Catégorie : Littératures

Bord….. el de mer….. de

— Jacques-Olivier Ensfelder, Artiste dramatique / Poète —

Île d’où je viens

Racines de mes ailes

Voilà tes plages maintenant interdites

Mon nid bleu sacrifié

Sur l’autel aux offrandes des tropiques.

Bras tendus

Nos peurs ne rebroussent plus chemins

Devant la piqûre du scolopendre invincible

Et l’alizé fulgurant raconte

Cette sinistre histoire récoltée de la bouche

Continentale d’un muet :

Ses hommes et femmes

En frères se griment

S’en vont au bal des râles masqués

D’où ne se joue plus musique-métisse

D’où ne résonne plus tambour et Tchiip

Et où la beauté a réussi sa grimace

Coite d’être confinée et en suspens

Sur les visages

Sur les virages

Sur les rivages

Sur les ravages

D’un monde inoculé

Comme une île d’où je viens.

 

Jacques-Olivier Ensfelder, Artiste dramatique / Poète

Août 2021

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Le « français régional » d’Haïti sous la loupe du linguiste Renauld Govain

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le linguiste haïtien Renauld Govain a publié l’an dernier un article de haute voilure, rigoureux et fort bien documenté, « Le français haïtien et le « français commun » : normes, regards, représentations ». Paru en mai 2020 dans le numéro 23 de la revue Altre Modernità (Università degli Studi di Milano, Italie), cet article semble peu connu parmi les linguistes, les enseignants et les didacticiens alors même qu’il s’appuie sur un appareillage conceptuel cohérent et pertinent et sur une recherche originale menée sur le terrain. Docteur en linguistique, enseignant-chercheur et doyen de la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti, coordonnateur du Laboratoire langue, société, éducation (LangSÉ), Renauld Govain est également membre du Comité international des études créoles et coauteur du livre de référence « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (Berrouët-Oriol et al, Éditions Zémès et Éditions du Cidihca, mai 2021). Il est l’auteur de nombreux articles scientifiques en dialectologie, en créolistique et en phonologie, parmi lesquels « Normes endogènes et enseignement-apprentissage du français en Haïti », Études créoles, no 1 et 2, 2008, et « Le français haïtien et l’expansion du français en Amérique », dans Le(s) français dans la mondialisation, Véronique Castellotti (dir.),

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Krey Matjè Kréyol Matinik (KM2): Pawol fondas

Atè Matinik, lè ou pran tan gadé, ou andwa wè ni an bon enpé matjè-pawol ek adan yo, ni yonndé éti moun andéwò péyi-a konnet.
Men tan lavérité rivé ! Dapré an konpangni moun, sé yenki nan lang fransé matjè ka matjé : sa pa vré pies toubannman ! Nan péyi-nou an, anlo matjè ka matjé pawol-yo nan lang kréyol-la.
Asiré pa pétet ni pawol ki matjé nan lang fransé épi ni pawol ki matjé nan lang kréyol, é lè nou ka di sa, sé pa pou mété fas a fas, akwèdi dé kok-djenm adan an pit, sa ka matjé fransé épi sa ka matjé kréyol . Nou pa dakò pies épi model ladjè-tala davrè anlo adan nou ka matjé kréyol, ka matjé fransé.
Men jòdijou fok nou gloriyé an manniè espésial, pawol-matjé nan lang kréyol la pas souvanman – tro souvanman – ba anlo moun, pawol-matjé nan kréyol, sé ayen menm.
Sa vré ! Nou tout, nou pa anlé menm larel politik, menm larel filozofik ; nou pa ka matjé kréyol la silon menm kanman-an men padavwa nou ka vréyé douvan nan lang kréyol la, istwè-long, istwè-kout, plodari, powézi, kont, pies-téyat, sé rivé tan-an rivé pou nou liannen..

