Catégorie : Littératures

Les discours d’ouverture et de fermeture du festival Mai.Poésie

—Par Serge Florent, président de BALISAILLE —
Discours d’ouverture du présient de Balisaille

Monsieur Fred-Michel THIRAULT, Maire de la Ville du Saint-Esprit,
Monsieur Christophe POMEZ, Directeur des Affaires Culturelles
Mesdames, Messieurs les Elus
Mesdames, Messieurs les Poètes d’ici et d’ailleurs,
Mesdames, Messieurs Membres de Balisaille,
Chers amis,
Vous qui nous faites l’honneur et l’amitié de partager ce moment de convivialité, soyez les bienvenus.

Notre rassemblement ici et aujourd’hui, témoigne de notre engagement commun pour la promotion de la Poésie.

Mesdames et Messieurs, Je suis très heureux et honoré d’avoir été choisi par mes pairs pour ouvrir ce Mai-Poésie.

La poésie est une forme d’art majeur qui permet d’exprimer des émotions et des sentiments les plus intimes. Il est donc très important de redonner à la poésie la place qu’elle mérite et de promouvoir sa pratique en Martinique.

Ce festival est une belle occasion d’explorer les différentes formes de poésie et de se connecter à sa propre créativité. Nous aurons la chance d’entendre des poètes de toutes les régions et de tous les âges, qui partagent des visions et des expériences uniques.

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Prix international de l’invention poétique, 2e édition

Le samedi 20 mai 2023, en clôture du « Festival Mai. Poésie » organisé par l’association BALISAILLE, le jury a procédé à la remise du Prix international de l’invention poétique aux finalistes des catégories « français » et « créole ».

Cette année, le nombre de textes en français reçus a été très important. Plus de 140 manuscrits, soit trois fois plus que l’an dernier. Cela témoigne du succès grandissant du « Festival Mai. Poésie » dont la notoriété s’étend désormais au-delà de la Caraïbe. La prédominance de la langue française persiste cependant et les productions en créole montrent une carence de l’offre des autres espaces créolophones, puisque la majorité des textes proviennent encore une fois d’Haïti. Pour les prochaines éditions, notre défi sera de redoubler d’effort afin de recueillir plus de textes en créole et solliciter davantage les poètes.

Le jury s’est réuni le dimanche 14 mai par zoom et une première sélection a retenu sept textes en français et cinq en créole. La deuxième réunion du jury s’est déroulée en présentiel à Sainte-Luce le mardi 16 mai. Après un débat animé et devant la qualité de trois manuscrits restant en discussion en français, le jury a voté majoritairement pour le texte de NATHANAËL et a décidé de décerner des mentions aux deux autres.

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« Bwa kale », quelle interprétation dans la conjoncture actuelle ?

Par Fortenel Thélusma —

Cet article se propose d’expliquer l’usage actuel de l’expression « Bwa kale » dans le cadre de l’opération portant le même nom, initiée par des membres de la population haïtienne complètement abandonnée par les tenants du pouvoir afin de se défendre contre les bandits armés qui les massacrent sans pitié. À l’aide d’arguments scientifiques appropriés, il tentera d’appréhender la réalité en tenant compte de la situation de communication, du contexte dans lequel le syntagme nominal « Bwa kale » est utilisé. Il prendra le contre-pied des traductions et définitions relevées dans certains articles francophones de l’étranger.

Les mouvements sociaux, politiques, économiques, culturels, etc. donnent souvent naissance à de nouveaux mots ou donnent lieu à l’usage nouveau de mots existant déjà dans la langue. Il en est ainsi, dans ce dernier cas, de l’expression « bwa kale » revenue en force ces temps -ci à la fois comme slogan, mouvement de révolte, moyen de défense. En effet, elle est en usage depuis plusieurs mois déjà dans certaines stations de radio de Port-au-Prince, soit comme slogan, soit dans des commentaires visant à mobiliser la population haïtienne (voir par exemple, radio Regard FM/ plateforme Vouzan en ligne).

