Catégorie : Littératures

Le naufrage de la terminologie juridique créole dans le « Diksyonè jiridik kreyòl » …

… de Price Cyprien et Nathalie Wakam Cyprien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue ,

Publié en Haïti le 3 juin 2024 à compte d’auteur, le « Diksyonè jiridik kreyòl » de Price Cyprien et Nathalie Wakam Cyprien a été lancé à la Foire du livre du Barreau de Port-au-Prince le 23 août 2024. Sur le plan de la taxologie, ce nouvel ouvrage semble à première vue appartenir au champ encore en gestation de la terminologie juridique créole et les auteurs le présentent comme suit sur Amazon : « Diksyonè sa se yon zouti pou aplikasyon tout sa lalwa di an kreyol. Lap itil tout moun ki ta renmen konnen sa lalwa di nan tout domen an kreyol : avoka, jij, notè, etidyan, elatriye ». Du simple fait de sa parution, ce dictionnaire manifeste la volonté de deux juristes de mettre à disposition un outil traductionnel « pragmatique » en langue créole et cela mérite d’être salué. L’ouvrage est donc ici accueilli au titre d’une contribution, qui se veut innovante et originale, à la jeune terminologie juridique créole. Mais l’on ne perdra pas de vue qu’il a été élaboré par deux auteurs qui, quoique dotés d’une formation juridique, ne revendiquent pas le statut expert de jurilinguiste ni celui de terminologue professionnel.

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Lé lannuit

— Par Daniel M. Berté —

Ni dé lannuit fènwè
Pli nwè ki yièoswè
Eti’w pas ka wè klè
Menm si’w ni bon limiè

Ni dé lannuit modi
Eti’w ka jwenn zonbi
Ladjables ki ka ri
Ki ka fè’w pran kouri

Ni dé lannuit lanmou
Epi an bel doudou
Ki pé fè’w vini fou
Anba kares ki dou

Ni dé lannuit katjil
Ka pété tet anpil
Réfléchi a ped fil
Epi kité’w frajil

Ni dé lannuit lanmò
Ka kasé nenpot kò
Ka chayé feb kon fò
An péyi andérò

Ni dé lannuit kòchma
Ka fè’w garé an bwa
Oben tonbé an ma
Maskilili pran mama

Ni dé lannuit labonm
An gran wob ek bizbonm
Eti’w ka brè bon ronm
Ki’w sé fanm ki’w sé nonm

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« Entropie » & « Mauvaise Onde »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Entropie

Pourquoi faut-il vivre le pire
après avoir eu le meilleur ?
Car on ne devrait pas vieillir,
juste s’éteindre quand vient l’heure…

Une bougie reste allumée
et elle brille sans faiblir
jusqu’à ce qu’ait fondu sa cire
sans qu’elle ait eu à décliner…

Hélas, l’homme est bien moins loti
que la plus humble des bougies
quand il s’agit de faire face
à l’entropie du temps qui passe !

Mauvaise Onde

Il pleure dans mon cœur
comme il pleut sur mon île.
Lorsqu’il y pleut des cordes,
les rivières débordent…

De sortir on a peur
car on n’est pas tranquille
et redoute le pire…
Le préfet a beau dire :

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1 jour – 1 mot

— Par Patrick Chamoiseau —

23/08/24
Une carte de « Citoyen Indien d’Outre-mer » pour les Martiniquais d’ascendance indienne
C’est une mise en œuvre de la complexité de la » Relation » qu’a proposée Glissant :

nul ne saurait être enfermé dans un monolithe identitaire, une culture, une langue, un territoire ou une nation…

Notre arbre relationnel individuel est un rhizome, une liane, un feuillage et un souffle du vent..

C’est sans doute pourquoi Césaire disait : la chose à espérer, c’est le vent….😇🥰P.C.

23/08/24
Tiède petit matin de vertus ancestrales

Sang ! Sang

tout notre sang ému par le cœur mâle du soleil…

ceux qui savent la féminité de la lune au corps d’huile
l’exaltation réconciliée de l’antilope et de l’étoile
ceux dont la survie chemine en la germination de l’herbe !..

Aimé Césaire.

