Catégorie : Littératures

Dézawa de Jéra

— Par Daniel M. Berté —

Jéra an souba Makouba, s’en alla a gran pa anba de l’anbabwa pou fouyé dé Yanm-bwa.

Jéra péta son pié dwa anlè an souch-bwa d’akasia ki té la dépi twa mwa ; Gadsa !

Jéra fi un fopa, kanta, glisa, kogna un balata ek tonba,non pa fasanba, mé anlè son bonda

Jéra, anplis di sa, kant il glisa, se flandja o bra dwa, kaw il atérisa siw sa lanm de koutla

Jéra kriya, anraja, jira ek joura : saprista ! patatsa ! andjètsa ! an palaya-manman sa !

Jéra neg de konba, agripa an branch-bwa ki élas se kasa ek nostrom retonba ankò suw le bonda

Jéra, plèwnicha pa, sèt fwa ne joura pa, mèmpa ne pawla pa, mé asira son pa épi se releva

Jéra réfléchisa : dé so siw le bonda, an flandji o koutla… il pansa : pou jòdla, tou sela sifiza

Jéra s’en dévira, revena siw sé pa, oubliya lé yanm-bwa, lakoz de sé traka… Aaa lala !

Jéra se souvena di an lot gran traka, ki létè ariva, épi dan kel léta, tou sela le lésa

Jéra, kant il ala épi misié Bèwna tjwé le kochon d’Edwa, régréta mil fwa le jour ou il nésa

Jéra rala le kochon, tena dé de sé pat ek l’imobiliza, pandan ke mèt Edwa dona le kout bwa

Jéra pousa un kri, kaw lanimal brenna ek se déplasa, ek le boutou tonba siw sa men ki lacha

Jéra joura Edwa, Edwa joura Jéra ek pandan se tan-la, le kochon sanfuiya ek parta dan lé bwa

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À La Martinique, le Théâtre  à l’école, ou « le blé en herbe » !

–– par Janine Bailly ––

Depuis de trop longues semaines déjà, le théâtre nous manque cruellement, et l’on se languit de reprendre le chemin interdit des salles de spectacle, où seule veille encore « la Servante », cette petite lampe qui la nuit reste allumée sur les plateaux quand le théâtre est fermé… fidèle éclaireuse dans l’ombre, pour que perdure et nous revienne bientôt la magie du rideau qui s’ouvre, ou plus simplement aujourd’hui la magie de l’obscurité qui se fait, laissant place à l’éblouissement des feux de la scène, à l’enchantement des mots, des textes, des voix et des corps. « Pour que la lumière jamais ne s’éteigne », dit Emmanuel Demarcy-Mota, qui sans faillir a maintenu le lien avec son public par des spectacles originaux, transmis en direct depuis le Théâtre de la Ville, précisant aussi que rien jamais ne remplacera le spectacle vivant, l’émotion partagée d’une salle frémissante, complice et, dans l’ombre, conquise.

Certes, ainsi que le dit le proverbe, “faute de grives on mange des merles”, et nous fûmes tenus de nous contenter, pour tromper notre impatiente attente, de captations et visioconférences offertes sur nos écrans… mais ici, à la Martinique, la vie culturelle lentement mais sûrement a repris son cours, puisqu’aussi bien, en raison d’une évolution épidémique différente, nous ne sommes plus soumis aux règles drastiques que la France se voit encore imposer.

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Littératures : nouveautés du 20 décembre 2020

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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« Contribution à l’étude des mots créoles », par Lionel Bellevue

— Préface de Jean-Robert Léonidas* —

La langue est l’affaire de tous. Je l’ai toujours clamé avec conviction. Tout le monde en est le créateur. Autant l’homme de la rue que les universitaires et les savants. C’est pour cela qu’au niveau du glossaire il existe le phénomène des doublets pour nous en convaincre, c’est-à-dire l’existence de deux mots presque synonymes qui nous arrivent l’un par voie populaire, l’autre par voie savante. Rappelons que notre créole haïtien est une langue jeune, aussi jeune que notre pays. C’est nous qui l’avons inventé. Nous nous sommes servi de matériaux venus avec nous depuis l’Afrique, ceux d’origine indienne retrouvés localement à Ayiti dans les cinq caciquats, ceux apportés par les colons et les différents occupants qui nous ont marqués au cours de notre histoire. La pénétration lexicale étant au bout du fusil, de la puissance économique, et de la durée de la colonisation, il se trouve que le vocabulaire français a eu la part belle dans la formation de notre créole haïtien, à côté des mots africains, taïnos, espagnols, anglais etc.