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Le nègre, le gibier des nations

— Yves Untel Pastel, écrivain-poète, Martiniquais de l’autre-bord —

Le nègre, le gibier des nations

Nègres de la terre,
Nègres de toutes terres
Nous sommes de ce peuple de damnés
Partout condamnés pour n’être
Que ce que nous sommes : nègres !
Nègres du monde, damnés de toute terre
Nous sommes ce troupeau de gibiers pourchassés
Bétails attaqués en leurs terres, braconnés, exilés ailleurs
Les lions féroces de partout nous traquent sans relâche
Que ces mangeurs de nègres soient des hommes blancs
Monstres à sang froid d’occident
Ou des tigres rampant venus du levant
Ou des panthères noires, ces autres nègres impériaux, impitoyables
Traîtres vénaux et avides, vassaux cupides et fratricides !
Nègres du monde, viande rouge, tranchée sur les étals mercantiles
Nous n’avons nulle part où trouver un juste repos
Nulle rivière fraîche ou apaiser nos soifs
Nulle paisible prairie où paître
Sans craindre d’être déchiquetés
Tous ces ports où nous échouons
Sont des portes qui donnent sur l’enfer
Des centres de rétention
Où notre chair est massacrée
Où notre âme est abreuvée de fiel
Où notre destin touche au chaos.

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Un jour mémorial

— Par Yves Untel Pastel, écrivain-poète, Martiniquais de l’autre-bord—

Un jour mémorial

Et l’homme noir fut couché
Et l’homme noir de lui-même se dressa
Et la barbarie cisela ses jambes
Et son esprit libre d’entrave
Se hissa par-dessus les nuées
Et sa rebelle dignité habita le temps
Tonnerre grondant depuis le flot des millénaires.
Et je suis la sève montante de cette humanité-là
Pollen, fragment de toute l’humaine essence
Et nul ne me tiendra dans les chaînes
Que l’on dissèque mon corps
Qu’on le broie dans milles étaux
Qu’on le pile, qu’on le vanne,
Qu’on l’émiette qu’on le disperse
Pour nourrir les champs de toutes les barbaries
Mon âme s’échappe par les dents des rouages infâmes
Mon âme s’évade comme l’air entre les mains de mes bourreaux.

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Forfaiture en réseau

— Par Marie-Joe Lirus —

… ! J’ai besoin d’un AVOCAT qui ne me trahira pas,
Dis-moi ! où il est ?

… ! J’ai besoin d’un MEDECIN qui ne me trahira pas,
Où est-il ?

… ! J’ai besoin d’un CURÉ qui ne me trahira pas,
…?

… ! J’ai besoin d’un PASTEUR qui ne me trahira pas,
…?

… ! J’ai besoin d’un ÉLU qui ne me trahira pas,
…?

… ! J’ai besoin d’un POLITIQUE qui ne me trahira pas,
… ?

… ! J’ai besoin d’un COMMERCANT qui ne me trahira pas,
… ?

… ! J’ai besoin d’une POLICE qui ne me trahira pas,
….?

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La lexicographie créole à l’écoute des enseignements de la dictionnairique

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dictionnairique : « (…) étude des conditions d’élaboration des dictionnaires pris comme objets sociétaux et commerciaux régis par des contraintes éditoriales spécifiques. La dictionnairique est un domaine constitutif de la métalexicographie. » (Franck Neveu : « Dictionnaire des sciences du langage », Paris, Armand Colin, 2011)

Lexicographie : « Le terme lexicographie a couramment deux acceptions.
La confection des dictionnaires : choix des unités lexicales à traiter, méthode de leur description, techniques de présentation, en vue de la publication.
L’étude des dictionnaires, comme discipline scientifique : définition des types d’ouvrages, analyse des méthodes, description du texte. En ce sens, elle est différenciée de la lexicologie, qui étudie le lexique comme partie du système de la langue, indépendamment de sa représentation dans les dictionnaires, ou qui s’attache à l’analyse de mots particuliers en langue et dans les textes. » (Alise Lehmann et Françoise Martin-Berthet : « Lexicographie, métalexicographie, dictionnairique / Sémantique, morphologie et lexicographie », (revue Lexicologie, Éditions Armand Colin, 2018)

