Catégorie : Littératures

Refusons l’inhumain ! Les écrivains aux côtés des migrants

— Par le Groupe de recherche Achac —

Dans l’ouvrage collectif Refusons l’inhumain ! Les écrivains aux côtés des migrants (Philippe Rey, 2022), dirigé par le romancier Patrick Chamoiseau et la codirectrice du festival littéraire Étonnants Voyageurs Mélani Le Bris, vingt-trois écrivains — dont Mohamed Mbougar Sarr, Michel Agier, Achille Mbembe, Sébastien Thiéry, Pascal Blanchard, Éric Fottorino, Alexis Jenni, Christiane Taubira ou encore Souleymane Bachir Diagne — plaident pour la mise en place de la politique mondiale de l’hospitalité voulu par les regrettés Mireille Delmas-Marty, grande figure de l’humanisme juridique, et Michel Le Bris, écrivain et fondateur d’Étonnants Voyageurs. Les droits d’auteur de l’ouvrage seront reversés au Gisti, association d’aide aux migrants. Le festival Étonnants Voyageurs, la week end dernier leur a rendu hommage autour de ce livre-événement.

La guerre en Ukraine a révélé que les politiques migratoires des pays européens sont sélectives et discriminatoires. En effet, l’Europe a déployé des moyens considérables pour venir en aide aux exilés ukrainiens, trouvant en un temps record ressources et logements pour les accueillir, après plusieurs années de refus politique d’accueillir les réfugiés venant d’Afrique et du Moyen-Orient.

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« Le droit au bonheur » & « Bonheur », de Patrick Mathelié-Guinlet

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Le droit au bonheur

Certes, la vie n’est pas un long fleuve tranquille
quand, pris dans les remous qui agitent nos îles,
il y a des limites à ce qu’un homme endure
même si celui-ci est épris d’aventure…

Car les temps, aujourd’hui, sont devenus très durs
et il ne faudrait pas que trop longtemps ça dure
quand même, à naviguer sur des flots tumultueux,
l’expérience à la fin nous a rendus habiles…

Mais plus facilement on lâche ses cheveux
quand l’environnement a cessé d’être hostile !
Profiter du bonheur avant d’être trop vieux

est dans le fond ce que tout être normal veut :
vivre heureux et libre au milieu de la nature
et y être amoureux est ce qu’il y a de mieux !

Fumées

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Baudelaire jazz !

Avec Patrick Chamoiseau (texte et voix), Raphaël Imbert (saxophones, clarinettes, voix), Yasmina Ho-You-Fat (voix), Pierre-François Blanchard (piano), Celia Kameni (chant), Sonny Troupé (percussions, tambour ka), Nadir, (slam et danse), Solann (chant), Mbaé Tahamida Soly, (slam, poésie)

Patrick Chamoiseau et le saxophoniste Raphaël Imbert ont en commun le goût de la poésie et du jazz. C’est à l’occasion d’une résidence au musée d’Orsay à Paris, que l’auteur martiniquais, l’un des écrivains majeurs du monde contemporain, s’est plongé dans l’œuvre de Baudelaire dont il est certain que la liberté a nourri celle de Césaire, Glissant ou Fanon. La liaison entre la structure rythmique des mots du poète du XIXe siècle et celle du jazz a jailli comme une évidence pour ces deux grands artistes qui n’aiment rien tant qu’aller puiser aux racines d’une œuvre pour mieux
en faire surgir la modernité (on se souvient du merveilleux album Bach Coltrane de Raphaël Imbert).

Accompagnés par plusieurs artistes, évoluant dans des univers musicaux différents (jazz, rap…) , Patrick Chamoiseau et Raphaël Imbert convoquent, deux cents ans après sa naissance, un Baudelaire inattendu qui, à l’instar du blues, fait surgir la beauté du mal.

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Du 26 au 28 mai 2022, c’est mai poésie dans l’île d’Aimé Césaire !

