Catégorie : Littératures

Bel ek bon lanné 2023 ba tout moun

— Par Daniel M. Berté —

Tan 2023

Nou za pasé an patjé mové pas
– Nou pa ped fwa
Nou za sibi an kantité vié traka
– Nou pa ped lespwa
Nou za pran an chay kalot laviya
– Nou pa ped lavwa

Nou za pran kou ki kou
Nou za pran kalot ki kalot
Nou za pran fè ki fè

An tan Lesklavaj…
Nou lévé… Vidjò !
An tan Wobè …
Nou lienné… Fò !
An tan Kovid…
Nou kakolé… A mò !

An tan tout mové tan…
– Nou toujou fè fos an vansan
– Nou toujou fè bek an gouman
– Nou toujou fè fron an rézistan

Nous za pasé dé bel moman
– Nou té dan lanchantman
Nou za viv dé bel labonm
– Nou té dan lakontantman
Nou za pran-pyé-nou a fon
– Nou té dan lépànwisman

Nou za rigolé an rigolad
Nou za anmizé an anmizman
Nou za fété an fétaj

An tan La-nwel…
– Nou kantiké… Vidjò !
An tan Kannaval…

– Nou vidéyé… Fò !
An tan Grann-vakans…
– Nou vakansé… A mò !

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Amanda Gorman : «La poésie est une tradition vivante, même si elle reste souvent le domaine de mâles blancs, âgés ou morts»

— Par Pascaline Potdevin —

Lors de l’investiture de Joe Biden, elle a frappé les esprits en lisant un de ses propres poèmes. Engagée dans l’alphabétisation, cette globalchangemaker d’Estée Lauder est devenue une icône millennial et une voix puissante en Amérique.

Ses mots sont limpides, pesés avec soin et énoncés sans l’ombre d’un balbutiement. Au téléphone, depuis la côte Ouest de l’Amérique, les phrases d’Amanda Gorman étincellent à côté de notre anglais un peu rouillé. Elle balaie nos gênes d’un éclat de rire : «Ça me rappelle une anecdote : quand j’étais petite, je n’arrivais pas à prononcer les “r”. Je faisais de l’espagnol, mais mes professeurs me disaient que j’aurais dû prendre le français car vos “r” sont plus doux. C’est moi qui ai raté le coche en n’apprenant pas votre langue. Alors ne vous excusez pas !»

L’investiture de Joe Biden

Derrière ces «r» réfractaires, on trouve un des fondements de l’histoire d’Amanda Gorman : celle d’une enfant noire souffrant d’un problème d’audition et d’élocution, devenue, à 22 ans, la plus jeune poétesse à déclamer un texte lors de l’investiture du plus vieux des présidents américains – Joe Biden, un homme blanc de 78 ans (lui-même jadis handicapé par un bégaiement).

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Toute la lexicographie haïtienne doit être arrimée au socle méthodologique de la lexicographie professionnelle

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La complexe situation linguistique haïtienne est l’objet, depuis de nombreuses années, de recherches et d’études diverses qui ont contribué à son déchiffrement sur les plans historique, syntaxique, phonologique et lexical. Elle soulève aussi des passions nourries d’approximations, de poncifs et à de clichés qui, la plupart du temps, relèvent de certains partis-pris idéologiques. Malgré cela, il faut admettre que tout citoyen haïtien, peu importe son domaine de spécialisation et d’activité, a le droit de s’exprimer sur la problématique linguistique haïtienne et sur le créole. Il le fait selon sa vision du monde et selon sa compréhension des rapports entre les langues dans la société haïtienne. Les linguistes ont l’obligation d’écouter le propos des non-linguistes et de chercher avec eux à promouvoir une vision rassembleuse fondée sur les sciences du langage. C’est aussi en cela que réside l’une des caractéristiques du débat d’idées, nécessaire, argumenté et documenté, lorsqu’il entend être enrichissant.

À contre-courant du débat d’idées, argumenté et documenté, porté par diverses voix dans la sphère publique, il arrive également que quelques rares intellectuels ou universitaires quittent leurs domaines de compétence pour s’aventurer sur le registre obscur de la diatribe, de la cabale et de l’injure à défaut de pouvoir tenir un discours scientifique sur la complexe situation linguistique haïtienne.

