Catégorie : Littératures

Financement des manuels scolaires en créole en Haïti : confusion et démagogie au plus haut niveau de l’État

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

[Définition de] « poudre aux yeux » (n) : écran de fumée ; apparences flatteuses mais trompeuses ; faux-semblant ; miroir aux alouettes ; manoeuvre qui cherche à faire impression en faisant illusion (Dictionnaire électronique Reverso, n.d.)

En Haïti et en outre-mer, la nouvelle a retenu l’attention de nombreux enseignants, parents d’élèves, directeurs d’école, rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires : « Le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) annonce la fin du financement des matériels didactiques en langue française, pour les quatre premières années du cycle fondamental (…) Ce financement sera dirigé vers les matériels didactiques en créole, pour les quatre premières années du fondamental (…). » Et « À partir de l’année académique 2022-2023, l’État haïtien ne financera pas, ni ne supportera aucun matériel didactique [en] langue française qui doit servir dans l’apprentissage des élèves des quatre premières années du fondamental » (voir l’article « Suspension du financement des matériels didactiques en langue française pour les 4 premières années du cycle fondamental en Haïti », AlterPresse, 22 février 2022).

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« Rèbel »

(Espésial dédikas ba lé fanm ki di non)

— Par Daniel M. Berté —

Yo té ka di sé yich démon
Davwè i té nwè kon vonvon
Dapré lé granjan de salon
Mé siwtou i té sa di non

I té ka fè kon jenn gason
Soté maté ek pran plonjon
I té sa goumen kon laron
Ek siwtou i té sa di non

Lè an moun té vréyé an fion
I té ka doubout o filaplon
An ladjè épi vakabon ?
La siwtou pa té ka di non

Dan konba-djol pou ni rézon
I té ni argimantasion
I pa té moun konparézon
Mé siwtou i té sa di non

Radi adan konversasion
I pa té manchot an-aksion
Toujou paré pou ba’y baton
Pas siwtou i té sa di non

Té di lonnè pou Neg mawon
Pou lé kakolè ki pran plon
Tousa ki za monté o fron
Mé siwtou ki té ka di non

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« Déchoukay 2020 », de Daniel Boukman

Par Térèz Léotin —

Le texte Déchoukay 2020 an laposésion ek kat estasion de Daniel Boukman dont la densité égale la qualité vient de paraître aux Éditions l’Harmattan, avec des illustrations de David NÉ. Cet ouvrage, de par les « cric » et les « crac », appels incantatoires qui provoquent sur l’auditoire l’effet de les tenir constamment en éveil, a la grande originalité de faire penser, à prime abord, qu’il s’agit d’un conte, mais n’en est-ce pas un, en réalité ? Au fil de sa lecture, on se sent vite happer, par l’éloquence théâtrale de Daniel Boukman, écrivain Martiniquais à qui l’on doit de nombreux ouvrages dont des pièces de théâtre. Boukman à sa manière bien particulière, nous conduit vers une actualité récente, inattendue, celle que le titre évoque, pour laquelle une frange de la population penserait vivre là un malaise.

L’auteur fait l’analyse d’une situation sérieuse, pour que chacun se donne le temps de s’interroger. Il nous parle de pauvres marionnettes, victimes de leurs nostalgies, et de leurs peurs, toujours les mêmes, qui s’en remettent à leurs souvenirs de passés, soi-disant glorieux, qu’ils semblent regretter.

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Sélection « Textes en Paroles » de textes dramatiques pour la jeunesse 2022.

— Communiqué de presse —

Textes En Paroles et son Comité de Lecture Jeune Public ont le plaisir d’annoncer leur Sélection de Textes Dramatiques pour la Jeunesse 2022, issue de l’appel à écriture théâtrale jeunesse lancé en août 2021.

Pour la deuxième fois depuis sa création, l’association Textes En Paroles a lancé, en août 2021, un appel à écriture théâtrale portant sur des textes inédits, en langue française et/ou en langue créole, spécifiquement destinés au jeune public1.