21/08/24

Indépendance de la pensée et de l’action dans l’interdépendance assumée et maîtrisée : Faire- Pays

… je défends le principe que, tant qu’il manquera un élément de détail de la totalité-monde, la relation ne sera pas accomplie, de même en matière de politique – et sur ce plan, je peux dire que, c’est vrai, j’ai évolué – je défends clairement l’indépendance dans l’interdépendance.

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Corruption, népotisme, futilité, malversations et dérives administratives à l’Akademi kreyòl ayisyen…

La société civile doit exiger l’abolition de cet inutile ‘’symbole décoratif’’

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le torchon brûle, encore une fois, à l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA). Dans le microcosme mutique de l’AKA, la nouvelle de la démission de l’anthropologue et académicienne Rachel Charlier Doucet n’a pas été suivie de commentaires analytiques publics de la part de ses destinataires sur les motifs allégués. Daté du 10 août 2024, le courriel par lequel Rachel Charlier Doucet a annoncé sa démission aux membres de l’Akademi kreyòl ayisyen a pour titre « Demisyon Akademysyen Rachelle Charlier Doucet » et le motif de démission évoqué est formulé comme suit : « Mwen pa kapab fonksyone nan yon estitisyon ki pa kapab rekonèt prensip, ni fè manm li yo respekte prensip sa yo ». Les « prensip » auxquels il est fait allusion ne sont ni identifiés ni explicités dans le courriel de la démissionnaire… Par courriel en date du 16 août 2024 adressé au Conseil d’administration de l’Akademi kreyòl ayisyen, nous avons sollicité sa version à propos des motifs allégués par l’académicienne démissionnaire : notre courriel est resté sans réponse…

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Serge Gilles, Le Che et moi

— Par Gary Klang —
Mon amitié avec Serge Gilles remonte au Paris merveilleux des années 60, celui de Mai 68, du général de Gaulle, d’Aragon, de Che Guevara… On se rencontrait au hasard de nos flâneries et souvent il passait me voir chez moi, au 34 de la rue Gay-Lussac, là où la première barricade de Mai fut érigée.
Ce que j’aimais le plus chez Serge, c’était son humour, son amour de la vie, deux qualités qui vont de pair, sans oublier sa grande bonté. On s’appelait Compè Coq, ce qui ne veut rien dire et tout dire à la fois, comme seule la langue créole en a le secret. Ah ! la gaieté communicative de mon ami Gilles ! C’était un être toujours de bonne humeur qui avait éliminé de sa vie les passions tristes, comme disait Spinoza, et moi qui évite comme le choléra les gens raides et compassés, ceux qui ne savent pas rire et font chier tout le monde, j’éprouvais un profond sentiment de bien-être en sa présence. Raison pour laquelle il me manque tellement aujourd’hui.

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« Carpe diem »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Carpe diem !
I

Dans chaque mur est une faille
et ce, quelle que soit sa taille :
de brique, de bois ou de paille,

si ce n’est le souffle du vent
ou de la terre un tremblement,
un jour l’emportera le temps…

Rien ne dure, tout se fissure,
finit par céder à l’usure.
Seule chose dont on est sûr :
rien n’échappe à la pourriture !

Le vivant comme la matière
ont pour commun lot l’éphémère :
ce jour, demain, devient hier…

Si chaque endroit a son envers,
toute médaille a son revers
et tout paradis, son enfer
comme tout homme a ses travers !

Aucun mur ne peut protéger
l’humain de sa mortalité…
La leçon qu’on doit en tirer ?
De la vie, il faut profiter
sans au lendemain trop songer !

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L’expansion de la corruption dans le système éducatif haïtien…