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Dé rèbel

— Par Daniel M. Berté —

An gran neg lévé an wayom Dawomé
Pou afronté solda mové lawmé fransé
Ki té sòti lotbò pou té kolonizé
An péyi éti moun té za an libèté

Non’y sété Prens Kondo ki vin Wa Béyanzen
I pran zanm pou lité, mété kò’y a goumen
Lè’y té lé négosié, menm manniè ki Tousen
YO tjenbé’y, ekzilé’y adan Matnik o lwen

Lè’y rivé Matinik an péyi dominé
Dan la popilasion i viv yonndé lanné
Riviré an péyi’y, sé sa’y té ka mandé
Men i fini pa mò, koté lavil d’Algé

Etiomi, Sénnocom, Ménousoué, Dononcoué, Klan Béyanzen Matnik
Mécougnon, Kpotassi, Abopanou, Klan Béyanzen Matnik
Ouanilo, Adandédjan, Pierre Fanon, Falégué, Klan Béyanzen Matnik
Frédéric, Gabriel, Andréa, Klan Béyanzen Matnik

An lot gran neg lévé lot koté Latlantik
Sézè! An mapipi an konba politik
An sakré met-matjè an domenn powétik
Ki pòté an fon tjè’y, Matinik épi Lafrik

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« Qui ne risque rien, n’a rien… » & « Révolution : rêve ou volition? »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

« Qui ne risque rien, n’a rien »…

Les expériences dangereuses
sont les plus enrichissantes.
Dans les ronces épineuses
se trouvent des baies succulentes.

Les personnes à l’humeur rugueuse
sont souvent les plus intéressantes.
Les femmes dont difficile est la conquête
ne feront pas des compagnes ennuyeuses et bêtes.

Toujours en tout se mérite l’excellence…
Qui ne risque rien, ne doit rien attendre de l’existence.
Les buts à atteindre malaisés,
les rêves durs à réaliser,

les désirs difficiles à satisfaire
sont au monde les plus précieuses choses…
Ne se dévoile le parfum rare de la rose
qu’à ceux qui la cueillir osent

sans peur de s’y piquer la main.
Sans se soucier du lendemain,
la vie doit être une aventure :
c’est une loi de la Nature !

Révolution : rêve ou volition?

Avoir des rêves est nécessaire
pour vivre tout comme espérer…
Rêver sa vie n’est pas assez :
il faut aussi vivre ses rêves !

Car nous devons concrétiser
sous peine d’une frustration
rendant l’homme bien trop amer
au point que parfois il en crève…

Mais éviter la crevaison
pour respirer sans manquer d’air,
ça c’est question de volonté :
celle de passer à l’action

pour transformer les illusions
en tangible réalité…
Ça s’appelle révolution
et demande une volition
de chaque révolutionnaire !

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Café littéraire & conférence inaugurale de Mai.Poésie à Foyal

 Le mardi 16 mai 2023 au Patio19 et à Tropiques-Atrium

17h : Café poétique et dédicaces, en partenariat avec la librairie Kazabul au Patio19

Avec les auteurs et auteurices : Ar Guens Jean Mary, Witensly Lauvince et Lyonel Trouillot (Haïti), Stelle Dibandi, Fanfan Méryt, Nathanaël et Roger Parsemain (Martinique) Hector Poullet (Guadeloupe).

Patio19 :19 Rue Garnier Pagès, Fort-de-France 97200, Martinique

19 h : Tropiques Atrium

  • Conférence inaugurale présentée par Claude Dauphin, Professeur émérite de musicologie à l’UQAM et chercheur associé à l’OICRM : De la subversion et de la poétique : Musicaliser la poésie chez les Indigénistes haïtiens.

