Catégorie : Littératures

« Lorsque le monde prend goût de cendre », par Gary Klang

Lorsque le monde prend goût de cendre
Par Gary Klang

Lorsque le monde prend goût de cendre
Et que tout semble
Si lourd
Si vain

Lorsque le monde prend la couleur du gris
Malgré le soleil rouge et dur
On se demande
Pourquoi le pin auprès de la rivière
L’oiseau qui chante
Et à quelle fin le jour

Le sens se perd et l’on voudrait dormir à tout jamais du sommeil de l’enfant
Ne plus souffrir
Quitter un lieu de leurres et de mensonges
Où seul compte ce droit que l’on dit du plus fort
Masqué du beau nom d’hommes
Qui ne savent plus à quelle porte frapper
Dans un monde
Où la loi est mirage
Et la fausseté la loi
Un monde où les pièces du puzzle ne trouvent jamais leur place

Le sens s’est effondré sous les chars et les balles
Comme si tout cela n’était qu’un film et qu’on va ouvrir l’œil
Pour quitter un cauchemar qui n’a lieu qu’à l’écran
Mais le cauchemar traverse l’écran et prend pied dans les
cœurs

Y a-t-il quelque part une terre où habiter

GARY KLANG

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Trois petites histoires fantaisistes de Jean-Bernard Bayard

— Par Jean-Bernard Bayard —

La pêche campagnarde

Nous passions des vacances à notre maison de campagne. Il faisait frisquet en ce matin d’automne; il y avait un brouillard que le soleil n’avait pas encore pu dissiper. Nous étions tous les quatre d’avides fanatiques de la pêche; et nous étions dans une barque, au milieu du lac qui se trouvait à peine à deux kilomètres de la maison. Les arbres autour du lac avaient perdu tout leur feuillage, et pour nous tenir chauds, nous portions nos parkas ainsi que des gants doublés! De plus,nous avions chacun un grand thermos de café bien chaud.

Pierre avait déjà attrapé une truite et ne s’arrêtait pas de vanter ses dons de pêcheur. Après une heure sur l’eau, nous entendîmes comme un bruit sourd qui provenait du fond du lac. C’était d’abord un bourdonnement qui, au fur et à mesure, devenait assourdissant. Nous décidâmes alors de quitter les lieux. L’eau était en ébullition quand nous atteignîmes la rive; nous étions tous effrayés, nous ne comprenions pas le phénomène. Tout d’un coup, au milieu de grandes vagues sortit un engin lumineux, circulaire, qui, à nos yeux, avait tout d’une soucoupe volante.

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« Union libre », d’André Breton

Union libre
Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d’éclairs de chaleur
À la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d’étoiles de dernière grandeur
Aux dents d’empreintes de souris blanche sur la terre blanche
À la langue d’ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d’hostie poignardée
À la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
À la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de bâtons d’écriture d’enfant
Aux sourcils de bord de nid d’hirondelle
Ma femme aux tempes d’ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
Ma femme aux poignets d’allumettes
Ma femme aux doigts de hasard et d’as de cœur
Aux doigts de foin coupé
Ma femme aux aisselles de martre et de fênes
De nuit de la Saint-Jean
De troène et de nid de scalares

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Les Etats-Unis, un pays faux

—Par Gary Klang —

J’ai soudain compris que ce qui me gênait avec les États-Unis, c’était la fausseté. Tout m’y paraît faux : les sourires cheese, le faux rêve américain, tout est faux. Car enfin, comment parler de rêve alors que des millions de gens ne peuvent pas se soigner à cause des coûts prohibitifs des soins de santé ? Deux ou trois jours à l’hôpital et la note peut vous réduire à la mendicité. Tous les pays occidentaux ont un système de sécurité sociale, à l’exception des États-Unis. Vous trouvez ça normal ? Comment parler de rêve américain lorsque des milliers de gens ont pour maison la rue ou leur voiture ? Qu’est-ce que ce pays de rêve où les gens vivent dans la peur, à cause des assassins qui pullulent ? Sans oublier la vente libre des armes de guerre pour engraisser les patrons de la NRA. Oui, tout me semble faux dans ce pays car il n’a de rêve que le nom.

Quant à la prétendue démocratie, me dira-t-on ce que contient ce terme alors que le vote du peuple peut être annulé par quelques bourgeois repus, baptisés du terme ronflant de Grands Électeurs ?

