Catégorie : Littératures

Une expérience singulière, la rencontre de la littérature avec la peinture

Genèse d’une œuvre par Patricia Lollia, artiste peintre

« Irma mon amour » est un polar écrit par Patricia Lépine et Errol Nuissier. Il est publié par les éditions « Jets d’encre »

Sur le fond du cataclysme cyclonique qui a ravagé l’île de Saint-Martin en 2017, Amélia, l’héroïne de cette histoire se retrouve mêlée à un vol. Prise dans un tourbillon incontrôlable où tout l’accuse, Amélia saura-t-elle se disculper et repartir de l’île ?

Les auteurs m’ont proposé de réaliser la première de couverture de leur livre.

J’ai accepté cette proposition mais pourquoi?

Comment une telle œuvre a-t-elle vu le jour ? Quelles sont en fait, les motivations d’un artiste au départ d’un projet ? Quel idéal esthétique nourrit son enthousiasme créateur ?

Je vais tenter d’aborder avec vous ces questions et tout d’abord, je vais évoquer la chronologie de l’affaire.

Un matin du mois d’ Avril, j’ai reçu un appel de Patricia Lépine. La communication passait très mal mais j’ai cru comprendre qu’elle me demandait de réaliser une œuvre afin d’illustrer le livre qu’elle était en train d’écrire avec Errol Nuissier.

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Sortie en librairie, en septembre 2023, de trois nouveautés jeunesse !

Sortie en librairie de trois nouveautés jeunesse !

Les tribulations de Monsieur Grégoire. Une rentrée presque ratée de Justine Jotham & Sophie Hirsch.

Ti-Auril l’enfant sauvage du Grand-Îlet de Raymond Joyeux.

L’Abécédaire des objets d’Antan des Antilles-Guyane de Rabeha Fagour-Dairi.

– Titre : Les tribulations de Monsieur Grégoire. Une rentrée presque ratée.
– Auteures : Justine Jotham et Sophie Hirsch
– Date de sortie en librairie : 23 septembre 2023
– Collection : Les tributaltions de Monsieur Grégoire
– ISBN : 9782373111682
– Prix TTC métropole : 6,00 €
– Public : Enfants
– Format : 140 X 190 mm
– Pagination :  40 pages
– Résumé : Le peureux monsieur Grégoire n’a jamais quitté son petit chalet confortable, perché dans ses Alpes natales. Mais un beau jour, il décide qu’il est temps de rompre avec la monotonie. Adieu les montagnes ! Et puisqu’il a envie de faire des découvertes et de partir à l’aventure, il demande sa mutation pour les Antilles.

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À propos de « L’amnésie patrimoniale des Ayatollahs du créole… »

L’amnésie patrimoniale des Ayatollahs du créole alimente une conflictuelle et inconstitutionnelle fatwa contre le patrimoine francophone écrit d’Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le patrimoine écrit est un terme générique qui regroupe l’ensemble des documents anciens, rares ou précieux conservés dans une bibliothèque ou ayant été numérisés. Ces documents écrits et/ou numérisés constituent un patrimoine qui est l’expression, dans un contexte historique donné, à une époque donnée, de la pensée, de l’opinion, de l’action, de l’imagination, du vécu d’une personne ou d’un groupe de personnes. À ce titre, et en lien avec une mise en contexte qui permet de replacer l’information dans son environnement historique, le patrimoine écrit rassemble des documents divers (lois, Constitutions, décrets, œuvres littéraires, ouvrages scientifiques, journaux et revues, etc.) qui témoignent de l’activité humaine, ancienne ou récente. Dans son acception générique à l’échelle d’un pays, le patrimoine écrit désigne habituellement le patrimoine national écrit qui recouvre une grande variété de documents conservés aussi bien dans des collections privées que publiques : livres imprimés, documents iconographiques (gravures, affiches, cartes postales, plans, photographies, dessins, manuscrits, estampes, photographies, films, partitions musicales, cartes et plans, monnaies et médailles, archives, etc.).