La langue est trop précieuse pour que nous l’abandonnions exclusivement entre les mains des spécialistes.

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À la Martinique, semaine de présentation du roman graphique « Tropiques Toxiques »

— par France Antilles Martinique du 15 décembre 2020 —

La semaine-marathon de présentation du roman graphique « Tropiques Toxiques, le scandale du chlordécone », de Jessica Oublié, a débuté ce samedi 12 décembre par une séance de dédicaces à la librairie La Kazabul.

La semaine sera chargée car l’auteure martiniquaise, qui vit désormais en Guadeloupe – l’île de ses grands-parents maternels – désire rencontrer aussi bien le grand public que les élèves des collèges et lycées, et les étudiants.

Pourquoi a-t-elle choisi le style BD, ou roman graphique, pour parler d’un sujet grave ? Justement parce que Jessica désirait que « tous les lecteurs soient interpellés par le problème… Le roman graphique intéresse les lecteurs de tous les âges… un vecteur intéressant pour communiquer des informations à un très large panel de la population… ».

L’ouvrage est paru le 22 octobre 2020, dans la collection Témoins du monde ( Jessica Oublié pour le scénario, Nicola Gobbi et Kathrine Avraam pour le dessin et l’illustration , Vinciane Lebrun pour la photographie). 

Roman interactif à partir du 20 janvier 2021

Notez que son roman graphique sera également interactif à partir du 20 janvier 2021.

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Le créole langue officielle à la CARICOM ou l’impasse d’une illusion « nationaliste »

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

De manière récurrente en Haïti, l’idée de faire accéder le créole au statut de langue officielle à la CARICOM est agitée par certains, de bonne foi ou par militantisme « nationaliste », dans la presse, sur les réseaux sociaux et notamment ces derniers jours sur Facebook. Nous avons engagé une première réflexion sur cette idée dans l’article « Le créole à la CARICOM : utopie ou mal-vision  persistante ? » paru dans Le National le 13 avril 2018. Il nous semble utile aujourd’hui de la réexaminer en lien avec la perspective centrale de l’aménagement simultané de nos deux langues officielles, le créole et le français. En amont, plusieurs questions méritent d’être posées : faire accéder le créole au statut de langue officielle à la CARICOM peut-il être une mesure porteuse pouvant conforter l’aménagement linguistique sur le territoire national ? Haïti pourrait-elle en tirer des bénéfices mesurables, en particulier en ce qui concerne l’indispensable aménagement du créole dans le système éducatif national et dans la sphère des relations entre l’État et les citoyens ? Le créole à la CARICOM aura-t-il des effets sur l’efficience des droits linguistiques au pays ?

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Belle rencontre avec les textes d’Andrise Pierre, à Tivoli

— Par Roland Sabra —

Leurs plaintes sont des plaintes portées contre, selon le vieux sens du mot allemand (Anklage).

Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie ».

Quel bonheur d’avoir pu retrouver une parole vivante ce samedi dans le Parc Naturel de Tivoli, où nous invitait ETC_Caraïbe pour la mise en espace de quelques extraits de trois textes écrits par Andrise Pierre, cette autrice haïtienne, plusieurs fois récompensée pour une écriture qui  se veut celle d’une dramaturge féministe.

Alexandra Déglise, Rita Ravier et Virgil Venance, d’une voix claire et posée, ont modulé les textes en leur donnant une âme, loin des captations vidéos de travaux de très grande qualité, dont nous sommes abreuvés en ces temps de confinement, mais qui manquent cruellement de vie, figés sur les écrans qui les supportent et parfois nous insupportent.

