Catégorie : Etudes Créoles

Haïti : à propos de la refondation du système éducatif

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La politique linguistique éducative doit être, en Haïti, au cœur de la refondation du système éducatif national

Faut-il maintenant, en Haïti, « réformer » ou refonder le système éducatif national ? La politique linguistique éducative doit-elle être au centre de la refondation du système éducatif national ? Ces questions majeures ont été abordées par notre article paru dans Le National le 6 septembre 2018, « La question linguistique en Haïti et la « réforme » du système éducatif national ». Plusieurs correspondants nous ayant demandé de mieux préciser notre vision, nous le faisons volontiers en tenant compte d’un article fort intéressant paru le 13 septembre 2018 dans Le National, « La réforme de l’éducation, un chantier réalisable selon Guy Étienne » qui nous vaut également aujourd’hui de revenir sur le sujet.

L’article « La réforme de l’éducation, un chantier réalisable selon Guy Étienne » consigne que « Le directeur du collège Catts Pressoir, Guy Étienne, soutient qu’il est urgent pour le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP) de lancer la réforme du système scolaire haïtien. D’importantes interventions dans la formation des maîtres et la modernisation du curriculum sont, selon lui, des mesures qui ne devraient plus attendre. »

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La question linguistique en Haïti et la « réforme » du système éducatif national

— Par Robert Berrouët-Oriol —

« L’ancien ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, Nesmy Manigat, attire l’attention sur des défis immenses qui [sont en lien avec] les problèmes fondamentaux du système éducatif haïtien. Deux ans après son départ du ministère de l’Éducation nationale (…), M. Manigat, actuel président du comité de gouvernance du Partenariat mondial pour l’éducation, constate avec déception qu’aucune réforme n’est en marche malgré l’engagement pris par d’importantes personnalités de la société en faveur du « Pacte national pour une éducation de qualité » (« Éducation : la réforme ne doit pas attendre », Le National, 30 août 2018).

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Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti : entrevue avec le linguiste Robert Berrouët-Oriol

Le nouveau livre du linguiste Robert Berrouët-Oriol, « Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti / Pledwaye pou dwa lengwistik ann Ayiti », sera en vente-signature à Montréal le 18 août 2018 lors de la Journée du livre haïtien du Centre N a rive. Pour l’occasion Le National a interrogé l’auteur qui répond aux questions de Jean-Euphèle Milcé.

Le National (LN) : Robert Berrouët-Oriol, quel est le projet éditorial du « Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti » ?

Robert Berrouët-Oriol (RBO) : Le « Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti / Pledwaye pou dwa lengwistik ann Ayiti », qui fait 133 pages, paraît le 18 août 2018 au Canada et il sera disponible en Haïti à la rentrée. Cette nouvelle publication est une coédition du Cidihca (Canada) et des Éditions Zémès (Haïti). Pour mémoire je rappelle que ces deux maisons d’édition ont coédité, en juin 2017, le livre que j’ai coécrit avec le linguiste Hugues Saint-Fort, « La question linguistique haïtienne / Textes choisis ». En versions française et créole, le « Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti » est un livre de vulgarisation et il s’adresse à des lecteurs d’horizons divers intéressés par la problématique linguistique haïtienne et l’impératif de l’aménagement linguistique en Haïti.

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Le créole haïtien n’est pas « un produit de développement durable »

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’article de Pierre-Yves Roy, « Comment transformer le créole haïtien en un produit de développement durable » (Le National, 26 juin 2018) mérite que l’on s’y arrête pour plusieurs raisons. Car à le lire avec la meilleure attention il s’agit manifestement d’un texte confus, verbeux, farci d’impropriétés lexicales et grammaticales et qui ne présente pas d’argumentation rigoureuse capable d’enrichir le débat linguistique.

