Catégorie : Littératures

« Le médecin de Cape Town » d’ E. J. Levy, un roman de genre… Libre !

« La métamorphose d’une identité : l’extraordinaire histoire de Margaret/James »

Enseignante et nouvelliste, E.J. Levy fait une entrée fracassante en littérature avec cette formidable aventure romanesque, amoureuse et féministe. Son héroïne a réellement existé jadis, sous les traits du Dr James Miranda Barry, et on l’imagine aisément se réincarner sur grand écran.

C’est l’histoire fascinante de Margaret Brackley, une jeune irlandaise née au XIXe siècle, qui se démarque au sein d’une époque et d’une société limitant les opportunités des femmes. Animée par une détermination et une intelligence remarquables, Margaret fait un choix audacieux en se métamorphosant en homme pour réaliser sa passion médicale et ses aspirations profondes.

Face aux normes restrictives de la société et aux attentes conventionnelles de sa famille, Margaret adopte l’identité de James Barry, un médecin militaire renommé. Le général vénézuélien Mirandus joue un rôle central en l’aidant à obtenir une éducation médicale et à accéder à des opportunités traditionnellement réservées aux hommes. Grâce à cette transformation, Margaret/James peut finalement embrasser sa passion pour la médecine. Sa double identité devient le reflet de sa quête pour l’égalité des sexes et sa recherche d’accomplissement personnel.

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L’écriture de la nature ou le texte vivant

Hannes De Vriese s’entretient avec Patrick Chamoiseau

Docteur en littérature française (Université de Toulouse et Ghent University), Hannes De Vriese a enseigné la langue et la littérature dans le second degré et dans l’enseignement supérieur (Universités de Toulouse et de Montpellier). Dans le cadre de ses travaux de recherche, il s’intéresse à la représentation de la nature et du paysage dans la littérature contemporaine, selon une perspective écopoétique et écocritique, et a publié des articles sur plusieurs auteurs, parmi lesquels Claude Simon, Patrick Chamoiseau, Jean-Philippe Toussaint, Sylvain Tesson ou Jean-Loup Trassard. Il s’intéresse également à la pédagogie et au système éducatif et assure actuellement les fonctions d’inspecteur de l’Éducation nationale dans le département du Gers. Il s’entreteient ici avec Patrick Chamoiseau.

Hannes De Vriese

La quatrième de couverture des Neuf consciences du Malfini présente ce texte comme une fable “qui s’empare de la conscience écologique”. Une telle remarque ne pourrait-elle pas s’appliquer à la plupart de vos textes, à Texaco, à Biblique des derniers gestes, au Papillon et la lumière ou encore à L’empreinte à Crusoé, pour n’en nommer que quelques-uns ?

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Mort de Michela Murgia, romancière antifasciste et féministe

Michela Murgia, éminente romancière italienne, s’est éteinte le 10 août 2023 à l’âge de 51 ans, laissant derrière elle un héritage profondément ancré dans la littérature, le féminisme et l’engagement politique. Originaire de Cabras, en Sardaigne, Murgia a marqué la scène culturelle italienne contemporaine grâce à son extraordinaire capacité à aborder des questions sociales et politiques à travers des récits captivants. Son départ a laissé un vide irréparable dans le paysage littéraire italien et dans les débats publics.

Militante féministe de premier plan, Murgia a utilisé son écriture pour dénoncer activement la résurgence du fascisme en Italie et pour promouvoir l’égalité des sexes et les droits civiques. Elle a débuté avec le roman « Le Monde doit savoir » (2006), qui avec sarcasme, relate les vicissitudes d’une télévendeuse précaire travaillant dans un centre d’appels. Son engagement en faveur de l’égalité des sexes s’est poursuivi avec « Ave Mary. E la chiesa inventò la donna » (2011), une réflexion sur le rôle des femmes dans la religion catholique.

