Catégorie : Littératures

« PR@TIC »  : une plateforme en question…

« PRATIC » : une plateforme numérique pour l’enseignement à distance en Haïti ou un catalogue statique, fossile et non interactif des programmes du ministère de l’Éducation ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Prévue pour être accessible en ligne à l’échelle nationale dès la semaine du 13 au 17 avril 2020, PRATIC, la plateforme numérique officielle pour l’enseignement à distance en Haïti par temps de Covid 19, a été inaugurée le 24 avril 2020. Dans la réalité, PRATIC n’a été accessible que le 27 avril 2020 en fin de journée… Quelles sont les principales caractéristiques techniques et pédagogiques de ce dispositif au départ présenté comme une plateforme numérique gouvernementale pour l’enseignement à distance ? S’agit-il d’ailleurs d’une véritable plateforme numérique et interactive pour l’enseignement à distance ou d’un site/catalogue non interactif listant les programmes du ministère de l’Éducation ? PRATIC est-elle vraiment accessible aux centaines de milliers d’écoliers haïtiens sur toute l’étendue du territoire national et garantit-elle la poursuite de l’apprentissage au préscolaire, au fondamental, au secondaire et au professionnel ? Quelle est la place réservée au créole dans ce dispositif alors que le système éducatif national est composé d’élèves majoritairement unilingues créolophones ?

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« La mère d’Eva » de Silvia Ferreri

Une relation mère-fille inédite et bouleversante.

Une mère parle à sa fille entre les murs d’une clinique serbe. Eva vient juste d’avoir dix-huit ans et elle attend ce moment depuis qu’elle est née. Elle veut changer de sexe en se soumettant à l’intervention qui fera d’elle ce qu’elle s’est toujours sentie : un homme.

En un dialogue sans réponses, suspendu entre l’imaginaire et le réel, la mère d’Eva raconte leur vie jusqu’à ce moment. Elle refait le chemin comme si elle s’aventurait sur une terre étrangère, en quête d’une erreur de sa part qui aurait tout précipité. Sa voix est concrète, touchante ; elle parle sans fard d’un combat sans vainqueur ni vaincu, où la défaite n’existe pas, où la forme la plus pure de l’amour doit lutter pour comprendre, pour accepter.

« Je suis là Eva, je suis à côté de toi. Je suis assise dans le couloir froid à côté du bloc opératoire où tu es étendue, nue, pour la dernière fois fille, enfant, femme.

Tu ne m’entends pas et tu ne me vois pas mais je suis là.

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Lire Aimé Césaire, sous tous les cieux

« The Complete Poetry of Aimé Césaire », version bilingue anglais-français

En février 2020, l’universitaire américain Albert James Arnold publie en français, « La Littérature antillaise entre histoire et mémoire, 1935-1995 », une étude dense consacrée entre autres au concept de nation et aux discours identitaires aux Antilles. L’ouvrage évoque également les questions de la négritude, de l’antillanité, du créole, analysant des œuvres d’auteurs comme Maryse Condé, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant, Simone Schwarz-Bart ou Gisèle Pineau. À la question de savoir ce qui a présidé au choix spécifique de cette période, Albert James Arnold répond que « la première date est celle où Aimé Césaire commence à écrire sur le dilemme de l’étudiant noir devant la montée des fascismes. Il entrait à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm et publiait ses premiers articles sur la négritude  dans « l’Étudiant noir ». La seconde date est celle où une maison d’édition antillaise – Ibis Rouge – s’implante en Guyane avec des antennes en Guadeloupe et en Martinique. Entre ces deux dates, tout ce qui s’écrit aux Antilles ayant une certaine importance se publie en métropole et en relation avec l’institution littéraire française ».

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Chroniques de confinement

Par Patrick Mathelié-Guinlet

COVID 19

Un vent souffle de l’est,
soulevant une peste
qui s’avance en silence,
relents de pestilence…

À venir est le pire
car celui qui l’inspire
de fièvre alors transpire
et parfois même expire !

Le roi comme le gueux,
le jeune et puis le vieux,
aucun n’est épargné
par ce mal contagieux
frappant l’humanité.

