Catégorie : Etudes Créoles

Le créole à la CARICOM : utopie ou mal-vision persistante ?

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’idée de voir le créole haïtien accéder au statut de langue officielle ou d’une langue usuelle de travail à la CARICOM est défendue par plusieurs personnes depuis un certain temps. Ainsi, « Alors qu’Haïti assure, depuis ce mois de janvier 2013, la présidence de la Communauté caribéenne (CARICOM), le rectorat de l’Université d’État d’Haïti et le comité de mise sur pied d’une académie de la langue créole appellent le chef de l’État, Michel Martelly, à demander que le créole, plutôt que le français, soit l’une des langues officielles de l’organisation régionale » (« Le créole haïtien plutôt que le français comme langue officielle, plaident deux institutions », AlterPresse, 29 janvier 2013). Dans la Francocréolophonie haïtienne, cette idée est-elle fondée et productive ? Est-elle compatible avec le plaidoyer pour l’aménagement de nos deux langues officielles ?

 La Communauté des Caraïbes (ou Marché commun des Caraïbes, la CARICOM) « a été créée le 4 juillet 1973 à Chaguaramas (Trinité-et-Tobago), par un traité signé par la Barbade, le Guyana, la Jamaïque, Trinité-et-Tobago. Ce traité institue un marché commun entre les États membres, définit les instruments de l’intégration économique de la région, précise les bases des relations avec les autres États et les organisations internationales.

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Crise majeure à l’Académie du créole haïtien : la « Note publique » de l’AKA sème la confusion

 — Par Robert Berrouët-Oriol —

À la suite de la publication le 17 février 2018, sur le site Potomitan, de la lettre ouverte du linguiste Michel Degraff (« Lèt tou louvri pou akademisyen nan Akademi kreyòl ayisyen »), l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA) a fait paraître à Port-au-Prince, le 8 mars 2018, une « Note publique » rédigée en créole et portant la signature du pasteur Pauris Jean Baptiste président du Conseil d’administration de l’AKA. Cette « Note publique » d’une seule page, loin de répondre au long réquisitoire de 17 pages de Michel Degraff, n’apporte aucun éclairage sur la crise majeure que traverse l’AKA ; elle sème la confusion et écarte la possibilité d’un débat serein et rigoureux au sein de cette instance para-étatique en lourd déficit de crédibilité. Quels sont donc les principaux points contenus dans le réquisitoire de Michel Degraff ? Et que cible en réponse la « Note publique » de l’AKA ?

Plagiat, conflits d’intérêt, népotisme, corruption, etc.

Dans le texte « Crise majeure à l’Académie du créole haïtien » que nous avons publié le 2 mars 2018, à Port-au-Prince, dans le quotidien Le National, nous avons présenté les principaux sujets du réquisitoire de 17 pages de Michel Degraff :

–des publications sans consultation de la « Commission scientifique » de l’AKA ;

— un article dans Le Nouvelliste au nom de l’AKA et qui comprend un plagiat ;

— une demande de l’AKA, sur Facebook, de voter pour un concours de beauté…;

— des contrats accordés à des firmes où travaillent des académiciens : conflits d’intérêt, népotisme et corruption ;

— des « djòbs » au secrétariat de l’AKA pour la parenté des académiciens ;

— d’inquiétantes menaces qu’aurait reçu Michel Degraff relatives à sa sécurité et à celle de sa famille en raison de la publication de sa lettre ouverte à l’AKA.

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Crise majeure à l’Académie du créole haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol —

« Pwoblèm yo grav anpil wi. » Le linguiste du MIT Michel Degraff a publié le 17 février 2018, sur le site Potomitan, une lettre ouverte dans laquelle il dresse un virulent réquisitoire contre les « dérives qui affaiblissent le fonctionnement de l’Académie créole ». Membre fondateur de l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA) et ancien responsable de la « Commission scientifique » de l’AKA, Michel Degraff estime avoir été obligé d’écrire sa lettre ouverte dans le but d’alerter le grand public sur les dérives ayant cours depuis un certain temps au sein de cette microstructure (« m oblije ekri lèt tou louvri sa a pou m alète gran piblik la sou malè pandye ki sou tèt AKA ») ». Il précise que la décision de publier sa lettre ouverte intervient après que plusieurs académiciens et lui ont en vain essayé de « corriger certains problèmes » identifiés au sein de l’AKA. Étalée sur 17 pages, la lettre ouverte de Michel Degraff expose également d’inquiétantes menaces qu’il aurait reçues relatives à sa sécurité et à celle de sa famille (« Epi selon avètisman ke m resevwa nan men kèk kolèg, ata sekirite m oswa sekirite fanmi m ka vin an danje apre m pibliye lèt sa a »).