L’un de ses accomplissements les plus marquants est « Accabadora » (2011), un roman qui s’inscrit dans la Sardaigne archaïque des années cinquante et explore l’euthanasie clandestine et le thème de l’adoption.

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Playdoyer pour les deux langues officielles en Haïti

Playdoyerpour l’aménagement simultatné, dans l’école haïtienne, des deux langues officielles d’Haîti conformément à la Constitution de 1987

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« On ne peut plus écrire son paysage ni écrire sa propre langue de manière monolingue. Par conséquent, les gens qui, comme par exemple les Américains, les États-Uniens, n’imaginent pas la problématique des langues, n’imaginent même pas le monde. Certains défenseurs du créole sont complètement fermés à cette problématique. Ils veulent défendre le créole de manière monolingue, à la manière de ceux qui les ont opprimés linguistiquement. Ils héritent de ce monolinguisme sectaire et ils défendent leur langue à mon avis d’une mauvaise manière. Ma position sur la question est qu’on ne sauvera pas une langue dans un pays en laissant tomber les autres. » (Lise Gauvin : « L’imaginaire des langues – Entretien avec Édouard Glissant », revue Études françaises, 28, 2/3, 1992 – 1993, Presses de l’Université de Montréal, 1993.)

Le directeur d’une école secondaire du Cap-Haïtien a récemment demandé par courriel s’il ne vaudrait pas mieux « donner la priorité, dans les échanges et les débats publics, à la résolution des problèmes prioritaires et urgents du pays plutôt que de discuter d’aménagement linguistique dans les écoles d’Haïti ».

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« Osyssée » & « Oasis »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Odyssée

Vaisseau de pierre à la dérive,
flottant sur un océan d’argile
en quête d’une terre d’asile
qui jamais ne fut promise,
seulement espérée
de toute la force de mon âme inquiète,
la certitude ici n’est point de mise…

Sans boussole ni repère d’étoiles,
sans gouverne et sans voile
ne craignant pas les vents
quelle qu’en soit la provenance,
je roule, tangue et danse
au gré des houles
mais je m’en balance…

Et tant pis si je coule,
peu importe que je meure ou vive,
que j’atteigne ou non l’autre rive
il faut juste ne jamais cesser d’essayer !

Oasis

Dans la solitude vide
du vaste désert aride
où depuis trop longtemps j’erre
et où mon âme se perd,

en proie à tous les mirages
comme l’un de ces rois mages
en quête de leur étoile
quand même le ciel se voile,

tu es mon oasis,
toi, mon histoire d’eau,
ma fraîcheur, mon repos,
source jamais tarie

où mes lèvres desséchées
boivent un salutaire oubli
des ennuis de cette vie
et celle qui assouvit

ma très grande soif d’amour
en faisant de chaque jour
un conte de mille une nuits
que l’on raconte à l’infini…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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Nicole Cage et la carte poétique de sa Madinina

— Par Sara Florian(*) —

Nicole Cage. Carrefour des Errances. Crossroads of Wanderings. Où Irait Mon Cri? Where Would Go My Cry? Trans. Kemadjou Njanke Marcel & Jeff Florentiny. Editions Livre Ouvert, Cameroun et Cimarrón EdiProd, Martinique. 2018.

Lire ce recueil de poésie, c’est comme écouter une chanson, parfois une douloureuse complainte des esclavisés africains, parfois une berceuse douce chuchotée à l’oreille du lecteur. Madinina, l’île de Nicole Cage a été métamorphosée par la poétesse martiniquaise de topos littéraire féminin et sensuel à une dimension cathartique à la fois personnelle et collective. Le territoire végétal, enlacé entre sa nature volcanique et la mer, constitue l’arrière-plan à partir duquel l’écrivaine a exprimé les préoccupations d’un peuple et les souffrances liées à l’amour, comme elle le dépeint ici : “Volcan solitaire en mal d’amour” (45).

