Catégorie : Littératures

Rationalités et imaginaires créoles sous la loupe de la revue Kréolistika

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La créolistique, « Partie de la linguistique qui étudie les créoles » (Le Larousse), s’est enrichie en 2021 d’une nouvelle revue universitaire, Kréolistika. Paru en mars 2022 aux Éditions Scitep, en France, le deuxième numéro de cette revue a été coordonné par le linguiste haïtien Renauld Govain. Il a pour thème « Rationalités et imaginaires créoles / Pratique, expression et usage », et le présent article en fait une présentation générale précédée d’une brève cartographie des revues antérieures ou actuelles de la créolistique. Dans le champ des études scientifiques ciblant les créoles de souche lexicale française (Haïti, la Martinique, la Guadeloupe, La Guyane, Sainte-Lucie, La Dominique, Les Seychelles, La Réunion, l’Île Maurice), la créolistique bénéficie depuis nombre d’années de multiples éclairages analytiques consignés dans plusieurs revues pionnières, notamment la prestigieuse revue Études créoles. Créée en 1978 par le Comité international des études créoles dont Haïti fait partie et par l’Association pour la promotion et le développement des études portant sur les créoles, Études créoles, également accessible depuis quelques années sur le Web, est une revue interdisciplinaire éditée par le Laboratoire parole et langage, une unité mixte de recherche rattachée au CNRS et à l’Université d’Aix-Marseille.

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« Jazzy, que ma joie demeure » & « Nomade »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Jazzy, que ma joie demeure!

Oh, ça jazze dans ma tête
comme sur un air de fête
que jouerait une trompette
débouchée et guillerette…

Lors je me sens un peu bête
bien que très heureux en fait
et j’esquisse un pas de danse,
souvenir d’adolescence…

Ça swingue, pulse et pétille
comme du champagne brut
lorsqu’on a rempli ma flûte
et tout mon être frétille !
Me voilà le cœur en rut
qu’un désir secret titille…

Pouvoir remonter le temps,
avoir vingt ans rien qu’un instant,
être fou et insouciant,
retrouver une âme d’enfant
tout naïf et innocent…

La musique adoucit les mœurs,
exalte en nous le meilleur.
C’est un vecteur de bonheur :
elle m’apaise et m’inspire…

C’est comme un éclat de rire
qui me préserve du pire.
Jusqu’à ce qu’ici j’en meure,
jazzy, que ma joie demeure !

 

Nomade

— Dis-moi donc d’où tu viens
et aussi où tu vas,
de cela j’ai besoin
pour savoir qui tu es…

— Je viens du vaste monde,
ami, mais ne sais pas
là où demain j’irai,
où mèneront mes pas…
Car nomade, je suis
seulement de passage…

Je ne possède rien
mais de rien suis l’esclave !

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An pawol-lapriyè

— Par Daniel M. Berté —

An pawol-lapriyè pou tout lé zanset
Yo mennen an kal-bato a labadjet
Ki fini pa mò, fini pa disparet
Ki YO jété an gran lanmè tjoupoutet
Senmitjè Latlantik, san tras, kon bet
San lanmes, san pawol, san kwa ni pitjet
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »

An pawol-lapriyè pou tout lé zanset
Ki anlè bitasion soufè anba kout fret
Ki YO trété tout lavi-yo kon vié bet
Ka travay an kann anba lopsion an met
Ki mò dan ladech san tanbou ni tronpet
Anba pinision, kolié, kawkan, kat-pitjet
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »

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« Jouanacaëra – 50 pas » (poésie) de Jean-Marc Terrine

— Par Fernand Tiburce Fortuné —

Il faut d’abord féliciter le percussionniste musicien, parolier et chanteur, Charly Labinsky. Une entente musicale et poétique symbiotique. Un ansanm ansanm merveilleux de précision et de ponctualité. Textes et sons tombaient pile au bon moment pour se confondre et faire un seul, là où il le fallait. Un beau travail de compérage.

Il faut remercier Isambert Duriveau, premier lecteur, tout en retenue, tout en émotion qui a parlé de l’auteur et dit comment il complimentait cette poésie essentielle. Il a noté avec justesse que l’ouvrage est de belle facture et a bien fait d’insister sur le fait que la poésie n’est pas un objet marchand commun, et par ce biais, il a complimentait l’éditeur.