… légitimée par la « vedette médiatique » du PHTK néo-duvaliériste Nesmy Manigat

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Comparable à une micromilice de tontons-macoutes en col blanc, le Parti haïtien tèt kale (PHTK) occupe les allées du pouvoir depuis onze ans en Haïti. Mis sur pied par les caïds d’une nébuleuse autoproclamée de « bandits légaux », le PHTK fonctionne sur le mode du gangstérisme politique dont se sont publiquement réclamés ses chefs de file, notamment Michel Martelly et Laurent Lamothe auxquels s’est tôt associé l’économiste Nesmy Manigat. Véritable cartel politico-mafieux, le PHTK se caractérise principalement par la criminalisation du pouvoir d’État adossé au démantèlement des institutions de l’État. Au PHTK, la criminalisation du pouvoir d’État s’exerce dans la continuité de la fabrique du consentement politique dont le rôle central est l’« invisibilisation » de la corruption » afin qu’elle soit, par la captation de la « rente financière d’État » et diverses formes de rapine, efficiente et rentable à tous les étages de l’édifice social. Les mécanismes d’« invisibilisation » de la corruption » font appel à plusieurs « ressources logistiques », entre autres la « notoriété » de certains universitaires idéologiquement apparentés ou placés sous contrat « pour services rendus ».

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Fal

— Par Daniel M. Berté —

Dan an lawon-danmyé
An met-majò tonbé
Pektoro’y i montré
Epi boug-la kriyé
Kaka-la sa ki pé
Ek kwenyen kò’y an fal

An bektan rilévé
Défi misié vréyé
I fè dé pa kwazé
Tanbou alé salié
Chimiz-li i tiré
Ek frapé kò’y an fal

An moman observé
Dé kok a lanvolé
An kakan balansé
An mal kout-pwen monté
Lom défian ritjilé
Touché an mitan fal

Lè boug-la rilévé
I vini énewvé
Anlè majò plonjé
Men misié eskivé
Di an kout-tet bélié
I frapé’y an plim-fal

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« Les enfants du requin », roman de Régine Louiset et Stéphane Blondel

Présentation du livre

Imaginez un monde où l’eau, les graines et les histoires sont les choses les plus précieuses. Un monde où les nouvelles s’accrochent aux branches des arbres-messagers près des vieux puits, ceux-là mêmes qui ont permis à la vie de renaître. Dans cet univers, la ville et la nature se mêlent pour former un « Dernier Continent » dont les limites restent introuvables pour les voyageurs les plus téméraires.

Premier tome d’une saga inédite, « Les enfants du requin » nous invite à un voyage extraordinaire. Ce roman est une invitation à l’évasion, à la rencontre d’un univers très différent du nôtre, tout en nous incitant à réfléchir sur les enjeux et les transformations de notre époque.

Depuis ses premières ébauches en 2002, l’univers de la « Ville aux mille noms », ou « l’En-ville » comme l’appellent les caravaniers, s’est enrichi et structuré. Il nous fait explorer un dédale de routes, de fleuves et de quartiers, à la rencontre de caravanes lointaines, de voyageurs intrépides et de pirates épris de liberté totale. Dans ce monde, les traces de notre civilisation disparue se mêlent à une société qui a réinventé son fonctionnement, sans institution ni gouvernement, trouvant pourtant un équilibre et une paix relative.

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La traduction scientifique et technique créole à l’épreuve de la « phraséologie traductionnelle »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le 24 mai 2024 le GRESKA a organisé en Haïti, via la plateforme Google Meet, un atelier sur la traduction littéraire en créole haïtien dont l’objectif préalablement formulé était le suivant : « Ranfòse konesans manm Greska yo ak ekip k ap travay sou tradiksyon « Stella », woman Emeric Bergeau a, nan ba yo fòmasyon sou teyori tradiksyon ». Le GRESKA (Gwoup rechèch sou sans nan kreyòl ayisyen / Groupe de recherche sur le sens en créole haïtien) a été fondé en mars 2022 par Molès Paul, enseignant-chercheur à la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti. Docteur en linguistique de l’Université Paris 8, le linguiste Molès Paul, responsable du GRESKA, a coordonné et coécrit le livre collectif de référence « La construction du sens dans les textes musicaux en créole haïtien » dont la parution est prévue pour la mi-août 2024 en Haïti aux Éditions Zémès. Cet ouvrage paraîtra par la suite au Canada aux Éditions du Cidihca.

Il est utile de rappeler que la Faculté de linguistique appliquée abrite également le laboratoire LangSÉ (Laboratoire Langue Société Éducation) dirigé par le linguiste Renauld Govain, doyen de cette institution.

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 » Sagesse » &  » Jazz »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Sagesse

Tout au bout de la nuit,
c’est le petit matin,
la vie et ses chagrins
sitôt que tu te lèves
et là, c’est marche ou rêve !