Ce migrant sans frontières
franchit même les mers,
polluant la terre entière
et rend la vie amère,
semant mort et misère…

Fermons lui notre porte
et que le diable emporte
au fin fond de l’enfer
ce grand souffle maudit
qui infecte ainsi l’air
de tous nos beaux pays !

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Pawol zwézo

— Par Daniel M. Berté —

Anlè an fil pozé
Dé zwézo ka kozé
Man la man ka gadé
Epi man ka kouté

Lé dé ka milanné
Yo ka réflèksionné
Ka jis filozofé
Anlè moun ankazé

« Viris kovid rivé
Moun blijé konfiné
Pas zafè-yo mélé
Mi yo tout anmèwdé

Ni ki Kovid chayé
Dot lopital kouché
Lé swagnan débòdé
Boul moun tèwbolizé

Lanmen fo yo lavé
An koud fo étèwnié
Pad ti-bo ni kolé
A an mèt fo rété

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Kouté an konvidman

— Par Daniel M. Berté —

An konfinman, pa ni bwi élikòptè, avion ek bato ankò…

Alòw kouté atjòlman…

  • Kri ti-bèt : kabritbwa, gounouy ek kritjèt
  • Chanté zwézo : kayali, pipiri ek grigri
  • Vòlman : koulibri, vonvon ek papiyon
  • Kriyaj : bèf, mouton ek poul

 

An konfinman, pa ni bwi siléma, restoran ek bwat-de-nui ankò…

Alòw kouté atjòlman…

  • Son : téléfòn, radio ek télé
  • Bwisman paj : liv, magazin ek kayié
  • Bwitaj : fouchèt, kouto ek zasièt
  • Koulé-dlo : lapli, robiné ek chas-vc

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 Ces femmes que j’ai rencontrées ( I & II) de Rose-Marie Taupin Pélican

Rose-Marie TAUPIN PELICAN a toujours aimé l’écriture et les belles lettres. Ses poèmes étaient principalement lus dans le cercle familial et professionnel quand un terrible événement allait venir bouleverser sa vie et l’amener à publier.
C’est ainsi que paraît, en 2017, son premier ouvrage « Mayday, Mayday, Mayday, fera-t-il jour demain ? » basé sur la catastrophe aérienne du 16 août 2005 dans laquelle elle a perdu des membres de sa famille. Proche de l’enquête, elle met en lumière toutes les zones d’ombre, les dysfonctionnements et les dessous d’un drame qui n’a toujours pas connu son épilogue.
Ensuite, en 2019, elle publie « Ces femmes que j’ai rencontrées », volume I et volume II, deux recueils de nouvelles dans lesquels dix femmes feront face à l’adversité et montreront que la vie est un combat mais qu’il ne faut jamais baisser les bras, quelles que soient les circonstances. Chacune de ces femmes-courage (bipolaire, transgenre, harcelée, bafouée, malade du cancer, en quête d’une identité, migrante, enfant des favelas etc.) est à la fois singulière et familière ; mais toutes, elles finiront par se relever car « la vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent mais d’apprendre comment danser sous la pluie.

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Le festival « Vues d’Afrique », version virtuelle 2020

Le cinéaste sénégalais Mamadou Dia et son acteur Alassane Sy ont reçu les prix de la Meilleure fiction long métrage et du Meilleur acteur au festival « Vues d’Afrique », à Montréal, pour « Le père de Nafi ». 

Le 27 avril 2020 à Montréal, le 36e festival de cinéma « Vues d’Afrique » a dévoilé les lauréats des prix et des mentions de sa compétition, lors d’une cérémonie de clôture virtuelle accessible en direct, ce jour-là, sur sa page Facebook. Ce support a permis à tous les festivaliers et à un large public d’assister à cette cérémonie, et aux réactions des gagnants à travers le monde entier, sur sa plateforme. Animée par Eric M’Boua (animateur canadien d’origine ivoirienne) de Prodzitiv (organisateur d’événements), avec le concours de l’organisation du Festival, la soirée a été l’occasion de célébrer la vitalité et le dynamisme des cinématographies africaines et caribéennes, mises à l’honneur lors de cette 36e édition.

