Catégorie : Littératures

L’aménagement du créole en Haïti et les droits linguistiques au regard du projet de « Constitution » néoduvaliériste du PHTK : les sables mouvants d’une dérive totalitaire

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Mirlande X, enseignante dans un lycée de Port-au-Prince et lectrice assidue de nos chroniques linguistiques depuis plusieurs années, nous demande dans un récent courriel si les droits linguistiques figurent dans le projet de « Constitution » que l’ex-président Jovenel Moïse –dont le mandat a expiré le 7 février 2021 selon la Fédération des barreaux d’Haïti, mais qui s’accroche au pouvoir dans un climat politique marqué par la régression des droits citoyens et l’emprise grandissante des gangs armés sur le territoire national–, s’est mis en tête de faire adopter par référendum en juin prochain. Pertinente, la question de Mirlande X renvoie à la nécessité de garantir, notamment dans un texte constitutionnel, l’efficience des droits linguistiques inscrits dans la Déclaration universelle des droits linguistiques de 1996. Et comme nous l’avons auparavant explicitement formulé à travers la vision de l’aménagement linguistique en Haïti que nous offrons en partage dans nos articles et dans nos livres, les droits linguistiques sont un droit premier.

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Littératures: nouveautés du 21 avril 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Étonnants Voyageurs, un festival original en direct de Saint-Malo, France

– par Janine Bailly –

Les 22, 23 et 24 mai, une Trentième Édition 2021 forcément en ligne, et sans Michel Le Bris !

Je me souviens… Il fut, en des temps plus heureux, des Pentecôte(s) où descendait sur nos fronts, non la blanche colombe de la Bible, mais l’esprit de la littérature. Alors déferlait sur Saint-Malo, à peine contenue par l’antique ceinture granitique de ses remparts, la vague des lecteurs, amoureux des livres du « tout-monde », corsaires à l’affût de trésors dormant entre les pages, pirates chasseurs d’autographes, flibustiers dénicheurs d’inédites perles rares au creux secret de l’huître… Je me souviens… les courants convergents des visiteurs déferlant de toute la Bretagne et d’ailleurs vers le Palais du Grand Large ; la ville vaisseau littéraire à prendre à l’abordage, l’ancien repaire investi pendant trois jours, espace clos et pourtant ouvert sur le monde, bulle de sérénité où la vie se déroulait d’autre et belle façon ; le ressac des mots, les paroles entendues des écrivains, que l’on buvait sans que jamais ne soit étanchée notre soif, et dans l’odeur salée qui montait du large, l’écho des aventures et des voyages, périples autour du monde, mais encore plongée au cœur de la pensée et dans les hauts-fonds de l’âme humaine ; les milliers de pages à réveiller, auxquelles donner vie par une  lecture à venir, que l’on pressentait heureuse et riche, et dont la seule idée tenait déjà d’une indicible satisfaction ; le choix difficile puisque de cette bibliothèque marine, universelle, aux alizés ouverte, on ne pourrait hélas tout acquérir !

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Celui qui se réfugia dans la montagne. Monchoachi.

— Par Widad Amra

S’il est des personnages qui avancent dans la vie, entourés d’un halo de mystère, par leur rapport à l’existence, par ce qu’ils donnent peu à voir, peu à entendre, mais tellement à comprendre, il en est un qui incarne cette alchimie mystérieuse, le poète Monchoachi.

Dans le film d’Arlette Pacquit : « La Parole Sovaj », présenté en avant-première à Tropiques – Atrium le 30 mars dernier et en première diffusion sur Martinique la 1ère, le 6 avril, André-Pierre Louis, alias Monchoachi, nous est présenté dans toute sa complexité et toute sa clarté. Chose étonnante, l’homme solitaire est descendu de la montagne du Vauclin, lui qui refuse tout projecteur, cultive l’absence plus que la présence. Il nous est apparu dans sa simplicité, son apparente fragilité, son sourire malicieux, sa modestie, son élégance.