Je dois dire que j’ai lu avec un plaisir non dissimulé l’ouvrage « Laso tè », co-écrit par Jean-Marc Terrine et Isambert Duriveau. Je suis heureux de voir réunis ensemble ces deux complices qui ont su trouver les mots les plus appropriés, les plus beaux, les plus sensibles pour dire leur amour de la terre, cette terre du Pays-nôtre. Découvrir au fond d’eux-mêmes, les mots les plus vrais pour parler de nos Gens de la Glèbe.

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« Discours sur le colonialisme » par la Cie Moun San Mélé

Vendredi 5 mai à 10h30 au T.A.C.

« La colonisation est la tête de pont de la barbarie d’où, à n’importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation…
Le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête tend objectivement à se transformer lui-même en bête. »
(In Discours sur le Colonialisme)

« A tout réajustement politique, à tout rééquilibrage d’une société, à tout renouvellement des mœurs, il y a toujours un préalable, qui est le préalable culturel. »
(In Discours sur la Négritude)

Aujourd’hui le « Discours sur le colonialisme », mémoire de l’Histoire vu du côté de ceux qui ont subi et souffert de la colonisation peut aussi être entendu comme un cri libérateur et vivifiant pour tous, véritable affirmation de la dignité de l’être humain d’où qu’il vienne dans
son « être au monde » réévaluant le passé, pour construire le futur ensemble.
Dans une forme de spectacle épuré les deux comédiens donnent à entendre pour l’un la parole d’Aimé Césaire et pour l’autre les différents points de vue des figures convoquées par l’auteur dans ce texte.

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La Constitution de 1987 est au fondement du « bilinguisme de l’équité des droits linguistiques » en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

Depuis la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution haïtienne de 1987, la « créolistique » n’a toujours pas élaboré d’études de référence sur les fondements constitutionnels et juridiques de notions aussi centrales en jurilinguistique et en aménagement linguistique que les droits linguistiques, le droit à la langue, le droit à la langue maternelle, la parité linguistique et le bilinguisme de l’équité des droits linguistiques. De son côté, le « constitutionnalisme haïtien » non plus ne s’est pas encore attaché à étudier ces notions de premier plan en dépit du fait que la Constitution de 1987 consigne les droits fondamentaux du citoyen autrefois violemment réprimés durant la dictature des Duvalier (voir le Titre III – Chapitre II / Des droits fondamentaux : la liberté individuelle, la liberté d’expression, la liberté de réunion et d’association, etc.). Le Larousse définit a minima la créolistique : « Partie de la linguistique qui étudie les créoles ».

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« Sargastique” en diable ! & Oups!, (Chat) J’ai pété un cable !

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
« Sargastique” en diable !

Ô la mer corrompue
déposant son obole
d’algues brunes qui puent
sur nos rives et nos sols…

Et ces relents viciés
que transporte le vent
empêchent bêtes et gens
de même respirer !

À quel démon sorti
du fond de l’océan
doit-on le châtiment
de son souffle maudit

changeant le paradis
d’une île tropicale
en escale infernale
que tout le monde fuit ?

Éole, dieu des vents,
exauce ma prière :
délivre notre terre
de ces sargasses amères.

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L’aménagement et la didactique du créole dans les « Documents scientifiques créoles » du MIT Haiti Initiative

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« (…) il n’est pas de production de connaissance robuste et fiable hors du collectif de scientifiques qui s’intéressent aux mêmes objets, faits et questions. La connaissance scientifique doit être mise à l’épreuve et vérifiée par des collègues ou pairs compétents, à savoir ceux qui sont préoccupés par les mêmes questions ou sont pour le moins familiers de la démarche scientifique concernant la matière spécifique (…). » (« Les sciences et leurs problèmes : la fraude scientifique, un moyen de diversion ? », par Serge Gutwirth et Jenneke Christiaens, Revue interdisciplinaire d’études juridiques 2015/1 (Volume 74).

Les deux articles que nous avons récemment publiés en Haïti dans Le National, « La lexicographie créole à l’épreuve des égarements systémiques et de l’amateurisme d’une « lexicographie borlette » (28 mars 2023) et «Lexicographie créole : retour-synthèse sur la méthodologie d’élaboration des lexiques et des dictionnaires» (4 avril 2023), ont retenu l’attention de nombreux enseignants et linguistes.

