Catégorie : Littératures

« Droits linguistiques » et « droit à la langue » en Haïti, la longue route d’une conquête citoyenne au cœur de l’État de droit

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le présent article s’inspire amplement de la lecture du livre « Droits linguistiques » et « droit à la langue » : identification d’un objet d’étude et construction d’une approche », un exceptionnel ouvrage de référence paru sous la direction de Ghislain Potriquet, Dominique Huck et Claude Truchot et qui rassemble les Actes du colloque international de Strasbourg organisé les 25 et 26 septembre 2014. Publié avec le concours de l’Université de Strasbourg, l’ouvrage de 248 pages est paru en 2016 aux Éditions Lambert-Lucas. Un collègue enseignant basé au Cap Haïtien et qui s’intéresse à la question des droits linguistiques en Haïti, a été invité à commenter les temps forts de cette publication que nous lui avions auparavant acheminée. Après l’avoir consultée, il a formulé une objection majeure qui mérite d’être écoutée et mise en perspective. Quel est l’intérêt, dit-il, de discuter de droits linguistiques aujourd’hui en Haïti alors que le pays tout entier –mis en coupe réglée par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste depuis onze ans et soumis à la fureur des gangs armés qui contrôlent de larges portions du territoire national–, voit s’éteindre à petit feu le droit à la vie et à la sécurité pourtant garanti par la Constitution haïtienne de 1987 ?

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Analyse de «  La Désapparition » de  Gerry L’Etang

— Par Fernand Tiburce Fortuné —

« A un moment où la société est ébranlée par des événements décisifs, il paraît inévitable que la création littéraire s’en empare pour interroger les diverses facettes de la transformation en train de se produire »

(Maria Graciete Besse).

La désapparition, ce roman (tantara) de Gerry L’Etang n’est pas anodin. Il est complexe, surprenant, déroutant, apparemment inintelligible, parfois terrible. Je me suis posé deux questions après l‘avoir lu :

Faut-il le mettre entre les deux oreilles de certains ?

Faut-il le mettre entre les mains de tous ?

Cet ouvrage de 123 pages, comprend 14 chapitres et, à la page 107, un remarquable poème qui tant sur le rythme que sur le fond -à ne pas en douter- résume la pensée de l’auteur.

Comment mieux décrire avec autant de violence, survolée par un humour grinçant, ce chaos et cette désagrégation qui nous menacent? Comment mieux décrire, dans une actualité perturbante, nos divisions, nos déchirures, nos illusions «malpapaye», nos combats perdus et peut-être nos regrets?

Comment mieux étaler, dans des scènes incroyablement cruelles, nos turpitudes, nos incohérences, notre simulacre d’unité et de vivre ensemble.

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«  Pa pè di yo pou nou pa pèdi yo » : Le tout dernier recueil poétique de Jean-François Liénafa

— Par Georges-Henri Léotin —

Le tout dernier ouvrage de l’écrivain martiniquais Jean-François Liénafa se présente comme à la fois un recueil de poèmes en (excellent) créole, et un petit condensé de proverbes, mots et expressions qui eux-aussi disent « l’âme créole ». Il est à noter que les mots créoles que recueille Liénafa sont aussi des prénoms. L’auteur s’intéresse à leur charge poétique (Atansioniz, Nowéliz…) ; il relève aussi des surnoms, parfois explicites, souvent énigmatiques (Agodom-dachin, Blengendenng, Bofio, Granzonng, Lotomangous, Twakadjab…). Le ti-non créole à partir d’un prénom peut être création, comme dans les exemples suivants : Mano (de Emmanuel), Fayo ou encore Afarel (de Raphael), Milo (de Émile), Silot (de Cécile) etc.

* Point important :la démarche poétique de Liénafa a une dimension morale et politique.

On dira peut-être : « Tousa gran mo pou an ti liv powézi ! ». Men liv Liénafa a sé pa an ti liv. I pa ni lépésè an bidim dikchonnè, men i dwet ni otan nannan lè’w gadé lowizon i ka wouvè ba pep-nou, é nou pé menm di : ba tout pep.