Ce documentaire d’une belle poésie, est un voyage qui brise les codes habituels pour offrir ce que la poésie a de plus éclaté et de plus rassemblé, de plus libre, de plus primitif, voire subversif, dans ce qu’elle offre à voir de ce qu’est la beauté.

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Parution en Haïti et au Canada du livre « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti »

— Par Jean Euphèle Milcé —
Le National salue la publication, en mai 2021, du livre collectif « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (coédition Zémès, Haïti, et Cidihca, Canada). Coordonné et coécrit par le linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol, collaborateur régulier du National depuis plusieurs années, ce livre ouvre des perspectives nouvelles et fortes en vue de l’enseignement du créole et de l’enseignement des savoirs et des connaissances dans la langue maternelle des locuteurs. Pour découvrir cet ouvrage et en apprécier le contenu, Le National présentera bientôt à ses lecteurs, en exclusivité, une série d’entrevues réalisées avec plusieurs auteurs de « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti ».
Appelé à être un livre de référence majeur dans le système éducatif haïtien, ce livre est la première publication entièrement consacrée à la didactisation de la langue parlée par plus de onze millions de locuteurs au pays. Son aménagement est donc l’un des plus grands défis que l’État haïtien a l’obligation de mettre en œuvre en vue d’une éducation de qualité et véritablement inclusive.

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Disparition de Bernard Noël, poète du corps et de la « sensure »

Écrivain engagé, essayiste, romancier, historien, reporter, polémiste, sociologue, critique d’art, éditeur, mais surtout poète français contemporain considéré comme l’un des plus grands, Bernard Noël s’est éteint le 13 avril 2021, à l’âge de 90 ans. En 2016, ultime distinction, l’Académie française avait consacré l’ensemble de son œuvre poétique en lui attribuant son Grand Prix de Poésie. Une belle reconnaissance pour celui dont le travail avait été salué en son temps par Louis Aragon.

« Le Bernard Noël que j’ai connu était bardé d’un silence à couper au couteau », écrivait son ami Georges Perros en 1977. Leur Correspondance sera publiée en 1998. Avec cette forte image, Perros met en lumière un paradoxe fondateur : l’œuvre de Bernard Noël, abondante, à la fois inspirée et pensante, s’est construite dans ce rapport violent à l’intériorité silencieuse. Violence dont le langage est l’instrument, l’arme. Dans un entretien avec Claude Ollier, en 1995, il déclarait : « Il n’y a jamais eu pour moi d’en dehors du langage. Il n’y a de l’indicible que parce qu’il y a du dicible ». Ce constat renvoie à l’homme vivant dans son époque autant qu’à l’écrivain, au poète qu’il fut… Vivant dans son époque, car comme nombre de jeunes gens de sa génération, il réagit avec révolte et détermination aux événements du monde, d’Hiroshima à la guerre du Vietnam, des crimes de Staline à la guerre d’Algérie, au cours de laquelle il milite avec les “porteurs de valise” du Réseau Curiel.

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Wou tou… Moun tou

— Par Daniel M. Berté —

Menm si’w kon juiféran
Ou ka ba lari chenn
Ou ka mandé chen pen
Pas dé poch-ou krévé
Wou tou… ou sé Moun tou

Menm si’w kon griyav vet
An didan djel an bef
Ou dé digré pli ba
Ki an kabann vètè
Wou tou… ou sé Moun tou

Menm si’w pran wonm pou soup
Epi ou ka tété’y
Ka trennen an dalo
Ka santi makriyo
Wou tou… ou sé Moun tou

Menm si ou pèd lakat
Epi’w touni an tet
Ek pran Mango Vilsen
Pou lotel katétwal
Wou tou… ou sé Moun tou

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Hommage au poète de l’île Maurice, Edouard Maunick

— Par Marie-Hélène Léotin —

Edouard Maunick, chantre mauricien de la négritude métisse et de la créolité, poète de l’insularité, est décédé à Paris le 10 avril 2021 à l’âge de 89 ans. Natif de l’île Maurice, il laisse derrière lui une importante œuvre poétique riche d’inventions lexicales et de souffle baroque. Compagnon et héritier de Césaire et de Senghor, Grand Prix de la francophonie pour l’ensemble de son œuvre, Edouard Maunick était inspiré par son île, le lieu, la mer, les aromes, le parfum des épices, sans jamais tomber dans le doudouisme. Révolté, métis à la recherche de la beauté du monde, de l’Océan indien à la capitale des lettres françaises, on retiendra d’Edouard Maunick le magnifique recueil intitulé « Ensoleillé vif » (1976), préfacé par Senghor.