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Sézè sé ki piébwa ?

— Par Daniel M. Berté —

« A force de regarder les arbres, je suis devenu arbre et mes longs pieds d’arbre ont creusé dans le sol de larges sacs à venin de hautes villes d’ossements… » Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal

« A fos gadé piébwa, man vini an piébwa »
Sé sa Emé Sézè di dan liv i matjé
Men i pa di lamenm ki piébwa i té yé
Man pété tet pou sav kilès i divini

Ki piébwa ki ni “pié’y ki trasé an fon tè
Dé gran sak vlen di gran lavil ki fet an zo”
Man gadé dan « Kayé pou an déviré Bòkay » 
Pou wè si’y té vini piébwa ki man konnet :

Gayak ki moun ka pwan pou yo pé sa fè ma
Mawoganni ki ka pousé adan lé fon
Fonmajé ki piébwa ki ka palé tou ba 
Bawobab ki tala ka monté Mòn Aka ?

Akasia tou piti ki pa ka fè gwo pié
Pié-koko ki anmen balé niaj an sièl gri
Griyavié-bwa ki ka pousé adan gran bwa
Bwa Moudong ki anlè bòdaj Laviè Léza ?

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 » Mémoires et Révoltes au féminin »

— Par Yonban Ladouce & Naelle Nanda & Sarah Sambin & Marie Annick M’Nemosyme & Valiha Rakotonirainy —

Cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe

Anthologie de recueils

Avant propos par Thierry Sinda

Conçue pour commémorer le 20e anniversaire du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs, cette anthologie publie cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe. Elle est la première anthologie francophone de l’Afrique, de la Caraïbe et de l’Océan Indien au féminin. « Elle n’est pas, nous dit le maître d’œuvre Thierry Sinda, représentative de toute la poésie féminine des Afriques, ce qui serait par ailleurs illusoire, mais d’une tendance non négligeable de ce qui se fait en toute authenticité, et non sans talent, par les poétesses vivant dans ces aires géographiques ayant comme matrice l’Afrique-mère ». Y figurent des poétesses de tout âge, de différentes origines, de différents tempéraments qui méritent d’être lues et entendues : Yonban Ladouce du Cameroun, Naelle Nanda du Gabon, Sarah Sambin de Guadeloupe, Marie Annick M’Nemosyme de la Réunion, et Valiha Rakotonirainy de Madagascar. Elles mettent en exergue leur mémoire lointaine ou immédiate pour exprimer leurs révoltes.

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« Droits linguistiques » et « droit à la langue » en Haïti, la longue route d’une conquête citoyenne au cœur de l’État de droit

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le présent article s’inspire amplement de la lecture du livre « Droits linguistiques » et « droit à la langue » : identification d’un objet d’étude et construction d’une approche », un exceptionnel ouvrage de référence paru sous la direction de Ghislain Potriquet, Dominique Huck et Claude Truchot et qui rassemble les Actes du colloque international de Strasbourg organisé les 25 et 26 septembre 2014. Publié avec le concours de l’Université de Strasbourg, l’ouvrage de 248 pages est paru en 2016 aux Éditions Lambert-Lucas. Un collègue enseignant basé au Cap Haïtien et qui s’intéresse à la question des droits linguistiques en Haïti, a été invité à commenter les temps forts de cette publication que nous lui avions auparavant acheminée. Après l’avoir consultée, il a formulé une objection majeure qui mérite d’être écoutée et mise en perspective. Quel est l’intérêt, dit-il, de discuter de droits linguistiques aujourd’hui en Haïti alors que le pays tout entier –mis en coupe réglée par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste depuis onze ans et soumis à la fureur des gangs armés qui contrôlent de larges portions du territoire national–, voit s’éteindre à petit feu le droit à la vie et à la sécurité pourtant garanti par la Constitution haïtienne de 1987 ?

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Analyse de «  La Désapparition » de  Gerry L’Etang

— Par Fernand Tiburce Fortuné —

« A un moment où la société est ébranlée par des événements décisifs, il paraît inévitable que la création littéraire s’en empare pour interroger les diverses facettes de la transformation en train de se produire »

(Maria Graciete Besse).

