Catégorie : Littératures

Monchoachi dans sa Fugue vs Fug

— Par Térèz Léotin —

Dans sa Fugue vs Fug, Monchoachi prévient. Il a nommé « dévoiement, une fugue ». C’est, précise-t-il « un décrochage, d’ampleur inégalée, une rupture avec tous les modes antérieurs d’habiter la terre (en occident) …. une rupture que nous appréhendons plus encore au niveau de la langue.» L’ouvrage s’intitule aussi Lémistè 3. Il se trouve être le troisième volume d’un cycle, la suite des deux premiers chants Lémistè 1 et Lémistè 2.

L’auteur « en chaque son tire gravité force toute chose », on poursuit avec lui une quête initiatique pour que « les grappes se répandent invisibles sous la feuillée, s’égoutte l’eau versée sans lasse dans les cribles ò Danaïdes, escartèle, eslaise, esmeut, esbaïe, esgaille, essore, e s s a u r e, et les grappes se répandent invisibles » dans des « espaces déclos que monde éclos ». Des mots comme mouve, délèz, alaiz, blaiz, etc. etc…. se moquent de l’orthographe quelle qu’elle soit …peuplent l’ouvrage dans lequel les mots créoles habillent l’œuvre entre-maillée de mots français, latins, grecs et autres qui se rient du monde en toute liberté, dans un vocabulaire foisonnant qui sans les voyelles nous aurait laissé sans voix.

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Le quattorze février….

Par Patrick Mathelié-Guinlet

Les tétons de Valentine

En ce beau et doux jour
de la Saint-Valentin
toujours voué à l’amour,
que n’ai-je le loisir
de vous dire mon désir ?

Car tel est mon dessein,
je voudrais vous avouer
que je ne sais plus bien
auquel de vos deux seins
je pourrais bien me vouer…

Cruauté du destin,
point n’est de médecin
qui sache me guérir
de cette maladie,
de ce défaut malsain
que j’ai du mal à dire
face à vous, ma lady :
je ne peux pas choisir,
il me faut tout ou rien !…

« Car les tétins de Valentine
sont les tétines de Valentin.»

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Fanm Khokho-a

( Pou Khokho René-Corail ki pati le 13 Février 1998 )

Par Daniel M. Berté —

Fanm fè
Sagé brandi anlè
Négrès détèwminé
Pré a raché-koupé
Pou sa défann piti’y

Fanm frèl
Mé pré a protéjé
Yich-li ki fatidjé ?
Konsi sé manman-poul
Ki ka défann piti’y

Fanm fiè
Doudout pou protéjé
Yich-li ki évanwi ?
Anrajé kon tigrès
Ki ka défann piti’y

Fanm farouch
Désidé a sové
Ti-anmay-li blésé ?
Akondi Mèw Kouraj
Ki ka défann piti’y

Fanm fò
Solid, pa ka ladjé
Ti-anmay-li YO tjwé ?
Pré a krévé lelmi
Pou sa défann piti’y

Fanm foud
Vayant kon Libèté
Ki ka djidé lepeup
Dan tablo Delacroix
Pou sa défann piti’y
Daniel M. Berté 20620

 

(Estati “Liberté” Khokho René-Corail ki Trénel plas 22 Mé Fòdfrans)

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Littératures : nouveautés du 13 février 2022

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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« Comme un arbre planté dans le jardin du bon Dieu », le nouveau roman de Jean-Robert Léonidas

— Présentation par Philippe Selz* —

De quoi s’agit-il ?

Une famille haïtienne éclatée de toutes part, avec une fillette de trois ans donnée en adoption à un vieux couple de Français en mal d’enfant ; et qui devient une belle jeune fille parfaitement éduquée que les circonstances invitent à retrouver ses origines. Un retour dans une Haïti populaire où la prostitution est marque de position sociale, des retrouvailles qui sont autant de signes d’un nouveau bonheur, le tout dans une langue allant du plus délicat à l’acéré le plus aigu, dans un chatoiement de couleurs, de parfums et de sensations, reflets de la vie grouillante d’un peuple à la fois amical et hors du temps. La prose savante et travaillée du poète Jean-Robert Léonidas décrit à merveille la complexité de l’âme haïtienne, ses retournements aussi soudains que fugaces et le bonheur dans le malheur qui semble une constante de ce pays fascinant, où la vie ne tient parfois qu’à un fil. Quasiment une invitation au voyage.