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Essai actualisé de taxonomie de la lexicographie créole de 1958 à 2024

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

À la mémoire de Pradel Pompilus,
pionnier de la lexicographie créole contemporaine
et auteur, en 1958, du premier Lexique créole-français
(Université de Paris).
À la mémoire de Pierre Vernet,
fondateur de la Faculté de linguistique appliquée
de l’Université d’État d’Haïti et précurseur du partenariat créole-françaisen Haïti.
À la mémoire d’André Vilaire Chery, rédacteur d’ouvrages lexicographiques de haute qualité scientifique et auteur
du Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti
(tomes 1 et 2, Éditions Édutex, 2000 et 2002).

 

Au cours des dernières années, nous avons étudié de près divers travaux et publications de la lexicographie créole haïtienne et publié une trentaine d’articles traitant de l’un ou l’autre aspect de la production lexicographique créole. Ces articles ont été assemblés et seront bientôt publiés au format livre sous le titre « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique ». Destinée aux enseignants, aux lexicographes, aux linguistes créolistes et aux rédacteurs de manuels scolaires, cette nouvelle publication paraîtra en Haïti aux Éditions Zémès et au Canada aux Éditions du Cidihca.

Parmi les articles que nous avons publiés au fil des ans sur la lexicographie créole le lecteur (re)lira notamment :

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Analyse et réflexions sur le poème « Complaintes d’esclave » de Massillon Coicou

— Par Fortenel Thélusma, linguiste et didacticien du FLE —

I
Pourquoi donc suis-je nègre ?
Oh ! pourquoi suis-je noir ?
Lorsque Dieu m’eut jeté dans le sein de ma mère,
Pourquoi la mort jalouse et si prompte au devoir
N’accourut-elle pas l’enlever de la terre ?
Je n’aurais pas connu tous ces tourments affreux ;
Mon cœur n’aurait pas bu tant de fiel, goutte à goutte.
Au fond de mon néant, oh ! je serais, sans doute,
Moins plaintif, plus heureux.
Mais Dieu m’a condamné, le sort doit me poursuivre ;
De mon sang, de mes pleurs, il faut que tout s’enivre !…

II
Pourquoi donc suis-je nègre ?
Oh ! pourquoi suis-je noir ?
Lorsque Dieu m’eut jeté dans le sein de ma mère,
Pourquoi la mort jalouse et si prompte au devoir
N’accourut-elle pas l’enlever de la terre ?
Car libre l’oiseau vole et redit ses concerts ;
Car libre le vent souffre au gré de son caprice ;
Car libre, l’onde limpide, harmonieuse, glisse
Entre les gazons verts.
Esclave, il n’est pour moi nul bonheur, nulle fête,
Et je n’ai pas de place où reposer ma tête.

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« Petite collection de grandes pensées », un livre de Nina Simon

— Par Jean-Robert Léonidas —

L’auteure de ce petit livre d’une étonnante profondeur m’a personnellement épaté. D’une double façon. Tout d’abord, je me crois en face de deux identités. C’est que j’ai déjà lu avec grand bonheur un premier texte en anglais, signé par la même personne, sous une autre appellation, son nom de naissance. Je l’avais bien apprécié et j’en ai déjà donné mon sentiment dans un court article publié par Madinin’Art (1). Me voici ensuite en présence d’une autre production que je viens de recevoir de la même personne, cette fois-ci sous un nom de plume. Pas seulement un changement de nom. Tenez-vous bien : Un changement de langue. Elle écrit cette fois-ci en français avec la même aisance. Il est vrai qu’elle est canadienne. Mais ceci n’explique pas cela.

En des mots simples, dans ce nouveau texte, l’auteure présente une intéressante conversation entre soi et soi-même. De façon surprenante, comme en un tour de passe-passe, la porte s’ouvre sur l’autre. Le lecteur se sent alors engagé dans un dialogue avec un penseur qui remue des idées qui nous intéressent toutes et tous.

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Eia! Jeunesse téméraire !!

Par Yves Untel Pastel

Il faut les voir nos jeunes gens
Gorgés d’une violente espérance !

Il faut les voir, enflammés d’innocente ardeur
On sait bien que la jeunesse croit à tous les possibles !

Il faut les voir transformer l’ombre du chaos persistant
En cette vaste et lumineuse et si folle utopie !

Il faut les voir pour certains, avides d’apprendre
Croyant en leur destin, prêts à prendre la mer !

