Migrants (Seuil, 2017) devrait être inscrit au programme de toutes les écoles de la « francophonie », France y compris. Abasourdi face à la crise des migrant.e.s, comme beaucoup d’entre nous, Chamoiseau y raconte s’être senti comme « appelé » par la voix d’outre-tombe d’Édouard Glissant, cet autre immense philosophe-poète originaire de Martinique, décédé en 2011, qui fut son ami et son « maître ». « Quand un inacceptable surgissait quelque part », se souvient Chamoiseau, Glissant l’appelait pour lui dire : « on ne peut pas laisser passer cela ! »

La tentation de la désespérance

Face à la recrudescence des violences en Syrie, à ce nouveau million de réfugié.e.s

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Littératures : nouveautés du 1er mars 2020

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Matnik an Févriyé 

— Par Daniel M. Berté —

Matnik an Févriyé
Sé mwa kouri vidé
Saint Valentin fété
Mé osi moun tonbé

Listwa Matnik matjé
Paw dé mouvman sérié
Ki fè bon moun kriyé
Ki fè manmay pléré

Févriyé 1900
Djoubakè ba’y douvan
Pou tibren plis lajan
Ek travay mwen méchan

Grèv yo fè an mawchan
Bò lizin lé pisan
Fizi lé gouvènan
Réponn manifestan

Dis mò dan an ma san
Douz blésé anlè kan
Paske lé posédan
Pa té lé ba’y dé fran

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Kannaval-Foyal

— Par Daniel M. Berté —

Kannaval-Foyal fénoménal
Tout Matnik ka désann ek osi étranjé
Mi kannaval mondjal

Kannaval-Foyal entégral
Eti tout Pewsonaj ka kouri an vidé
Mi kannaval brital

Kannaval-Foyal enpérial
Travesti épi Rèn an lari pavané
Mi kannaval majistral

Kannaval-Foyal espésial
Lè Mawriaj-biwlesk fèt san misié labé
Mi kannaval bouwjwazial

Kannaval-Foyal triyonfal
Kawolin-zié-loli ni mari’y ka pòté
Mi kannaval vital

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Littératures : nouveautés du 16 février 2020

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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L’Académie du créole haïtien et la problématique de la langue maternelle créole

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

En Haïti comme dans la plupart des aires francocréolophones et ailleurs, la problématique de la langue maternelle continue de préoccuper nombre d’enseignants, de linguistes et de citoyens attentifs aux liens étroits existant entre la langue maternelle et la transmission des connaissances à l’école. Elle préoccupe également les institutions internationales dont la mission recoupe les champs linguistique et culturel. À travers le monde, la langue maternelle est l’objet d’une mobilisation particulière chaque année.

En effet, en 1999, le 21 février a été déclaré Journée internationale de la langue maternelle par l’UNESCO. « L’initiative de célébrer une Journée internationale de la langue maternelle vient du Bangladesh. Elle a été approuvée à la Conférence générale de l’UNESCO en 1999 et est observée dans le monde entier depuis 2000. (…) La diversité linguistique est de plus en plus menacée à mesure que des langues disparaissent. 40% des habitants de la planète n’ont pas accès à un enseignement dans une langue qu’ils parlent ou qu’ils comprennent. » (Unesco.org : « Journée internationale de la langue maternelle », s.d.) La question de la langue maternelle dans le corps social et dans l’enseignement en particulier est toujours à l’ordre du jour et il importe de bien la situer pour en mesurer les enjeux.

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Littérature : nouveautés du 9 février 2020

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Mort de Pierre Guyotat, l’écrivain qui racontait les corps dans la guerre et la guerre des corps

En 1970, Éden, Éden, Éden avait été interdit de publicité et avait manqué le Médicis. Il recevra ce même prix en 2018 pour L’Idiotie.

L’écrivain Pierre Guyotat, lauréat du prix Médicis en 2018, est mort dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 80 ans, a annoncé sa famille vendredi à l’AFP. Il est décédé «dans la nuit de jeudi à vendredi» à l’hôpital, a indiqué à l’AFP son neveu Florent Guyotat.

Premier à réagir, l’ancien ministre de la Culture Jack Lang a fait part de son «immense chagrin» après la disparition de son «très cher ami». «Cet orfèvre des lettres, véritable virtuose, poète possédé par les mots, était un artiste unique, déterminé et exigeant», a posté Jack Lang sur ses comptes Twitter et Facebook.

Préférant la discrétion à la lumière, l’écrivain restera comme l’auteur de deux œuvres majeures de la littérature française du XXe siècle: Tombeau pour cinq cent mille soldats (1967), peut-être le plus grand livre sur la guerre d’Algérie (adapté par Antoine Vitez à Chaillot en 1981) et Éden, Éden, Éden (1970), livre jugé pornographique par les autorités françaises de l’époque, interdit de publicité, d’affichage et de vente aux mineurs.