Depuis 36 ans en effet, « Vues d’Afrique » est une vitrine pour tous les grands cinéastes africains et créoles. Ce festival s’affirme comme l’organisme de référence pour l’information et la diffusion de productions culturelles sur l’Afrique, les Pays Créoles et leurs Diasporas, en particulier les productions audiovisuelles sur toutes les plateformes.

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« PRATIC » : signalétique d’un échec programmé

« PRATIC », la plateforme numérique officielle pour l’enseignement à distance en Haïti par temps de Covid 19 : signalétique d’un échec programmé

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

En Haïti et en outre-mer, les médias ont relaté la mise en ligne prochaine de « PRATIC », la plateforme numérique officielle pour l’enseignement à distance en Haïti par temps de Covid 19 et suite à la fermeture des écoles le 19 mars 2020. Prévue pour être accessible en ligne à l’échelle nationale dès la semaine du 13 au 17 avril 2020, cette plateforme n’était toujours pas disponible sur Internet le 27 avril 2020, pas plus d’ailleurs que le site du ministère haïtien de l’Éducation. Pourtant la mise en ligne de cette plateforme avait été annoncée par le ministère de l’Éducation nationale dans son communiqué du 23 mars 2020 et à grand renfort de publicité dans la presse : « Coronavirus : le MENFP compte mettre en place une plateforme numérique pédagogique pour permettre aux élèves de continuer à suivre les cours à distance » (Le National, 26 mars 2020) ; « Covid-19 : mise en place d’une plateforme numérique pour le corps enseignant et les élèves en Haïti » (Alterpresse, 8 avril 2020) ; « La plateforme numérique du MENFP est techniquement prête » (Le National, 9-13 avril 2020) ;« Le ministère de l’Éducation prépare le lancement de la plateforme numérique PRATIC » (Rezonòdwès, 16 avril 2020).

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Gadé an kovinman

— Par Daniel M. Berté —

Sizé anlè balkon an-mwen
Pou palé kon gwadoupéyen
An ka gadé douvan an-mwen
Lé piébwa man ni o jaden

Man ka wè an pié-friyapen
Ki ni fèy akondi lanmen
Epi an bel pié-tomaren
Dontotjèl lé fwui man anmen

Man ni an pié-bannann planten
Biennantandi dé pié-tinen
Ka ba-mwen fig-mi lé maten
Man ka manjé lè mwen a jen

Lè man ka gadé jik o lwen
Lé ti-prin jòn an pié-mouben
Ki ka mennen an lo yenyen
Ki ka rasanblé an lésen

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À lire chaque week-end : le « Pawol anba fey »

France-Antilles :  Notre rubrique du week-end, « Pawol  anba fey » est aussi de retour depuis le 1er avril ! En ces temps de confinement, ne vous en privez pas, ça fait du bien au moral !

France-Antilles, pour le moment journal web seulement —  « il est où le bonheur, il est où »… demande la chanson… bonheur d’aller chaque jour en ville acheter le journal version papier, et d’en tourner les pages, au risque parfois de  se noircir quelque peu  d’encre fraîche le bout des doigts, ou la nappe blanche sur la table étalée, en remplissant la page « jeux » —, France- Antilles donc nous offre de nouveau sa petite chronique humoristique hebdomadaire, pleine de bon sens populaire, en français mâtiné de créole martiniquais… Quelques minutes de lecture heureuse, d’autant plus qu’elle s’accompagne là d’un dessin original de Gabourg, agrémenté d’un bien joli texte! Une invite à lire, à rire, et à réfléchir… Un vrai cadeau ! (Janine Bailly)

 

Mennen mwen alé souplé…

Péloponèse (*) qui est aussi connue sous le ti-nom de Fonmi-wouj, fait partie des gens que le coronavirus qui est tombé sur nous là, a fini de conforter dans les certitudes que notre bas-monde est maudit.

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Lire à la Martinique en période de confinement, suite !

