Catégorie : Aimé Césaire

Les Écrits politiques de Césaire

Par Michel Herland –

Césaire1René Hénane dont on connaît les brillantes interprétations de la poésie de Césaire et de ses secrets (1), propose, en cette année du centenaire, une édition des Discours à l’Assemblée nationale du député de Fort-de-France (2). Ce volume constitue le premier d’une série consacrée aux Écrits politiques de Césaire, publiée chez Jean-Michel Place. Les césairophiles et césairologues gardent dans leur cœur une place particulière à cet éditeur auquel ils sont déjà redevables de deux instruments de travail extraordinairement précieux : le Glossaire césairien du même René Hénane (3) et la réédition en un volume des numéros de la revue Tropiques (4).

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Isabelle Fruleux enchante le verbe césairien

— Par M’A —

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— Photos Philippe Bourgade – Droits réservés—

Si le poème ne livre son âme qu’avec la voix qui le touche, Isabelle Fruleux en est l’incarnation. Samedi 23 novembre dans les ruines du théâtre de Saint-Pierre accompagnée, soutenue par la musique du pianiste Alain Jean-Marie, elle nous a fait entendre, entre souffle et murmure,  des extraits de poèmes d’Aimé Césaire avec une sensualité rarement mise en valeur dans les récitations habituelles. Le guerrier Césaire s’effaçait devant l’aimée, femme, territoire, pays, réels ou imaginés prosaïques ou sublimés mais toujours magnifiés par l’incandescence du verbe. Isabelle Fruleux s’est glissée, coulée dans le Verbe césairien, en en parant ses bras, son corps, son visage et sa voix, en s’en emparant sans jamais oublier d’en faire une offrande, sans jamais oublier, avec grâce et élégance, de le servir.

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Camus/Césaire : le centenaire. [Colloque international]

13,14,15 novembre 2013  ATRIUM Salle Frantz Fanon  Fort-de-France, Martinique

camus_cesaireCe colloque international qui se tient à Fort-de-France du 13 au 15 novembre 2013, à l’instigation de l’Association mélanges Caraïbes, a pour objet une approche comparatiste de la notion de révolte chez Albert Camus et Aimé Césaire, ces deux grandes figures des lettres françaises du XXe siècle.
[ArgumentAire ]
“Qu’est-ce qu’un homme révolté ?” Pour Albert Camus : “Un homme qui dit non. Mais s’il refuse, il ne renonce pas : c’est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement. Un esclave qui a reçu des ordres toute sa vie, juge sou­dain inacceptable un nouveau commandement.” Pour Aimé Césaire, le Nègre fondamental, la révolte porte un nom : La négritude. “La Négritude résulte d’une attitude active et offensive de l’esprit. Elle est sursaut, et sursaut de dignité. Elle est refus, je veux dire refus de l’oppression. Elle est combat, c’est-à-dire, combat contre l’inégalité. Elle est (…) révolte contre (…) le réductionnisme européen.” Chez l’un comme chez l’autre, la révolte est donc un thème central ; elle est toute lucidité, toute exigence, elle doit être maintenue contre ce monde déraisonnable et la condition qui est faite à l’homme.

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Exposition Espace Aimé Césaire : l’insulte faite au poète

— Par  Jean-Luc de Laguarique – Photographe —
espace_aime-cesaire_lamenti En 2013, un nombre important de manifestations célébrant le centenaire du grand poète disparu ont eu lieu à la Martinique. Il serait vain d’en faire ici un inventaire exhaustif : ont-elles toutes été à la mesure de la pertinence de l’homme et de son legs littéraire ? On peut en discuter, tant celui-ci est novateur, immense, inégalé. Toutefois, si ne serait-ce que quelques unes d’entre elles ont pu donner au public envie de le lire, de le (re)découvrir, ou de simplement suggérer des pistes pour aborder une œuvre aussi complexe, elles auront — du moins en partie — atteint leur objectif et l’on tendrait alors à s’en satisfaire.

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Concours « Pas à pas avec Aimé Césaire »

pas_a_pas_acec_cesaire-1Voici les questions, le règlement et le bulletin de participation du jeu concours « Pas à pas avec Aimé Césaire », organisé par la Bibliothèque départementale de Prêt, service culturel du Conseil général de la Martinique.

  Ce jeu-concours est organisé dans le cadre des célébrations par le Conseil général du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire.

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A propos du traitement réservé à Derek Walcott lors du colloque Aimé Césaire

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Hanétha Vété-Congolo
à
Monsieur Paul-Christian Lapoussinière
Président du Centre Césairien d’Etudes et de Recherches
Ducos, 97 224

Objet : Objection ferme au traitement pauvre réservé à Derek Walcott lors du colloque Aimé Césaire :
Œuvre et héritage, du 24 au 28 juin 2013

Monsieur,

Nous vous avons déjà adressé à l’écrit – donc pour marquer l’importance que nous accordons au geste et au sentiment – nos remerciements sincères concernant la tenue du colloque hommage à Aimé Césaire, Aimé Césaire : Œuvre et Héritage, s’étant déroulé à la Martinique du 24 au 28 juin 2013.