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Aménagement simultané du créole et du français en Haïti : enjeux et perspectives institutionnelles

— Par Robert Berrouët-Oriol —

S’il est un paradoxe dont il faudrait mesurer l’impact dans la durée c’est bien celui de la quasi inexistence de mobilisation citoyenne quant à l’aménagement du créole et du français en Haïti. Un tel constat, par-delà la prégnance du nationalisme identitaire haïtien, est à lier au déficit de leadership de l’État dans le domaine linguistique, singulièrement dans le champ éducatif où le ministère de l’Éducation ne dispose toujours pas, depuis la réforme Bernard de 1979, d’une politique linguistique éducative (voir notre article « Politique linguistique nationale et politique linguistique éducative en Haïti : une nécessaire convergence historique », Le National, 30 novembre 2017).

Il y a paradoxe au sens où pour un certain nombre de personnes, paré d’attributs essentialistes, le créole « est » l’identité haïtienne et que seul le créole doit être aménagé par l’État. Or même cette vue réductionniste ne débouche pas sur la mobilisation citoyenne. Il y a par contre rejet du paradoxe lorsque des données empiriques attestent, chez nombre d’unilingues créolophones, que ces derniers revendiquent le droit d’acquérir le français à travers l’École haïtienne.

En conformité avec l’article 5 de la constitution de 1987, nous avons institué dès 2011 –dans nos livres et articles traitant de la question linguistique haïtienne–, un éclairant plaidoyer pour l’aménagement simultané du créole et du français en Haïti. Plaider

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Osi bel ki larenn Saba té bel

— Par Térez Léotin —

Si ni an neg toutt moun ka di ki té kont koulè lapo’y sé té bien Michaël Jackson. Moun di pou éséyé konprann li, sé an maladi ki té mété’y koulè a i té vini an : an koulè gri kondi yo di.

An fanm kontel Naomi Campbell, i pito toupòtré an moun blan ki penn an nwè. I bel i ni chivé’y féré, ki ta’y oben ki pa ta’y an manniè natif-natal, men ki ka rivé jik an do’y, kon sé fanm blan an antouka, é sé koulè nwè a selman i ni. Pitett sé pousa ki pabò lafen lézanné 1980, i té o top dé pli bel fanm. Pou ba lenprésion sé moun an pa rasiss ek pou mété an ti koulè nwè asou podionm lan. I nwè men i kon an blan

Bòkay nou, nou ni Mounia, i bel, i an fòm kon an gita, nen’y pa ka manjé fidji’y, kon yo ka di pou tiré méprizasion ba sa ki ka sanm neg, i ni chivé’y féré, i ka riprézanté model neg la, blan an enmen wè a, tala yo pa ka kriyé makak, magré i ka fè toutt bagay pou sanm blan an.

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Vidé Kannaval (ba Cham)

— Par Daniel M. Berté —
 
Travesti… pou gran ék piti… pa rété-la ! sòti !

« Jilo, Jilo ! dé boul ! Konmen boul papaw ni ?! »
Bwabwa… an vidé séy ki wa… ou pé di sa papa !

« Lapooo déchiré ! Lapo bonda vaval déchiré !»
Djab-rouj… ka sôti jis Mòn rouj… abiyé toutan rouj !

« Ou ! ou ! vwasi le lou ! Ou ! ou ! vwasi le lou ! » 
Karolin-zié-kokli… i ka pòté nonm-li… ki boulé o wiski !

« Banmba kola ! Ròzémé, Ròzémé manmay-la ! »
Mèdsen-lopital… ki sòti Bodkannal… pou kouri kannaval!

