Catégorie : Littératures

Pour les 100 ans d’un grand monsieur. Poème : À Jacques Stephen Alexis*

—- Par Jean-Robert Léonidas (médecin et écrivain) —

Dans tes hémisphères précoces où poussaient de grands rêves,
Se dessinaient déjà ta vocation d’esculape
Et ton amour pour les lettres.
Il y a la santé des hommes, il y a le salut de l’homme.
Tu t’es engagé dans le métier de guérir les javarts des estropiés.
Tu t’es laissé aller à la passion de mettre du noir sur du blanc, en toute élégance,
L’autre nom de l’écriture à en croire Mallarmé.
Le passage du stylo à la baïonnette s’impose parfois,
Pour les prédestinés,
Lorsque le coup de gueule des mots
Ne donne pas sa mesure et n’atteint pas sa cible.
Alors se pointe l’action, le pas de côté que le commun des plumitifs ignore.
Quelle chrysalide ne rêve pas d’escalader les airs
Et d’aller fleurter avec la stratosphère ?
Sinon, le firmament serait un mythe et la sublimation un mensonge.
À quoi sert-il de recouvrer la santé, si le salut n’est pas le but ?
Si l’on ne s’investit pas dans la conquête de l’univers et de son sauvetage ?
À quoi servent la rose et son nom si on ne s’est jamais piqué le doigt
En bouturant une tige dans le terreau de la douleur ?

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Ayatollahs du créole : la « duperie argumentative » est un procédé toxique dans le débat sur la question linguistique haïtienne

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« duper » (verbe transitif )

  • Faire prendre à quelqu’un le faux pour le vrai ; tromper, abuser, mystifier / Ses escroqueries ont dupé bien des naïfs. [Dictionnaire Le Larousse]

Débattre du créole dans la société haïtienne est-il un droit, une nécessité, un tabou ou une croisade passionnelle, me demande un correspondant dans un récent courriel ? J’entreprends de lui répondre aujourd’hui par l’exploration de quelques pistes de réflexion et en lien avec le sujet des échanges qui ont eu lieu il y a quelques jours entre deux linguistes haïtiens. Il arrive souvent que les débats sur le créole, et plus largement sur la question linguistique haïtienne, empruntent la voie de propos passionnels et subjectifs émis la plupart du temps par des non-linguistes et parfois par quelques rares linguistes lorsqu’ils cèdent aux sirènes borgnes de l’idéologie. Dans tous les cas de figure, dans un pays où la libre parole et le débat public ont été violemment confisqués par la dictature trentenaire des Duvalier, oser penser, s’attacher à élaborer une pensée analytique et critique est déjà un parti-pris citoyen au creux du vouloir-vivre ensemble dans un futur État de droit.

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Kayé pou an déviré o péyi bòkay

An sonjé pou Emé Sézè ki foukan Abolay an 17 avril

… Initilman, pou anmizé kò’y, kapitenn-la ka pann an gran verg li-a, nèg pli wouspétè-a, oben ka fouté’y an lanmè-a, oben ka fè sé molos féros li-a dévoré’y

Lanégray ki ka santi lonyon fri, ka ritouvé adan san’y ki koulé, gou anmè Lalibèté
Ek i doubout lanégray
Lanégray asiz
doubout san YO té ka atann-li
doubout adan kal-a
doubout adan lé kabin
doubout anlè pon-a
doubout an van-a
doubout anba soley-la
doubout adan san-a
doubout
ek
lib
doubout mé pa kon an fanm fol adan libètè’y ek touni kon topi mabial lanmè ka tounen won-dan- won
ek mili:
pli doubout ki YO té ka atann
doubout adan kòwdaj
doubout a laba
doubout a labousol
doubout a lakat
doubout anba lé zétwal

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À propos de « La désapparition » : entretien avec l’auteur, Gerry L’Étang

— Propos recueillis par Jean-Pierre Arsaye —

Gerry L’Étang nous expose son roman, La désapparition, à paraître aux éditions Project’îles le 5 mai 2022. Suit un extrait du livre.

Pourquoi ce titre : La désapparition ?

C’est une expression d’Édouard Glissant, vraisemblablement forgée à partir du mot créole « dézaparet ». Glissant désigne par-là quelque chose qui a disparu mais pas totalement ; comme quand il dit que les Indiens caraïbes n’ont pas disparu, qu’ils ont désapparu. Il y a dans ce récit, une, des désapparitions.

