Catégorie : Littératures

Pléré fonmajé

— Par Daniel M. Berté —

Grenn tonbé
Man lévé
Pyé an tè rasiné
Branch anlè ansiélé
Jòdiya man ka di
Sa ka fè-mwen pléré

Chak kout fret an do neg
YO maré anlè-mwen
Té ka fè zépin-mwen
Antré adan kò-yo
Magré mwen magré mwen
Sa ka fè-mwen pléré

An branch-mwen
YO pann neg
Ki té za mawonné
Pou trapé Libèté
Ek chien-YO kaptiré
Sa ka fè-mwen pléré

Lé kapon ka fè won
Pou sa évité-mwen
An tet-yo yo ka di
Fo pa pasé anba’y
Sa ka pòté malè
Sa ka fè-mwen pléré

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La « soup joumou », pseudo « soupe de l’Indépendance » 

Les dessous d’une obscure fraude académique à l’Université Laval (Québec, Canada)

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Lettre ouvert à : ( voir les destinataires en bas de page)

OBJET : Parution de l’article « La « soup joumou » dotée du statut chimérique de « soupe de l’Indépendance » ou l’histoire d’une frauduleuse affabulation dénuée de fondements historiques »

Montréal, le 18 novembre 2024.

Madame/Monsieur,

J’ai à cœur de vous informer de la parution, le 17 novembre 2024, de l’article « La « soup joumou » dotée du statut chimérique de « soupe de l’Indépendance » ou l’histoire d’une frauduleuse affabulation dénuée de fondements historiques ». Diffusé en Haïti auprès de nombreux enseignants-chercheurs et auprès d’un grand nombre de destinataires, cet article est paru sur divers sites aux États-Unis, en France et en Martinique.

La rédaction de cet article a été précédée d’une ample recherche documentaire et de la consultation de plusieurs collègues sociologues, historiens et anthropologues enseignants-chercheurs à l’Université d’État d’Haïti. Ils sont sous unanimes : aucune revue scientifique, aucune équipe pluridisciplinaire de chercheurs en Haïti ou ailleurs n’a à ce jour publié le moindre article scientifique dans lequel il est attesté que la « soup joumou », sur les plans scientifique et historique, a été de manière crédible consacrée « soupe de l’Indépendance » au lendemain de la guerre de l’Indépendance d’Haïti en 1804.

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La « soup joumou » dotée du statut chimérique de « soupe de l’Indépendance » ou…

…l’histoire d’une frauduleuse affabulation dénuée de fondements historiques

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Au fil d’un récent échange entre un universitaire haïtien et l’auteur de ces lignes, la fort controversée histoire de l’inscription de la « soup joumou » sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité pour Haïti a refait surface. Il est attesté que depuis une cinquantaine d’années la « soup joumou » est frauduleusement qualifiée de « soupe de l’Indépendance ». Cette qualification abusive, qui ne repose sur aucune recherche historique et anthropologique connue, est en réalité une affabulation/mythologisation identitaire relevant du procédé de la fabrication des petites anecdotes pseudo historiques. Une telle affabulation/mythologisation identitaire se déploie sur le registre de l’instrumentalisation de l’accessoire comme réponse à l’implosion des valeurs traditionnelles et consensuelles de la culture haïtienne. Le présent article en fait la démonstration, documents de référence à l’appui.

La « soup joumou » qualifiée de « soupe de l’Indépendance » ou les dessous du charlatanisme historique et de la fraude intellectuelle

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« État du monde » & « Face au néant… »

État du monde

Ce n’est qu’une question de temps :
se meurt peu à peu l’Occident
car de plus en plus décadent,
toute sa culture étouffant,
en proie au culte de l’argent…

Hélas, l’Orient ne vaut pas mieux.
On y vit de moins en moins vieux,
le fanatisme religieux
faisant la guerre au nom d’un dieu
qu’aucun homme a vu de ses yeux…

Le Sud sombre dans la misère :
il a perdu tous ses repères
par la faute de trop de guerres,
colonisations meurtrières…

L’avenir est tellement noir
et le monde entier va si mal
que partout l’homme perd espoir :
extinctions d’espèces animales,
climatique réchauffement,
inondations et ouragans…

Lorsque l’équilibre est rompu,
la Terre crie : je n’en peux plus !
Lors, à bon entendeur, salut…
(ou sinon, ce monde est foutu !)

