Catégorie : Littératures

« L’impossible oubli » – 11 questions autour du lien social aux Antilles

Le 09 Novembre à 18h à la Bibliothèque Schoelcher de Fort de France

École Régionale de ALI – Antilles (Association Lacanienne Internationale) vous invite à la présentation du livre de Mme Dany DUCOSSON (psychiatre guadeloupéenne)

« L’impossible oubli» rassemble ici les fils constants de son questionnement sur le lien social aux Antilles françaises, en Guadeloupe :

– Le poids de la violence des origines de la société guadeloupéenne au regard de la traite et de l’esclavage : comme si l’origine traumatique de cette société rendait difficile tout processus d’individuation, entrainait une omniprésence du sentiment de persécution et la nostalgie des Origines.
-L’empêchement de penser, conséquence de l’idée de malédiction qui protège de la folie…
-Une passion folle de l’égalité qui en vient à équivaloir à un Tous Pareils, Tous Héros ou Tous Victimes.
-Le poids de la couleur noire, obstacle à penser et réserve permanente de haine ordinaire.
Ce qui constitue la richesse de cette société est plutôt de l’ordre d’un processus sans fin de bricolage ; la pureté rêvée dans le combat identitaire est de l’ordre du tri, de l’exclusion et du refus de l’altérité.

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Six nouveautés poches chez Caraïbéditions pour cette fin d’année !

Raphaël Confiant, Miguel Duplan, Marie-Reine de Jaham et Viktor Lazlo pour la collection « Îles en poche ».
Pour rappel, cette collection accueille l’ensemble des romans grand format déjà parus au sein de notre maison d’édition ainsi que des romans parus en grand format chez des éditeurs hexagonaux tels que Gallimard, Grasset, Plon, Albin-Michel, Robert Laffont ou Le Seuil mais jamais publiés en format poche ou abandonnés depuis.
 
Bernard G. Lagier et Gaël Octavia pour la collection « Didascal’îles ».
Le principe de cette collection théâtre est de présenter des textes d’auteurs de la Caraïbe connus et reconnus qui ont déjà été joués sur scène.

– Titre : Les tremblements essentiels
– Auteure : Viktor Lazlo
– Date de sortie en librairie : 21 octobre 2022
– Collection : Îles en poche
– ISBN : 9782373111309
– Prix TTC métropole :  8,60 €
– Public : Tout public
– Format :   110 X 179 mm
– Paginations :  256 pages
– Résumé : Qui était vraiment Alma Sol, cette beauté caraïbe devenue une star de la chanson ? Pourquoi a-t-elle disparu du jour au lendemain ?

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Les Théâtrales de Novembre

Du 8 au 14 novembre 2022 en Martinique

« Les Théâtrales de Novembre” sont une manifestation littéraire axée sur les écritures théâtrales contemporaines. La manifestation permet au public de mieux connaître le corpus théâtral contemporain, d’échanger avec les auteurs et autrices invité.e.s, de se familiariser avec leurs textes lus par des comédiens et des comédiennes professionnel.Ie.s, de se procurer et de se faire dédicacer leurs œuvres.

Genèse du projet
Depuis plusieurs années, ETC Caraïbe, le CRILLASH et le département de Lettres et Arts, Université des Antilles (UA), organisent des rencontres d’auteur.e.s de théâtre, intitulées “Paroles d’auteur.e.s”.
Ces rencontres, destinées prioritairement aux étudiant.e.s mais ouvertes au grand public, ont permis de rendre plus accessible le travail d’artistes issu.e.s du pays ou venu.e.s d’autres territoires (République Tchèque, Togo, Guadeloupe, La Réunion, Côte d’ivoire, Canada, …)
Depuis 2021, les « Paroles d’auteur.e.s » sont devenues Les Théâtrales de Novembre – Rencontres des écrivaines et écrivains de théâtre.

DU 24 OCTOBRE AU 07 NOVEMBRE FAC DE LETTRES / RÉSIDENCES ETC CARAÏBE À L’UNIVERSITÉ
Les metteur.e.s en scène du festival et leurs équipes répètent à l’université.