« Mi bissuiya ! Rosé ! Yanna pou lé zanfan ! Rosé ! »
Mawriaj-birlès… yo ka fè an lanmès… pou an béni-konmès !

«Rena ou anmen poul ! Lanméri Fodfrans-la, sé pa an poulayé »  

Moko-zonbi… ro anlè échas-li… mé fo pay brè mabi !

«Di-mwen ki moun ki fèw-sa ? !  Blé pal, blé fonsé manman ! »
Rèn… bel kon lalin plèn… doné vou donk lapèn !

« Papiyon volé ! Sé volé nou ka volé ! »
Brosé-kléré… nétwayé-astitjé… tout model de soulié !

« Chooo kakao ! Cho cho cho kakao ! »
Filé-kouto… an lanmel épi dlo… pou sizo ek kouto !

« Mas-koulou pété popo ! Mas-koulou pété popo ! »
Matlo-sou… simié brè dis ti-kou… pasé an sèl madou !

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« Plan décennal d’éducation et de formation » en Haïti : la montagne va-t-elle encore accoucher d’une souris ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Paru à Port-au-Prince, dans Le National du 19 janvier 2018, l’article « Plan décennal d’éducation et de formation » en Haïti : inquiétudes quant à l’aménagement du créole et du français dans le système éducatif national » a suscité l’intérêt de nombre de lecteurs. Plusieurs d’entre eux nous ont fait part d’une communauté de vue et de commentaires qui justifient le prolongement de la réflexion sur un sujet qui concerne l’avenir du système éducatif national.

Consultations présumées ou réelles ?

Dans le document publié le 15 janvier 2018 sur le site du ministère de l’Éducation nationale, « Tenue d’un atelier de travail autour de la première version du Plan décennal d’éducation et de formation », il est précisé que ce « Plan décennal » serait « (…) le fruit de consultations auprès de divers secteurs de la vie nationale, des cadres et techniciens du MÉNFP et des partenaires techniques et financiers ». L’information dont nous disposons ne permet pas de confirmer qu’il y a effectivement eu des consultations avec « divers secteurs de la vie nationale », notamment avec les syndicats d’enseignants ou la Faculté de linguistique appliquée.

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L’aménagement du créole et du français en Haïti : modalités de mise en oeuvre par l’État

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

De manière générale, quelles doivent être les modalités de mise en oeuvre par l’État de l’aménagement simultané du créole et du français en Haïti ? Poser la question des modalités de l’aménagement des langues officielles d’Haïti revient à poser, en amont, celle de la politique linguistique de l’État. La prise en compte de la nécessité d’une politique linguistique d’État s’avère d’autant plus essentielle qu’en Haïti l’État est démissionnaire dans le domaine linguistique.

Dans sa remarquable étude, « É́laboration et mise en œuvre des politiques linguistiques », le linguiste québécois Louis-Jean Rousseau, spécialiste de l’aménagement linguistique, nous enseigne avec hauteur de vue qu’ « (…) on entend par « politique linguistique » toute forme de décision prise par un É́tat, par un gouvernement ou par un acteur social reconnu ou faisant autorité, destinée à orienter l’utilisation d’une ou de plusieurs langues sur un « territoire » ( réel ou virtuel ) donné ou à en régler l’usage. La politique linguistique se situe au niveau de la détermination des objectifs généraux visés et elle peut couvrir toutes les catégories d’activité ou de situations de communication existant dans une société.

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Droits linguistiques en Haïti : l’indispensable implication des institutions des droits humains

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis la parution en 2011 du livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (ouvrage collectif coécrit et coordonné par le linguiste Robert Berrouët-Oriol, Éditions de l’Université d’État d’Haïti et Cidihca), la vision des droits linguistiques au pays fait lentement son chemin et elle s’avère rassembleuse. Cette neuve manière de situer la question linguistique haïtienne –loin des mirages de la diglossie et des errements idéologiques des prédicateurs du « tout en créole tout de suite »–, éclaire une problématique fort complexe déjà abordée avec hauteur de vue par le linguiste Pradel Pompilus dans « Le problème linguistique haïtien » (Éditions Fardin, Port-au-Prince, 1985). L’un des enseignements majeurs du grand éducateur que fut Pradel Pompilus est qu’il ne faut pas diaboliser l’une ou l’autre de nos deux langues officielles au motif que l’une d’elles, le français notamment, serait en soi la cause première du naufrage du système éducatif national.