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Festival En Pays Rêvé 2024 : le programme

Du 18 au 24 novembre 2024

— Présentation par Viktor Lazlo —

C’est en changeant celles et ceux qui lisent que la littérature a le pouvoir de changer le monde.
Plus que jamais, il est urgent de parler du Pouvoir du Livre, du pouvoir de l’enseignement, de l’éducation, de la culture sur lesquels la pensée peut se structurer et permettre d’accéder à la liberté de conscience.
Plus que jamais il faut dire, raconter, dénoncer l’horreur et l’injustice pour que nos cerveaux saturés ne s’endorment pas. Et plus que jamais il faut dire la beauté du monde qui survit à contre-courant de sa destruction par les hommes.
Un enfant de dix ans, champion de lecture à voix haute, a dit devant une assemblée d’intellectuels rompus aux discours prémâchés, que les livres lui ouvraient un univers parallèle dans lequel il échappait aux soucis du quotidien quelques heures par jour. Si le livre a ce pouvoir chez un enfant, notre rôle d’adulte est de le promouvoir et de le défendre, car c’est par cet enfant qui lit que le monde guérira.
En 2024, le Festival en Pays Rêvé s’enrichit encore, offrant une vision multi continentale de ce que la littérature a de plus intéressant à offrir aux lecteurs de tous âges.

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E poutan

— Par Daniel M. Berté —

E poutan
Avan i té bien pòtan
I té ka chanté toulitan
Kouri an savann o chan
Dèyè tout poul a bel kanman

E poutan
Epi yo i té boug galan
Bel ganm épi pawol charman
Ka plen tet-yo tout-an riyan
Ka fè kous dèyè lé manman

E poutan
I té an kok vayan-vayan
Pa kokoriyè anlè ban
Men an tet lé pyé flanbwayan
Pou sa lévé lé zabitan

E poutan
I té majò a gran balan
Adan pitt i té atatjan
Prèmié a balansé kakan
A dérayé tout konbatan

E poutan
I pa té an tirè-o-flan
Lè’y té adan konba méchan
Sé té dé kout bek dékalan
Epi dé kout zépon sanglan

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Voyage au Bénin

— Par Gary Klang —

Rien ne me fait plus plaisir que de participer à une rencontre littéraire, comme ce fut le cas au Mali dans le cadre du festival des Étonnants Voyageurs. Idem, en 2009, au Salon International des Poètes Francophones au Bénin, ou encore en Chine, au Venezuela, en Colombie ou au Mexique.

Ce qui m’a tout de suite frappé au Bénin, ce sont les ressemblances avec mon île natale. Faut dire qu’un grand nombre d’esclaves en provenaient. Je revoyais les mêmes gestes, la même manière de parler fort comme si l’interlocuteur était sourd, le tout accompagné de grands gestes qui peuvent faire croire au non-initié que les individus sont prêts à en venir aux mains, alors qu’il s’agit là tout simplement d’un comportement habituel. (Combien de fois à La Brûlerie, un café où je rencontrais des copains le vendredi soir à Montréal, ne fut-on pas obligé de leur demander de baisser le ton.) Au Bénin, j’ai eu tout de suite une impression de déjà vu.

La route des esclaves m’a communiqué un profond sentiment de tristesse et de malaise.

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L’appui de Michel DeGraff au PHTK en Haïti dénoncé par Lyonel Trouillot

L’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti dénoncé par le romancier et essayiste Lyonel Trouillot

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le présent article aurait pu s’intituler « La corruption des esprits dans le système éducatif haïtien : pistes de réflexion » tant les maux de ce système que nous évoquons sont prégnants et ancrés dans ce que le philosophe français Louis Althusser appelle les « appareils idéologiques d’État » (voir Louis Althusser, « Idéologie et appareils idéologiques d’État – Notes pour une recherche ». Cet article, publié d’abord dans la revue La Pensée no 151, juin 1970, a été repris dans son ouvrage-phare « POSITIONS (1964-1975) » (Paris : Les Éditions sociales, 1976). Le lecteur fera le constat de la permanence, au fil de notre analyse de la corruption des esprits dans le système éducatif haïtien, du « fonctionnement à l’idéologie » dont parle Althusser. Dans ce texte majeur, Louis Althusser précise comme suit sa pensée : « Mais allons à l’essentiel. Ce qui distingue les AIE [les Appareils idéologiques d’État] de l’Appareil (répressif) d’État, c’est la différence fondamentale suivante : l’Appareil répressif d’État « fonctionne à la violence », alors que les Appareils idéologiques d’État fonctionnent « à l’idéologie ». 

