Catégorie : Littératures

L’aménagement du créole en Haïti et la réforme Bernard de 1979 : le bilan exhaustif reste à faire

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Dans l’article publié par Le National le 8 janvier 2020, « Le défi de l’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien », nous avons mis en lumière des données factuelles sur l’introduction du créole aux côtés du français dans le champ éducatif et, à l’appui de notre propos, nous avons fait appel à des références documentaires utiles à l’intellection de la réflexion offerte en partage. Le présent article élargit l’éclairage analytique de cette question de fond au regard, cette fois-ci, de la première grande réforme du système éducatif haïtien connue sous l’appellation de réforme Bernard de 1979 et dont le bilan exhaustif interpelle.

La réflexion sur le statut, le rôle et la place du créole dans le système éducatif haïtien, souventes fois fragmentaire et inaboutie, n’est pas nouvelle en Haïti. Comme le rappelle à juste titre le linguiste Renauld Govain dans son article intitulé « Le créole haïtien : de langue d’alphabétisation des adultes à langue d’enseignement » (researchgate.net, 11 avril 2018), « En 1898 déjà, Georges Sylvain [déclarait] que « le jour où (…) le créole aura droit de cité dans nos écoles primaires, rurales et urbaines, le problème de l’organisation de notre enseignement populaire sera près d’être résolu ».

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Lectures & échanges sur l’œuvre d’Ina Césaire

Mardi 16 mars – 18h Salle Frantz Fanon Entrée libre

Avec :

Axel Artheron – Modérateur
Aliou Cissé – Lectures
Aurélie Dalmat – Témoignage sur l’œuvre d’Ina Césaire – Lecture
Dédé Duguet – Le conte chez Ina Césaire – Témoignage
Sylviane Enéléda – Les mondes parallèles (L’imaginaire)
Adams Kwateh – La relation d’Ina Césaire à l’Afrique
Marie-George Giboyau – Témoignage

Ina Césaire est née en Martinique en 1942 où elle s’est ancrée définitivement après des études supérieures et un début de carrière universitaire en France en tant qu’ethnographe. Elle est membre du CRNS chargée de mission à la conservation du patrimoine de Martinique.

Parallèlement aux nombreux articles scientifiques et à ses films ethnographiques sur la Toussaint, le Mercredi des Cendres, etc., Ina Césaire a publié plusieurs recueils de contes, dont un en édition bilingue et un autre en collaboration. Elle s’est attachée aussi à créer pour le théâtre (où sa sœur Michèle s’est également illustrée) en prenant sa matière dans les recherches ethnographiques (Ti Jean), dans l’histoire de son pays (Rosanie Soleil), dans l’histoire familiale (Mémoires d’Isles) et dans la littérature internationale pour diverses adaptations.

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Traduire ou ne pas traduire, telle est la question !

– par Janine Bailly –

La polémique récente concernant la traduction en langue néerlandaise de la poétesse noire américaine Amanda Gorman par une écrivaine blanche, oblige à se reposer la question des limites de ce qui serait un rapport identitaire aux textes à traduire, élargissant ainsi un vieux débat autour de l’idée que la traduction serait une trahison. Une trahison qui deviendrait double si, aux problèmes de culture et de langue, s’ajoutait celui de la couleur de peau !

Naissance d’une polémique, d’après le Journal Le Monde

André Markowicz, écrivain et traducteur de Dostoïevski : « Personne n’a le droit de me dire ce que j’ai le droit de traduire ou pas. »

À l’origine, un poème, The Hill We Climb /  La colline que nous gravissons, un poème écrit et lu par la jeune poétesse et militante afro-américaine Amanda Gorman, à la demande de Joe Biden, pour le jour de son investiture. Un poème patriotique, whitmanien, avec citations de la Bible, accents de gospel et de slam, et appel aux bons sentiments, comme le genre l’exige. Ce poème-là, du jour au lendemain, allait devenir célèbre, et se verrait appelé à être traduit dans toutes les langues du monde.