1 Public des collèges ou des lycées

Cet appel à écriture s’inscrivait dans le cadre du 1er Juin des Ecritures Théâtrales Jeunesse, une manifestation participative initiée et coordonnée par Scènes d’enfance-Assitej France, soutenue par le ministère de la Culture, la SACD et placée sous le haut patronage du Ministère de l’Education Nationale.

Pour cette deuxième édition, des œuvres nous sont parvenues de France hexagonale, Guadeloupe, Guyane, Haïti, Martinique et de la République Démocratique du Congo (dont les auteur(e)s sont originaires ou résidents).

Parmi ces œuvres, cinq textes ont été sélectionnés, sous anonymat par le Comité de lecture Jeune Public de Textes En Paroles.

ŒUVRES LAUREATES (par ordre alphabétique)

A contre-courant, NOS LARMES !,

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Poésies Carnaval

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Du rôle poitique du carnaval

Durant le Moyen-âge
revenait chaque année
une “fête des fous”
faisant un roi du gueux
et du mortel un dieu
quand le fou devient sage
et le maître un esclave
car pendant vingt-quatre heures
s’inversaient tous les rôles…

Cela serait fort drôle
hormis la perspective
non dénuée de peur
d’avoir à rendosser
sa peau un peu plus tard,
modérant l’invective
et revanche effectives
qui se pourraient payer
un prix trop élevé,
la fête terminée…

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Les Cafés littéraires du Diamant

— Par Michel Herland —
La Martinique est terre d’écrivains et de lecteurs qui ne sont pas tous écrivains. La Librairie Alexandre n’a pas sombré faute de lecteurs mais à cause de l’impéritie de certains édiles municipaux qui avaient pris la mauvaise habitude de laisser en souffrance les factures de livres et de fournitures scolaires. Pour triste qu’elle soit, la disparition de cette librairie historique du centre de Fort-de-France, de même que les difficultés de la Librairie Antillaise, ne privent pas les Martiniquais de livres, d’autres librairies existent offrant un large choix, depuis les bandes dessinées jusqu’à la littérature la plus raffinée, de quoi satisfaire les curiosité diverses des lecteurs.

Il y a pour autant bien peu d’événements autour des livres. Aussi faut-il saluer l’initiative du directeur de l’hôtel Diamant Les Bains qui a entrepris de prolonger, avec la participation active de Viktor Lazlo, le festival Écritures des Amériques, en organisant des rencontres mensuelles avec un écrivain. Des passionnés de la littérature avaient répondu à l’appel, le 23 février, pour écouter David Foenkinos dialoguer avec Viktor Lazlo avant de se prêter au jeu des questions de la part du public.

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Alé ? Pa alé ?

— Par Daniel M. Berté —

Anlè an group Watsap personnaj kannaval
Té pran kom diskision si fok kouri vidé
Prèmié ki esprimé sé Medsen-lopital
Kovid tro séléra, Manmay fo pa alé !

Moko-zonbi matjé ki I pa pè misié
Pé pa kontaminé lè’y anlè échas-li
Vidé-a sé ta nou fo kouri an lari
Kovid ou pa Kovid, Manmay fo nou alé !

Karolin-zié-kokli di i bien anmerdé
Mari’y za tro boulé épi boug-la grosi
Pandan konfinman-an i pa té ka soti
I manjé trop, i lou, Manmay fo pa alé !

Matlo-sou ek konpè’y misié Brosé-kléré
Argimanté anlè an zafè tradision
Ki apré konfinman fo ni dékonprésion
Pou moun pa ped lakat, Manmay fo nou alé !

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Pour le Mali

à la guerrière Amina Fofana

AMIS REGARDEZ !
Regardez le SOLEIL
Le SOLEIL debout
Au cœur de Bamako

Général flamboyant

Grandiose et mystérieux

Mais le MALI n’est pas seul

Le MALI n’est plus seul

Nous sommes des centaines

Des milliers des millions

Sur tous les chemins
Toutes les routes du monde
Les océans les continents
Le Mali n’est plus seul
Nous sommes constellations
Là-bas la bête blessée dans son orgueil

Hurle de rage de colère et de fureur

Dans la blanche obscurité́ de l’hiver
La bête ulcérée enragée
Se confie à ses tanks
Ses missiles et ses bombardiers