Quel est l’objet de ce roman ?

– J’ai une obsession : que se passerait-il si le cargo de la Compagnie n’arrivait plus ? Autrement dit, si nous nous retrouvions, nous Martiniquais, seuls face à nous-mêmes. Si la Martinique, pays perfusé où l’on ne produit plus que de l’illusion, était soudainement coupée du monde et devait tenter de survivre. C’est de cette obsession qu’est né cet ouvrage, qui est en quelque sorte un roman d’anticipation. Car la situation décrite ici n’est pas totalement absurde, spéculative. Elle est possible. Je crois d’ailleurs que cette perspective doit hanter bien des Martiniquais.

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Sanctuariser et sacraliser les reliques de la réforme Bernard, un évangile aventureux au mitan du système éducatif haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

En Haïti, la nouvelle n’est pas passée inaperçue parmi les enseignants, les directeurs d’école et les associations d’enseignants : « Pour marquer les 40 ans de la réforme entreprise en 1982 par l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Joseph Charles Bernard, visant de grands changements dans le système éducatif (…) une cérémonie [commémorative a eu lieu] le lundi 4 avril 2022 au lycée national de Pétion-Ville ». Dans les propos officiels tenus durant cette commémoration, un hommage particulier à la réforme Bernard a retenu l’attention. Par cet hommage, l’on a notamment voulu « attirer l’attention sur l’importance de la « Réforme Bernard » considérée comme l’alpha de tous les actes de réforme entrepris dans le système éducatif haïtien depuis les années 80. Le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, en a profité pour souligner les différentes actions en cours et en perspective, liées aux 12 mesures qui suivent presqu’à la lettre la « Réforme Bernard » qui vise le redressement du secteur en vue d’une éducation de qualité, accessible à tous. » (Source : communiqué du Bureau de communication, ministère de l’Éducation nationale, compte Facebook officiel, 4 avril 2022 ; voir aussi l’article « Éducation : le Menfp célèbre les 40 ans de la réforme Bernard, pour un redressement du système éducatif en Haïti », AlterPresse, 5 avril 2022.)

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« Pak Nou » & « Lapin de Pâques

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

PAK NOU

Pak, ti tak, ti tak Pak,
ti tak, ti tak Pak.
Pak atak, Pak atak,
matoutou krab !

Krab pa ni mak,
chak krab an lak,
chak krab an bak,
chak krab an sak,
chak krab an pak
èk san di hak,
krab pak an pak
èk bonda-man-jak…

Pak atak, Pak atak,
matoutou krab !
Pak, ti tak, ti tak Pak,
ti tak, ti tak Pak.
Pak atak, Pak atak…

Sanmdi-gloriya, san di hak
danmyé ka tonbé, pak !
Tanbou ka bat, lavwa rak,
majò ka pété pak
pas tak an tèt,
lévé-fésé pa jé makak !

Pak atak, Pak atak,
sa sé zak nou,
sa sé Pak nou,
Pak, ti tak, ti tak Pak,
ti tak, ti tak Pak,
ti tak, ti tak Pak… nou !

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L’aménagement linguistique en Haïti au regard de la Constitution de 1987 : regard actualisé sur les acquis et les défis

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le 29 mars 2022 a marqué le trente-cinquième anniversaire de la promulgation de la Constitution haïtienne de 1987 et cette date charnière, dans l’actuel contexte politique de démembrement des institutions républicaines au pays, invite à la réflexion. D’une part, le référendum constitutionnel du 29 mars 1987 représente, aux yeux de nombreux juristes et institutions de la société civile, la plus significative manifestation de la souveraineté populaire depuis l’Indépendance de 1804. Par un vote largement majoritaire, il a doté Haïti d’une Charte fondamentale qui consigne les bases juridiques de la sortie d’Haïti de la longue nuit de la dictature duvaliériste et il a fourni au pays le cadre institutionnel du vivre ensemble au sein d’une République solidaire devant être gouvernée selon les règles de l’État de droit. D’autre part, en rupture avec la Constitution de 1918 votée durant l’occupation du pays par les États-Unis d’Amérique, en rupture, surtout, avec la Constitution tontonmakout de 1964 –qui a institué la « présidence à vie » de François Duvalier–, la Constitution de 1987, rédigée et votée en créole et en français, pose pour la première fois dans l’histoire contemporaine d’Haïti le principe fondamental de l’égalité des citoyens devant la loi, vise à garantir les droits fondamentaux des citoyens et à organiser la séparation des pouvoirs en vue d’assurer l’efficience de l’État de droit.