Un festival d’un genre majeur en Martinique du côté de la commune de Saint-Esprit organisé par l’association Balisaille. Cet évènement articulé autour du thème « ‘’Parler poésie’’ a bénéficié du soutien de la DAC martinique, de la ville du Saint-Esprit qui a su faire de ce festival une activité phare de la commune à l’approche de sa fête patronale, et de la ville de Fort-de-France qui a mis à notre disposition la maison d’Aimé Césaire pour accueillir notre soirée du 27 mai 2022, en hommage à Jacques Stephen Alexis », a fait savoir le président de l’association, Daniel Boyer-Faustin tout en insistant que ce thème est tiré d’un texte inédit du grand poète Monchoachi.

Lire aussi : Widad Amra :  » Connaitre deux pays, deux histoires, c’est aller à l’universel »

Il a indiqué que cette grande fête de la poésie accueillera des auteurs de renommée internationale. Parmi eux, Joby Bernabé, Francis Combes, Raphaël Confiant, Patricia Latour, Lyonel Trouillot.

Qui sera l’invité d’honneur pour déployer les ailes de la poésie en ces instants ?

« La poétesse Widad Amra est notre invitée d’honneur, une manière pour nous de saluer le courage et l’audace de cette femme qui a tenu, parallèlement à son activité d’enseignante, à parler la poésie ».

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Fête de ma mère

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Si tu n’avais pendant neuf mois
partagé la Vie avec moi
dès le début de cette histoire…

Si tu n’avais pas pas à pas
avec amour guidé mes pas,
apprenant la vie à l’enfant
pour qu’il devienne fort et grand…

Si je n’avais pas de mémoire
et n’étais pas reconnaissant
pour toi qui n’as cessé de croire
en moi parce que simplement
j’ai chance d’être ton enfant,
sans réserve me soutenant
dans les revers et les déboires…

Mais ça n’est certes pas le cas !
Alors, à soixante-dix ans,
je veux que tu puisses de moi
être fière et voilà pourquoi
aujourd’hui encore une fois,
même si je vis loin de toi,
je n’en suis pas moins toujours là
pour te souhaiter : « Bonne fête, Maman ! »

Patrick Mathelié-Guinlet

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L’état des lieux de la didactique du créole dans l’École haïtienne, une synthèse (1979 – 2022)

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans une étude d’une grande amplitude analytique, « La didactique du créole en Haïti : difficultés et axes d’intervention », le linguiste haïtien Wilner Dorlus dresse un état des lieux similaire pour l’essentiel aux observations de terrain formulées quelques années plus tard par d’autres linguistes, notamment Renauld Govain (2013, 2014, 2021), Fortenel Thélusma (2018, 2021), Guerlande Bien-Aimé (2021), Bartholy Pierre Louis (2015), ainsi que Benjamin Hebblethwaite et Michael Weber (2012). L’étude de Wilner Dorlus a été élaborée en vue de sa participation aux Journées d’études sur la graphie et la didactique du créole organisées en 2008 par le CRILLASH (Centre de recherches interdisciplinaires en lettres, langues, arts et sciences humaines) de l’Université des Antilles en Martinique, et elle a été reproduite en 2020, avec l’aimable autorisation de l’auteur, sur le site www.berrouet-oriol.com. Professeur de communication créole au Lycée Anténor Firmin et enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti, Wilner Dorlus examine avec pertinence (1) « le contexte dans lequel a émergé [le créole] comme discipline dans l’enseignement haïtien » ; (2) « la façon dont l’enseignement de la discipline en question est défini par le curriculum de l’École fondamentale » ; (3) « le discours didactique à travers lequel passe cet enseignement, sans négliger l’imbroglio terminologique que reflète (…) « le champ conceptuel de la grammaire du créole en Haïti », alimenté par tous ceux-là qui, pour une raison ou pour une autre, s’estiment bien placés pour marquer de leur empreinte le domaine de la réflexion sur le créole ».