Près de trois ans après l’éruption du volcan Soufrière sur l’île de Saint-Vincent, on ne peut que se souvenir de l’éruption volcanique de la montagne Pelée en 1902, un événement qui a bouleversé l’histoire de la Martinique. Nicole Cage dans son poème ‘Quand parlent les volcans’, imagine que ce repère de l’île a explosé en raison d’un mal d’amour.

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Le créole face aux  » créolistes » fondamantaliste

L’aménagement du créole dans l’école haïtienne à l’épreuve des errements épistémologiques des « créolistes » fondamentalistes

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Épistémologie / 1. « Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance). » 2. « Théorie de la connaissance ; étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). » (Dictionnaire Le Robert) 

Épistémologique / Relatif à l’épistémologie. (Ibidem) 

« (…) il n’est pas de production de connaissance robuste et fiable hors du collectif de scientifiques qui s’intéressent aux mêmes objets, faits et questions. La connaissance scientifique doit être mise à l’épreuve et vérifiée par des collègues ou pairs compétents, à savoir ceux qui sont préoccupés par les mêmes questions ou sont pour le moins familiers de la démarche scientifique concernant la matière spécifique (…). »

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Hissant les couleurs… Like : a Rolling Stone

— Patrick Mathelié-Guinlet —

“Like” : a Rollling Stone…

Pour un “like” de plus,
prêt à tous les mensonges
car le nombre de vues
de ceux qui vont te suivre
est un mal qui te ronge…

Pour un “like” de plus,
un frelaté “je t’aime”,
t’es même plus toi-même !
Addiction qui rend ivre :
sans ça tu ne peux vivre…

Tu ne sais même plus
qui tu es dans le fond :
l’image fabriquée
a d’un coup remplacé
toute réalité !

Comptent seuls à tes yeux
tous ces pouces levés
qui font de toi un dieu…
Sache que l’opinion
est vite versatile

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Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique, citoyenne et rassembleuse

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

À la mémoire de Pradel Pompilus,

pionnier de la lexicographie créole contemporaine et auteur, en 1958, du premier « Lexique créole-français » (Université de Paris).

À la mémoire de Pierre Vernet, fondateur de la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti et précurseur du partenariat créole-français en Haïti.

À la mémoire d’André Vilaire Chery, rigoureux éclaireur de la lexicographie haïtienne contemporaine et auteur du « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti » (tomes 1 et 2, Éditions Édutex, 2000 et 2002).

L’objet de ce « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique, citoyenne et rassembleuse » est d’exposer, pour le lecteur non-linguiste et de manière analytique, les caractéristiques d’une lexicographie créole de haute qualité scientifique (son projet, ses cibles, sa méthodologie, ses liens avec l’aménagement linguistique en Haïti ainsi que son indispensable apport à l’usage de la langue maternelle créole dans l’École haïtienne). Il est utile en amont de préciser, afin d’apporter un éclairage notionnel à notre propos, que « La lexicographie est la branche de la linguistique appliquée qui a pour objet d’observer, de recueillir, de choisir et de décrire les unités lexicales d’une langue et les interactions qui s’exercent entre elles.

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Haïti : l’amènagement du créole à l’épreuve de l’amateurisme et du « showbiz »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’aménagement du créole dans l’École haïtienne à l’épreuve de l’amateurisme et du « showbiz » cosmétique du ministère de l’Éducation nationale