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« L’embrasée », un livre jeunesse de Estelle-Sarah Bulle

Sortie en librairie du nouveau roman jeunesse de l’auteure antillaise Estelle-Sarah Bulle, L’Embrasée.

– Résumé : A quatorze ans, Paul, originaire de Guyane, est un génie passionné de chimie. C’est aussi un adolescent timide qui cache une profonde blessure et qui sent une menace permanente planer sur lui sans pouvoir tout à fait l’identifier. A l’occasion d’une mission scientifique menée par ses parents, il se retrouve à Vauclerc, village niché sur les pentes de l’Embrasée, le puissant volcan de l’île où il va rencontrer Amalia et Jory, deux adolescents des environs avec qui il va se lier d’amitié et qui lui permettront progressivement de comprendre ce qui se trame autour de lui.
Dans le même temps et alors qu’on annonce une violente tempête tropicale, Paul aidera également ses deux nouveaux amis à surmonter certains de leurs propres tourments, ce qui les mènera peut-être à y voir plus clair à propos de leur avenir et de leurs relations parfois compliquées avec leurs parents…

– Titre : L’Embrasée
– Auteure : Estelle-Sarah Bulle
– Date de sortie en librairie : 7 avril 2022
– Collection : Roman jeunesse
– ISBN : 9782373111125
– Prix TTC métropole : 17,20 €
– Public : Tous publics
– Format : 13X20 cm
– Paginations : 424 pages
https://www.caraibeditions.fr

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Marcello Quintanilha, Fauve d’or au Festival d’Angoulême : « Quand je parle du Brésil, je parle de moi »

— ParMarie Quenet —

Marcello Quintanilha, l’auteur de l’album Écoute, Jolie Márcia, qui s’est vu décerné le Fauve d’or au dernier Festival international de la BD d’Angoulême, revient sur ce prix, son roman graphique et ses projets.

Comment vous présenter aux lecteurs français qui ne vous connaissent pas encore ?
Je suis un dessinateur brésilien. Je vis en Espagne depuis vingt ans, mais le Brésil est toujours en moi. C’est lui qui m’a façonné en tant qu’être humain. Quand j’en parle, je parle de moi. J’ai grandi dans ce pays où dans certaines localités, l’Etat est inexistant, laissant la place à des forces qui peuvent parfois être violentes. Le Brésil, c’est le thème principal de mes histoires. Je m’inspire des expériences que j’ai pu y vivre, de celles de mes proches. J’ai grandi dans un quartier ouvrier de Niterói (dans l’état de Rio). Mais la favela n’est jamais très loin. J’aime travailler mes personnages avec le plus d’humanité possible, je les laisse me guider.

Comment vous est venu le personnage de Márcia ?
Je m’intéresse beaucoup aux relations entre les gens.

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Man fè an rèv… I have a dream…

(An sonjé pou Martin Luther King ki foukan an 4 Avril)

— Par Daniel M. berté —

Man fè an rèv jòdiya!
Man révé ki an jou, menm an Alabama épi sé rasis li-a ki rayi moun anchay,
ki menm-la, an Alabama,
ti-gason nwè ek ti-fi nwè,
ka’y pran lanmen ti-gason blan ek ti-fi blan,
kon frè ek sè

Man fè an rèv jòdiya!
Ki klòch Lalibèté sonnen… anlè mòn New Hampshire !
Ki klòch Lalibèté sonnen… an wo Montàn léta New-York !
Ki klòch Lalibèté sonnen… an wo tet lé Alleghanys an Pennsylvanie !
Ki klòch Lalibèté sonnen… dépi tet lé Montàn Rochèz di Colorado !
Ki klòch Lalibèté sonnen… dépi pant la Californie !

Mé sa pa ka sifi !
Ki klòch Lalibèté sonnen… dépi tet la montàn Stone an Georgie !
Ki klòch Lalibèté sonnen… dépi an wo mòn Lookout o Tennessee !
Ki klòch Lalibèté sonnen… dépi chak mòn ek chak bos di Missisipi !
Dépi kòt chak monta’n, ki klòch Lalibèté sonnen !