Librairie « Le Papillon Bleu »

Avec Kazabul et Anolivres, une troisième librairie, Le Papillon Bleu, signale qu’elle assure désormais à Fort-de-France, un service de vente d’ouvrages « en drive ». De quoi satisfaire les nombreux amateurs, qui attendaient impatiemment de retrouver leur librairie familière et si chaleureuse, quand bien même ils devront se contenter désormais de réceptionner les ouvrages commandés devant l’enseigne, sans pouvoir pénétrer dans les lieux. Un quatrième établissement, la librairie « Présence Kreol », annonce qu’il est en train de faire ce qu’il faut pour donner lui aussi satisfaction à ses amateurs de bonnes lectures !

Merci à nos libraires de nous offrir cette opportunité, en dépit du fait que les librairies n’aient pas été considérées comme commerces de première nécessité… Autre conception des choses… À Berlin, par exemple, dit le metteur en scène Thomas Ostermeier, « les librairies restent ouvertes, contrairement au reste de l’Allemagne, parce que le maire de Berlin pense que les livres sont essentiels pour la vie ». En effet, en ces moments bien difficiles à vivre, il s’avère qu’aux nourritures du corps, beaucoup d’entre nous aspirent à conjuguer les nourritures de l’esprit !

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Reprise des cours : la Martinique tire la sonnette d’alarme.

Ce jeudi 23 avril, lors d’une visioconférence organisée par le Premier Ministre sur « le fonds de solidarité et la préparation du déconfinement », Alfred Marie-Jeanne , président du conseil exécutif de Martinique, a fait part de ses inquiétudes et de l’impossibilité à rouvrir les établissements scolaires de l’île.

 

Reprise ou non ?

La reprise progressive des cours à partir du 11 mai semble s’éloigner de plus en plus pour les collégiens et lycéens de l’île. Après le scepticisme, voire le véto de certaines organisations syndicales d’enseignants, les élus font savoir à leur tour qu’ils ne partagent pas l’optimisme du Chef de l’Etat et du Gouvernement. La semaine dernière, lors de la grande concertation, initiée par la CTM, autour des mesures à prendre pour le déconfinement, l’ensemble des maires et présidents de communautés d’agglomérations semblait unanime sur cette problématique. Ces élus réclamaient la mise en place d’une stratégie martiniquaise pour la gestion de cette crise sanitaire et sociale et pour la préparation du dé-confinement.

En charge des 43 collèges et 25 lycées de l’île, la Collectivité Territoriale de Martinique a un rôle majeur à jouer dans ce dossier.

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Lire, côté drive et côté télévision : François Busnel et ses « librairies »…

Lire, toujours…

Selon un communiqué de la Préfecture, deux librairies ont pu depuis le 20 avril reprendre leurs activités à la Martinique, dans des conditions bien précises liées à la pandémie. L’une, « La Kazabul », est au centre-ville à Fort-de-France. L’autre se trouve à Ducos, c’est « Anolivres », une librairie-jeunesse.

Les commandes se font :

— sur les comptes Facebook des librairies

— par courriel : librairie@kazabulmartinique.fr — anolivres@gmail.com

— sur site : http://www.kazabulmartinique.fr

— par téléphone : Le libraire de Kazabul propose une permanence téléphonique les lundi, mercredi et vendredi de 10h à 13h au 0596.71.10.08

Les livres commandés seront ensuite récupérés depuis les voitures dans la zone drive de chacune des librairies. Les horaires proposés par Anolivres sont : 9h à 14h les lundi, mercredi, vendredi et samedi.

Pour de plus amples renseignements :

https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/coronavirus-deux-librairies-de-martinique-se-lancent-dans-le-drive-824936.html

 

À la télévision, en attendant…

Et pour patienter, ou quand on ne peut pas sortir de chez soi, ou quand on demeure trop loin, ou qu’on n’a pas de moyen de transport, on regarde la télévision, avec François Busnel : 

Alors que les librairies sont fermées, François Busnel ouvre sa “P’tite librairie”.