Mais qui trouve la fève
au sein de la galette
devient roi de la fête…
Tout Éden a ses lois
et chaque Adam son Ève.

La pomme a son serpent,
chaque envers, son endroit
car tout chemin montant
à la fin redescend
obligatoirement…

Tout meilleur a son pire,
rien ne sert de courir :
il faut partir à temps,
juste avant qu’on se lasse…

Ne pas perdre la face,
c’est le plus important !
De tout ça, mieux vaut rire
qu’y trouver à redire…

Jazz

La Vie est une musique de jazz,
tantôt syncopée, rythmée, rapide et joyeuse
et tantôt lente et rêveuse et même quelquefois blues,
avec ses temps forts, son temps perdu et ses silences…
Parfois on joue ce qu’on a écrit sur la partition de nos souhaits
mais le plus souvent on improvise…
Et même si l’on sait qu’à la fin de la coda, les instruments se taisent,
que j’aime la jouer, cette belle musique de la Vie, quand ça jazze dans ma tête !

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« Bayou », un roman de Franck Lacombe

Au cœur de la Louisiane, au début du vingtième siècle, trois destins s’entremêlent dans un climat de mystère et de tension. Lynn Rockwell, fille de pasteur noir, croise le chemin de Jessie Lapointe, issue d’une famille de fermiers blancs cajuns, et d’Alexander Mazzella, homme de main de la mafia. Leur amour pour le bayou, ces terres marécageuses où se mêlent les eaux du Mississippi, les unit dans une amitié improbable. Dans un monde où la peur et la haine règnent en maîtres, quelles forces obscures pourraient bien les séparer ?

Dans son roman « Bayou », Franck Lacombe explore de manière romancée le monde caribéen et la créolité. L’œuvre traite de l’amitié inattendue entre trois personnages de milieux différents, mais unis par leur attachement au Bayou. Lynn Rockwell, en quête de liberté et de bonheur, vit en Louisiane au début du 20e siècle. Elle rencontre Jessie Lapointe, fille de fermiers blancs cajuns, et Alexander Mazzella, un gangster mafieux. Ensemble, ils partagent leur amour pour le bayou, malgré un environnement où la peur et la haine sont omniprésentes.

Franck Lacombe nous plonge dans un univers humide, chaud et parfois effrayant pour ceux qui ne le connaissent pas, mais hospitalier pour ceux qui l’aiment.

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« Féminin mystère » & « Strip-teases »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Féminin mystère

Femme, depuis bien longtemps j’espère
un jour enfin percer ton mystère…
Mais plus je te côtoie, moins j’en sais,
me restant inconnue à jamais…

La plus incroyable différence
est ce pouvoir de donner naissance
à l’enfant, insondable mystère
puisqu’aucun homme ne peut le faire…

De ressentir, ton autre manière
me demeure à jamais étrangère
et j’ai beau essayer de l’apprendre,
je te connais mais sans te comprendre !

Moins grave, après tout, que c’en a l’air :
l’important, être complémentaires !
Je t’aime à la folie, te vénère
et, puisque s’attirent les contraires,
m’excite et me séduit ton mystère…

Strip-teases

L’éclat de ses yeux noirs
comme deux entonnoirs,
des puits de gravité,
happent tous les regards

des hommes hypnotisés,
éclipsant l’alentour
devenu tout à coup
indistinct, pâle et flou…

Prêtresse de l’Amour
à l’attraction fatale
dont la grâce animale
demeure sans égale…

Des déesses à l’instar,
Lilith ou bien Ishtar,
irrésistible star
dont nous subjugue l’art,

comme des satellites,
tous aussitôt gravitent
autour de cette étoile
lorsque tombent ses voiles !