  • Récital poétique « De la poésie comme de la musique – Pwézi sé mizik, mizik sé pwézi »: avec Nelson-Rafaell Madel et Christophe Césaire- Textes choisis par Faubert Bolivar

Mercredi 17 mai

9h30-11h30 : La poésie est dans la rue-Pwézi an lari-a

  • François : Stéphane Martelly, Hermas Gbaguidi / Stelle Dibandi
  • Robert : Max Rippon, Christina Goh/ Eric Pézo
  • Saint-Esprit : Claude Dauphin, Daniel Berté, Gérard Lamoureux, Dieulermesson Petit-Frère, Ar Guens Jean Mary, Patricia Latour, Lyonel Trouillot
  • Saint-Pierre : Michel Ducasse, Françoise James Ousénie/ Malik Duranty
  • Sainte-Luce : Francis Combes, Stéphanie Melyon-Reinette /Richard Bunod
  • Collège Petit Manoir, Lamentin (8h-11h) : Hector Poullet, Françoise Foutou
  • Collège Jane Nardal, Diamant (8h30-10h30) : Roger Parsemain, Witensky Lauvince
  • 14h-16h / Centre Pénitentiaire, Ducos : Lolita Monga (quartier des femmes), Mehdi Krüger (quartier des hommes)

16h-18h : Martinique Poésie Tour-Pwézi ka Woulé 1/3

(Sur inscription auprès du secrétariat du festival) Saint-Esprit-Ducos

19h : Hommage à Monchoachi

Médiathèque Alfred Melon-Dégras (AMD), Saint-Esprit

  • Projection “Monchoachi, La parole Sovaj”d’Arlette Pacquit
  • Récital de morceaux choisis de Monchoachi par Faubert Bolivar, Nicole Cage, Malik Duranty, Simone Lagrand, Arlette Pacquit/ Ponctuation musicale Ali Boulo Santo Cissoko (maître de kora)
  • Lancement du dernier titre de Monchoachi : « Retour à la parole sauvage » (Ed.

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Patrick Chamoiseau, Prix Marguerite Yourcenar 2023

« On connaît très mal un écrivain par un seul de ses livres : les harmoniques de l’œuvre nous échappent. »

Marguerite Yourcenar, ``En pèlerin et en étranger« 

C’est donc pour mieux approcher un écrivain, appréhender son univers, (re)découvrir son talent que le Prix Marguerite Yourcenar de la Scam met en lumière un auteur ou une autrice pour l’ensemble de son œuvre.

Beaucoup se souviennent de « l’oiseau de Cham », alias le « rapporteur de paroles » qui orchestrait la spirale polyphonique constituant Texaco. Ce grand roman de la créolité en marche a valu à Patrick Chamoiseau un prix Goncourt retentissant en 1992, six ans à peine après la parution de son premier livre, Chronique des sept misères.

En inventant son chemin sur les traces magiques des conteurs créoles surgis de la catastrophe esclavagiste, son dernier roman, Le vent du nord dans les fougères glacées (Le Seuil, 2022), forme un lumineux diptyque avec l’essai publié, La nuit, le conteur et le panier pour explorer les sources de la création artistique d’une manière inédite, et témoigner ainsi d’une forme d’accomplissement.

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Sur les traces d’Aimé Césaire…

ou les sites, rues et édifices baptisés Aimé Césaire

Par Xavier Chevallier, conservateur en chef des bibliothèques —

Cent-dix ans après sa naissance et quinze ans après sa disparition, quelle(s) empreinte(s) a laissée(s) Aimé Césaire en Martinique, dans l’Hexagone et ailleurs ? C’est la question que l’on peut légitimement se poser au sujet de la postérité littéraire et politique du Chantre de la négritude, en examinant notamment le nombre de livres, études, articles, conférences, films et émissions qui lui ont été consacrés – plusieurs centaines. Les archives audiovisuelles et le web permettant de remonter des années 1960 à 2008 sont de ce point de vue une source inépuisable d’informations et de (re)découvertes sur les aspects multiples de l’homme et de l’œuvrei.