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« Le monde sans fin », livre le plus vendu en 2022 en France

Après Astérix en 2021, c’est une autre BD qui a été le plus gros succès de librairie cette année : « Le monde sans fin » de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain.

La BD « Le monde sans fin » a été le livre le plus vendu de l’année 2022, selon le palmarès publié par GfK – Livres Hebdo. Elle est l’œuvre conjointe du spécialiste du climat et de l’énergie Jean-Marc Jancovici et du dessinateur Christophe Blain. Sortie au dernier trimestre 2021, elle a été écoulée cette année à 514 000 exemplaires.

Viennent ensuite « L’affaire Alaska Sanders », de Joël Dicker (432 000 exemplaires) et « Le Grand Monde », de Pierre Lemaître (335 000 exemplaires), dont la suite sortira début janvier.

En 2021, c’était déjà une BD, « Astérix et le Griffon », qui était arrivée en tête, avec plus de 1,5 million de ventes. Le 40e album, dont Fabcaro sera le nouveau scénariste, doit sortir le 26 octobre 2023.

Petit cru pour le Goncourt

Si l’on regarde du côté des prix littéraires, le Goncourt ne pointe qu’à la 28e place.

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L’Arbre, une histoire d’inceste où la créativité n’a plus de limite.

Présentation par l’autrice —

L’histoire d’une martyre du XXIe siècle recherchant Lumière entre désespoir et inhibition du cœur. L’histoire d’une âme flânant entre obscurité et amour incestueux entre un père et sa fille. Un père qui aime sa fille plus que tout. Un père qui fait de sa fille sa maîtresse. Un père n’ayant aucune limite morale. L’histoire d’un triangle amoureux où la mère se porte garant d’accepter de ne rien dire, de nier l’évidence jusqu’à en devenir jalouse. L’histoire d’une société imaginairement vérité qui scrute les moindres détails de la psychologie humaine. Voici ce qu’est l’Arbre pour ne pas dire l’Âme.

Les mots en deviennent même complice de cette torture psychologique. Les mots violents qui surgissent dans maison et cabane du bonheur malheureux de la créativité. L’Arbre mourant d’inanition de mots, choisit de ne perdre cette dernière. Sa créativité qui la pousse à choisir son père plutôt que son bonheur personnel. Sa créativité qui la domine, la contrôle et la paralyse dans ses choix de vie.

Solitude, son fidèle ami, ne peut que l’écouter et lui conseiller. Le courage, ne faisant partie de sa nature, il se fait spectateur devant tant d’horreur poétisée.

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« Célestine », un roman de Sophie Wouters

« Cette nuit, j’ai lu Célestine. Ton texte m’a bouleversée, je n’ai pas pu m’arrêter. Je te dois une nuit blanche. »

Amélie Nothomb

Célestine est le premier roman de Sophie Wouters, artiste-peintre vivant à Bruxelles, qui démontre ici son talent à peindre l’âme humaine… avec des mots.
Nous sommes au tout début des années soixante, dans un village de la France profonde où le destin de Célestine se dessine dès sa naissance. Elle naît un 14 juillet sur le bord de la route où ses parents viennent d’avoir un accident de voiture. Recueillie par de lointains parents qui n’avaient jamais voulu d’enfants, elle va grandir auréolée de sa beauté extraordinaire et de sa grande intelligence. Mais alors que démarre le récit, Célestine a dix-sept ans et comparaît devant la cour d’assises des mineurs. Jugée pour meurtre, elle a décidée de garder le silence.
Publié en Belgique en 2021, Célestine a rencontré un très grand succès ; elle a reçu le prix Chapel 2021 et le Manneken-Prix de l’auteur bruxellois 2022.

Sophie Wouters
Artiste-peintre, Sophie Wouters vit à Bruxelles. Pendant plus de vingt ans, son travail, essentiellement axé sur l’être humain, son regard, sa solitude, son individualité, s’est traduit dans la peinture.