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 « Mi Sé Slam », le 19 février au Lamentin

L’Office de la Culture du Lamentin et le service « Comme chez soi » convient pour « Mi Sé Slam », la scène mensuelle ouverte de slam, les amoureux des mots à venir partager avec les slameurs et, en invités d’honneur, EDS (champion du concours de slam 2021) et Jid, une parole libérée sur le thème « Vavalentin », ce samedi 19 février de 17h30 à 19h30 précises dans les jardins de l’Office de la Culture du Lamentin, 26 rue Pierre Zobda Quitman. Venez avec vos textes et vos oreilles. Gratuit. Contacts : 0596 570218 / 0696738391 Port du masque obligatoire.

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Petit rappel :

Un slam, historiquement poésie orale, déclamé dans des espaces de nature diverse (un bar, un restaurant, un théâtre, un club étudiant, etc.), est un événement, une tribune d’expression, par laquelle les personnes sur scène récitent leur poésie dans la forme qu’elles désirent, chaque événement définissant la palette des formes autorisées. Le Slam est un « outil de démocratisation et un art de la performance poétique » explique la Fédération française de Slam Poésie (FFDSP).

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Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative

À la mémoire de Pradel Pompilus, pionnier émérite de la lexicographie haïtienne.

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

FRAUDE, subst. fém. − Action de tromper, d’abuser autrui

en contrevenant aux règlements, d’employer la ruse pour le mystifier. 

/ Synonymes : tromperie, escroquerie, truquage, tripotage, falsification, maquignognnage, artifice. (Dictionnaire vivant de la langue française, n.d.)

« (…) il n’est pas de production de connaissance robuste et fiable hors du collectif de scientifiques qui s’intéressent aux mêmes objets, faits et questions. La connaissance scientifique doit être mise à l’épreuve et vérifiée par des collègues ou pairs compétents, à savoir ceux qui sont préoccupés par les mêmes questions ou sont pour le moins familiers de la démarche scientifique concernant la matière spécifique (…). » (« Les sciences et leurs problèmes : la fraude scientifique, un moyen de diversion ? », par Serge Gutwirth et Jenneke Christiaens, Revue interdisciplinaire d’études juridiques 2015/1 (Volume 74).

Le sens et la pertinence des termes « fraude » et « frauder » sont apparus au périmètre de ma « mémoire sémantique » (Balota et Coan 2008 ; Laisney, Eustache et Desgranges 2009) lorsque j’ai lu attentivement l’article du linguiste Michel Degraff publié en Haïti dans Le National du 10 février 2022, « Verite se tankou lwil nan dlo ».

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Monchoachi dans sa Fugue vs Fug

— Par Térèz Léotin —

Dans sa Fugue vs Fug, Monchoachi prévient. Il a nommé « dévoiement, une fugue ». C’est, précise-t-il « un décrochage, d’ampleur inégalée, une rupture avec tous les modes antérieurs d’habiter la terre (en occident) …. une rupture que nous appréhendons plus encore au niveau de la langue.» L’ouvrage s’intitule aussi Lémistè 3. Il se trouve être le troisième volume d’un cycle, la suite des deux premiers chants Lémistè 1 et Lémistè 2.

L’auteur « en chaque son tire gravité force toute chose », on poursuit avec lui une quête initiatique pour que « les grappes se répandent invisibles sous la feuillée, s’égoutte l’eau versée sans lasse dans les cribles ò Danaïdes, escartèle, eslaise, esmeut, esbaïe, esgaille, essore, e s s a u r e, et les grappes se répandent invisibles » dans des « espaces déclos que monde éclos ». Des mots comme mouve, délèz, alaiz, blaiz, etc. etc…. se moquent de l’orthographe quelle qu’elle soit …peuplent l’ouvrage dans lequel les mots créoles habillent l’œuvre entre-maillée de mots français, latins, grecs et autres qui se rient du monde en toute liberté, dans un vocabulaire foisonnant qui sans les voyelles nous aurait laissé sans voix.

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Le quattorze février….

Par Patrick Mathelié-Guinlet

Les tétons de Valentine

En ce beau et doux jour
de la Saint-Valentin
toujours voué à l’amour,
que n’ai-je le loisir
de vous dire mon désir ?