Trois textes donc, très récents dans leurs factures. Les deux premiers sont Vidé mon ventre du sang de mon fils, Que Dieu ne noircisse pas nos matrices, et dont Janine Bailly fait une belle présentation dans Madinin’Art. Le troisième, « Elle voulait ou croyait vouloir et puis tout à coup elle ne veut plus« , vient d’obtenir le prix SACD de la Dramaturgie Francophone 2020.

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Malpalé

— Daniel M. Berté —

Anba-vant silansié
Répitasion sové
Sé lè vant ka gonflé
Ki ni moun ka motjé

Makrélé, milanné
Sé grann aktivité
Pou an lo moun mové
Ki anmen malpalé

Yo toujou sèwtifié
Di sav sa ka pasé
An fon kay-moun séré
Gran kon piti sikré

Toujou ka savanté
Sé yo ka méprizé
Epi ki ka kriyé
Sé lézot ki madré

Anlè do’w yo monté
Ek yo ka rakonté
Sa ki vré ou pa vré
Pas yo lé dékalé

Si ou kasé an zé
Yo ka ekzajéré

Pou alé kòlpòwté
Ki sé an bef ou tjwé

Douvan-yo, pa pété
Pas yo ka’y rapòté
Ba zorèy ka kouté
Ki sé chié ki ou chié

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Le prix Interallié 2020 est attribué à Irène Frain pour « Un crime sans importance »

« Un crime sans importance » est un récit-enquête sur la mort de la sœur aînée de l’autrice, assassinée dans sa maison de banlieue. 

Le prix Interallié a été décerné jeudi 3 décembre à Irène Frain pour Un crime sans importance (Seuil), récit où l’autrice de 70 ans raconte les suites du meurtre de sa soeur aînée. Irène Frain a obtenu six voix, contre trois pour Ce qui plaisait à Blanche de Jean-Paul Enthoven (Grasset) et deux pour La Grâce de Thibault de Montaigu.

Un crime sans importance relate comment la romancière va tenter de secouer l’enquête sur la mort de cette soeur, tuée dans son pavillon en banlieue parisienne en 2018, qui n’avance qu’avec une lenteur extrême.

 Lire la critique de Francetvinfo : « Un crime sans importance », la romancière Irène Frain scrute « l’envers de nos vies » pour éclairer le meurtre non élucidé de sa sœur

« La joie est un sentiment qui m’avait désertée depuis deux ans »

La lauréate est une habituée des succès en librairie, avec un public fidèle, mais moins des prix littéraires parisiens.

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Le Prix Goncourt des Lycéens 2020 décerné à Djaïli Amadou Amal

Djaïli Amadou Amal a reçu, ce mercredi 2 décembre, le prix Goncourt des lycéens 2020 pour son livre Les impatientes. Celle-ci succède ainsi à Karine Tuil, lauréate de l’édition précédente, récompensée pour son roman Les choses humaines.

Le 33e prix a été attribué deux jours après la proclamation de son grand frère le Goncourt, à l’issue d’une réunion en visioconférence d’un jury national de lycéens. Depuis deux mois, près de 2000 élèves de toute la France sont engagés dans la lecture des 14 romans sélectionnés par l’Académie Goncourt.

En raison du contexte épidémique, les traditionnelles “rencontres régionales” entre auteurs et lycéens, l’occasion pour les seconds d’assaillir les premiers de questions, ont été organisées virtuellement du 5 au 13 novembre.

Lire aussi : Finaliste du prix Goncourt, Djaïli Amadou Amal signe avec « Les impatientes » un grand roman féministe

La parole aux femmes

À la suite des délibérations en classe, cinq auteurs étaient encore en lice face à Djaïli Amadou Amal: Miguel Bonnefoy (Héritage), Lola Lafon (Chavirer), Hervé Le Tellier (L’Anomalie), Maud Simonnot (L’enfant céleste) et Camille de Toledo (Thésée, sa vie nouvelle).

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« Lire les Morts » : le roman tropical de Jacob Ross

Camaho, une île des Caraïbes. Michael Digson survit tant bien que mal dans une cahute héritée de sa grand-mère. Jusqu’au jour où il croise la route de Chilman, un vieux flic anticonformiste qui lui propose d’intégrer la brigade criminelle. Un peu réticent, Digson accepte finalement de rejoindre son équipe, y voyant l’occasion de reprendre l’enquête sur le meurtre de sa mère, jamais élucidé. Alors qu’il s’avère particulièrement efficace dans la lecture des scènes de crime, Chilman lui confie une affaire qui le hante depuis longtemps, la disparition suspecte d’un jeune homme.”