 

Il fallait qu’un tel colloque ait lieu pour la crédibilité et la cohérence intellectuelles et éthiques de la Martinique. La portée, politique, intellectuelle et philosophique de la poésie et des idées d’Aimé Césaire, étant implacablement indéniable et haute, ne pas célébrer le Poète scientifiquement, à la Martinique, en ce moment symbolique et signifiant de son centenaire, nous aurait sans aucun doute présenté, nous, Martiniquais, dans le royaume intellectuel et universitaire mondial, comme d’indignes, d’ingrats et d’exhilarants petits djendjen, vraiment, vraiment trop petits pour ce bien grand Père intellectuel.

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Toi Aimé Césaire

— Par Ozoua SOYINKA
Oui, en ce jour est né une étoile qui a traversé le monde et l’a marqué de son empreinte. Cet homme, Aimé  Césaire était un envoyé qui a été  très peu compris de ses contemporains.
 
 
TOI AIME CESAIRE
 
 
Toi Aimé Césaire
Chantre de la Négritude
Chantre de la liberté
Je t’adresse mes remerciements
Pour l’œuvre immense que tu as léguée
A la Martinique, à la Caraïbe, à l’Afrique
Et à l’humanité toute entière.
Je t’adresse mes remerciements
Pour avoir contribué
A redonner aux Nègres leur dignité perdue
Et dont l’honneur a été bafoué
Relégué au rang de bête, de meuble.
Césaire, ô toi Aimé Césaire
Toi le combattant
Toi le résistant
Toi digne fils de nos ancêtres.
 
GRAND PARMI LES GRANDS
 
Comment pourrais-je te laisser
Voguer à travers mers et cieux
Sans te donner ne serait-ce
Qu’une parcelle de reconnaissance
Pour tes gouttes d’eau jetées
Ça et là dans l’océan
 
Tes œuvres poétiques et politiques
Sont les armes employées
Pour redonner la dignité
A la négraille jetée pêle-mêle
Dans les cales de bateaux négriers
 
Tu lui intimes de se relever
Si elle ne veut vivre à tout jamais dans les fers
Tu lui intimes de se mettre debout
Afin de participer au concert des nations
 
Tu lui dis que l’esclavage
N’était qu’une parenthèse de son Histoire
Qu’elle doit se réapproprier les valeurs
Enfouies au plus profond de son être
 
Oui toi !

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Entretien avec Aimé césaire. Octobre 1967

 Le Monde n° 7071, samedi 7 octobre 1967, page 13.

aime_cesaire-7Pour l’ouverture de sa saison 1967-1968, le Théâtre de l’Est parisien accueille, en l’absence de la Guilde, en tournée aux États-Unis, la compagnie Serreau-Périnetti, qui crée la dernière œuvre du poète antillais Aimé Césaire, Une saison au Congo. Consacrée au destin tragique de Patrice Lumumba, cette pièce, qui était parue l’an dernier aux éditions du Seuil, a été considérablement remaniée par l’auteur1.

On retrouvera dans cette nouvelle mise en scène de Jean-Marie Serreau quelques uns des comédiens de La tragédie du roi Christophe, donnée par un nombre limité de représentations à l’Odéon en 1965. Douta Seck sera le peuple, représenté par un joueur de sanza ; Yvan Labejof, Mobutu ; Lydia Ewandé, Pauline Lumumba ; Jean-Marie Serreau, Dag Hammarskjœld ; Bachir Touré, Lumumba. Trente représentations d’Une saison au Congo sont prévues, jusqu’au 12 novembre.

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Entretien avec Aimé Césaire. Octobre 1961

Afrique (Paris, 1961), numéro 5, octobre 1961, pp. 64-67,

ISSN : 0568-174X

Cote Bibliothèque Nationale de France : FOL-JO-11121





cesaire-12Un noir prix Nobel ? Le journal suédois « Stockholmstridshingen » proposait voici quel-ques jours la candidature, M. Aimé Césaire, poète et député de la Martinique. L’anecdote serait de peu d’importance si elle ne révélait l’extraordinaire essor pris ces dernières années par la littérature noire d’expression française.

Aimé Césaire est, avec Léopold Sédar Senghor, le représentant le plus illustre de cette littérature et son œuvre, pour difficile qu’elle soit parfois, est déjà largement diffusée dans le grand public. Mais qui est-il ?