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« Le fruit le plus rare ou la vie d’Edmond Albius », par Gaëlle Bélem

Le roman des origines de l’île de La Réunion

Collection Continents Noirs, Gallimard
Parution : 24-08-2023
Au XIXe siècle naît à l’île de La Réunion un garçon créole : Edmond. Ses parents aimeraient que leur fils grandisse aux abords des champs de canne à sucre, des rires plein le cœur, l’esprit entièrement libre. Le malheur en décide autrement. D’abord, il fait d’Edmond un esclave. Dans la foulée, un orphelin. Après, un garçonnet analphabète.
La vie s’annonce infernale, mais l’enfant a un talent sans pareil : celui de déjouer les pronostics. Recueilli et élevé par un botaniste amoureux d’orchidées, Edmond est un prodige dès qu’il met les pieds dans un jardin.
1841. Âgé de douze ans, vif et rusé comme quatre, Edmond fait l’une des plus extraordinaires découvertes du monde : un nouveau fruit, un nouvel arôme, le plus savoureux, le plus connu, le plus aimé qui soit au XXIe siècle encore !
Le fruit le plus rare raconte les aventures rocambolesques d’Edmond, maillon d’une chaîne qui unit le Mexique, l’Espagne, la France et La Réunion, autour d’un petit fruit pas comme les autres.

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Soirée littéraire : « Vies explosées » d’Arlette Bravo-Prudent

Jeudi 21 septembre à 18h au Lina’s de Manhity au Lamentin

L’auteure présentera son dernier livre « Vies explosées », publié aux éditions du Panthéon. La soirée sera animée par Danielle Marceline et Gérard Dorwling-Carter, dans le cadre convivial du Lina’s de Manhity autour d’un petit buffet amical. Elle sera suivie d’une séance de dédicaces. L’entrée est gratuite et ouverte à tous.
Inscription gratuite obligatoire ici.

Vies explosées
« Jadis, Erwan écoutait les informations sur les attentats d’un air distrait. Il les condamnait, mais n’éprouvait aucune émotion particulière. Ses yeux, ses oreilles, son cœur s’étaient apparemment familiarisés avec de telles abominations.
Il avait certainement oublié qu’un attentat peut enflammer non seulement une région, mais plusieurs pays. »

Erwan, personnage imaginaire, est un rescapé de l’attentat de Barcelone du 17 août 2017. Il n’est plus qu’un homme brisé. Au cours de l’année 2020, les commémorations d’attaques le poussent à rappeler les actes terroristes de Charlie Hebdo, Montrouge, Porte de Vincennes, Bruxelles, Manchester, du Nigéria, de Nice, New York et Paris. Avec pudeur, délicatesse, émotion et quelques graines de légèreté, Erwan peint les tranches de vie, radieuses, vivantes, attendrissantes, mais jamais sombres, de toutes les victimes innocentes.

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À propos d’un naufrage de la lexicographie créole…

Le naufrage de la lexicographie créole au « New Jersey Judiciary Glossary of Legal (and Related) Terms – English/Haitian Creole »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le vocabulaire créole du Droit et de l’administration de la justice, depuis la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution haïtienne de 1987, n’a toujours pas fait l’objet de chantiers lexicographiques élaborés au creux d’une mise en commun des compétences des juristes, des lexicographes, des traducteurs et des linguistes. Une recherche documentaire multifacette n’a pas permis de retracer des lexiques ou des dictionnaires juridiques bilingues français-créoles, ou encore des glossaires créoles élaborés en Haïti et regroupant la terminologie du Droit. Le très rachitique site Internet de la plus ancienne institution d’enseignement supérieur du pays créée en 1859 –la Faculté de Droit et des sciences économiques de l’Université d’État d’Haïti–, ne fournit aucune information pertinente ni sur le contenu des programmes d’enseignement, ni sur les ouvrages de référence utilisés dans l’apprentissage des spécialisations juridiques (droit de la famille, droit du travail, etc.), ni sur les instruments didactiques et/ou lexicographiques éventuellement usités (par exemple le « Dictionnaire des expressions juridiques » de Henri Roland, Éditions Lexis Nexis, 5ème édition, 2020).