Le combat d’Edouard Maunick concernait aussi la langue. Produit de la francophonie mauricienne, il avait fait du français sa langue d’expression privilégiée, n’oubliant jamais de rappeler qu’il était venu à la langue de Voltaire par le créole. Le français que le poète a pratiqué est nourri des mots et des structures de la pensée créole, sans jamais tomber pour autant dans l’exotisme facile.

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Les Français écrivent tellement que Gallimard dit stop

Paris – De moins en moins de Français lisent, mais ils sont toujours autant de candidats pour être publiés. Et pour Gallimard, c’en est trop: l’éditeur prie les écrivains aspirants d’attendre avant d’envoyer leur prose.

« Compte tenu des circonstances exceptionnelles, nous vous demandons de surseoir à l’envoi des manuscrits. Prenez soin de vous toujours et bonnes lectures« , écrit la prestigieuse maison sur son site internet. 

Ce conseil y est apparu début avril et a été relayé sur le compte Twitter officiel le 2 avril, un vendredi en fin d’après-midi. Pas sûr qu’il soit suivi unanimement, mais pour accroître ses chances, mieux vaut s’y plier. Et patienter. 

Le contexte est assez défavorable aux inconnus qui se rêvent en Houellebecq ou en Nothomb. La fermeture des librairies à deux reprises en 2020, au printemps et à l’automne, a entraîné des reports de parution, provoquant un embouteillage en 2021. Si se faire publier est toujours difficile pour un débutant, c’est devenu encore plus compliqué. 

Gallimard n’est pourtant pas avare en premiers romans dans sa fameuse Collection blanche: cinq à la rentrée de janvier, deux en mars, deux en avril… Interrogé par l’AFP sur les raisons de ce message au grand public, l’éditeur a évoqué l’immensité des volumes envoyés. 

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Séminaire René Maran en ligne

Séance ouverte à toutes et tous le 9 avril 2021 de 14h 30 à 16h 30. Heures de Paris.

Pour participer à la séance, copiez le jour J le lien zoom ci-dessous sur votre navigateur :
https://us02web.zoom.us/j/86391171941?pwd=UnRVZTFNTnZmOHQ1WndVQ2h6YTdldz09

ID de réunion : 863 9117 1941
Code secret : 507593

Cette intervention du prof. Charles W. Scheel veut faire le point sur les documents disponibles dans les diverses archives pour la période entre fin 1909 (départ de Maran pour l’Afrique) et juillet 1921 (publication à Paris de Batouala avec sa préface). Il s’agit surtout des nombreuses correspondances de l’écrivain à cette époque. Mais on souhaite également relever les mentions concernant ces genèses dans les nombreuses études consacrées à l’œuvre de René Maran depuis la sortie de Batouala. Toutes indications seront appréciées dans la discussion, suite à la présentation du thème !

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La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol —

Je suis particulièrement ravi d’annoncer la parution en Haïti et au Canada, en mai 2021, du livre « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (382 pages, coédition du Cidihca, Montréal, et des Éditions Zémès, Port-au-Prince).

L’orientation éditoriale et les objectifs de ce livre sont clairement énoncés : « Par la variété et l’amplitude des articles qu’il rassemble, le livre « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » institue une démarche pionnière en didactique du créole et en créolistique. Destinées à la fois aux professeurs des cycles primaire et secondaire, aux enseignants-chercheurs de l’enseignement supérieur, aux spécialistes du langage, aux didacticiens, aux journalistes et aux lecteurs divers intéressés par la question linguistique haïtienne, les études consignées dans le présent ouvrage, inédites et de grande qualité, couvrent chacune un ou plusieurs aspects de la didactisation du créole. Les auteurs des 15 chapitres de ce livre –des universitaires œuvrant en Haïti, en Europe, aux États-Unis, au Canada et aux Antilles françaises–, abordent la question de la didactisation du créole à la lumière de leurs champs de spécialisation : linguistique, sociolinguistique, didactique, sociodidactique, droit, littérature, terminologie, lexicologie, dialectologie et créolistique.