— Par Karen Lajon —

LA VIE EN NOIR – Jacob Ross s’est fait connaître en Angleterre avec des nouvelles. Avec « Lire les Morts », Sonatine publie le premier roman traduit en français, d’une trilogie à venir. Le romancier jongle avec le créole et l’anglais. Ce qui donne un cocktail de punchline à la poésie urbaine moite et luxuriante, avec une tonalité accoustique exotique décapante et des trouvailles linguistiques inédites. 

« Je m’intéresse à la vérité et ne tiens pas forcément compte des sensibilités de certaines personnes, explique Jacob Ross dans un échange de mails.

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Cinq choses à savoir sur l’OuLiPo, le groupe littéraire mis en lumière par le Goncourt 2020

Hervé Le Tellier, lauréat du Goncourt 2020, est président de l’OuLiPo, un atelier de littérature expérimentale dont l’objectif est de jouer avec les contraintes linguistiques et d’en inventer de nouvelles.

Lauréat du Goncourt 2020 pour L’Anomalie, Hervé Le Tellier a permis de mettre en lumière l’OuLiPo, un atelier de littérature expérimentale à l’illustre passé, dont il est le président. L’objectif de ce rendez-vous : s’amuser avec les contraintes linguistiques et littéraires pour proposer des textes amusants et innovants. Les papous dans la tête, l’émission culte de France Culture où l’on s’amusait à manier le langage sous la contrainte d’une règle, s’inspirait par ailleurs largement de ses principes fondateurs. Cinq choses à savoir sur ce groupe littéraire peu commun.

Il existe depuis 1960

A l’automne 1960, un petit groupe de « poètes scientifiques » se rassemble autour du poète Raymond Queneau et de son ami le mathématicien François Le Lionnais, sous le nom d' »OUvroir de LIttérature POtentielle » (OuLiPo), littéralement atelier pour fabriquer de la littérature.

Dès l’origine, le groupe rassemble des amis et critiques de Raymond Queneau.

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Le Goncourt et le Renaudot 2020

Le prix Goncourt attribué à Hervé Le Tellier pour « L’Anomalie »

Le Prix Goncourt 2020 a été attribué à Hervé Le Tellier pour son livre intitulé L’Anomalie, paru aux éditions Gallimard. L’ouvrage était annoncé comme favori.
L’écrivain Hervé Le Tellier remporte le prix Goncourt 2020 avec son ouvrage L’Anomalie, un roman sur un événement difficilement explicable que l’on va s’acharner à s’expliquer.
Hervé Le Tellier, 63 ans, mathématicien de formation et ancien journaliste, et président de l’association de l’Oulipo (ouvroir de littérature potentielle), a obtenu huit voix contre deux pour « L’Historiographe du royaume » de Maël Renouard. « On ne s’attend jamais à un prix comme le Goncourt. D’abord on n’écrit pas pour l’avoir, et puis on ne peut pas s’imaginer l’avoir », a déclaré le lauréat lors d’une visioconférence, aux côtés de son éditeur, Antoine Gallimard. « Ce n’était pas du tout dans mes projets », a-t-il ajouté.
L’Anomalie », huitième roman d’Hervé Le Tellier, raconte les suites d’un événement étrange, à savoir qu’un vol Paris-New York se reproduit deux fois, avec les mêmes passagers, à quelques mois d’intervalle.

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Prix Goncourt 2020 : quatre romans encore en lice

Les impatientes, de Djaïli Amadou Amal (Emmanuelle Collas), L’anomalie, d’Hervé Le Tellier (Gallimard), Thésée, sa vie nouvelle, de Camille de Toledo (Verdier) et L’historiographe du royaume, de Maël Renouard (Grasset), sont les quatre romans finalistes d’un Goncourt 2020 un peu particulier, puisqu’il a fallu dès les premières sélections délibérer à distance. Le verdict est attendu lundi 30 novembre 2020. Pour vous faire une idée de ces quatre finalistes voici un aperçu de chacun des quatre romans du carré final. 