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Pour saluer l’Oiseau de Cham

Par Anatole Atlas —

Si quelque virus ne s’était emparé de la planétaire cité dolente jusqu’aux tréfonds de son système nerveux détraqué, l’immunité mentale collective serait suffisante pour que chacun puisse goûter, comme un élixir poético-prophétique, cet antipoison radical qu’est l’œuvre de Patrick Chamoiseau. Œuvre définie dans son dernier ouvrage comme « cheminement  ’’ dépourvu de chemin ’’ vers la compréhension » de « cette énigme indépassable qu’est la littérature ». Qui pourrait être ce vaccin dont le monde a besoin…

Le conteur, la nuit et le panier ne porte pas un titre facile à ranger sur l’armoire aux bibelots d’inanité sonore : c’est la moindre des raisons pour lesquelles on ne risque guère d’en voir signalée l’existence dans la presse en Belgique, plus prompte à célébrer Bob Morane. Et pour cause : nulle part n’est mieux rompu l’os pour sucer la substantifique moelle d’une mémoire des affres coloniales qui reste plus encore qu’un tabou : une prohibition dans ce pays. Si « Rabelais, ce père du langage, ce surgissement d’une catastrophe esthétique extrême, venait certainement d’une plantation martiniquaise » ; si « Rabelais est un conteur créole », pourquoi Chamoiseau ne serait-il pas issu d’une colonie belge en Afrique ?…

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Lè lè-a rivé…

(An sonjé ba Jakob ki ladjé laviya…)

— Par Daniel M. Berté —

An dékalfoukasion
An dérayman
An débiélaj (an servo’w)
Lè lè-a rivé…
Lè an moun-ou pati

An terbolizasion
An tranmantè
An tjwézon (an lespri’w)
Lè lè-a rivé…
Lè an moun-ou kasé kòd

An fréyè
An falfret
An féblès (an fondok-ou)
Lè lè-a rivé…
Lè an moun-ou foutélikan

An makataj
An masakraj
An matjilpataj (an nanm-ou)
Lè lè-a rivé…
Lè an moun-ou monté Abolay

An estébékwaj
An estipersaj
An estentjaj (an boyo’w)
Lè lè-a rivé…
Lè an moun-ou foukan kay Bazil

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Mové tan

— Par Daniel M. Berté —
An tan lesklavaj
nou pran chenn épi fret
nou pran kat-pitjet épi karkan
nou pran estanpaj ek koko koupé
nou pran mitilasion ek pandézon…

Nou prédié, nou pléré, nou pijé, nou pliyé,
nou pa kasé !
Nou kakolé, nou tjenbé, nou sanblé, nou lité,
pou trapé Libèté !

An tan ladjè
nou pran fè épi Robè
nou pran plon ek bal fizi
nou pran soufrans ek malérans
nou pran asasinaj ek méprizasion

Nou prédié, nou pléré, nou pijé, nou pliyé,
nou pa kasé !
Nou kakolé, nou tjenbé, nou sanblé, nou lité,
pou ritouvé Libèté !

An tou tan
nou pran lavalas ek siklòn
nou pran pétaj volkan ek katastrof
nou pran débòdman ek laséchwes
nou pran tranmanntè ek réboulman

Nou prédié, nou pléré, nou pijé, nou pliyé,
nou pa kasé !
Nou kakolé, nou tjenbé, nou sanblé, nou lité,
pou gadé Libèté !

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L’autre  Martinique ou ma parodie de « L’île lointaine » de DanielThaly

— Par Térèz Léotin —
Je suis née dans une île amoureuse du vent
Qui a toujours montré, en  dévorant cyclones 
Qu’il n’appréciait pas  ses    pauses monotones. 
Je suis née dans cette   île où le sucre a odeur  
Et mémoire-esclavage   et  cruelle sueur
Je suis née dans mon  île aux relents de sargasses
Où tout parfum  vanille ici  vite trépasse
Cette  île  des Tropiques  attirant des familles
Ses flots tièdes et bleus dans la mer des Antilles.
Je connais  ses forêts   de fer-de-lance natifs
Sa brise   hurlant  sur  les filaos plaintifs
Cent fois   j’ai  parcouru ses mornes bien brumeux
Qui cherchent plus que tout   à rejoindre    les cieux
Pour voir à l’horizon qu’ailleurs  tout n’est  que vent.
Térèz Léotin 23/07/21 

L’île lointaine
Je suis né dans une île amoureuse du vent,
Où l’air a des senteurs de sucre et de vanille,
Et que berce au soleil du tropique mouvant,
Le flot tiède et bleu de la mer des Antilles.
Sous les brises au chant des arbres familiers,
J’ai vu les horizons où planent les frégates,
Et respiré l’encens sauvage des halliers,
Dans ses forêts pleines de fleurs et d’aromates.