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Pa sav… Sav

— Par Daniel M. Berté —

Tè-a ki manjé’y-la kon agoulou-gran-fal
Lariviè ki chayé’y magré i pa té pou’y
Lanmè ki pa janmen ka rifizé ayen
Yo piès pa té sav

Bertélia ki simen’y pou té nouri yich-li
Pwason ki benyen adan’y a la jwet-mabouya
Charanson ki sisé’y pas i té pran’y pou sik
Yo piès pa té sav

Krab ki té ka tété’y adan labou mang-la
Sèpan té ka dòmi adan réjim bannann
Mayengwen ek moustik té ka ponpé san moun
Yo piès pa té sav

Chien ki ka ralé moun menm si yo pres touni
Patat ki pran bato pou té alé lot-bò
Menm Kovid ki pran kan an péyi Matinik
Yo piès pa té sav

Kapitalis voras ki té lé fè lajan
Dépité ki mandé yo ba’y dérogasion
Minis ki san fouté signé lé zié fèmen
Yo, yo té sav

Doktè ki dénonsé danjé katastrof-la
Lé média ki mandé mété milié an sa
La jistis ki jijé an jijman jé-malen
Yo, yo té sav

Kontaminé ki mò an soufrans maladi
Popilasion méprizé ka viv an dézawa
Militan angajé ka goumen piétapié
Yo yo té sav

Tousa ki té ka wè katastrof envizib-la
Lé menm ki té ka tann katastrof silansié-a
Epi té ka santi katastrof sournwa-a
Yo, yo té sav

Daniel M.

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« 22 mai 1848 », « Mémoire d’une seule traite » & « Invocation »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

22 mai 1848
I
L’or rouge de l’Afrique a menotté mes yeux
pour toujours obsédés par le son du tambour.
Ces mains battant la peau de joie ou de douleur
dont déborde le cœur des hommes de couleur
conjurant tous les dieux des jungles et des cieux
pour oublier le poids de leur destin trop lourd,
racontant l’épopée d’un trajet sans retour,
d’un exil au delà des terres des ancêtres,
subissant sous le joug insensible de maîtres
cruels l’injustice du légal code noir
qui fait dans la terreur d’un monde sans amour
l’espérance de vie rimer au désespoir.
C’est pourquoi aujourd’hui vient le besoin d’écrire,
d’exorciser enfin le triste souvenir
afin que désormais avec moi puisse dire
tout homme sensé : “L’ESCLAVAGE, JAMAIS PLUS !”

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Longue vie au festival Mai.Poésie

— Par Jean Erian Samson —

Le monde est en manque de poésie, le constat est clair. La parole poétique est portée par une minorité, que je considère comme des combattants. Les actes poétiques sont moindres et le Poème est malheureusement peu circulé, sinon quelques tentatives qui émergent des sphères alternatives, des collectifs où cette parole demeure. Nous pouvons facilement inventorier ces espaces d’ailleurs qui prennent formes de revues, de tribunes ou de festivals. Je pense comme l’a dit Constant, dans la revue Cobra en 1949, que « C’est notre désir qui fait la révolution » et j’ajoute que la révolution n’est nullement possible sans s’accrocher à l’auro poétique qui émane du plus profond de nous-même et qu’on ignore souvent. Tout ça pour vous dire combien l’intérêt que représente ce nouveau festival de poésie est grand.

Il est urgent de parler la poésie, de la faire parler surtout ; on a souvent tendance à étouffer la parole des arbres, le chant des oiseaux, le murmure des vagues, et parler à leur place. Oui, il est urgent de donner voix au Poème, le seul, je dis bien le seul qui peut nous dédouaner des blessures béantes qui agonisent le monde, l’unique brèche fragile où la beauté se glisse.