*Philippe Selz est diplomate et auteur.

Ancien chargé d’affaire et ambassadeur en Haïti (1992-95)

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« Emplastik & Torticolis », de Patrick Mathelié-Guinlet

Emplastik

Les mouettes rieuses ont cessé
de rire à gorge déployée
car trop de plastique a bouché
le fond de leur petit gosier…

Si amère est leur destinée
puisqu’elles n’ont pas digéré
le pois(s)on qu’elles ont mangé…
La mer est tellement polluée !

Non, ce septième continent,
ce n’est pas du tout l’Antarctique
mais plutôt “l’Enplastik” flottant

au gré des courants et des vents
à la surface d’un océan,
hélas plus vraiment Pacifique…

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Edouard Glissant foukan…

— Par Daniel M. Berté —
Gran Glissant
Ki mété an « Lézarde » dan « Le Quatrième siècle »
Ki mété an « Malemort » dan « La Case du commandeur »
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ou sé an « Mahagony » adan le « Tout-Monde »
Ou sé an « Sartorius »  ka kriyé: « Ormerod ! »
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
« Soleil de la conscience », ki dépi « Discours antillais »a jiska « Discours de Glendon »a, kondui-nou épi « Poétique de la relation »’y-la, dan an « Introduction à une poétique du divers » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ki mennen-nou épi « Traité du Tout Monde », ek « Boises », an pasan paw « La Cohée du Lamentin », dan an « Nouvelle région du monde », éti nou ka ritouvé lé « Mémoires de l’esclavage » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ki matjé « Quand les murs tombent » ek anségné-nou la « Philosophie de la relation » ; 
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ki chanté ba-nou « L’insoutenable beauté du monde » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ka foukan adan an « Champ d’iles » ki yo kriyé « Les Indes » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ki sé « Le sel noir » di « Terre inquiète » tala, ka rijwenn, san « Fastes », « Pays rêvé pays réel »li, lwen dé « Grands chaos » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ba’y alé épi « Sang rivé », adan « la Terre magnétique ».

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« Pour promouvoir une lexicographie créole de haute qualité scientifique »

Lettre ouverte au MIT Department of linguitics 

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Chers collègues,

La présente lettre ouverte, adressée(*) en anglais et en français au Département de linguistique de l’une des plus prestigieuses institutions scientifiques américaines, le Massachusetts Institute of Technology (MIT), a pour but d’interpeller cette institution au vu et au su de tous, au grand jour, tout en soumettant au débat public une réflexion citoyenne sur le rôle de cette université dans la production/diffusion, à travers le système éducatif haïtien, d’un lexique anglais-créole pré-scientifique et pré-lexicographique de 848 équivalents « créoles » fantaisistes, erratiques et non conformes au système de la langue créole. Intitulé « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative », ce lexique a été manifestement conçu par des anglophones peu familiers de la langue créole et de la culture haïtienne, dépourvus de compétence avérée en lexicographie professionnelle et il constitue l’unique outil lexicographique utilisé par le MIT – Haiti Initiative Project à l’école Matènwa (Île de La Gonâve). Il est également en usage dans des séminaires de formation d’enseignants en dehors de toute évaluation scientifique connue du ministère de l’Éducation d’Haïti.

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Misié Arman

(Ba Armand Nicolas)

— Par Daniel M. Berté —
Chapo-ba Misié Arman
Papa 22 Mé Matnik
Woulo baw Misié Arman
Djoubatè listwa Matinik
Lonnè baw Misié Arman
Rézistan kont lé kolonialis
Rèspé baw Misié Arman
Militan pou la koz Matinitjèz

Chapo-ba Misié Arman
Révélatè Sèptanm 70
Woulo baw Misié Arman
Mèt-a-mannyok PC Matnitjé
Lonnè baw Misié Arman
Fowmatè pèp Matnik
Respé baw Misié Arman
Konbatan pou la koz Matinitjèz