Une première observation s’impose. De manière générale, on conviendra que tout citoyen a le droit de s’exprimer sur la problématique linguistique haïtienne : celle-ci n’est pas la chasse gardée des linguistes et les spécialistes des sciences du langage doivent être à l’écoute de l’opinion des sujets parlants. En revanche, lorsque des non linguistes estiment être capables de proposer une manière de voir sinon des « solutions » relatives à l’aménagement linguistique en Haïti, ils doivent à leur tour être réceptifs aux enseignements comme aux perspectives formulées par les professionnels de la langue. Mais en ce qui a trait à l’aménagement du créole aux côtés du français, l’amateurisme, il faut en convenir, est une bien mauvaise boussole…

Pour mieux situer le propos responsif de Pierre-Yves Roy, il est utile de rappeler que son point de départ est l’article « Le créole, « seule langue officielle » d’Haïti : mirage ou vaine utopie ?

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Le créole, « seule langue officielle » d’Haïti : mirage ou vaine utopie ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’idée selon laquelle seul le créole doit être aménagé en Haïti est défendue par une petite minorité de bilingues créole français, bien scolarisés en français, la plupart du temps non linguistes et plus ou moins liés à l’Académie créole. Cette idée, disons-le tout net, exprime un aveuglement volontaire chez ceux des bilingues haïtiens qui nient avec légèreté le caractère bilingue de notre patrimoine linguistique biséculaire. Est-il aujourd’hui utile de démontrer l’inanité de l’aveuglement volontaire chez ceux qui confondent la juste et nécessaire défense du créole et le mirage de l’unilatéralisme créolophile ? Pareil aveuglement créolophile doit-il avoir préséance sur l’Histoire, sur la sociologie et les sciences du langage ainsi que sur l’impératif de l’aménagement simultané des deux langues officielles du pays ?

Fondamentalisme créolophile et aveuglement volontaire

L’expression la plus récente du fondamentalisme créolophile et de l’aveuglement volontaire se donne à voir dans l’article « Yon sèl lang ofisyèl pou dechouke mantalite nou » (Le Nouvelliste, 31 mai 2018) annonçant la parution en Haïti du livre de Gérard-Marie Tardieu, « Yon sèl lang ofisyèl » (« une seule langue officielle ») dans lequel celui-ci, membre de l’Académie créole, plaide pour un unilatéralisme linguistique qui entend exclure l’une des deux langues de notre patrimoine linguistique, le français.

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Le patrimoine linguistique bilingue d’Haïti : promouvoir une vision rassembleuse

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue

Depuis la publication en 2011 du livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (par Robert Berrouët-Oriol et al, Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti), les notions-clé du domaine de l’aménagement linguistique font lentement leur chemin chez nombre de personnes qui s’intéressent à la question des langues au pays. Parmi les neuves notions étayées dans ce livre figurent les « droits linguistiques », le « droit à la langue », le « droit à la langue maternelle créole », « l’équité des droits linguistiques » ainsi que la notion de « patrimoine linguistique bilingue ». Ces neuves notions de jurilinguistique et d’aménagement linguistique se retrouvent également dans plusieurs articles que nous avons depuis lors publiés, entre autres dans le quotidien Le National, et au moyen de ces publications nous avons amplement partagé notre vision du futur aménagement simultané des deux langues officielles du pays. Retour sur la notion de « patrimoine linguistique bilingue ».

Le terme « patrimoine », dans les dictionnaires usuels de la langue, s’entend au sens de « Ce qui est transmis à une personne, une collectivité, par les ancêtres, les générations précédentes, et qui est considéré comme un héritage commun. [Ex. :]

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Crise majeure à l’Académie du créole haïtien (2)

Le « blâme » et la « suspension » du linguiste Michel DeGraff renforcent l’impunité à l’AKA

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La crise majeure que traverse l’Académie du créole haïtien depuis plusieurs mois a connu ces derniers temps de sombres développements qui confortent un fonctionnement impunitaire opaque et le refus réitéré de l’Akademi kreyòl (AKA) d’opposer des arguments crédibles au réquisitoire consigné dans la lettre ouverte du linguiste Michel DeGraff (« Lèt tou louvri pou akademisyen nan Akademi kreyòl ayisyen ») datée du  17 février 2018 et publiée sur le site  Potomitan. Pour mémoire, il y a lieu de rappeler que cette première lettre ouverte de Michel DeGraff consigne des faits troublants d’obscures pratiques de népotisme et de corruption ayant cours à l’Akademi kreyòl.