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« Il avait l’agoraphobie, Noël. »… Aimé Césaire

Au bout du petit matin, ce plus essentiel pays restitué à ma gourmandise, non de diffuse tendresse, mais la tourmentée concentration sensuelle du gras téton des mornes avec l’accidentel palmier comme son germe durci, la jouissance saccadée des torrents et depuis Trinité jusqu’à Grand-Rivière, la grand’lèche hystérique de la mer.

Et le temps passait vite, très vite.

Passés août où les manguiers pavoisent de toutes leurs lunules, septembre l’accoucheur de cyclones, octobre le flambeur de cannes, novembre qui ronronne aux distilleries, c’était Noël qui commençait.

Il s’était annoncé d’abord Noël par un picotement de désirs, une soif de tendresses neuves, un bourgeonnement de rêves imprécis, puis il s’était envolé

tout à coup dans le froufrou violet de ses grandes ailes de joie, et alors c’était parmi Ie bourg sa vertigineuse retombée qui éclatait la vie des cases comme une grenade trop mûre.

Noël n’était pas comme toutes les fêtes. Il n’aimait pas à courir les rues, à danser sur les places publiques, à s’installer sur les chevaux de bois, à profiter de la cohue pour pincer les femmes, à lancer des feux d’artifice au front des tamariniers.

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Nwèl Bò Kay, La complainte du sapin de Noël & Cochonneries, de Patrick Mathlié-Guinlet

Nwèl Bò Kay

Pas de boules accrochées
à un sapin coupé
mais un beau cocotier
tout plein de noix sucrées.

Et pas de cheminée
par où pourrait passer
Père Noël et sa hotte
pour y remplir nos bottes
mais un nèg’ gros sirop
apportant des cadeaux.

Et l’exotique pomme
a remplacé l’orange.
C’est ainsi que les hommes
fêtent leurs petits anges
aux tropiques dans les D.O.M.

La complainte du sapin de Noël

Dans la verdeur de ma jeunesse
on m’a coupé le pied sous l’herbe,
on m’a coupé de mes racines,
de ma vie j’ai perdu le fil
et puis de fil en aiguilles…
Je me suis fait enguirlander,
ce n’est pas vraiment cool
même si c’est en foule
qu’on vient pour m’admirer.
Maintenant ils m’ont mis les boules…
lorsque je songe à ma famille,
à la forêt où je suis né
et que jamais, au grand jamais,
je sais que je n’les reverrai !…
À cause de leur stupide coutume
à laquelle ils m’ont sacrifié
sans respect, remords ni regret,
je suis rempli d’amertume
et je ne peux me “résinier”.

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Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’article de Michel Feltin-Palas paru le 13 décembre 2022 dans le magazine l’Express publié à Paris, « Complot », « cluster », « lanceur d’alerte » : les dernières trouvailles du lexicographe Alain Rey », met en lumière « l’histoire des mots », l’une des caractéristiques majeures de l’immense chantier lexicographique élaboré durant des décennies, au creux de la plus haute rigueur scientifique, par le linguiste Alain Rey (30 août 1928 – 28 octobre 2020). Réputé chroniqueur linguistique au magazine l’Express depuis plusieurs années, rédacteur de l’infolettre « Sur le bout des langues », Michel Feltin-Palas est un vulgarisateur talentueux qui invite à la réflexion sur la langue française, sur les langues régionales de France ainsi que sur des faits de langue aussi bien inusités qu’inconnus. Parmi les qualités de son récent article –consacré à la dernière mise à jour aux Éditions Le Robert du « Dictionnaire historique de la langue française » élaboré par le lexicographe Alain Rey–, se décline son souci d’accompagner le lecteur sur le vaste archipel de l’étymologie des mots et cela mérite assurément le déplacement.

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« L’Imposture du théologico-politique », de Géraldine Muhlmann

Présentation
Le « théologico-politique », c’est l’idée selon laquelle au « fond » des choses politiques, il y a toujours quelque chose de religieux : quelque chose ayant à voir avec notre rapport au sacré. Même à l’heure où la politique moderne s’est « sécularisée » (séparée des pouvoirs religieux) et où les références religieuses, parfois présentes en elle, ont infiniment moins de poids que par le passé, la pensée théologico-politique est formelle : le fond de l’affaire serait encore et toujours « religieux ».