Dans un article paru le 11 octobre 2017 dans Le National, à Port-au-Prince, « Droits linguistiques et droits humains fondamentaux en Haïti : une même perspective historique », nous avons à nouveau situé la problématique des droits linguistiques en Haïti dans le dispositif plus large des droits humains fondamentaux.

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Politique linguistique nationale et politique linguistique éducative en Haïti : une nécessaire convergence historique

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’ample accueil réservé par de nombreux internautes à nos deux derniers articles sur la politique linguistique éducative en Haïti (Le National, Port-au-Prince, 15 et 23 novembre 2017) nous porte à expliciter davantage cette notion, cette fois-ci, au regard de la notion centrale de politique linguistique nationale. Dans ces deux articles, nous avons démontré que l’actuel Exécutif Tèt kale, peu soucieux du droit à l’éducation et des droits linguistiques de l’ensemble de la population haïtienne, accorde un faible budget au secteur éducatif. Ce budget s’élève à 10 milliards de gourdes en ressources internes (160 771 704 dollars US), soit 6.9% du budget global de l’État qui, lui, se chiffre à 144 milliards de gourdes, soit 2 315 112 540 dollars US. Le faible financement du secteur éducatif public (qui représente 20 % de l’offre éducationnelle) où les enseignants doivent se battre constamment pour être payés par l’État employeur est également lié à la nature foncièrement néoduvaliériste du régime Tèt kalé.

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Politique linguistique éducative en Haïti : surmonter l’inertie, instituer l’aménagement simultané du créole et du français

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue

 

En 2017, la république d’Haïti dispose-t-elle, au ministère de l’Éducation nationale, d’une politique linguistique éducative mise en œuvre à l’échelle nationale ? En a-t-elle d’ailleurs le projet sinon la volonté politique ou encore le souci ? Pour répondre adéquatement à ces questions il faut à la fois observer/analyser les faits et se référer aux données consignées dans des sources documentaires fiables.

Dans un premier temps, on prendra toute la mesure du poids démographique de la demande massive de scolarisation au pays depuis les années 1964. Car si les statistiques semblent parfois se contredire, elles ont au minimum la vertu d’indiquer des pistes d’analyse à explorer. Ainsi, la direction de la Planification et de la coopération externe (DPCE) du ministère de l’Éducation nationale a publié les résultats du «  Recensement scolaire 2010-2011  » [document de 200 pages non daté, consulté le 10 novembre 2017 sur le site du MÉN]  : dans le secteur public qui comprend environ 20% des écoles du pays, «  Le recensement de 2010-2011 a permis (…) de dénombrer dans l’ensemble des 10 départements scolaires 3 477 écoles et 624 095 élèves pour le niveau secondaire. »

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Apprendre à lire / écrire le créole martiniquais

L’atelier d’étude du créole martiniquais ouvre de nouveau ses portes…

Objectif : *apprendre à lire / écrire le créole martiniquais

*étudier son fonctionnementgraphique, lexical, grammatical, syntaxique, sémantique.

Cet atelier, animé par l’écrivain Daniel Boukman sur le Campus de Schoelcher, s’adresse aux créolophones natif-natal, d’option ou d’adoption.

Renseignements complémentaires

galta972@gmail.com 0696 94 32 20

cireccamartinique@gmail.com 0696 73 68 28

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Seychelles : « Le festival créole joue un rôle phare de dynamisation de la créolité internationale »

— Par Rodolf Etienne —

Kreyol oliwon late-a

Seychelles : « Le festival créole joue un rôle phare de dynamisation de la créolité internationale »

Lancé en 2014, le seul institut créole de tout l’Océan Indien, l’Institut Créole des Seychelles, répond à la nécessité de valorisation de l’identité, la culture et la langue créoles, manifestée depuis toujours par la communauté créole de l’île. Penda Choppy, la directrice de l’Institut, nous présente la créolité seychelloise dans ses grandes lignes.