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Le créole à la CARICOM : utopie ou mal-vision persistante ?

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’idée de voir le créole haïtien accéder au statut de langue officielle ou d’une langue usuelle de travail à la CARICOM est défendue par plusieurs personnes depuis un certain temps. Ainsi, « Alors qu’Haïti assure, depuis ce mois de janvier 2013, la présidence de la Communauté caribéenne (CARICOM), le rectorat de l’Université d’État d’Haïti et le comité de mise sur pied d’une académie de la langue créole appellent le chef de l’État, Michel Martelly, à demander que le créole, plutôt que le français, soit l’une des langues officielles de l’organisation régionale » (« Le créole haïtien plutôt que le français comme langue officielle, plaident deux institutions », AlterPresse, 29 janvier 2013). Dans la Francocréolophonie haïtienne, cette idée est-elle fondée et productive ? Est-elle compatible avec le plaidoyer pour l’aménagement de nos deux langues officielles ?

 La Communauté des Caraïbes (ou Marché commun des Caraïbes, la CARICOM) « a été créée le 4 juillet 1973 à Chaguaramas (Trinité-et-Tobago), par un traité signé par la Barbade, le Guyana, la Jamaïque, Trinité-et-Tobago. Ce traité institue un marché commun entre les États membres, définit les instruments de l’intégration économique de la région, précise les bases des relations avec les autres États et les organisations internationales.

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Crise majeure à l’Académie du créole haïtien : la « Note publique » de l’AKA sème la confusion

 — Par Robert Berrouët-Oriol —

À la suite de la publication le 17 février 2018, sur le site Potomitan, de la lettre ouverte du linguiste Michel Degraff (« Lèt tou louvri pou akademisyen nan Akademi kreyòl ayisyen »), l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA) a fait paraître à Port-au-Prince, le 8 mars 2018, une « Note publique » rédigée en créole et portant la signature du pasteur Pauris Jean Baptiste président du Conseil d’administration de l’AKA. Cette « Note publique » d’une seule page, loin de répondre au long réquisitoire de 17 pages de Michel Degraff, n’apporte aucun éclairage sur la crise majeure que traverse l’AKA ; elle sème la confusion et écarte la possibilité d’un débat serein et rigoureux au sein de cette instance para-étatique en lourd déficit de crédibilité. Quels sont donc les principaux points contenus dans le réquisitoire de Michel Degraff ? Et que cible en réponse la « Note publique » de l’AKA ?

Plagiat, conflits d’intérêt, népotisme, corruption, etc.

Dans le texte « Crise majeure à l’Académie du créole haïtien » que nous avons publié le 2 mars 2018, à Port-au-Prince, dans le quotidien Le National, nous avons présenté les principaux sujets du réquisitoire de 17 pages de Michel Degraff :

–des publications sans consultation de la « Commission scientifique » de l’AKA ;

— un article dans Le Nouvelliste au nom de l’AKA et qui comprend un plagiat ;

— une demande de l’AKA, sur Facebook, de voter pour un concours de beauté…;

— des contrats accordés à des firmes où travaillent des académiciens : conflits d’intérêt, népotisme et corruption ;

— des « djòbs » au secrétariat de l’AKA pour la parenté des académiciens ;

— d’inquiétantes menaces qu’aurait reçu Michel Degraff relatives à sa sécurité et à celle de sa famille en raison de la publication de sa lettre ouverte à l’AKA.