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« Chronique d’un dialogue difficile » d’ Emmanuel de Reynal

« – Ce que nos ancêtres n’ont pas su faire, faisons-le maintenant ! D’un geste rapide, Marijosé Alie écarte sa jolie mèche blanche et dévoile un regard d’exécution. Ses yeux sont deux balles de fusil pointées sur moi. Elle insiste.
– Le silence ne fait qu’enfler les fantasmes. Ça va péter ! Il est temps de parler, il est temps de s’écouter, de se réconcilier.
– Ah bon ? Nous sommes fâchés ? »

« Chronique d’un dialogue difficile » relate les coulisses d’un projet inédit de dialogue collectif, où s’entrechoquent mille représentations, autant de volontés que de blocages, autant de non-dits que de contradictions idéologiques… Un dialogue compliqué entre les différentes communautés qui composent la société martiniquaise, reflet aussi d’un monde qui se polarise de plus en plus. Ce texte souligne les ambiguïtés et les difficultés quand il s’agit de rompre le silence qui perdure depuis l’abolition de l’esclavage en 1848.

L’AUTEUR : Emmanuel de Reynal
Emmanuel de Reynal est un acteur engagé dans la vie sociale et associative de la Martinique. Il est l’auteur de « Ubuntu, ce que je suis » aux éditions l’Harmattan (2020), de « Recta Linea » (2021), de « Une Minute » (2021) et de « Ti-Prince » (2022) aux éditions du Panthéon.

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Man né…

— Par Daniel M. Berté —

Man né dan an pies-kann
Anba an soley cho
Mé man né an menm tan
Anba fifin-lapli
Pas Djab té ka mayé
Dèyè lapot légliz

Man né adan pikan
Ki adan Mafwamé
Sa ki fè mwen pousé
Prèmié kri man kriyé
Sé pa tap anlè fes
Sé mòsi fonmi wouj

Man né adan flanji
Trapé épi fèy kann
Yo koupé lonbrik-mwen
Epi koutla travay
Es pousa moun ka di
Ki man sé boug filé !?

Man né adan lanfè
YO kriyé bitasion
La éti laswè-neg
Té ka sèvi fimié
An didan kann bétjé
Pou té fè riches-YO

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« Le dernier revival d’Opal et Nev », de Dawnie Walton

« Opal & Nev » est un roman captivant qui nous plonge au cœur de l’industrie musicale de l’époque, mettant en lumière les défis auxquels étaient confrontés les artistes, en particulier ceux issus de milieux marginalisés. Le roman raconte l’histoire improbable d’un duo musical formé au début des années 70 : Opal, une chanteuse afro-américaine audacieuse, et Nev, un songwriter britannique ambitieux. Ensemble, ils forment le groupe explosif Opal & Nev.

Le récit prend son envol lors d’un incident tragique survenu lors d’un de leurs premiers concerts. Une bagarre éclate autour d’un drapeau confédéré, symbole du Sud ségrégationniste, et une personne perd la vie. Ce drame évoque le célèbre concert maudit des Rolling Stones à Altamont en 1969, où des circonstances similaires ont conduit à une tragédie similaire.

Opal, décrite comme un modèle de déesse afro-punk, incarne la puissance, la liberté et le courage dans une Amérique qui émerge tout juste de la ségrégation. Elle se positionne comme une voix pour les marginalisés et ne se laisse pas intimider par la peur. Ce personnage complexe et charismatique devient le centre de gravité du duo musical, inspirant non seulement Nev, mais aussi tous ceux qui croisent son chemin.

