— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
La lexicographie créole –entendue au sens d’une activité scientifique de conceptualisation et de production de dictionnaires et de lexiques arrimés au socle méthodologique de la lexicographie professionnelle–, est encore jeune, elle remonte aux travaux pionniers du linguiste Pradel Pompilus auteur du « Lexique créole-français » (Université de Paris, 1958) et du « Lexique du patois créole d’Haïti (SNE, 1961). Il est attesté que cette jeune lexicographie fait face à de nombreux défis, notamment sur le plan de la professionnalisation des compétences à acquérir au sein de l’Université haïtienne et sur celui de l’amateurisme couplé au populisme linguistique qu’il s’agit de dépasser par le recours systématique à la méthodologie de la lexicographie professionnelle dans tous les chantiers lexicographiques haïtiens. L’observation attentive des acquis et des échecs de la lexicographie haïtienne doit éclairer à la fois l’enseignement de la lexicographie en Haïti et servir de point d’appui dans la définition même de tout projet lexicographique au pays (voir nos articles « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique », Le National, 14 décembre 2021 ; « Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine » (Le National, 20 décembre 2022), et « Toute la lexicographie haïtienne doit être arrimée au socle méthodologique de la lexicographie professionnelle » (Le National, 29 décembre 2022).