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Sur tant de chemins, Georges Castera fils (1936-2020)1

— Par Jean-Durosier Desrivières,—

Georges mouri. Mezanmi, pa gen bouch.2 Ne reste que l’encre, sa demeure. Et sa voix, réelle ou à fleur d’encre. Des mots donc, pour nous guider sur tant de chemins hantés par l’homme, le poète… Pour retrouver son esprit, son style, son goût de vivre…

Sur les chemins des langues

De toujours, il a embrassé ses deux langues – créole, français, qui l’ont tellement embrasé en retour, lui, Georges Castera fils, l’enfant qui a grandi avec « de grandes taches d’encre au cœur » (Ratures d’un miroir)3, au mitan d’un Port-au-Prince qui misait peu sur cet insolite duo linguistique-littéraire dans le paysage haïtien. Ecrivant dans la pureté de chacune de ses deux langues, il a pratiqué toute sa vie un bilinguisme d’autonomie. Au compteur : une dizaine d’ouvrages en français, plus d’une vingtaine en créole.

Jamais de mélange. Sinon quelques suggestions entre les lignes, quand l’une de ses langues se met à murmurer sous l’autre langue :

« …la mort fait mouche

sans jeu de mots

le bilinguisme entre les cuisses »

(« La lettre sur mer », Les cinq lettres)4

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Fransantiy litjidé

— Par Daniel M. Berté —

Bououou !!! Anmwééé !!! Nou pèd !!!
An paran-ami-alié tonbé… Sa red…
An lafanmi nou pèd…
Bondjé-Senyè sa red…

Kòn-lanbi vié nouvel kòné
Bonmaten Jédi trant Janvié
Fransantiy jounal-nou ka rété
Fransantiy jounal-nou litjidé

Sa ki ni ? Dans nos communes ? Litjidé !
Annonces classées ? France et monde ? Litjidé !
Martinique pratique ? Interactive ? Litjidé !
Les sms du mois ? Météo ? Litjidé !

Tout le sport ? Journal des courses ? Litjidé !
Vos programmes TNT ? Loisir et culture ? Litjidé !
Avis de remerciement ? Jénès nou ? Litjidé !
FA junior ? Courrier des lecteurs ? Litjidé !

An siklòn krazé-brizé lespérans-nou
An tranmantè soukwé-matjilpaté kò-nou
An volkan pété-déblozé kabèch-nou
An razmaré chayé-ratibwazé kay-nou

Désan-trannsenk djoubakè pa ni travay ankò
An bi matjoukann-nou ka disparèt ankò
Kolé tèt ek zépòl pou sa fè fòs ankò
Ansansanm annou sanblé pou rilévé ankò

Daniel M. Berté 300120

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« La Nuit des Idées » à la Villa Chanteclerc : « Être vivant »

Le jeudi 30 janvier à 18 heures, à la villa Chanteclerc à Fort-de-France

Évènement national et international sous l’égide de l’Institut Français, La Nuit des Idées aura lieu jeudi 30 janvier 2020, autour du thème « Être vivant », réunissant des intervenants de tous horizons – intellectuels, chercheurs, artistes – invités à débattre dans les lieux partenaires de la manifestation, sur les cinq continents.
Chaque année, la Nuit des idées est une invitation à découvrir l’actualité des savoirs, à écouter celles et ceux qui font avancer les idées en tous domaines, à échanger sur les grands enjeux de notre temps, célébrer la circulation des idées entre les pays et les cultures, les disciplines et les générations, parce que la pensée traverse les frontières…

 

– de 18 h à 19 h : La Guyane en Toutes Lettres
Présentation du roman de Joël Roy CAYENNE-MOSCOU, paru aux éd. Idem.
Intervenants : Suzanne Dracius, Joël Roy.

– de 19 h à 21 h : Une société anxiogène a-t-elle en ultime recours comme mode de rébellion la violence ?
Table ronde, conférence débat :
Intervenants : Nadia Chonville, Raphaël Constant, Suzanne Dracius, Malik Duranty, Philippe Pierre-charles, William Rolle.