Pourtant, c’est par un autre biais, à savoir la place qu’occupe Aimé Césaire dans l’espace public, que sera ici abordée la réception d’une œuvre et d’une personnalité aussi éminente qu’imposante. Approche qui, loin d’être anecdotique, est révélatrice à bien des égards de l’évolution de la perception et de la dimension de l’illustre personnage.

Aussi ai-je entrepris en 2022 des recherches sur internet pour trouver les sites, salles, bibliothèques, établissements scolaires, édifices, rues, places, fresques et statues portant le nom d’Aimé Césaire en Martinique, en France et dans le monde.

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Pour une créolistique rassembleuse et innovante

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

22 articles du linguiste-terminologue Robert Berrouët-Oriol publiés d’abord en Haïti dans le journal Le National et par la suite reproduits, à l’échelle internationale, sur le prestigieux site de L’Observatoire européen du plurilinguisme (OEP). L’Observatoire européen du plurilinguisme édite chaque mois sur son site Web « La Lettre d’information de l’OEP » destinée à ses 20 000 abonnés. La Lettre d’information de l’OEP, qui a diffusé de 2005 à 2022 plus de 15 000 articles reproduits dans plusieurs langues, est désormais traduite bénévolement en allemand, anglais, arabe, bulgare, croate, espagnol, grec, italien, polonais, portugais, roumain et russe.

L’Observatoire européen du plurilinguisme est une structure de mutualisation et de coopération entre acteurs du plurilinguisme, il est né des 1ères Assises européennes du plurilinguisme qui ont eu lieu à Paris les 24 et 25 novembre 2005. Réunissant décideurs, chercheurs et représentants de la société civile autour d’une Charte européenne du plurilinguisme, pour répondre aux questions linguistiques fondamentales de l’Europe dans leurs dimensions politiques, culturelles, économiques et sociales, L’Observatoire européen du plurilinguisme a pour objectif de promouvoir l’emploi des langues vivantes et de préserver la diversité linguistique et culturelle, valeur d’échange et de créativité.

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« Mai.Poésie » 2ème edition

Du 08 au 14 mai 2023 PoésieCommune
Du 15 au 20 mai 2023 Festival Mai Poésie

Maintenir la poésie
« Et nous entendons fidèles à la poésie, la maintenir vivante :
comme un ulcère, comme une panique,
images de catastrophes et de liberté de chute et de délivrance,
dévorant sans fin le foie du monde. »

Aimé CESAIRE, Tropiques 8-9, Octobre 1943

— Présentation par Faubert Bolivar, Directeur artistique —

La première édition de « Mai-Poésie » a été une réussite à laquelle ont fortement contribué la diversité et la qualité de nos partenaires dont chacun.e a su faire sienne l’idée du Festival.

BALISAILLE est sur la bonne voie pour réussir son pari de « re-créer les conditions propices sinon à un ré-enracinement du moins une ré-institutionnalisation de la poésie en terre martiniquaise ». Nous espérons parvenir à faire à la poésie toute sa place aussi bien dans le cœur et l’esprit de celles et ceux qui nous suivent, mais surtout dans le paysage culturel et institutionnel de l’île. Aussi, de l’avis de toustes la première édition a-t-elle été un véritable succès dont nous pouvons nous inspirer pour la suite.

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Philippe Sollers, romancier, critique, essayiste, est mort

Philippe Sollers est un écrivain français né le 28 novembre 1936 à Talence (Gironde) et mort le 5 mai 2023, à Paris.

Après des débuts littéraires salués par François Mauriac et Louis Aragon, Philippe Sollers anime de 1960 à 1982 la revue d’avant-garde Tel Quel, dans laquelle sont publiés des intellectuels et écrivains français tels que Roland Barthes ou Marcelin Pleynet. Auteur de textes critiques et de littérature expérimentale dans les années 1970, il publie également des ouvrages romanesques à compter de Femmes, dans les années 1980. Il dirige depuis 1983 la revue et la collection L’Infini aux éditions Gallimard.

