Catégorie : Littératures

Van-an

— Par Daniel M. Berté —

Van-an las bonmaten-an…
Sé pa kon lé venn-douz vvan

Ki za vini vizité lavi-mwen…

Van violan ki ka fè jen kon vié pran lavol
Van varian ka fè latjé poul panché vitman
Van visié ka vini a la-vites-gran-v

Van vantatè ka kouri présé a la vapè
Van vorien ka lévé wob lé vié fanm visiez
Van vakabon ka vadrouyé di Verpré o Voklen

Van vidjò ka lévé-fésé tousa ki vayan
Van voltijè ka vréyé valsé tousa ki ka vini
Van vòlè ka pran lavi lé vev kon lé vef

Van vache ka fè vasiyé tousa ki vertical
Van valdendjè ka fè alé-viré a tout vites
Van vwayou ka vandalizé la véjétasion

Piès sé van tala pa vini jòdi Vandrédi trez…
Sé an van féba flègèdè ek flapi ki vini
Van-an las bonmaten-an…

→   Lire Plus

« Arrêtons le massacre » & « Optimisme »

— Par Patrick Mathelié- Guinlet —

Arrêtons le massacre!

Si jadis pour un rien
on en venait aux mains
dans de menues bagarres,
aujourd’hui c’est bien pire,
ne prêtant plus à rire :
pour une peccadille
on se tue aux Antilles !

Pour un simple regard
ou un mot de travers,
à présent les ados
peuvent aussitôt sortir
de leur poche un couteau
et même un révolver…

Problème identitaire
ou manque de repères ?
La jeunesse se perd,
cultivant la violence
au mépris de prudence
la plus élémentaire,
et joue son existence
sur un coup de poker !

→   Lire Plus

« Le « Festival entènasyonal literati kreyòl », édition 2023, au rendez-vous de ses grands défis »

 — Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La Créolophonie compte environ 12 millions de locuteurs créolophones répartis dans différentes aires géographiques, de l’arc antillais à l’archipel des Mascareignes, d’Haïti à la Martinique, de La Réunion à Sainte-Lucie, des Seychelles à la Guyane, de l’Île Maurice à la Dominique. Haïti, la plus peuplée des aires géographiques créolophones avec ses 11 millions d’habitants, s’apprête à accueillir du 5 au 10 décembre 2023 la cinquième édition du « Festival entènasyonal literati kreyòl » (FEL). Cet événement majeur et singulier à l’échelle de toute la Créolophonie a été conceptualisé et mis sur les rails par le poète et opérateur culturel haïtien Anivince Jean Baptiste et il est désormais soutenu par des institutions telles que la Fondation Maurice Sixto et l’OMDAC (l’Organisation martiniquaise pour le développement des arts et de la culture). Devenu au fil des ans un incontournable rendez-vous littéraire, le « Festival entènasyonal literati kreyòl », édition 2023, a pour thème « Pou yon kreyolofoni solid e solidè ».

La riche programmation de cette année comprend une conférence inaugurale le 5 décembre 2023, « Ayiti, pi gwo kominote kreyolofòn nan mond lan : kisa reyalite lenguistik sa a ka pote pou peyi a ? 

→   Lire Plus

Le créole dans l’enseignement supérieur en Haïti : les pionniers, les publications-phare, les laboratoires de recherche