Depuis une trentaine d’années, le théologico-politique est en plein triomphe dans la philosophie contemporaine. Très au-delà de la mode « Carl Schmitt », c’est une vague qui passe par Giorgio Agamben, Charles Taylor, le dernier Jürgen Habermas, le dernier Richard Rorty… et qui fait revivre, aussi, certaines œuvres du passé : celles de Jacob Taubes et d’Eric Voegelin, ou certains écrits de Karl Jaspers. Toute une myriade d’auteurs contemporains la nourrit (Gianni Vattimo, Marcel Gauchet, Luc Ferry…), non sans échos à un air du temps général (dont témoigne, par exemple, le succès des thèses de René Girard).

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Fortenel Thélusma, de la linguistique à la fiction romanesque : un pari et de grands défis ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

La littérature haïtienne a en partage avec les autres littératures à travers le monde une caractéristique de premier plan : les forgerons de la fiction appartiennent la plupart du temps à des champs d’activités qui n’ont pas à priori grand-chose à voir avec la littérature. Il en est ainsi de Jacques Stephen Alexis et Joël Des Rosiers, médecins ; de Marie-Célie Agnant, traductrice ; de Lilas Desquiron, ethnologue ; de Ketly Mars, gestionnaire ; de Jan J. Dominique, communicatrice ; de Georges Anglade, géographe ; de Michel Soukar, historien ; de Gérald Bloncourt, photographe et peintre ; de Faubert Bolivar, philosophe, etc. Il est toutefois attesté que nombre d’écrivains puisent dans leur expérience professionnelle la matière première de leurs œuvres de fiction. C’est notamment le cas du neurologue et linguiste Jean Métellus. À la suite de « Une eau forte » (Gallimard, 1983), qui marquait une première prise de distance à l’égard des clichés du roman haïtien, l’auteur s’attache dans « La parole prisonnière » (Gallimard, 1986) à l’étude de certains troubles du langage.

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Le Discours de Stockholm d’Annie Ernaux

Le Monde publie l’intégralité de son discours devant l’Académie suédoise.
Par où commencer ? Cette question, je me la suis posée des dizaines de fois devant la page blanche. Comme s’il me fallait trouver la phrase, la seule, qui me permettra d’entrer dans l’écriture du livre et lèvera d’un seul coup tous les doutes. Une sorte de clé. Aujourd’hui, pour affronter une situation que, passé la stupeur de l’événement –
« est-ce bien à moi que ça arrive ?  » –, mon imagination me présente avec un effroi grandissant, c’est la même nécessité qui m’envahit. Trouver la phrase qui me donnera la liberté et la fermeté de parler sans trembler, à cette place où vous m’invitez ce soir.

Cette phrase, je n’ai pas besoin de la chercher loin. Elle surgit. Dans toute sa netteté, sa violence. Lapidaire. Irréfragable. Elle a été écrite il y a soixante ans dans mon journal intime. « J’écrirai pour venger ma race. » Elle faisait écho au cri de Rimbaud : « Je suis de race inférieure de toute éternité. » J’avais 22 ans. J’étais étudiante en lettres dans une faculté de province, parmi des filles et des garçons pour beaucoup issus de la bourgeoisie locale.

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« Créole Blues », de Jean-Marc Beausoleil

Un roman polyvocal sur les terres enneigées du Québec

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

Sur les terres vêtues de neige au Québec, de Pointe-Calumet à Chibougamau, de l’Abitibi au Saguenay-Lac‑Saint‑Jean, il n’est pas rare d’entendre parler créole au détour d’une rue… Dans les couloirs d’une école secondaire de Montréal comme dans une épicerie desservant des locuteurs du créole à Montréal-Nord, le créole poursuit sa lente mais sûre entreprise de métissage sur plusieurs registres, de l’univers symbolique à celui des mutations langagières. Le vénérable quotidien montréalais Le Devoir s’en est fait récemment l’écho dans un article de la série « Le français sous influence » daté du 20 août 2022 et dont le titre est « Un français appelé à évoluer à Montréal ». L’auteure de l’article, Sarah Rahmouni, note de manière tout à fait pertinente combien le créole haïtien arpente différents lieux de vie : « On les entend dans la rue, dans le métro ou sur les bancs d’école depuis plusieurs années : des mots provenant du créole haïtien et de l’arabe maghrébin se sont peu à peu ajoutés à l’argot de Montréal, venant bouleverser la traditionnelle dichotomie entre le français et l’anglais.