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De la croyance…

Grandir c’est croire

Marie Rose Moro et Julia Kristeva proposent, en coécrivant ce livre, une réflexion sur un sujet encore peu pensé : le besoin de croire.
Les deux auteures affirment que La question du besoin de croire éclaire et nourrit la crise sociale que nous traversons aujourd’hui. Resté en suspens depuis 1968, ce phénomène social profond a été ranimé par le retour des religions. L’islam, pour différentes raisons, a réveillé cette question qui sommeillait.
Aujourd’hui, il nous faut comprendre la radicalisation, l’interpréter, pour établir un dialogue avec les jeunes qui « choisissent » cette option, et leur montrer qu’il existe d’autres chemins pour exprimer ou sublimer ce besoin de croire.
Si « liberté, égalité, fraternité » ne sont que des mots, s’ils ne sont pas soutenus par un récit, par des personnes qui les incarnent, par des expériences, qui amènent à trouver une place dans la société, alors ces mots sont morts et il reste un état de mal-être. C’est pourquoi nous pouvons dire que la crise sociale que nous vivons aujourd’hui est la manifestation même du besoin de croire.

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YO konfiné NOU

— Par Daniel M. Berté —

YO razié-NOU a kout baton
Baton an do, kawkan an kou
Kou épi fret ek chennen-NOU
NOU an barakoun, konfiné
 
YO batjé-NOU abò bato
Bato ki mennen-NOU alé
Alé kon sadin bien séré
Séré adan kal, konfiné


YO matjé-NOU épi fè-cho
Fè-cho ka di la posésion
Posésion dé mèt bitasion
Bitasion, NOU té konfiné
 

YO fè-NOU telman méchansté
Méchansté ki fè-NOU lévé
Lévé, révolté, mawonné
Mawonné an bwa, konfiné

YO vréyé chien épi chasè
Chasè pou té ritjenbé-NOU
NOU yo té ka mété an tou
Tou, konfiné an makolin
 
YO vini déklaré ladjè
Ladjè YO fè an tan-Wobè
Tan-Wobè ki lépok malè
Malè ki konfiné Matnik
 

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Disparition de l’écrivain Luis Sepúlveda

« Son œuvre, fortement marquée par l’engagement politique et écologiste ainsi que par la répression des dictatures des années 1970, mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers » (Wikipédia)

Le Chili perd l’une de ses plus célèbres plumes. L’écrivain chilien engagé Luis Sepúlveda forcé à l’exil sous la dictature d’Augusto Pinochet, est mort à 70 ans en Espagne du Covid-19. « L’équipe de Tusquets Editores regrette profondément sa perte », a écrit sa maison d’édition dans un communiqué. Le romancier était hospitalisé depuis fin février à Oviedo, dans la région des Asturies, où il résidait. Il avait développé les symptômes de la maladie au retour d’un festival littéraire au Portugal. « Le personnel soignant a tout fait pour lui sauver la vie, mais il n’a pas surmonté la maladie. Mes plus sincères condoléances à sa femme et à sa famille », a assuré sur Twitter le président de la région des Asturies, Adrian Barbon.

Luis Sepúlveda est l’auteur d’une vingtaine de romans (dont des thrillers), chroniques, récits, nouvelles et fables pour enfants traduits dans une cinquantaine de pays.

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Césaire et ses héritiers

Douze ans après sa mort, le 17 avril 2008, l’écrivain et homme politique martiniquais Aimé Césaire est l’objet d’un documentaire diffusé  ce jeudi soir sur France Ô à 20h 55.

— Par Sabine Gignoux —

Décédé il y a douze ans, le 17 avril 2008, Aimé Césaire est à l’honneur ce soir… mais sur France Ô, comme si sa voix puissante ne concernait plus aujourd’hui que les territoires d’outre-mer ! Pourtant ce documentaire, en donnant la parole à plusieurs de ses héritiers, montre l’universalité de son message qui résonne autant chez des personnalités antillaises, comme l’ancien footballeur Lilian Thuram ou la journaliste Audrey Pulvar, que chez le Calédonien Emmanuel Kasarhérou, directeur adjoint des collections au Musée du Quai-Branly, la comédienne d’origine sénégalaise Aïssa Maïga, l’écrivaine franco-marocaine Zineb El Rhazoui ou le chanteur Arthur H.