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La guerre (Vian Vs. Apollinaire)

 — Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Ah non, Monsieur Apollinaire,
Dieu qu’elle n’est jamais jolie,*
cette saloperie de guerre !
Rien jamais ne la justifie,

pas même un dieu ou la patrie
mais encor moins la poésie !
Les seuls pouvant parler ainsi
sont ceux qui en bénéficient…

La guerre à rien d’autre ne sert
qu’à générer de gros profits
pour quelques planqués à l’arrière
tandis que tous ces pauvres hères

risqueront d’y perdre leur vie
ou sombreront dans la folie…
La guerre n’est qu’une infamie
avec cortège de misères,

de morts et puis d’épidémies…
Que soient honnis les militaires
et maudits les fauteurs de guerre
dont c’est le cadet des soucis !

Lors Monsieur Boris Vian, merci
pour jadis nous avoir écrit
dans un beau chant protestataire**
qu’il ne faut surtout pas la faire…

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Fatou Diome aux Lectures d’Aliou

Mardi 29 mars 2022 à 18h à la Case à Vent

Fatou Diome, née en 1968 à Niodior au Sénégal, est une femme de lettres franco-sénégalaise.

Après la parution d’un recueil de nouvelles, La Préférence nationale, en 2001, le roman Le Ventre de l’Atlantique lui vaut une notoriété internationale. Son œuvre explore notamment les thèmes de l’immigration en France et de la relation entre la France et le continent africain.

Biographie

Fatou Diome est née en 1968 sur la petite île de Niodior, dans le delta du Saloum, en pays sérère, au sud-ouest du Sénégal. Fille naturelle — ses parents ne sont alors pas mariés — elle est élevée par sa grand-mère, Aminata. Son nom vient du Sine Saloum, où les Diome sont des Niominka.

Contrairement à ce qu’exigent les traditions de sa terre natale, elle côtoie les hommes plutôt que d’aller aider les femmes à préparer les repas et assurer les tâches ménagères. Toujours en décalage avec le microcosme de l’île, elle décide d’aller à l’école et apprend le français. Sa grand-mère met un certain temps à accepter le fait qu’elle puisse être éduquée : la jeune Fatou Diome doit aller à l’école en cachette, jusqu’à ce que son instituteur parvienne à convaincre son aïeule de la laisser poursuivre.

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Le système éducatif haïtien à l’épreuve de malversations multiples au PSUGO

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le PSUGO (Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire) a été lancé en 2011 par le cartel politico-mafieux du PHTK alors dirigé par Michel Martelly. Il est avéré qu’il a été, à l’échelle nationale, une vaste opération de gabegie administrative, de corruption et de détournement de fonds publics au bénéfice des ayants droits et des supplétifs du PHTK néo-duvaliériste. En novembre 2021, le ministre de facto de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, pourtant bien imbu des constantes critiques publiques formulées par les associations d’enseignants et en dehors de tout audit attesté, a reconduit le PSUGO en lien avec la réactivation de ses « 12 mesures » administratives destinées à « moderniser » la gouvernance du système éducatif national.

Quels sont les résultats mesurables du PSUGO et à combien s’élève le coût total de ses activités ? De 2011 à 2022, le ministère de l’Éducation nationale n’a publié aucun bilan qualitatif et quantitatif de l’ensemble des activités du PSUGO. De manière liée, une recherche documentaire multifacettes n’a pas permis d’obtenir des données chiffrées sur les coûts totaux du PSUGO depuis ses débuts : la gestion financière de ce programme demeure totalement opaque et elle n’a fait l’objet d’aucune évaluation au Parlement haïtien.

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Interview : Jean-Robert Léonidas.

Par Dan Burcea, critique littéraire et prix Rive Gauche —

« Chaque vie est un univers, une vaste encyclopédie dont les pages s’écrivent continuellement selon la fortune ou l’infortune des jours »

L’écrivain haïtien Jean-Robert Léonidas publie Comme un arbre planté dans le jardin du bon Dieu aux Éditions Riveneuve. Le thème du retour au pays et, par extension, aux origines, n’est pas nouveau chez ce professeur de médecine et écrivain, longtemps expatrié à New York et revenu depuis quelque temps dans son pays d’origine. Il l’a déjà traité dans ses précédents romans, ce dernier insistant, comme il fallait s’y attendre, au besoin intérieur de ce geste et à ses capacités régénératrices. En suivant le périple de Jasmine Deschâtaignes, adoptée par un couple de parisiens et retournée vingt ans plus tard à Jérémie dans les terres qui l’ont vue naître, Jean-Robert Léonidas nous livre une vraie plaidoirie en faveur de la capacité régénératrice du retour aux sources.