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Aménagement et « didactisation » du créole dans le système éducatif haïtien : pistes de réflexion

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La question de l’aménagement et de la « didactisation » du créole dans le système éducatif haïtien n’est pas nouvelle en Haïti. « En 1898 déjà, Georges Sylvain [déclarait] que «le jour où (…) le créole aura droit de cité dans nos écoles primaires, rurales et urbaines, le problème de l’organisation de notre enseignement populaire sera près d’être résolu ». Depuis le début des années 1980,Dejeanfait un plaidoyer dans cette perspective, dont l’essentiel est consigné dans Dejean (2001,2006). Michel DeGraff (2014)poursuit ce plaidoyer en faveur de l’utilisation du créole haïtien comme langue d’enseignement pour une meilleure rentabilité de l’action éducative » (Renauld Govain : « Le créole haïtien : de langue d’alphabétisation des adultes à langue d’enseignement », researchgate.net, 11 avril 2018.) Dans les années 1940, cette question a été entrevue notamment par Christian Beaulieu, compagnon de lutte de Jacques Roumain et auteur de « Pour écrire le créole » (Les Griots, 1939), et qui fut l’un des premiers, à cette époque, à réclamer l’utilisation du créole à des fins pédagogiques. De manière plus programmatique, la question de l’aménagement et de la « didactisation » du créole dans le système éducatif haïtien a été posée avec la réforme Bernard de 1979, mise en veilleuse en 1987, et qui faisait du créole langue d’enseignement et langue enseignée.

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Palé (Espésial dédikas pou sa ki konsèwné)

— Par Daniel M. Berté —
Lé bonmaten dépi’w lévé
Avan tout bèt fini priyé
Apenn solèy ka ouvè zié
Ou ka mété kò’w a palé       

Avan ayen ou za paré
Ou poko onoré Bondié
Ajijéwè koulé kafé
Ou za ka koumansé palé

Toujou parèy ou balansé
San fè kontak ou démaré      
Ou za paré pou fè moun chié
Yen ki palé ou ka palé

Sé konsa tout lasent jouné
Kon an rara ki ka touné
Kon mèl a sisèdswè an palmié
San arété ou ka palé

Mé Bondié-Sényè sa sa yé
Ou sé di an moun yo piayé
An kochonni yo ba’w manjé
Pou’w pé palé otan palé ?

Mé a ki moman ou ké pé
Pou sa fouté tout moun lapé
Titak silans man lé souplé
Pou an moman, rété palé

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« Saveurs confondantes » : exposition éphémère.

Exposition éphémère, proposée par l’association « Conquérantes Intemporelles »

Vendredi 31 janvier 2020 à 18h30 à la bibliothèque Schoelcher

« Fondre de plaisir ! » 

 

6 FEMMES et 1 CONCEPT : FAIRE SENS AUTOUR DES MOTS :

 

Les « Conquérantes Intemporelles » proposent depuis décembre 2016, dans un propos intellectuel et artistique, une alternative au mode d’expression lié à la nécessité de compétition, de comparaison de nos sociétés. « Dans cette formule six femmes placent l’expression de leur féminité, de leurs attentes, de leurs interrogations intimes, de celles qui fondent leur rapport au monde dans une expérience artistique inédite où les arts font sens. Conquérir mais conquérir quoi et pourquoi, pour qui, avec qui et comment ? Comment ? Mais dans l’empathie. L’empathie absolue, érigée en principe, en principe fondateur, en principe moteur… Nous sommes vraiment dans un enchevêtrement et une continuité, une chronique annoncée de ce qui doit venir. Métaphore filée du sens qu’on peut donner à nos vies, à travers l’art. »

 Autour des mots de la poétesse Françoise FOUTOU : une musicienne : Giliane COQUILLE et quatre plasticiennes : Roseline EMONIDES, Nathalie MILIA, Jade AMORY et Nadia BURNER présentent, l’espace d’une soirée, leur vision du monde.

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Le défi de l’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien a retenu depuis nombre d’années l’attention de plusieurs spécialistes auteurs de « plans » et de « programmes » ou celle de diverses « commissions », et il a été timidement abordé dans des projets de « réforme » et dans des « directives ministérielles » visant le secteur de l’éducation. Ainsi, le Groupe de travail sur l’éducation et la formation, le GTEF, a produit en 2010 des analyses et recommandations qu’il importe de rappeler :  

« Favoriser l’apprentissage de l’élève dans sa langue maternelle tout en assumant le bilinguisme adopté dans la Constitution – Les études et l’expérience établissent que l’écolier apprend mieux et plus rapidement dans sa langue maternelle. Le manque de clarté dans les politiques linguistiques, les hésitations de l’État dans la mise en œuvre de ces politiques, le déficit en quantité et en qualité de matériels de support aux apprentissages disponibles en créole, les lacunes dans les programmes de formation des maîtres et l’absence d’une politique de communication à l’endroit des parents et du public en général ont constitué des freins à la concrétisation du projet de bilinguisme assumé par la Constitution du pays. »

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