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« Moi, Cyrilia, gouvernante de Lafcadio Hearn » d’Ina Césaire

 Cyrilia, j’ai dit bonjour !
— J’ai répondu, commère ! Et comment va ta vie ?
— Pas trop mal, grâce à Dieu ! Entre donc, ma fille ! Tu tiens bon ?
— Sans faiblesse, Cyrilia, et je ne te dis qu’une chose : honneur !
— La même chose pour toi, ma sœur, et je te réponds : respect ! »

Ainsi débute, dans cette Martinique de la fin du XIXe siècle, une conversation entre Renélise Belhumeur, lavandière de son état et sa voisine Cyrilia Magloire. Le sujet de ces bavardages ? Le séjour à Saint-Pierre d’un singulier personnage, Lafcadio Hearn, journaliste passionné de culture créole, qui a engagé Cyrilia comme gouvernante. Par la suite, devenue l’informatrice privilégiée de celui qui disait vouloir tout connaître de la culture populaire martiniquaise, elle se fera ethnographe avisée de sa propre culture. Cet « échange de paroles » entre les deux commères, prend son origine dans les souvenirs que l’écrivain Lafcadio Hearn – plus tard connu pour ses écrits sur le Japon – a laissé de son séjour à Saint-Pierre de la Martinique, en 1888.

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Ève Derrien, Molosses, et le bruit de ses talons, 2020.

L’éclat du gris

— Par Manuel Norvat —

Revers du conte. L’histoire ne dira jamais les aventures du petit chaperon gris, ainsi vêtue pour couillonner le loup. Le récit de gueules, on dirait, l’a emporté. Heureusement, avec Molosses Ève Derrien détricote les règles de l’autofiction, en animale grammaticale. Et pas que… Est-ce que l’on peut dire cela ? Est-ce qu’on peut l`écrire ? Ce livre est un opéra en trois parties. Avec du sang bien sûr, pour redire combien la chair est fragile, et aussi une boulimie de bouquins et de co-animaux, avec qui nous partageons le loyer de la Terre.

Molosses ce n’est ni un récit à la première ni à la troisième personne, mais celui d’une personne avec ses moi multiples non reconnus par l’état civil : « J’attire même les lézards et les grenouilles, qui m’escaladent et ne veulent plus me quitter. Sans déc. ». Les molosses, Pilote et Copilote et les chats n’ont pas des crocs de papier. Ils vivent tous autour d’une maison, un rêve d’habiter avec la végétation tropicale en confinement surveillée : « pas un bruit, du vert partout. Et ça sent bon ».

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J’impose le respect

— Par Marie Joé Lirus —
Inspiration divine

Lire sans les articles

– Art 1 : J’impose le respect, à tous ces fils et filles de nulle part.
– Art 2 : J’impose le respect, à tous ceux qui oublient qu’ils sont nés d’une femme.
– Art 3 : J’impose le respect, à toutes celles qui oublient qu’elles ont été conçues par un homme.
– Art 4 : J’impose le respect, à tous ceux qui se disent hommes et femmes de Dieu.
– Art 5 : J’impose le respect, à tous les porteurs de titres ronflants sans consistances ni profondeurs.
– Art 6 : J’impose le respect, à tous ceux qui croient qu’ils savent plus que les autres.
– Art 7 : J’impose le respect, à tous ceux qui croient vous connaître, mieux que vous-mêmes, sans se connaître eux-mêmes.
– Art 8 : J’impose le respect, à tous ceux qui tout en servant Dieu, font du commerce avec le diable.
– Art 9 : J’impose le respect, à toutes les amitiés subtiles en hypocrisie.
– Art 10 : J’impose le respect, à tous ceux qui prônent ou enseignent, la liberté, tout en étant encore esclave d’eux-mêmes.

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Mars 2021 : Un week-end dédié aux femmes, dès avant le 8 mars

– par Janine Bailly –

Communiqué de France Antilles : Ce 8 mars, la Journée internationale des Droits des Femmes est relayée par la plupart des chaînes de télévision. Des Antilles jusqu’aux confins de la Terre, les femmes s’expriment dans le monde entier, par le biais du tube cathodique. Le programme est ici, extrait de “France-Antilles Le Mag” du week-end.

Aux origines

Selon le site internet officiel du 8 mars, l’origine de la Journée internationale des droits des femmes s’ancre dans les luttes ouvrières, et dans celles des suffragettes… dans les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail, et l’égalité entre les hommes et les femmes. Des manifestations qui agitèrent la Russie, l’Europe et le monde occidental, au début du XXe siècle.

Officialisée par les Nations-Unies en 1977, la “Journée Internationale des Femmes” est aujourd’hui une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Une journée qui reste d’une brûlante actualité, car tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer !

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O lé fanm !