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L’éphéméride du 14 novembre

Parution à compte d’auteur du premier tome du roman de Marcel Proust, Du côté de chez Swann le 14 novembre 1913.

Du côté de chez Swann est le premier volume du roman de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Il est composé de trois parties, dont les titres sont :

Combray ;
Un amour de Swann ;
Noms de pays : le nom.

Publication
Proust commence à rédiger Combray de façon suivie fin mai, début juin 1909. Quatre extraits de Combray parurent dans Le Figaro entre mars 1912 et mars 19131. Le premier tome de La Recherche fut refusé par plusieurs éditeurs, dont Gallimard2, avant d’être publié par Grasset à compte d’auteur le 14 novembre 1913.

Combray
Dans Combray, le narrateur raconte son enfance à Combray, sa relation avec sa mère dont il réclame la présence le soir avant de se coucher. Selon Antoine Compagnon, « Combray, c’est en quelque sorte l’enfance perverse, celle-là même dont parle Freud, contemporain de l’auteur ». Il évoque ses premières lectures, notamment François le Champi de George Sand. On voit se dessiner l’univers culturel et affectif d’un personnage dont on va suivre la vie et l’évolution pendant le reste de la Recherche.

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Autres petites histoires fantaisistes, de Jean-Bernard Bayard

« L’Inondation »

Nous étions à peine arrivés quand un homme sortait de la maison. Il fut conduit à mon père après avoir été appréhendé. Entouré de cinq soldats armés, on lui demanda d’expliquer pourquoi il sortait de la maison quand nous n’y étions pas. Sa narration simple et concise semblait être invraisemblabe et ahurissante. La pluie torrentielle de la veille avait causé le débordement de la ravine à Camp-Perrin et il a dû prendre refuge pour ne pas être emporté par l’inondation. Même votre maison mon colonel a été inondée, si ce n’était pas pour l’étage supérieur, je ne serais pas là à vous parler. Je me suis couché des heures au-dessus d’une armoire espérant que l’eau ne m’y atteindrait pas. Au même moment, le sergent de service entra avec un visage figé de peur. « Mon commandant » s’adressant à mon père,  » Il faudra retourner aux Cayes tout de suite! » « Expliquez-vous! » répondit mon père. En réalité, l’homme disait la vérité, la maison était inhabitable, elle était complètement couverte d’une marre de boue jusqu’au haut de l’escalier.

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Colloque international sur les œuvres d’Aimé Césaire, patronné par l’Unesco. Programme.

Du 12 au 16 novembre au Lycée Victor Schœlcher

Le colloque international « Le caractère multidimensionnel de la poésie d’Aimé Césaire » à l’occasion du 110e anniversaire de la naissance de l’écrivain

Du 12 au 16 novembre 2024, le Centre Césairien d’Études et de Recherches (CCER) organisera un colloque international au lycée Victor Schœlcher, à Fort-de-France, en Martinique, pour célébrer le 110e anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire. Ce colloque, placé sous le patronage de l’UNESCO, réunit des chercheurs et des experts du monde entier pour explorer l’œuvre poétique de l’écrivain martiniquais, notamment sa richesse et sa dimension plurielle.

Intitulé « Le caractère multidimensionnel de la poésie d’Aimé Césaire », l’événement ambitionne d’approfondir la compréhension de cette poésie, souvent qualifiée d’hermétique, en mettant en lumière ses multiples facettes. L’objectif est de réunir chercheurs et « césairologues » venus de tous horizons, d’Allemagne à la Côte d’Ivoire, du Sénégal au Venezuela, afin d’examiner les textes et la pensée de l’écrivain sous divers angles : linguistique, culturel, politique, et esthétique.

Un événement au cœur de la Martinique, terre natale de Césaire

L’édition 2024 de ce colloque se distingue par son ancrage profond dans l’histoire et la culture martiniquaises, puisque le lycée Victor Schoelcher, où Aimé Césaire a été à la fois élève et enseignant, accueillera l’événement.