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Balisaille : parler la poésie

Mai.Poésie / Festival d’un genre majeur 26-28 mai 2022 au Saint-Esprit

 Liminaire

Aimé CÉSAIRE : ce nom seul suffirait à faire de la Martinique une terre de poésie. Le rayonnement planétaire, la puissance du verbe, la magnificence des images de l’auteur du « Cahier d’un retour au pays natal », en font l’un des plus grands poètes du vingtième siècle. Cependant, paradoxalement, pendant que le roman, le théâtre, voire le conte ou le slam tiennent le haut du pavé, la poésie y paraît délaissée.

MONCHOACHI, en dépit de la force tellurique de sa poésie, n’est pas connu au-delà de certains cercles d’initié.e.s, et n’en demande pas davantage puisque volontairement il s’est retiré sur les hauteurs du Vauclin, d’où il ne serait sorti pour se montrer en public que deux fois en dix ans.

S’il ne s’agit nullement de dire que, comme l’auteur de « Lémistè », la poésie se fait rare au pays de Césaire, il est néanmoins évident que d’un point de vue strictement institutionnel celle-ci a encore à faire sa place dans le paysage culturel de l’île.

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La néologie scientifique et technique créole à l’épreuve des mirages du « monolinguisme de la surdité historique » en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’article « L’aménagement du créole doit-il s’accompagner de « l’éviction de la langue française en Haïti » ? » (Robert Berrouët-Oriol, Le National, 10 mai 2022) expose que « Le « monolinguisme de la surdité historique » est (…) un monolinguisme de l’enfermement idéologique sur les plans patrimonial, littéraire et juridique. De la sorte, il promeut auprès de l’ensemble des locuteurs haïtiens une sorte de demi-citoyenneté, et c’est également sur ce registre qu’il faut situer son opposition au partenariat créole-français ainsi que son incapacité à œuvrer à la didactisation du créole et à l’élaboration d’outils didactiques et lexicographiques de haute qualité scientifique en créole. » Dans le même article, il est précisé que « Le statut et le rôle des langues dans l’apprentissage scolaire en Haïti constituent un sujet majeur de société et ils ne doivent pas être traités de manière biaisée et selon les paramètres réducteurs et aveuglants de l’enfermement idéologique qui caractérise les discours propagandistes des Ayatollahs du créole. » Cette manière d’éclairer le noyau central du discours des « créolistes » fondamentalistes sur la question linguistique haïtienne doit être davantage explicitée afin de conforter la nécessité du recours aux sciences du langage pour mieux apprécier les enjeux d’un débat qui se situe à la croisée de la linguistique, de la didactique et de l’éducation.

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La pré-sélection du jury du Prix international de l’invention poétique et de la traduction en langue.s créole.s

À l’appel à textes de la première édition de BALISAILLE—Prix international de l’invention poétique et de la traduction en langue(s) créole(s) — près d’ une cinquantaine de textes ont été soumis, dont les deux tiers ont été produits en langue française.

Cette première salve de productions en provenance de nos territoires majoritairement créoles, créolisés ou créolophones démontre la prolixité de nos imaginaires, laissant poindre une apparente dominance du français. Pourtant, les géographies des impétrant.e.s interrogeraient ce déséquilibre, avec une majorité de poèmes en provenance d’Haïti. Cela n’enlève rien à la qualité de ce concours dont la récompense sera la publication du recueil de la ou du gagnant.e. Une tâche qui requiert rigueur, attention et équité.

Au-delà des considérations paritaires de genre et d’origine géographique, le critère de sélection primordial demeurait la qualité de l’inventivité poétique, du lyrisme des auteur.rice.s considéré.e.s.

Les travaux des membres du jury ont été entamés sous ces auspices et, après une première délibération le dimanche 8 mai 2022 en réunion virtuelle, une pré-sélection de trois textes finalistes ont été distingués dans chacune des catégories:(textes en langue française et textes en langue(s) créole(s).