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Patrick Chamoiseau et la complexe question des « langues régionales » et des « langues officielles » : une invitation au débat

 — Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue, Montréal —

Le romancier martiniquais Patrick Chamoiseau a publié un article qui doit être lu avec la meilleure attention, « Si nous restons à patauger dans l’imaginaire colonial, la guerre des langues restera en vigueur » (Madinin’Art, 3 septembre 2023). Il s’agit d’un texte intéressant à plusieurs égards et il est tout à fait indiqué que l’un des plus talentueux écrivains de la Caraïbe offre en partage sa réflexion sur des questions linguistiques. Pour mémoire, il y a lieu de rappeler que des écrivains et intellectuels martiniquais de premier plan ont auparavant réfléchi, avec compétence et de manière fort pertinente, sur les langues en contact dans l’aire caribéenne, sur la langue créole, la créolité, la « décréolisation », etc. Du romancier et essayiste Édouard Glissant au linguiste Jean Bernabé, du romancier et lexicographe Raphaël Confiant au philosophe et romancier Alfred Alexandre, l’apport des écrivains et intellectuels martiniquais tant à la littérature qu’à la créolistique mérite d’être revisité et il contribue à enrichir notre réflexion.

Parue dans la revue « Carnets » (Deuxième série, 13/2018) de l’Association portugaise d’études françaises, l’étude trop peu connue d’Adelaide Gregório Fins, « Créolité et voix de résistance chez Édouard Glissant » explore une thématique-clé de l’œuvre d’Édouard Glissant en ces termes : « Édouard Glissant évoque dans Le discours antillais (1997) la nécessité de revenir à la langue créole, ou plus exactement, à une voix française créolisée.

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Ki solisyon pou on lékòl an sevis a péyi Gwadloup ?

— Déclaration de l’UPLG sur l’école en Guadeloupe —

Sans perturbations significatives selon les médias et les responsables de l’éducation nationale en Guadeloupe, la rentrée scolaire 2023/2024 s’est faite en Guadeloupe. Plus de 88 000 élèves de 3 à 18 ans ou parfois plus ont rejoint les écoles maternelles et élémentaires, collèges et lycées de Guadeloupe. Avec un peu plus de 7 300 enseignants, le service public d’éducation est censé assurer un enseignement de qualité répondant aux espérances des familles et des enfants de Guadeloupe.

Après des années de dénonciation de l’échec scolaire, des manques de moyens, des fermetures de postes, de l’expatriation systématique des enseignants réussissant aux concours nationaux français, de l’arrivée massive d’enseignants non guadeloupéens venant pour certains surtout pour le dépaysement, du nombre d’enseignants guadeloupéens qui semblent désabusés devant les difficultés de l’école et des enfants, aujourd’hui, nous nous proposons de regarder les choses autrement.

L’échec de l’école en Guadeloupe est un fait reconnu non discutable. Cet échec a pour conséquence la mise à l’écart et la marginalisation de la majorité de la jeunesse qui, si elle ne trouve pas de solution alternative à la déshumanisation, se retrouve entrainée dans toutes les déviances ou emportée dans une nouvelle errance vers les banlieues européennes ou ailleurs sans espoir de retour.

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« Le grand tout » & « De l’art… »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Le grand tout

Lorsque tu marches sur la plage,
songe que c’est le cimetière
de ces milliards de coquillages
accumulés au cours des âges,

que ces falaises de calcaire
alentour en sont un ossuaire…
Le végétal et l’animal
font un avec le minéral.

Tout le vivant avec la Terre,
ça forme un tout inséparable
comme ces petits grains de sable
qui constituent un grand désert…

Aujourd’hui la science dévoile
que nous sommes de la poussière
d’anciennes lointaines étoiles !
Ce que déjà disait hier
la danse sacrée des chamanes…

De l’art …

Des sons, des couleurs, des volumes,
des textures, des structures, des mouvements
en harmonie ou en opposition, contraste recherchés pour un plaisir esthétique,
une satisfaction émotionnelle ou intellectuelle

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Les défis contemporains de l’institution de l’École de la pensée linguistique haïtienne conforme à la Constitution de 1987

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

À la mémoire de Pradel Pompilus, pionnier de la lexicographie créole contemporaine et auteur, en 1958, du premier « Lexique créole-français » (Université de Paris).