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« L’esclavage raconté aux enfants », un grand livre illustré de Frédéric Régent

Sortie en librairie le 14 avril 2023

Un grand livre illustré d’une centaine de photographies, pour expliquer l’esclavage aux enfants.
Cet ouvrage a pour ambition de proposer une première approche de l’histoire de l’esclavage dans le monde et des luttes abolitionnistes, de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui.
Frédéric Régent y explique la traite négrière et ses héritages politiques, culturels et humains. Il revient également sur l’esclavage colonial, sa réglementation, et le quotidien difficile des hommes, des femmes et des enfants dans les plantations, qu’ils soient esclaves domestiques, esclaves dits à talent (commandeurs) ou encore « nègres de pioche » (cultivateurs).
Les textes sont accompagnés de nombreuses photographies, documents officiels ou dessins.
Depuis 2008, ce sujet est inscrit au programme scolaire, pour lutter contre le racisme et les discriminations.
documentaire collection « Le Monde raconté aux enfants »
dès 8 ans
28,5 x 25,5 cm – 72 pages
14,90 euros
979-10-401-1278-5
en librairie
le 14 avril 2023

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Lexicographie créole : retour-synthèse sur la méthodologie d’élaboration des lexiques et des dictionnaires

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« La lexicographie est la branche de la linguistique appliquée qui a pour objet d’observer, de recueillir, de choisir et de décrire les unités lexicales d’une langue et les interactions qui s’exercent entre elles. L’objet de son étude est donc le lexique, c’est-à-dire l’ensemble des mots, des locutions en ce qui a trait à leurs formes, à leurs significations et à la façon dont ils se combinent entre eux. » (Marie-Éva De Villers, « Profession lexicographe », Presses de l’Université de Montréal, 2006)

Plusieurs enseignants oeuvrant en Haïti nous ont fait part de leur intérêt pour l’ample et rigoureux éclairage analytique fourni par notre récent article paru le 28 mars 2023 dans Le National, « La lexicographie créole à l’épreuve des égarements systémiques et de l’amateurisme d’une « lexicographie borlette ». De leur côté, des étudiants de la Faculté des Sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est nous ont demandé de fournir une synthèse exemplifiant, pour les non-linguistes, de quelle manière ou selon quel protocole méthodologique l’on procède à l’élaboration des lexiques et des dictionnaires créoles.

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Etats-Unis : 150 prêtres supplémentaires accusés d’actes pédophiles sur 600 enfants jusqu’en 2002

Un rapport dans le Maryland n’a pas valeur d’inculpation mais il nomme tous les prêtres accusés

Plus de 150 membres du clergé catholique sont accusés d’actes pédophiles « horribles et répétés » sur au moins 600 enfants, des années 1940 à 2002 dans le Maryland, a révélé mercredi la justice américaine, dénonçant la « complicité » de l’Eglise.

Ces prêtres et membres du personnel de l’archidiocèse « se sont livrés à des actes horribles et répétés sur les enfants les plus vulnérables de leur communauté, tandis que les dirigeants de l’archidiocèse fermaient les yeux », selon un rapport du procureur de cet Etat du nord-est.

Ce document porte sur l’archidiocèse de Baltimore, tout près de la capitale Washington. Il est le fruit d’une investigation ouverte en 2018, comme dans de nombreux autres Etats, à la suite d’une enquête choc en Pennsylvanie.
156 membres de l’Eglise identifiés

Quelque 156 membres de l’Eglise y sont identifiés, suspectés d’actes pédophiles sur plus de 600 enfants. Mais le nombre réel de leurs victimes « est sans doute bien plus élevé », notent les autorités, qui rappellent que seule une faible proportion des viols sont signalés.

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Yo di-mwen ki ou dé…

— Par Daniel M. Berté —

Yo di-mwen ki ou déklaré
Lavi Matnik sé pa lavi
Ou désidé foukan ayè
Pou profité dousin lot-la

Yo di-mwen ki ou déplasé
Pas ou pilé kracha Siryen
Ou janbé dlo, pati lotbò
Pou chèché lavi kay lot-la

Yo di-mwen ki ou débatjé
Adan frédi épi vergla
Ou lékété épi glisé
Ek tonbé an dalo lot-la

Yo di-mwen ki ou dérasiné
Ka dòmi dérò anba pon
Ou ka jis mandé chien meg pen
Ek pléré an péyi lot-la

Yo di-mwen ki ou débantjé
Kon Kris anglé Vandrédi-sen
Ou an lanmen douvan, lot dèyè
Ka maché an lari lot-la

Yo di-mwen ki ou débiélé
Ka palé tout lasent jounen
Ou ka kriyé ki yo piayé’w
Ek ka jouré lavi lot-la