Portrait attachant d’un esprit ironique

Résumer en une heure la personnalité foisonnante de Césaire est une gageure. On aurait aimé entendre ainsi davantage la force poétique et provocante de ses mots qui fascinèrent André Breton. On aurait voulu voir mieux célébrée son œuvre théâtrale et poétique. Par petites touches, Isabelle Simeoni et Fabrice Gardel parviennent tout de même à dresser le portrait attachant de ce jeune normalien, défenseur de la « négritude » avec ses amis Léopold Sédar Senghor, Léon-Gontran Damas et Alioune Diop.

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Quelques instants avec Wajdi Mouawad

« Lettres d’Intérieur »

D’une lettre à l’autre… Sur France Inter, le 13 avril 2020, par Augustin Trapenard, dans « Lettres d’Intérieur » : Wajdi Mouawad adresse à son fils une lettre à lire plus tard, « quand il sera grand ». Ne nous interrogeons-nous pas tous, en effet, sur ce que pourrait être notre monde, « après » ?

« Nogent-sur-Marne, le 12 avril 2020

Mon cher petit garçon,

T’écrire ces quatre mots me bouleverse. Ils rendent si réel l’homme que tu es, en cet aujourd’hui qui est le tien, quand, dans celui qui est le mien, tu n’es encore qu’un enfant.

Cette lettre je l’adresse donc à l’homme que tu n’es pas encore pour moi, mais que tu es devenu puisque te voilà en train de la lire. Tu l’auras trouvée sans doute par hasard sur cette clé où je consigne en secret les trésors de ton enfance. J’ignore l’âge que tu as, j’ignore ce qu’est devenu le monde, j’ignore même si ces clefs fonctionnent encore mais j’ai espoir que, la découvrant, tu trouveras un moyen de l’ouvrir.

Et par la magie de l’écriture, voici que cette lettre devient la fine paroi qui nous relie, et entre l’aujourd’hui où je t’écris – où tu commences à déchiffrer les phrases, où tu as peur dans le noir, où tu crois à la magie – et celui où tu me lis, chaque mot de ma lettre a gardé sa présence ; si à l’instant j’écris je t’aime, voilà qu’à ton tour, des années plus tard, tu lis je t’aime.

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Les fondements constitutionnels de l’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La parution en Haïti et en outre-mer, le 27 mars 2020, de notre article « Le créole et « L’idéologie linguistique haïtienne » : un cul-de-sac toxique », ainsi que, le 7 avril en cours, de notre plus récent texte, « Unilatéralisme créole ou aménagement simultané du français et du créole en Haïti ? Un choix de société et un choix politique », a suscité plusieurs réactions. Depuis les États-Unis où il vit, un lecteur nous a aimablement indiqué sur Facebook que l’article du 27 mars 2020 était du « pale franse », du « parler français », donc du bavardage improductif. Et puisque nous ne sommes pas dans le feu de l’action sur le terrain en Haïti, notre réflexion serait illégitime et elle n’a pas lieu d’être… En revanche, par courriel principalement, des lecteurs d’Haïti où ces deux articles circulent abondamment nous ont fait part d’une nette communauté de vue entre nous quant à la vision offerte en partage par ces articles qui ont fourni, à l’aide de références documentaires sûres, des pistes de réflexion sur l’enfermement idéologique dans l’abord de la question linguistique haïtienne et sur les fondements constitutionnels de l’aménagement linguistique en Haïti.

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Karayib

— par Ralph Geraldy Jasmin —

M pe ke, di ou sa……
Mwen te ka, di ou sa……
Se pawòl yon sèl bib
Tout se son karayib !
Tout zile sa yo, se yon sèl
Nou tout renmen, manje disèl
Ayisyen ak panyòl se fo jimo
Men se de men ki pou tifle gonbo
Nou tou de, abite yon sèl zile
Jou sa gate, ansanm nap plonje

Kiba, Ariba, Naso, Ayiti,
Tou pre, bwa long kenbe sa pou ki !
Sa pi rèd, si ou gen rasin ayisyen
Ou pa ka nan rasis vwazen
Sispann, kanpe sou sa !
Pa touye de fwa Madiba
Ki nèg ki gen plis cheve nan karayib ?
Repons la fasil, monchè : nèg Jamayik
Ak kòd pit sa, yo pran ayisyen pou bourik
Eske yon ti tèt kole antre nou enposib ?