À la mémoire de Pierre Vernet, fondateur de la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti et précurseur du partenariat créole-français en Haïti. À la mémoire d’André Vilaire Chery, rigoureux éclaireur de la lexicographie haïtienne contemporaine et auteur du « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti »(tomes 1 et 2, Éditions Édutex, 2000 et 2002).

Au seuil de la rentrée scolaire 2023-2024 en Haïti, il est tout indiqué d’offrir en partage un ensemble de références documentaires pouvant contribuer à enrichir la réflexion des enseignants, directeurs d’écoles, pédagogues et didacticiens, rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires et cadres du ministère de l’Éducation nationale. Les documents répertoriés dans le présent article représentent, d’une part, un relevé indicatif des articles que nous avons publiés en Haïti, en Martinique, aux États-Unis et en France. Ils couvrent différents volets d’une commune réflexion qui se veut à la fois éclairante et rassembleuse : l’état des lieux de l’aménagement du créole et du français en Haïti, la politique linguistique éducative, les droits linguistiques, la typologie et la méthodologie de la lexicographie créole, les fondements constitutionnels de l’aménagement simultané du créole et du français.

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Si nous restons à patauger dans l’imaginaire colonial, la guerre des langues restera en vigueur

Par Patrick Chamoiseau

Face au risque de voir annuler la décision faisant du créole la langue officielle de la Martinique au côté du français, l’écrivain antillais offre une réflexion sur la notion de « langue officielle » et souligne la nécessité d’accepter que les imaginaires sont multilingues

La résolution du 25 mai de l’Assemblée de Martinique est réjouissante : elle déclare le kreyol [« créole »] langue officielle de la Martinique au côté du français. Cette décision vient s’ajouter à l’adoption d’un hymne, d’un drapeau, aux adhésions à des instances caribéennes, et à d’autres dispositifs certainement à l’étude. Elle vise à conforter notre niveau de conscience collective comme peuple et comme nation. Les élus martiniquais ont enfin quitté les étroitesses économiques, pour s’avancer dans le domaine du politique. Il s’agit pour eux de densifier une présence collective innovante, riche de ses sources, de ses racines, de ses alliances géographiques et historiques multiples. Il s’agit aussi de la projeter (sans assistanat, sans dépendance, loin des morbidités du grand sac « outre-mer ») dans les défis d’un monde qui change. Il s’agit, enfin, de lui faire accéder àune démocratie économique nouvelle, résolument sociale, culturelle, écologique et solidaire… – uneintention globale, susceptible de stimuler notre créativité collective, que j’ai proposé d’appeler dans untexte récent « Faire-pays ».

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« Le rêve de nos amours… », de Myrna Nérovique

Le rêve de nos amours…
Le rêve d’être dans tes bras et d’y rester…
Le rêve de toujours s’aimer…

« Le rêve d’être heureuse auprès de toi et que ce charivari cesse dans nos vies… »
Tel est le message que veut délivrer ce nouveau recueil de poésie de Myrna Nérovique. Il raconte le mariage chrétien de deux êtres qui s’aiment à la folie et qui rencontrent des difficultés comme dans tout couple. Leurs enfants sont leur joie de vivre.
Le rêve de nos amours est un recueil de poésie fictif qui aborde le mariage chrétien d’un homme et d’une femme, et raconte les moments de joie de ce couple, ainsi que ses difficultés. Le lecteur l’accompagne dans la joie de s’aimer, le bonheur d’être parents et bienheureux, malgré les maux de l’existence…
Myrna Nérovique nous fait à nouveau découvrir ses croyances, la beauté de l’amour et du désir, mais aussi quelques dessins et peintures ainsi que l’une de ses chansons, démontrant ainsi ses diverses facettes artistiques.

Juste pour parler d’amour

L’amour qui me gonfle tel un four,
Me fait chanter de l’Aznavour.