Car tel est mon dessein,
je voudrais vous avouer
que je ne sais plus bien
auquel de vos deux seins
je pourrais bien me vouer…

Cruauté du destin,
point n’est de médecin
qui sache me guérir
de cette maladie,
de ce défaut malsain
que j’ai du mal à dire
face à vous, ma lady :
je ne peux pas choisir,
il me faut tout ou rien !…

« Car les tétins de Valentine
sont les tétines de Valentin.»

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Fanm Khokho-a

( Pou Khokho René-Corail ki pati le 13 Février 1998 )

Par Daniel M. Berté —

Fanm fè
Sagé brandi anlè
Négrès détèwminé
Pré a raché-koupé
Pou sa défann piti’y

Fanm frèl
Mé pré a protéjé
Yich-li ki fatidjé ?
Konsi sé manman-poul
Ki ka défann piti’y

Fanm fiè
Doudout pou protéjé
Yich-li ki évanwi ?
Anrajé kon tigrès
Ki ka défann piti’y

Fanm farouch
Désidé a sové
Ti-anmay-li blésé ?
Akondi Mèw Kouraj
Ki ka défann piti’y

Fanm fò
Solid, pa ka ladjé
Ti-anmay-li YO tjwé ?
Pré a krévé lelmi
Pou sa défann piti’y

Fanm foud
Vayant kon Libèté
Ki ka djidé lepeup
Dan tablo Delacroix
Pou sa défann piti’y
Daniel M. Berté 20620

 

(Estati “Liberté” Khokho René-Corail ki Trénel plas 22 Mé Fòdfrans)

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Littératures : nouveautés du 13 février 2022

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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« Comme un arbre planté dans le jardin du bon Dieu », le nouveau roman de Jean-Robert Léonidas

— Présentation par Philippe Selz* —

De quoi s’agit-il ?

Une famille haïtienne éclatée de toutes part, avec une fillette de trois ans donnée en adoption à un vieux couple de Français en mal d’enfant ; et qui devient une belle jeune fille parfaitement éduquée que les circonstances invitent à retrouver ses origines. Un retour dans une Haïti populaire où la prostitution est marque de position sociale, des retrouvailles qui sont autant de signes d’un nouveau bonheur, le tout dans une langue allant du plus délicat à l’acéré le plus aigu, dans un chatoiement de couleurs, de parfums et de sensations, reflets de la vie grouillante d’un peuple à la fois amical et hors du temps. La prose savante et travaillée du poète Jean-Robert Léonidas décrit à merveille la complexité de l’âme haïtienne, ses retournements aussi soudains que fugaces et le bonheur dans le malheur qui semble une constante de ce pays fascinant, où la vie ne tient parfois qu’à un fil. Quasiment une invitation au voyage.

*Philippe Selz est diplomate et auteur.

Ancien chargé d’affaire et ambassadeur en Haïti (1992-95)

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« Emplastik & Torticolis », de Patrick Mathelié-Guinlet

Emplastik

Les mouettes rieuses ont cessé
de rire à gorge déployée
car trop de plastique a bouché
le fond de leur petit gosier…

Si amère est leur destinée
puisqu’elles n’ont pas digéré
le pois(s)on qu’elles ont mangé…
La mer est tellement polluée !

Non, ce septième continent,
ce n’est pas du tout l’Antarctique
mais plutôt “l’Enplastik” flottant

au gré des courants et des vents
à la surface d’un océan,
hélas plus vraiment Pacifique…