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L’aménagement du créole doit-il s’accompagner de « l’éviction de la langue française en Haïti » ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans l’article « Réforme éducative ou coup d’État linguistique ? » (Le National, 5 mai 2022), un texte adossé à son ample connaissance du système éducatif haïtien et qui s’avère également courageux sur le plan politique, Patrice Dalencour –docteur en philosophie, enseignant de carrière et ancien ministre de l’Éducation nationale–, porte un regard critique sur des sujets qui interpellent. À travers cet article, Patrice Dalencour interroge avec à-propos deux réalités du paysage sociolinguistique et éducatif haïtien qui méritent d’être bien comprises. L’auteur interpelle en effet (1) l’une des plus récentes dérives politico-administratives de l’actuel ministre de facto Nesmy Manigat relative au financement des manuels scolaires ; (2) le chimérique mantra des Ayatollahs du créole ciblant l’éviction de la langue française en Haïti et/ou sa relégation, dans le système éducatif national, au rang d’une langue étrangère aux côtés de et avec le même statut que l’anglais et l’espagnol. Il y a lieu de souligner que Patrice Dalencour est le second ex-ministre de l’Éducation qui ose –en dépit du climat d’insécurité généralisée lié au cartel politico-mafieux du PHTK–, faire entendre publiquement une parole critique cohérente sur des sujets relevant à la fois de l’éducation formelle et de la gouvernance politique de l’éducation dans ses rapports avec la question linguistique en Haïti.

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Le Goncourt du premier roman décerné à Étienne Kern

Paris – Le prix Goncourt du premier roman a été décerné mardi à Étienne Kern pour « Les Envolés » (éditions Gallimard), inspiré de l’histoire d’un homme qui tenta de voler depuis la tour Eiffel.

Ce professeur de lettres a signé un récit sensible sur le destin de Franz Reichelt, immigré autrichien qui en 1912 se tua, devant les caméras, en s’élançant du premier étage de la tour avec un parachute de sa fabrication. 

Salué par la critique, ce roman de la rentrée littéraire 2021 était entré dans la sélection des prix Renaudot et Femina, avant d’être écarté. 

Le prix Goncourt de la nouvelle est allé au Belge Antoine Wauters pour « Le Musée des contradictions » (éditions du Sous-Sol), recueil de 12 discours de révoltés. 

Cet auteur enchaîne les prix littéraires français, après le prix Marguerite Duras en octobre puis le prix Wepler en novembre pour son roman « Mahmoud ou la montée des eaux » (éditions Verdier)

Le prix Goncourt de la biographie Edmonde Charles-Roux a couronné le journaliste Jean-Pierre Langellier pour « Léopold Sédar Senghor » (éditions Perrin)

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Senpiè brilé…

— Par Daniel M. Berté —

Pèlé gwondant, Pèlé tranblant, Pèlé fimant…
Eripsion

Laviè monté, laviè gonflé, laviè démonté…
Inondasion

Bet débousolé, bet épouvanté, bet afolé…
Dézoriyantasion

Foul énervé, foul, angwasé, foul débiélé…
Terbolizasion

Zotorité ignorant, zotorité antétant, zotorité rasirant…
Eleksion

Montàn kolè, montàn doulè, montàn malè…
Déflagrasion

Nyé brilant, nyé gazant, nyé ardant…
Esplozion

Kay krazé, kay éfondré, kay ratibwazé…
Destriksion

Bato touché, bato flanbé, bato koulé…
Disparition

Moun pétrifié, moun fijé, moun estatifié…
Stipéfaksion

Kò kòché, kò brizé, kò toufé…
Lémosion

Senpiè kalsiné, Senpiè éfasé, Senpiè brilé…
Dézolasion

Daniel M. Berté 80522

 

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Le Grand mystère & Chamane

— Par Patrick Mathelié-Guinlet—

Le grand mystère

Vraiment, c’est un très grand mystère
que celui de la vie sur terre !
Par quel miracle la matière
s’est organisée de manière
à s’animer, se reproduire,
évoluant jusqu’à devenir
cet être pensant et conscient,
capable de questionnement
sur le sens de son existence,
d’acquérir tant de connaissances
en si peu de temps pour le faire ?
On aurait dû en être fier
mais, hélas, un plus grand mystère
est à quel point l’humaine espèce,
douée d’une immense intelligence,
pourtant peut manquer de sagesse !