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« Simoun », poésie par Robert Berrouët-Oriol.

Le grand retour à la poésie du poète Robert Berrouet-Oriol

— Par Hugues Saint-Fort —

Le nom et l’œuvre littéraire de Robert Berrouet-Oriol sont entrés dans la littérature québécoise en 1986 par le truchement d’un article célèbre titré « Effet d’exil » paru dans la revue culturelle Vice Versa et consacré à l’émergence des « écritures migrantes » (Robert Berrouet-Oriol : L’effet d’exil, in Vice Versa, # 17, décembre 1986-janvier 1987). Depuis, l’expression « écritures migrantes » est devenue un des concepts clé de la littérature québécoise, un texte fondateur que Berrouet-Oriol a utilisé pour distinguer « entre deux notions voisines pour définir la double originalité de ces écritures : « voix migrantes » pour signifier qu’elles sont venues d’ailleurs, et « voix métisses », pour préciser qu’elles s’hybrident au contact des voix d’ici » (Beniamino et Gauvin 2005).

Berrouet-Oriol a poursuivi ensuite une activité strictement littéraire en publiant en 1986 Lettres urbaines ; en 2009 En haute rumeur des siècles ; en 2010 Poème du décours qui a gagné le grand Prix du livre insulaire en France, en 2013 Découdre le désastre, suivi de L’ile anaphore qui a reçu la Mention d’excellence de la Société des écrivains francophones d’Amérique. 

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La Guadeloupe compliquée de Maryse Condé

« Ecrivains sur leur île » (1/6). La native de Pointre-à-Pitre, autrice de « Traversée de la Mangrove » ou d’« En attendant la montée des eaux », entretient des rapports assez ambivalents avec ses Antilles. Et réciproquement.

— Par Gladys Marivat (Collaboratrice du « Monde des livres ») —

En décembre 2018, après avoir reçu le Nouveau Prix académique de littérature, dit « Nobel alternatif », à Stockholm, Maryse Condé voyage dans son île natale pour partager sa récompense avec le peuple guadeloupéen. Une foule compacte se presse devant l’aéroport de Pointe-à-Pitre, en chantant le « retour au pays » de l’écrivaine. L’accueil est chaleureux, très différent de celui qui lui avait été réservé une trentaine d’années auparavant lorsqu’elle était revenue après le succès des deux tomes de Ségou (Robert Laffont, 1984 et 1985), sur la chute du royaume bambara. « Dès le départ, mes rapports ont été faussés, biaisés. Alors que je voulais revenir chez moi, ce n’était pas chez moi. Les gens me prenaient pour une étrangère (…). On disait que j’étais une Africaine qui parlait de l’Afrique ! 

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Tan davan-Tan dapré

— Par Daniel M. Berté —

Kitan tan ka ni tan fè otan tan
tantésibien « ki tan ka kité tan »

Toutan
pou miziré tan
nou ka pran
kadran solèr sablié
lòloj mont révèy
ka fè-nou kwè nou sé met tan
nou ka’y ped tan

Ek pa bliyé
« Li tan perdu ne se ratrap jamè »

An tan lontan
nou té ka alé dan dé tan, janr
ponchanmizik tédansan
zouk-boutèy siwpriz-parti
bal é ot diri-san-trié
oben toufé-yenyen
sa sé té le bon tan

Nou té ka chanté
« Sé le tan dé kopen le tan de lamour… »

Nou té ka pran tan
tan zayé
tan antré anlè madanm
tan fè koulé
tan pran zorèy pou téléfòn
tan fè lafouka
tan pa té ka tonbé

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Hommage au Maestro Kadak

— Par Patrick Chamoiseau —

Maestro,

Nous savons maintenant que la danse, que le chant, que le rythme, et donc fondamentalement la musique, ont été le soleil de notre drame collectif. Dans l’horreur du bateau négrier ou dans l’enfer des plantations, c’est d’abord la musique qui a nourri notre résistance inaugurale et qui, plus largement, a amplifié les assises de notre conscience individuelle, puis de notre âme collective. Notre musique, faisant soleil, a fait lever une belle aurore sur notre apparition comme peuple et comme nation, et sur notre devenir.