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Goncourt 2022 : « Vivre vite » de Brigitte Giraud / Renaudot 2022 : « Performance » de Simon Liberati

La Française Brigitte Giraud, 60 ans, a remporté ce jeudi 3 novembre le prix Goncourt 2022 pour son roman Vivre vite, publié aux éditions Flammarion. Elle y raconte la mort de son mari dans un accident de moto en 1999. Les dix membres de l’Académie Goncourt, réunis au restaurant Drouant, à Paris, l’ont couronné au 14e tour de scrutin, devant Giuliano da Empoli – qui a reçu le prix de l’Académie la semaine dernière -, Cloé Korman et Makenzy Orcel, les autres finalistes. « Elle est la treizième femme lauréate du prix », a déclaré Paule Constant, écrivaine et membre de l’Académie, et la première autrice depuis Leïla Slimani, récompensée en 2016 pour Chanson douce.
Vivre vite :
« J’ai été aimantée par cette double mission impossible. Acheter la maison et retrouver les armes cachées. C’était inespéré et je n’ai pas flairé l’engrenage qui allait faire basculer notre existence.Parce que la maison est au coeur de ce qui a provoqué l’accident. »En un récit tendu qui agit comme un véritable compte à rebours, Brigitte Giraud tente de comprendre ce qui a conduit à l’accident de moto qui a coûté la vie à son mari le 22 juin 1999.

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Où est Leïla ?

À propos de « La Ballade de Leïla Khane » adaptée par Anne-Alex Psyché

— Par Roland Sabra —

Louis Aragon, dans Le Fou d’Elsa, s’inspirant du poème Medjoûn et Leïla de Jâmi (1414-1492), réinvente l’histoire de Leyla et Medjnûn en la transposant dans la Grenade de l’Andalousie arabo-musulmane du XVe siècle finissant. Le décalque est clairement revendiqué puisqu’en arabe « Fou de Leyla » se dit Medjnoun Leyla et « Fou d’Elsa » Medjnoun Elsa. Il met en scène, dans le contexte dramatique de la chute de Grenade, en 1490-1492, coïncidant avec la découverte de l’Amérique, la société andalouse, mêlant musulmans et juifs pétris de rationalisme.

La réinterprétation du mythe par Alfred Alexandre, tisse le lien entre la Carthagène des Indes, important centre de traite des esclaves et de transit de l’or issu des pillages des empires aztèque et inca, or destiné à l’Espagne et La Carthage tunisienne que Rome accusa longtemps de sacrifier des enfants, pratique qui va initier, dans les familles de notables, la coutume d’adopter un enfant d’esclave pour cet usage.

Revenons sur le mythe.

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« La Ballade de Leïla Khane » adaptée par Anne-Alex Psyché

Par Selim Lander —

Elle elle s’appelle Leïla Khane
Et la grâce où je l’exile lui donne le courage des vents du large

Les Martiniquais connaissent bien Alfred Alexandre (né en 1970 à Fort-de-France) essayiste, romancier et auteur de théâtre, sans oublier son action en faveur des auteurs martiniquais au sein de l’association ETC (Écritures Théâtrales Contemporaines) – Caraïbe qu’il préside. La Ballade de Leïla Khane ne se rattache à aucun des genres précédents. Dans ce long poème amoureux, une certaine Leïla s’adresse à son amant, lequel rapporte ses paroles, d’où l’anaphore « Leïla dit ».

Leïla promène (ou « balade ») son interlocuteur des îles du Rosaire en face de Carthagène des Indes en Colombie, jusqu’à Santa-Maria au nord du pays, et au-delà jusqu’à Carthage dans l’actuelle Tunisie. Elle ne vient pourtant pas de l’antique Carthage, laquelle a donné son nom à la Carthagène espagnole et par ricochet à celle de Colombie. Comme l’indique l’auteur dans le prologue, son prénom évoque l’héroïne d’un conte arabo-musulman, qui rendit fou d’amour le poète Qaïs au point qu’on le surnomma « Majnoun Leïla » (le fou [d’amour] de Leïla).