L’année scolaire 2022-2023 s’est achevée en Haïti sur le constat très largement partagé entre les parents d’élèves, les directeurs d’écoles et les enseignants : l’échec est flagrant à tous les niveaux dans l’École haïtienne. Un tel constat confirme la réalité qu’un grand nombre d’écoles privées (80% de l’offre scolaire) et d’écoles publiques (20% de l’offre scolaire), –elles forment le dispositif institutionnel d’un système scolaire très largement défaillant et reproducteur d’inégalités sociales–, est aux abois et que ces écoles éprouvent d’énormes difficultés à accomplir leur mission éducative. En 2022-2023, le système scolaire haïtien s’est encore fortement dégradé, des écoles ont dû fermer les portes, l’État n’arrive toujours pas à verser régulièrement leur maigre salaire aux professeurs du secteur public, nombre d’enseignants sont pris dans la spirale de la migration-sauve-qui-peut à destination des États-Unis et du Canada, tandis que les parents et les directeurs d’écoles sont systématiquement « rakettés » par les gangs armés qui, sous le regard complaisant voire complice du Core Group et du gouvernement illégal et inconstitutionnel d’Ariel Henry, contrôlent de larges portions du territoire national.

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Krazman

— Par Daniel M. Berté —

Ki malè latè ka péyé
Kanada jòdi pri-difé
Koré-di-sid li ka néyé
Konsi lanati détratjé

Kisa ka fè latè vin fol
Konsidiré i ped kontrol
Ka fè labankiz fonn o pol
Ka fè’y jwé an si mové rol

Kou latè za pran an plim fal
Kalamité za ka ba’y bal
Katastrof ka suiv an pagal
Kriz ka suiv kriz an gran rafal

Koz latitid lé zabitan
Koupé-raché fet san manman
Krim ki fet dépi si lontan
Klima vin chanjé atjolman

Krizman ka vini pli frékan
Krazé-brizé pres permanan
Kalot latè ka pran souvan
Kan lé zéléman an mouvman

Kisa ki fo fè aprézan
Konsians sitiyasion a pran
Konprann ki fo pa nou ped tan
Kolé kò pou rété krazman

Daniel M. Berté 160723

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FAIRE-PAYS, Éloge de la responsabilisation », Patrick Chamoiseau

Nous, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique, de La Réunion ; gens d’ailleurs et de tous les côtés ; acteurs d’associations ou d’organismes non étatiques ; membres de la société civile ; professionnels de l’éducation, de la santé, de la recherche, de l’information, de la prospective, de la coopération internationale ; pratiquants du travail social, des arts, des lettres, du numérique, de la culture…, considérons que le monde d’aujourd’hui est une alchimie de civilisations, de cultures et d’individus ; qu’il résulte de la traite des Africains, des esclavages du Nouveau Monde et du système des plantations, des grandes guerres européennes et de leurs conséquences, du colonialisme en ses méfaits et de son extension capitaliste planétaire ;
que de cette alchimie ont surgi des peuples-nations demeurés indéchiffrables aux clairvoyances des décolonisations ; que ces peuples nouveaux se sont vus embarqués dans des fictions territoriales, identitaires, historiques et culturelles qui n’étaient pas les leurs ; que ces peuples sont demeurés hors d’atteinte, souvent de leur propre conscience, toujours de la conscience de ceux qui les régentent encore ;
que les insuffisances des décolonisations ont favorisé des Etats-nations souverains, antagonistes, compétitifs, dans un dogme de libéralisme économique où la liberté ne concerne que les marchandises, les capitaux et les lois du profit, cela au détriment de l’humain, du vivant, de la planète en son entier ;

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Noria, exposition collective pour les 110 ans de la naissance d’Aimé Césaire

Jusqu’au 31 août 2023 au Centre culturel Tangamen, sur le site de Gradis à Basse-Pointe

— Par Jean-Marc Terrine, Commissaire d’exposition —

La ville de Basse Pointe ouvre une ronde culturelle, en collaboration avec la Collectivité Territoriale de Martinique, dans le cadre de la célébration des 110 ans de naissance du poète de la blessure sacrée. Les arts visuels sont de la fête avec une exposition collective autour de six plasticiens martiniquais.

Des formes et des couleurs pour émerveiller le poète.

En effet, Aimé CÉSAIRE n’aimait pas les concepts, ni la raison folle des Lumières et sa langue qui enferme. Corset tricoté, étriqué du signe et du sens qui parlent sans dire. Poète plutôt sensible aux images et au langage polysémique qui chante l’imaginaire : le rythme-flux et les métaphores, l’antipoésie.

