Catégorie : Monchoachi

« Pourquoi faut-il lire de toute urgence Monchoachi »

— Par Mathieu Yon —

Il faut lire de toute urgence le poète Monchaochi. L’urgence vient de l’imminence où nous sommes d’une perte de parole, que l’omniprésence des mots tente de masquer. Mais entendons-nous bien. Il ne s’agit pas d’en dire plus. « Ils veulent prendre la parole : mais c’est prendre l’écoute qui enivre, déplace, subvertit ».

 La prise de parole est une manière de la taire, de l’empêcher de dire. Et cela, il faut le voir clairement. La lecture de Monchoachi, à travers STREITTI et Retour à la parole sauvage, ouvre une clairière dans l’esprit. Une bouche créole tend la main à l’Occident malade d’une langue, qui ne signifie rien d’autre qu’une signification totale, comme si le monde s’était concrètement réduit, par un usage outrancier des discours ayant le pouvoir presque « surnaturel » de rendre muet.

Dans mon champ pourtant, au toucher de la terre, j’entends le lieu crier. Le lieu ne parvenant plus à se dire (le lieu-dit), il s’est mis à hurler. Mais nulle oreille pour entendre, que des bouches bouchées. Reste les mains. « A la différence de la parole qui passe son temps à courir après elle-même, la main qui œuvre ne sombre jamais dans le ressentiment.

→   Lire Plus

Quelques nouvelles du Front

— Par Mireille Jean-Gilles —

Depuis exactement 6 mois, j’étais absorbée par une tâche, seule sur la ligne de front, et maintenant que j’ai terminé, celle-ci peut être emportée par la vague de « La parole silencieuse ».

« La parole silencieuse », c’est justement le titre d’un poème de Lémistè 4 de Monchoachi, et chaque titre des 32 poèmes qui composent ce recueil est un poème en soi : Les lèvres pures, La demeure celestielle, L’ombre de Dieu, Le dieu éblouissant, L’énigme du sceau, La voix de l’époux, La Reine, l’anneau nuptial, l’En haut, l’En bas,…

Je suis particulièrement émue d’écrire sur Streitti, tant il s’agit de la poésie à l’état pur, un poète a dit de cette œuvre : Le dernier Monchoachi, très beau. Très saisissante, cette physique kabbalistique qui s’approprie les sens radicaux en même temps que les racines des lettres. Cela fait ressortir un langage comme de dessous terre, le langage d’une création nouvelle.

Un autre lecteur écrivait :  Je suis un peu fatigué de cette poésie d’intellos à laquelle je ne saisis que dalle même si, récemment, un proche a tenté de m’expliquer par le texte (Monchoachi, STREITTI, La Confrontation, chez Obsidiane) pourquoi il fallait passer parfois par des poèmes “obscurs” pour être en mesure d’accueillir le monde.

→   Lire Plus

Les Kanaks face à un colonialisme attardé 

Une mise en cause décisive de la civilisation occidentale

— Par Monchoachi —

L’Occident est entré, depuis quelques temps, dans sa phase de décadence. Cela s’est signalé entre autres dernièrement par son regroupement défensif spectaculaire autour d’Israël dans le conflit qui oppose ce dernier aux palestiniens. Suite à ses revers répétés en Afrique, la France quant à elle, s’est précipitée sur ses Outremers, en vue de bien marquer aux yeux de tous les limites de son territoire et d’y renforcer en toute urgence sa présence. Cette manœuvre conduit à la situation actuelle en Nouvelle Calédonie où cette volonté colonialiste se heurte à l’opposition et à la résistance farouche du peuple kanak originaire. En quoi cette situation nous regarde t-elle nous autres Antillais ? Deux points fondamentaux semblent à nos yeux nous concerner : le premier de toute évidence est la politique de colonisation de peuplement et ses implications inéluctables à terme. Le second est non moins important présentement, et plus fondamental pour la vision de sociétés et d’un monde tout autre que celui légué par la civilisation occidentale, qui apparaît de plus en plus comme l’un des piliers de cette dernière et l’élément le plus insidieux de son idéologie, à savoir la démocratie.

→   Lire Plus

Une parole qui fait corps avec l’invisible

 — Par Richard Blin —

Quand il n’explore pas la matérialité d’une Parole sauvage, Monchoachi hisse jusqu’à la joie du contre-chant une poésie qui célèbre l’éclat, le mystère et l’épiphanie d’une présence qu rend sensible l’insaisissable.

Souple, orageuse, ondoyante, magnifiquement sonore, elle danse avec le monde la parole que déploie Monchoachi, pseudonyme d’un poète martiniquais qui, dans le sillage de Césaire et Saint-John Perse, donne à lire et à entendre l’une des voix les plus originales de la Caraïbe. Portée par une langue elliptique et mêlée, elle réveille les sens, subvertit les apparences, fait descendre les mystères dans la bouche. Lémisté (Les Mystères) est d’ailleurs le titre du monumental chantier poétique qu’a entrepris l’auteur, et qui, en six volumes, embrassera tous les recoins de la Terre pour y débusquer les richesses langagières, les mythes et les rites recouverts et menacés de mort par l’appétit insatiable de la civilisation occidentale. Après les trois premiers volumes consacrés à l’Amérique (Liber America, Obsidiane, 2012), à l’Afrique noire (Partition noire et bleue, 2015) et à l’Europe (Fugue vs fugs, 2021), voici Streitti, sous-titré « La confrontation » parce que son contenu fait jouer, en les mettant en présence, à la fois l’unité et la différence entre la parole prophétique, telle qu’elle apparaît dans les religions monothéistes, et la parole poétique.

→   Lire Plus

Le monothéisme juif, l’autre versant de l’Occident

Streitti, La confrontation (Lémistè IV) Monchoachi

Vient de paraître et disponible en librairie, le dernier ouvrage de Monchoachi intitulé STREITTI, et sous-titré La confrontation. Après une courte présentation dans laquelle l’auteur pointe l’Occident, nous citons, « comme vecteur et véhicule du néant, opérant par l’anéantissement des choses (ba-gaye, les dons égayés) auxquels il substitue les objets déchets (prend-jeté) : toute chose s’absente laissant place au « réel » », Monchoachi poursuit : « le nihilisme pointe derrière la négation de la chose, sa dissolution en un conglomérat d’atomes, la chose que beauté seule préserve qui, en le scintillement de son articulation à l’espace, libère là une claicie ». De la numérotation de la lettre en l’ère informatique, le monde se vitrifie en se commuant irrésistiblement en nombre. Le nombre qui implacablement uniformise ».

Se pose alors la question suivante à partir de laquelle l’ensemble de l’ouvrage va quêter en d’inlassables cheminements : «  le dit « homme » aujourd’hui a-t-il encore assez parole répondre à l’adresse de l’ère qui présentement s’installe ? A-t-il encore assez parole, « l’homme », pour se retourner, s’éjecter hors du renfermement dans un espace-temps propice à son essor, jointé à toutes les dimensions et à toutes les énergies de son coté prope  (…) .»

→   Lire Plus