La désapparition, ce roman (tantara) de Gerry L’Etang n’est pas anodin. Il est complexe, surprenant, déroutant, apparemment inintelligible, parfois terrible. Je me suis posé deux questions après l‘avoir lu :

Faut-il le mettre entre les deux oreilles de certains ?

Faut-il le mettre entre les mains de tous ?

Cet ouvrage de 123 pages, comprend 14 chapitres et, à la page 107, un remarquable poème qui tant sur le rythme que sur le fond -à ne pas en douter- résume la pensée de l’auteur.

Comment mieux décrire avec autant de violence, survolée par un humour grinçant, ce chaos et cette désagrégation qui nous menacent? Comment mieux décrire, dans une actualité perturbante, nos divisions, nos déchirures, nos illusions «malpapaye», nos combats perdus et peut-être nos regrets?

Comment mieux étaler, dans des scènes incroyablement cruelles, nos turpitudes, nos incohérences, notre simulacre d’unité et de vivre ensemble.

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«  Pa pè di yo pou nou pa pèdi yo » : Le tout dernier recueil poétique de Jean-François Liénafa

— Par Georges-Henri Léotin —

Le tout dernier ouvrage de l’écrivain martiniquais Jean-François Liénafa se présente comme à la fois un recueil de poèmes en (excellent) créole, et un petit condensé de proverbes, mots et expressions qui eux-aussi disent « l’âme créole ». Il est à noter que les mots créoles que recueille Liénafa sont aussi des prénoms. L’auteur s’intéresse à leur charge poétique (Atansioniz, Nowéliz…) ; il relève aussi des surnoms, parfois explicites, souvent énigmatiques (Agodom-dachin, Blengendenng, Bofio, Granzonng, Lotomangous, Twakadjab…). Le ti-non créole à partir d’un prénom peut être création, comme dans les exemples suivants : Mano (de Emmanuel), Fayo ou encore Afarel (de Raphael), Milo (de Émile), Silot (de Cécile) etc.

* Point important :la démarche poétique de Liénafa a une dimension morale et politique.

On dira peut-être : « Tousa gran mo pou an ti liv powézi ! ». Men liv Liénafa a sé pa an ti liv. I pa ni lépésè an bidim dikchonnè, men i dwet ni otan nannan lè’w gadé lowizon i ka wouvè ba pep-nou, é nou pé menm di : ba tout pep.

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« L’esclavage raconté aux enfants », un grand livre illustré de Frédéric Régent

Sortie en librairie le 14 avril 2023

Un grand livre illustré d’une centaine de photographies, pour expliquer l’esclavage aux enfants.
Cet ouvrage a pour ambition de proposer une première approche de l’histoire de l’esclavage dans le monde et des luttes abolitionnistes, de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui.
Frédéric Régent y explique la traite négrière et ses héritages politiques, culturels et humains. Il revient également sur l’esclavage colonial, sa réglementation, et le quotidien difficile des hommes, des femmes et des enfants dans les plantations, qu’ils soient esclaves domestiques, esclaves dits à talent (commandeurs) ou encore « nègres de pioche » (cultivateurs).
Les textes sont accompagnés de nombreuses photographies, documents officiels ou dessins.
Depuis 2008, ce sujet est inscrit au programme scolaire, pour lutter contre le racisme et les discriminations.
documentaire collection « Le Monde raconté aux enfants »
dès 8 ans
28,5 x 25,5 cm – 72 pages
14,90 euros
979-10-401-1278-5
en librairie
le 14 avril 2023

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Lexicographie créole : retour-synthèse sur la méthodologie d’élaboration des lexiques et des dictionnaires

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« La lexicographie est la branche de la linguistique appliquée qui a pour objet d’observer, de recueillir, de choisir et de décrire les unités lexicales d’une langue et les interactions qui s’exercent entre elles. L’objet de son étude est donc le lexique, c’est-à-dire l’ensemble des mots, des locutions en ce qui a trait à leurs formes, à leurs significations et à la façon dont ils se combinent entre eux. » (Marie-Éva De Villers, « Profession lexicographe », Presses de l’Université de Montréal, 2006)

Plusieurs enseignants oeuvrant en Haïti nous ont fait part de leur intérêt pour l’ample et rigoureux éclairage analytique fourni par notre récent article paru le 28 mars 2023 dans Le National, « La lexicographie créole à l’épreuve des égarements systémiques et de l’amateurisme d’une « lexicographie borlette ». De leur côté, des étudiants de la Faculté des Sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est nous ont demandé de fournir une synthèse exemplifiant, pour les non-linguistes, de quelle manière ou selon quel protocole méthodologique l’on procède à l’élaboration des lexiques et des dictionnaires créoles.