Entrevue avec le linguiste Moles Paul

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La créolistique, domaine des sciences du langage dédié à l’étude et à la description des créoles, est déjà vieille de plusieurs décennies. Ainsi, « Dans les années 1930, des linguistes tels que Schuchardt, Jespersen et Hjelmslev et des généralistes (« social scientists ») comme Herskovits et Reinecke proposent des définitions scientifiques des termes pidgin et créole. Une littérature créolistique commence ainsi à se constituer sur la question de la genèse des créoles de la zone Caraïbe ; un modèle génétique est élaboré et baptisé le « modèle du cycle de vie (« life-cycle model », Bloomfield, 1933, p. 474 ; Hall, 1962). « Les linguistes considèrent maintenant les pidgins et les créoles comme deux phases, voire simplement deux aspects d’un seul et même processus linguistique » [DeCamp, 1971, p. 13]. L’auteur précise que (…) lors de la première conférence sur les langues créoles qui s’est tenue en 1959 à la Jamaïque, les études sur les pidgins et les créoles ont été mises en évidence comme une discipline à part entière : « On peut dater la naissance du champ d’étude pidgin-créole à cet après-midi d’avril à la Jamaïque où Jack Berry a tout à coup remarqué : “Nous parlons tous de la même chose” » (Logambal Souprayen-Cavery et Jacky Simonin : « Continuum linguistique », paru dans « Sociolinguistique du contact – Dictionnaire des termes et concepts », Lyon : ENS Éditions, 2013).

→   Lire Plus

La problématique de l’aménagement et de la didactisation du créole dans l’École haïtienne : promouvoir une vision rassembleuse

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

Au moment où nous écrivons ces lignes, le système éducatif national haïtien, où sont scolarisés environ 3 millions d’écoliers, est lourdement impacté par l’action violente des gangs armés partout au pays. Tel que nous l’avons exposé à la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, dans notre « Appel à l’UNESCO : non à tout appui au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti » (Rezonòdwès, 13 novembre 2023), « (…) plus de 500 sur 976 écoles évaluées sont dysfonctionnelles ou inaccessibles tandis que 54 d’entre elles sont complètement fermées depuis plusieurs mois, en grande majorité à cause des rivalités entre groupes armés, des affrontements entre les gangs et la police, ou des problèmes d’accès des enseignants dans ces zones » (voir le communiqué de presse paru le 23 juin 2022 sur le site officiel de l’UNICEF en Haïti, « Haiti : une école sur trois est cible de violence à Port-au-Prince »). Selon le site ONU Info, « Les actes de violence armée contre les écoles en Haïti, notamment les fusillades, les saccages, les pillages et les enlèvements, se sont multipliés par neuf en un an, alors que l’insécurité grandissante et les troubles généralisés commencent à paralyser le système éducatif du pays, a averti l’UNICEF jeudi.

→   Lire Plus

Festival en Pays Rêvé ! deuxième édition

Du 13 au 19 novembre 2023 en Martinique

— Présentation par Viktor Lazlo —

Chers amis du Festival en Pays Rêvé,

En novembre 2022 naissait le Festival en Pays Rêvé, métaphore de ce que la littérature peut apporter à un territoire qui en est une matrice, tantôt proche, tantôt lointaine de ce qu’il véhicule comme fantasmes. Les martiniquais, dans un élan enthousiaste, ont montré l’intérêt qu’ils portent à cette initiative qui réunit dans une véritable proximité, des auteurs martiniquais, afro-diasporiques et de toutes provenances. 

Novembre 2023 verra la seconde édition du Festival en Pays Rêvé accueillir encore plus d’écrivains et d’intervenants journalistes autour d’un motif on ne peut plus d’actualité :

Terre Mère

Cette thématique à large spectre permet d’interroger le vivant sous toutes ses formes, de provoquer l’humain sur sa relation à notre planète mais également sur les liens qu’il établit avec ses congénères dans son rapport nord/sud, homme/femme, puissant/défavorisé, dominant/dominé… 

Christiane Taubira, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice sous l’administration de François Hollande, femme de cœur et de tête, donnera, comme invitée d’honneur, le coup d’envoi du festival avec la mise en lecture théâtrale de ses « Frivolités » qui évoquent avec humour et gravité toutes les problématiques sociétales à travers un « chaudron » de parole féminine.