— Par Daniel M. Berté —

Ki zot sé Bònanman
Sésé oben Manman
Marèn oben Tati
Kouzin oben Tifi
Manzel oben Madanm
Kouté-mwen zot lé fanm

Yo di zot machapia
Ratbal ek manawa
Piten ek vakabòn
Bòbò ek charderòn
Kochonni ek fanm-cho
Vèrdigri an dalo

Yo di zot milannèz
Vivèz ek kankannièz
Mantèz ek toupétèz
Kokèz ek bòrdèlèz
Sirèz ek madradjèz
Goglèz ek prétansièz

Pa faché pou tousa
Jalouzi neg souba
Pé pa fè zot ped fwa
Pa bliyé zot di dwa
Ignoré jans-kaka
Ek tout moun pa kon sa

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« La bonne histoire de Madeleine Démétrius », de Gaël Octavia

« Pour Amel Aïdoudi »

Collection Continents Noirs, Gallimard

«Mon amie Madeleine m’a demandé d’écrire son histoire. Elle m’a téléphoné et m’a lancé, de but en blanc, qu’elle allait me raconter quelque chose et que j’allais en faire un livre.
D’abord, j’ai pensé : mon amie me demande de raconter son histoire. J’ai souri : mon amie sollicite mes compétences d’écrivaine, mon amie reconnaît mon talent. Puis je me suis rappelé : Madeleine n’est pas mon amie. Pas à proprement parler. Elle l’a été, au lycée. Elle ne l’est plus. Aujourd’hui, ça fait à peu près vingt ans que je n’ai plus revu Madeleine volontairement. Au téléphone, elle a simplement précisé: « C’est quelque chose qui m’est arrivé pour de vrai. Ça fera une bonne histoire. Un livre qui te rapportera de l’argent, je pense. »»
Qu’était-il donc arrivé à Madeleine Démétrius, la Mulâtresse, «fille de médecin, médecin elle-même, bien mariée, légitime», qui méritât que l’on en fasse un livre?
Pour la narratrice, Martiniquaise à l’enfance- pauvre venue s’exiler à Paris, mère célibataire vivant de chick lit, ces retrouvailles sont surtout l’occasion de démêler les fils d’une amitié brisée et d’exhumer de douloureuses questions enfouies, non sans de grandes bouffées d’ironie et de bonheur.

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Marguerite Duras, finalement féministe

Marguerite Duras ne se sentait « pas féministe du tout », et pourtant, 25 ans après sa mort, l’écrivaine française passe finalement comme telle, à force d’avoir pourfendu dans son oeuvre le machisme de son siècle.

« Une féministe c’est à fuir. Ce n’est pas le bon moyen si l’on veut changer les choses (…) Je ne suis pas féministe du tout« , clamait-elle lors d’une émission sur la radio publique France Inter en 1987. 

Se sent-elle décalée face à un féminisme plus radical apparu au début des années 1970, aux slogans choc, dans lequel elle ne se reconnaît pas? Refuse-t-elle cette étiquette, comme toutes les autres qu’on a voulu lui coller? Le terme, en tout cas, lui déplaît, même si elle a signé en 1971 le « manifeste des 343 salopes » pour le droit à l’avortement. 

« Il me semble que non, l’engagement féministe n’a pas été déterminant pour elle« , estime Aurore Turbiau, doctorante en lettres qui fait ses recherches sur les écrivains féministes. En revanche, « il a éclairé sous un nouveau jour une partie de son oeuvre« . 

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L’aménagement du créole à l’épreuve du « Cadre d’orientation curriculaire » du ministère de l’Éducation d’Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue

Le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MÉNFP) d’Haïti a récemment émis un communiqué relatif au « Cadre d’orientation curriculaire pour le système éducatif haïtien / Haïti 2054 » (version de décembre 2020, « à valider ») dans lequel il expose les objectifs de ce document « issu d’une activité menée avec l’appui du Projet NECTAR du MÉNFP [et] financé par la coopération française. » Le ministère de l’Éducation n’ayant pas répondu à nos sollicitations, il a été extrêmement difficile d’obtenir la version de décembre 2020 de ce texte : le partage des documents et plus largement le droit à l’information documentée ne font pas partie de la culture administrative des cadres dirigeants de ce ministère, au premier chef Pierre Josué Agénor Cadet, l’actuel ministre, remarquable portefaix du régime néo-duvaliériste du PHTK, le Parti haïtien tèt kale. Le « Cadre d’orientation curriculaire », qui n’a pas encore été formellement adopté par l’État haïtien, doit malgré cela être évalué en toute indépendance par des spécialistes du curriculum, par des didacticiens, des pédagogues, des enseignants et des linguistes dans la mesure où il est destiné à définir l’orientation stratégique, curriculaire et programmatique de l’École haïtienne pour les prochaines décennies.