Le besoin vital du retour aux sources est pour vous un thème central que vous traitez dans plusieurs de vos livres comme À chacun son big-bang (2012) ou Retour à Gygès (2017).

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Festival d’Angoulême : le Brésilien Marcello Quintanilha remporte le Fauve d’or pour l’album « Ecoute, jolie Márcia »

Le Grand Prix du Festival de la BD avait été remis mercredi à la Québécoise Julie Doucet.
Une bande dessinée brésilienne, « Écoute, jolie Márcia » de Marcello Quintanilha, a remporté samedi le prix du meilleur album de l’année, le Fauve d’or, au Festival d’Angoulême.

Publié en septembre aux éditions Çà et Là, ce roman graphique raconte les dilemmes d’une mère habitant dans une favela près de Rio, dont la fille tombe dans la violence des gangs.

Fils d’un footballeur professionnel, Marcello Quintanilha, né en 1971, a quitté le Brésil il y a 20 ans pour Barcelone, en Espagne. Il avait déjà remporté le prix du polar 2016 à Angoulême pour Tungstène.

Le prix Éco-Fauve Raja, sujet de polémique après la démission d’un premier jury qui protestait contre le parrainage d’un industriel de l’emballage, a été remis à Anne-Marie Saint-Cerny et Christian Quesnel pour Mégantic, un train dans la nuit (éditions Écosociété), récit d’une catastrophe industrielle au Québec en 2013.

Fréquentation en baisse malgré un fort intérêt pour la BD
Le Festival d’Angoulême ferme ses portes dimanche soir, après avoir accueilli cette année moins d’auteurs à cause de son report à une date inhabituelle.

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L’amour, pas la guerre ! & A.O.N.C.: une appellation d’origine non contrôlée !

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

L’amour, pas la guerre !

Ce monde va de pire en pire
quand coulent du sang les rivières
pour la soif de tous ces vampires
qui, exprès, suscitent des guerres…

Marchands de canons sans scrupules
dans l’ombre tirant les ficelles
de ces politiques crapules,
tous corrompus jusqu’à la moelle !

Le peuple d’esclaves crédules
se laisse prendre à leurs mensonges,
les absorbant telle une éponge
même lorsqu’ils sont ridicules !

“La faute incombe à l’étranger
qui désire nous envahir !”
Dieu et patrie servent à cacher
la cupidité des vampires…

C’est si gros qu’on pourrait en rire
si des hommes n’allaient mourir
au nom de telles conneries :
rien ne vaut qu’on perde la vie !

Seule attitude salutaire
en ce qui concerne la guerre :
c’est de refuser de la faire !
À ce jeu, tout le monde perd…

Nous ne sommes pas sur la terre
pour y vivre un horrible enfer
car nul pour ça n’est volontaire :
faisons l’amour et pas la guerre !

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Vwayaj trajik

— Par Daniel M. Berté —

An Lafrik…

A Cap Vert… A El Mina
A Gorée… A Ouidah
A Axim…
A Cabinda

A Fernando Po… A Loanda
A Sao Tomé… A Malimba
A Loango… A Benguela

Sé la YO tjenbé Neg
Sé la YO maré Neg
Sé la YO bastonné Neg
Sé la YO matjé Neg
Sé la YO batjé Neg
Sé la YO ankalé Neg

An Latlantik…

La YO fè « le grand passage »
La YO fè Neg travèsé
La YO fè Neg alé-san-viré
La YO fè Neg vonmi fiel
La YO fè Neg désann an lanfè
La YO fè pli gran simitjè

Sé la YO fwété Neg
Sé la YO anviolé Neg
sé la YO pijé tjou Neg
Sé la YO maté révolt Neg
Sé la YO pann an verg Neg
Sé la YO fouté andlo Neg

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Angoulême 2022 : pionnière du féminisme en BD, la québécoise Julie Doucet élue Grand Prix

Le Grand Prix du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême a été attribué à Julie Doucet

Après l’Américain Chris Ware en 2021 et le Français Emmanuel Guibert l’année précédente, la Canadienne Julie Doucet est élue Grand Prix de la 49e édition du Festival International de la Bande dessinée d’Angoulême, au terme d’un vote qui a réuni 1820 autrices et auteurs de bande dessinée.