 

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An van

— Par Daniel M. Berté —

An van

Sé an van san ganm ki lévé
Ek fifin-lapousiè soufflé
Ki kon lésen yenyen antré
An zié lasi La Matirin

Sé li menm van malélivé
Ki wob madanm-la lévé
Ek tjilot krévé’y i montré
Ki té fet épi twel poplin

Sé li ki vin van énewvé
Ki alé pousé gwo difé
Adan dé pies-kann ki brilé
Anlè bitasyon La Violin

Sé li osi van méchansté
Ki baloté soukwé jété
Ti zaboka non matrité
Espéré pou féros farin

Sé li ankò van révolté
Ki lapot an bwa défonsé
Pou té sa Women libéré
YO té fèmen an makolin

Sé toujou li van apézé
Ki fè lé dé moun rankontré
Matirin ek Women enmé
Ek yo fè twa ti katjopin

Sa ki pé di sé van madré
O vi di sa man rakonté
Sé li sel ki ka’y pé jijé
Si sé an van a zanzolin

Sé o final van ki kalté
Sé la vré kèsion a pozé
Lektè ou ka’y konklizionné
Oubien mandé manzè Lalin

Daniel M. Berté 180724

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Connaissez-vous Roger Parsemain, poète ?

— Par Michel Herland —

Mon œil implore d’un tic la folie d’un mot
Mais au seuil de l’enfer le dire s’incinère

Bien sûr, tous les Martiniquais sont censés connaître ce compatriote, remarquable poète, mais au cas où et à l’occasion de la publication d’un récent recueil, voici de quoi pour nous rafraîchir la mémoire.

Roger Parsemain est né en 1944 dans la commune du François, la ville où, devenu professeur, il enseigna les lettres et l’histoire-géographie avant d’y prendre sa retraite en 2004. Il y fut également conseiller municipal sous l’étiquette communiste tout au long de la décennie 1970. Il habite avec son épouse dans une maison cachée dans la végétation, à l’écart du bourg. Cet attachement à un lieu est l’une des caractéristiques de la poésie de Roger Parsemain, ce qui n’empêche pas qu’elle soit nourrie aussi de ses rêveries et de ses nombreux voyages, par exemple mais pas seulement dans le recueil Les Chemins inondés inspiré au départ d’un séjour au Québec et de la rencontre avec la peintre Louise Prescott.

Roger Parsemain est l’auteur jusqu’ici de dix recueils de poésie chez divers éditeurs, sans compter deux livres de nouvelles et récits en prose et de pièces de théâtre non publiées.

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« En Terre d’ élections présidentielles », « Le péril d’une Terre souffrante » & Perdition d’une tuerie souffrante.

— Par Myrna Nerovique —

En Terre d’ élections présidentielles

Belle Terre que je n’ai jamais connue.
Etats-Unis, ne suis-je point une parvenue ?
Je ne verrai jamais point Clinton ou Biden ;
Ma combativité actuellement réellement traîne.

Trump, s’envole vers d’autres horizons,
Tandis que je me mêle enfin de mes oignons.
Je me goinfre d’actualités.
Dieu sait, que je ne puis m’en priver.

Les élections s’en vont encore de plus belle.
La médiatisation s’en veut sensationnelle.
L’effervescence de cette tuerie en perdition,
S’en déguise comme une malédiction.

La perle de nuit s’endort dans mes bras,
Et, je compte alors chacun de mes pas.
Mon enfant dort alors profondément,
Je n’ai plus, alors, nul tourment.

Le péril d’une Terre souffrante.

Face à cette guerre civile écologiste,
Il n’y avait point plus d’arrivistes.
La Terre perdait de sa superbe,
Point plus de fleurs ou de fraîche herbe.

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Patrick Chamoiseau : « Nous devons être riches de toutes les langues du monde »

Écrivain majeur de la Caraïbe, Patrick Chamoiseau a publié de nombreux essais et romans, parmi lesquels Texaco, couronné par le prix Goncourt en 1992. Ce natif de la Martinique, héritier d’Aimé Césaire et d’Édouard Glissant, a aussi contribué à forger le concept de créolité, qui place la langue créole au cœur d’un projet d’émancipation et de réflexion sur le métissage des cultures. Rappelant qu’il n’existe pas de hiérarchie entre les langues, il nous invite à nous affranchir d’un imaginaire monolingue forcément sclérosant.

Propos recueillis par Agnès Bardon UNESCO

Dans Une enfance créole, vous racontez avoir été frappé de mutisme en découvrant qu’une autre langue que la vôtre, le créole, s’imposait à l’école. En quoi cette expérience première, cette confrontation au parler dominant qu’était le français vous a-t-elle façonné ?