Chanter, danser, faire rythmes et faire musique, sont des forces poétiques. Elles sont au principe de ce que nous étions, et de ce que nous sommes aujourd’hui. C’est l’élargissement des bases de la conscience par les forces poétiques qui permet d’accéder aux amplitudes de la lucidité, et donc à toute vraie résistance aux négativités. Si la lucidité s’éloigne de sa base poétique, elle devient amère et stérile ; si elle se perd dans sa base poétique, elle n’est plus qu’une de ces perceptions qui restent vaines, inaccomplies. Le chant, la danse, le rythme, la musique, peuvent donc s’élever dans la lucidité féconde où les peuples se construisent, mais ils peuvent aussi verser dans les insignifiances du seul divertissement où les peuples s’abiment.

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Pour Edgar Morin

— Par Patrick Chamoiseau —

Ici, quand il pleut, ce sont les gouttes qui font le ciel, qui trament aussi la terre dans une même envolée, mais pas un parmi nous ne connait si ce sont des sanglots de soleil ou les éclats d’une énergie dont nul ne tient le nom, ni comment ce qui scintille dessine d’impalpables matières où le vivant s’assemble parmi les herbes folles à la célébration des vers et la jubilation d’une fougère assoiffée.

On peut hélas compter les papillons, ils sont des événements, balises fantômes de la grande perte et de l’absence où tout s’effondre, mais il y a (heureux bonheur) l’infini des parfums qui s’emmêlent et se distinguent ensemble, légers, mouillés, comme portés de frissons en pensées, jusqu’aux fragrances qui accompagnent le jaunissement des fruits-à-pain… Là j’ai pour vous, une fois encore comme après tant de fois, contemplé la musique architecte des désordres, la forge qui sans cesse détruit et renouvelle, l’épuisement qui devient, cette lancée d’avenir dans cet épuisement même, et j’ai compté pour vous les mesures de l’alliance où se tient ce qui est séparé, tout comme ces horizons qu’il faut apprendre à deviner dans ce qui nous semble obscurément soudé.

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Installer sur des fauteuils d’égale prestance langue française et langue créole…

— Par Daniel Boukman —

Mésiézèdanm, bel bonswè !… Lonnè épi respé ba lasosiyasion MICELA (Maison Interculturelle des Ecrivains et des Littératures d’Améri-caraïbes) MICELA ki ba mwen lokazion vini l’AMEP pou vréyé douvan an kozé lantou Créolophonie, créolographie kivédi an fransé : parler, lire, écrire la langue créole.
Epi an bel mèsi tou ba zot ki pran anlè tan-zot an moman tan pou vini oswè-a l’AMEP pou nou bokanté pawol.
Une langue, c’est un ensemble de signes oraux ou écrits propre à une communauté d’individus qui l’utilisent pour s’exprimer et communiquer entre eux … A ajouter à cette définition que la formation d’une langue procède de circonstances historiques spécifiques. C’est ainsi que la langue française puise son origine dans un système de domination coloniale dont le latin, la langue de l’empire romain, s’est imposée aux langues de la Gaule sans toutefois parvenir à leur élimination totale ; en effet la langue dominante, le latin populaire parlé par les colons romains, a été en quelque sorte « contaminée » par l’apport des langues dominées des Gaulois, ; il s’ensuivit au fil des siècles la naissance en Europe d’ une famille de langues dites romanes : le romain, l’italien, le français, l’espagnol, le portugais, langues romanes devenues plus tard langues nationales.