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Analyse d’un échantillon de chansons créoles de la musique haïtienne

Par Fortenel Thélusma, linguiste et didacticien du FLE

I- Introduction

À propos du créole, la seule langue parlée par toute la population haïtienne, beaucoup de débats passionnés ont déjà été soulevés soit sur son statut (certains le considèrent comme un patois), soit sur son orthographe qu’ils qualifient de « laide »,  « américanisée », etc. ; d’autres pensent même qu’il faudrait changer son acte de baptême en l’appelant « ayisyen ». Mais des spécialistes en créolistique sont déjà intervenus sur ces questions, qui y ont apporté les éclairages nécessaires, parmi eux des linguistes haïtiens (Yves Déjean, Hugues Saint-Fort, Renaud Govain, Lemète Zéphyr, etc.). De plus, on sait que le créole est l’une des langues modernes faisant l’objet de plus de curiosité de la part des linguistes dans le monde entier (Mofwene, André Martinet, Albert Valdman, Lefebvre, Robert Damoiseau, etc.). « Rien, dans sa structure linguistique ne disqualifie, au départ, un créole comme langue de culture » (1980), a martelé le linguiste français, André Martinet. En effet, toutes les langues (humaines) ont la même valeur du point de vue de la science du langage et remplissent diverses fonctions telles celles attribuées au langage par le linguiste suisse Roman Jakobson :

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Mi chalè !

— Par Daniel M. Berté —

Emé kriyé anmwé anba twant-kat dègré
I ka siwvéyé siel
Difé tout la jouné, difé tout la swaré
Chuuuu !!! Mi chalè !!!

Tertilien ka griyen pas i pèdi jaden
I ka lonviyé siel
Difé an say planté, difé an potajé
Mésié !!! Mi chalè !!!

Anriyèt li entjèt kon tatjèt an finèt
I la ka gadé sièl
Difé anba tété, difé an fant katjé
Woy !!! Mi chalè !!!

Léyon ki pa kouyon di : « Sé malédision !»
I la ka priyé siel
Difé pou lé péché, difé pou lé rigré
Ségnew !!! Mi chalè !!!

Klérik an siantifik di : « Sa atmosférik ! »
I ka observé siel
Difé pou tè séché, difé san lalizé,
Manman !!! Mi chalè !!!

Man Tjilas ki tou las di ba Mondié : « De gras !»
I ka sipliyé siel
Difé dépi lévé, difé jisko kouché
Chuuuu !!! Mi chalè !!!

 

Daniel M. Berté 290915

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L’aménagement du créole en Haïti à l’épreuve du « Cadre d’orientation curriculaire » du ministère de l’Éducation nationale

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Peu de temps après la parution de notre article « Les fondements constitutionnels de la future loi de politique linguistique éducative en Haïti » (Rezonòdwès, 23 août 2023), un haut cadre du ministère de l’Éducation nationale d’Haïti nous a discrètement acheminé deux « documents ministériels majeurs » —des documents officiels et d’intérêt public–, tout en précisant vouloir garder l’anonymat pour des raisons que chacun peut aisément comprendre. Le premier document a pour titre « Cadre d’orientation curriculaire pour le système éducatif haïtien / Haïti 2054 » et pour son élaboration le ministère de l’Éducation a bénéficié du support technique et financier, à hauteur de 8 millions d’Euros, de l’Agence française de développement (AFD) dans le cadre du Projet NECTAR. Sa première mouture date de 2020 et il a été validé en février 2021. Le second s’intitule « Cadre pour l’élaboration de la politique linguistique du MENFP » / « Aménagement linguistique en préscolaire et fondamental ». Ce document –qui devra ultérieurement faire l’objet d’une évaluation objective–, est daté de mars 2016 et il porte la mention « Travail réalisé par Marky Jean Pierre et Darline Cothière sous la direction de Marie Rodny Laurent Estéus consultante au cabinet du Ministre ».

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« Tentation » & « Retraite »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Tentation

La faute à la satanée crise,
tirant le diable par la queue,
j’ai tenté de doubler ma mise
à la foutue table de jeu
mais y ai laissé ma chemise !