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L’aménagement du créole en Haïti et la stigmatisation du français : le dessous des cartes

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

Édouard Glissant, philosophe et romancier martiniquais : « On ne peut plus écrire son paysage ni écrire sa propre langue de manière monolingue. Par conséquent, les gens qui, comme par exemple les Américains, les États-Uniens, n’imaginent pas la problématique des langues, n’imaginent même pas le monde. Certains défenseurs du créole sont complètement fermés à cette problématique. Ils veulent défendre le créole de manière monolingue, à la manière de ceux qui les ont opprimés linguistiquement. Ils héritent de ce monolinguisme sectaire et ils défendent leur langue à mon avis d’une mauvaise manière. Ma position sur la question est qu’on ne sauvera pas une langue dans un pays en laissant tomber les autres. » (Lise Gauvin : « L’imaginaire des langues – Entretien avec Édouard Glissant », revue Études françaises, 28, 2/3, 1992 – 1993, Presses de l’Université de Montréal, 1993.)

La récente cabale, sur fond de « duperie argumentative », lancée par l’un des principaux Ayatollahs du créole à l’encontre du linguiste Rochambeau Lainy est riche d’enseignements (voir mes articles « L’unilatéralisme « créoliste » sectaire et dogmatique du linguiste Michel DeGraff contesté par le linguiste Rochambeau Lainy : documents à consulter » (rezonòdwès, 14 avril 2022) et « Ayatollahs du créole : la « duperie argumentative » est un procédé toxique dans le débat sur la question linguistique haïtienne » (Le National, 21 avril 2022).

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9 bel kont Grimm, Perrault épi Andersen an kréyol Gwadloup épi Matinik

Sortie en librairie du recueil des 9 contes les plus célèbres de Grimm, Andersen et Perrault en créole traduits par Hectour Poullet et Marie-José Desnel.

Un livre de 144 pages avec les contes Blanche-Neige, Cendrillon, La Belle au bois dormant, Le vilain petit canard, Le petit poucet, Le chat botté, La petite sirène, Le petit chaperon rouge et Raiponce en créoles de Guadeloupe et de Martinique.

– Titre : 9 bel kont Grimm, Perrault épi Andersen an kréyol Gwadloup épi Matinik
– Collection : Livres jeunesse en français et créoles de 144 pages
– Format : 21,8 X 28,7
– Auteurs : Gustavo Mazali et Poly Bernartene
– Traducteurs : Hector Poullet et Marie-Josée Desnel
– Date de sortie en librairie : 8 février 2021
– ISBN : 9782373110760
– Prix TTC : 16,30 €
– Résumé :  Les contes Blanche-Neige, Cendrillon, La Belle au bois dormant, Le vilain petit canard, Le petit Poucet, Le chat botté, La petite sirène, Le petit chaperon rouge et Raiponce en créoles de Guadeloupe et de Martinique.

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Aux marginaux

— Patrick Mathelié-Guinlet —

Entre le ciel et l’océan
il y a des oiseaux qui nagent
ainsi que des poissons volants…
Tout ça pour dire qu’il est sage
de vivre parfois à la marge,

quittant le confort de sa page
ou bien le doré de sa cage
quand on désire davantage
que ce que le destin écrit
dans le grand livre de la vie…

À tous ceux qui, mal dans leur peau,
ne se sentent pas à leur place,
qui de la routine se lassent
parce qu’ils en ont plein le dos
d’un quotidien qui les agace…

À ces vilains petits canards
qui sont la risée des conards
ainsi qu’à tous les moutons noirs
qui sont la honte du troupeau,
tous ceux qui rêvent de plus haut,

moi je dédie ces quelques mots
pour leur redonner de l’espoir
et, leur ôtant toutes leurs peurs,
une envie d’aller voir ailleurs
si la vie n’y est pas meilleure…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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Rien ne s’oppose à la nuit