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À Hamid

— Par Parick Matheliè-Guinlet —

Au clair de la lune,
mon Hamid Pierrot,
du bout de ta plume
et de ton pinceau,

tu traces des chiffres
comme une prière…
Si on la déchiffre,
est libre l’oiseau !

Et de l’homme-chien,
cet homme de bien,
lors l’âme s’envole
pour que prenne fin

son odyssée folle
que fut cet exil
au loin sur une île
de l’autre côté

de la grande mer.
N’en sois pas amer :
du rêve éveillé
faut se réveiller !

Trop petite Terre
pour tous les poètes,
nomades qui errent
dont le cœur, la tête

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Littératures : nouveautés du 28 février 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Haïti: Lettre ouverte à la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie

Madame Louise Mushikiwabo,

Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie,

Madame la secrétaire générale,

Nous, écrivains de langue française, représentants des cinq continents de la francophonie, préoccupés par la situation haïtienne caractérisée par la mise en place d’une dictature, le président de facto Jovenel Moïse se maintenant au pouvoir par la force au-delà de son mandat constitutionnel expiré le 7 février 2021, vous demandons de ne fournir aucun appui à un pouvoir décrié et rejeté par le pouvoir judiciaire haïtien, les églises catholique et protestante, la confédération des barreaux haïtiens, les organismes de défense des droits humains, l’association nationale des magistrats haïtiens, l’opposition politique organisée, nombre d’associations de la société civile, des personnalités haïtiennes appartenant à différents domaines d’activité.

Nous comprendrions mal que l’institution que vous dirigez, dont l’existence n’est fondée que sur l’exigence de solidarité réelle avec les communautés et pays de langue française, s’engage avec un pouvoir illégitime qui multiplie les exactions, les décrets et autres mesures liberticides. Vous n’êtes pas sans savoir que le pouvoir utilise des gangs lourdement armés par lui, comme force répressive aux actions meurtrières dans les quartiers populaires.

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Dòmi !…

— Par Daniel M. Berté —

Dòmi !… Pandan YO fè welto
Pou fou’w an chingpontong
O mété’w an banmbanm
Pou lavi’w tjoupoutet

Dòmi !… Pandan YO kon mangous
Ki ka chayé piti’w
Ek YO ka vòlè tè’w
Adan an ti bat-zié

Dòmi !… Pandan YO pa lé tann
Bri motè kannot-ou
Bri mizik ki ta’w menm
Bri kok-ou ka chanté

Dòmi !… Pandan YO ka ba frè’w
Dé-twa ti-tap an do
Ek ki YO ka fè’y pran
Vié dlo mousach pou let

Dòmi !… Pandan ki YO ka di
YO lé fè preskripsion
Apré YO prézonnen’w
Tjidonk YO pa koupab

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Littératures : nouveautés du 16 février 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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“Manifestes”, de Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant

— Par Frédéric Manzini —

Dans les années 2000, les deux écrivains martiniquais Patrick Chamoiseau (né en 1953) et Édouard Glissant (1928-2011) ont cosigné, parfois avec d’autres auteurs, plusieurs tribunes inspirées par divers événements de l’actualité – l’élection de Barack Obama, la venue de Nicolas Sarkozy en Martinique, le passage d’un ouragan ou le mouvement social de 2009 aux Antilles contre la cherté de la vie. 

Six de ces écrits sont désormais rassemblés dans le recueil Manifestes (La Découverte, 2021) : les deux intellectuels complices font partager leur vision du monde empreinte d’un lumineux humanisme qui se situe dans l’héritage d’Aimé Césaire. Doux utopisme ou résolu optimisme ?

La question des Antilles

Bien sûr, la question de ce qu’ils appellent « ces enclaves coloniales archaïques que sont encore les pays dits DOM-TOM » occupe une place centrale dans les prises de position des deux auteurs. Ils entendent refonder la relation entre les outre-mers et la métropole sur le fondement d’échanges fraternels qui rompent avec les dominations passées : « Les Républiques “unes et indivisibles”, écrivent-ils, doivent laisser la place aux entités complexes des Républiques unies qui sont à même de pouvoir vivre le monde dans ses diversités. »

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Publication : Un inédit de V.S. Naipaul, Prix Nobel de littérature

En librairie le 7 janvier 2021. Aux Éditions Herodios : Étrange est le chagrin, de V.S.Naipaul, précédé de Souvenirs de V.S.Naipaul, par Paul Theroux.