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« Zuzu » an kreyol ayisien : deskripsyon lengwistik ak sosyolengwistik

— Par Job Silvert, lengwis-tradiktològ ayisyen —

Jen 2024

Mo kle: Zuzu”, anpwen, lengwistik, sosyolengwistik

REZIME

Atik sa a ki gen tit li ki se « zuzu » an kreyòl ayisyen: deskripsyon lengwistik ak sosyolengwistik, chèche dekri prezans mo « zuzu » a nan lang kreyòl ayisyen an. Nan kad atik sa a, otè a eseye jwenn tras mo sa a nan plizyè kilti epi rive wè diferan sans li daprè kèk ipotèz. Pi gwo objektif atik sila a se dekri mo “zuzu” sou plan lengwistik, rive wè kòman li konpòte li fas ak prensip lang kreyòl ayisyen; epi dekri li sou plan sosyolengwistik, nan lide pou jwenn rapò itilizasyon mo “zuzu” a ak diferan reprezantasyon sosyal li. Otè a konkli pou l di: mo “zuzu” gen plizyè sans nan lang kreyòl ayisyen an malgre li pa konfòme l totalman ak prensip lang kreyòl ayisyen an. Atik la reponn ak divès kesyon otè a te poze epi li bay plizyè sous motivasyon ki ta fè “zuzu” pote yon chaj semantik pozitif malgre defisyans lengwistik li.

ENTWODIKSYON

Menm jan sa fèt nan anpil lang, pou nou pa di tout lang, anpil nan vokabilè yo konn soti nan lang ki te la anvan pou vin anrichi yon lòt lang.

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Appel à candidatures – Résidence croisée d’auteur.e.s Guadeloupe/Guyane/Martinique – Québec

Résidence d’écriture de 2 mois à Montréal avec le Jamais Lu entre mars et mai 2025
[Résidence d’écriture croisée Guadeloupe/Guyane/Martinique-Québec 2025]

Pour la troisième année consécutive, le Jamais Lu, en partenariat avec Textes en Paroles et le Conseil des arts et des lettres du Québec, propose à un·e auteur·trice de théâtre de Guadeloupe / Guyane / Martinique une résidence d’écriture de deux mois à Montréal, entre mars et mai 2025.

Un laboratoire public ou une lecture publique est prévue dans le cadre du 24e Festival du Jamais Lu à Montréal, selon l’étape de travail où est rendu l’auteur·trice en résidence.

Dans ce cadre, l’auteur·trice travaillera 20 heures avec un·e metteur·seuse en scène et des comédien·ne·s québécois·e·s.

L’objectif est de favoriser les échanges artistiques entre Guadeloupe / Guyane / Martinique et le Québec et d’inviter un·e auteur·trice issu·e de ces territoires à une immersion afin de développer son projet d’écriture.

Billet aller-retour, hébergement/espace de travail, ainsi qu’une bourse sont fournis par le programme de résidence (cf. détails dans les Conditions générales du programme).
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Résidences croisées

En contrepartie, un.e auteur.e du Québec effectuera une résidence d’écriture de deux mois en Guadeloupe entre avril et juin 2025 avec Textes En Paroles.

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Le livre « Vèvè Vodou Haïti » de Roxane Ledan – Taino-L

… ou l’éblouissante traversée d’un univers pictural exceptionnel

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

 Livre-événement le lundi 11 novembre 2024 à 18 h

 Librairie Le Port-de-Tête

369 Avenue Mont Royal Est

Montréal, Québec

Le livre « Vèvè Vodou Haïti » de Roxane Ledan, de son nom d’artiste Taino-L, a pour la première fois rencontré son public en Haïti, au Cap-Haïtien, le 25 juillet 2023 à l’hôtel Mont Joli, puis le 1er août 2023 à l’Hostellerie du Roy Christophe. Ce remarquable ouvrage de 104 pages est le résultat d’un minutieux travail de terrain mené par l’auteure en Haïti durant plus de vingt ans. Le livre est assorti d’exceptionnelles et inédites photos, toutes prises par l’auteure : il comprend 81 illustrations, incluant 38 vèvè de Milo Rigaud. L’ouvrage a été édité en Haïti en 2023 par AYITI BÈL. La deuxième édition, datée elle aussi de 2023, a été assurée à Montréal par le Cidihca. Le livre « Vèvè Vodou Haïti » sera l’objet, à Montréal, d’un livre-événement le 11 novembre 2024 à 18 h à la Librairie Le Port-de-Tête (369 Avenue Mont-Royal Est, Montréal).