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Religion et colonisation chez Frantz Fanon

— Par Maroun Eddé —

Avant-propos : la philosophie de Frantz Fanon

La pensée de Fanon est indissociable de sa vie et de ses engagements personnels.[…] Ces expériences l’ont conduit à découvrir les effets psychiques de la domination coloniale sur les colonisés, et à étudier les ressorts du sentiment d’infériorité et d’impuissance de ce dernier, et ainsi que de l’acceptation de son statut et de son sort. Fanon dévouera alors sa vie à lutter pour l’émancipation de ses « frères  » opprimés, à la fois par ses ouvrages théoriques que par son engagement pratique auprès de la lutte nationale menée par le FLN en Algérie, la théorie étant pour lui indissociable d’une praxis révolutionnaire. Conscient des effets psychiques de la colonisation, il soutient tout au long de son œuvre à la fois la difficulté et l’insuffisance d’une libération territoriale, si elle ne s’accompagne pas en même temps d’une décolonisation des esprits et d’une rupture avec l’héritage culturel colonial. Ce- faisant, il rejette à la fois l’attitude de certains Noirs consistant à vouloir imiter les colons en intériorisant le racisme colonial et en méprisant leurs frères pour s’identifier aux Blancs ; que le «   retournement du stigmate   » et la valorisation d’une culture ou d’une race « Noire  », qui ne constitue qu’une autre façon de perpétuer la séparation binaire héritée de la colonisation.

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Aliénation et dépossession, actualité de Frantz Fanon

— Par André Lucrèce —

Frantz Fanon est décédé le 6 décembre 1961 à Bethesda, près de Washington, mais chemine aujourd’hui encore son œuvre capitale. Aliénation et dépossession, le Grand Objet ici, pour reprendre une expression de Merleau-Ponty qui a été le professeur de Fanon, est l’aliénation. Pour analyser le phénomène d’aliénation, Fanon part du principe que l’aliénation est un objet qui relève de l’historique et du social. Il faut donc le considérer dans sa structure globale.

Fanon procède alors à une rupture paradigmatique. (Je rappelle, pour faire simple, que le paradigme est une conception théorique qui repose sur une vision du monde). Ici, je voudrais citer le philosophe Michel Foucault dont la démarche en son intentionnalité me paraît très proche de celle de Fanon. « La sociologie traditionnelle, dit Foucault, se posait plutôt le problème en ces termes : comment la société peut-elle faire cohabiter des individus (…) j’étais intéressé par le problème inverse, ou si vous voulez, par la réponse inverse à ce problème : à travers quel système d’exclusion, en éliminant qui, en créant quelle division, à travers quel jeu de négation et de rejet, la société peut-elle fonctionner ?

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Atjolman

— Par Daniel M. Berté —

Atjolman ki ti-poul sav ki fo pa yo suiv ti-kanna
pou yo pa mò néyé dapré sa proveb di…

Atjolman ki poul pa ka’y dòmi a sizedswè
an pié kako ankò pis sa vini ra kon zé bourik…

Atjolman ki manman-poul okouran ki fo’y véyé piti’y
pou pies mangous rafin pa fè bawouf anlè yo…

Atjolman ki poul ka rifizé manjé ravet ankò
pis yo ba’y labitid sèvi’y o pirina…

Atjolman ki poul pa ka graté fimié pou trapé vètè ankò
pis i ka viv nouri-lojé-blanchi an kay-poul klimatizé…

Atjolman ki poul pa ka pran lapenn chanté ankò
lè’y ponn an zé an razié pis I ka viv andidan…

Atjolman ki “poul épi diri”, tianmay pa lé sa ankò
pis YO ba-yo gou ambergè lotbò pito…

Atjolman ki poul san fouté di sav si sé ti-van o gran-van
ka fè latjé’y panché pou fè moun malpalé…

Atjolman ki’w fini kouté ou li an zafè listwè poul
kontè manti-mantè té ka konté pou vèglé’w…

Atjolman ou ka’y sav poutji poul pa ni rézon douvan kouto
lè’w ka’y konprann ki ou sé an poul…

Atjolman ou ka’y sav sa ki fè, ou ka’y santi fè,
ou ka’y taté fè, ou ka’y tété fè, ou ka’y pran fè.