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« Observations préliminaires à propos de la réfutation, par le romancier Lyonel Trouillot, de l’appui du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le romancier, poète et essayiste Lyonel Trouillot, l’une des voix majeures de la littérature haïtienne contemporaine, s’est fait l’écho d’un large secteur de la société civile haïtienne en dénonçant, dans un texte récent diffusé d’abord par courriel le 18 octobre 2022, l’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti. Artisan d’une œuvre littéraire forte et singulière élaborée dans les deux langues officielles du pays, le créole et le français, l’auteur de « Bicentenaire », de « Antoine des Gommiers » (Actes Sud, 2004 et 2021) ainsi que de « Pwomès » (poésie) et du roman « Agase lesperans » (C3 Éditions, 2014 et 2016), est également un éditorialiste lucide et courageux dont la parole analytique est attendue et entendue en Haïti. Lyonel Trouillot est aussi l’auteur d’une réflexion de premier plan sur la situation linguistique haïtienne, « Ki politk lengwistik pou Ayiti ? », parue dans Le Nouvelliste du 7 juillet 2005. La dénonciation, par Lyonel Trouillot, de l’appui de Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti a été publiée sur les sites suivants entre le 18 et le 21 octobre 2022 :

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Matjé kréyol

— Par Daniel M. Berté —

Tjenbé pòtplim épi matjé
Matjé an kréyol anlè papyé
Matjé pou di Manmanw tousa ou anvi diy
Tout lanmou kiw ni ba’y

Tjenbé pwentbik épi matjé
Matjé an kréyol anlè kayé
Matjé pou di Papaw tout rikonésans-ou
Pou chimen i montréw

Tjenbé istilo épi matjé
Matjé an kréyol anlè kawton
Matjé pou di frèw ek sèw tousa ka fè
Nannan-koko la fraternité

Tjenbé lakré épi matjé
Matjé an kréyol anlè awdwaz
Matjé pou di tout yich ki sé bon valè
Ka trasé bel pasaj laviya

Tjenbé kréyon épi matjé
Matjé an kréyol anlè bristòl
Matjé pou di zanmiw ki sé lésans-sièl
Ka fè tounen motè lanmitjé

Tjenbé chabon épi matjé
Matjé an kréyol anlè masonn
Matjé pou di pèp-ou ki sé la lit ansanm
Ki ka limen limyè Libèté

Tjenbé penso épi matjé
Matjé an kréyol anlè tablo
Matjé pou di Bondié, Ala ek Dja
Tout lafwa ki moun ni an la divinité

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Desrivières-Bloncourt : poésies-images

– Par Michel Herland –

Gérald Bloncourt était né en 1926 en Haïti ; il est mort à Paris en 2018 à l’âge de quatre-vingt-onze ans, laissant une œuvre multiforme : photographies d’abord puisque ce fut son métier à « l’Huma » (il était communiste), puis devenu reporter indépendant dans divers magazines. Mais il fut également poète (1) et peintre. Sa jeunesse s’était passée en Haïti. En 1946, parce qu’il avait joué – en compagnie de René Depestre et de Jacques Stephen Alexis – un rôle déterminant dans la révolution dite « des œillets », il fut condamné à mort et finalement expulsé. Après la chute de Jean-Claude Duvalier (« Bébé Doc »), en 1986, il est retourné en Haïti.

Jean-Durosier Desrivières est né en 1972, lui aussi en Haïti. Il est diplômé de l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince et de l’Université des Antilles et de la Guyane en Martinique (où il réside actuellement). Spécialiste de littérature francophone, en particulier du poète haïtien Georges Castera fils (1936-2020), il a contribué à de nombreux ouvrages parmi lesquels le Dictionnaire des écrivains francophones classiques (2).