Né en 1913 à Basse-Pointe, Martinique, Aimé Césaire a vécu dans son île là vie de tous les petits Martiniquais. Dès les bancs du lycée, il écrit des vers, maladroitement, il « taquine la Muse, comme tout le monde », peu satisfait d’ailleurs des résultats. « Mais, dit-il, lais-sons mon enfance, elle n’a pas eu d’importance pour moi. Tout a vraiment commencé lorsque j’ai décidé de faire l’agrégation de lettres à Paris. Alors que la pensée de l’exil attristait la plupart de mes camarades de classe, elle me réjouissait : Paris, c’était une pro-messe d’épanouissement ; en effet, je n’étais pas à mon aise dans le monde antillais, monde de l’insaveur, de l’inauthentique.

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Les rentiers de Césaire sont des «césairophages»

cesaire-10HOMMAGE À AIMÉ CÉSAIRE AU PARLEMENT

Texte de l’intervention du député MIM Jean-Philippe Nilor

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, je tiens à dire d’emblée que je m’associe pleinement à l’idée de rendre hommage à Aimé Césaire pour son parcours, ses écrits et son combat politique, mené en particulier pendant quarante-sept ans sur les bancs de l’Assemblée nationale par des interventions magistrales qui ont marqué les mémoires et les consciences, dont la mienne. Là-dessus, il n’y a aucune ambiguïté. Néanmoins, il y a de quoi s’étonner du choix stratégique consistant à faire voter à l’Assemblée nationale une proposition de résolution d’hommage en vertu de l’article 34-1 de la Constitution pour émettre un avis sur l’hommage à Aimé Césaire. Très clairement, je considère qu’on ne vote pas un hommage, on le rend ou on ne le rend pas. J’irai même jusqu’à dire que Césaire, de son vivant, n’a jamais demandé ni attendu les hommages. Mais quitte à lui rendre hommage, ce à quoi j’adhère puissamment, la moindre des choses est de respecter sa pensée en cette circonstance historique.

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Crépuscule de la Négritude

— Par Selim Lander * —

 » Fortress of Negritude 2  » acrylics and watercolors on canvas 48″ x 48  » 2001

Texte publié initialement le 07/06/2006

« Ainsi la Négritude est pour se détruire, elle est passage et non aboutissement, moyen et non fin dernière…  » Jean-Paul Sartre

Il ne s’ agissait pas de métaphysique, mais d’ une vie à vivre, d’ un péril à courir, d’ une éthique à fonder et de communautés à sauver. A cette question, nous tâchâmes, vous et moi, de répondre… Et ce fut la Négritude…

Aimé Césaire, discours d’ accueil de Léopold César Senghor en Martinique, 1976.

L’ histoire de l’ invention de la Négritude a été plusieurs fois contée. La rencontre à Paris, au tournant des années trente de trois étudiants, l’ Africain, Léopold Sédar Senghor, le Martiniquais, Aimé Césaire et le Guyanais, Léon-Gontran Damas. Trois jeunes gens déracinés, trois poètes aussi pour lesquels l’ expression de le pensée politique passe d’ abord ou en tout cas tout autant dans l’ acte sacré de l’ écriture que dans les discours de tribuns. Le terme « Négritude » fut forgé par Césaire, d’ abord dans un article de la revue parisienne L’ Etudiant noir, puis dans le Cahier du retour au pays natal (1ère éd.

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« Nègre je suis, nègre je resterai »

 — par Aimé Césaire —

 cesaire-10Lycéen.

 Je trouvais les hommes martiniquais légers, superficiels, un peu snobs, porteurs de tous les préjugés qu’avaient les hommes de couleur autrefois. Tout cela ne me plaisait pas du tout, et je dois dire que je suis parti pour la France avec délectation. En mon for intérieur, je me disais: «Ils me foutront la paix. Là-bas, je serai libre, je lirai ce que je voudrai.» Me rendre en France avant-guerre était pour moi la promesse d’une libération, une possibilité, un espoir d’épanouissement. Autrement dit, contrairement à beaucoup de camarades de ma génération, j’avais constamment le sentiment que je vivais dans un monde fermé, étroit, un monde colonial. C’était mon sentiment premier. Je n’aimais pas cette Martinique. Et quand j’ai pu partir, ce fut avec plaisir. «Adieu!», pensais-je.

 

Senghor.

 Au lycée Louis-le-Grand, Senghor et moi, nous discutions éperdument de l’Afrique, des Antilles, du colonialisme, des civilisations. Il adorait parler des civilisations latine et grecque. Il était fort bon helléniste. Autrement dit, on s’est formé ensemble, au fur à mesure, jusqu’au jour où nous nous sommes posé une première question essentielle: «Qui suis-je?