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« Conte sur les doigts » & « Memento… » de Patrick Mathelié-Guinlet

Conte sur les doigts…

Je dois compter sur les doigts d’une main
les amis sur lesquels compter demain.
Amis très chers, l’amitié est sans prix
quand tellement éphémère est la vie !

Et puis quand on aime, on ne compte pas
ceux partageant le meilleur et le pire,
mes rêves et mes espoirs, mes délires
et mon cœur en morceaux choisis de poésie
que je leur ai donnés à lire…

Parmi eux, quelques uns sont partis
trop tôt pour ce mystérieux pays
dont on ne doit jamais revenir…
Mais me restent des doigts pour écrire
et faire vivre leur souvenir

qui demeure pour toujours encré
sur la peau dénudée de mon cœur
comme sur cette feuille en papier
où j’effeuille nos moments de bonheur
tels pétales de la plus précieuse fleur :
LA VIE !

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Lettre ouverte à la Linguistic Society of America

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

M. John Baugh
President
Linguistic Society of America
Washington University in St. Louis
Professor Emeritus of Education and Linguistics, Stanford University
Montréal, le 1er décembre 2022.

OBJET / Complément d’informations factuelles sur l’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti.

PERSPECTIVE ANALYTIQUE / AVANT D’ACCORDER UNE QUELCONQUE « DISTINCTION » OU UN COMPLAISANT « FELLOWSHIP » AU LINGUISTE MICHEL DEGRAFF, LA LINGUISTIC SOCIETY OF AMERICA DOIT IMPÉRATIVEMENT EXAMINER SA CRÉDIBILITÉ SCIENTIFIQUE ET CITOYENNE.

M. le Président,

J’accuse réception de votre courriel du 10 octobre 2022 et je vous en remercie hautement. Permettez-moi de soumettre à votre appréciation, en versions anglaise et française, les deux rappels suivants assortis d’un complément d’informations factuelles sur l’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti.

  1. RAPPEL / INVALIDITÉ SCIENTIFIQUE DU « GLOSSARY OF STEM TERMS FROM THE MIT – HAITI INITIATIVE »

La communauté des linguistes haïtiens a appris avec étonnement que la Linguistics Society of America s’apprête à attribuer à Michel Degraff, le 6 janvier 2023, le statut de « Fellow » (« Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », Bulletin du MIT School of Humanities, Arts and Social Sciences, octobre 2022).

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Mémoires en translation autour de l’ouvrage de Patrick Chamoiseau « Le Vent du Nord dans les fougères glacées »

Jeudi 08 décembre 2022 / 16h-19h Campus de Schœlcher

Lieu : Amphithéâtre Hélène Sellaye, Université des Antilles, Pôle Martinique

Partenaires : Université des Antilles, CRILLASH EA 4095, Université de Perth (Australie), Librairie Présence Kréol, Trésors de mes Tiroirs, K. Éditions, AKM, Kiron Key, Mairie de Schoelcher, Mélanges Caraïbes, Kapok, Nakan.

Maître de cérémonie : Gérald DÉSERT

Propos fédérateur :

À l’heure où il semble possible de tout enregistrer, la mémoire reste pourtant ce qu’il y a de plus volatile et intangible, et, partant, de difficile à partager. Elle est l’écran de projection vers lequel convergent tous les fantasmes du monde moderne. Celui-ci entend la figer, la diffuser, parfois la confisquer, mais surtout la remettre en scène grâce aux nouvelles technologies de l’image et de communication. Mais, pour tant d’efforts, qu’en reste-t-il, de cette mémoire ?