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Dans l’atelier du « Vent du Nord »

Patrick Chamoiseau présente son dernier ouvrage : « Le vent du nord dans les fougères glacées »

ASSOCIATION TOUT-MONDE : J’aimerais approcher du cœur de votre processus créatif en considérant votre dernier ouvrage qui me semble très important. On dit que vous n’aimez pas trop parler de vos livres ?

Patrick CHAMOISEAU : Un peu. Je suis toujours un peu embarrassé quand il faut parler d’un livre. Pour moi, un texte est le résultat d’une cérémonie émotionnelle qui produit quelque chose que je ne comprends pas totalement. Je préfère idéalement laisser le contact, la perception, s’effectuer librement entre le lecteur et le texte. J’ai donc tendance à considérer que ce que je peux dire n’a pas grande importance. Donc, vous avez raison, le plus utile pour tout le monde est que je puisse en donner quelques éléments d’échafaudage.

L’échafaudage est tout ce qui il y a autour d’une construction, en l’occurrence ici, autour de l’acte de création. C’est l’intention, c’est tous les dispositifs qui aident au geste créateur, à l’écriture, ça je peux vous en parler. Cela vous donnera une idée de ce que j’avais dans la tête quand je me suis lancé dans cette alchimie particulière que représente chaque livre.

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J’ai lu « Ti-Prince » de Emmanuel de Reynal.

— Par Aurore Holmes —

Ti Prince, un récit se déclinant en intensités émotionnelles, celles qui sans crier gare, vous étreignent à la gorge. Dès la première page, la première ligne, les premiers mots, les premiers instants, le premier souffle de vie, notre regard de lecteur, étrangement surpris, se confond avec celui d’une mère aimante et anxieuse qui en donnant la vie, s’inflige un combat contre la mort, et désormais, une lutte contre l’intolérance.

Le roman s’impose d’emblée non seulement par sa rareté thématique mais aussi grâce à l’angle par lequel l’auteur, Emmanuel de Reynal, nous invite à percevoir l’intériorité d’un enfant, puis d’un adulte marqué du syndrome de Down. Une intériorité bousculant nos certitudes, nos logiques cartésiennes parfois formatées et souvent ballottées dans un monde ensauvagé laissant si peu de place aux élans d’empathie et d’affection. Le monde des « gens normaux » est en question. Ils ont érigé le quotient intellectuel comme référence absolue de la valeur d’un être humain, référence implacable et glaciale dont nous avons pourtant conscience de l’absurdité et de l’inconsistance.

Ti-Prince est un roman troublant par la force d’amour qui s’en dégage, troublant par ses protagonistes qui se densifient par la relation d’affection nouée avec le personnage principal, ou bien à l’opposé sont rendus insignifiants, basiques, caricaturaux lorsqu’ils se campent sur un comportement de mépris, d’indifférence ou de haine.

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 » Un sens à la vie! »,  » La vie vis la »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Un sens à la vie !

Toute une vie passée à allumer des mèches…
Toute une vie passée à décocher des flèches…
À décrocher la lune et s’envoyer en l’air
entre les coups de foudre et des coups de tonnerre !
Mettre le feu aux poudres et aux cœurs la lumière,
réveiller les consciences, inviter à l’amour

pour que la nuit s’y fasse jour
et l’homme cesse d’être sourd
à la misère de ses frères !
Puis à grand coup de mots sonores
juste pour effrayer la mort,
tenter de sculpter le silence…

Dans son sommeil telle une transe,
pouvoir rêver son existence
et dès que le soleil se lève,
faire de cette vie un rêve…
À tout cela trouver du sens !

La vie, vis la !