Matelots de leur rêve navire, hissant la voile au grand mât
Ils ont soif d’aventure, ils ont faim d’avenir.

Et moi qui ai un peu vécu, je voudrais être leur vigie
Hissé sur le rafiot lucide des marins du grand large.

Je voudrais leur montrer la terre bonne à ensemencer,
Leur offrir les premières semences et les gestes primordiaux.

Je voudrais leur livrer le secret du courage,
La leçon de la chute et celle du recommencement.

Car, j’ai vu la tempête et les voilures déchirées.
J’ai vu les horizons voilés et des rêves envolés.

J’ai vu des téméraires hâtifs échoués au bord des routes.
Mais j’ai aussi vu franchir les rugissants, risquer le naufrage.

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« Plus que jamais, Carpe Diem ! » & « Autant en emporte le temps … »

— Patrick Mathelié-Guinlet —
Plus que jamais, Carpe Diem !

La vie est un voyage passionné,
passionnant bien qu’éphémère,
dont le temps est compté
et difficile à prévoir l’itinéraire…
En fin de compte, est-ce le paradis
ou bien est-ce l’enfer ?
Un dosage subtil est nécessaire
pour éviter l’ennui
mais aussi des regrets
de ce qu’on n’a pas eu le temps de faire…
La vie est un pari,
un risque calculé :
on peut doubler la mise
mais aussi tout perdre sur une bêtise !
Comme une feuille d’arbre emportée par la bise,
face au vent du destin,
il faut trouver l’équilibre
entre la volonté d’être libre
et la faculté de s’adapter
quand il se fait contraire…
Garder le cap sur sa cible
tout en restant disponible,
prêt à toute éventualité…
Savoir où l’on veut aller,
oui, mais ne rien rater
de l’occasion en or qui peut-être plus jamais
ne va se représenter…
Alors : “Carpe diem !”

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« Pourquoi faut-il lire de toute urgence Monchoachi »

— Par Mathieu Yon —

Il faut lire de toute urgence le poète Monchaochi. L’urgence vient de l’imminence où nous sommes d’une perte de parole, que l’omniprésence des mots tente de masquer. Mais entendons-nous bien. Il ne s’agit pas d’en dire plus. « Ils veulent prendre la parole : mais c’est prendre l’écoute qui enivre, déplace, subvertit ».

 La prise de parole est une manière de la taire, de l’empêcher de dire. Et cela, il faut le voir clairement. La lecture de Monchoachi, à travers STREITTI et Retour à la parole sauvage, ouvre une clairière dans l’esprit. Une bouche créole tend la main à l’Occident malade d’une langue, qui ne signifie rien d’autre qu’une signification totale, comme si le monde s’était concrètement réduit, par un usage outrancier des discours ayant le pouvoir presque « surnaturel » de rendre muet.

Dans mon champ pourtant, au toucher de la terre, j’entends le lieu crier. Le lieu ne parvenant plus à se dire (le lieu-dit), il s’est mis à hurler. Mais nulle oreille pour entendre, que des bouches bouchées. Reste les mains. « A la différence de la parole qui passe son temps à courir après elle-même, la main qui œuvre ne sombre jamais dans le ressentiment.

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Mwa Lang Kréyol La

Mwa Lang Kréyol La continue avec différents temps forts et c’est gratuit :

Lundi 21 au samedi 26 octobre : Ateliers collaboratifs autour du lexique du monde de l’art – Art Lahar Ar Lézar Artistik ? Kisasayés’Art ! Latilié matjé kréyòl poèstétik – Campus Caraibéen des Arts 

Jeudi 24 octobre

• 18h30 : Bokantaj litérè autour du roman de Charles-Henry Fargues : Il était une fois la rue Baldara – Bibliothèque Schœlcher

• 18h30 : Konférans : Kisa lang kréyol-la, bizwen jòdi-ya pou’y viré djok avec Daniel Bardury, Hôtel de la CTM à Cluny

• 19h : After Work Lirical : Kouté pou tann – Artistes Neewed et ses musiciens – Domaine de la Pagerie

– Vendredi 25 octobre

• 9h : Dikté kréyol – Latilié li ek aprann matjé kréyol-la + vanri – Conte – Kont kréyol épi Valér’y Egouy – An ti moman plézi an jaden-an, Centre Culturel de Basse-Pointe

• 9h : Annou fè lang-lan jwenn tè-a, An koudmen épi le STEA – Travail de la terre avec pratiques et explications en langue créole – Service Territorial d’Expérimentation Agro-écologique – Sainte-Anne