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Littératures: nouveautés du 04 avril 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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En compagnie d’Édouard Glissant sur France-Culture

Édouard Glissant, le langage du Tout-Monde 

 » Le poète achemine la connaissance du monde dans son épaisseur et sa durée, l’envers lumineux de l’histoire qui a l’homme pour seul témoin. »
Alors que l’on commémore cette année les dix ans de sa disparition, nous vous proposons aujourd’hui de cheminer en compagnie d’Édouard Glissant, poète et philosophe martiniquais, fondateur des concepts de « créolisation » et d' »antillanité », et auteur d’une oeuvre dense, riche, dans laquelle il s’applique à penser le Tout-Monde, ce monde dans lequel toutes les cultures et les langues sont mises en relation, s’influencent et se transforment. Lire l’oeuvre d’Édouard Glissant, c’est faire l’expérience d’un langage singulier, à la fois exploration poétique et acte politique d’émancipation. Lire Édouard Glissant c’est aussi rencontrer une pensée dynamique fondée sur la relation, et extrêmement féconde pour penser notre monde contemporain. Alors écoutez la voix et les mots du poète et de ses compagnons !

1 Patrick Chamoiseau, une voix dans la nuit

Dans le sillage d’Édouard Glissant, l’écrivain Patrick Chamoiseau pense la création littéraire comme suivant un moment proche du chaos. Dans son nouvel essai Le Conteur, la nuit et le panier il interroge, sous la forme d’énigmes initiales, l’impératif de conter pendant la nuit et mène une réflexion autour de l’Écrire, de la figure du conteur créole et du  » choc esthétique ».

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Rabelais pourrait bien être un conteur créole

LE CONTEUR, LA NUIT ET LE PANIER, Patrick Chamoiseau. Seuil, 272 pages, 21 euros

— Par Muriel Steinmetz —
C’est une des hypothèses de Patrick Chamoiseau, dans un livre qui célèbre les maîtres de la parole venus d’Afrique et leurs descendants contemporains.

Comment Patrick Chamoiseau a-t-il découvert la voix de son propre chant, dans des langues « offertes par le hasard
», le créole, le français ? Il explore dans ce livre la naissance de sa vocation d’écrivain. Et met en garde : ici, pas de recettes narratives, ni d’atelier d’écriture ! Son texte, complexe, lumineux, poétique, théorique, clair et énigmatique, s’articule telle une « laronde », nom donné, dans les plantations colonialistes, aux traditions des veillées antillaises. Lors de ces veillées souvent mortuaires, un conteur prenait la parole, en créole, dans un « silence de roche ».

Langue dominée, Langue matricielle

Chamoiseau tresse de concert l’essai au récit. En des chapitres intimes, il revient sur la terre ferme de son enfance, par bouffées de mémoire structurelle. Il évoque « les petits-lots ficelés » que sa mère, Man Ninotte, pas « véritablement lettrée », lui rapportait du marché après avoir vidé la brouette d’un djobeur (celui qui effectue de menus travaux), débordante de rebuts de librairie.

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« Poisson d’avril! » & « Pak nou » de Patrick Mathelié-Guinlet

“Poisson d’avril!”

On aurait souhaité que ça ne soit en gros
qu’une plaisanterie, la blague d’un potache
et, si on l’avait eu quand même dans le dos,
un poisson de papier que, discret, l’on accroche

tel un mauvais rêve, dissipé aussitôt
au réveil à l’instar des brumes matinales
par le soleil levant de l’île tropicale…
Mais ce poisson d’avril, hélas, est un poison

qui pour bien plus longtemps menace nos poumons,
un virus qui n’aurait jamais dû débarquer
des bateaux, des avions, du moins sans précautions,
pour mieux nous confiner ensuite à la maison…

******

Pak nou

Pak, ti tak, ti tak Pak,
ti tak, ti tak Pak.
Pak atak, Pak atak,
matoutou krab !