Si la vie, Sylvie,
prend parfois des airs de lavis
aux couleurs pâles et délavées
de rêves et d’envies
dilués dans l’eau d’un fleuve de banalité
qu’en vin l’on veut changer…

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« Ti-Prince », un roman d’Emmanuel de Reynal

Ti-Prince
« Je suis entré dans la vie sans avoir l’intention d’y rester. Je n’avais rien à y faire, j’étais sans arme, incapable d’illusion. Mes sens étaient vides, mon cœur battait à peine. Mon corps flottait, d’une sinistre mollesse. J’étais plus que nu, entièrement dépossédé, absolument inutile. »

« Ti-Prince » relate l’histoire d’un petit garçon atteint du syndrome de Down. Au départ fragile, souvent différent, il va pourtant franchir tous les obstacles qui se dresseront sur son chemin, posant calmement son regard franc et rempli d’amour sur bien des situations. Ce récit inspiré d’une histoire vraie apporte un éclairage intéressant et des questionnements bienvenus sur une condition qu’on ne connaît que trop peu.

L’AUTEUR : Emmanuel de Reynal

Emmanuel de Reynal est un acteur engagé dans la vie économique et sociale de la Martinique. Né en 1965 à Fort-de-France, il fait carrière dans la publicité régionale et se montre actif dans les associations de son île. Il est l’auteur de « Ubuntu, ce que je suis », aux éditions l’Harmattan, de « Recta Linea » et d’« Une Minute » aux éditions du Panthéon.

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« La ballade de Leïla Khâne », texte d’Alfred Alexandre, m.e.s. Psyché Anne-Alex

  Jeudi 27 & samedi 29  octobre à 19h. Vendredi 28 octobre à 9h (spécial scolaire) au T.A.C.

La Compagnie KUUMBA régit par l’association Ujima Spectacle présente sa première création théâtrale.
Metteur en scène : Psyché Anne-Alex
Avec
Psyché Anne-Alex (conteuse)
Yannick Eugène (la voix du désert et voix off de Majnoun)
Lindy Callegari (Leila Khane)
Création lumière : Vivianne Vermignon

Regard extérieur / mise en scène : José Exélis

La ballade de Leïla Khane est un grand poème ou peut-être un étrange bateau. Leïla nomme l’absence. Cette légende fait de l’amour une île qui évite aux amants la mort et la folie. C’est encore Leïla qui dit l’exil, les ports, les déserts, les océans et les villes.

Leïla dit que certains jours nos îles meurent
l’après-midi au bord de l’océan
Leïla dit que depuis qu’elle m’a aimé
sa soif est une soif d’îles qui nagent vers les continents
Leïla dit que longtemps elle a cru ne jamais mériter
même la caresse d’un grain de sable
cherchant du bout des doigts l’amour sur son visage

Point de vue de l’auteur

« La ballade de Leïla Khane est une variation autour du mythe de Laylâ et Majnoun

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« Ladjè-a », de Louis-Ferdinand Céline (traduction du roman « Guerre », par Raphaël Confiant)

Quelques mois après sa publication, plus de soixante ans après la mort de son auteur, du roman Guerre (Éditions Gallimard), à l’occasion du mois du créole et à l’occasion de la sortie de Londres (la suite de Guerre) : publication de Ladjè-a (Éditions Caraïbéditions), la traduction de Guerre en créole.

Ladjè-a comporte une préface détaillée de Raphaël Confiant sur l’art et la méthodologie de traduire les classiques de la littérature française en créole et plus particulièrement sur les difficultés rencontrées pour traduire Céline et son style unique si particulier.

– Titre : Ladjè-a (traduction du roman Guerre)
– Auteur : Louis-Ferdinand Céline
– Traducteur : Raphaël Confiant
– Résumé : Traduction en créole de Guerre : Adan sé maniskri Louis-Ferdinand Céline la éti yo viré-touvé a té ni an boul dé-san-senkant fey-papié ki sé an roman ki ka pasé adan Les Flandres pannan Bidim Ladjè a. Epi transkripsion maniskri-tala ki pa ritravay, ki matjé apochan dé lanné apré Voyage au bout de la nuit (1932) té paret, an mòso fondal-natal adan ev matjè-a ka tijé gran jou. Davwè Céline, ant rakontaj-lavi ek liv imajinasion, ka lévé an vwel asou lespérians fondal lekzistans-li : dépotjolay kò’y ek lespri’y la asou larel-goumen an, adan « labatwè toutwonlatè a ki vini dekdek la ».