Alors, pour célébrer les 110 ans d’enfantement du poète dans sa terre de Basse Pointe, qu’Aimé Eyma tant, une exposition d’art et d’expression du visible et de l’invisible, ne pouvait être que le meilleur cadeau.

Les artistes Catherine CÉSAIRE, Norville GUIROUARD-AIZÉE, René LOUISE, Maïmé MASSOL, Christophe MERT et Ricardo OZIER-LAFONTAINE sont là, avec leurs œuvres.

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Un 14 juillet en pétard mais j’ai rêvé que mon île pourrait se défiler

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
J’ai rêvé que mon île, larguant la longue et lourde chaîne qui l’ancre à ce continent européen avec lequel elle n’a rien en commun si ce n’est un usage de la langue coloniale,

partait à la dérive au mitan du vaste océan, loin du bruit et de la fureur de ce théâtre qu’est le monde actuel et de la mauvaise tragi-comédie qui s’y joue…

J’ai rêvé que sur mon île on ne se préoccupait plus que du chant des oiseaux, du gazouillis des poètes et musiciens, de la luxuriante beauté des fleurs et paysages, d’amour fraternel et de chaleur humaine, bref de faire de cette vie la fête perpétuelle qu’elle devrait être, n’en déplaise aux contempteurs moralistes de tout poil politique, sanitaire ou religieux !

J’ai rêvé que sur ce paradis tropical on vivait de l’abondance des cadeaux de la Terre-Mère qu’on respecterait et cesserait d’empoisonner, dans le partage, l’amour et la libération de l’esclavage de l’argent en l’absence de tout besoin.

On peut me taxer d’irréalisme ou d’isolationnisme mais je désire seulement que mon île soit un asile, non de fous, mais pour tous ces rêveurs d’utopie du bonheur qui y vivent :

île oasis de paix et de joie au milieu du désert, à l’écart d’un monde devenu fou de haine, de peur et d’oppression,

île flottante au milieu d’un dessert de délices sucrés…

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Pour Milan Kundera

— Par Patrick Chamoiseau —

Kundera
La survie des petites nations gît tout entière, c’est vrai, dans l‘éclat de leur art, le lucide de leur rire, l’aérien des vérités qui dansent ; seulement, leurs géographies sont inconnues des cartographes.

Elles sont faites de rencontres.
D’expériences infinies, d’exils qui enracinent, de langues restées vivantes dans le jeu même des autres langues. Elles vont aux formes ouvertes, aux matières sans candeur, aux forces qui lèvent les insolites du vivre et la beauté d’une autre vision du monde. La nôtre, Martinique, que tu as vue avec grand soin, te fait ici, le signe de l’amitié : c’est geste ancien, tigé de l’algèbre d’un pouvoir.

Bien des choses ont changé au Diamant, mais tout ce qui s’y trouve de fidèle, d’immobile, de belle poussière inaltérable, de vagues et d’écume tiède, se souvient.

Milan
Ici, celui qui tient le verbe au jaillissement des sources, ne sait rien du roman ; juste le fleuve de la parole qui habille les nuits et désarme les jours ; juste la lumière sans flambeau qui questionne et qui n’impose rien ; juste la danse la musique et le rire qui réinventent l’antique complexité du vol des papillons.