Daniel M. Berté 60315

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Haïti dans le regard de la romancière Maryse Condé

Questionner les failles du pacte autobiographique

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

On ne repasse pas impunément le pont-levis d’un roman, d’un récit ou d’une pièce de théâtre de Maryse Condé, écrivaine guadeloupéenne, l’une des plus grandes voix de la littérature francophone contemporaine et auteure d’une cinquantaine de livres (romans, théâtre, littérature jeunesse, essais). Et l’on émerge abasourdi de la lecture de « La vie sans fards », publié aux Éditions JCLattès en août 2012, qui nous enrichit tant par l’exemplaire quête de vérité et de sens de la romancière, le vouloir-dire son être-au-monde, que par un questionnement qui force la mesure sans pourtant dévitaliser la sonnette d’alarme de l’esprit critique.

« La vie sans fards », on l’aura noté, n’est ni un roman ni un manifeste féministe ni un traité ethnographique sur l’Afrique au temps béni de la décolonisation. Cet ample récit de vie –courageux et éprouvant jusqu’en ses ultimes retranchements, risqué jusqu’à l’aveu d’un viol–, est l’une des plus troublantes autobiographies qu’il m’ait été donné de lire ces dernières années. Dans la terminologie des études comparées en littérature, on dira que la saga de la mémoire, de la maternité ainsi que les séquences reconstituées de la découverte/appropriation de l’Afrique, sont les trois principaux « personnages » déictiques de ce récit de vie.

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Jean-Claude Charles en Martinique

Jean-Claude Charles (1949-2008) est noir, né en Haïti, écrivain (poète, romancier, essayiste), journaliste de presse écrite (Le Monde où il publie des récits de voyage, …) et audio (France Culture,). Poète de « l’enracinerrance », il inaugura sa carrière de romancier avec un livre au titre énigmatique, Sainte Dérive des Cochons (1977). Les éditions Mémoire d’encrier (Montréal) ont entrepris de republier l’ensemble de son oeuvre. Derniers ouvrages parus en 2021 : Manhattan blues (1985) et Ferdinand je suis à Paris (1987). M. H.

Lettre à Vincent et aux autres

Extrait du magazine Revue Noire (1992)

On part de Berlin. On part de Paris, pour aller à Fort-de-France. On y reste quelques jours. On rencontre des personnages passionnants. A la Martinique, j’ai parlé d’écriture, de cinéma, d’amours. Et je me suis souvenu que Schœlcher était au Panthéon. Nous étions nombreux à mériter d’être au Panthéon, disais-je. “Encore faut-il que ça soit une bonne affaire”, a lancé quelqu’un en rigolant. Jours et nuits, nous avons parlé.

On tient un journal de bord.

L’ homme qui a vu. À lui, désormais, de raconter ce qu’il a vu.

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Littératures : nouveautés du 23 janvier 2022

Littératures

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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L’Académie du créole haïtien : autopsie d’un échec banalisé (2014 – 2022)

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’accession toute récente à la présidence de l’Académie du créole haïtien (Akademi kreyòl ayisyen, AKA) du pasteur-linguiste Rogeda Dorcé Dorcil ne semble pas annoncer la fin de ce qui est perçu par certains observateurs en Haïti comme étant une relative emprise du facteur magico-religieux au creux de cette microstructure auparavant dirigée par un pasteur protestant, Pauris Jean-Baptiste, puis par un évêque catholique, Monseigneur Pierre André Pierre. Le pasteur-linguiste Rogeda Dorcé Dorcil dirige une église évangélique, l’Église chrétienne de l’unité à Fort-Jacques/Fermathe et, à Pétion-Ville, un Institut de théologie évangélique. Présumé spécialiste en ethnolinguistique, on ne lui connaît toutefois aucune étude majeure sur le créole haïtien ces trente dernières années, aucun article scientifique sur le créole publié dans une revue de linguistique, aucun livre dédié à l’aménagement du créole dans le système éducatif national…

L’arrivée d’un pasteur-linguiste à la présidence de l’Académie du créole haïtien, qui ne compte que quatre linguistes en son sein, est l’occasion d’actualiser le bilan de l’action de cette microstructure prématurément créée par la Loi du 7 avril 2014. L’idée d’actualiser le bilan de l’action de l’AKA procède, à l’aune du principe de la reddition des comptes dans l’Administration publique, du souci de soumettre à l’analyse critique toute entreprise en lien avec l’aménagement des deux langues de notre patrimoine linguistique historique, le créole et le français.