Krab pa ni mak,
chak krab an lak,
chak krab an bak,
chak krab an sak,
chak krab an pak
èk san di hak,
krab pak an pak
èk bonda-man-jak…

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Lalfabé Kovidien

— Par Daniel M. Berté —

A-r-s Asiré ni Asentomatik
Atansion, pa antré an-panik
Bariè-fisik pou Baré Bet-la
Bien apliké pou sa dékalé sa

Chimen Chomaj Chajé
Chak fanmi konnèt an moun ki touché
Distansiyasion ek Dépistaj avan Dékonfinman
Donk respektasion pou pa ni lantèwman

Enterdiksion sòti pou Estentjé Epidémi
Ek siwtou pa bliyé viris pa ka dòmi
Fwayé-enfeksion fè Fèmen lé Frontiè
Fout sa red moun pé pa fè kon yo té ka fè

Gan pou lé Gérié ka Goumen lopital
Gran bel woulo pou yo, sé dé moun kapital
Hihihi ! Hohoho ! Hahaha ! ni ka motjé di sa
Hihihi ! mé sonjé, viris, pa ni zanmi la

Identifikasion-kontak ek Izòlman Ich-manman
I fo nou protéjé tout moun, sa potalan
Jes-bawriè tou lé Jou pou lé Jen kon lé vié
Janmen bliyé tousa pou nou pé protéjé

Konfinman pou Koré Korona viris-la
Ki paré kapoté tout pèp anlè tè-a
Lavé Lanmen Lontan
Lè’w pé épi savon oben gel an frotan

Mask a Mété Maten-midi-oswè
Men bien pozé’y sirtou, pa nenpot ki manniè
Ni test ki Négatif, Ni test ki pozitif
Nou sav ki fo dabò nou rété véyatif

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Patrick Chamoiseau : « On n’a pas besoin d’universel, on a besoin de Relation »

Avec son nouveau livre, Le conteur, la nuit et le panier, l’écrivain et intellectuel martiniquais Patrick Chamoiseau poursuit sa quête de ce qui fonde et constitue le geste créatif. Il met en scène un conteur créole, qui se lève au cœur de la plantation, parmi les esclaves, et les dote d’une parole commune. Il incarne le règne du sensible dans le rapport que l’on entretient au « réel », l’accès par le « je » à un « nous », cette autre manière de vivre au monde et de vivre le monde, non plus entre des frontières, des nations exclusives, ou des absolus culturels, mais dans l’interaction avec tout le vivant.

Avec Le conteur, la nuit, le panier, son nouveau livre, l’essayiste et romancier martiniquais Patrick Chamoiseau propose un voyage poétique et galactique qui prend son essor au fond des ténèbres et s’élance dans le cosmos étoilé. Ce voyage est celui qui trace les voies et les voix de la création. L’artiste y apparaît comme l’éclaireur du monde, celle et celui par qui le concept de « Personne » peut exister dans une généalogie longue et une histoire immémoriale.

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« Créolisation », « Tout-Monde » : comprendre la pensée d’Edouard Glissant, avec l’écrivain Patrick Chamoiseau

Entretien
Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire
Lauréat du prix Goncourt en 1992, l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau publie « Manifestes », un recueil de textes écrits avec son ami Edouard Glissant, disparu il y a 10 ans. Rencontre.
Romancier, poète et philosophe martiniquais, Edouard Glissant nous a quittés le 3 février 2011. Pourtant, le grand public ne fait que découvrir sa pensée riche. Un exemple récent en témoigne : la mise en avant de sa notion de « créolisation » par Jean-Luc Mélenchon et les débats qui ont suivi. Ecrivain et ami proche du poète, Patrick Chamoiseau revient avec nous sur ses « poécepts ».