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Crise majeure à l’Académie du créole haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol —

« Pwoblèm yo grav anpil wi. » Le linguiste du MIT Michel Degraff a publié le 17 février 2018, sur le site Potomitan, une lettre ouverte dans laquelle il dresse un virulent réquisitoire contre les « dérives qui affaiblissent le fonctionnement de l’Académie créole ». Membre fondateur de l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA) et ancien responsable de la « Commission scientifique » de l’AKA, Michel Degraff estime avoir été obligé d’écrire sa lettre ouverte dans le but d’alerter le grand public sur les dérives ayant cours depuis un certain temps au sein de cette microstructure (« m oblije ekri lèt tou louvri sa a pou m alète gran piblik la sou malè pandye ki sou tèt AKA ») ». Il précise que la décision de publier sa lettre ouverte intervient après que plusieurs académiciens et lui ont en vain essayé de « corriger certains problèmes » identifiés au sein de l’AKA. Étalée sur 17 pages, la lettre ouverte de Michel Degraff expose également d’inquiétantes menaces qu’il aurait reçues relatives à sa sécurité et à celle de sa famille (« Epi selon avètisman ke m resevwa nan men kèk kolèg, ata sekirite m oswa sekirite fanmi m ka vin an danje apre m pibliye lèt sa a »).

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Aménagement simultané du créole et du français en Haïti : enjeux et perspectives institutionnelles

— Par Robert Berrouët-Oriol —

S’il est un paradoxe dont il faudrait mesurer l’impact dans la durée c’est bien celui de la quasi inexistence de mobilisation citoyenne quant à l’aménagement du créole et du français en Haïti. Un tel constat, par-delà la prégnance du nationalisme identitaire haïtien, est à lier au déficit de leadership de l’État dans le domaine linguistique, singulièrement dans le champ éducatif où le ministère de l’Éducation ne dispose toujours pas, depuis la réforme Bernard de 1979, d’une politique linguistique éducative (voir notre article « Politique linguistique nationale et politique linguistique éducative en Haïti : une nécessaire convergence historique », Le National, 30 novembre 2017).

Il y a paradoxe au sens où pour un certain nombre de personnes, paré d’attributs essentialistes, le créole « est » l’identité haïtienne et que seul le créole doit être aménagé par l’État. Or même cette vue réductionniste ne débouche pas sur la mobilisation citoyenne. Il y a par contre rejet du paradoxe lorsque des données empiriques attestent, chez nombre d’unilingues créolophones, que ces derniers revendiquent le droit d’acquérir le français à travers l’École haïtienne.

En conformité avec l’article 5 de la constitution de 1987, nous avons institué dès 2011 –dans nos livres et articles traitant de la question linguistique haïtienne–, un éclairant plaidoyer pour l’aménagement simultané du créole et du français en Haïti. Plaider

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Osi bel ki larenn Saba té bel

— Par Térez Léotin —

Si ni an neg toutt moun ka di ki té kont koulè lapo’y sé té bien Michaël Jackson. Moun di pou éséyé konprann li, sé an maladi ki té mété’y koulè a i té vini an : an koulè gri kondi yo di.

An fanm kontel Naomi Campbell, i pito toupòtré an moun blan ki penn an nwè. I bel i ni chivé’y féré, ki ta’y oben ki pa ta’y an manniè natif-natal, men ki ka rivé jik an do’y, kon sé fanm blan an antouka, é sé koulè nwè a selman i ni. Pitett sé pousa ki pabò lafen lézanné 1980, i té o top dé pli bel fanm. Pou ba lenprésion sé moun an pa rasiss ek pou mété an ti koulè nwè asou podionm lan. I nwè men i kon an blan

Bòkay nou, nou ni Mounia, i bel, i an fòm kon an gita, nen’y pa ka manjé fidji’y, kon yo ka di pou tiré méprizasion ba sa ki ka sanm neg, i ni chivé’y féré, i ka riprézanté model neg la, blan an enmen wè a, tala yo pa ka kriyé makak, magré i ka fè toutt bagay pou sanm blan an.

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Vidé Kannaval (ba Cham)

— Par Daniel M. Berté —
 
Travesti… pou gran ék piti… pa rété-la ! sòti !