→   Lire Plus

« Carpe Diem III » & Rêver…

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

CARPE DIEM ! III

Quand pour toi vient cet âge
sombre de la vieillesse
qui précède la mort,
qu’elle courbe ton corps,
ride aussi ton visage
et la peau de tes fesses,

il est temps de songer
qu’alors chaque seconde,
chaque respiration
va un peu rapprocher
de l’heure du trépas,

de ce moment dernier
par l’homme redouté
auquel il te faudra,
hélas, quitter ce monde,
que tu le veuilles ou non…

Et tirer la leçon,
pour mieux en profiter,
de vivre intensément,
pleinement au présent
tout ce temps qui demeure
avant que tu ne meures…

→   Lire Plus

Appel à l’UNESCO : non à tout appui au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La parution le 10 novembre 2023, sur le site Rezonòdwès.org, de notre article « Le remarquable discours de la « superstar » du PHTK néo-duvaliériste Nesmy Manigat à la 42ème Conférence générale de l’UNESCO », a été suivie le 12 novembre 2023 d’une correspondance spéciale adressée à Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO. Dans le contexte de l’amplification de l’insécurité au pays mise en œuvre par les bandes armées plus ou moins liées au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste au pouvoir en Haïti, alors même que la survie de l’École haïtienne où sont scolarisés plus de 3 millions d’élèves est en jeu, notre correspondance spéciale à Mme Audrey Azoulay s’avère être d’intérêt public. Par la publication de cette correspondance, nous apportons aux lecteurs un regard citoyen sur le naufrage avéré du système éducatif national que tente de camoufler et de banaliser une institution –le ministère de l’Éducation nationale d’Haïti– et son actuel titulaire, le ministre de facto Nesmy Manigat. Les enjeux sont énormes, il faut en prendre toute la mesure : la survie de l’École haïtienne est menacée, la scolarisation de plus de 3 millions d’élèves est gravement compromise, et la société civile organisée doit en se mobilisant inventer une réponse solidaire et rassembleuse à la catastrophe éducative en cours.

→   Lire Plus

« Haïti – L’oeil de la parole », un livre de Robert Berrouët-Oriol

Linguiste-terminologue canadien originaire d’Haïti, spécialiste de l’aménagement linguistique, Robert Berrouët-Oriol a longtemps travaillé à l’Office québécois de la langue française où il a contribué à l’analyse, au stockage, à la mise à jour et à la diffusion des vocabulaires scientifiques et techniques de la Banque de terminologie du Québec (aujourd’hui dénommée Grand dictionnaire terminologique). Par la suite il a enseigné la linguistique et la terminologie à la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti. Depuis avril 2021, il est membre du Comité international de suivi du Dictionnaire des francophones, le DDF. Auteur depuis plusieurs années d’articles de vulgarisation linguistique parus en Haïti dans Le National, il a publié en 2011 le livre collectif de référence «L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions» (Éditions de l’Université d’État d’Haïti et Éditions du Cidihca).

Il a fait paraître en 2018 le livre «Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti / Pledwaye pou dwa lenguistik ann Ayiti» (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca). Également, il a coordonné et co-écrit le livre collectif de référence, «La didactisation du créole au coeur de l’aménagement linguistique en Haïti» (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca, 382 pages, mai 2021).

→   Lire Plus

Le remarquable discours de la « superstar » du PHTK néo-duvaliériste Nesmy Manigat à la 42ème Conférence générale de l’UNESCO

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La littérature haïtienne contemporaine connaît depuis plusieurs décennies des avancées qualitatives sur plusieurs registres (poésie, roman, fresques historiques, essais, etc.) et elle a acquis une notoriété internationale attestée par l’attribution de prestigieux prix. Alors même qu’elle a autrefois été, sauf très rares exceptions, une littérature à dominante francophone, elle se caractérise depuis nombre d’années par l’élaboration à flux constant d’œuvres diverses en créole. Le poète, critique littéraire et dramaturge Jean Durosier Desrivières, l’un des meilleurs spécialistes de l’œuvre de Georges Castera et doctorant en littérature comparée à l’Université des Antilles en Martinique, évoque avec hauteur de vue la dimension désormais multilingue de la littérature haïtienne contemporaine. Ainsi, il expose que « Compte-tenu de l’ensemble des œuvres publiées depuis deux décennies par des auteurs haïtiens, tant en Haïti qu’à l’étranger, on peut aisément soutenir l’idée que la littérature haïtienne s’écrit dans plusieurs langues aujourd’hui : français, créole, anglais, espagnol (…). Il précise que nous sommes désormais en présence « d’une littérature qui s’écrit dans les deux langues officielles du pays, à savoir le français et le créole.