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Créole haïtien / Lettre ouverte à la Linguistic Society of America

— Par Robert Berrouët-Oriol; linguiste-terminologue —

Linguistic Society of America
Comité exécutif – 2022
522 21st St. NW, Suite 120
Washington, DC 20006-5012
USA

–President : John BaughWashington University in St. Louis
–Vice President/President-Elect : Anthony C. WoodburyUniversity of Texas at Austin
–Immediate Past President : Laurence R. HornYale University
–Secretary-Treasurer : Frederick J. NewmeyerUniversity of Washington, University of British Columbia and Simon Fraser University

Objet : Pour bien comprendre le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haïti Initiative dirigé par Michel DeGraff

Montréal, le 6 octobre 2022

Chers collègues de la Linguistic Society of America,

La communauté des linguistes haïtiens a appris avec étonnement que la Linguistics Society of America s’apprête à attribuer à Michel Degraff, le 6 janvier 2023, le statut de « Fellow » (c.f. Bulletin du MIT School of Humanities, Arts and Social Sciences : « Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », octobre 2022). Dans son édition du 4 octobre 2022 paraissant en Haïti, le journal Le Nouvelliste en fait état au moyen d’une entrevue de Michel Degraff intitulée « Akademisyen Michel DeGraff eli manm selèk Linguistic Society of America ».

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Kalinago

Pou Jounen Enternasional Solidarité épi lé Pep Amérendjen : 12 0ktob

— Par Daniel M. Berté —

Ou wè YO sòti an bonè bonmaten
an bouden twa gro mons rivé asou lanmè

Ou wè-YO vini anlè tè ki té ta’w
épi lapo blan-YO épi kò-YO
an fè

Ou wè-YO tout ri lè-YO
gadé lò’w-la
Kon adan léjand-la ou pran YO pou Bondié

Ou wè-YO sézi tout richès ou té ni
ek chayé-yo alé pa lòt-bò lanmè-a

Ou wè-YO mété adan lesklavay-YO

frè’w épi sésé’w, paran’w ki té za vié

Ou wè-YO pini-zot lè zot rifizé tou
sèvi valé ba YO anba lo kout fret-YO

Ou wè tranblad pran-YO lè’w anonsé-YO
Ki Montàn difé-a an jou té ka’y vanjé’w

Ou pa wè-YO pali, lè épi prop flech-ou
ou krévé koko zié’w pou pa té sa wè-YO

Ou pa wè-YO blenmi douvan kouraj-ou
lè’w vréyé ko’w désann di la falez modi

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« Sagesse », « La vie », « Le bonheur » de Patrick Mathelié- Guinlet

Sagesse

Comme dans le pré le bonheur,
étoiles filent dans les cieux :
le temps que tu fasses ton vœu,
elles s’évanouissent ailleurs…

Courir après une chimère,
construire des châteaux de sable :
une vanité impensable
quand on sait que tout est poussière…

Pourtant rêver est nécessaire
à l’homme autant que se nourrir…
Qui ne vit que par la matière
commence déjà à mourir !

Entre folie, résignation,
entre sagesse et illusion
c’est dur de trouver la mesure…
La vie doit rester aventure !

Pour en apprécier tout le sel,
les rêves sont pour nous des ailes.
Gardons-nous donc de les brûler
et du soleil trop approcher…

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Le prix Nobel de littérature décerné à Annie Ernaux

Les juges de l’Académie suédoise des Sciences ont décidé d’attribuer le très prestigieux prix Nobel de littérature à la Française Annie Ernaux, pour « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle », a annoncé le jury, ce jeudi 6 octobre 2022.

Le prix Nobel de littérature a été attribué à la Française Annie Ernaux, pour « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle », a annoncé le jury, ce jeudi 6 octobre 2022.