« Jilo, Jilo ! dé boul ! Konmen boul papaw ni ?! »
Bwabwa… an vidé séy ki wa… ou pé di sa papa !

« Lapooo déchiré ! Lapo bonda vaval déchiré !»
Djab-rouj… ka sôti jis Mòn rouj… abiyé toutan rouj !

« Ou ! ou ! vwasi le lou ! Ou ! ou ! vwasi le lou ! » 
Karolin-zié-kokli… i ka pòté nonm-li… ki boulé o wiski !

« Banmba kola ! Ròzémé, Ròzémé manmay-la ! »
Mèdsen-lopital… ki sòti Bodkannal… pou kouri kannaval!

« Mi bissuiya ! Rosé ! Yanna pou lé zanfan ! Rosé ! »
Mawriaj-birlès… yo ka fè an lanmès… pou an béni-konmès !

«Rena ou anmen poul ! Lanméri Fodfrans-la, sé pa an poulayé »  

Moko-zonbi… ro anlè échas-li… mé fo pay brè mabi !

«Di-mwen ki moun ki fèw-sa ? !  Blé pal, blé fonsé manman ! »
Rèn… bel kon lalin plèn… doné vou donk lapèn !

« Papiyon volé ! Sé volé nou ka volé ! »
Brosé-kléré… nétwayé-astitjé… tout model de soulié !

« Chooo kakao ! Cho cho cho kakao ! »
Filé-kouto… an lanmel épi dlo… pou sizo ek kouto !

« Mas-koulou pété popo ! Mas-koulou pété popo ! »
Matlo-sou… simié brè dis ti-kou… pasé an sèl madou !

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« Plan décennal d’éducation et de formation » en Haïti : la montagne va-t-elle encore accoucher d’une souris ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Paru à Port-au-Prince, dans Le National du 19 janvier 2018, l’article « Plan décennal d’éducation et de formation » en Haïti : inquiétudes quant à l’aménagement du créole et du français dans le système éducatif national » a suscité l’intérêt de nombre de lecteurs. Plusieurs d’entre eux nous ont fait part d’une communauté de vue et de commentaires qui justifient le prolongement de la réflexion sur un sujet qui concerne l’avenir du système éducatif national.

Consultations présumées ou réelles ?

Dans le document publié le 15 janvier 2018 sur le site du ministère de l’Éducation nationale, « Tenue d’un atelier de travail autour de la première version du Plan décennal d’éducation et de formation », il est précisé que ce « Plan décennal » serait « (…) le fruit de consultations auprès de divers secteurs de la vie nationale, des cadres et techniciens du MÉNFP et des partenaires techniques et financiers ». L’information dont nous disposons ne permet pas de confirmer qu’il y a effectivement eu des consultations avec « divers secteurs de la vie nationale », notamment avec les syndicats d’enseignants ou la Faculté de linguistique appliquée.

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L’aménagement du créole et du français en Haïti : modalités de mise en oeuvre par l’État

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

De manière générale, quelles doivent être les modalités de mise en oeuvre par l’État de l’aménagement simultané du créole et du français en Haïti ? Poser la question des modalités de l’aménagement des langues officielles d’Haïti revient à poser, en amont, celle de la politique linguistique de l’État. La prise en compte de la nécessité d’une politique linguistique d’État s’avère d’autant plus essentielle qu’en Haïti l’État est démissionnaire dans le domaine linguistique.

Dans sa remarquable étude, « É́laboration et mise en œuvre des politiques linguistiques », le linguiste québécois Louis-Jean Rousseau, spécialiste de l’aménagement linguistique, nous enseigne avec hauteur de vue qu’ « (…) on entend par « politique linguistique » toute forme de décision prise par un É́tat, par un gouvernement ou par un acteur social reconnu ou faisant autorité, destinée à orienter l’utilisation d’une ou de plusieurs langues sur un « territoire » ( réel ou virtuel ) donné ou à en régler l’usage. La politique linguistique se situe au niveau de la détermination des objectifs généraux visés et elle peut couvrir toutes les catégories d’activité ou de situations de communication existant dans une société.