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L’ an de grâce 1492 

— Par Gary Klang —

 Lorsqu’un ami m’a suggéré d’écrire un article sur Christophe Colomb, je me suis dit : Mais qu’ai-je à dire de lui que l’on n’ait déjà dit ?  D’ailleurs, l’homme ne me touche guère. Je suis certes fasciné par ce qu’il a fait, car découvrir l’Amérique ce n’est pas rien, mais le personnage, je ne sais pourquoi, me fait penser à un clerc de notaire. Rien qui puisse faire rêver. Bien sûr, il se pourrait que j’aie tout faux; c’était peut-être un bel homme fier à l’allure de conquérant, mais rien n’y fait. Sans doute son nom qui ne passe pas, tout simplement : Colomb (colon), l’ancêtre de ces gus qui ont conquis sans remords et sans honte l’Algérie, le Congo, le Vietnam, etc., ces Cortez et autres zigues qui croient que la terre des autres leur appartient, ceux contre lesquels Césaire a écrit son inoubliable Discours sur le colonialisme. Livre ultime que je vous conseille de lire si vous ne l’avez déjà fait, car tout est dit sur cette engeance qui pense que tout lui est dû et qui, pour justifier ses forfaits, vous dira qu’elle a accompli une œuvre de bienfaisance en apportant la civilisation à des barbares (siphylisation serait plus approprié). 

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« Parler… » & « Faire… »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Parler…

Parler pour ne rien dire ?
Parler quand on ne sait plus écrire…
Parler pour éviter le pire !

Parler car c’est le propre de l’homme
depuis qu’il a croqué la pomme…
Parler de ce qui compte, en somme :

parler d’amour, de la vie, de la mort
et, même si tout est dit, parler encore…
De vaincre sa timidité faire l’effort

et, pour se faire entendre, parler plus fort !
Parler jusqu’à ce qu’on tombe enfin d’accord…

Puis, quand on n’a plus rien à se dire,
qu’on ne sait vraiment plus quoi dire,
se souvenir que le silence est d’or
et se taire alors…

Faire…

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Lè mwen ka’y lévé

— Par Daniel M. Berté —

Man ka sòti an sann
Pou tonbé an difé
Man ka sòti an mang
Tonbé an ma labou

Lè mwen ka’y lévé
Sé pou man wè tiyanmay
Nwè ek blan ba’y lanmen
Kon Martin Luther King té révé an jou

Lè mwen ka’y lévé
Sé ki man admet man pa ka janmen ped
Swa man ka genyen, swa man ka aprann
Kon Nelson Mandéla té di an jou

Lè mwen ka’y lévé
Sé ki man dakò ki dan an révolision
Nou ni dwa genyen oben mò
Kon Ché Guevara té di an jou

Lè mwen ka’y lévé
Sé ki man sav ki vo mié glisé épi pyé
Pasé glisé épi lang
Kon Edouard Glissant té matjé an jou

Lè mwen ka’y lévé
Sé pou mwen doubout
Doubout ek lib
Kon Aimé Césaire té matjé an jou

Pou lenstan man atè
Grif planté pou fè fos
Ek man pa ka ped fwa
Man ka’y lévé an jou

Daniel M. Berté 31024

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L’éphéméride du 5 novembre

Naissance, sur un bateau, entre Cayenne et Fort-de-France de René Maran, le 5 novembre 1887.

René Maran, né à Fort-de-France (Martinique), le 5 novembre 1887, mort à Paris 13e le 9 mai 1960, est un écrivain français, lauréat du prix Goncourt en 1921 pour son roman Batouala, dont la préface dénonce le colonialisme.
Biographie
René Maran est né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui mène ses parents guyanais à la Martinique. Sa naissance est déclarée à Fort-de-France le 22 novembre 18871. Ses parents, partis au Gabon (où son père, Léon Herménégilde Maran, occupait un poste administratif colonial), le mettent en pension, dès l’âge de sept ans, au lycée de Talence puis au lycée Michel de Montaigne de Bordeaux. Il y rencontre Félix Éboué.

René Maran débute en littérature en 1909 dans la revue lilloise de Léon Bocquet : Le Beffroi. Il quitte Bordeaux en 1910, après des études de droit, et devient administrateur d’outre-mer en Oubangui-Chari en 1912. Il écrit des poèmes, puis son roman Batouala – Véritable roman nègre – qui décrit la vie d’un village africain du point de vue du chef éponyme–, encouragé en cela par son ami Philéas Lebesgue qu’il vient rencontrer à Beauvais dès 1915.