Un « très grand honneur », une « responsabilité »

L’écrivaine de 82 ans succède à deux lauréats sortis de l’ombre, la poétesse américaine Louise Glück en 2020 et le romancier source : britannique d’origine tanzanienne Abdulrazak Gurnah l’an dernier. Elle a annoncé à la télévision suédoise que ce prix était un « très grand honneur » et une « responsabilité ».

Seizième Française à recevoir ce prix

Elle est la seizième Française à recevoir ce prix, huit ans après Patrick Modiano.

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(A)tansion … (Z)ozio ! 

Pou la JMZ Jounen Mondjal dé Zannimo 4 Oktob (Alfabé pou lé ti-anma’y konnet zwézo Matnik)

— Par Daniel M. Berté —

Alé alé’w ma bel Astrild
Babié babié’w ti Benngali
Chanté chanté’w ti Chivalié
Dansé dansé’w ma tit Didin
Egwèt pa bliyé lé zatrap !

Fonsé fonsé’w mon ti Faljòn
Grenpé grenpé’w mon ti Grobek
Hhhantatay, méfians dé zòm
Ifo pran gad lé Ich-di-sièl
Jako méfié’w di labalèt !

Kouri kouri’w ti Kayali
Lansé Lansé’w mon bel lwazo
Manjé manjé’w Mawten-péchè
Navidjé navidjé’w Volé o Nòw
O pièj-lagli fèt-atansion !

Pitjé pitjé’w mon ti Pikbèf
Que ta volonté… Mondié-Ségnè
Ralé ralé’w mon ti Ranmié
Soté soté’w ti Sikriyé
Toutrel tansion o kout fizi

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Stigmatisation du créole, Code noir et populisme linguistique

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Stigmatisé par certains, méprisé ou dévalorisé par d’autres à tous les étages de la société haïtienne, le créole est depuis fort longtemps l’objet de préjugés tenaces, de clichés borgnes, de poncifs et de stéréotypes recyclés où le babillage sentencieux, côtoyant le « voye monte », sert souvent à masquer l’ignorance. Alors même que le créole est langue co-officielle depuis l’adoption à forte majorité de la Constitution haïtienne de 1987, et bien qu’il ait été introduit –avec de lourdes lacunes sur le plan didactique–, dans le système éducatif national par la réforme Bernard de 1979 au titre de langue d’enseignement et de langue enseignée, le créole a, en un paradoxe apparent, ses défenseurs et ses pourfendeurs tant parmi les locuteurs unilingues créolophones que parmi les bilingues créoles-français. L’observation de terrain révèle que depuis un certain temps, en Haïti comme en outre-mer, l’aménagement du créole est discrédité par les errements des « créolistes » fondamentalistes qui ont partie liée avec les pourfendeurs du créole au sens où dans leurs écrits comme dans leur approche de la « défense » du créole –approche bien des fois caricaturale et souvent sectaire et dogmatique–, ils alimentent le rejet stigmatisant du créole dans l’École haïtienne et dans le corps social.

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La « fétichisation » du créole sous la plume de Daly Valet, une voie réductrice et sans issue

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Journaliste et éditorialiste applaudi par certains pour l’élégance et la vigueur tonique de sa plume, décrié par d’autres pour ses homélies « nationalistes » passéistes, les prises de position de Daly Valet passent rarement inaperçues en Haïti. Le 11 septembre 2022, sur sa page Facebook, il nous a livré ses états d’âme sur les rapports du locuteur francocréolophone qu’il est, et qui écrit en français, face à « la langue française qui [le] fatigue ». C’est son droit, et sa parole mérite d’être écoutée même s’il n’est pas linguiste et ne prétend pas s’exprimer à l’aune d’un argumentaire documenté et crédible adossé aux sciences du langage. Daly Valet, homme de culture réputé ouvert au dialogue, est un journaliste aguerri qui a un certain temps chaussé les espadrilles de l’expert-consultant politique comme en fait foi l’article d’Yves Lafortune paru sur le site Aybopost le 23 février 2017, « Pour un acte fondateur au-delà des larmes de Daly Valet ! ». L’auteur de cet article, au paragraphe « Le brassage du vide », interpelle Daly Valet en mentionnant son appartenance politique, en 2017, dans les termes suivants : « Le gouvernement de facto en place et avec lequel tu collabores est arrivé au pouvoir avec un cahier de charges et un momentum politique très limité »…

Lu sur la page Facebook de Daly Valet :

« Français et créole !