— Par Patrick Chamoiseau —

En pays trop longtemps dominés — là où le libéralisme n’est pas identifié comme négation majeure : où les archaïsmes coloniaux s’éternisent en structures ; où l’individuation est un naufrage consumériste ; où l’envie le désir le vouloir n’habitent que la consommation : l’aide sociale ou bine l’économie ; où la déresponsabilisation collective règne ; où les médias demeurent insignifiants ; où le politique s’enlise dans la gestion et ne mobilise aucune élévation ; où l’impuissance syndicale hoquette en invectives ; où l’activité culturelle, la survivance intellectuelle, désertent l’inouïe complexité du monde ; où misère précarité rancœur sont aggravées par des réseaux sociaux dans lesquels aucun rêve n’est à vivre, pièce idéale affectée à l’agir, nulle espérance dégagée pour l’envol… — en pays trop longtemps dominés,  » rien ne s’oppose à la nuit! »

Elle grandit en France, elle grandit dans le monde, elle œuvre en chacun de nous.

À charge pour ceux qui la refusent encore de réinventer l’aube.

Patrick Chamoiseau, suite au triomphe de la monstruosité Le Pen dans cette monstruosité politique qu’est l »Outremer  » français.

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Pour les 100 ans d’un grand monsieur. Poème : À Jacques Stephen Alexis*

—- Par Jean-Robert Léonidas (médecin et écrivain) —

Dans tes hémisphères précoces où poussaient de grands rêves,
Se dessinaient déjà ta vocation d’esculape
Et ton amour pour les lettres.
Il y a la santé des hommes, il y a le salut de l’homme.
Tu t’es engagé dans le métier de guérir les javarts des estropiés.
Tu t’es laissé aller à la passion de mettre du noir sur du blanc, en toute élégance,
L’autre nom de l’écriture à en croire Mallarmé.
Le passage du stylo à la baïonnette s’impose parfois,
Pour les prédestinés,
Lorsque le coup de gueule des mots
Ne donne pas sa mesure et n’atteint pas sa cible.
Alors se pointe l’action, le pas de côté que le commun des plumitifs ignore.
Quelle chrysalide ne rêve pas d’escalader les airs
Et d’aller fleurter avec la stratosphère ?
Sinon, le firmament serait un mythe et la sublimation un mensonge.
À quoi sert-il de recouvrer la santé, si le salut n’est pas le but ?
Si l’on ne s’investit pas dans la conquête de l’univers et de son sauvetage ?
À quoi servent la rose et son nom si on ne s’est jamais piqué le doigt
En bouturant une tige dans le terreau de la douleur ?

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Ayatollahs du créole : la « duperie argumentative » est un procédé toxique dans le débat sur la question linguistique haïtienne

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« duper » (verbe transitif )

  • Faire prendre à quelqu’un le faux pour le vrai ; tromper, abuser, mystifier / Ses escroqueries ont dupé bien des naïfs. [Dictionnaire Le Larousse]

Débattre du créole dans la société haïtienne est-il un droit, une nécessité, un tabou ou une croisade passionnelle, me demande un correspondant dans un récent courriel ? J’entreprends de lui répondre aujourd’hui par l’exploration de quelques pistes de réflexion et en lien avec le sujet des échanges qui ont eu lieu il y a quelques jours entre deux linguistes haïtiens. Il arrive souvent que les débats sur le créole, et plus largement sur la question linguistique haïtienne, empruntent la voie de propos passionnels et subjectifs émis la plupart du temps par des non-linguistes et parfois par quelques rares linguistes lorsqu’ils cèdent aux sirènes borgnes de l’idéologie. Dans tous les cas de figure, dans un pays où la libre parole et le débat public ont été violemment confisqués par la dictature trentenaire des Duvalier, oser penser, s’attacher à élaborer une pensée analytique et critique est déjà un parti-pris citoyen au creux du vouloir-vivre ensemble dans un futur État de droit.