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Etats-Unis : 150 prêtres supplémentaires accusés d’actes pédophiles sur 600 enfants jusqu’en 2002

Un rapport dans le Maryland n’a pas valeur d’inculpation mais il nomme tous les prêtres accusés

Plus de 150 membres du clergé catholique sont accusés d’actes pédophiles « horribles et répétés » sur au moins 600 enfants, des années 1940 à 2002 dans le Maryland, a révélé mercredi la justice américaine, dénonçant la « complicité » de l’Eglise.

Ces prêtres et membres du personnel de l’archidiocèse « se sont livrés à des actes horribles et répétés sur les enfants les plus vulnérables de leur communauté, tandis que les dirigeants de l’archidiocèse fermaient les yeux », selon un rapport du procureur de cet Etat du nord-est.

Ce document porte sur l’archidiocèse de Baltimore, tout près de la capitale Washington. Il est le fruit d’une investigation ouverte en 2018, comme dans de nombreux autres Etats, à la suite d’une enquête choc en Pennsylvanie.
156 membres de l’Eglise identifiés

Quelque 156 membres de l’Eglise y sont identifiés, suspectés d’actes pédophiles sur plus de 600 enfants. Mais le nombre réel de leurs victimes « est sans doute bien plus élevé », notent les autorités, qui rappellent que seule une faible proportion des viols sont signalés.

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Yo di-mwen ki ou dé…

— Par Daniel M. Berté —

Yo di-mwen ki ou déklaré
Lavi Matnik sé pa lavi
Ou désidé foukan ayè
Pou profité dousin lot-la

Yo di-mwen ki ou déplasé
Pas ou pilé kracha Siryen
Ou janbé dlo, pati lotbò
Pou chèché lavi kay lot-la

Yo di-mwen ki ou débatjé
Adan frédi épi vergla
Ou lékété épi glisé
Ek tonbé an dalo lot-la

Yo di-mwen ki ou dérasiné
Ka dòmi dérò anba pon
Ou ka jis mandé chien meg pen
Ek pléré an péyi lot-la

Yo di-mwen ki ou débantjé
Kon Kris anglé Vandrédi-sen
Ou an lanmen douvan, lot dèyè
Ka maché an lari lot-la

Yo di-mwen ki ou débiélé
Ka palé tout lasent jounen
Ou ka kriyé ki yo piayé’w
Ek ka jouré lavi lot-la

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 » La vie » & « L’après midi d’un smart-phone »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

L’après-midi d’un smart-phone

Miroir sans tain
où se reflète le monde entier :TR7S
le beau et le laid,
le bon et le mauvais,
le faux comme le vrai,
le pire et le meilleur,
le rire avec les pleurs,
l’espoir comme la peur
et l’amour et l’envie
et la mort et la vie
dans cette petite vitre, non triées
les images et les pensées
de toute une pauvre humanité
en quête de reconnaissance
bien plus, hélas, que de connaissance…
S’exhiber à tout prix
en tous lieux tout le temps
et se faire admirer
par tant de faux amis
pour mieux s’admirer soi-même :
ah que je m’aime, que je m’aime !
Se tirer le portrait
et l’offrir en pâture
dans l’espoir avéré
de recevoir un Oscar sauvage
tel un autre Dorian Gray
qui ne peut plus se voir en peinture
mais à la fin qui est le vrai ?
Car le phone rusé joue du pipeau
et vous tombez de haut
quand par un bel après-midi
ce Pan vous laisse en plan…

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« 7 degrés d’humanité et plus… » de Celma

Entre une rencontre qui ne s’est pas faite et qui aurait pu sauver d’une mort infâme un compositeur génial ; un patriarche pressé à l’approche de sa mort de laisser en héritage à son petit-fils le récit de sa vie ; et un voyage au Sénégal dont le déroulement est abandonné au soin de la providence, c’est le récit de rencontres inopinées, comme toutes celles qui le plus souvent enrichissent notre vie qui sont ébauchées ici.
Dans ces textes inspirés pour la plupart de faits réels, il n’est pas si aisé de définir la part de réalité et celle de fiction.
L’expérience de la vie nous montre que la première dépasse souvent la seconde. Chacune de ces nouvelles évoque des moments où notre vie prend une dimension irréelle, fruit de notre ouverture, notre réceptivité, notre spontanéité vis-à-vis de l’autre.