Vous dirigez le seul Institut créole de tout l’Océan Indien. Quelle place occupe aujourd’hui le créole dans la culture et l’identité seychelloises ?

Depuis sa reconnaissance comme langue maternelle dans les années 80, le créole seychellois est très cher au peuple des Seychelles. L’existence d’un institut créole, et en premier lieu, le festival créole annuel assure une promotion continuelle pendant tout l’année de l’identité et de la culture créoles. Entre ces deux institutions, la participation des différentes couches de la société dans le développement de notre culture et notre langue créole est assuré : les écoles, les artistes, les jeunes, le service public, les médias, les gens âgés, la secteur privée…

Quelles sont les principales missions de l’Institut créole des Seychelles ?

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Eléments pour un dictionnaire historique du créole guadeloupéen.

Titre : Eléments pour un dictionnaire historique du créole guadeloupéen. Choukam Kréyol Gwadloup Zouti 1 : Eritaj
– Auteur : Hector Poullet
– Date de sortie en librairie : 28 octobre 2014 (Journée internationale du Créole)
– ISBN : 9782917623817
– Résumé : Etymologie de mille mots créoles du créole.
D’où nous vient une bonne partie du vocabulaire créole que nous utilisons aujourd’hui? En grande part de la langue française, certes, mais pas uniquement. L’échantillon de mots créoles que vous avez en main n’est bien sûr qu’un aperçu, mais il peut être considéré comme représentatif de la langue. Aussi nous pouvons dire que notre parler créole de tous les jours a gardé non seulement une belle part d’héritage de mots amérindiens, des survivances de différentes langues africaines, de nombreuses traces d’archaïsmes français ou des langues régionales de France, mais également des apports de l’Hindi ou du Tamoul, des mots empruntés à l’Anglais, à l’Espagnol, voire au Portugais. Et comment pourrait-il en être autrement quand on connait l’histoire du peuplement de cette partie du monde? Comme pour toute langue devenue majeure, il existera un jour, à la portée de tout locuteur des langues créoles, un dictionnaire historique des créoles, ce que représente déjà en partie le DECA (Dictionnaire Etymologique des Créoles d’Amérique).

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Kimafoutiésa ?

— Par Daniel M. Berté —

Kimafoutiésa !? Koré Kréyol konsa !?
Kèlekeswa kaw fè pou korijé mwen
Man ka’y kontinié kozé Kréyol
Kwatès !? Kisaw kwè !? Kisaw konprann !?
Sakré kalté koumandè kontrolè kiw yé !

Kelkiswa kout-zié
Kisiswa kout-lang
Kelkanswa kout-djòl
Kekswa kout-kankan

Koumansifè !? Kapoté Kréyol konsa !?
Kèlekeswa kaw fè pou kontré mwen
Man ka’y kontinié kozé Kréyol
Keskiya !? Kisaw konprann !? Kisaw kwè !?
Sakré kalté kolokoto kriyonnè kiw yé !

Kelkiswa kout-règ
Kisiswa kout-lienn
Kelkanswa kout-baton
Kekswa kout Dirandal

Kimafoutiésa !? Kasé Kréyol konsa !?
Kèlekeswa kaw fè pou kadré mwen
Man ka’y kontinié kozé Kréyol
Kisa ki ni !? Kisaw kwè !? Kisaw konprann !?
Sakré kalté konparézon krititjè kiw yé !