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« Les défis contemporains de la traduction et de la lexicographie créole en Haïti »

Appel à contribution pour l’élaboration d’un livre collectif sur la traduction et la lexicographie créole : Document de projet

—Par  Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

  1. Contexte général et problématique 

    1. De la traduction créole

L’observation de terrain, a minima, indique qu’en matière de traduction vers le créole l’on est passé en Haïti, au cours des cinquante dernières années, d’une tradition généraliste autodidacte, principalement littéraire et religieuse (fables, contes, textes bibliques, chants liturgiques, prédication), à une traduction plus technique, davantage diversifiée et spécialisée notamment en raison de la prolifération des ONG et des agences de coopération internationale présentes dans l’espace national. Jusqu’ici la problématique de la traduction en créole haïtien n’a pas fait l’objet de travaux de recherche universitaires approfondis, ni de mémoires de maîtrise, ni de thèses de doctorat, et encore moins d’ouvrages traitant de ce sujet. De manière générale, cette problématique est peu ou mal connue, et ce qui a prévalu jusqu’à une période pas trop lointaine s’apparente à un champ de travail au sein duquel prévalait la bonne vieille méthode de la « version » traductionnelle.

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« Ivre d’amour » &  » Bienfaisante amnésie »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

IVRE D’AMOUR !

J’ai fait sauter le bouchon cacheté
de tes secrets les plus cachés…
Ayant ainsi brisé ta réserve
comme on ouvre une “cuvée réservée”
de champagne millésimé,
je me suis enivré sans réserve
à ton âme pétillante…

Cette merveilleuse boisson
me monte à la tête !
À tes lèvres, sans aucune modération,
ce doux nectar de tes paroles je bois
pour oublier tout le reste

et tout ce qui n’est pas toi,
je le jette aux oubliettes !
De toi je ne veux jamais dessoûler,
connaître la solitude d’une gueule de bois…

Ta présence à mes côtés
est une perpétuelle fête…
Chaque jour, je presse le bouton “reset”.
Mon amour, du bonheur c’est toi ma recette !

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Césaire, Autre horizon

Appel à projet

Dans le cadre du 110e anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire, la collectivité territoriale a lancé un appel à projets intitulé « Césaire, Autre horizon ». L’objectif annoncé ? Demander au monde des arts de travailler sur l’œuvre de Césaire, afin de faire « redécouvrir le chantre de la négritude, comme un bâtisseur fondamental sous un angle original et stimulant ». Les projets retenus se verront attribuer une somme de 20 000 euros, dédiés à « la recherche nécessaire aux projets culturels et artistiques novateurs ».

Qui peut se présenter ?

Les candidats peuvent postuler seuls ou collectivement

Les associations culturelles

Les personnes porteuses d’un projet culturel

Les collectivités municipales

Les structures de droit privé ou de droit public

Les établissements d’enseignement public

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A propos de la « lexicographie borlette » du MIT Haiti Initiative

La « lexicographie borlette » du MIT Haiti Initiative n’a jamais pu s’implanter en Haïti dans l’enseignement en créole des sciences et des techniques

— Par Robert Berrouët-Oriol,  linguiste-terminologue —

À la mémoire de Pradel Pompilus,
pionnier de la lexicographie créole
et auteur, en 1958, du premier « Lexique créole-français » 
(Université de Paris).

En hommage posthume à André Vilaire Chery, éclaireur avisé et rigoureux de la lexicographie haïtienne contemporaine, auteur du « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti » (tomes 1 et 2, Éditions Édutex, 2000 et 2002).

« (…) il n’est pas de production de connaissance robuste et fiable hors du collectif de scientifiques qui s’intéressent aux mêmes objets, faits et questions. La connaissance scientifique doit être mise à l’épreuve et vérifiée par des collègues ou pairs compétents, à savoir ceux qui sont préoccupés par les mêmes questions ou sont pour le moins familiers de la démarche scientifique concernant la matière spécifique (…). » (« Les sciences et leurs problèmes : la fraude scientifique, un moyen de diversion ? », par Serge Gutwirth et Jenneke Christiaens, Revue interdisciplinaire d’études juridiques 2015/1 (Volume 74.)

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La journaliste et romancière québécoise Denise Bombardier est morte

Féministe engagée, la Québécoise s’était opposée, seule, en 1990 lors de l’émission littéraire « Apostrophes » à Gabriel Matzneff, dont les écrits faisaient l’apologie des relations sexuelles avec les enfants et les adolescents.