Marianne : En quoi la pensée d’Edouard Glissant est-elle encore d’actualité ?

Patrick Chamoiseau :Son œuvre relève d’une « pensée du poème », d’une poétique, dans laquelle il articule une série impressionnante de »poécepts ». Le poécept est un précipité de concept et de feu poétique. Il se disait avant tout poète, alors qu’il aurait pu se revendiquer penseur, philosophe, anthropologue, essayiste, romancier, dramaturge… Sa référence au poète ne concernait pas seulement la pratique d’une écriture poétique.

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La diglossie haïtienne, il y a 25 ans.

— Par Jean-Robert Léonidas, écrivain haïtien. —

 « Lorsque les philosophes n’ont plus rien à dire,
il est excusable de se tourner vers le babillement des oiseaux
et le lointain balancement des astres. »
Marguerite Yourcenar

Mesdames, Messieurs,

Dans le processus complexe de la croissance de l’homme et de son évolution comme animal social, un fait extraordinaire a pris naissance et a accompagné l’homme dans son turbulent trajet existentiel. C’est le langage. Il est moyen de communication dans sa forme la plus directe et la plus personnelle. En cette fin de siècle qui est aussi un terminus de millénaire, en cette époque où la terre est devenue un cybermonde, où les avenues de la communication sont devenues de vertigineuses autoroutes, à cette croisée des super-highways, il est bon de faire escale, de revenir aux idées simples, de réfléchir sur la première forme de la communication de l’homme : le langage. Les langues naissent grandissent et meurent. Il en existe des centaines sur la planète. Haïti se trouve dans une situation spéciale en ce sens qu’elle se nourrit de deux langues et entretient des rapports bien définis avec elles.

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Célébration : le centenaire du Prix Goncourt 1921 décerné à René Maran

– par Janine Bailly –

Il faut sortir de l’oubli un écrivain injustement retourné dans l’ombre ! En effet, le prix Goncourt n’a pas empêché René Maran de sombrer quelque peu dans l’oubli. Il serait noble que les Caribéens, les Guyanais en particulier, et les Africains, se réapproprient et mettent en valeur les nombreux chefs-d’œuvre littéraires qui racontent leur histoire. (Éric Amiens, journaliste)

Hommage dans la Caraïbe

♦ Afin de rendre un bel hommage à René Maran, ce 22 mars, Alfred Marie-Jeanne, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale Martiniquaise, a reçu à Tropiques Atrium à Fort-de-France, élèves et enseignants : « C’est avec beaucoup de sympathie que j’accueille cet auditoire composé de jeunes pour rendre hommage à René Maran… J’ai jugé indispensable que la CTM honore et préserve la mémoire de cet écrivain, qui a prouvé que la littérature peut être au service de la vérité et de la justice (…) Son roman contredit tous ceux qui prétendaient, et continuent encore à soutenir, que leur soi-disant mission civilisatrice avait un autre but que le pillage et la domination ». Pierrette Leti-Palix, Professeur de lettres, a souligné l’importance de cette manifestation  : « Un jeune Martiniquais va se reconnaître dans ce texte parce qu’il aborde des questions humaines.

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Le DDF, « Dictionnaire des francophones »

Un monumental répertoire lexicographique de 400 000 termes et expressions accessible gratuitement sur Internet

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Lancé officiellement à Paris le 16 mars 2021 à l’occasion de la semaine de la langue française et de la Francophonie, le DDF, « Dictionnaire des francophones », est sans conteste l’un des événements dictionnairiques les plus marquants de l’histoire des dictionnaires de langue française depuis l’apparition au XVIIe siècle des premières grandes œuvres lexicographiques de Pierre Richelet (1631 – 1694), d’Antoine Furetière (1620 – 1688) et, en 1694, de la première édition du « Dictionnaire de l’Académie française » (2 vol.). Pierre Richelet a publié en 1680 le premier dictionnaire monolingue de langue française, le « Dictionnaire français contenant les mots et les choses » (2 vol.), tandis qu’Antoine Furetière est l’auteur du « Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes et les termes de toutes les sciences et des arts » (2 vol., œuvre posthume parue en 1690). Le « Dictionnaire des francophones » est un monumental répertoire lexicographique de plus de 400 000 mots et expressions pour plus de 600 000 définitions et il est accessible gratuitement sur Internet à partir d’un ordinateur, d’une tablette numérique ou d’un téléphone intelligent à l’adresse www.dictionnairedesfrancophones.org