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Man toupatou

— Par Daniel M. Berté —

Man dan zeb an savann ki van ka karésé
……dan woch an lariviè ki dlo ka rafréchi
……dan fey jòn ka tonbé pou sa fimié Latè

Man dan lapli ka fifinen anlè an kaz an tol
……dan gout dlo ka glisé anlè fey chou dachin
……dan grenn-sab ka krisé anba pié lé vivan

Man dan kalin ka fet pou tianmay kagou
……dan ziédou ka koulé dèyè madanm lanmou
……dan woz ki ka ran jwa ek chasé latristes

Man dan zwézo ka voltijé an siel lalibèté
……dan pwason ka glisé an lanmè lavanti
……dan pawol ka volé pou kontré lenjistis

Man dan ti papiyon ka dansé anlè flè
……dan la réfleksion ka fè-mwen pran konsians
……dan réyon soley ka dépliyé zel dimwazel

Man dan matjé matjè ka ba moun lémosion
……dan piébwa ka fè flè ek fwui pou nouri moun
……dan lajwa ka kléré fidji lé tianmay

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« Il n’y a pas de Ajar », de Delphine Horvilleur

Après « Vivre avec nos morts », la femme rabbin revient avec un livre contre les assignations communautaires. 

L’étau des obsessions identitaires, des tribalismes d’exclusion et des compétitions victimaires se resserre autour de nous. Il est vissé chaque jour par tous ceux qui défendent l’idée d’un « purement soi », et d’une affiliation « authentique » à la nation, l’ethnie ou la religion. Nous étouffons et pourtant, depuis des années, un homme détient, d’après l’auteure, une clé d’émancipation : Emile Ajar.
Cet homme n’existe pas… Il est une entourloupe littéraire, le nom que Romain Gary utilisait pour démontrer qu’on n’est pas que ce que l’on dit qu’on est, qu’il existe toujours une possibilité de se réinventer par la force de la fiction et la possibilité qu’offre le texte de se glisser dans la peau d’un autre. J’ai imaginé à partir de lui un monologue contre l’identité, un seul-en-scène qui s’en prend violemment à toutes les obsessions identitaires du moment.

Dans le texte, un homme (joué sur scène par une femme…) affirme qu’il est Abraham Ajar, le fils d’Emile, rejeton d’une entourloupe littéraire.

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Philippa C. Jabouin : Le minimalisme littéraire à son apogée.

— Par Jean-Robert Léonidas —

Short shorts on family, c’est le premier livre écrit en anglais par cette auteure polyglotte, petite fille d’un grand poète haïtien. Je me suis laissé dire que c’était un recueil facile à lire et digérable en un rien de temps. Rien n’est moins vrai.

Le livre, un ensemble de 30 histoires succinctes, pourrait donner une fausse impression de facilité. Mais la couverture en impose par sa gravité, elle offre à notre regard une œuvre d’art suggérant un puzzle titré Sulphurous Exchange. Ce n’est donc point de l’eau de rose. Nous sommes en face de croquis, de réflexions qui, plongeant dans l’âme humaine, obligent à cogiter en profondeur sur les choses, les hommes, leur nature, leur travers. Point de longs discours dont l’auteure est certainement capable vu sa préparation académique et son expertise. De petites histoires de famille qu’il ne faut pas prendre comme une confession d’un enfant du siècle, mais plutôt comme une tactique d’écriture pour se révéler à soi-même et au monde. D’autres sujets semblent provenir du lieu de travail. L’auteure, par pudeur, garde une difficile distance par rapport à l’intimité et maintient une éthique professionnelle, même quand elle a décroché volontiers de ses occupations antérieures.

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