Catégorie : Patrick Chamoiseau

Rencontre littéraire autour de ‘L’empreinte à Crusoé »

 

 Mercredi 16 janvier 2013 – 18h30 – Bibliothèque Schœlcher

 

La Bibliothèque Schœlcher vous invite à la rencontre entre l’auteur Patrick Chamoiseau, le sociologue Serge Domi et l’écrivain Alfred Alexandre autour de « l’empreinte à crusoé » et de la thématique qui s’en dégage.

 

Résumé :

Robinson Crusoé vient de passer vingt ans de solitude dans son île déserte. Il a dû reconstruire son équilibre. C’est avec fierté, celle d’avoir soumis l’île à sa domination, qu’il entame ce matin-là une promenade rituelle sur la plage où il avait mystérieusement échoué il y a tant d’années. C’est alors qu’il découvre l’inconcevable : dans le sable, une empreinte. Celle d’un homme. Passé l’affolement, puis la posture agressive et guerrière, le solitaire s’élance à la recherche de cet Autre qui lui amène ce dont il avait oublié l’existence : l’idée même de l’humain.

Commence alors une étrange aventure qui le précipite en présence de lui-même et d’une île inconnue jusqu’alors.

 

Mercredi 16 janvier 2013 – 18h30 – Bibliothèque Schœlcher

 

 

Cordialement,

 

Dominique CATHERINE

Chargée de communication – Bibliothèque Schoelcher

Tél : 05 96 55 68 45

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Pour Patrick Saint-Eloi

par Gérard DELVER
Patrick CHAMOISEAU

  Il y a d’abord le respect dont il faisait preuve à l’égard de tous.
Puis sa bonté.
Puis sa simplicité.
Puis cette humilité qui faisait partie de son talent, en intensité, en force et en fragilité.
Il y a encore, l’absence de renoncement, ou de désengagement, dans une vie qu’il a voulu mener en solitaire pour mieux être solidaire.
Ce qui nous reste, c’est cette célébration constante de sa terre, de son pays et de son peuple. C’est son inclinaison naturelle à associer aux rythmiques de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane, les mélodies et harmonies de toute la Caraïbe et des autres faces du monde ; comme si, dessus la base féconde de la polyrythmie du zouk, pouvait se capter et se vivre au mieux ce que nous sommes : des identités enracinées mais ouvertes, opaques mais tellement claires d’amour, de danse, d’amitié, de la joie et de la douleur du vivre…
Ce qui nous reste, c’est cette langue créole menée vers les intensités de la douceur la plus extrême, exaltée dans les célébrations du sentiment, forcée d’accorder son éclat aux labyrinthes des vieux lenbé.

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Condorcet,  » Réflexions sur l’esclavage des Nègres « .

Un admirable  » éclat de conscience  »

Ecrit en 1781 pour dénoncer une pratique qui ne sera définitivement abolie par la France qu’en 1848, ce texte témoigne, selon l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau, de la clairvoyance du philosophe, qui sut s’affranchir des structures de l’imaginaire dominant

Dans quelles circonstances avez-vous découvert ce texte ?

C’est une découverte un peu neutralisée, comme le système scolaire sait en produire. Un extrait quelconque dans un cours d’histoire ou de philo, je ne sais plus très bien. Mais, en ce temps, je n’avais pas de problématique particulière. L’humanisme des Lumières, pour moi, restait quelque chose d’un peu désincarné, en tout cas pas directement fonctionnel. Plus tard, les livres se sont réveillés, et je n’arrête pas de m’émerveiller de la clairvoyance de ces esprits magnifiques. Malgré des aveuglements liés à leur époque, ils sont étonnants de lucidité et surtout de générosité. Et puis cette capacité à sortir de soi, de sa quiétude et de sa prééminence, pour s’ouvrir à une altérité, lointaine, invisible, incompréhensible ou méprisable… C’est mon angoisse quotidienne que de me demander sur quoi je suis aveugle, quel est le grand crime actuel que je ne dénonce pas, dont je m’accommode…

Le texte de Condorcet arrive près d’un siècle après l’édiction du Code noir, qui ravalait des hommes au rang de  » biens meubles « .

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« L’intraitable beauté du monde » par Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant

Toute l’œuvre d’Édouard Glissant a appelé de ses vœux un événement comme celui qui vient de se produire aux Etats-Unis : Barack Obama est l’incarnation de ce qu’il nomme depuis trente ans la « créolisation » du monde.