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Littératures : nouveautés du 23 mars 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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À paraître, de Mérine Céco : « Le Pays d’où l’on ne vient pas »

Annonce sur le site Montraykréyol 

La littérature féminine martiniquaise, qui faisait, jusqu’à tout récemment, pâle figure à côté de son alter ego guadeloupéen, s’affirme d’année en année. Avec Térez Léotin, Ina Césaire, Nicole Cage, Suzanne Dracius, Christiane Sacarabany, Jala, Anique Sylvestre, Gaël Octavia, Nady Nelzy-Odry… et tant d’autres, elle trace son chemin, certes dans un relatif silence médiatique, lentement mais sûrement, cela avec une vigueur et une inventivité surprenantes : le 25 mars 2021, le nouveau roman de Mérine CécoCe pays d’où l’on ne vient pas, qui paraît aux éditions Écriture, sera disponible en librairie.

Biographie brève : extrait de Mondesfrancophones

Corinne Mencé-Caster, de son nom de plume Mérine Céco, née en 1970 à La Martinique, est une universitaire et écrivaine française (romancière, essayiste…).

Elle suit en parallèle des études de philosophie et de littérature. À 22 ans, elle est agrégée d’espagnol puis docteur en sciences du langage (1996). Elle commence sa carrière à l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG), en 1994, en tant qu’attachée temporaire d’enseignement et de recherche. Elle devient ensuite maître de conférences (1997-2007), puis professeur des universités, en 2009 doyen de la Faculté de lettres et de sciences humaines sur le pôle Martinique.

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Maché

— Par Daniel M. Berté —
Maché manniè ou lé
Janr mita’w-mi tamwen
O zeb man ka vini
Woch pangad pié-mwen

Maché konsi’w pilé
An kracha italien
Oben kon jwif-éran
Ki ka ba lari chenn

Maché vitman présé
Konsi’w ni djab dèyè’w
Oben an maniè flouz
An prenan tout ti-tan’w

Maché adan lari
Larout o lotorout
Tras, ti-wet, koridò
O adan chimen-chien

Maché kon vidéyè
An kannaval-kovid
Adan stad Aliker
O anlè lotorout

Maché kon lé kwayan
Adan pélérinaj
O adan chimenn-kwa
Pandan périod karenm

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 À voir sur France TV, le spectacle « Noire », de Tania de Montaigne

– par Janine Bailly –

À voir sur France 5, le vendredi 19 mars 2021 à 20h50. À revoir sur Culturebox, en diffusion gratuite depuis le 8 mars, et ce jusqu’au 09/12/2021. 

Le spectacle Noire, d’après le roman Noire-La Vie méconnue de Claudette Colvin, adapté et mis en scène par Stéphane Foenkinos, était accueilli au Théâtre du Rond-Point, à Paris, en juin 2019 puis en septembre 2020. Tania de Montaigne s’est emparée de son propre texte, donnant voix à ce personnage qui « a tout permis mais qu’on a oublié ». Pour que revive sous nos yeux l’histoire, la comédienne s’accompagne de films, d’archives, de voix et de témoignages qui situent ce parcours, nécessaire et singulier, dans son contexte. Elle fait entrer l’auditoire dans l’intime de son héroïne. Le spectacle Noire avait été initialement porté à la scène au Centre national de création d’Orléans, en décembre 2016.

La critique de Joëlle Gayot dans Télérama :  « Ce n’est pas du théâtre, c’est mieux ! L’histoire n’a pas retenu son nom ? Tania de Montaigne fait d’elle l’héroïne d’un spectacle. Ce n’est pas du théâtre, c’est mieux : un témoignage revenu du passé, et qui donne vie aux invisibles. »

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