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Droits linguistiques en Haïti : l’indispensable implication des institutions des droits humains

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis la parution en 2011 du livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (ouvrage collectif coécrit et coordonné par le linguiste Robert Berrouët-Oriol, Éditions de l’Université d’État d’Haïti et Cidihca), la vision des droits linguistiques au pays fait lentement son chemin et elle s’avère rassembleuse. Cette neuve manière de situer la question linguistique haïtienne –loin des mirages de la diglossie et des errements idéologiques des prédicateurs du « tout en créole tout de suite »–, éclaire une problématique fort complexe déjà abordée avec hauteur de vue par le linguiste Pradel Pompilus dans « Le problème linguistique haïtien » (Éditions Fardin, Port-au-Prince, 1985). L’un des enseignements majeurs du grand éducateur que fut Pradel Pompilus est qu’il ne faut pas diaboliser l’une ou l’autre de nos deux langues officielles au motif que l’une d’elles, le français notamment, serait en soi la cause première du naufrage du système éducatif national.

Dans un article paru le 11 octobre 2017 dans Le National, à Port-au-Prince, « Droits linguistiques et droits humains fondamentaux en Haïti : une même perspective historique », nous avons à nouveau situé la problématique des droits linguistiques en Haïti dans le dispositif plus large des droits humains fondamentaux.

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Politique linguistique nationale et politique linguistique éducative en Haïti : une nécessaire convergence historique

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’ample accueil réservé par de nombreux internautes à nos deux derniers articles sur la politique linguistique éducative en Haïti (Le National, Port-au-Prince, 15 et 23 novembre 2017) nous porte à expliciter davantage cette notion, cette fois-ci, au regard de la notion centrale de politique linguistique nationale. Dans ces deux articles, nous avons démontré que l’actuel Exécutif Tèt kale, peu soucieux du droit à l’éducation et des droits linguistiques de l’ensemble de la population haïtienne, accorde un faible budget au secteur éducatif. Ce budget s’élève à 10 milliards de gourdes en ressources internes (160 771 704 dollars US), soit 6.9% du budget global de l’État qui, lui, se chiffre à 144 milliards de gourdes, soit 2 315 112 540 dollars US. Le faible financement du secteur éducatif public (qui représente 20 % de l’offre éducationnelle) où les enseignants doivent se battre constamment pour être payés par l’État employeur est également lié à la nature foncièrement néoduvaliériste du régime Tèt kalé.

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Politique linguistique éducative en Haïti : surmonter l’inertie, instituer l’aménagement simultané du créole et du français

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue

 

En 2017, la république d’Haïti dispose-t-elle, au ministère de l’Éducation nationale, d’une politique linguistique éducative mise en œuvre à l’échelle nationale ? En a-t-elle d’ailleurs le projet sinon la volonté politique ou encore le souci ? Pour répondre adéquatement à ces questions il faut à la fois observer/analyser les faits et se référer aux données consignées dans des sources documentaires fiables.

Dans un premier temps, on prendra toute la mesure du poids démographique de la demande massive de scolarisation au pays depuis les années 1964. Car si les statistiques semblent parfois se contredire, elles ont au minimum la vertu d’indiquer des pistes d’analyse à explorer. Ainsi, la direction de la Planification et de la coopération externe (DPCE) du ministère de l’Éducation nationale a publié les résultats du «  Recensement scolaire 2010-2011  » [document de 200 pages non daté, consulté le 10 novembre 2017 sur le site du MÉN]  : dans le secteur public qui comprend environ 20% des écoles du pays, «  Le recensement de 2010-2011 a permis (…) de dénombrer dans l’ensemble des 10 départements scolaires 3 477 écoles et 624 095 élèves pour le niveau secondaire. »

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Apprendre à lire / écrire le créole martiniquais

L’atelier d’étude du créole martiniquais ouvre de nouveau ses portes…

Objectif : *apprendre à lire / écrire le créole martiniquais

*étudier son fonctionnementgraphique, lexical, grammatical, syntaxique, sémantique.