« Il y a bien sûr des vocations pour l’écriture plus tardives que la mienne! Je me réjouis qu’elle soit venue maintenant sans regretter que ce ne fût plus tôt « confie CELMA.
« 7 degrés d’humanité et plus…L’objectif de 7 nouvelles a été dépassé, ayant au fil de l’écriture livré 11 textes réunis dans ce premier recueil.

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« Impasse Parole », un roman de Céline Malraux

Résumé : Victoire se demandait ce qu’elle devait faire des croyants. S’ils pensent aller au paradis, faut-il accélérer leur ascension ou au contraire prolonger la conscience qui leur est peut-être un grand bonheur de leur cheminement vers la sortie. « Tout dépend de leur état, conclut-elle, ce qui compte, c’est de ne pas souffrir. Enfin, de ne pas laisser souffrir, c’est presque pareil. Notre métier, c’est prendre le relais de Dieu. Le comble pour une athée comme moi ! On nous demande d’aller contre la fatalité de la vie quand elle n’est plus qu’une ombre, contre celle de la mort quand on peut encore la regarder de haut, contre celle de la souffrance quand la chimie lui est opposable. On nous demande de juger en notre âme et conscience, d’administrer le bon geste mais personne, personne ne peut savoir qui a raison ou qui a tort. Dans notre monde, il y a les vivants et les mourants. Autant de différences parmi les premiers que parmi les seconds… »

Prmières lignes :

Ce soir-là, Marc et Victoire dînaient chez le vieil Éloi.

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« Nan yon bat je » : traduction réussie de l’ « Espace d’un cillement » de J.S.Alexis en créole

— Par Renel Exentus, doctorant en études urbaines à l’INRS —

Le 25 mars 2023, deuxième journée du festival afro-urbain à la Maison d’Haïti à Montréal, a été marqué en soirée par la prestation des artistes de grands calibres, dont Wesli et Sherlee Skay. Leur production a mis en évidence un répertoire de rythmes et de mélodies éclectiques où des tonalités vodou sont agencées à celles du jazz, soul, hip-hop et afrobeat. Cette symphonie musicale a été introduite par un autre événement majeur. Il s’agit de la première vente signature de la traduction en créole du célèbre roman de Jacques Stephen Alexis : « L’espace d’un cillement ». Sous le titre de « Nan yon bat je », l’ouvrage est traduit par la linguiste et didacticienne Edenne Roc. Il ne s’agit pas d’un coup d’essai puisque cinq ans auparavant, elle a rendu Compère Général Soleil disponible en créole haïtien. Après avoir donné un second souffle au premier roman de J.S. Alexis, « Nan yon bat je » confirme une fois de plus son professionnalisme dans le domaine de la traduction.

Paru sur un fond d’azur, la couverture de l’ouvrage est illustrée par une peinture de Gladys Saint-Victor qui met en symbiose l’énergie féminine avec les forces de la nature.

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Pour Patrick Chamoiseau, la montagne Pelée est « un sanctuaire de la dignité humaine » qui mérite d’entrer au Patrimoine mondial de l’Unesco

Début 2021, les autorités françaises ont soumis au Patrimoine mondial de l’Unesco la candidature des biens naturels martiniquais que sont la montagne Pelée et les pitons du Carbet. Le comité de classement rendra sa décision courant septembre 2023. L’écrivain martiniquais nous envoie ce texte intitulé « le Volcan liberté ».

La montagne Pelée est l’ultime volcan vivant de la Martinique. Sa morphogenèse (avec ses strates, ses pentes douces ou abruptes, ses bosses veloutées, ses cassures reliées à ces élévations inouïes que sont les grands pitons) constitue à ce jour une singularité géognostique impériale.