« Nous n’en avons jamais fini avec le chagrin. Il fait partie du tissu de la vie. Il attend toujours de nous tomber dessus. L’amour rend les souvenirs et l’existence précieux ; le chagrin qui nous envahit est à la mesure de cet amour et il est impossible d’y échapper. »

Étrange est le chagrin 

Le texte a d’abord été publié dans le “New Yorker” au début de l’année 2020, et c’est la dernière parution de Naipaul en français (le texte est traduit de l’anglais par Béatrice Vierne). Herodios ajoute à cet inédit un autre texte inédit en postface, de son ami Paul Theroux – écrivain mondialement connu. Il s’agit donc d’un double inédit, qui éclaire l’amitié tumultueuse entre les deux écrivains, et la personnalité hors normes de Naipaul.

Le « vieux lion » des lettres britanniques a écrit, quelques mois avant sa mort en 2018, ce bref et poignant récit sur le sentiment de chagrin et de deuil qu’il éprouva profondément en trois occasions de sa vie : lorsqu’il perdit son père, peu après son arrivée à Londres, jeune immigré de Trinidad, dans les années 50, puis, trente ans plus tard, lorsque survint la mort de son frère Shiva, enfin, aux derniers jours de sa vie, quand il assiste à l’agonie de son chat Augustus.

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L’écrivain, scénariste et metteur en scène Jean-Claude Carrière est mort à l’âge de 89 ans

Jean-Claude Carrière, est un écrivain, scénariste, parolier, metteur en scène et acteur français, né le 17 septembre 1931 à Colombières-sur-Orb et mort le 8 février 2021 à Paris.

Il se définit comme un « conteur ». Se partageant entre le cinéma, le théâtre et la littérature, travaillant souvent sur des adaptations, tant pour le théâtre que pour le cinéma ou la télévision, il rencontre très fréquemment un succès critique et public.

Biographie
Vie et carrière
Né dans une famille de viticulteurs à Colombières-sur-Orb, Jean-Claude Carrière passe son enfance dans ce village. Pendant son enfance, il pratique le bilinguisme occitan-français. Alors qu’il a 14 ans, sa famille s’installe à Montreuil-sous-Bois, où ses parents prennent la gérance d’un café.

Ancien élève du lycée Voltaire puis du lycée Lakanal à Sceaux et de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, après une licence de lettres et une maîtrise d’histoire, il abandonne rapidement sa vocation d’historien pour le dessin et l’écriture.

En 1957, il publie son premier roman, Lézard, et rencontre Jacques Tati et Pierre Étaix6 avec qui il co-signe des courts et des longs métrages. À ses débuts, il publie également plusieurs romans d’épouvante chez Fleuve noir, sous le nom de Benoît Becker (pseudonyme collectif utilisé par divers auteurs travaillant pour cet éditeur) et écrit des articles sur le cinéma dans Carrefour.

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Vent d’Amérique : « Une terre promise », de Barack Obama

Sur France Inter, dans Boomerang, Barack Obama en interview pour parler de son livre. 

Barack Obama a publié le premier tome de ses mémoires, Une terre promise, aux éditions Fayard, en novembre 2020. À l’occasion de la sortie de ce livre, celui qui fut le Président des États-Unis pendant huit ans, et  prix Nobel de la Paix, s’est confié dans une interview-radio exclusive à Augustin Trapenard. Il a évoqué son parcours, le pouvoir des mots, et ses espoirs pour le monde de demain.

France Inter, lundi 8 février 2022  

Son histoire, digne d’une épopée, est celle d’un homme que rien ne prédestinait à accéder à la fonction suprême. Jeune, métisse, sans expérience, il a su convaincre par la force du récit qu’il proposait et incarner l’espoir d’une Amérique nouvelle. Dans Une terre promise, il revient sur la naissance de son engagement citoyen, et sur les étapes qui ont jalonné sa première élection en 2008, alors que son pays était à l’aube d’une crise financière majeure. Observateur sans complaisance de sa propre action politique, il livre une analyse lucide des errances et des défis auxquels se confronte la démocratie américaine.

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Littératures : nouveautés du 7 février 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Manifestes pour un mouvement à travers l’océan des humanités

— Par Aliocha Wald Lasowski, philosophe —
Un ouvrage rassemble, pour la première fois, six textes coécrits par les penseurs martiniquais Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant. Dix ans après la mort de ce dernier, d’autres ouvrages nous invitent à naviguer dans son sillage.