→   Lire Plus

Man plen

— Par Daniel M. Berté —

Man wè ek man tann trop
Man boufi épi mové nouvel
Man ni asé, man plen
Ek man ka débòdé

Ki anlè lé jounal oben télé-radio
Asou radio-fey-chou o lé rézososio
Mové nov ka fann tet-mwen
Ek ka sivotjé-mwen

Nou sibi lakovid, anba sargas woté
Klordékòn prézonnen, kansè sé pa palé
Brim-de-sab san manman, ladeng ka dékalé
Nou ka sòti an sann pou tonbé an difé

Lé migran ka néyé an Méditèrané
Larisi ek Likrèn fè an ladjè pété
Yo pòkò négosié pou yo sa fè lapé
Amas ek Israel ka fè lé zanm palé

Lè sé pa laséchres ki ka limen difé
Sé lapli ek siklòn ka krazé ka brizé
Adan Lamazoni YO ka ratibwazé
Tanpérati mondjal ka monté ka grenpé

→   Lire Plus

Deux romans distingués par le Prix Médicis étranger : Misericordia et Impossibles adieux

Le 09 novembre 2023 le prestigieux Prix Médicis étranger a été décerné ex aequo à deux œuvres littéraires exceptionnelles : Misericordia de Lidia Jorge et Impossibles adieux de Han Kang. Cette récompense, attribuée chaque année depuis 1970 par le jury du Prix Médicis à un roman étranger paru en traduction française, met en lumière la richesse et la diversité de la littérature mondiale.

Le roman primé Misericordia, écrit par la talentueuse romancière portugaise Lidia Jorge, offre une plongée poignante dans l’univers de l’Ehpad, rebaptisé avec ironie « l’hôtel Paradis ». Au cœur de cette institution dédiée aux personnes âgées, le personnage principal, Donna Maria Alberti, âgée de près de 100 ans, captive les lecteurs avec ses réflexions enregistrées sur un magnétophone. Lidia Jorge, touchée par la perte de sa mère au début de la pandémie de Covid-19, livre un récit empreint d’émotion, transcendant la réalité par une prose poétique d’une puissance incantatoire.

D’autre part, Impossibles adieux de Han Kang, déjà récompensé par le Prix international Man Booker en 2016 pour « La Végétarienne », explore les cicatrices laissées par le massacre de civils sur l’île coréenne de Jeju en 1948.

→   Lire Plus

Choisirai-je un camp?

— Par Yves Untel Pastel —

Et quand sifflent les bombes, choisirai-je un camp ?
Quand les boules de feu enflamment les écoles, 
Choisirai-je un camp ?
Quand on s’empoigne et s’étrangle aux frontières, 
Choisirai-je un camp ?
Entre deux estropiés de camps opposés 
Qui brandissent leurs béquilles
Et s’insultent, choisirai-je un camp ?
Quand la bataille diplomatique fait rage
Pour étouffer la voix du camp ennemi,
Choisirai-je un camp ?
Quand un forcené haineux se lance
Dans une expédition vengeresse
Et réduit à néant une réconciliation fragile,
Choisirai-je un camp ?
Et quand, à la morgue reposent côte à côte
Deux corps nus méconnaissables,
Quand désemparée, 
Chaque famille s’incline
Devant chaque dépouille
Avec la même ferveur,
Et quand, brisées de douleur,
Les mères élèvent vers Dieu
Une même poignante prière,
Choisirai-je un camp ?