Kelkiswa karès
Kisiswa kalen
Kelkanswa koulé
Kekswa koultans

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Sèptanm 70

— Par Daniel M. Berté —

An bonnè bonmaten
Yo kravaché Liben
Adan an gran chimen
Pa koté Omaren

Apré plent o dwayen
An tan ke sitwayen
Jistis pa fè ayen
Sinon lavé lanmen

Kou, i pa sipòtéy
Maintenon i frapéy
Lajistis kondanéy
Bagn Kayenn pou vréyéy

Kodé té ka vantéy
Kiy fè yo dékaléy
Laviè-Pilòt endéy
Ek mandé libéréy

Siwpriz di wayayay
Pli bel anba la bay
Telga épi Lacay
Fouté difé an pay

Révolté an pagay
Lévé faché an chay
Solda pa bay an may
Yo tjwé anlo manmay

Sé konba pou sonjé
Lonnè épi respé
Pou tousa ki goumé
Pou trapé libèté

 

Daniel M. Berté 210914

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Faut-il exclure le français de l’aménagement linguistique en Haïti ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’idéologie, en tant que superstructure et mode de représentation symbolique, traverse le corps social et elle est présente dans tous les domaines de l’activité humaine. Elle est à l’oeuvre à l’école, dans les églises, les manuels scolaires, dans les sciences dites « dures » ou dans les sciences humaines comme elle est présente en linguistique, notamment dans la façon dont le sujet parlant perçoit et se représente sa langue maternelle ou seconde. Il arrive qu’un discours se voulant de haute scientificité emprunte les venelles les plus scabreuses de l’idéologie, tel le discours médical nazi rabaissant les Nègres, les Juifs et les Tsiganes au rang de sous-humains. Tel aussi le délire mortifère de François Duvalier justifiant, au nom de « la classe moyenne » et du noirisme, le terrorisme d’État pratiqué à grande échelle. L’Histoire a montré qu’aucune activité humaine n’échappe à l’idéologie et il est illusoire de croire que l’on peut mener une activité scientifique « pure » en dehors des idéologies tissées et reproduites dans le corps social.

Dans un retentissant article publié par la revue « La Pensée » (no 151, juin 1970) –« Idéologie et appareils idéologiques d’État.

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L’État haïtien et la question linguistique : timides mutations, grands défis

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’État haïtien, de 1804 à 2017, est-il intervenu de manière institutionnelle dans le champ linguistique ? En a-t-il d’ailleurs eu le projet, dès le 1er janvier 1804, à la création de la République d’Haïti ? Des premiers débats sur la graphie du créole au cours des années 1940 en passant par la réforme Bernard des années 1980, puis à la création hors-État, prématurée et fort discutable au plan jurilinguistique de l’Akademi kreyòl ayisyen, peut-on parler de tâtonnements, de mutations significatives ou de conquêtes ? Quels sont aujourd’hui les grands défis d’Haïti en matière d’aménagement des deux langues officielles du pays ?

Dans le livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2011) –comme dans celui coécrit avec le linguiste Hugues Saint-Fort, « La question linguistique haïtienne / Textes choisis », Éditions Zémès, juin 2017–, nous avons posé que les données de la configuration sociolinguistique d’Haïti doivent être comprises à la lumière du mode de constitution de l’É́tat en 1804. Les Pères de la patrie, au moment où ils signaient en français l’Acte de l’Indépendance –premier document officiel du patrimoine linguistique et littéraire d’Haïti–, n’avaient dans leur vision du monde que le modèle politique, culturel et économique des puissances coloniales européennes.

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Créolistique et aménagement du créole et du français en Haïti : les défis actuels de l’État haïtien

— Compte–rendu de lecture de Lyonel Icart —

 

« La question linguistique haïtienne / Textes choisis »

Robert Berrouët-Oriol et Hugues Saint-Fort

Éd. Zémès/Cidihca, juin 2017

Par Lyonel Icart, Ph.D.

Montréal, le 3 août 2017

Des heures durant, après la lecture du livre de Berrouët-Oriol et Saint-Fort « La question linguistique haïtienne / Textes choisis  », je suis resté pensif. D’innombrables souvenirs de mon enfance au pays natal plongée dans le bilinguisme créole français de la nation ont refait surface. Et mon engagement en alphabétisation auprès de mes compatriotes à Montréal dans les années 1980 a ordonnancé mon appréhension de ces vingt-huit textes qui nous sont offerts. Au premier abord, je craignais un ouvrage de spécialistes émaillé de termes techniques qui auraient rendu la lecture fastidieuse. Fort heureusement, les auteurs ont su trouver le niveau de langue approprié pour séduire, accrocher et captiver le lecteur profane sans sacrifier la précision conceptuelle. Ils nous offrent un ouvrage qui ancre à sa juste place la langue injustement forclose de tous les Haïtiens, le kreyòl, sans congédier le français et l’héritage culturel qui l’accompagne.