« Les impatientes », de Djaïli Amadou Amal : un roman « coup de poing » contre l’obscurantisme et la soumission aux hommes

C’est l’une des grandes plumes actuelles de l’Afrique, qui porte la voix des femmes victimes de violences, mariages forcés, excision, viols… On ne l’attendait pas forcément au Goncourt, mais son livre, Les impatientes, qui raconte l’histoire de trois de ces femmes et de leur combat pour la liberté prend le lecteur aux tripes, sans concession, mais sans voyeurisme. Un roman « coup de poing » contre l’obscurantisme et la soumission aux hommes via un dogmatisme religieux qui s’étend en Afrique qui, s’il obtient la reconnaissance des jurés du Goncourt, pourrait donner de la visibilité à un combat féministe digne héritier des Lumières.

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littératures : nouveautés du 29 novembre 2020

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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I

— Par Daniel M. Berté —

I za ba-mwen défwa

  • kout-pié anlè bonda
  • kout-tjok anba lonba
  • kout-jounou asou ren
  • kout-tèt adan bouden

I za ba-mwen pawfwa

  • bòn imè ek bonnè
  • lespri-klè ek limiè
  • ladjèwté ek lajwa
  • lakonstans ek lafwa

I za an lo dot fwa

  • loché ek maté-mwen
  • lévé ek fésé-mwen
  • défonsé ek danmé-mwen
  • makaté ek matjilpaté-mwen

I za ba-mwen souvant fwa

  • lanmou ek lanmitjé
  • ti-chou ek bel pépé
  • kalen épi kado
  • karès épi belbo

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« Solitude la flamboyante » de Paula Anacaona

Découvrez l’histoire de Solitude, héroïne de la lutte contre l’esclavage 

Années 1780, Guadeloupe. La jeune métisse Solitude est demoiselle de compagnie. Relativement favorisée, elle ne remet pas en question l’ordre colonial et esclavagiste jusqu’à ce que des rencontres décisives lui fassent rejoindre la lutte pour l’abolition de l’esclavage.
Car un vent de révolte souffle dans les Caraïbes… Entre les Neg’ Marrons qui s’enfuient et s’organisent collectivement, les insurgés de Saint-Domingue, et la Révolution en France, l’Histoire est en marche. En 1789, tous les hommes sont proclamés libres et égaux en droits. Mais la France des Lumières oublie une partie de l’humanité : dans les colonies, l’esclavage est maintenu… Solitude se bat pour la liberté générale avec ses sœurs et frères révolutionnaires, avec succès : l’esclavage est enfin aboli en 1794. Mais l’euphorie est de courte durée. Lassée de la violence de cette société prédatrice et exploitatrice, Solitude crée alors une communauté utopiste clandestine, basée sur la sororité et l’entraide – qui ne survivra cependant pas au rétablissement de l’esclavage par Bonaparte en 1802.
Librement inspiré de la vie de cette grande héroïne guadeloupéenne, ce roman révèle une Solitude bienveillante et généreuse.

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L’aménagement simultané du créole et du français en Haïti

Une perspective constitutionnelle et rassembleuse

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis la parution en 2011 du livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Berrouët-Oriol et al., Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti), la perspective de l’aménagement simultané du créole et du français, les deux langues de notre patrimoine linguistique national, est largement soutenue par nos interlocuteurs, y compris par des enseignants de disciplines diverses oeuvrant dans le système éducatif national ainsi que par nombre de défenseurs non sectaires du créole. Toutefois, nos fréquents échanges avec des interlocuteurs d’horizons divers ont montré, au fil des ans, que la question centrale de l’aménagement linguistique au pays est diversement comprise et qu’elle mérite un constant éclairage, un plaidoyer rassembleur réitéré pour mieux en situer les enjeux et le rôle central que l’État et la société civile sont appelés à jouer dans ce domaine. Il faut donc en amont prendre toute la mesure que l’aménagement linguistique, qui doit être mis en œuvre au périmètre des droits linguistiques de l’ensemble des locuteurs en Haïti, concerne à la fois les individus qui en seront les bénéficiaires (défenseurs des droits humains, juristes, agriculteurs, entrepreneurs, journalistes, enseignants, politologues, magistrats, etc.)