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 » La vie » & « L’après midi d’un smart-phone »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

L’après-midi d’un smart-phone

Miroir sans tain
où se reflète le monde entier :TR7S
le beau et le laid,
le bon et le mauvais,
le faux comme le vrai,
le pire et le meilleur,
le rire avec les pleurs,
l’espoir comme la peur
et l’amour et l’envie
et la mort et la vie
dans cette petite vitre, non triées
les images et les pensées
de toute une pauvre humanité
en quête de reconnaissance
bien plus, hélas, que de connaissance…
S’exhiber à tout prix
en tous lieux tout le temps
et se faire admirer
par tant de faux amis
pour mieux s’admirer soi-même :
ah que je m’aime, que je m’aime !
Se tirer le portrait
et l’offrir en pâture
dans l’espoir avéré
de recevoir un Oscar sauvage
tel un autre Dorian Gray
qui ne peut plus se voir en peinture
mais à la fin qui est le vrai ?
Car le phone rusé joue du pipeau
et vous tombez de haut
quand par un bel après-midi
ce Pan vous laisse en plan…

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« 7 degrés d’humanité et plus… » de Celma

Entre une rencontre qui ne s’est pas faite et qui aurait pu sauver d’une mort infâme un compositeur génial ; un patriarche pressé à l’approche de sa mort de laisser en héritage à son petit-fils le récit de sa vie ; et un voyage au Sénégal dont le déroulement est abandonné au soin de la providence, c’est le récit de rencontres inopinées, comme toutes celles qui le plus souvent enrichissent notre vie qui sont ébauchées ici.
Dans ces textes inspirés pour la plupart de faits réels, il n’est pas si aisé de définir la part de réalité et celle de fiction.
L’expérience de la vie nous montre que la première dépasse souvent la seconde. Chacune de ces nouvelles évoque des moments où notre vie prend une dimension irréelle, fruit de notre ouverture, notre réceptivité, notre spontanéité vis-à-vis de l’autre.

« Il y a bien sûr des vocations pour l’écriture plus tardives que la mienne! Je me réjouis qu’elle soit venue maintenant sans regretter que ce ne fût plus tôt « confie CELMA.
« 7 degrés d’humanité et plus…L’objectif de 7 nouvelles a été dépassé, ayant au fil de l’écriture livré 11 textes réunis dans ce premier recueil.

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« Impasse Parole », un roman de Céline Malraux

Résumé : Victoire se demandait ce qu’elle devait faire des croyants. S’ils pensent aller au paradis, faut-il accélérer leur ascension ou au contraire prolonger la conscience qui leur est peut-être un grand bonheur de leur cheminement vers la sortie. « Tout dépend de leur état, conclut-elle, ce qui compte, c’est de ne pas souffrir. Enfin, de ne pas laisser souffrir, c’est presque pareil. Notre métier, c’est prendre le relais de Dieu. Le comble pour une athée comme moi ! On nous demande d’aller contre la fatalité de la vie quand elle n’est plus qu’une ombre, contre celle de la mort quand on peut encore la regarder de haut, contre celle de la souffrance quand la chimie lui est opposable. On nous demande de juger en notre âme et conscience, d’administrer le bon geste mais personne, personne ne peut savoir qui a raison ou qui a tort. Dans notre monde, il y a les vivants et les mourants. Autant de différences parmi les premiers que parmi les seconds… »

Prmières lignes :

Ce soir-là, Marc et Victoire dînaient chez le vieil Éloi.

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« Nan yon bat je » : traduction réussie de l’ « Espace d’un cillement » de J.S.Alexis en créole

— Par Renel Exentus, doctorant en études urbaines à l’INRS —

Le 25 mars 2023, deuxième journée du festival afro-urbain à la Maison d’Haïti à Montréal, a été marqué en soirée par la prestation des artistes de grands calibres, dont Wesli et Sherlee Skay. Leur production a mis en évidence un répertoire de rythmes et de mélodies éclectiques où des tonalités vodou sont agencées à celles du jazz, soul, hip-hop et afrobeat. Cette symphonie musicale a été introduite par un autre événement majeur. Il s’agit de la première vente signature de la traduction en créole du célèbre roman de Jacques Stephen Alexis : « L’espace d’un cillement ». Sous le titre de « Nan yon bat je », l’ouvrage est traduit par la linguiste et didacticienne Edenne Roc. Il ne s’agit pas d’un coup d’essai puisque cinq ans auparavant, elle a rendu Compère Général Soleil disponible en créole haïtien. Après avoir donné un second souffle au premier roman de J.S. Alexis, « Nan yon bat je » confirme une fois de plus son professionnalisme dans le domaine de la traduction.