Il se marie en 1967, avec la philosophe et psychanalyste Julia Kristeva.

Biographie
Famille, jeunesse et formation

Philippe Sollers enfant à Bordeaux, dans le parc de la propriété familiale en 1937, avec sa mère et sa sœur Annie.
De son vrai nom Philippe Joyaux, il naît à Talence d’Octave Joyaux et de Marcelle Molinié. Sa famille dirige la société Joyaux Frères, la ferblanterie Recalt qui produit du matériel de cuisine, de construction métallique, des machines-outils pour la SNCASO sous l’occupation allemande.

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Rationalités et imaginaires créoles sous la loupe de la revue Kréolistika

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La créolistique, « Partie de la linguistique qui étudie les créoles » (Le Larousse), s’est enrichie en 2021 d’une nouvelle revue universitaire, Kréolistika. Paru en mars 2022 aux Éditions Scitep, en France, le deuxième numéro de cette revue a été coordonné par le linguiste haïtien Renauld Govain. Il a pour thème « Rationalités et imaginaires créoles / Pratique, expression et usage », et le présent article en fait une présentation générale précédée d’une brève cartographie des revues antérieures ou actuelles de la créolistique. Dans le champ des études scientifiques ciblant les créoles de souche lexicale française (Haïti, la Martinique, la Guadeloupe, La Guyane, Sainte-Lucie, La Dominique, Les Seychelles, La Réunion, l’Île Maurice), la créolistique bénéficie depuis nombre d’années de multiples éclairages analytiques consignés dans plusieurs revues pionnières, notamment la prestigieuse revue Études créoles. Créée en 1978 par le Comité international des études créoles dont Haïti fait partie et par l’Association pour la promotion et le développement des études portant sur les créoles, Études créoles, également accessible depuis quelques années sur le Web, est une revue interdisciplinaire éditée par le Laboratoire parole et langage, une unité mixte de recherche rattachée au CNRS et à l’Université d’Aix-Marseille.

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« Jazzy, que ma joie demeure » & « Nomade »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Jazzy, que ma joie demeure!

Oh, ça jazze dans ma tête
comme sur un air de fête
que jouerait une trompette
débouchée et guillerette…

Lors je me sens un peu bête
bien que très heureux en fait
et j’esquisse un pas de danse,
souvenir d’adolescence…

Ça swingue, pulse et pétille
comme du champagne brut
lorsqu’on a rempli ma flûte
et tout mon être frétille !
Me voilà le cœur en rut
qu’un désir secret titille…

Pouvoir remonter le temps,
avoir vingt ans rien qu’un instant,
être fou et insouciant,
retrouver une âme d’enfant
tout naïf et innocent…

La musique adoucit les mœurs,
exalte en nous le meilleur.
C’est un vecteur de bonheur :
elle m’apaise et m’inspire…

C’est comme un éclat de rire
qui me préserve du pire.
Jusqu’à ce qu’ici j’en meure,
jazzy, que ma joie demeure !

 

Nomade

— Dis-moi donc d’où tu viens
et aussi où tu vas,
de cela j’ai besoin
pour savoir qui tu es…

— Je viens du vaste monde,
ami, mais ne sais pas
là où demain j’irai,
où mèneront mes pas…
Car nomade, je suis
seulement de passage…

Je ne possède rien
mais de rien suis l’esclave !