Cet atelier, animé par l’écrivain Daniel Boukman sur le Campus de Schoelcher, s’adresse aux créolophones natif-natal, d’option ou d’adoption.

Renseignements complémentaires

galta972@gmail.com 0696 94 32 20

cireccamartinique@gmail.com 0696 73 68 28

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Seychelles : « Le festival créole joue un rôle phare de dynamisation de la créolité internationale »

— Par Rodolf Etienne —

Kreyol oliwon late-a

Seychelles : « Le festival créole joue un rôle phare de dynamisation de la créolité internationale »

Lancé en 2014, le seul institut créole de tout l’Océan Indien, l’Institut Créole des Seychelles, répond à la nécessité de valorisation de l’identité, la culture et la langue créoles, manifestée depuis toujours par la communauté créole de l’île. Penda Choppy, la directrice de l’Institut, nous présente la créolité seychelloise dans ses grandes lignes.

Vous dirigez le seul Institut créole de tout l’Océan Indien. Quelle place occupe aujourd’hui le créole dans la culture et l’identité seychelloises ?

Depuis sa reconnaissance comme langue maternelle dans les années 80, le créole seychellois est très cher au peuple des Seychelles. L’existence d’un institut créole, et en premier lieu, le festival créole annuel assure une promotion continuelle pendant tout l’année de l’identité et de la culture créoles. Entre ces deux institutions, la participation des différentes couches de la société dans le développement de notre culture et notre langue créole est assuré : les écoles, les artistes, les jeunes, le service public, les médias, les gens âgés, la secteur privée…

Quelles sont les principales missions de l’Institut créole des Seychelles ?

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Eléments pour un dictionnaire historique du créole guadeloupéen.

Titre : Eléments pour un dictionnaire historique du créole guadeloupéen. Choukam Kréyol Gwadloup Zouti 1 : Eritaj
– Auteur : Hector Poullet
– Date de sortie en librairie : 28 octobre 2014 (Journée internationale du Créole)
– ISBN : 9782917623817
– Résumé : Etymologie de mille mots créoles du créole.
D’où nous vient une bonne partie du vocabulaire créole que nous utilisons aujourd’hui? En grande part de la langue française, certes, mais pas uniquement. L’échantillon de mots créoles que vous avez en main n’est bien sûr qu’un aperçu, mais il peut être considéré comme représentatif de la langue. Aussi nous pouvons dire que notre parler créole de tous les jours a gardé non seulement une belle part d’héritage de mots amérindiens, des survivances de différentes langues africaines, de nombreuses traces d’archaïsmes français ou des langues régionales de France, mais également des apports de l’Hindi ou du Tamoul, des mots empruntés à l’Anglais, à l’Espagnol, voire au Portugais. Et comment pourrait-il en être autrement quand on connait l’histoire du peuplement de cette partie du monde? Comme pour toute langue devenue majeure, il existera un jour, à la portée de tout locuteur des langues créoles, un dictionnaire historique des créoles, ce que représente déjà en partie le DECA (Dictionnaire Etymologique des Créoles d’Amérique).

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Kimafoutiésa ?

— Par Daniel M. Berté —

Kimafoutiésa !? Koré Kréyol konsa !?
Kèlekeswa kaw fè pou korijé mwen
Man ka’y kontinié kozé Kréyol
Kwatès !? Kisaw kwè !? Kisaw konprann !?
Sakré kalté koumandè kontrolè kiw yé !

Kelkiswa kout-zié
Kisiswa kout-lang
Kelkanswa kout-djòl
Kekswa kout-kankan

Koumansifè !? Kapoté Kréyol konsa !?
Kèlekeswa kaw fè pou kontré mwen
Man ka’y kontinié kozé Kréyol
Keskiya !? Kisaw konprann !? Kisaw kwè !?
Sakré kalté kolokoto kriyonnè kiw yé !