Retour à la case départ, et à l’Egypte, espace primordial des translations ancestrales, qui fait de Geb le dieu de la terre et de la mémoire, le guide des scribes qui consignent les hauts-faits royaux. Dans le sein du Père-Terre, la Mère-Ciel nourricière, dispensatrice des eaux baptismales, puise aux sources du temps, pour revivifier l’éternel Étant, et se répand en oracles tutélaires.

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Frantz Fanon – Écrits sur l’aliénation et la liberté

Frantz FANON, Œuvres. N° 2, Écrits sur l’aliénation et la liberté , La Découverte, 2018, éditeurs: Jean Khalfa et Robert JC Young

—Un compte rendu par Thomas C. Mercier —

Écrits sur l’aliénation et la liberté est un recueil de matériaux d’archive et de textes rares dont l’ambition est de conclure la publication des œuvres complètes de Frantz Fanon, correspondance mise à part. Le recueil compile des textes pour la plupart inédits, auxquels s’ajoutent des articles ou des essais déjà publiés mais quasiment introuvables. C’est un livre épais, donc, qui se présente comme le deuxième volume des œuvres complètes de Fanon. Cette ambition — qui consiste à vouloir épuiser le matériau bibliographique de Fanon, excepté sa correspondance — est plusieurs fois affichée par les deux éditeurs, Jean Khalfa et Robert Young, dans l’appareil critique qui accompagne le volume. Le livre se présente explicitement comme le couronnement d’une entreprise de compilation des écrits de Fanon, une entreprise qui aura commencé il y a des années de cela. L’ambition conclusive du volume s’explique pour une raison assez simple : Frantz Fanon est mort très jeune, à 36 ans, victime d’une leucémie.

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« Frantz Fanon, une pensée et une pratique de la désaliénation », conférence de Felwine Sarr

★ Mercredi 7 décembre – 18h30 – Tropiques-Atrium (Salle La Terrasse)
Modérateur : Adams Kwateh

Dans le cadre de sa venue en Martinique pour présenter et jouer « Liberté, j’aurai habité ton rêve jusqu’au dernier soir »,  la pièce de théâtre, dont il est l’auteur, Felwine Sarr, l’homme aux multiples facettes propose une conférence sur le thème « Frantz Fanon, une pensée et une pratique de la désaliénation ». À ne pas manquer!

Felwine Sarr, né en 1972 à Niodior dans le Sine Saloum, est un écrivain, économiste, universitaire et musicien sénégalais.

Biographie
Il est le fils d’une mère sérère et d’un militaire qui participe à l’opération Fodé Kaba en Gambie en 1980. La famille compte 8 enfants dont plusieurs artistes comme la musicienne et poète Ngnima Sarr. Il grandit à Strasbourg, Kaolack, Tambacounda et Dakar. Après des études primaires et secondaires au Sénégal, il poursuit ses études supérieures à l’université d’Orléans, où il obtient un doctorat en économie en 2006.

Il est père d’un garçon de 21 ans et d’une fille de 16 ans (en 2018).

Lire aussi : la belle présentation de Felwine Sarr sur Étonnants Voyageurs

Enseignements
Agrégé des universités et professeur titulaire du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur, il enseigne pendant 3 ans, de 2007 à 2020, à l’université Gaston-Berger (UGB) de Saint-Louis au Sénégal.

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Et si on parlait d’amour?

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Oasienne

Comme une Isis pour Osiris,
tu es l’eau de mon oasis,
humectant mon cœur desséché
de la fraîcheur de tes baisers…

Longtemps, j’errai dans un désert
en proie à des pensées amères,
soliloquant de dune en dune
sous le feu glacé de la lune…

J’ai survécu à la folie
des éfrits et mauvais génies
qui soufflent le vent de la haine
dans leurs murmures acouphènes…

Je bois à ta bouche adorable
tes mots doux comme des caresses…
Dans ce monde aride de sable,
de l’amour tu es ma déesse !

 

Arc-en-ciel

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Les lauréats du Prix Littéraire Fetkann ! Maryse Condé révélés

La 19e édition du Prix littéraire Fetkann ! Maryse Condé, « Mémoire des pays du sud / Mémoire de L’Humanité », a dévoilé ses lauréats.