La langue est le système symbolique qui nous permet de penser, d’appréhender le monde et de communiquer c’est-à-dire ce qui fait de nous ce que nous sommes.

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Yolè – Yolis

— Daniel M. Berté —

Kous siklis terminé, touw-dé-yòl balansé

Gran jé matinitjé tout moun ka aprésyé

Loko kon étranjé, tout manma’y za paré

Yolis asou latè, Yolè anlè lanmè

 

A penn lé kòk chanté, lé yolè za lévé

Apré ki yo prédyé ek an ti-tas kafé

Lé zòm ka atablé pou an ti-déjéné

Yolè anlè lanmè, yolis asou latè

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Le « monolinguisme » créole est-il une utopie ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« Le monolinguisme du ridicule » (Verly Sylvestre, Le National, Port-au-Prince, 26 juillet 2017) expose un corps d’idées intéressantes notamment en ce qu’il pointe du doigt le refoulement discriminant de la langue créole dans nombre d’écoles en Haïti où des enfants sont encore punis lorsqu’ils s’expriment de façon tout à fait légitime en créole. Avec justesse, l’auteur de l’article rappelle que la minorisation institutionnelle du créole est une pratique anti pédagogique jusqu’à présent largement assumée en Haïti dans le corps professoral en dépit des aspects positifs de la réforme Bernard des années 1980. Cela étant, il y a lieu toutefois d’apporter un certain éclairage sur l’un ou l’autre volet de l’article de Verly Sylvestre.

Haïti appartient-il à la Francophonie ou à la Créolophonie ? Haïti est membre de la Francophonie institutionnelle depuis 1970 mais il est conforme à la réalité historique de le qualifier de pays FRANCOCRÉOLOPHONE au sens où deux langues, le français et le créole, coexistent depuis 1804 dans les appareils d’État, dans le système éducatif et dans la population selon un usage différencié et inégalitaire.

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Touw siklis Matnik (Ba Alfred Defontis)

 

— Par Daniel M. Berté —

Matériel astitjé, lé misk bien friksionné
Tout kourè konsantré, létap ka’y démaré
Ofisièl aligné, direktè kous paré
Vwatur suivèz kòné, lé moto ka fonsé
Karava’n za chapé, pou fè piblisité
Kado ka’y distribié, ba lé jenn kon lé vié

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik balansé

Pédal za ka tonbé, ti-mal chanjé braké
Chofè frennen souplé, le ploton ka rivé
Lé pwen-cho ka konté, ni dé prim a trapé
Ba’y kout chenn an monté, la désant déboulé
Fopla yo ka valé, an lin dwèt pa palé
Taktik étjip pozé, estratéji filé

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik ka pasé

Le piblik bien chofé, an solèy ka brilé
Bòd larout chak koté, i ka ankourajé
Epi dlo ka rouzé, lé siklis si yo lé
Fanatik bien rodé, lé radio ka djélé
Lé portab ka filmé, ayen fo pa mantjé
Kòmantè ka tonbé, tout moun spésializé

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik ka woulé

An chenn ki ka soté, an dérayè blotjé
An né-dèyè krévé, mékanisien rivé
Etjipié atardé, fo atann-li mésié
Bénévòl ka baré, lè lé boug ka pwenté
Ravitayman souplé, ouvè lésé pasé
Komisè énervé, vansé boujé woulé

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik ka rivé

Lé zòm ka transpiré, ni adan ki mantjé
Pèsonn palé ladjé, pa moli lé koursié
Men lé pli kourajé, pran douvan ka alé
Mi la lin-darivé, an sakré sprint lansé
Kronométrè mélé, foto-finich yo lé
Sa ki rivé prèmié, mandé vwatur balé

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik ka briyé

Daniel M.