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An pawol-lapriyè

— Par Daniel M. Berté —

An pawol-lapriyè pou tout lé zanset
Yo mennen an kal-bato a labadjet
Ki fini pa mò, fini pa disparet
Ki YO jété an gran lanmè tjoupoutet
Senmitjè Latlantik, san tras, kon bet
San lanmes, san pawol, san kwa ni pitjet
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »

An pawol-lapriyè pou tout lé zanset
Ki anlè bitasion soufè anba kout fret
Ki YO trété tout lavi-yo kon vié bet
Ka travay an kann anba lopsion an met
Ki mò dan ladech san tanbou ni tronpet
Anba pinision, kolié, kawkan, kat-pitjet
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »

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« Jouanacaëra – 50 pas » (poésie) de Jean-Marc Terrine

— Par Fernand Tiburce Fortuné —

Il faut d’abord féliciter le percussionniste musicien, parolier et chanteur, Charly Labinsky. Une entente musicale et poétique symbiotique. Un ansanm ansanm merveilleux de précision et de ponctualité. Textes et sons tombaient pile au bon moment pour se confondre et faire un seul, là où il le fallait. Un beau travail de compérage.

Il faut remercier Isambert Duriveau, premier lecteur, tout en retenue, tout en émotion qui a parlé de l’auteur et dit comment il complimentait cette poésie essentielle. Il a noté avec justesse que l’ouvrage est de belle facture et a bien fait d’insister sur le fait que la poésie n’est pas un objet marchand commun, et par ce biais, il a complimentait l’éditeur.

Je dois dire que j’ai lu avec un plaisir non dissimulé l’ouvrage « Laso tè », co-écrit par Jean-Marc Terrine et Isambert Duriveau. Je suis heureux de voir réunis ensemble ces deux complices qui ont su trouver les mots les plus appropriés, les plus beaux, les plus sensibles pour dire leur amour de la terre, cette terre du Pays-nôtre. Découvrir au fond d’eux-mêmes, les mots les plus vrais pour parler de nos Gens de la Glèbe.

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« Discours sur le colonialisme » par la Cie Moun San Mélé

Vendredi 5 mai à 10h30 au T.A.C.

« La colonisation est la tête de pont de la barbarie d’où, à n’importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation…
Le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête tend objectivement à se transformer lui-même en bête. »
(In Discours sur le Colonialisme)

« A tout réajustement politique, à tout rééquilibrage d’une société, à tout renouvellement des mœurs, il y a toujours un préalable, qui est le préalable culturel. »
(In Discours sur la Négritude)

Aujourd’hui le « Discours sur le colonialisme », mémoire de l’Histoire vu du côté de ceux qui ont subi et souffert de la colonisation peut aussi être entendu comme un cri libérateur et vivifiant pour tous, véritable affirmation de la dignité de l’être humain d’où qu’il vienne dans
son « être au monde » réévaluant le passé, pour construire le futur ensemble.
Dans une forme de spectacle épuré les deux comédiens donnent à entendre pour l’un la parole d’Aimé Césaire et pour l’autre les différents points de vue des figures convoquées par l’auteur dans ce texte.

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La Constitution de 1987 est au fondement du « bilinguisme de l’équité des droits linguistiques » en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

Depuis la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution haïtienne de 1987, la « créolistique » n’a toujours pas élaboré d’études de référence sur les fondements constitutionnels et juridiques de notions aussi centrales en jurilinguistique et en aménagement linguistique que les droits linguistiques, le droit à la langue, le droit à la langue maternelle, la parité linguistique et le bilinguisme de l’équité des droits linguistiques. De son côté, le « constitutionnalisme haïtien » non plus ne s’est pas encore attaché à étudier ces notions de premier plan en dépit du fait que la Constitution de 1987 consigne les droits fondamentaux du citoyen autrefois violemment réprimés durant la dictature des Duvalier (voir le Titre III – Chapitre II / Des droits fondamentaux : la liberté individuelle, la liberté d’expression, la liberté de réunion et d’association, etc.). Le Larousse définit a minima la créolistique : « Partie de la linguistique qui étudie les créoles ».

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« Sargastique” en diable ! & Oups!, (Chat) J’ai pété un cable !

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
« Sargastique” en diable !

Ô la mer corrompue
déposant son obole
d’algues brunes qui puent
sur nos rives et nos sols…

Et ces relents viciés
que transporte le vent
empêchent bêtes et gens
de même respirer !