→   Lire Plus

« Veiller sur elle » : Jean-Baptiste Andrea remporte le Prix Goncourt 2023

— Par M’A —

Le monde de la littérature française laisse éclater sa joie alors que le quatrième roman de Jean-Baptiste Andrea, intitulé « Veiller sur elle, » est couronné du prestigieux Prix Goncourt 2023 lors du 14e tour de scrutin. Ce roman publié par les éditions L’Iconoclaste nous emmène dans une épopée artistique et amicale à travers l’Italie de l’entre-deux-guerres aux côtés de Michelangelo Vitaliani, surnommé « Mimo, » un sculpteur de génie.

Le récit, s’étalant sur 590 pages, nous plonge dans la vie tumultueuse de Mimo, né nain en France. Orphelin de père, il est envoyé en Italie chez un oncle sculpteur sans talent, qui l’exploite sans relâche. C’est en raison de ses dons artistiques exceptionnels que Mimo est chargé de la rénovation du château de la famille Orsini, les dirigeants de la région. C’est là qu’il rencontre Viola, la fille unique de la famille, et une amitié profonde et un amour pur se développent entre ces deux enfants que tout sépare. Cependant, ce lien se tisse en contraste avec la montée du fascisme et l’arrivée au pouvoir de Mussolini en Italie.

→   Lire Plus

La « pensée lamayòt », la « lexicographie lamayòt »…

alias la « lexicographie borlette » au rendez-vous de la réflexion critique

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« (…) il n’est pas de production de connaissance robuste et fiable hors du collectif de scientifiques qui s’intéressent aux mêmes objets, faits et questions. La connaissance scientifique doit être mise à l’épreuve et vérifiée par des collègues ou pairs compétents, à savoir ceux qui sont préoccupés par les mêmes questions ou sont pour le moins familiers de la démarche scientifique concernant la matière spécifique (…). » (« Les sciences et leurs problèmes : la fraude scientifique, un moyen de diversion ? », par Serge Gutwirth et Jenneke Christiaens, Revue interdisciplinaire d’études juridiques, volume 74, 2015/1).

Le site Rezonòdwès.org a publié le 4 novembre 2023 notre article titré « L’Akademi kreyòl ayisyen et la persistance du culte de la « pensée lamayòt » conjointe à la « pensée gadget ». Dans cet article nous avons mis en lumière, de manière documentée, l’existence avérée de la « pensée lamayòt » à l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA) et démontré à l’aide de références datées les mécanismes de son mode de fonctionnement idéologique à contre-courant des sciences du langage.

→   Lire Plus

Ann Scott remporte le Prix Renaudot 2023 pour « Les Insolents »

— Par M’A —

Le mardi 7 novembre, Ann Scott, la romancière de 58 ans, s’est vu décerner le prestigieux prix Renaudot 2023 pour son roman « Les Insolents ». Ce livre, publié par Calmann-Lévy, raconte l’histoire d’une quadragénaire nommée Alex qui décide de quitter Paris pour se réinventer. La protagoniste, compositrice de musique de films, aspire à vivre « ailleurs et seule », et son périple constitue le cœur de ce récit captivant. Ce roman, qui dépeint la beauté de la solitude choisie, a rencontré un franc succès depuis sa publication.

Le personnage d’Alex dans « Les Insolents » est en réalité un double fictionnel de l’autrice, Ann Scott elle-même. La romancière a également choisi de quitter Paris pour s’installer en Bretagne, où elle réside désormais. Ann Scott, née d’une mère russe photographe et d’un père français collectionneur d’art, a vécu une vie riche et variée. Elle a grandi à Paris avant de s’installer à Londres à l’âge de 17 ans. Au cours de sa vie, elle a exploré divers domaines, devenant mannequin, puis batteuse dans un groupe punk, et fréquentant assidûment le milieu underground des nuits parisiennes.