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Man ka rété

— Par Daniel M. Berté —

Man ka rété andidan an tou krab
Séré kon an mantou ki tann an kout tonè
Ek ki pé pa sòti pas i wè an ratiè

Man ka rété andidan an ma-dlo
Akondi kapolad yo koupé pat-dèyè
Ek ki pé pa boujé pou alé wè ayè

Man ka rété adan an marigo
Eti dlo ka dòmi épi an gou anmè
Paski djèl-i bouché pou alé an lanmè

Man ka rété an kannal Tibouk-la
Kon Ira Delgado ki ka péché bra-nwè
Pou ba yich-li manjé, tiré-yo an mizè

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Kréyatè kiltirel kourajé

— Par Daniel M. Berté —

Kan konsantrasion kolonial

fè’w kréyatè kiltirel kourajé

Kéyèt kafé…
ou kréyatè Tibwa an konnésans

Kèyman tabak…

ou kréyatè Tanbou an kakolans

Kasaj kako…

ou kréyatè Chacha an kalinans

Kéyaj lendigo…

Ou kréyatè toutoun-banbou an kadans

Kawdaj koton…
ou kréyatè Siyak an koultans

Koup kann…
ou kréyatè Banza an kalitans

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« Noémie »: de la plage du Diamant au Parc des Mamelles…

Sortie en librairie des deux premiers tomes de la nouvelle série jeunesse de Caraïbéditions, NOÉMIE (Noémie à la plage du Diamant et Noémie au Parc des Mamelles) de l’auteure Antillaise Jade AMORY dessinatrice dans un studio d’animation dans l’Hexagone.

Les lecteurs accompagneront Noémie dans les endroits les plus emblématiques des Antilles-Guyane mais également dans plusieurs îles de la Caraïbe.

Ils pourront ainsi reconnaitre facilement les lieux visités.

– Titre : Noémie à la plage du Diamant – Collection : Album jeunesse– Format : 20 X 20 – Auteure : Jade Amory – Éditeur : Caraïbéditions – Date de sortie en librairie : 18 juin 2021 – ISBN : 9782373110968 – Prix TTC France métropole : 11,00 € – Public : Enfants
Résumé : Noémie est une petite antillaise pleine de vie qui adore voyager et découvrir de nouveaux lieux avec sa famille ou ses amis. Accompagne-la au fil de ses aventures dans les endroits les plus emblématiques de la Caraïbe et amuse-toi à les reconnaître. Viens découvrir ou redécouvrir avec elle notre merveilleux patrimoine…

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Kou lanmen

— Par Daniel M. Berté —

Lanmen ka kaliné épi ka karésé
Sé limenm ka chanjé, ka vini anrajé
Epi ki ka ba’y kou

Tou piti ou sirè ek ou pa ka kouté
Dé ti-kou anlè tet épi dé dwet pliyé
Ou pran an ziginot

Si’w sé an ti-sirez ka toujou kontesté
Ant lepous é lendeks lapo’w yo ka tòdé
Sa sé an pichonnad

Lè ou alé lékol, ou pa sa résité
Lison ou mal aprann, pou chak mo ou mantjé
Met ka ba’w an ziktok

Ou antré lésision men ou pa sa prédié
Sé la ou ka santi plat-lanmen an labé
Yo kriyé sa kalot

Si’w éséyé palé pou pé sa protesté
Ou ni an lot model ki sa fè’w arété
Tala sé do-lanmen

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Lettres d’automne : Patrick Chamoiseau

Épisode 3 : Patrick Chamoiseau

Entretiens
« À la croisée des langues, littératures françaises d’ici et d’ailleurs », sur un tel sujet, comment ignorer l’apport essentiel de Patrick Chamoiseau ? 
Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde, prix Goncourt pour Texaco, le co-auteur de L’Éloge de la créolité définit le langage comme « le désir-imaginant de toutes les langues du monde ».

Dans cet épisode, nous l’entendrons notamment évoquer les mystères de la création, et nous franchirons en sa compagnie les frontières poreuses de la littérature pour rejoindre son ami martiniquais, le pianiste de jazz, Mario Canonge.

Lectures
En ouverture, nous entendrons la lecture par Maurice Petit d’un extrait du discours qu’a prononcé Patrick Chamoiseau alors qu’il inaugurait sa Chaire d’écrivain en résidence de Sciences Po
Un texte qui fait part, selon ses propres mots, 
« d’une formidable énigme » qu’il continue d’explorer dans son tout dernier livre paru au Seuil, Le Conteur, la nuit et le panier.

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Haïti : Emmelie Prophète écrit son Port-au Prince

Dans Les Villages de Dieu, la romancière et poétesse haïtienne raconte, sous forme de chroniques du quotidien, les cités populaires de Port-au-Prince. 

Qui est Emmelie Prophète-Milcé (d’après Wikipédia et Africultures ) ?