Paru sur un fond d’azur, la couverture de l’ouvrage est illustrée par une peinture de Gladys Saint-Victor qui met en symbiose l’énergie féminine avec les forces de la nature.

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Pour Patrick Chamoiseau, la montagne Pelée est « un sanctuaire de la dignité humaine » qui mérite d’entrer au Patrimoine mondial de l’Unesco

Début 2021, les autorités françaises ont soumis au Patrimoine mondial de l’Unesco la candidature des biens naturels martiniquais que sont la montagne Pelée et les pitons du Carbet. Le comité de classement rendra sa décision courant septembre 2023. L’écrivain martiniquais nous envoie ce texte intitulé « le Volcan liberté ».

La montagne Pelée est l’ultime volcan vivant de la Martinique. Sa morphogenèse (avec ses strates, ses pentes douces ou abruptes, ses bosses veloutées, ses cassures reliées à ces élévations inouïes que sont les grands pitons) constitue à ce jour une singularité géognostique impériale.

Mais c’est aussi un ensemble d’écosystèmes forestiers, végétaux, faunistiques, bien conservés et, dès lors, bondés de trésors endémiques. Il témoigne, d’une sorte exemplaire, de ce chaos-opéra tellurique qui a donné naissance à l’archipel caribéen, tant dans son alphabet géologique, que dans ses œuvres magmatiques où d’innombrables présences vivantes ont trouvé un berceau.

De plus, il est en soi un emblème majeur du volcanisme. Lors de l’éruption de 1902, en révélant au monde l’existence des volcans explosifs, il a offert à la science un ban de connaissances et une classification opérationnelle qui allaient sauver bien des vies.

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La lexicographie créole à l’épreuve des égarements systémiques et de l’amateurisme d’une « lexicographie borlette »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« La borlette aurait débuté dans les années 1950 dans le sud du pays, dans les régions des Cayes, via les émigrés haïtiens travaillant à Cuba – au départ, elle se serait appelée la « Loteria Cubana » puis « Bolita » qui signifie « petite boule » en espagnol et, dans les années 1960, elle est devenue la borlette (…) Quant à la borlette, sa pratique relève en fait de toute une géomancie qui accompagne l’interprétation des rêves et révèle une certaine technicité du jeu : il faut en « bien » rêver, bien interpréter son rêve pour arriver au bon boul. L’analyse permet ici de revenir sur l’affirmation selon laquelle, dans les jeux de hasard, « non seulement on ne cherche pas à éliminer l’injustice du hasard, mais c’est l’arbitraire même de celui-ci qui constitue le ressort unique du jeu » (Marie Redon, Université Paris 13-Nord : « Gaguère (combat de coqs) et borlette (loterie) / Quels enseignements sur Haïti ? », Géopolitique des jeux d’argent, Cahiers d’Outre-Mer, LXXII, 2020).

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Une promotion de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est à Jacmel porte le nom de Robert Berrouët-Oriol 

— Par Marc Sony Ricot —

La promotion 2018-2022 de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est à Jacmel porte le nom de Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue et écrivain. Cette exceptionnelle distinction est attribuée à l’universitaire pour son « dévouement et son engagement au service de la langue créole, de la linguistique et de l’éducation en général ». 
Les étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (FSE/UPSEJ) ont fait choix de Robert Berrouët-Oriol comme personnage public pour dénommer leur Promotion de fin d’études universitaires : « promotion Robert Berrouët Oriol (2018-2022) ». La cérémonie de remise des diplômes a eu lieu le dimanche 26 mars 2023 en l’église du Sacré-Cœur de Meyer, à Jacmel. « Nous avons fait choix de monsieur Berrouët-Oriol pour son dévouement et son engagement au service de la langue créole, de la linguistique et de l’éducation en général », écrit l’étudiant Assédius Doret, l’un des membres de la promotion.
Pour sa part, Robert Berrouët-Oriol, dans la lettre adressée aux étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est de Jacmel, se dit ému par cette distinction. 