22 ans que Julie Doucet n’a plus fait de bande dessinée ! Quand elle a publié son dernier Dirty Plotte en 1999, certaines et certains des artistes ayant voté cette année n’étaient pas nés. Cette situation n’est pas sans rappeler l’année 2014 qui avait vu le sacre de Bill Watterson, l’auteur de Calvin et Hobbes, qui avait cessé d’écrire 19 ans plus tôt. Voilà qui prouve certainement que la bande dessinée a de la mémoire… Mais voilà qui prouve surtout que l’œuvre de Julie Doucet, qui a eu sur des créatrices et des créateurs de tous les continents une influence décisive, ne cesse d’être nouvelle !

La publication en 2021 par l’Association de la foisonnante anthologie Maxiplotte (en Sélection Patrimoine au Festival cette année) a permis à celles et ceux qui ne la connaissaient pas, de découvrir le travail subversif et radical de Julie Doucet.

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« Un grand cri », de Richard Bunod

Un grand cri
Bunod Richard
Jets D’encre 1 Avril 2021
Littérature générale

À propos
Des cris. Ceux de la terre qui se meurt, ceux des hommes qui souffrent, ceux des injustices qui perdurent. Puis, le silence surpris du confinement. Dans ce grand trouble qui impose la réflexion, le poète refuse de se taire. Il élève alors la voix pour questionner, pour interroger, pour interpeller. L’espoir existe ; ses semblables doivent réagir…
Dans ce recueil de poèmes percutants et justes, Richard Bunod se fait l’observateur d’une société bancale qui ne demande qu’à se relever, clamant fièrement son désir d’égalité, d’amour et de liberté.

*****

« Un grand cri» : Quand l’auteur martiniquais Richard Bunod clame son désir d’égalité, d’amour et de liberté

Après « Ma réalité », un premier recueil de poèmes où il dénonçait les travers d’une société déshumanisée, l’auteur martiniquais Richard Bunod récidive avec « Un grand cri » qui vient de paraître aux éditions Jets d’Encre où il continue d’interroger et interpeller, refusant de se taire. Un deuxième ouvrage percutant et juste qui délivre des messages vibrants et forts, mais pleins d’espoirs et d’encouragements.

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Le concours de poésie de Balisaille

Des poètes du monde entier, libres de leurs droits, âgés de moins de 25 ans, peuvent concourir à ce prix, précise l’association, qui invite à écrire à l’adresse assobalisaille@gmail.com, pour répondre à l’appel de participation et/ou toute demande de renseignement.
Pour ce faire, elles et ils doivent adresser à l’association, jusqu’au samedi 2 avril 2022, un recueil inédit, soit en Créole, soit en Français, d’au moins 30 pages, ou la traduction en Créole d’un ouvrage poétique majeur, à partir de sa langue originale.
« Les poèmes présentés peuvent avoir été publiés dans une revue ».
Les résultats seront proclamés, le 28 mai 2022, lors de la clôture du Festival international de poésie, organisé par l’association Balisaille.
Ce Festival est baptisé « Mai-Poésie / Rencontres internationales de poésie et de lectures vivantes ».
Aucune candidate / aucun candidat ne pourra remporter le prix, si les juges estiment qu’aucun des documents soumis n’est « digne », souligne l’association Balisaille.
Créée en 2021, l’association Balisaille se donne comme objectifs de produire et coproduire des créations théâtrales et de les diffuser, pratiquer des activités artistiques et culturelles, et d’agir en tant que force de proposition, en matière artistique et culturelle, et d’organiser des rencontres pluridisciplinaires.

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Financement des manuels scolaires en créole en Haïti : confusion et démagogie au plus haut niveau de l’État

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

[Définition de] « poudre aux yeux » (n) : écran de fumée ; apparences flatteuses mais trompeuses ; faux-semblant ; miroir aux alouettes ; manoeuvre qui cherche à faire impression en faisant illusion (Dictionnaire électronique Reverso, n.d.)

En Haïti et en outre-mer, la nouvelle a retenu l’attention de nombreux enseignants, parents d’élèves, directeurs d’école, rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires : « Le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) annonce la fin du financement des matériels didactiques en langue française, pour les quatre premières années du cycle fondamental (…) Ce financement sera dirigé vers les matériels didactiques en créole, pour les quatre premières années du fondamental (…). » Et « À partir de l’année académique 2022-2023, l’État haïtien ne financera pas, ni ne supportera aucun matériel didactique [en] langue française qui doit servir dans l’apprentissage des élèves des quatre premières années du fondamental » (voir l’article « Suspension du financement des matériels didactiques en langue française pour les 4 premières années du cycle fondamental en Haïti », AlterPresse, 22 février 2022).