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Konsèy anti-kovid an konfinman

Espésial dédikas ba tout manmay lékol

— Par Daniel M. Berté —
Pa abondonné espòw pou kovid pa estentjé’w
Pa ladjé bwè-manjé pou kovid pa bouré’w
Pa kité listwa pou kovid pa ligoté’w
Pa bliyé blag pou kovid pa blotjé’w

Pa ladjé lang-vivant pou kovid pa lenché’w
Pa kité anmizman pou kovid pa ankréyé’w
Pa bliyé fisik-chimi pou kovid pa fiziyé’w
Pa abondonné lekti pou kovid pa létjété’w

Pa kité aw-plastik pou kovid pa asonmé’w
Pa bliyé diskision pou kovid pa dékalé’w
Pa abandonné fransé pou kovid pa fésé’w
Pa ladjé lapriyè pou kovid pa lapidé’w

Pa abondonné math pou kovid pa makaté’w
Pa ladjé télé pou kovid pa térasé’w
Pa kité jéwografi pou kovid pa jété’w
Pa bliyé kayé pou kovid pa kasé’w

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Unilatéralisme créole ou aménagement simultané du français et du créole en Haïti ?

Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Un choix de société et un choix politique

Au moment où nous rédigeons cet article, la pandémie du Covid 19 continue de se répandre à travers le monde avec son cortège mortifère de décès et de personnes infectées. Cette pandémie inédite oblige les États à prendre des mesures de protection des populations et le confinement préventif est de rigueur dans de nombreux pays. Le Covid 19 est déjà présent en Haïti et plusieurs spécialistes de santé publique estiment qu’il y fera de nombreuses victimes en raison principalement des lourdes défaillances des structures sanitaires du pays. Les écoles et universités sont fermées ainsi que divers centres d’apprentissage technique, tandis que des associations de journalistes souhaitent un confinement général, d’au moins 14 jours, face à la pandémie de Covid-19 au pays (AlterPresse, 1er avril 2020). En Haïti, cette situation génère de l’anxiété, de la peur, et elle n’est guère propice à la réflexion sur des sujets de société aussi prégnants que l’éducation, les droits humains et la liberté de parole. Faut-il dès lors se laisser emporter par une certaine paralysie et s’interdire de réfléchir, individuellement et collectivement, aux solutions à apporter aux nombreuses urgences du pays ?

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Annie Ernaux : « Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie… »

Annie Ernaux est écrivain. Elle vit à Cergy, en région parisienne. Son oeuvre oscille entre l’autobiographie et la sociologie, l’intime et le collectif. Dans cette lettre adressée à Emmanuel Macron, elle interroge la rhétorique martiale du Président.

Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et ce qu’on pouvait lire sur la banderole d’une manif en novembre dernier -L’état compte ses sous, on comptera les morts – résonne tragiquement aujourd’hui.

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19 Kèsiòn K 19

— Par Daniel M. Berté —

19 jou konfinman a kaz a koz di an kalté kalamité ki mété limond KO

19 jou kèsion kotidien ki ka kasé kabèch lé konfiné épi an kantité k (190)

1 Kisa ki ka ba’w kèsiònman ek kozé koko-makak a kay ?

2 Kisa ki ka kasé lé kouy krétjen konfiwmé kon non-krétjen ?

3 Kisa ka kontaminé’w ek klouwé’w an kabann ek kité’w kalbosé ?

4 Kisa ki ka kwensé’w a kaz kon kochon maré kòmifo épi kòd ?

 

5 Ki kalté koraj ka krazé san konplèks kanmarad ki ka vini kagou ?

6 Ki kriminel ka kapoté konpagnon san konté ek ka rann-yo kadav ?

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