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Edouard Glissant foukan…

— Par Daniel M. Berté —
Gran Glissant
Ki mété an « Lézarde » dan « Le Quatrième siècle »
Ki mété an « Malemort » dan « La Case du commandeur »
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ou sé an « Mahagony » adan le « Tout-Monde »
Ou sé an « Sartorius »  ka kriyé: « Ormerod ! »
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
« Soleil de la conscience », ki dépi « Discours antillais »a jiska « Discours de Glendon »a, kondui-nou épi « Poétique de la relation »’y-la, dan an « Introduction à une poétique du divers » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ki mennen-nou épi « Traité du Tout Monde », ek « Boises », an pasan paw « La Cohée du Lamentin », dan an « Nouvelle région du monde », éti nou ka ritouvé lé « Mémoires de l’esclavage » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ki matjé « Quand les murs tombent » ek anségné-nou la « Philosophie de la relation » ; 
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ki chanté ba-nou « L’insoutenable beauté du monde » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ka foukan adan an « Champ d’iles » ki yo kriyé « Les Indes » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ki sé « Le sel noir » di « Terre inquiète » tala, ka rijwenn, san « Fastes », « Pays rêvé pays réel »li, lwen dé « Grands chaos » ;
Edouard Glissant foukan…

Gran Glissant
Ba’y alé épi « Sang rivé », adan « la Terre magnétique ».

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« Pour promouvoir une lexicographie créole de haute qualité scientifique »

Lettre ouverte au MIT Department of linguitics 

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Chers collègues,

La présente lettre ouverte, adressée(*) en anglais et en français au Département de linguistique de l’une des plus prestigieuses institutions scientifiques américaines, le Massachusetts Institute of Technology (MIT), a pour but d’interpeller cette institution au vu et au su de tous, au grand jour, tout en soumettant au débat public une réflexion citoyenne sur le rôle de cette université dans la production/diffusion, à travers le système éducatif haïtien, d’un lexique anglais-créole pré-scientifique et pré-lexicographique de 848 équivalents « créoles » fantaisistes, erratiques et non conformes au système de la langue créole. Intitulé « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative », ce lexique a été manifestement conçu par des anglophones peu familiers de la langue créole et de la culture haïtienne, dépourvus de compétence avérée en lexicographie professionnelle et il constitue l’unique outil lexicographique utilisé par le MIT – Haiti Initiative Project à l’école Matènwa (Île de La Gonâve). Il est également en usage dans des séminaires de formation d’enseignants en dehors de toute évaluation scientifique connue du ministère de l’Éducation d’Haïti.

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Misié Arman

(Ba Armand Nicolas)

— Par Daniel M. Berté —
Chapo-ba Misié Arman
Papa 22 Mé Matnik
Woulo baw Misié Arman
Djoubatè listwa Matinik
Lonnè baw Misié Arman
Rézistan kont lé kolonialis
Rèspé baw Misié Arman
Militan pou la koz Matinitjèz

Chapo-ba Misié Arman
Révélatè Sèptanm 70
Woulo baw Misié Arman
Mèt-a-mannyok PC Matnitjé
Lonnè baw Misié Arman
Fowmatè pèp Matnik
Respé baw Misié Arman
Konbatan pou la koz Matinitjèz

Daniel M. Berté 60315

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Haïti dans le regard de la romancière Maryse Condé

Questionner les failles du pacte autobiographique

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

On ne repasse pas impunément le pont-levis d’un roman, d’un récit ou d’une pièce de théâtre de Maryse Condé, écrivaine guadeloupéenne, l’une des plus grandes voix de la littérature francophone contemporaine et auteure d’une cinquantaine de livres (romans, théâtre, littérature jeunesse, essais). Et l’on émerge abasourdi de la lecture de « La vie sans fards », publié aux Éditions JCLattès en août 2012, qui nous enrichit tant par l’exemplaire quête de vérité et de sens de la romancière, le vouloir-dire son être-au-monde, que par un questionnement qui force la mesure sans pourtant dévitaliser la sonnette d’alarme de l’esprit critique.

« La vie sans fards », on l’aura noté, n’est ni un roman ni un manifeste féministe ni un traité ethnographique sur l’Afrique au temps béni de la décolonisation. Cet ample récit de vie –courageux et éprouvant jusqu’en ses ultimes retranchements, risqué jusqu’à l’aveu d’un viol–, est l’une des plus troublantes autobiographies qu’il m’ait été donné de lire ces dernières années. Dans la terminologie des études comparées en littérature, on dira que la saga de la mémoire, de la maternité ainsi que les séquences reconstituées de la découverte/appropriation de l’Afrique, sont les trois principaux « personnages » déictiques de ce récit de vie.

