— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —
Dans l’article publié par Le National le 8 janvier 2020, « Le défi de l’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien », nous avons mis en lumière des données factuelles sur l’introduction du créole aux côtés du français dans le champ éducatif et, à l’appui de notre propos, nous avons fait appel à des références documentaires utiles à l’intellection de la réflexion offerte en partage. Le présent article élargit l’éclairage analytique de cette question de fond au regard, cette fois-ci, de la première grande réforme du système éducatif haïtien connue sous l’appellation de réforme Bernard de 1979 et dont le bilan exhaustif interpelle.
La réflexion sur le statut, le rôle et la place du créole dans le système éducatif haïtien, souventes fois fragmentaire et inaboutie, n’est pas nouvelle en Haïti. Comme le rappelle à juste titre le linguiste Renauld Govain dans son article intitulé « Le créole haïtien : de langue d’alphabétisation des adultes à langue d’enseignement » (researchgate.net, 11 avril 2018), « En 1898 déjà, Georges Sylvain [déclarait] que « le jour où (…) le créole aura droit de cité dans nos écoles primaires, rurales et urbaines, le problème de l’organisation de notre enseignement populaire sera près d’être résolu ».