• 18h30 : Conférence littéraire – Bokantaj litérè autour de l’ouvrage de Fred Démonière : A-TOU-MO, Pawol djéritout – Bibliothèque Schœlcher

Samedi 26 octobre

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L’éphéméride du 23 octobre

Première apparition des Schtroumpfs, dans Le Journal de Spirou le 23 octobre 1958

Les Schtroumpfs est une série de bande dessinée jeunesse belge créée par Peyo en 1958 racontant l’histoire d’un peuple imaginaire de petites créatures bleues logeant dans un village champignon au milieu d’une vaste forêt. Les seize premiers albums ont été publiés par leur créateur. Depuis sa mort le 24 décembre 1992, son fils Thierry Culliford dirige l’édition des nouveaux albums.

En 2013, 25 millions d’albums des Schtroumpfs avaient été vendus dans le monde entier, ainsi que 300 millions de figurines, 40 millions de disques et CD et 8 millions de DVD1. En 2011, une planche originale des Schtroumpfs Noirs, dessinée par Peyo, s’est vendue à 68 000 euros, ce qui établit un nouveau record1.

Au cinéma, il atteint plus de 560 millions de dollars de recettes pour le 1er film Les Schtroumpfs, mélangeant animation et prises de vues réelles, en 20111. En 2013, Les Schtroumpfs 2 totalise 347,5 millions de dollars récoltés dans le monde. Ces deux films obtiennent de bonnes critiques. La troisième adaptation, Les Schtroumpfs et le Village perdu sortie en 2017 et qui est exclusivement en images de synthèse, récolte 197,2 millions de dollars de recettes au niveau mondial.

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Des conjurés dominicains se rencontrent chez moi à Paris 

— Par Gary Klang —-

Je ne voudrais pas que cette magnifique histoire, qui me tient tant à cœur et me touche de si près, se perde à tout jamais dans les sables du temps. Une des rencontres, qui devait mener à la chute du régime de Trujillo, se déroula chez moi à Paris dans les années 60, au 34 de la rue Gay-Lussac.

Les conjurés étaient mon oncle, Antonio Guzman, qui mit fin au trujillisme et devint le premier président démocratiquement élu de la République Dominicaine; accompagné du secrétaire général du Parti communiste et d’autres opposants à Trujillo. Ils devaient tous se rendre ensuite en Angleterre, pour rencontrer le colonel Francisco Caamano, puis à Madrid où Juan Bosch, chef du Parti Révolutionnaire Dominicain, les attendait.

La discussion allait bon train sur la tactique et la stratégie à suivre, et le Camembert, arrosé de vin rouge, alimentait les échanges, lorsque soudain on frappa à la porte. Tout le monde se tut et j’allai voir qui c’était. Sans surprise – puisqu’il venait me visiter à peu près tous le jours – je vis mon ami Gérard Aubourg, Boubou le Fou pour les intimes, tout sourire comme d’habitude.

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« Kayabu » : un voyage au cœur de l’Amazonie avec Eymard Toledo

— Par Sabrina Solar —

Eymard Toledo, auteure et illustratrice jeunesse d’origine brésilienne, est née à Belo Horizonte, dans l’État du Minas Gerais. Aujourd’hui installée à Mainz, en Allemagne, elle a développé un style d’illustration singulier, fondé sur le collage de papiers et de matériaux récupérés, une technique qui reflète son engagement écologiste. Ces collages minutieux lui permettent non seulement de donner une seconde vie à des objets recyclés, mais aussi de véhiculer des messages forts sur la préservation de l’environnement et la lutte contre la déforestation. Son travail artistique, porteur de sens, a été récompensé par plusieurs institutions prestigieuses, telles que la Fondation allemande des livres d’art, l’Académie allemande de la littérature jeunesse et la Fondation Bibliothèque nationale brésilienne.

Eymard Toledo a d’abord étudié les Beaux-Arts au Brésil avant de voyager seule en Europe à l’âge de 25 ans. C’est à Berlin qu’elle s’installe pour poursuivre un Master en design industriel. Elle décide alors de rester en Allemagne, tout en gardant un lien fort avec son pays d’origine, où elle retourne régulièrement. Ses albums, comme Tonton Couture, témoignent de cet attachement au Brésil et de ses préoccupations écologiques.