À quel démon sorti
du fond de l’océan
doit-on le châtiment
de son souffle maudit

changeant le paradis
d’une île tropicale
en escale infernale
que tout le monde fuit ?

Éole, dieu des vents,
exauce ma prière :
délivre notre terre
de ces sargasses amères.

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L’aménagement et la didactique du créole dans les « Documents scientifiques créoles » du MIT Haiti Initiative

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« (…) il n’est pas de production de connaissance robuste et fiable hors du collectif de scientifiques qui s’intéressent aux mêmes objets, faits et questions. La connaissance scientifique doit être mise à l’épreuve et vérifiée par des collègues ou pairs compétents, à savoir ceux qui sont préoccupés par les mêmes questions ou sont pour le moins familiers de la démarche scientifique concernant la matière spécifique (…). » (« Les sciences et leurs problèmes : la fraude scientifique, un moyen de diversion ? », par Serge Gutwirth et Jenneke Christiaens, Revue interdisciplinaire d’études juridiques 2015/1 (Volume 74).

Les deux articles que nous avons récemment publiés en Haïti dans Le National, « La lexicographie créole à l’épreuve des égarements systémiques et de l’amateurisme d’une « lexicographie borlette » (28 mars 2023) et «Lexicographie créole : retour-synthèse sur la méthodologie d’élaboration des lexiques et des dictionnaires» (4 avril 2023), ont retenu l’attention de nombreux enseignants et linguistes.

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Sézè sé ki piébwa ?

— Par Daniel M. Berté —

« A force de regarder les arbres, je suis devenu arbre et mes longs pieds d’arbre ont creusé dans le sol de larges sacs à venin de hautes villes d’ossements… » Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal

« A fos gadé piébwa, man vini an piébwa »
Sé sa Emé Sézè di dan liv i matjé
Men i pa di lamenm ki piébwa i té yé
Man pété tet pou sav kilès i divini

Ki piébwa ki ni “pié’y ki trasé an fon tè
Dé gran sak vlen di gran lavil ki fet an zo”
Man gadé dan « Kayé pou an déviré Bòkay » 
Pou wè si’y té vini piébwa ki man konnet :

Gayak ki moun ka pwan pou yo pé sa fè ma
Mawoganni ki ka pousé adan lé fon
Fonmajé ki piébwa ki ka palé tou ba 
Bawobab ki tala ka monté Mòn Aka ?

Akasia tou piti ki pa ka fè gwo pié
Pié-koko ki anmen balé niaj an sièl gri
Griyavié-bwa ki ka pousé adan gran bwa
Bwa Moudong ki anlè bòdaj Laviè Léza ?

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 » Mémoires et Révoltes au féminin »

— Par Yonban Ladouce & Naelle Nanda & Sarah Sambin & Marie Annick M’Nemosyme & Valiha Rakotonirainy —

Cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe

Anthologie de recueils

Avant propos par Thierry Sinda

Conçue pour commémorer le 20e anniversaire du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs, cette anthologie publie cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe. Elle est la première anthologie francophone de l’Afrique, de la Caraïbe et de l’Océan Indien au féminin. « Elle n’est pas, nous dit le maître d’œuvre Thierry Sinda, représentative de toute la poésie féminine des Afriques, ce qui serait par ailleurs illusoire, mais d’une tendance non négligeable de ce qui se fait en toute authenticité, et non sans talent, par les poétesses vivant dans ces aires géographiques ayant comme matrice l’Afrique-mère ». Y figurent des poétesses de tout âge, de différentes origines, de différents tempéraments qui méritent d’être lues et entendues : Yonban Ladouce du Cameroun, Naelle Nanda du Gabon, Sarah Sambin de Guadeloupe, Marie Annick M’Nemosyme de la Réunion, et Valiha Rakotonirainy de Madagascar. Elles mettent en exergue leur mémoire lointaine ou immédiate pour exprimer leurs révoltes.

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