Denise Bombardier, née Marie Yvette Louise Denise Bombardier le 18 janvier 1941 à Montréal et morte le 4 juillet 2023 dans la même ville, est une polémiste, chroniqueuse, romancière, essayiste, productrice et animatrice de télévision québécoise. Elle a travaillé pour la chaîne de télévision francophone Radio-Canada pendant plus de 30 ans.

Biographie
Formation
Denise Bombardier était la fille de Jean-Louis Bombardier, radio-technicien, et de Simone Desormiers. Ils résidaient dans la paroisse St-Denis située sur le Plateau-Mont-Royal à Montréal.

Denise Bombardier obtient un baccalauréat en arts en 1964, une maîtrise en science politique de l’Université de Montréal en 1971 et un doctorat en sociologie de la Sorbonne en 1974.

Son intérêt pour la politique se manifeste aussi par un engagement militant. En 1963, elle agit en tant que présidente de la section de l’Université de Montréal du Rassemblement pour l’indépendance nationale.

Carrière télévisuelle
Radio-Canada
Elle commence sa carrière comme recherchiste pour l’émission télévisée Aujourd’hui de Radio-Canada.

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An zafè flanm

— Par Daniel M. Berté —

Pou an zafè bel flanm
Boul moun ka vréyé-flanm
Pou sèten sé sové-no-zanm
Dot paré a tiré lé zanm

I pou rivé abò bato
Konsi la Madòn Lajoso
Bouton-frédi anlè lapo
Oben sé ka’y an bel kado

Flanm-tala poko débatjé
Difé o péyi za limé
An komin adan tout kawtié
Pawol savé za ka tonbé

An sakré lensendi-palé
Ki pa bò Foyal démaré
I ba’y grenpé Montàn Pelé
Pa Lanmanten i déviré

Pa koté Robè i alé
Epi Sentmari i monté
Pa bò Sentespri i pasé
Epi Senpiè i déviré

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De la nécessité de questionner l’idéologie racialiste et le révisionnisme historique en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Paru dans Le National du 21 juin 2023, le long article de Garaudy Laguerre, « Ce que cache le révisionnisme de « l’historien » Michel Soukar », institue un procès en « profanation » de la mémoire des Pères de la nation auquel, selon lui, se serait livré le romancier et historien Michel Soukar durant son entrevue à l’émission Panel magique de radio Magik 9 – 100.9 FM le 23 mai 2023 –nous invitons le lecteur à écouter cette entrevue dans son intégralité. L’article de Garaudy Laguerre, au motif que Michel Soukar « a souillé l’histoire de notre pays et la réputation de nos ancêtres », doit être lu avec attention pour en déceler la portée et les enjeux tant idéologiques que politiques. Cela est d’autant plus nécessaire que Garaudy Laguerre –ancien candidat à la présidence en 2010 et fondateur du microscopique et éphémère parti politique « Nou se WOZO »–, s’emploie violemment à débusquer « le discours anti-noir, pour ne pas dire mulâtriste » qu’il attribue à Michel Soukar. La résurgence de la fameuse « question de couleur » dans la presse écrite de notre pays, amplifiée ces derniers jours sur les réseaux sociaux à coups de « voye monte », interpelle le questionnement actualisé du révisionnisme historique et des différentes manifestations de l’idéologie racialiste dans l’histoire d’Haïti.

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« Nous, Caribéens, ne sommes pas prêts, mais nous avons la ressource pour nous accorder aux mutations impérieuses »

Dans une tribune au « Monde », Patrick Chamoiseau, écrivain antillais, estime que, pour s’adapter aux changements climatiques, il faut se tourner vers les temps antécapitalistes et s’inspirer de l’esprit des premiers Antillais, les Kalinagos.