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Akademi kreyòl ayisyen : l’impasse

Journée internationale du créole 2024 : la vision indocte et rachitique de l’Akademi kreyòl ayisyen mène une fois de plus à une impasse

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans le contexte de la célébration de la Journée internationale du créole le 28 octobre 2024, il est utile de revisiter certains aspects de la réflexion élaborée par plusieurs linguistes en ce qui a trait à l’aménagement du créole. Cela est d’autant plus indispensable que le pays, depuis la promulgation de la Constitution de 1987, n’a toujours pas adopté sa première Loi d’aménagement des deux langues officielles d’Haïti ni sa première Loi de politique linguistique éducative. Pareillement, il est nécessaire de revisiter les enseignements de nos aînés, entre autres les linguistes Pierre Vernet et Yves Dejean, ainsi que ceux plus élaborés de plusieurs linguistes contemporains car ils nous ont légué quelques intéressantes perspectives dans le domaine de l’aménagement du créole. Il en est ainsi de la réflexion de Lemète Zéphyr sur l’Akademi kreyòl ayisyen (l’AKA).

Connu en Haïti pour ses compétences expertes dans le domaine de la traduction généraliste, scientifique et technique vers le créole, linguiste-didacticien et enseignant-chercheur, Lemète Zéphyr a fondé en 2016, en Haïti, l’École supérieure de traduction et d’interprétation (ESTI).

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« La main fantôme », par Robert Paquin

— Par Robert Paquin —

La main fantôme

Mon fantôme est fidèle.
Il est là, invisible,
Un fantôme modèle,
Présent, inaccessible.
C’est une main fantôme
Qui partout m’accompagne.
Je sens les doigts, la paume
Et la douleur me gagne;
Une démangeaison,
Fantôme d’urticaire,
Sans qu’aucune raison,
Aucun apothicaire
Ne puisse m’expliquer
D’où cette sensation,
Ce mal, vient m’attaquer.
Je mets de la pression
Et frotte l’avant-bras,
Mais la douleur résiste;
Je mets un sparadrap,
Mais où? La main n’existe
Pas, mais je sens mes doigts
Nominativement
Du pouce au petit doigt
Coincés dans le ciment.
Dans l’avant-bras, les muscles
Réagissent et se tendent
À tout mouvement brusque
Que mon esprit demande.

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L’éphéméride du 18 octobre

Moby Dick est publié pour la première fois en Grande-Bretagne sous le titre The Whale le 18 octobre 1851

Moby Dick (titre original en anglais : Moby-Dick; or, The Whale ; « Moby-Dick ; ou, le Cachalot ») est un roman de l’écrivain américain Herman Melville paru en 1851, dont le titre provient du surnom donné à un grand cachalot blanc au centre de l’intrigue.

Origines du roman

Herman Melville.
Melville, qui fut lui aussi marin, et notamment baleinier de 1840 à 1842, comme la plupart des héros de ses romans, s’est inspiré de faits réels :

Les cachalots poursuivis portaient souvent un nom, Melville en cite quatre au chapitre 45 : Don Miguel du Chili, Morquan du Japon, Jack de Nouvelle-Zélande (qu’il nomme Tom quelques lignes plus loin), Tom Timor.
Le naufrage du baleinier Essex, qui sombra en 1820, après avoir été éperonné par un grand cachalot, 3 700 km au large des côtes de l’Amérique du Sud. L’un des marins survivants, Owen Chase, consigna cette aventure dans un livre qui parut en 1821. Herman Melville, qui a découvert le récit de ce naufrage en 1841 à l’occasion de sa rencontre avec le fils d’Owen Chase, s’en est inspiré pour l’écriture de son roman Moby Dick, paru en 1851.

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La chance d’une crise

— Par Patrick Chamoiseau —

La Martinique traverse une nouvelle crise. Mais toute crise demeure une opportunité. Les perceptions sont aiguisées, et ce qui semblait secondaire, voire impossible, peut soudain devenir praticable.

Cette énergie inhabituelle peut alors servir à autre chose qu‘à surmonter un trouble pour en attendre un autre.