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« Édouard Glissant, l’éclat et l’obscur »

Sous la direction de Dominique Aurélia, Alexandre Leupin & Jean-Pierre Sainton

Après avoir organisé en mars 2018 le premier colloque en Martinique, consacré à l’œuvre d’Édouard Glissant, les chercheurs Dominique Aurélia et Jean-Pierre Sainton de l’Université des Antilles en collaboration avec Alexandre Leupin de Louisiana State University (où Edouard Glissant a exercé en qualité de Distinguished Professor) publient l’ouvrage « Edouard Glissant, l’éclat et l’obscur » aux Presses de l’Université des Antilles.

Résumé

Au Diamant, face à la mer, Victor Anicet dit la signifiance de la tombe d’Édouard Glissant ; au morne Bezaudin, Josette Massolin se couche pour embrasser et bénir la terre où l’écrivain naquit. Le cercle de la vie et de la mort semble se clore, mais c’est seulement pour un instant. Car rien n’est vrai, tout est vivant, la mort n’est qu’une éclipse mensongère : l’œuvre vit intensément. Pour en témoigner, une centaine de critiques, d’intellectuels, de philosophes se sont réunis au campus de Schœlcher en mars 2018, autour du thème « Édouard Glissant : l’éclat et l’obscur ». Ce colloque international fut le premier jamais organisé en Martinique pour célébrer l’écrivain en sa terre natale.

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Littératures : nouveautés du 14 novembre 2020

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Mi lapli !

— Par Daniel M. Berté —

Mété lanmen ba nou, Lavièj Mari souplé
Zanj ka pann toupatou, ou sé di sièl krévé
Pas i brè trop madou, mi Bondié ka pisé
Chwaaaaa…. Mi lapli mi !!!

Sé pa fifin-lapli, ni an ti-larouzé,
Ke moun filozofi, ek ki anmen bladjé
ka di : « Sa pa lapli, pou mwen pé sa mouyé »
Wo’y-wo’y-wo’y !!!… Mi lapli mi !!!

Kité loraj dèyè, pran lavalas mové
Ek an boul kout zéklè, fè kout tonè pété
Tousa nou té ni yè, la jounen san rété
Manman-manman-manman !!!… Mi lapli mi !!!

Kon kann ka’y bétjé-a, dlo désann, dlo tonbé
Kon sa ka ékri-ya, dlo koulé, dlo monté
Moun poko té wouè sa, yo tout kriyé anmwé
Mésié-mésié-mésié !!!… Mi lapli mi !!!

Vijilans jòn lansé, Sentmari réboulé
Lavièsalé néyé, sirkilasion blotjé
Lapli-ya tonbé dri ! Plis fòs lé sinistré !
Chwaaaaa…. Mi lapli mi !!!

Daniel M. Berté 71115

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Entrevue avec Yanick Lahens, co-lauréate du prestigieux Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2020

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue—

À l’occasion de l’attribution à Paris, le 24 octobre 2020, du prestigieux Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2020 à la romancière et essayiste Yanick Lahens, le linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol, collaborateur régulier du journal Le National, s’est entretenu avec l’auteure de « Bain de Lune » (Prix Fémina 2014). Cette année, fait inhabituel, il s’agit d’un prix conjoint, le jury du prestigieux Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2020 ayant récompensé trois auteurs, Élie Stephenson (Guyane), Yanick Lahens (Haïti) et Alfred Alexandre (Martinique). Yanick Lahens est la première titulaire de la Chaire Mondes francophones créée par le Collège de France avec l’Agence universitaire de la Francophonie, l’AUF. Elle a prononcé le 21 mars 2019 sa conférence inaugurale qu’on peut retrouver sur le site du Collège de France. L’enseignement de Yanick Lahens au Collège de France est consigné dans le livre « Littérature haïtienne : urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter » (Éditions Collège de France / Fayard, 2019). Le linguiste Hugues Saint-Fort a fait une remarquable recension de ce livre dans l’édition du 20 octobre 2020 du journal Le National.