C’était une époque où l’absolu des langues nous avait été imposé par les colonisateurs. Pour justifier leur exploitation du Nouveau Monde, des humains et du vivant, ils avaient développé un Grand Récit justificateur dans lequel les idées de « civilisation », de « progrès », de « développement », d’« universel », d’« identité »… tenaient des places éminentes.

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À un enfant du monde*

(pour mon neveu et filleul Jean-Philippe S.)

— Par Lenous Guillaume-Suprice —

Tu pourrais encore franchir le mur
avant l’inéluctable
voir des enfants fleurir plusieurs sourires d’oliviers
avant les premières foudres dans leurs yeux

Mais à l’impossible
où aller
que faire sinon enregistrer et encore remémorer le cours des choses
et puis vouloir que tes fils soient bien adroits
attachés avant tout à l’habitat des ancêtres

Il ne sert à rien (parfois) de courir de long en large
devant l’indésirable

Mieux vaut (souvent) tout affronter
et dire ses quatre bêtises à l’ignoble de plein fouet

Cinq miroirs aux images brisées plus tard
et combien de villes défilées en poussière depuis
avec les promesses d’invétérés coquins
au vol des vautours du quotidien
tu es toujours là
méprisé
à encaisser les coups de l’horreur

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« L’horizon de la guerre » &  » Tu ne resteras point sourd »

— Par Myrna Névorique —

L’horizon de la guerre

Dans ma plénitude ensevelie,
Je pensais à mon beau guerrier,
Au travers de ma jambe meurtrie,
Sévissant sous la course de l’armurier.

Nous n’étions plus en temps de paix,
Et, je pouvais enfin laisser la craie.
Et, dans l’histoire militaire gonflant les saisons,
Je ne voyais plus d’autres horizons.

L’écriture me laissait pantoise,
Je n’avais point plus d’ardoise.
Et, dans le cœur d’une bonté perdue,
Je me retrouvais, goinfrant de la viande crue.

Ukraine ! Russie !
J’y pensais même la nuit .
Hamas ! Israël !
Le sang n’y était plus que charnel.

Je me retrouvais dans une troisième guerre mondiale,
Où le trivial avait tout de général.
Et, je rêvais du vent de la liberté,
Cherchant à rejoindre mon tout premier.

L’automne approchait dans des tons monotones,
Tandis que la voisine m’apostrophait de moutonne.
Et, l’horizon se peuplait de courses hagardes,
Vers mes balustrades d’une pureté de blancharde.

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Les sœurs Nardal : pionnières de la Cause Noire

Léa Mormin-Chauvac Préface d’Alain Mabanckou

— Par Sabrina Solar —

Paulette, Émilie, Alice, Jane, Cécile, Lucie et Andrée Nardal : sept sœurs originaires de la Martinique, se sont distinguées par leur engagement littéraire et musical. Paulette et Jane, parmi les premières femmes noires admises à la Sorbonne dans les années 1920, ont fondé le « salon littéraire de Clamart ». Paulette a également co-fondé La Revue du monde noir, tandis que ses sœurs ont rédigé des articles engagés et universalistes.

Lire aussi : Les sœurs Nardal, A l’avant-garde de la cause noire — Par Dominique Daeschler

Un printemps éditorial historique

Léa Mormin-Chauvac, avec sa biographie publiée chez Autrement, éclaire l’importance historique des sœurs Nardal dans le mouvement de la négritude. Cette biographie est la première à leur être consacrée et offre une documentation minutieuse sur leur parcours. Les sœurs, élevées par leur père Paul Nardal pour être indépendantes, ont été des figures emblématiques de l’engagement féministe et antiraciste.

La publication simultanée de deux autres ouvrages par les éditions Ròt-Bò-Krik sur des thématiques similaires révèle un intérêt renouvelé pour ces figures historiques.