— Par Patrick Chamoiseau —
La modification climatique changera nos vies, mais n’affectera sûrement pas le capitalisme. La perspective est désormais claire : sous son règne, dans une soixantaine d’années, la planète accusera l’impact d’une élévation de température de l’ordre de 3 °C. Pour le monde tel que nous le connaissons, cela signifie un coup d’arrêt aussi brutal que longuement annoncé.

Le dogme mercantile qui nous domine et saccage la planète connaîtra, hélas, d’intensives jouvences dans l’immanence du numérique, les nano-technosciences et l’insondable potentiel de l’intelligence artificielle. A ces sources de regain, ajoutons les découvertes (encore imprévisibles, mais à coup sûr inouïes) qu’apportera l’astrophysique dans ses explorations innovantes du cosmos.

Ma génération connaîtra un réchauffement d’environ 1,5 °C. Celle qui a 20 ans aujourd’hui devra subir 2,5 °C dans le meilleur des cas. Ceux qui naissent maintenant seraient condamnés aux 3 °C montant. Dans tous les cas, les peuples de l’eau, gens des côtes, de l’Océanie ou de la Caraïbe seront confrontés à des transformations radicales, avec comme sinistres architectes : pics de chaleur dantesques, gonflement de l’océan, cyclones exacerbés, tsunamis, sécheresse profonde et inondations folles, acidification marine, blanchiment des coraux, effondrement de leur biodiversité… Un concentré de catastrophes interactives que l’écrivain Gabriel Garcia Marquez [1928-2014] lui-même n’aurait pas pu imaginer.

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Naufrage de la littérature

– Par Michel Lercoulois –

Est-ce un signe du déclin de la littérature, pourtant contredit par les centaines de romans qui se publient chaque année en France, les milliers de manuscrits refusés, les succès en librairie de certains écrivains souvent non dépourvus de qualité littéraire ? À regarder ces faits, en particulier le nombre d’aspirants auteurs dont tous ne vont pas jusqu’à soumettre leur manuscrit, on pourrait croire que les revues littéraires sont plébiscitées, tant il est important, quand on écrit, de se tenir au courant de ce qui se publie. Certes, parmi les apprentis nombreux sont ceux obéissant simplement à leur pulsion d’écrire, sans être nécessairement eux-mêmes des lecteurs, mais il en reste suffisamment des autres pour constituer un lectorat non négligeable. Ce n’est visiblement pas le cas, ces revues se portent mal. Cependant un éditeur digne de ce nom se doit d’avoir sa revue et Gallimard ne pouvait pas assassiner son emblème, la NRF, crée en 1908. Il a donc décidé de lui donner un nouveau départ, sous un autre format, avec une publication seulement semestrielle au lieu de bi-mensuelle et un contenu différent.

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« Aborigène » & Marée

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Aborigène

Si la Terre n’était plus si ronde,
il faudrait réinventer le monde !
N’a-t-il pas suffi de le rêver,
c’est ainsi que tout a commencé…

Ocre rouge ou jaune, blanc et noir
mêlés sur les faces des danseurs
racontent les anciennes histoires
du temps de ce Serpent Arc-en-Ciel,
peintes sur les écorces sacrées…

Et leurs ombres jaillissent aux lueurs
vacillantes de grands feux rituels,
leurs pieds nus qui la terre martèlent
s’accordent aux battements de son cœur…

Les sons graves du didgeridoo
sont la voix, le souffle des ancêtres
que ces danses un instant font renaître,
magiques, au pays des kangourous…

Marée

Va-et-vient d’océan,
mouvement incessant
de l’inlassable amant
du sable de nos îles…

Le plus souvent tranquille,
se faisant caressant,
mots d’amour susurrant
dans un souffle de vent…

Mais parfois écumant
de violence sauvage
et de force brutale
quand sévit l’ouragan !

Ce coït ancestral
de l’eau avec la terre
dont naissent les chimères
des rêves de bonheur

fait surgir dans la tête
et le cœur du poète
un désir de voyage
et de lointain ailleurs…

Patrick Mathelié-Guinlet

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