Changer la focale

D’une part, la revendication « vie chère » n’est qu’une miette d’un ensemble à remettre en question. Toute approche non-globale favorise le maintien du « système-outremer » en vigueur. Elle est donc aliénante. D’autre part, le monde (dans ses accélérations techno-scientifiques, écosystème IA-numérique, menace climatique, aberrations démocratiques…) est le contexte déterminant de toute action-pays : agir-ici en soupesant le monde ; soupeser le monde dans un agir-d’ici. Dès lors, les grands défis martiniquais sont les suivants :

– combattre précarités, pauvretés, misères, nées du capitalisme consumériste ;
– assurer notre souveraineté alimentaire ;
– remobiliser le politique ;
– repenser le vieillissement comme un levier social ;
– innover dans les ingénieries démocratiques ;
– moderniser notre cadre institutionnel ;
– anticiper les impacts du changement climatique ;
– assurer un plan-catastrophe (éruptions, séismes, méga-cyclones, tsunamis, pandémies) ;
– maîtriser l’hyper-concentration urbaine et revitaliser nos déserts culturels, médicaux et sociaux ;
– élaborer une stratégie culturelle qui innerve l’ensemble de ces défis.

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Francine Narèce : une voix littéraire enracinée dans la culture martiniquaise

— Par Sarha Fauré —

Francine Narèce est une auteure prolifique, passionnée par les contes et les récits traditionnels, qui puise son inspiration dans les richesses et les tourments de la Martinique, son île natale. Née au François, elle a grandi près de la mer, ce qui nourrit son imaginaire et son œuvre. Ayant vécu une partie de sa vie en Ardèche et dans la Drôme, Narèce est revenue en Martinique, où elle continue de partager sa passion pour l’écriture. À travers ses ouvrages, elle explore les contradictions et les ambiguïtés de la société martiniquaise, tout en mettant en lumière les luttes sociales, les récits historiques et les légendes populaires.

Narèce se distingue par son écriture théâtrale et ses contes qui naviguent entre le réel et l’imaginaire, offrant aux lecteurs une plongée dans un univers à la fois poétique et engagé. Sa plume élégante et vive donne vie à une galerie de personnages truculents, qu’ils soient ancrés dans la réalité historique ou issus de son imagination fertile. Au fil des ans, elle a enrichi la littérature francophone avec des œuvres telles que De l’olympisme au handisport, Le combat de Léona Bataille, et la pièce émotive Pour deux francs, retraçant un épisode douloureux de l’histoire des ouvriers de la canne.

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La corruption dans le système éducatif national d’Haïti

Le ministre Antoine Augustin dépose une demande d’audit financier et administratif à la CSCCA

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans le secteur scolaire en Haïti, la nouvelle a eu l’effet d’un tsunami : le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Antoine AUGUSTIN, a officiellement déposé le 9 octobre 2024 une demande d’audit financier et administratif auprès de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA). Antoine AUGUSTIN enjoint la CSCCA d’accorder « une suite urgente à cette requête » et précise que l’audit devra être effectué « au niveau du ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle ainsi que dans les directions techniquement déconcentrées et autonomes suivantes :

  • Le Programme national de cantine scolaire (PNCS)

  • L’Unité de coordination et de programmation (UCP)

  • La Secrétairerie d’État à l’alphabétisation (SEA)

  • La Commission nationale haïtienne de coopération avec l’UNESCO (CNHCU)

  • L’École nationale de géologie appliquée (ENGA)

  • L’Institut national de formation professionnelle (INFP)

  • L’Office national de partenariat en éducation (ONAPE)

  • L’École nationale supérieure de technologie (ENST)

  • Le Fonds national de l’éducation (FNE) ».

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L’éphéméride du 16 octobre

Début de publication sous forme de feuilleton dans « Le Voltaire » du roman « Nana » d’ Émile Zola le 16 octobre 1879

Nana est un roman d’Émile Zola d’abord publié sous forme de feuilleton dans Le Voltaire du 16 octobre 1879 au 5 février 1880, puis en volume chez Georges Charpentier, le 14 février 18801. C’est le neuvième volume de la série Les Rougon-Macquart. Cet ouvrage traite du thème de la prostitution féminine à travers le parcours d’une lorette puis cocotte dont les charmes ont affolé les plus hauts dignitaires du Second Empire. Le récit est présenté comme la suite de L’Assommoir.

L’histoire commence en 1867, peu avant la deuxième exposition universelle, et dépeint deux catégories sociales symboliques, celle des courtisanes et celle des noceurs. Zola, chef de file du mouvement naturaliste, prétend montrer la société telle qu’elle était mais choisit aussi ce sujet scandaleux car il fait vendre, 55 000 exemplaires du texte de Charpentier étant achetés dès le premier jour de sa publication. Le personnage de Nana a surtout été inspiré à Zola par Blanche D’Antigny et par Berthe son premier amour, mais le romancier y a aussi mis des éléments de Valtesse de La Bigne, Delphine de Lizy, Anna Deslions, Hortense Schneider et Cora Pearl dont il a étudié la vie.