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Rézolision 2022

— Par Daniel M. Berté —

Lanné pasé telman man kriyé
Man pété kod vocal-mwen
Adan an kannaval pa koté Bòdkannal
Anmizasion ? Avéglasion ? Aksion ?

Lanné pasé telman man maché
Man izé plat pié-mwen
Kon an mòso lakré si tablo lékolié
Manifestasion ? Kontestasion ? Opozision ?

Lanné pasé telman man anrajé
Man ladjé kolè-mwen
Kon mové lariviè andidan gran lanmè
Protestation ? Barajizasion ? Déterminasion ?

Lanné pasé telman man gadé
Man krévé an zié-mwen
Kon vié soulié izé afos i pòté
Kontanplasion ? Kouyonnizasion ? Vizion ?

Lanné pasé telman man touché
Man tjenbé lanmen-mwen
Kon kotjen an pòch vowrien
Volasion ? Arestasion ? Lopsion ?

Lanné pasé telman man kouté
Man bouché zorey-mwen
Kon boutey épi bouchon-fey
Féknwouzasion ? Antétasion ? Sispision ?

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Littératures : nouveautés du 16 janvier 2022

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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« L’évangile selon Marie-Madeleine », de Cristina Fallarás

En 2016, le pape François décide d’élever Marie-Madeleine au rang d’apôtre des apôtres, brisant ainsi l’image de prostituée véhiculée depuis des siècles par l’Église.
Premier témoin et première messagère de la résurrection de Jésus de Nazareth, Marie de Magdala, plus connue sous le nom de Marie Madeleine, est un personnage aussi essentiel que contesté dans l’histoire du christianisme.

Apôtre préférée de Jésus pour les uns, pécheresse repentie pour les autres, elle a subi les foudres des disciples de Jésus, jaloux de l’attention qu’il lui accordait, avant d’être délégitimée par les Pères de l’Église, inquiets de l’influence de cette femme scandaleusement libre. Si les ruses furent nombreuses pour la faire disparaître des textes sacrés au profit de la Vierge Marie, les témoignages des Évangiles apocryphes mis au jour au XIXe siècle attestent du rôle central de la jeune Galiléenne dans l’édification de la religion chrétienne.

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« Le Malade Imaginaire » de Molière au temps du Covid-19 !

Cet extrait de LE MALADE IMAGINAIRE (acte III, scène 3) mise en scène il y a 3 siècles et demi, par la controverse qui s’y déroule, résonne en ces temps de pandémie d’une incontestable actualité… Aujourd’hui, les Argan adeptes de la « science » vaccinale et les Béralde détracteurs de cette nouvelle religion sont en quelque sorte les clones de ces personnages de la comédie de Molière.

Daniel Boukman

(…)

Le Malade Imaginaire (acte III, scène 3)

Béralde : Est-il possible que vous serez toujours embéguiné de vos apothicaires et de vos médecins , et que vous vouliez être malade en dépit des gens et de la nature ?

Argan : Comment l’entendez-vous, mon frère ?

Béralde : J’entends, mon frère, que je ne vois point d’homme qui soit moins malade que vous, et que je demanderais point une meilleure constitution que la vôtre. Une grande marque que vous vous portez bien, et que vous avez un corps parfaitement bien composé, c’est qu’avec tous les soins que vous avez pris, vous n’avez pu parvenir encore à gâter la bonté de votre tempérament, et que vous n’êtes point crevé de toutes les médecines qu’on vous a fait prendre.