Lors, au lieu de tirer sa queue,
peut-être puis-je en tirer mieux
en le flattant, quoi qu’on en dise ?
Car avec lui si tu pactises,
certes tu pourrais vivre mieux…

Mais la fortune mal acquise
fait aussitôt des tas d’envieux
et soudaine richesse attise
des jalousies et convoitises
envers qui paraît trop chanceux…

Par-devant si tous te courtisent,
les mêmes en secret te méprisent,
à la fin ça te rend anxieux…
Vivre de peu, c’est vivre heureux
car sans souci, on vit plus vieux !

C’est ce qui importe à tes yeux
lorsque soudain tu te rappelles
du Docteur Faust le sort odieux :
si plaie d’argent n’est pas mortelle,
la damnation est éternelle !

Retraite

Une honte pour le guerrier vaincu…
La ménopause du travailleur réformé par l’âge…
La poterne du vieillissement sénile…
Ou ne serait-ce pas plutôt de l’esclavage social enfin la quille !

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Faire-Pays : réimaginer l’interdépendance à l’ère post-capitaliste

Inspiré par les pensées de Patrick Chamoiseau

— Par René Lake —

Les notions d’identité, de nation et d’appartenance ont longtemps été façonnées par le prisme du nationalisme, des revendications d’autonomie et des aspirations à l’indépendance. Toutefois, le monde d’aujourd’hui, un monde d’interdépendance et de connexions globales, exige de nous une reconfiguration radicale de ces conceptions.

Dans la série « Faire-Pays », Patrick Chamoiseau évoque une vision qui, selon lui, dépasse les « nationalismes des années 50 » et les « revendications d’autonomie-indépendance restées inefficientes ». Il envisage un remaniement de notre rapport à la notion de pays non pas dans des « exclusives nationalistes ou des indivisibilités républicaines », mais dans une « intensification tous azimuts de nos systèmes relationnels ». Il plaide pour une ouverture totale : une mobilité accrue, un multilinguisme babélique, un abandon des normes centrées, et la création de partenariats trans-mondiaux.

Pour Chamoiseau, la clé réside dans l’intensification des relations – la création de ponts plutôt que de murs, l’ouverture vers l’extérieur plutôt que l’enfermement. Tout cela, dit-il, suppose une « entrée en responsabilisation post-capitaliste » pour tous.

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La mort d’un écrivain insolite : Pierre Alferi

L’univers littéraire a subi une perte douloureuse en ce 17 août, avec l’annonce du décès de Pierre Alferi, un écrivain aux multiples facettes, à l’âge de 60 ans. Poète, romancier, essayiste, traducteur, et même peintre, Alferi était reconnu pour sa singularité au sein de la littérature contemporaine française. Cette nouvelle, communiquée par les éditions P.O.L, a été accueillie avec une profonde tristesse par la communauté littéraire. Toutefois, les circonstances exactes de son décès n’ont pas été rendues publiques.

Né le 10 avril 1963 à Paris, Pierre Alferi était le fils de deux personnalités éminentes : le philosophe Jacques Derrida et la psychanalyste Marguerite Aucouturier. Sa formation initiale l’a conduit à l’École normale supérieure, où il a approfondi ses connaissances en philosophie. Cependant, son parcours l’a rapidement orienté vers la poésie, un terrain sur lequel il allait laisser une empreinte indélébile.

L’une de ses premières entreprises littéraires significatives fut la fondation de la revue « Détail » en 1989, aux côtés de la photographe et poétesse Suzanne Doppelt. Cela marqua le début de sa quête de partage créatif et d’exploration artistique pluridisciplinaire.