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Labribis-la

— Par Daniel M. Berté —

An labribis pété dézod
Epi an bis ki fè rita
Si lapawol de lom vo lom
Sé lorew di bis ki fè le bis

Dayè lè’w pa rivé a lè
Vwayajè ka di pa ni bis
Si pa ni bis ou initil
Kivédi ki ou pa pèsonn

Simenn pasé sété lagrev
Epi konpè’w la lign Zéwo
Ek tousa san avertisman
Ki fè boul moun lévé faché

A koz di wou man ka sibi
Mové kolè ek wouspétans
Dé zizajé ki an soufrans
Pou kadans ou pa respekté

Man ka tan moun ka babiyé
Pas ou ka mélé lavi-yo
Fè-yo raté an randévou
Rivé anrita o travay

Fè-yo ped tan pou zafè-yo
Epi fè tansyon-yo monté
Jis ni adan ki ka jouré
Pou pé trapé an soulajman

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Le bilinguisme de l’équité des droits linguistiques en Haïti 

Fondements constitutionnels et politique linguistique d’État

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« (…) nous n’avons pas à hiérarchiser les langues entre elles, bien au contraire. Nous devons être riches, concrètement ou poétiquement, de toutes les langues du monde. Aucune langue ne peut s’épanouir seule, il lui faut le concert des autres langues qu’elle invoque, qu’elle accueille et respecte. (…) il nous faut abandonner l’imaginaire monolingue des colonialistes, pour tendre vers un imaginaire multi-trans-linguistique, qui n’a rien à voir avec une faculté polyglotte, mais qui tend vers le désir-imaginant de toutes les langues du monde, qu’on les connaisse ou non. » — (« Nous devons être riches de toutes les langues du monde », par Patrick Chamoiseau, Le Courrier de l’UNESCO, 20 juin 2024)

L’idée d’élaborer le présent article provient en partie de la lecture d’un avis public paru dans l’édition du 9 juillet 2024 du journal Le National et elle est en lien avec la publication antérieure en Haïti d’un livre mort-né traitant du statut du créole. Rédigé uniquement en français, l’avis public paru en page onze du National est fort intéressant.

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« Mille… » &  » Parole »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Mille…

Mille pages entrouvertes du long livre de ma vie…
Mille blessures ouvertes du long cours de ma vie,
écrites avec du sang, de la sueur et des larmes…
Mille poésies brandies comme des armes
pour exorciser les spectres cannibales de l’esprit…
Mais aussi mille moments de joie, d’extase et de passion
pour n’en rien oublier, pécher par omission…
Comme un vieil album photo devenu familier
qu’on ne se lasse pourtant jamais de feuilleter…
Mille et une nuits du poète
qui, pour ne pas perdre la tête,
ne se laissent conter
qu’au travers du prisme irisé
par la magie de sa poésie
qui rend la vie plus belle,
qui rend la vie plus vraie
et les rêves réels
et qui donne des ailes
quand on est tellement fatigué de marcher
qu’on ne voudrait plus jamais
devoir se réveiller…
J’ai ciblé l’impossible et tout mis dans le mille !

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« Zamana », un roman d’Emmanuel de Reynal

« Leur temps n’est pas le mien. Ils me croient éternel. Je les vois comme des éclairs. (…) Ils défilent au rythme de leurs vies rapides. Ils vont, viennent, repartent, bougent, viennent encore (…) Savent-ils pourtant que c’est à eux que je dois d’être ancré ici depuis si longtemps ? Savent-ils qu’ils ont été mes maîtres ? Savent-ils aussi que je les comprends bien mieux qu’ils ne l’imaginent ? Peut-être est-il temps de leur parler ? »

Celui qui parle est un vieil arbre planté au cœur d’une habitation créole au début du XIXe siècle pour servir d’ombrage aux cultures de café. Pendant plus de 200 ans, le Zamana observe les mouvements des hommes, les chemins de l’histoire, les caprices du temps… Par sa sagesse d’arbre, il jette sur le monde un regard curieux et fasciné. Parviendra-t-il à établir une connexion avec ces petits êtres sans racines ?

Emmanuel de Reynal est né en 1965 à Fort-de-France. Il fait partie des « békés », qui désignent aux Antilles les Blancs créoles, descendants des premiers colons européens.
Très investi dans la vie associative de son île, la Martinique, il fait partie de l’association « Tous Créoles » dont le but est de rapprocher les différentes communautés antillaises.

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