→   Lire Plus

« Triste Tigre » : Neige Sinno remporte le Prix Femina 2023 pour son œuvre poignante

— Par M’A —

Le lundi 6 novembre, Neige Sinno, l’autrice du bouleversant ouvrage « Triste Tigre », a été couronnée par le prestigieux prix Femina 2023. Ce roman, publié par les éditions P.O.L, mêle récit intime et réflexions sociétales sur les violences sexuelles, abordant un sujet délicat : l’inceste dont l’autrice a été victime pendant son enfance. Le jury exclusivement féminin a été conquis, lui attribuant neuf voix sur douze dès le premier tour, démontrant ainsi l’impact puissant de ce livre.

Neige Sinno, 46 ans, finaliste du prix Goncourt 2023, a exprimé sa fierté d’être récompensée par un jury féminin en déclarant : « Cela me rappelle ma soutenance de thèse où il n’y avait aussi que des femmes dans les professeurs. (…) C’est une fierté, en plus, d’être encouragée ». Elle a également souligné que le sujet de son livre n’appartient ni aux femmes ni aux hommes, mais à l’humanité tout entière.

« Triste Tigre » est un récit bouleversant, mais il va bien au-delà de l’histoire personnelle de l’autrice. Il explore les méandres de la psychologie humaine et questionne notre fascination pour la violence.

→   Lire Plus

Saisis l’instant ! (Carpe diem !)

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

I
J’ai voulu tuer le temps…
C’est le temps qui m’a tué !
En naissant déjà vieux,
on ne peut éviter,

retarder le moment
où l’on doit dire adieu…
D’aucuns ont beau tenter
de freiner l’entropie

par un tas de moyens,
leurs efforts restent vains !
N’en demeure pas moins
que l’on n’a qu’une vie
dont il faut profiter !

Bonne philosophie,
qui nous met à l’abri
des regrets, de l’ennui :
en vivre chaque instant

la même intensité
que s’il s’était agi
du premier ou dernier,
tenez-vous-le pour dit…

→   Lire Plus

L’Akademi kreyòl ayisyen et la persistance du culte de la « pensée lamayòt » conjointe à la « pensée gadget »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

Depuis quelques années, le mois d’octobre est consacré à la célébration de la langue et des cultures créoles dans toutes les aires géographiques regroupant des locuteurs créolophones. Des instances gouvernementales, des associations culturelles et des individus interviennent sur des sujets en lien avec le créole, son histoire, son enseignement et ses défis. Ainsi, à Montréal, le KEPKAA (Komite entènasyonal pou pwomosyon kreyòl ak alfabetisasyon) a organisé différentes activités ciblées, notamment sa deuxième Foire du livre Québec-Caraïbes-Océan Indien qui a eu lieu le 22 octobre 2023 dans le magnifique édifice du Conseil des arts de Montréal. Aux États-Unis, au Center for Latin American & Caribbean Studies de Duke University, la célébration s’est déroulée le 27 octobre 2023 sur le thème « Our language, Our voice » / « Lang nou, vwa nou ». Le linguiste haïtien Jacques Pierre, cheville ouvrière de cette activité, a eu l’excellente idée d’inviter le romancier et lexicographe martiniquais Raphaël Confiant à titre de conférencier de l’événement. Rattaché à la structure de recherche « Haiti Lab » de Duke University, Jacques Pierre est l’auteur de la traduction créole de la Déclaration d’indépendance d’Haïti parue dans la revue Journal of Haitian Studies (vol.

→   Lire Plus

Dominique Barbéris : Une reconnaissance bien méritée pour « Une façon d’aimer »

L’Académie française a décerné son prestigieux Grand Prix du roman à Dominique Barbéris pour son œuvre « Une façon d’aimer ». Ce roman, salué par la critique, a été choisi dès le premier tour de vote par 14 voix, mettant en lumière le talent exceptionnel de cette auteure dont la « reconnaissance officielle » était depuis longtemps attendue.