Manifestes
Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau,
préface d’Edwy Plenel
La Découverte et Institut du Tout-Monde, 2021,
168 pages, 14 euros

En 2009, évoquant les États-Unis saccagés par le racisme et la xénophobie, les écrivains et penseurs martiniquais Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau voient l’élection de Barack Obama comme l’imprévisible réalisation de la créolisation, ce processus en devenir du tissage de contacts et de relations mêlées. « Dans un pays où toute idée de rencontre, de partage, de mélange était violemment repoussée par une grande partie de la population » , Obama incarne alors la diversité, lui qui grandit à Hawaï, d’un père kényan, d’une mère du Kansas et d’un beau-père indonésien. Cette analyse éclairante, publiée aujourd’hui avec d’autres textes sous le titre Manifestes , montre comment la haine peut être dépassée par la mondialité, conçue, espérée comme un « imprévu de métissages inouïs et inattendus ».

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Lé nouvo mas rivé !

Par Daniel M. Berté

Mas silili pran mama ?… Ya pa !
Mas koulou pété kiki ?… Fini !
Mas soukwel twa gro tété ?… Pa rété !
Mas sibol djol sinobol ?… Pad bol !

Mas nef pou lé vidé rivé siw le marché
Présé kouri achté stok-la près épizé
Dan konmès ésansiel lé vandè risansé
Lé sa ki ka vann plis parmi lé nouvoté

Mas kron ron kon an makaron
Pou dansé kon vonvon
O tounen ron-an-ron
Kon an bisui norman

Mas castèt pou mété kon kaskèt
Pou pa trapé maltèt
Apré an vidé ronm
Oben kou anlè tèt

Mas viran pou sa ki lé douvan
Ek rété an santé
Andidan an vidé
Aléliron-violon

Mas darma épi an nen biza
Ki ka sanm an tonfa
Polisié ka sèvi
Konsi sé boutou bwa

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Publication des « Manifestes » d’Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau 

Les Manifestes des écrivains  Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau paraîtront le 4 février en librairie, à l’occasion du 10ème anniversaire du décès d’Édouard Glissant. Il s’agit de leurs divers textes théoriques et critiques, de textes de réflexion, publiés entre 2000 et 2009.

La sortie de Manifestes, programmée à cette date par les Éditions La Découverte et les Éditions de l’Institut du Tout-Monde, peut s’entendre comme un hommage à Édouard Glissant, disparu à Paris, le 3 février 2011, à l’âge de 82 ans. Un auteur martiniquais qui par ses écrits a influencé profondément son époque. Son ami de longue date, Patrick Chamoiseau, prix Goncourt en 1992 pour le roman Texaco, l’a accompagné dans son parcours intellectuel. Ensemble, ils ont publié les Manifestes, qui traitent entre autres de thèmes sociétaux, et qui sont réunis aujourd’hui pour être édités dans un seul ouvrage, dont l’avant-propos est écrit par Patrick Chamoiseau lui-même, sous le titre de Malgré tout. La postface, Une poétique de la politique, est quant à elle proposée par Edwy Plenel, journaliste politique français qui participe au site d’information indépendant Médiapart.

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L’aménagement du créole et du français en Haïti au regard du « Manifeste de Gérone sur les droits linguistiques »

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’analyse de la situation linguistique haïtienne sous l’angle particulier des droits linguistiques est relativement nouvelle en Haïti. Dans sa formulation la plus explicite, elle date de 2011 et a été consignée pour la première fois dans le livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Berrouët-Oriol et al., Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti). La perspective soutenue dans ce livre et dans nos publications subséquentes est en effet novatrice et se veut rassembleuse : à contre-courant des mirages de la diglossie et de la vulgate « langue dominante » vs « langue dominée », cette perspective prend appui sur l’axiomatique selon laquelle les droits linguistiques font partie du grand ensemble des droits citoyens et ils doivent être portés par la société civile en lien avec l’établissement d’un État de droit au pays. Et c’est pour situer cette perspective dans sa dimension institutionnelle et exécutive que nous avons institué le plaidoyer pour la mise sur pied d’une Secrétairerie d’État aux droits linguistiques en Haïti dont la mission sera de concevoir et de mettre en œuvre l’aménagement simultané du créole et du français, les deux langues de notre patrimoine linguistique historique (voir nos articles « Plaidoyer pour la création d’une Secrétairerie d’État aux droits linguistiques en Haïti », Le National, 20 avril 2017 ; « La création d’une Secrétairerie d’État aux droits linguistiques en Haïti, un enjeu de premier plan », Le National, 16 septembre 2020).

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