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« Constat d’échec » & « À temps perdu… »

Constat d’échec

La jeune femme au rire clair,
au bleu regard plein de douceur
comme une vision éphémère
de ce que serait le bonheur

si les anges peuplaient la Terre
en y faisant régner l’amour…
Hélas, ce rêve est bien trop court
puisque partout sévit la guerre !

Je me demande tous les jours
si l’homme n’est pas une erreur
lorsque je regarde alentour
et ne vois là que des horreurs !

Où est la solidarité ?
Rien que la peur et la misère,
la jalousie, l’iniquité,
la méfiance communautaire !

Pourtant il suffit de s’aimer,
de juste un peu de tolérance…
Est-ce si dur d’avoir conscience
de cela afin d’avancer ?

Tant de milliers d’années d’histoire
et l’on n’a fait aucun progrès…
À croire qu’on est sans mémoire
ou que l’homme est sans intérêt !

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Sa ki pè-pa pè difé

— Par Daniel M. Berté —

Difé !
Sa ki pè ?
Sa ki pa pè ?

Lé posédan ek lé zespwatan
Lé gwo-mòdan ek lé profitan
Lé mové-vivan ek lé désandan
Lé dékalan ek lé dérayan
Lé méprizan ek lé zawogan
Lé bo-pawlan ek lé méchan
Lé zensolan ek lé zangzolan
Lé zenpòwtan ek lé zendiféran
Lé rat-gwouyan et lé sisè-san
Lé san-manman ek lé volan
Lé krazan ek lé brizan

Lé détenan ek lé zòwdonan
Lé tjenban ek lé pòch-an-van
Lé chien-kouchan ek lé san-lajan
Lé kominikan ek lé zobéyisan
Lé dirijan ek lé swuivan
Lé zoblijan ek lé mòwdan
Lé défian ek lé dévian
Lé pansan ek lé dépansan
Lé mistifian ek lé kouyonan
Lé sakripan ek lé brigan

Lé dépandan ek lé konsoman
Lé kriyan ek lé soufran

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« Constat d’échec » & « À temps perdu… »

La jeune femme au rire clair,
au bleu regard plein de douceur
comme une vision éphémère
de ce que serait le bonheur

si les anges peuplaient la Terre
en y faisant régner l’amour…
Hélas, ce rêve est bien trop court
puisque partout sévit la guerre !

Je me demande tous les jours
si l’homme n’est pas une erreur
lorsque je regarde alentour
et ne vois là que des horreurs !

Où est la solidarité ?
Rien que la peur et la misère,
la jalousie, l’iniquité,
la méfiance communautaire !

Pourtant il suffit de s’aimer,
de juste un peu de tolérance…
Est-ce si dur d’avoir conscience
de cela afin d’avancer ?

Tant de milliers d’années d’histoire
et l’on n’a fait aucun progrès…
À croire qu’on est sans mémoire
ou que l’homme est sans intérêt !

À temps perdu…

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GAYA ou l’art de tisser à une langue native son destin de lumière

Le spectacle inaugural du Mois du créole à Montréal

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Au seuil de la célébration de la « Journée internationale du créole » le 28 octobre prochain, le spectacle inaugural de la 23ème édition du Mois du créole à Montréal s’est tenu le premier octobre 2024 à la Fondation PHI, galerie et lieu-passerelle de l’art contemporain. Ce spectacle chaleureux et de belle facture –dont le thème était « Kreyòl se lang nou, pa kite l ale », a été offert au public montréalais par le KEPKAA, une institution attentive aux partenariats institutionnels. Fondé à Montréal par Pierre-Roland Bain le 13 avril 1997, le KEPKAA (Komite entènasyonal pou pwomosyon kreyòl ak alfabétisasyon) mène depuis lors des activités de promotion du créole, langue native et usuelle de plus de 14 millions de locuteurs vivant en Haïti, en Martinique, en Guadeloupe, à l’île de La Réunion, à l’île Maurice, aux Seychelles…

La « Journée internationale du créole » a une histoire et il est utile de la rappeler pour en mesurer la portée universelle et l’amplitude à l’échelle internationale.

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