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Littératures : nouveautés du 12 janvier 2022

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Voir « Ton beau Capitaine », de Simone Schwarz-Bart

Vendredi 14 janvier 18h 30 à Tropiques-Atrium

— Reprise de l’article publié le 15/05/20 par Janine Bailly —

En des temps différents, en temps ordinaires, je veux dire quand nous n’étions pas condamnés à sortir masqués, que les masques étaient réservés à la seule scène, que nous pouvions nous retrouver dans les salles de Tropiques-Atrium et partager de beaux moments de théâtre… en temps de paix dirais-je, si je voulais reprendre la rhétorique martiale du président Macron… en ces temps qui déjà nous semblent enviables et si lointains, nos enfants des établissements scolaires de la Martinique auraient découvert, au mois de mai 2020, la pièce de Simone Schwarz-Bart, « Ton beau Capitaine ». Mais hélas, l’adage populaire selon lequel « en mai, fais ce qu’il te plaît », est devenu obsolète… Alors, comme le dit une autre maxime, faute de grives, mangeons des merles, et pour  nous consoler un peu, regardons la captation vidéo, proposée sur la plateforme Viméo.

Créée en Guadeloupe en 1987 à Pointe-à-Pitre, jouée ensuite au Théâtre National de Chaillot à Paris en décembre 1988 dans la mise en scène de Stylo Cavé, la pièce fut présente dans une autre mise en scène, celle de Maud Galet Lalande au Festival d’Avignon en juillet 2018, en tant que spectacle sélectionné par la Région Grand-Est dans le cadre de son soutien au Off d’Avignon.

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« Le masque et la sorbetière », de Delphine-Laure Thiriet

Sortie en librairie du troisième POLAR-ADO de Delphine-Laure Thiriet, Le masque et la sorbetière.

Cette série, la première collection de POLAR-ADO ANTILLAIS, est devenue une série à succès lue et notamment étudiée dans nos écoles des DFA.

Ce polar a pour thème l’immigration clandestine dans la Caraïbe : « Rien ne va plus chez les RAID ! Domitille s’est mise à la plongée en cachette, Indya ne se reconnaît plus, Roman fouille  dans  les  affaires  de  ses  parents…  Il  n’y  a  bien qu’Anatole pour rester calme en cette période de chanté Nwèl, à l’approche de son premier réveillon sous le soleil des Antilles. Pas pour longtemps : l’absence d’un de leurs camarades, Tékaté,  mène  les  jeunes  enquêteurs  de  surprises  en frayeurs. Pendant ce temps, l’actualité de l’île est secouée par le naufrage d’un bateau de migrants haïtiens… « 

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Haïku pour un jour

Jacques-Olivier Ensfelder nous propose des haïku. Qu’est-ce qu’un haïku? Un haïku (俳句, haiku?) est un poème d’origine japonaise extrêmement bref, célébrant l’évanescence des choses et les sensations qu’elle suscite. Un haïku évoque généralement une saison (le kigo) et doit comporter une césure* (le kireji). Il est composé de 17 mores** réparties en trois vers suivant un schéma 5/7/5.

*Une césure est l’endroit où, à partir d’une certaine longueur, les vers sont, dans les métriques de nombreuses cultures, assez généralement subdivisés en plusieurs « parties » ou composants. On nomme césure le lieu où s’articulent ces composants.

**La more est un son élémentaire émis lors de la phonation. Son nom provient du latin mora signifiant « retard, arrêt, pause dans le discours » ou « délai ». Comme beaucoup de termes techniques linguistiques, sa définition exacte fait l’objet de discussions.
Il s’agit d’une notion plus fine que celle de syllabe. Dans les langues syllabiques, chaque syllabe est constituée d’une ou plusieurs mores, qui en déterminent le poids, ce dernier déterminant à son tour l’accent tonique du mot ou son rythme. Dans certaines langues, dites moriques, la notion de syllabe n’existe d’ailleurs pas.

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Temps du rêve & Espoir

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Le temps du rêve

La lune a embrassé ta nuit d’un autre rêve…
Dans ton âme une marée d’émotions se lève,
déposant son écume d’extases inconnues
sur le désert rivage où gît ton cœur à nu…

Nostalgie : fêtes païennes sous les étoiles
de chaudes nuits d’été quand la lune est sans voile…
Main dans la main, nous sautions par-dessus les flammes
du grand feu que l’amour allumait en nos âmes !