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« Rèbel »

(Espésial dédikas ba lé fanm ki di non)

— Par Daniel M. Berté —

Yo té ka di sé yich démon
Davwè i té nwè kon vonvon
Dapré lé granjan de salon
Mé siwtou i té sa di non

I té ka fè kon jenn gason
Soté maté ek pran plonjon
I té sa goumen kon laron
Ek siwtou i té sa di non

Lè an moun té vréyé an fion
I té ka doubout o filaplon
An ladjè épi vakabon ?
La siwtou pa té ka di non

Dan konba-djol pou ni rézon
I té ni argimantasion
I pa té moun konparézon
Mé siwtou i té sa di non

Radi adan konversasion
I pa té manchot an-aksion
Toujou paré pou ba’y baton
Pas siwtou i té sa di non

Té di lonnè pou Neg mawon
Pou lé kakolè ki pran plon
Tousa ki za monté o fron
Mé siwtou ki té ka di non

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« Déchoukay 2020 », de Daniel Boukman

Par Térèz Léotin —

Le texte Déchoukay 2020 an laposésion ek kat estasion de Daniel Boukman dont la densité égale la qualité vient de paraître aux Éditions l’Harmattan, avec des illustrations de David NÉ. Cet ouvrage, de par les « cric » et les « crac », appels incantatoires qui provoquent sur l’auditoire l’effet de les tenir constamment en éveil, a la grande originalité de faire penser, à prime abord, qu’il s’agit d’un conte, mais n’en est-ce pas un, en réalité ? Au fil de sa lecture, on se sent vite happer, par l’éloquence théâtrale de Daniel Boukman, écrivain Martiniquais à qui l’on doit de nombreux ouvrages dont des pièces de théâtre. Boukman à sa manière bien particulière, nous conduit vers une actualité récente, inattendue, celle que le titre évoque, pour laquelle une frange de la population penserait vivre là un malaise.

L’auteur fait l’analyse d’une situation sérieuse, pour que chacun se donne le temps de s’interroger. Il nous parle de pauvres marionnettes, victimes de leurs nostalgies, et de leurs peurs, toujours les mêmes, qui s’en remettent à leurs souvenirs de passés, soi-disant glorieux, qu’ils semblent regretter.

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Sélection « Textes en Paroles » de textes dramatiques pour la jeunesse 2022.

— Communiqué de presse —

Textes En Paroles et son Comité de Lecture Jeune Public ont le plaisir d’annoncer leur Sélection de Textes Dramatiques pour la Jeunesse 2022, issue de l’appel à écriture théâtrale jeunesse lancé en août 2021.

Pour la deuxième fois depuis sa création, l’association Textes En Paroles a lancé, en août 2021, un appel à écriture théâtrale portant sur des textes inédits, en langue française et/ou en langue créole, spécifiquement destinés au jeune public1.

1 Public des collèges ou des lycées

Cet appel à écriture s’inscrivait dans le cadre du 1er Juin des Ecritures Théâtrales Jeunesse, une manifestation participative initiée et coordonnée par Scènes d’enfance-Assitej France, soutenue par le ministère de la Culture, la SACD et placée sous le haut patronage du Ministère de l’Education Nationale.

Pour cette deuxième édition, des œuvres nous sont parvenues de France hexagonale, Guadeloupe, Guyane, Haïti, Martinique et de la République Démocratique du Congo (dont les auteur(e)s sont originaires ou résidents).

Parmi ces œuvres, cinq textes ont été sélectionnés, sous anonymat par le Comité de lecture Jeune Public de Textes En Paroles.

ŒUVRES LAUREATES (par ordre alphabétique)

A contre-courant, NOS LARMES !,

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Poésies Carnaval

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Du rôle poitique du carnaval

Durant le Moyen-âge
revenait chaque année
une “fête des fous”
faisant un roi du gueux
et du mortel un dieu
quand le fou devient sage
et le maître un esclave
car pendant vingt-quatre heures
s’inversaient tous les rôles…

Cela serait fort drôle
hormis la perspective
non dénuée de peur
d’avoir à rendosser
sa peau un peu plus tard,
modérant l’invective
et revanche effectives
qui se pourraient payer
un prix trop élevé,
la fête terminée…

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