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« Et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison » de Cherie Jones

La romancière barbadienne lauréate du Prix Carbet des lycéens 2023

Le grand jury du Prix Carbet des lycéens s’est réunile 28 mars 2023 au lycée des Droits de l’Homme à Petit-Bourg, en Guadeloupe, pour désigner son lauréat. C’est l’ouvrage « Et d’un seul bras, lasœur balaie sa maison » de l’écrivaine barbadienne Chérie Jones qui a été primé.

À Baxter’s Beach, à la Barbade, Wilma, la grand-mère de Lala, raconte l’histoire de la sœur à un bras. C’est un récit édifiant sur ce qui arrive aux filles qui désobéissent à leur mère et se rendent dans les tunnels malfamés de Baxter.
« On peut supposer, se dit Lala, qu’un homme n’est pas vraiment méchant quand la nature elle-même ne juge jamais bon de le punir ». Une fois adulte, Lala vit chichement dans un cabanon de plage avec son mari, Adan, un voyou au charisme dévastateur. Quand un de ses cambriolages dans une villa de luxe voisine dérape, et qu’il est obligé de tuer un riche homme blanc pour s’en sortir, deux vies de femmes s’effondrent. Celle de la veuve de la victime, une insulaire partie de rien et ayant usé de ses charmes pour obtenir une meilleure vie.

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Jean Casimir ou les dérives d’une vision racialiste de la problématique linguistique haïtienne

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La problématique linguistique haïtienne, il faut encore le souligner, est débattue depuis de nombreuses années sous toutes les coutures par des linguistes, par des enseignants et par des intellectuels haïtiens d’horizons divers souvent porteurs d’une indispensable réflexion citoyenne en écho aux travaux de la créolistique. Ainsi, le romancier, poète et essayiste Lyonel Trouillot s’est exprimé à voix haute dans un texte courageux, lucide et percutant paru dans Le Nouvelliste du 7 juillet 2005, « Ki politik lengwistik pou Ayiti ? », auquel le linguiste Renauld Govain a répondu dans un article de grande amplitude et fort éclairant, « Pour une politique linguistique en Haïti aujourd’hui » (Le Nouvelliste, 29 juillet 2005). Ces deux articles méritent d’être relus avec attention tant la réflexion, qui aborde des questions de fond, ratisse large.

Dans son article, Lyonel Trouillot précise ce qui suit : « La tentation facile de considérer le français comme une langue étrangère comme une autre, l’anglais par exemple, me semble un refus délibéré de tenir compte d’une donnée fondamentale : la nécessité de préserver la spécificité culturelle de notre état nation dont l’une des composantes est le patrimoine linguistique.

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Première « Déblosaille » poétique à Saint-Esprit

— Par Selim Lander —

En préfiguration du deuxième festival de poésie organisé par l’association Balisaille au mois de mai prochain, une réunion bien sympathique, à laquelle était conviés tous les amateurs de la chose poétique, a eu lieu dimanche 19 mars. Ce fut d’abord l’occasion de rendre hommage à quelques poètes et poétesses locaux souvent injustement oubliés, disparus depuis peu pour la plupart, qui ont chanté la Martinique dans leurs œuvres, ses joies et ses peines. En voici la liste qui, fatalement, ne parlera pas de la même manière à tous nos lecteurs :

Gilbert Gratiant  (1895-1985)
Ina Césaire (1942-)
Georges Devassoigne (1931-2015)
José Le Moigne  (1944-)
Marie-Magdeleine Carbet (1902-1996)
Nelly Martin ( ?-?)
Rose-Eliane Landès (1955-2010)
Guylaine Avenel alias Clo-Dja ( ?-?)

« Heureux ceux qui sont mort pour la terre charnelle », écrivait Péguy dans le poème Ève (1913). Il écrivait aussi « Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement / Et cette obéissance et cette humilité ». Si Péguy parlait des soldats morts pour la patrie, le poète qui glorifie son pays dans ses vers (sans cacher pour autant ses revers) ne mérite-t-il pas lui aussi un tel éloge ?