Son élection est un fait sur lequel on ne peut désormais plus revenir. Qu’est-ce que Barack Obama fera de cette victoire ? C’est aujourd’hui impossible à dire.

Dans cette lettre ouverte écrite un an après Quand les murs tombent, Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau s’adressent au 44e président des États-Unis, premier Africain-américain à accéder à la Maison Blanche, et appellent à une réflexion entre poétique et politique sur ce que pourrait être demain l’action d’Obama, président de la première puissance mondiale.

 

En voici un extrait :

 

 

“C’est une rumeur de plusieurs siècles. Et c’est le chant des plaines de l’océan.

 

Les coquillages sonores se frottent aux crânes, aux os et aux boulets verdis, au fond de l’Atlantique. Il y a dans ces abysses des cimetières de bateaux négriers, beaucoup de leurs marins. Les rapacités, les frontières violées, les drapeaux, relevés et tombés, du monde occidental.

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Césaire ? Ma liberté

 — par Patrick Chamoiseau—


Prix Goncourt 1992 pour son roman «Texaco», c’est un autre grand écrivain martiniquais qui dit ici sa dette à l’égard de l’immense poète disparu le 17 avril

 aime_cesaire-9_300«Et puis ces détonations de bambous annonçant sans répit une nouvelle dont on ne saisit rien sur le coup sinon le coup au coeur que je ne connais que trop.»
Lorsque celui qui s’en va est une magnificence, ce n’est pas un abîme qui se creuse mais un sommet qui se dévoile. Confrontée à certaines existences, la mort n’est qu’un révélateur, et c’est sa seule victoire. Le silence de Césaire s’est soudain rempli du verbe de Césaire, de ses armes miraculeuses, de ses combats, de ses lucidités et de ses clairvoyances. De son amertume aussi. «Regarde basilic, le briseur de regard aujourd’hui te regarde.»
La mort n’est ici qu’une paupière brutale, écarquillée sur une splendeur qui ne frémit même pas. Soudain total, un monde se dégage des cécités du petit ordinaire de la vie. La mort n’est pas la seule à se voir désemparée en face d’une telle présence que l’absence renforce.

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« Un dimanche au cachot », de Patrick Chamoiseau

Une lecture possible : un roman initiatique

— Par Michel Pennetier —

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Dans le dernier roman de l’auteur martiniquais, le lecteur intervient parfois dans l’œuvre en cours d’écriture, de manière bien intempestive, critiquant tel choix, en proposant un autre, bref agaçant l’auteur. Désormais, le roman est écrit et publié, et le lecteur reprend tous ses droits d’interprétation au risque d’ajouter à l’œuvre des sens qui n’avaient pas été pensés par l’auteur ou dont il n’était pas conscient. Mais c’est son droit et le pouvoir que le lecteur s’arroge de créer ainsi à partir de sa lecture est en fait un hommage qu’il rend à l’auteur dont l’œuvre par sa richesse et sa complexité est capable de donner naissance à une créativité nouvelle, se démultipliant ainsi à chaque lecture. La mienne se voudrait fraternelle et j’espère qu’elle aura l’heur de plaire à l’auteur.
Deux récits alternent, se chevauchent, s’interpénètrent ; deux temps, celui du présent et celui du passé de l’esclavage entrent en relation, deux jeunes filles dominent le roman, celle d’aujourd’hui, une jeune délinquante recueillie dans un centre de rééducation nommé «  la Sainte Famille », celle du passé, une jeune chabine, esclave sur l’Habitation où un siècle plus tard sera installé le centre.

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Un dimanche au cachot, de Patrice Chamoiseau

Le marqueur de paroles et ses maîtres

— Par Guillaume PIGEARD de GURBERT —

Deux remarques préalables : d’abord, Un dimanche au cachot, je vais y revenir, ne se donne pas au lecteur comme un objet interrogeable de haut ni de loin depuis un observatoire critique, mais place bien plutôt d’emblée le lecteur lui-même au cœur même du livre en en faisant un simple personnage. En sorte que Chamoiseau frappe par avance, sinon d’impossible, du moins de ridicule toute lecture critique de son roman, lequel n’a pas de mots assez durs contre les « verbiages du lecteur. » Ensuite, une œuvre vit d’une infinité de lectures, non seulement de la multiplicité de lecteurs qui s’y exposent, mais de la multiplicité de lectures dont est capable un même lecteur à différents moments de son existence. Si bien que mon ambition sera ici de n’être pas tant Le lecteur d’Un dimanche au cachot qu’un simple patient de cette œuvre parmi une infinité d’autres possibles.