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De cause à effet : Librairies closes, prix Goncourt en attente ! 

— Par Virginie Jannière, sur le site Cnews, et par le site Europe 1

Qui succédera à Jean-Paul Dubois ? Le jury du prix Goncourt lançait le 29 octobre dernier un grand mouvement en reportant son prix, dans l’attente de la réouverture des librairies. Qu’en est-il aujourd’hui ?

L’espoir est au bout du mois de novembre. Le Renaudot, le Grand prix de l’Académie française, l’Interallié, le prix Décembre : excepté le prix Fémina et le prix Médicis, nombre de jurys des prix littéraires de cette saison d’automne avaient emboîté le pas à l’Académie Goncourt. Malgré ce geste symbolique et une pétition en ligne signée ce jour par plus de 200 000 personnes, le gouvernement n’a pas semblé ciller. Les librairies sont toujours fermées et tous les rayons «non essentiels» des grandes surfaces, dont ceux des livres, ont même, à leur tour, fermé, provoquant une vague d’indignation chez les amateurs de littérature.

Ce 10 novembre, alors que le prix Goncourt aurait dû être annoncé, le jury semble pourtant optimiste. « Il n’est pas question d’annuler le Goncourt, ni de le reporter à 2021. Les Académiciens attendent les annonces du président Macron prévues en fin de semaine.

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Raphaël Confiant : “Tous les Antillais n’étaient pas des Fanon”

— Propos recueillis par Frédérique Briard —

Dans son dernier roman, « Du Morne-des-Esses au Djebel« , Raphaël Confiant interroge la place des soldats antillais dans la guerre d’Algérie, nuance l’engagement fanonien de ses pairs et revient sur la question identitaire. Rencontre.

Marianne : Vous êtes romancier, vous écrivez aussi des polars, des contes mais vous n’êtes pas historien. Or, avec Du Morne-des-Esses au Djebel vous romancez l’histoire, comme vous l’avez déjà fait dans Le Bataillon créole et L’Insurrection de l’âme, Frantz Fanon, vie et mort du guerrier-silex. Pourquoi prendre ce pari risqué ?

Raphaël Confiant : Il faut éviter la routine. Nous, écrivains, sommes sans arrêt menacés, guettés par elle. C’est pour cela que je m’efforce, même si le roman est mon genre favori, d’en explorer d’autres. S’agissant de ce roman sur les Antillais dans la guerre d’Algérie, de celui sur Fanon ou du Bataillon créole qui parlait de la participation des soldats antillais à la Première guerre mondiale, je me suis rendu compte finalement que le roman et l’histoire pouvaient aisément faire chemin commun. Pourquoi ? Parce qu’aux Antilles, les archives ne sont pas aussi complètes et accessibles que dans l’Hexagone.

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« Nature humaine » de Serge Joncour, Prix Femina 2020

La France est noyée sous une tempête diluvienne qui lui donne des airs, en ce dernier jour de 1999, de fin du monde. Alexandre, reclus dans sa ferme du Lot où il a grandi avec ses trois sœurs, semble redouter davantage l’arrivée des gendarmes. Seul dans la nuit noire, il va revivre la fin d’un autre monde, les derniers jours de cette vie paysanne et en retrait qui lui paraissait immuable enfant. Entre l’homme et la nature, la relation n’a cessé de se tendre. À qui la faute ?
Dans ce grand roman de « la nature humaine », Serge Joncour orchestre presque trente ans d’histoire nationale où se répondent jusqu’au vertige les progrès, les luttes, la vie politique et les catastrophes successives qui ont jalonné la fin du XXe siècle, percutant de plein fouet une famille française. En offrant à notre monde contemporain la radiographie complexe de son enfance, il nous instruit magnifiquement sur notre humanité en péril. À moins que la nature ne vienne reprendre certains de ses droits…

  • 400 pages – 148 x 220 mm 
  • Broché 
  • EAN : 9782081433489 
  • ISBN : 9782081433489

« Nature humaine » de Serge Joncour, Prix Femina 2020 : un jeune paysan et les affres de l’amour

 Par Alexis Brocas

Serge Joncour confronte un jeune paysan éleveur aux affres de l’amour et séduit… le jury du prix Femina.

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