—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
La littérature haïtienne contemporaine connaît depuis plusieurs décennies des avancées qualitatives sur plusieurs registres (poésie, roman, fresques historiques, essais, etc.) et elle a acquis une notoriété internationale attestée par l’attribution de prestigieux prix. Alors même qu’elle a autrefois été, sauf très rares exceptions, une littérature à dominante francophone, elle se caractérise depuis nombre d’années par l’élaboration à flux constant d’œuvres diverses en créole. Le poète, critique littéraire et dramaturge Jean Durosier Desrivières, l’un des meilleurs spécialistes de l’œuvre de Georges Castera et doctorant en littérature comparée à l’Université des Antilles en Martinique, évoque avec hauteur de vue la dimension désormais multilingue de la littérature haïtienne contemporaine. Ainsi, il expose que « Compte-tenu de l’ensemble des œuvres publiées depuis deux décennies par des auteurs haïtiens, tant en Haïti qu’à l’étranger, on peut aisément soutenir l’idée que la littérature haïtienne s’écrit dans plusieurs langues aujourd’hui : français, créole, anglais, espagnol (…). Il précise que nous sommes désormais en présence « d’une littérature qui s’écrit dans les deux langues officielles du pays, à savoir le français et le créole.