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Aksidans-tjè

— Par Daniel M. Berté —

Man fann tjè-mwen anlè woch lendiférans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man pété tjè-mwen adan mòn-rédi rifizans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man krazé tjè-mwen anlè masonn ripousans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man kòché tjè-mwen asou pitjet méprizans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man blésé tjè-mwen anlè vè-boutey frédiyans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man dépotjolé tjè-mwen anlè karapas lensolans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man déchiré tjè-mwen asou fil-bawblé lignorans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

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À propos du dernier roman de Patrick Chamoiseau : « Le vent du nord dans les fougères glacées »

— Par Michel Pennetier —

Si l’ouvrage est sous-titré « roman » en page de couverture, il est défini comme un  « organisme narratif » en première page du livre, soulignant ainsi une intention narrative particulière de l’auteur. En effet, le narrateur de l’histoire n’est pas censé être l’auteur lui-même, celui-ci donne la parole à un témoin des événements qui aurait rapporté les faits à l’auteur. C’est seulement à la fin du récit que Chamoiseau prend la parole évoquant sa visite chez ce narrateur, un homme très âgé qui lui a raconté des événements fort anciens. Distanciation donc par rapport à un récit qui ne laisse pas de surprendre par son aspect partiellement ésotérique. Le personnage central est un vieux conteur martiniquais que le narrateur a connu mais qui un jour a disparu et dont on ne sait s’il vit encore. Quelques personnes du village se mettent à sa recherche escaladant une montagne, traversant une jungle où le vieux conteur aurait pu se retirer. Le héros du récit est donc caractérisé par son absence et les traces que sa Parole ( on verra pourquoi il faut mettre une majuscule) a laissées dans l’esprit de ses auditeurs.

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Prix de la traduction en langue.s créole.s

Bourse d’aide à la traduction du « Cahier d’un retour au pays natal » décernée à…
Le jury du Prix « Balisaille » de la traduction en créole s’est réuni le 12 mars afin de délibérer sur les 22 textes reçus de Martinique, d’Haïti, de la Guadeloupe et de la Réunion. L’exercice proposé consistait à traduire en créole les trois premiers paragraphes du Cahier d’un retour au pays natal (1939) d’Aimé Césaire.
Présidé par Raphaël Confiant (Martinique), le jury était composé de Renaud Gauvain (Haïti), Georges-Henri Léotin (Martinique), Céline Huet (La Réunion), Max Rippon (Guadeloupe), Igo Drané (Emigration), Carole Sidien (La Réunion) et Nelson-Rafaell Madel (Martinique). Il s’est penché sur les différentes propositions de traduction d’un texte difficile car marqué tout à la fois pas une puissante oralité et une littérarité exigeante, chose qui constitue un véritable défi pour une langue en voie d’accession à la souveraineté scripturale comme le créole. A noter que les textes avaient été anonymés par les responsables de l’association BALISAILLE et qu’aucun membre du jury n’appartient à cette dernière.
Le jury a été agréablement surpris par la haute tenue d’un grand nombre de ces 22 traductions, ce qui est à n’en pas douter le fruit du travail accompli par les défenseurs du créole depuis quatre décennies dans les territoires où cette langue est parlée.

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À propos de l’Ur-texte  » Et les chiens se taisaient » d’Aimé Césaire

Peut-on faire lecture publique d’un texte qu’un auteur a désavoué ?

— Par Roland Sabra —

Désavouer: Refuser de reconnaître quelque chose comme sien, le renier. Larousse .

Pendant longtemps, jusqu’en décembre 2008, n’étaient connues que quatre versions du texte d’Aimé Césaire «  Et les chiens se taisaient ». Les deux plus célèbres, publiées en français sont celle de 1946, chez Gallimard, insérée dans le recueil « Les armes miraculeuses », suivie en 1956 d’un « arrangement théâtral » de Présence Africaine. Cette année là deux autres versions, dues au travail de l’écrivain et traducteur Janheinz Jahn voient le jour, Und die Hunde schwiegen , en allemand dans le texte, la première radiophonique dont il existe une transcription et une autre suffisamment ré-élaborée, transformée pour qu’elle soit considérée, par certains, comme le résultat d’une co-écriture entre le poète et son traducteur. « Jahn supprime dans les trois actes environ un tiers du texte original de Césaire […]. Il complète ce qu’il a conservé par des scènes et des indications scéniques qu’il a lui-même rédigées et qui constitueront environ 20 % de la totalité du texte définitif de cette version.