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Existe-t-il une « nouvelle politique haïtienne d’enseignement en kreyòl » ?

 —Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis plusieurs années, l’enseignement en langue maternelle créole est une préoccupation majeure chez un grand nombre d’enseignants, de directeurs d’écoles, de parents d’élèves, de rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires, de cadres du ministère de l’Éducation nationale et de linguistes-didacticiens. Pour la première fois dans l’histoire du pays, une singulière association professionnelle d’enseignants a vu le jour le 28 août 2016, il s’agit de l’Asosyasyon pwofesè kreyòl ayisyen (APKA), et l’action de cette instance professionnelle pourrait aboutir un jour, grâce à son dynamisme, à une diplomation spécifique –à l’attribution d’un diplôme d’État–, résultant d’une formation spécialisée en didactique du créole. Il est attesté que l’enseignement en langue maternelle créole –qui n’est toujours pas sanctionné par un diplôme émis dans le cadre d’un programme spécifique de formation des enseignants à l’École normale supérieure de l’Université d’État d’Haïti–, a fait l’objet de plusieurs études élaborées à partir d’enquêtes de terrain, entre autres celles contenues dans un ouvrage collectif de premier plan, « L’aménagement linguistique en salle de classe – Rapport de recherche » (les Ateliers Grafopub, 2000).

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« Lorsque le monde prend goût de cendre », par Gary Klang

Lorsque le monde prend goût de cendre
Par Gary Klang

Lorsque le monde prend goût de cendre
Et que tout semble
Si lourd
Si vain

Lorsque le monde prend la couleur du gris
Malgré le soleil rouge et dur
On se demande
Pourquoi le pin auprès de la rivière
L’oiseau qui chante
Et à quelle fin le jour

Le sens se perd et l’on voudrait dormir à tout jamais du sommeil de l’enfant
Ne plus souffrir
Quitter un lieu de leurres et de mensonges
Où seul compte ce droit que l’on dit du plus fort
Masqué du beau nom d’hommes
Qui ne savent plus à quelle porte frapper
Dans un monde
Où la loi est mirage
Et la fausseté la loi
Un monde où les pièces du puzzle ne trouvent jamais leur place

Le sens s’est effondré sous les chars et les balles
Comme si tout cela n’était qu’un film et qu’on va ouvrir l’œil
Pour quitter un cauchemar qui n’a lieu qu’à l’écran
Mais le cauchemar traverse l’écran et prend pied dans les
cœurs

Y a-t-il quelque part une terre où habiter

GARY KLANG

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Trois petites histoires fantaisistes de Jean-Bernard Bayard

— Par Jean-Bernard Bayard —

La pêche campagnarde

Nous passions des vacances à notre maison de campagne. Il faisait frisquet en ce matin d’automne; il y avait un brouillard que le soleil n’avait pas encore pu dissiper. Nous étions tous les quatre d’avides fanatiques de la pêche; et nous étions dans une barque, au milieu du lac qui se trouvait à peine à deux kilomètres de la maison. Les arbres autour du lac avaient perdu tout leur feuillage, et pour nous tenir chauds, nous portions nos parkas ainsi que des gants doublés! De plus,nous avions chacun un grand thermos de café bien chaud.

Pierre avait déjà attrapé une truite et ne s’arrêtait pas de vanter ses dons de pêcheur. Après une heure sur l’eau, nous entendîmes comme un bruit sourd qui provenait du fond du lac. C’était d’abord un bourdonnement qui, au fur et à mesure, devenait assourdissant. Nous décidâmes alors de quitter les lieux. L’eau était en ébullition quand nous atteignîmes la rive; nous étions tous effrayés, nous ne comprenions pas le phénomène. Tout d’un coup, au milieu de grandes vagues sortit un engin lumineux, circulaire, qui, à nos yeux, avait tout d’une soucoupe volante.