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« La Martinique vue du ciel » de Patrick Chamoiseau et Anne Chopin

— Par Roland Sabra —

Trésors cachés et patrimoine naturel de

C’était il y a vingt ans de cela Yann Arthus-Bertrand publiait son premier album de vues du ciel. C’était Venise en l’occurrence. Depuis le genre a fait florès et le livre le plus connu, le plus vendu est sans doute l’album publié en 2002, ré-édité plusieurs fois depuis et qui portait comme nom « La terre vue du ciel ». Trois millions d’exemplaires plus tard et en 24 langues s’il vous plaît, le concept a fait son chemin. Le célèbre photographe, journaliste, reporter, homme d’affaire et militant écologiste a en effet multiplié les publications. Pas sûr que la Martinique ait été à l’honneur. Peu importe, la chose a été faite puisque HC Editions édite ces jours-ci « Une Martinique vue du ciel », très précisément les « Trésors cachés et patrimoine naturel de la Martinique vue du ciel ». Les photos sont prises par Anne Chopin qui « shoote » son pays d’adoption depuis quinze ans et les commentaires, excusez du peu, sont de Patrick Chamoiseau.

Revenons un instant sur cette idée enrichissante, c’est un euphémisme, de prendre des photos en sur-plomb, dans la position dominante de la plongée, de la domination, de la verticalité, dans un éloignement, une mise à distance de ce que l’on photographie.

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De loin. Par Édouard GLISSANT et Patrick CHAMOISEAU

Lettre ouverte au Ministre de l’Intérieur de la République Française,
à l’occasion de sa visite en Martinique.


M. le Ministre de l’Intérieur,

La Martinique est une vieille terre d’esclavage, de colonisation, et de néo-colonisation. Mais cette interminable douleur est un maître précieux : elle nous a enseigné l’échange et le partage. Les situations déshumanisantes ont ceci de précieux qu’elles préservent, au cœur des dominés, la palpitation d’où monte toujours une exigence de dignité. Notre terre en est des plus avides.
Il n’est pas concevable qu’une Nation se renferme aujourd’hui dans des étroitesses identitaires telles que cette Nation en soit amenée à ignorer ce qui fait la communauté actuelle du monde : la volonté sereine de partager les vérités de tout passé commun et la détermination à partager aussi les responsabilités à venir. La grandeur d’une Nation ne tient pas à sa puissance, économique ou militaire (qui ne peut être qu’un des garants de sa liberté), mais à sa capacité d’estimer la marche du monde, de se porter aux points où les idées de générosité et de solidarité sont menacées ou faiblissent, de ménager toujours, à court et à long terme, un avenir vraiment commun à tous les peuples, puissants ou non.

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Fonctions et enjeux de la parole dans Texaco (Patrick Chamoiseau)

 

— Par Luce Czyba —

 

Résumé

 

C’est de mémoire collective et d’affirmation, par l’écriture littéraire, d’une créolité qui n’est pas que langage mais promeut une esthétique, que procède le projet de Texaco. La présentation par L. Czyba du roman et de la perspective dans laquelle il s’inscrit privilégie la dialectique de l’écriture et de la parole. Le « marqueur de paroles », relais et témoin de la narratrice principale qui le nomme « oiseau de Cham », accomplit en quelque sorte le rêve d’« oraliture » de son auteur Chamoiseau.

 

Texte intégral

 

Dans l’Éloge de la créolité1, Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant se proclament créoles, ce qui, pour eux, ne signifie pas seulement être né et avoir été élevé aux Amériques, sans en être originaire comme les Amérindiens, mais surtout être « en quête », et souvent de façon douloureuse, « d’une pensée plus fertile, d’une expression plus juste et d’une esthétique plus vraie ». Ils refusent en effet de continuer à voir le monde à travers le filtre des valeurs occidentales, à se percevoir eux-mêmes « exotisés » par la vision française qu’ils ont dû adopter, autrement dit à se regarder eux-mêmes avec le regard de l’Autre.

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