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Kayé pou an déviré o péyi bòkay

An sonjé pou Emé Sézè ki foukan Abolay an 17 avril

… Initilman, pou anmizé kò’y, kapitenn-la ka pann an gran verg li-a, nèg pli wouspétè-a, oben ka fouté’y an lanmè-a, oben ka fè sé molos féros li-a dévoré’y

Lanégray ki ka santi lonyon fri, ka ritouvé adan san’y ki koulé, gou anmè Lalibèté
Ek i doubout lanégray
Lanégray asiz
doubout san YO té ka atann-li
doubout adan kal-a
doubout adan lé kabin
doubout anlè pon-a
doubout an van-a
doubout anba soley-la
doubout adan san-a
doubout
ek
lib
doubout mé pa kon an fanm fol adan libètè’y ek touni kon topi mabial lanmè ka tounen won-dan- won
ek mili:
pli doubout ki YO té ka atann
doubout adan kòwdaj
doubout a laba
doubout a labousol
doubout a lakat
doubout anba lé zétwal

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À propos de « La désapparition » : entretien avec l’auteur, Gerry L’Étang

— Propos recueillis par Jean-Pierre Arsaye —

Gerry L’Étang nous expose son roman, La désapparition, à paraître aux éditions Project’îles le 5 mai 2022. Suit un extrait du livre.

Pourquoi ce titre : La désapparition ?

C’est une expression d’Édouard Glissant, vraisemblablement forgée à partir du mot créole « dézaparet ». Glissant désigne par-là quelque chose qui a disparu mais pas totalement ; comme quand il dit que les Indiens caraïbes n’ont pas disparu, qu’ils ont désapparu. Il y a dans ce récit, une, des désapparitions.

Quel est l’objet de ce roman ?

– J’ai une obsession : que se passerait-il si le cargo de la Compagnie n’arrivait plus ? Autrement dit, si nous nous retrouvions, nous Martiniquais, seuls face à nous-mêmes. Si la Martinique, pays perfusé où l’on ne produit plus que de l’illusion, était soudainement coupée du monde et devait tenter de survivre. C’est de cette obsession qu’est né cet ouvrage, qui est en quelque sorte un roman d’anticipation. Car la situation décrite ici n’est pas totalement absurde, spéculative. Elle est possible. Je crois d’ailleurs que cette perspective doit hanter bien des Martiniquais.

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Sanctuariser et sacraliser les reliques de la réforme Bernard, un évangile aventureux au mitan du système éducatif haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

En Haïti, la nouvelle n’est pas passée inaperçue parmi les enseignants, les directeurs d’école et les associations d’enseignants : « Pour marquer les 40 ans de la réforme entreprise en 1982 par l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Joseph Charles Bernard, visant de grands changements dans le système éducatif (…) une cérémonie [commémorative a eu lieu] le lundi 4 avril 2022 au lycée national de Pétion-Ville ». Dans les propos officiels tenus durant cette commémoration, un hommage particulier à la réforme Bernard a retenu l’attention. Par cet hommage, l’on a notamment voulu « attirer l’attention sur l’importance de la « Réforme Bernard » considérée comme l’alpha de tous les actes de réforme entrepris dans le système éducatif haïtien depuis les années 80. Le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, en a profité pour souligner les différentes actions en cours et en perspective, liées aux 12 mesures qui suivent presqu’à la lettre la « Réforme Bernard » qui vise le redressement du secteur en vue d’une éducation de qualité, accessible à tous. » (Source : communiqué du Bureau de communication, ministère de l’Éducation nationale, compte Facebook officiel, 4 avril 2022 ; voir aussi l’article « Éducation : le Menfp célèbre les 40 ans de la réforme Bernard, pour un redressement du système éducatif en Haïti », AlterPresse, 5 avril 2022.)

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