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« Union libre », d’André Breton

Union libre
Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d’éclairs de chaleur
À la taille de sablier
Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre
Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquet d’étoiles de dernière grandeur
Aux dents d’empreintes de souris blanche sur la terre blanche
À la langue d’ambre et de verre frottés
Ma femme à la langue d’hostie poignardée
À la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux
À la langue de pierre incroyable
Ma femme aux cils de bâtons d’écriture d’enfant
Aux sourcils de bord de nid d’hirondelle
Ma femme aux tempes d’ardoise de toit de serre
Et de buée aux vitres
Ma femme aux épaules de champagne
Et de fontaine à têtes de dauphins sous la glace
Ma femme aux poignets d’allumettes
Ma femme aux doigts de hasard et d’as de cœur
Aux doigts de foin coupé
Ma femme aux aisselles de martre et de fênes
De nuit de la Saint-Jean
De troène et de nid de scalares

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Les Etats-Unis, un pays faux

—Par Gary Klang —

J’ai soudain compris que ce qui me gênait avec les États-Unis, c’était la fausseté. Tout m’y paraît faux : les sourires cheese, le faux rêve américain, tout est faux. Car enfin, comment parler de rêve alors que des millions de gens ne peuvent pas se soigner à cause des coûts prohibitifs des soins de santé ? Deux ou trois jours à l’hôpital et la note peut vous réduire à la mendicité. Tous les pays occidentaux ont un système de sécurité sociale, à l’exception des États-Unis. Vous trouvez ça normal ? Comment parler de rêve américain lorsque des milliers de gens ont pour maison la rue ou leur voiture ? Qu’est-ce que ce pays de rêve où les gens vivent dans la peur, à cause des assassins qui pullulent ? Sans oublier la vente libre des armes de guerre pour engraisser les patrons de la NRA. Oui, tout me semble faux dans ce pays car il n’a de rêve que le nom.

Quant à la prétendue démocratie, me dira-t-on ce que contient ce terme alors que le vote du peuple peut être annulé par quelques bourgeois repus, baptisés du terme ronflant de Grands Électeurs ?

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Essai actualisé de taxonomie de la lexicographie créole de 1958 à 2024

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

À la mémoire de Pradel Pompilus,
pionnier de la lexicographie créole contemporaine
et auteur, en 1958, du premier Lexique créole-français
(Université de Paris).
À la mémoire de Pierre Vernet,
fondateur de la Faculté de linguistique appliquée
de l’Université d’État d’Haïti et précurseur du partenariat créole-françaisen Haïti.
À la mémoire d’André Vilaire Chery, rédacteur d’ouvrages lexicographiques de haute qualité scientifique et auteur
du Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti
(tomes 1 et 2, Éditions Édutex, 2000 et 2002).

 

Au cours des dernières années, nous avons étudié de près divers travaux et publications de la lexicographie créole haïtienne et publié une trentaine d’articles traitant de l’un ou l’autre aspect de la production lexicographique créole. Ces articles ont été assemblés et seront bientôt publiés au format livre sous le titre « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique ». Destinée aux enseignants, aux lexicographes, aux linguistes créolistes et aux rédacteurs de manuels scolaires, cette nouvelle publication paraîtra en Haïti aux Éditions Zémès et au Canada aux Éditions du Cidihca.

Parmi les articles que nous avons publiés au fil des ans sur la lexicographie créole le lecteur (re)lira notamment :

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Analyse et réflexions sur le poème « Complaintes d’esclave » de Massillon Coicou

— Par Fortenel Thélusma, linguiste et didacticien du FLE —

I
Pourquoi donc suis-je nègre ?
Oh ! pourquoi suis-je noir ?
Lorsque Dieu m’eut jeté dans le sein de ma mère,
Pourquoi la mort jalouse et si prompte au devoir
N’accourut-elle pas l’enlever de la terre ?
Je n’aurais pas connu tous ces tourments affreux ;
Mon cœur n’aurait pas bu tant de fiel, goutte à goutte.
Au fond de mon néant, oh ! je serais, sans doute,
Moins plaintif, plus heureux.
Mais Dieu m’a condamné, le sort doit me poursuivre ;
De mon sang, de mes pleurs, il faut que tout s’enivre !…

II
Pourquoi donc suis-je nègre ?
Oh ! pourquoi suis-je noir ?
Lorsque Dieu m’eut jeté dans le sein de ma mère,
Pourquoi la mort jalouse et si prompte au devoir
N’accourut-elle pas l’enlever de la terre ?
Car libre l’oiseau vole et redit ses concerts ;
Car libre le vent souffre au gré de son caprice ;
Car libre, l’onde limpide, harmonieuse, glisse
Entre les gazons verts.
Esclave, il n’est pour moi nul bonheur, nulle fête,
Et je n’ai pas de place où reposer ma tête.

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