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Grand deuil sur la poésie haïtienne et québécoise

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Quelques jours après le décès de notre ami le poète Claude Pierre qui nous a laissés sans voix et les yeux rouillés d’une « brûlante salinité de l’absence » (Anthony Phelps), la disparition à Montréal, le 30 juin 2017, de l’un des plus grands poètes surréalistes haïtiens du XXe siècle, Serge Legagneur, plonge la poésie haïtienne et québécoise dans un grand deuil.

Né le 10 janvier 1937 à Jérémie, ville que l’on assure être celle des poètes, Serge Legagneur est l’un des membres fondateurs, au début des années 1960, du groupe Haïti littéraire aux côtés de Davertige, Roland Morisseau, Anthony Phelps, Auguste Thénor et René Philoctète. Pour se mettre à l’abri du terrorisme d’État institué par François Duvalier, il rejoint à Montréal, en 1965, ses amis poètes Émile Ollivier et Anthony Phelps qui ont dû eux aussi quitter l’île-prison duvaliérienne, liberticide et mortifère.

Avant son départ pour le Canada, Serge Legagneur a œuvré aux deux revues du groupe Haïti littéraire : d’abord « Prisme », revue sonore de radio Cacique fondée par Anthony Phelps. Radio Cacique animait, tous les dimanches, une chronique culturelle : trente minutes de poésie, un jeu radiophonique et une pièce de théâtre de trente minutes.

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La question linguistique haïtienne : Textes choisis

— Par Robert Berrouët-Oriol et Hugues Saint-Fort —

Éditions Zémès
288
Port-au-Prince, juin 2017

L’observateur : En 2011, vous avez co-rédigé, avec le linguiste Hugues Saint-Fort et al, le livre de référence «L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Éditions de l’Université d’État d’Haïti et du Cidihca). Aujourd’hui, à Livres en folie, vous publiez « La question linguistique haïtienne / Textes choisis » (Éditions Zémès). Qu’apporte de nouveau cette publication aux lectorats d’Haïti et de la diaspora ?

Robert Berrouët-Oriol – Le livre « La question linguistique haïtienne / Textes choisis » prolonge l’état des lieux et les propositions contenues dans « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » et, également, il innove. Il mûrit en l’approfondissant le diagnostic posé dans « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions ». Cette nouvelle publication accorde une large place à la créolistique avec des textes de haute facture de Hugues Saint-Fort, et ma contribution éclaire mieux la situation linguistique du pays à l’aune de la jurilinguistique. Ce livre étaye davantage les notions centrales de « droits linguistiques », de « droit à la langue maternelle créole », d’« équité des droits linguistiques », de future « parité statutaire entre le créole et le français », de « politique linguistique d’État » et de « loi contraignante d’aménagement linguistique » ciblant simultanément le créole et le français.

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Un corpus de discours scientifiques sur le créole

— Par Leslie Péan, économiste et historien —

« LA QUESTION LINGUISTIQUE HAÏTIENNE / TEXTES CHOISIS »

Robert Berrouët-Oriol & Hugues Saint-Fort

Éditions Zémès

288 pages

Port-au-Prince

Juin 2017

Au fil des années, nous sommes intervenus sur les questions linguistiques et sur le créole en quelques occasions. D’abord en écrivant un texte d’économie en créole pour la revue Sèl intitulé « Kèk nòt sous balans-péman pandan diktati Divalié yo (1957-1975) » (SÈL, jounal ayisyin aletranje, no 30-31, Brooklyn, New-York, 1976). Par la suite, nous avons publié douze articles sur cette question entre 2013 et 2016.     

  •  Économie d’une langue et langue d’une économie, Le Nouvelliste, 25 février 2013.
  •  Retour sur l’article « Économie d’une langue et langue d’une économie » (Première partie), AlterPresse, 25 mars 2013.
  •  Retour sur l’article « Économie d’une langue et langue d’une économie » (Deuxième partie), AlterPresse, 26 mars 2013.
  • Marasme économique, transmission des savoirs et langues (texte en sept parties), AlterPresse, 23, 25 mai, 1, 3, 7, 9, 11 juin 2013.
  • Le danger d’une approche superficielle d’une question complexe, (Première partie), Le Nouvelliste, 14 avril 2016.

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