Dominique Barbéris, née au Cameroun en 1958, normalienne et agrégée de Lettres modernes, a enseigné la littérature pendant quatre décennies à l’université de la Sorbonne, à Paris. Elle est l’auteure de plusieurs romans, mais c’est « Une façon d’aimer » qui a finalement captivé le jury de l’Académie française et le public littéraire.

Le roman plonge le lecteur dans l’histoire de Madeleine, une jeune fille de 16 ans à l’époque de la Libération. Sa mère, veuve, gère une boutique de confection. Madeleine, discrète et provinciale, se marie avec Guy, un homme solide et dévoué. Le couple part au Cameroun où Guy a trouvé du travail, mais leur vie prend un tournant inattendu lorsqu’ils croisent le chemin d’un séducteur pendant leur séjour à Douala.

→   Lire Plus

Kongré krab

— Par Daniel M. Berté —

Sété an tan krab té lé fè élèksion
Yo fè an gran sanblé pa bò la Krabestèw…
Zagaya déklaré ki dé mal krab pa ka viv adan an menm tou
Sirik-jòn afirmé ki tout krab konnet tou yo
Touloulou-rouj asiré ki zo sirik pa ka fè soup
Koutja di ki tout krab ka mò an marinad
Sémafot prétann ki sé bon tjè krab ki ba’y do an fè
Krab-mal-zorey asiré ki fo toujou ou ba krab bien manjé pou ou manjé’y apré
Krab-blan konstaté ki maya té ba kayali mal-vant, magré sa kayali ka valé’y
Maya prédié : «  O nom dé krab-farsi, dé zékal-krab, é dé matoutou-krab, Amenn ! »
Papa-krab lévé faché : «  Bann malkrab kouyon, sa bout ! arété vo krabionri !
Si nou lé vini a bout, dé krabis, dé krabié, dé krabiolè, é ot krabiolog ek krabiolis,
Fo nou arété fè krabionad, (kriyonnad krab), sinon nou tjou-tjout !
Sé kaka krab ki an tet zot alow?!
Fo réfléchi !!! sinon, tout krab-la ka’y mò an bari-ya ! »
(Men… krab pa ni tèt… I pé pa réfléchi!)

→   Lire Plus

La Constitution de 1987 est au fondement du « bilinguisme de l’équité des droits linguistiques » en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution haïtienne de 1987, la « créolistique » n’a toujours pas élaboré d’études de référence sur les fondements constitutionnels et juridiques de notions aussi centrales en jurilinguistique et en aménagement linguistique que les droits linguistiques, le droit à la langue, le droit à la langue maternelle, la parité linguistique et le bilinguisme de l’équité des droits linguistiques. De son côté, le « constitutionnalisme haïtien » non plus ne s’est pas encore attaché à étudier ces notions de premier plan en dépit du fait que la Constitution de 1987 consigne les droits fondamentaux du citoyen autrefois violemment réprimés durant la dictature des Duvalier (voir le Titre III – Chapitre II / Des droits fondamentaux : la liberté individuelle, la liberté d’expression, la liberté de réunion et d’association, etc.). Le Larousse définit a minima la créolistique : « Partie de la linguistique qui étudie les créoles ». Plusieurs auteurs ont exploré plus amplement les fondements et les champs d’investigation de ce que l’on entend en linguistique par créolistique, notamment James Scott McDonald (Université de La Réunion), auteur de « Créolistique, représentations idéologiques et approches théoriques : l’influence du contexte local », Contextes et didactiques, 17 | 2021, ainsi que Jean-Philippe Watbled (Université de La Réunion), auteur de « La créolistique : arguments pour une approche sociohistorique », Contextes et didactiques, 17 | 2021.