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Le partenariat créole-français, l’unique voie constitutionnelle et rassembleuse en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« Cohabitation des langues et politique linguistique / La notion de « langue partenaire » est le titre de l’ouvrage publié au cours du mois de novembre 2015 par la Délégation à la langue française de Suisse. Cette publication de 198 pages regroupe les actes du séminaire « Le concept de ‘’langue partenaire’’ et ses conséquences pour une politique intégrée du français » organisé à Champéry (Suisse) les 6 et 7 novembre 2014 par le réseau OPALE. Depuis plusieurs années, le réseau OPALE regroupe les organismes francophones de politique et d’aménagement linguistiques suivants : (1) le Service de la langue française et le Conseil de la langue française et de politique linguistique de la Fédération Wallonie-Bruxelles ; (2) la Délégation générale à la langue française et aux langues de France ; (3) le Conseil supérieur de la langue française, l’Office québécois de la langue française et le Secrétariat à la politique linguistique du Québec ; et (4) la Délégation à la langue française de Suisse romande. Les auteurs des contributions réunies dans ce volume proviennent de diverses régions de la Francophonie (Belgique, Côte d’Ivoire, France, Gabon, Québec, Suisse).

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Paul Rosine, Paulo… ou le parachèvement d’un artiste musicien.

Pianiste, chanteur, compositeur, auteur, arrangeur, chef d’orchestre.

— Par Manuel Césaire —

Mes quelques mots ne se réclament d’aucune exhaustivité.

D’autres avant moi ont discouru et disserté.

D’autres après moi, le feront car il faudra continuer à analyser, à comparer pour tenter de saisir, de comprendre l’arborescence de son œuvre et de son génie musical.

Un génie martiniquais et universel.

Ou encore un génie musical universel mis au service de sa « martiniquanité », de son identité profonde.

C’est sur cet aspect que je souhaite m’attarder, aujourd’hui.

Les influences dans l’œuvre de Paulo Rosine, on les entend, bien entendu.

De la musique classique au jazz, en passant par la musique de film et les musiques latino-américaines, ces influences stylistiques, ces procédés d’écriture sont identifiables dans l’orchestration générale, tant pour la section des cordes frottées (violons/alto/violoncelle) que pour la section de cuivres.

Paulo Rosine adaptera souvent la répartition des voix en fonction des pupitres disponibles. 

Le procédé d’harmonisation de la section de cordes s’apparente à la technique du quatuor à cordes. Néanmoins et faute d’avoir un 1er violon, un 2nd violon, un violon alto et un violoncelle, Paulo adaptera son harmonisation en fonction des instruments qu’il a « à sa disposition » ce, avec la contrainte des tessitures.

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« Le fil rouge », poésie de Marie Boniface

Concours de poésie Vieux-Habitants (Guadeloupe) en l’honneur du printemps des poètes 4 mars 2023 Thème: Frontières

« Les frontières, je les aime, je les déteste. »

Gilles LAPOUGE

Le fil rouge – Prix du Coup de Cœur.

Le fil rouge

Le souffle trouillard ricane.
La langue de ma nuit
Le rend coriace aux confins du désir.

Aussi torride que le froid racorni du snack,
Mon désir nocturne caresse tes cheveux
Dans l’antre abyssale de la cachoterie.

Samedi soir à ton phallus je m’attache.
Mes yeux brûlants léchant ton interdit,
Je pénètre l’invisible frontière.
Éclaboussé à l’oreille des plus affûtés,
Notre secret se met à héler.

Dans la cachette,
On s’écharpe, on s’aime
Et l’amour, on le fait.
Les frontières, je les aime, je les déteste
Comme cet entêté de fil rouge.
Notre amour rayonne dans sa clandestinité
Au milieu du froid minuit de la Pelée.

 

Marie Boniface

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Fè ladjè ?

— Par Daniel M. Berté —

Ou a bo vréyé vié pawol
Ou a bo fè kon an fanm fol
Ou a bo kanpé mové wol
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo di ki man kapon
Ou a bo kriyé-mwen kouyon
Ou a bo trété-mwen di kon
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo aplé-mwen lèlè
Ou a bo di man tjoupèpè
Ou a bo di man makoumè
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo di malédision
Ou a bo fè profitasion
Ou a bo konmet agrésion
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo fè tout mové senn
Ou a bo di man pa ni grenn
Ou a bo fè-mwen bon lapenn
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo vréyé minision
Ou a bo pété esplozion
Ou a bo fè déflagrasion
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo di man kakazwa
Ou an bo kriyé-mwen bwabwa
Ou a bo di man ababa
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo kontinié wouklé
Ou a bo soté maté rélé
Ou a bo fè tousa ou lé
Man pa djè pré a fè ladjè… épi’w Doudou

Daniel M.

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