Emmelie Prophète « écrit pour sauver sa peau»… Hantée par le mal de son pays, elle brise le silence et raconte Haïti dans des mots simples, une écriture fluide et généreuse. Au fil des pages, le lecteur se promène à travers les saisons, au détour des recoins de Port-au-Prince, la ville où elle est née, le 15 juin 1971.
Après  des études en lettres modernes et droit, puis en communication à la Jackson State University, Emmelie a animé pendant huit ans une émission de jazz à Radio-Haïti, travaillé dans l’enseignement, pour finalement intégrer la diplomatie, en tant qu’attachée culturelle d’Haïti à Genève. Journaliste, elle a été également responsable de la page culturelle du journal Le Nouvelliste, le plus ancien titre de presse francophone des Amériques. Elle assume, ou a assumé, à diverses époques, de nombreuses responsabilités : directrice exécutive du Festival Étonnants Voyageurs Haïti, membre du comité de rédaction de la revue franco-haïtienne Conjonction¹, directrice du Bureau Haïtien du Droit d’Auteur et de la Bibliothèque Nationale.

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« Création et insularité », présentation de l’ouvrage

Vendredi 11 juin, à 18h30,à la Bibliothèque Schoelcher (Fort-de-France).

Présentation de l’ouvrage par : Anne-Catherine Berry, Dominique Berthet, Marie-Lyne Psyché-Salpétrier.

« La situation d’insularité contribue-t-elle à produire une création spécifique qui se distinguerait des autres créations ? Il est difficile d’imaginer un art qui serait détaché d’un lieu, d’un contexte, d’une culture. Le lieu est déterminant. Il influe directement ou indirectement sur l’artiste et, en conséquence, sur les productions qu’il réalise. Vivre sur une île, n’est pas sans effet. Cela détermine un certain regard, une certaine appréhension des choses, une relation particulière au monde, un rapport singulier à l’espace. L’insularité n’est pas qu’un fait géographique, elle induit une mentalité, une approche, des conceptions spécifiques. L’île amène à une pensée nouvelle. Il n’est pas absurde de considérer que cela puisse ressurgir, d’une manière ou d’une autre, dans les œuvres.

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Le droit à la langue maternelle créole en Haïti et l’acquisition précoce de la langue seconde à l’École de la République : pistes de réflexion

— Par Robert Berrouët-Oriol,linguiste-terminologue —

La complexe question du droit à la langue maternelle créole dans l’École haïtienne et de ses rapports avec l’acquisition précoce de la langue seconde, le français, préoccupe depuis plusieurs années nombre d’enseignants, de didacticiens, de linguistes et de spécialistes de l’élaboration du curriculum. Deux séquences historiques doivent être prises en compte dans la poursuite d’une réflexion sur cette problématique : d’une part la réforme Bernard de 1979 qui a introduit le créole, dans le système éducatif national, comme langue d’enseignement et langue enseignée ; d’autre part, la Constitution haïtienne de 1987 qui a consacré, en son article 5, la co-officialité du créole et du français, les deux langues de notre patrimoine linguistique historique. Il est attesté que la réforme Bernard de 1979, promue par les agences internationales de coopération et boycottée par les grands caïds de la dictature de Jean-Claude Duvalier, a posé les bases programmatiques et institué une vision de l’enseignement en langue maternelle créole juste en son principe. Issue de la loi du 18 septembre 1979, cette réforme est incontestablement la première conquête institutionnelle du créole dans le système éducatif national, mais peu ou mal implantée tant dans la capitale qu’en province, elle n’a pas su atteindre véritablement ses objectifs.