→   Lire Plus

« A la rencontre de Mèt-Bwa », un polar jeunesse de Michel Vigneron

– Titre : A la rencontre de Mèt-Bwa
– Auteur : Michel Vigneron
– Date de sortie en librairie : 30 octobre 2023
– ISBN : 9782373111712
– Prix TTC métropole : 13,00 €
– Public : Tout public
– Format : 130 X 200 mm
– Paginations : 224 pages
– Résumé : Quand Vincent, un curieux garçon aux cheveux verts, conduit ses amis Phœnix, Bianca, Molière et Denis au pied d’un mur recouvert d’une fresque sans âge, il ne se doute pas qu’il vient de les embarquer dans une aventure qui risque de les dépasser.
Bien malgré eux, les voilà engagés dans le sauvetage de ce morceau de forêt qu’un promoteur veut remplacer par un immense projet immobilier qui, s’il aboutit, pourrait provoquer une catastrophe pour la forêt amazonienne.
Au milieu de cette parcelle de forêt trône en effet l’Arbre-Père qui, selon les légendes guyanaises, serait sous la protection de Mèt Bwa, une créature que personne n’a jamais vue mais qui serait, dit-on, douée de pouvoirs magiques…

0690 12 12 12 / 07 60 24 48 96
Caraïbéditions Guadeloupe : BP 154  – 97170 Petit-Bourg – Guadeloupe
Caraïbéditions Martinique : MBE 212 – Mangot-Vulcin – 97288 Le Lamentin -Martinique
https://www.caraibeditions.fr

→   Lire Plus

Le cent-dixième anniversaire de la naissance de Césaire

— Par Michel Herland —

Né en 1913, mort en 2008, Aimé Césaire aura eu une longue carrière tant politique que littéraire, les deux indissociablement liés au demeurant, puisque les poèmes, au-delà de leurs innovations formelles, nous en apprennent beaucoup sur ce qui a motivé l’action du député-maire, indignation et action, l’action qui naît de l’indignation.

Pour marquer le cent-dixième anniversaire de la naissance de celui qui fut député de la Martinique entre 1945 et 1993 et maire de Fort-de-France entre 1946 et 2001, la Fondation Clément et l’association ACA (Aimé Césaire actuel) organisent conjointement deux expositions, l’une qui retrace les faits saillants de cette longue carrière, l’autre consacrées aux images rapportées par trois photographes à l’issue de leur exploration de la nature martiniquaise.

°                 °

°

L’exposition Césaire proprement dite qui occupe le niveau inférieur des espaces de la Fondation est divisée en plusieurs sections : les origines, depuis les bateaux négriers jusqu’au village natal de Basse-Pointe, les misères coloniales ; les ruptures idéologique (la négritude), esthétique (le surréalisme) et politique (d’avec le communisme) ; le guide et le bâtisseur.

→   Lire Plus

L’éphéméride du 24 octobre

Lettre de démission du PCF d’Aimé Césaire à Maurice Thorez le 24 octobre 1956

Quelques mois après le percutant rapport Khrouchtchev qui révéla les crimes de Staline, Aimé Césaire a adressé cette lettre de démission à Maurice Thorez alors secrétaire général du Parti communiste Français. « Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre que ce n’est ni le marxisme ni le communisme que je renie, que c’est l’usage que certains ont fait du marxisme et du communisme que je réprouve. »
{{Aimé Césaire, Député de la Martinique, à Maurice Thorez, Secrétaire Général du Parti Communiste Français.}}

Maurice Thorez,

Il me serait facile d’articuler tant à l’égard du Parti Communiste Français qu’à l’égard du Communisme International tel qu’il est patronné par l’Union Soviétique, une longue liste de griefs ou de désaccords. _ La moisson a été particulièrement riche ces derniers temps et les révélations de Khrouchtchev sur Staline sont telles qu’elles ont plongé, ou du moins, je l’espère, tous ceux qui ont, à quelque degré que ce soit, participé à l’action communiste dans un abîme de stupeur, de douleur et de honte.

→   Lire Plus