Mais c’est aussi un ensemble d’écosystèmes forestiers, végétaux, faunistiques, bien conservés et, dès lors, bondés de trésors endémiques. Il témoigne, d’une sorte exemplaire, de ce chaos-opéra tellurique qui a donné naissance à l’archipel caribéen, tant dans son alphabet géologique, que dans ses œuvres magmatiques où d’innombrables présences vivantes ont trouvé un berceau.

De plus, il est en soi un emblème majeur du volcanisme. Lors de l’éruption de 1902, en révélant au monde l’existence des volcans explosifs, il a offert à la science un ban de connaissances et une classification opérationnelle qui allaient sauver bien des vies.

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La lexicographie créole à l’épreuve des égarements systémiques et de l’amateurisme d’une « lexicographie borlette »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« La borlette aurait débuté dans les années 1950 dans le sud du pays, dans les régions des Cayes, via les émigrés haïtiens travaillant à Cuba – au départ, elle se serait appelée la « Loteria Cubana » puis « Bolita » qui signifie « petite boule » en espagnol et, dans les années 1960, elle est devenue la borlette (…) Quant à la borlette, sa pratique relève en fait de toute une géomancie qui accompagne l’interprétation des rêves et révèle une certaine technicité du jeu : il faut en « bien » rêver, bien interpréter son rêve pour arriver au bon boul. L’analyse permet ici de revenir sur l’affirmation selon laquelle, dans les jeux de hasard, « non seulement on ne cherche pas à éliminer l’injustice du hasard, mais c’est l’arbitraire même de celui-ci qui constitue le ressort unique du jeu » (Marie Redon, Université Paris 13-Nord : « Gaguère (combat de coqs) et borlette (loterie) / Quels enseignements sur Haïti ? », Géopolitique des jeux d’argent, Cahiers d’Outre-Mer, LXXII, 2020).

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Une promotion de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est à Jacmel porte le nom de Robert Berrouët-Oriol 

— Par Marc Sony Ricot —

La promotion 2018-2022 de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est à Jacmel porte le nom de Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue et écrivain. Cette exceptionnelle distinction est attribuée à l’universitaire pour son « dévouement et son engagement au service de la langue créole, de la linguistique et de l’éducation en général ». 
Les étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (FSE/UPSEJ) ont fait choix de Robert Berrouët-Oriol comme personnage public pour dénommer leur Promotion de fin d’études universitaires : « promotion Robert Berrouët Oriol (2018-2022) ». La cérémonie de remise des diplômes a eu lieu le dimanche 26 mars 2023 en l’église du Sacré-Cœur de Meyer, à Jacmel. « Nous avons fait choix de monsieur Berrouët-Oriol pour son dévouement et son engagement au service de la langue créole, de la linguistique et de l’éducation en général », écrit l’étudiant Assédius Doret, l’un des membres de la promotion.
Pour sa part, Robert Berrouët-Oriol, dans la lettre adressée aux étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est de Jacmel, se dit ému par cette distinction. 

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« Et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison » de Cherie Jones

La romancière barbadienne lauréate du Prix Carbet des lycéens 2023

Le grand jury du Prix Carbet des lycéens s’est réunile 28 mars 2023 au lycée des Droits de l’Homme à Petit-Bourg, en Guadeloupe, pour désigner son lauréat. C’est l’ouvrage « Et d’un seul bras, lasœur balaie sa maison » de l’écrivaine barbadienne Chérie Jones qui a été primé.

À Baxter’s Beach, à la Barbade, Wilma, la grand-mère de Lala, raconte l’histoire de la sœur à un bras. C’est un récit édifiant sur ce qui arrive aux filles qui désobéissent à leur mère et se rendent dans les tunnels malfamés de Baxter.
« On peut supposer, se dit Lala, qu’un homme n’est pas vraiment méchant quand la nature elle-même ne juge jamais bon de le punir ». Une fois adulte, Lala vit chichement dans un cabanon de plage avec son mari, Adan, un voyou au charisme dévastateur. Quand un de ses cambriolages dans une villa de luxe voisine dérape, et qu’il est obligé de tuer un riche homme blanc pour s’en sortir, deux vies de femmes s’effondrent. Celle de la veuve de la victime, une insulaire partie de rien et ayant usé de ses charmes pour obtenir une meilleure vie.

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