Prix Fetkann ! de la Mémoire

Fatou Diome, Marianne face aux faussaires, Peut-on devenir français ?, Albin Michel, 2022

« Vivant en France depuis 1994, française depuis 2002, j’ai constaté l’évolution du discours politique qui n’a cessé de dériver, jusqu’à la cristallisation actuelle autour de l’identité. Pour la binationale que je suis, construite par la langue et les valeurs humanistes, la tristesse va crescendo. Bien que consciente de mon impuissance, j’ai la faiblesse de ne pouvoir être indifférente aux voix qui s’élèvent, prônant la haine. » Fatou Diome 

Dans cet essai personnel et émouvant, Fatou Diome renvoie dos à dos les identitaires étriqués et les opportunistes victimaires, qui monopolisent le débat politique. Elle défend Marianne contre les faussaires des deux camps et dessine une France ouverte, laïque, lucide et généreuse, celle qui lui donne envie de se sentir  française et sénégalaise.

La romancière Fatou Diome s’est fait connaître en 2003 avec Le Ventre de l’Atlantique, grand succès traduit en une vingtaine de langues.

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Le Goncourt des lycéens 2022 attribué à Sabyl Ghoussoub pour « Beyrouth-sur-Seine »

Le Goncourt des lycéens 2022 a été attribué jeudi à Sabyl Ghoussoub pour son roman Beyrouth-sur-Seine.

Le Goncourt des lycéens 2022 a été attribué jeudi à Sabyl Ghoussoub pour son roman Beyrouth-sur-Seine, publié chez Stock, a annoncé le jury composé de lycéens de toute la France.

Dans son deuxième roman, le journaliste franco-libanais de 34 ans propose une réflexion sur la famille et l’immigration, en questionnant ses parents venus s’installer en 1975 à Paris alors que la guerre va ravager leur pays.

Le vote de 2 000 élèves

Le jury de la 35e édition du Goncourt des lycéens a annoncé son verdict depuis la mairie de Rennes (ouest), berceau de ce prix, après plus de deux mois de lecture assidue des 15 ouvrages sélectionnés.

Réunis jeudi matin à huis clos, douze jurés lycéens étaient appelés à départager les quatre romans finalistes lors d’ultimes délibérations.

Petit frère du Goncourt, le plus prestigieux prix littéraire français, le Goncourt des lycéens se déroule chaque année de septembre à novembre et permet à quelque 2 000 élèves des lycées généraux, technologiques, professionnels et agricoles, de la seconde au BTS, de découvrir la littérature contemporaine et de susciter le goût de la lecture.

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Patrick Chamoiseau : « Le système des plantations est la frappe inaugurale du capitalisme-monde d’aujourd’hui »

— Par Stéphane Duchêne —

Littérature / Écrivain, conteur, théoricien de la Créolité, disciple d’Edouard Glissant, et même prix Goncourt 1992 pour son roman « Texaco », l’auteur martiniquais Patrick Chamoiseau vient de publier « Le Vent du nord dans les fougères glacées ». Où il continue d’étudier le conteur, cette figure fondamentale de la culture antillaise depuis l’âge des plantations, et explore la question de la transmission. De passage en ville, il revient avec nous sur cette œuvre et quelques grands concepts de la Créolité. 

Qu’est-ce qui a présidé à ce livre qui semble être un peu une suite de Le Conteur, la nuit et le panier ?
Patrick Chamoiseau :
Le Conteur la nuit et le panier, c’était un peu la mise en forme de mon cours de créativité à Sciences-Po. Dans ce cours, j’explorais l’esthétique du conteur, sa boîte à outils, de manière assez approfondie. Ça fait des années que je réfléchis à cet artiste extrêmement puissant, ce père de la littérature antillaise, puisqu’aux Antilles, nous n’avons pas de bibliothèque à l’origine. Nous avons ce personnage qui, la nuit, pendant les veillées mortuaires, parlait pendant des heures : un fleuve narratif extrêmement complet – le corps parlé, la théâtralité, la danse, le chant.

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