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Jean-Claude Charles en Martinique

Jean-Claude Charles (1949-2008) est noir, né en Haïti, écrivain (poète, romancier, essayiste), journaliste de presse écrite (Le Monde où il publie des récits de voyage, …) et audio (France Culture,). Poète de « l’enracinerrance », il inaugura sa carrière de romancier avec un livre au titre énigmatique, Sainte Dérive des Cochons (1977). Les éditions Mémoire d’encrier (Montréal) ont entrepris de republier l’ensemble de son oeuvre. Derniers ouvrages parus en 2021 : Manhattan blues (1985) et Ferdinand je suis à Paris (1987). M. H.

Lettre à Vincent et aux autres

Extrait du magazine Revue Noire (1992)

On part de Berlin. On part de Paris, pour aller à Fort-de-France. On y reste quelques jours. On rencontre des personnages passionnants. A la Martinique, j’ai parlé d’écriture, de cinéma, d’amours. Et je me suis souvenu que Schœlcher était au Panthéon. Nous étions nombreux à mériter d’être au Panthéon, disais-je. “Encore faut-il que ça soit une bonne affaire”, a lancé quelqu’un en rigolant. Jours et nuits, nous avons parlé.

On tient un journal de bord.

L’ homme qui a vu. À lui, désormais, de raconter ce qu’il a vu.

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Littératures : nouveautés du 23 janvier 2022

Littératures

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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L’Académie du créole haïtien : autopsie d’un échec banalisé (2014 – 2022)

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’accession toute récente à la présidence de l’Académie du créole haïtien (Akademi kreyòl ayisyen, AKA) du pasteur-linguiste Rogeda Dorcé Dorcil ne semble pas annoncer la fin de ce qui est perçu par certains observateurs en Haïti comme étant une relative emprise du facteur magico-religieux au creux de cette microstructure auparavant dirigée par un pasteur protestant, Pauris Jean-Baptiste, puis par un évêque catholique, Monseigneur Pierre André Pierre. Le pasteur-linguiste Rogeda Dorcé Dorcil dirige une église évangélique, l’Église chrétienne de l’unité à Fort-Jacques/Fermathe et, à Pétion-Ville, un Institut de théologie évangélique. Présumé spécialiste en ethnolinguistique, on ne lui connaît toutefois aucune étude majeure sur le créole haïtien ces trente dernières années, aucun article scientifique sur le créole publié dans une revue de linguistique, aucun livre dédié à l’aménagement du créole dans le système éducatif national…

L’arrivée d’un pasteur-linguiste à la présidence de l’Académie du créole haïtien, qui ne compte que quatre linguistes en son sein, est l’occasion d’actualiser le bilan de l’action de cette microstructure prématurément créée par la Loi du 7 avril 2014. L’idée d’actualiser le bilan de l’action de l’AKA procède, à l’aune du principe de la reddition des comptes dans l’Administration publique, du souci de soumettre à l’analyse critique toute entreprise en lien avec l’aménagement des deux langues de notre patrimoine linguistique historique, le créole et le français.

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Rézolision 2022

— Par Daniel M. Berté —

Lanné pasé telman man kriyé
Man pété kod vocal-mwen
Adan an kannaval pa koté Bòdkannal
Anmizasion ? Avéglasion ? Aksion ?

Lanné pasé telman man maché
Man izé plat pié-mwen
Kon an mòso lakré si tablo lékolié
Manifestasion ? Kontestasion ? Opozision ?

Lanné pasé telman man anrajé
Man ladjé kolè-mwen
Kon mové lariviè andidan gran lanmè
Protestation ? Barajizasion ? Déterminasion ?

Lanné pasé telman man gadé
Man krévé an zié-mwen
Kon vié soulié izé afos i pòté
Kontanplasion ? Kouyonnizasion ? Vizion ?

Lanné pasé telman man touché
Man tjenbé lanmen-mwen
Kon kotjen an pòch vowrien
Volasion ? Arestasion ? Lopsion ?

Lanné pasé telman man kouté
Man bouché zorey-mwen
Kon boutey épi bouchon-fey
Féknwouzasion ? Antétasion ? Sispision ?

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Littératures : nouveautés du 16 janvier 2022

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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