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Lé radiolè

— Par Daniel M. Berté —

An lanmod a prézan, tout moun-an radiolè
Siw lé zond la radio, yo chef téléfonè
Pa ni gran choy a di, sa sé lé blablatè
Ka fè kwè yo pli fò, sé yo lé badjolè

Ni ka ba’y pawol swa, yo kriyé belpawlè
Dot ki sav sa pou fè, sé yo lé savantè
Ka palé anlè moun, sa sé lé milannè
Ka di’w tousa pou fè, sé yo lé lisonnè

« Appel illimité », sé la ki yo sirè
Plis ki radio-fey-chou, sé dé vré anmerdè
Yo ni la solision, sé dé gran éklérè
Yo konnet tout rimèd, yo kwè ki yo dòktè

Pou péyi-a vansé, sé yo lé konséyè
Kom yo ni enternet, yo jako-répétè
Si-o-ka yo pa sav, yo ka vini mantè
Kou-de-geul kou-de-keur, mi dé jan an-n-afè

Pou yo ayen pa bon, sé lé chef kritikè
Ni ka mandé tjersé, sa sé lé chouvalè
Pa lé ladjé lantèn, sé lé akaparè
Pou jwé tout jé kouyon, sé yo lé dimandè

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« Poreux à tous les souffles du monde »

Une biographie magistrale, dans laquelle revit, depuis ses racines, Aimé Césaire, le poète combattant, auteur de théâtre et homme politique.
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir », écrivait dans Cahier d’un retour au pays natal (1939) Aimé Césaire, dont Kora Véron publie une biographie remarquable. Elle explore six périodes de la vie du poète, depuis Fort-de-France, « cul-de-sac royal », puis Normale sup à Louis-le-Grand avec Senghor, les écrits collectifs en revues, « l’Étudiant martiniquais », « l’Étudiant noir », la composition du fameux Cahier, « une forme neuve, non totalisante, non hiérarchisée, non centrée, non symétrique ». La période « Septembre 1939-novembre 1945 » voit le retour en Martinique, la fondation de la revue Tropiques, acte de résistance poétique à la « littérature de hamac ». La rencontre d’André Breton à Fort-de-France, en 1941, joue un rôle déterminant, dont Césaire s’émancipera.

L’ouvrage permet de retraverser l’histoire de son siècle aux côtés du poète flamboyant, également tribun magnifique, ennemi de tout obscurantisme, maire de Fort-de-France cinquante-six ans durant.

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Célébrer les retrouvailles entre les écrivains et leurs lecteurs !

MOT pour mots, le festival littéraire du “Monde”, de “L’Obs”, de “Télérama” et de France Inter.

Se rencontrer, se voir, se parler… De cela, tous, auteurs autant que lecteurs, en ressentent un besoin pressant, une envie immense, après ces mois de solitude face aux livres ouverts, qui furent nos plus fidèles compagnons  !

Jean Birnbaum, sur le site du journal Le Monde :

Depuis leur fondation, Le Monde, Télérama et L’Obs ont placé le livre au cœur de leur vocation. Le livre comme texte dont on rend compte dans les pages de  critiques, bien sûr. Mais aussi le livre comme ressource essentielle, toujours à portée de main lorsqu’on veut éclairer telle ou telle actualité sociale, politique ou internationale. Bref, le livre comme univers de réflexes quotidiens, de gestes ordinaires, qui inscrit la mission d’informer dans l’espace de la mémoire, dans l’urgence d’une responsabilité. Nos lectrices et nos lecteurs le savent bien, qui ne manquent pas une occasion de nous rappeler la place centrale que le livre occupe dans nos traditions.

Avec l’actuelle pandémie, cette injonction a revêtu une nécessité particulière.

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«Frère d’âme» de David Diop récompensé par le prestigieux Booker Prize

C’est la première fois qu’un Français remporte ce prix, décerné aux livres étrangers traduits et publiés dans l’année au Royaume-Uni ou en Irlande.  David Diop a 55 ans. Né à Paris, il a grandi au Sénégal. Il est actuellement maître de conférence à l’université de Pau.

Frère d’âme est le récit du parcours d’un tirailleur sénégalais de la Première Guerre Mondiale, Alfa Ndiaye. Lors d’un assaut plus absurde et plus dangereux qu’un autre, l’ami d’enfance d’Alfa, Mademba, est blessé. Mourant, Mademba supplie son frère d’âme, son frère d’arme de l’achever. Mais Alfa ne peut s’y résoudre. 

Le livre de David Diop est paru en France, il y a trois ans et a déjà remporté le Prix Goncourt des Lycéens ainsi que le prix suisse Ahmadou Kourouma.

Pour David Diop, l’attribution du Booker Prize, l’un des plus prestigieux prix littéraires du monde, montre que « la littérature n’a pas de frontière ».

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