Kelkiswa kout-règ
Kisiswa kout-lienn
Kelkanswa kout-baton
Kekswa kout Dirandal

Kimafoutiésa !? Kasé Kréyol konsa !?
Kèlekeswa kaw fè pou kadré mwen
Man ka’y kontinié kozé Kréyol
Kisa ki ni !? Kisaw kwè !? Kisaw konprann !?
Sakré kalté konparézon krititjè kiw yé !

Kelkiswa karès
Kisiswa kalen
Kelkanswa koulé
Kekswa koultans

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Sèptanm 70

— Par Daniel M. Berté —

An bonnè bonmaten
Yo kravaché Liben
Adan an gran chimen
Pa koté Omaren

Apré plent o dwayen
An tan ke sitwayen
Jistis pa fè ayen
Sinon lavé lanmen

Kou, i pa sipòtéy
Maintenon i frapéy
Lajistis kondanéy
Bagn Kayenn pou vréyéy

Kodé té ka vantéy
Kiy fè yo dékaléy
Laviè-Pilòt endéy
Ek mandé libéréy

Siwpriz di wayayay
Pli bel anba la bay
Telga épi Lacay
Fouté difé an pay

Révolté an pagay
Lévé faché an chay
Solda pa bay an may
Yo tjwé anlo manmay

Sé konba pou sonjé
Lonnè épi respé
Pou tousa ki goumé
Pou trapé libèté

 

Daniel M. Berté 210914

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Faut-il exclure le français de l’aménagement linguistique en Haïti ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’idéologie, en tant que superstructure et mode de représentation symbolique, traverse le corps social et elle est présente dans tous les domaines de l’activité humaine. Elle est à l’oeuvre à l’école, dans les églises, les manuels scolaires, dans les sciences dites « dures » ou dans les sciences humaines comme elle est présente en linguistique, notamment dans la façon dont le sujet parlant perçoit et se représente sa langue maternelle ou seconde. Il arrive qu’un discours se voulant de haute scientificité emprunte les venelles les plus scabreuses de l’idéologie, tel le discours médical nazi rabaissant les Nègres, les Juifs et les Tsiganes au rang de sous-humains. Tel aussi le délire mortifère de François Duvalier justifiant, au nom de « la classe moyenne » et du noirisme, le terrorisme d’État pratiqué à grande échelle. L’Histoire a montré qu’aucune activité humaine n’échappe à l’idéologie et il est illusoire de croire que l’on peut mener une activité scientifique « pure » en dehors des idéologies tissées et reproduites dans le corps social.

Dans un retentissant article publié par la revue « La Pensée » (no 151, juin 1970) –« Idéologie et appareils idéologiques d’État.

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L’État haïtien et la question linguistique : timides mutations, grands défis

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’État haïtien, de 1804 à 2017, est-il intervenu de manière institutionnelle dans le champ linguistique ? En a-t-il d’ailleurs eu le projet, dès le 1er janvier 1804, à la création de la République d’Haïti ? Des premiers débats sur la graphie du créole au cours des années 1940 en passant par la réforme Bernard des années 1980, puis à la création hors-État, prématurée et fort discutable au plan jurilinguistique de l’Akademi kreyòl ayisyen, peut-on parler de tâtonnements, de mutations significatives ou de conquêtes ? Quels sont aujourd’hui les grands défis d’Haïti en matière d’aménagement des deux langues officielles du pays ?

Dans le livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2011) –comme dans celui coécrit avec le linguiste Hugues Saint-Fort, « La question linguistique haïtienne / Textes choisis », Éditions Zémès, juin 2017–, nous avons posé que les données de la configuration sociolinguistique d’Haïti doivent être comprises à la lumière du mode de constitution de l’É́tat en 1804. Les Pères de la patrie, au moment où ils signaient en français l’Acte de l’Indépendance –premier document officiel du patrimoine linguistique et littéraire d’Haïti–, n’avaient dans leur vision du monde que le modèle politique, culturel et économique des puissances coloniales européennes.

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