Hélas, depuis longtemps, ce temps est révolu
dans un monde d’où toute joie a disparu.
Les sourires masqués, la méfiance et la peur
effacent des visages les traces de bonheur…

Pour éviter la mort, ils ont tué la vie
en supprimant l’espoir, le plaisir et l’envie.
Sanitaires champions d’une survie d’ennui,
ils imposent leur loi au peuple des zombis
qu’ils ont rendus esclaves de la maladie…

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Haïti a-t-elle besoin d’un « Observatoire national de l’éducation »  ou d’une politique linguistique éducative ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue—

Le système éducatif haïtien, que certains observateurs qualifient de « champ de ruines » ou de « patient abonné aux urgences de l’hôpital », fait régulièrement la « Une » de la presse nationale et des médias sociaux. De tels échos médiatiques nous remettent en mémoire le fait que depuis une quarantaine d’années ce système est ausculté sous toutes les coutures par des experts de différentes disciplines à la demande d’instances nationales et internationales. Sous perfusion de l’« aide » internationale, en quête perpétuelle de solutions miracle pour survivre, le système éducatif haïtien est tour à tour l’objet de « réformes curriculaires », de « programmes » divers, de « Pacte national », de « Plan décennal », de « directives » et autres mesures administratives destinées en théorie à le « réformer », à le « moderniser », voire à le diriger vers les sommets d’une « gouvernance » exemplaire qui lui permettra d’atteindre l’objectif d’une éducation inclusive et de qualité. De l’inaboutie réforme Bernard de 1979 à nos jours, le domaine de l’éducation est sans doute l’espace régalien national où les agences internationales ont le plus investi en Haïti, contrairement à l’État haïtien qui n’y consacre que des budgets très largement insuffisants.

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Eya ! Matinitjé ! 2022 ! Eya !

— Par Daniel M. Berté —

Nou za sòti an sann
Pou tonbé an difé
Ek maché an dépann
Vié chien té ka ralé…
Mafwa, nou pa ped fwa
   Nou toujou la ! Eya !

Nou sibi lé domaj
Méchansté ek mizè
Ki antan lesklavaj
Ou lamiral Robè…
Mafwa, nou pa ped fwa
    Nou toujou la ! Eya !

Nou za pran fè siklòn
Tranmanntè ek volkan
Nou viv an klòwdékòn
Sawgas tout mové tan…
Mafwa, nou pa ped fwa
    Nou toujou la ! Eya !

Mi Kovid ka fè raj
Jes-bawriè épi mas
Konfinman ek baraj
Feknyouz tout mové kras…
Mafwa, nou pa ped fwa
    Nou toujou la ! Eya !

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Misié Mawyis

(An sonjé ba Marius Cultier)

— Par Daniel M. Berté —

Moun-mò pa mò… Mawyis pa mò
I adan dachin-la ki ka bouyi goudougoudou
I adan légliz-la éti Djab ka mayé dèyè an lapot
I pa finèt kay-li, pa koté Tèwsenvil :
Sa’w fè Mari-yus ? –Mwen la, man ka gadé mas pasé…

I an lari Fòdfrans épi Lavièsalé
Ek an lari Zabim pa koté Lagwadoup
I anlè an mason kolèj Petit Manoir
I adan an lisé pa koté Ladilon
Eti fos mizik-li ka ba manmay balan

I dan zandoli-ya ki alé pran glisad
Anlè an fèy-koko lè’y trapé an gwopwel
Pas mabouya di non lèy té mandé’y mayé
Ga zandoli-ya !… Ga zandoli-ya !!!
Mabouyaaa…. Ma-bou-ya !!!

I a L’impératrice é osi o Blénac
I pa koté La Grange épi La Bananeraie
I dan La Moïna ek adan La Bohème
I dan Lakarayib ek osi Canada
I osi an Lérop ek dan limond antié

I adan konsèwto pou an flè ek zozio
I adan swing Jazz-la ek mizik bòkay-nou
An touché piano-a ek tanmpo tanbou-a
Sapé-prélè-bòdzè épi chapo wòz-li
Ganm anlè misié-a, attansion-pokosion !

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