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À propos du  » Liv inik an kreyòl »

Entrevue exclusive avec Jean-Claude François

Le LIV INIK AN KREYÒL et la problématique des outils didactiques

en langue créole dans l’École haïtienne

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’annonce du ministère de l’Éducation nationale relative au LIV INIK AN KREYÒL qui devait être introduit à la mi-juin 2023 dans les écoles du pays à hauteur de 1 million d’exemplaires à distribuer gratuitement a retenu l’attention des directeurs d’écoles et des enseignants. S’il est éventuellement avéré –comme le soutiennent plusieurs directeurs d’écoles et nombre d’enseignants–, que la diffusion massive du LIV INIK AN KREYÒL n’a pas encore débuté au début du mois d’août 2023, de nombreuses questions demeurent ouvertes. D’abord en quoi consiste le LIV INIK AN KREYÒL ? À quels objectifs pédagogiques doit-il répondre ? Par qui a-t-il été élaboré et édité ? Les organisations professionnelles d’enseignants ont-elles été associées à la conception de ce nouvel outil pédagogique ? L’expertise de l’École normale supérieure et de la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti a-t-elle été sollicitée à l’étape de la conceptualisation et de la validation du LIV INIK AN KREYÒL ?

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« L’animal en moi » & « Man Dengue »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

L’animal en moi

L’animal en moi pleure
sur l’immense gâchis
de l’homme sur la Terre,
sur cet Éden perdu
par trop de connaissance,
trop peu de connivence,
tout comme ainsi l’on pleure
sur la belle innocence
oubliée de l’enfance…

Cette terre arrosée
plus que copieusement
de larmes, sueur et sang,
engraissée d’ossements
depuis aussi longtemps,
n’est pas moins nourricière
mais pour combien de temps ?

Va-t-elle résister
ou, ce dont j’ai bien peur,
va-t-elle rejeter
l’humain profanateur,
retrouvant l’harmonie,
tout ce qu’il a détruit
par orgueil et mépris ?

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Gran-nonm… Ti-bolonm

— Par Daniel M. Berté —

An gran-nonm ka gadé
An ti-bolonm jòdi
Asiz douvan télé
Ki ni portab tablet
Ka jwé épi manet
Epi i ka sonjé…

Sé an ti-bolonm nwè
Ka pran an sak bwano
Dé branch an pié kalbas
Nich-poulbwa ek fey-bwa
Pou pé fè an kalen
Pou sa péché kribich

Sé menm ti-bolonm-la
Ka kouri bò ragon
Eti bétjé matjé
“Prendre une canne c’est voler”
Pou’y sa rédi dé kann
Pou’y fè an bel siro

Sé ti-bolonm nwè-a
Ka trasé an-kanpan’y
Pou sa tjwiyi griyav
Zikak épi tjénet
Prin-sitè ek mango
Pou’y pé sa plen bouden’y

Sé ti-bolonm-tala
Adan lakou lékol
Ki ka fè zwel-séré
An foutbol-friyapen
Soté an kod-mawo
Jwé tek épi bloksek

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« Le médecin de Cape Town » d’ E. J. Levy, un roman de genre… Libre !

« La métamorphose d’une identité : l’extraordinaire histoire de Margaret/James »

Enseignante et nouvelliste, E.J. Levy fait une entrée fracassante en littérature avec cette formidable aventure romanesque, amoureuse et féministe. Son héroïne a réellement existé jadis, sous les traits du Dr James Miranda Barry, et on l’imagine aisément se réincarner sur grand écran.

C’est l’histoire fascinante de Margaret Brackley, une jeune irlandaise née au XIXe siècle, qui se démarque au sein d’une époque et d’une société limitant les opportunités des femmes. Animée par une détermination et une intelligence remarquables, Margaret fait un choix audacieux en se métamorphosant en homme pour réaliser sa passion médicale et ses aspirations profondes.

Face aux normes restrictives de la société et aux attentes conventionnelles de sa famille, Margaret adopte l’identité de James Barry, un médecin militaire renommé. Le général vénézuélien Mirandus joue un rôle central en l’aidant à obtenir une éducation médicale et à accéder à des opportunités traditionnellement réservées aux hommes. Grâce à cette transformation, Margaret/James peut finalement embrasser sa passion pour la médecine. Sa double identité devient le reflet de sa quête pour l’égalité des sexes et sa recherche d’accomplissement personnel.

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