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Centenaire Aimé Césaire

francophonieESPACE FRANCOPHONE
le magazine télévisé de la francophonie
MERCREDI 26 JUIN 2013 SUR FRANCE 3

Aimé Césaire
Sur les pas du fils d’un pays natal …

De la ville du Havre où il a débarqué à l’âge de dix-huit ans jusqu’à son île de la Martinique, Mona Makki a recueilli les témoignages de nombreuses personnalités comme les écrivains Alain Mabanckou et Lyonel Trouillot, Raymond Saint-Louis-Augustin son successeur à la mairie de Fort de France, le footballeur international, champion du monde, Lilian Thuram…

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Semaine Commémorative de la naissance d’Aimé Césaire de la Ville de Basse-Pointe

Exposition d’art plastique, rallye littéraire, randonnée, concert, ballet : du 25 au 29 juin 2013

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LES JEUNES ANNEES DE CESAIRE
Aimé Césaire faisait partie d’une famille de sept enfants. Son père, Fernand CESAIRE, était administrateur d’une habitation de Basse-Pointe, puis après un concours fut nommé au bureau des impôts comme contrôleur des contributions; sa mère, Éléonore Hermine, était couturière. Son grand-père paternel, Fernand Césaire, après des études à l’école normale supérieure de Saint-Cloud, fut professeur de lettres au lycée de Saint-Pierre et le premier instituteur noir en Martinique et sa grandmère, contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et écrire, aptitudes qu’elle enseigna très tôt à ses petits-enfants.

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Le Césaire bus à Case-Pilote

— Par Xavier Chevalier —

 

Le jeudi 25 avril, la ville de Case-Pilote et le Conseil général de la Martinique organisaient une manifestation de sensibilisation à la connaissance de la vie et de l’œuvre d’Aimé Césaire, dans le cadre des commémorations des cent ans de sa naissance, célébration à la fois internationale, nationale et locale.

En cette année Césaire, la bibliothèque municipale de Case-Pilote et la Bibliothèque départementale de Prêt (BDP), service culturel du Conseil général, ont ainsi mis en place une série d’actions à destination d’élèves de l’école de Case-Pilote mais aussi des habitants de la commune : dans le bourg à l’extérieur et à l’intérieur de la bibliothèque municipale, la rue était réaménagée pour la circonstance :

– chapiteau avec des tables sur lesquelles étaient disposés des ouvrages de et sur le chantre de la négritude

–  visite du bibliobus spécialement décoré pour l’occasion et transformé en « Césaire bus »

– expositions de peintures du plasticien canadien Timothy Ferguson rendant hommage à Aimé Césaire

– découverte de deux expositions acquises et prêtées par la BDP : « Aimé Césaire » datant de 1993 et « Aimé Césaire, l’histoire retrouvée » réalisée en 2012

– projection d’un diaporama retraçant le parcours et l’œuvre de l’écrivain martiniquais

– animation autour d’Aimé Césaire assurée par le conteur Dédé Duguet

Plus de soixante élèves et les habitants de Case-Pilote ont ainsi pu bénéficier de cette action culturelle qui a mis à la portée de tous une œuvre majeure.

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Aimé Césaire à la Gare Saint-Lazare

 

Par Raymond Destin, membre de l’association des Amis d’Aimé Césaire d’Ile de France —

 

C’est un vendredi, le 9 octobre 1931 que Aimé Césaire débarque du train venant du Havre. Il revient d’une traversée maritime à bord du bateau « le Pérou », qui a commencé en Martinique, 15 jours plus tôt, le 24 septembre, pour rejoindre Paris où il est inscrit au Lycée Louis Le-Grand.

A la cinéaste Euzhan Palcy, il confia plusieurs années plus tard, que ce fut à la Gare St Lazare qu’il vécut son premier contact avec les Français. Mais au lieu d’y trouver des blancs, il découvre avec étonnement l’importance de la communauté antillaise. « De foule, dit-il, il n’y avait que nos compatriotes, tous venaient accueillir ceux qui arrivaient et que le train amenait à la Gare Saint-Lazare(…) ; la gare était un point de ralliement extraordinaire et on rencontrait là des gens qu’on n’avait pas vu depuis vingt ans, depuis trente ans… »

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Le retour du « Cahier… » à la Fondation Clément : intense émotion par la grâce de Jacques Martial

—Par Roland Sabra —

Depuis 10 ans sa lecture du « Cahier d’un retour au pays natal » tourne autour du monde, Australie, Guadeloupe, Singapour, Fidji, Nouvelle Calédonie, New-York, Martinique, Paris, etc. avec aussi des retours, obligés, au pays natal de l’auteur. C’était le cas samedi soir à la Fondation Clément, en plein air. Moment inoubliable : les fils, au propre et au figuré, de Césaire, hallucinés et émus jusqu’aux larmes, et c’étaient de vraies larmes miraculeuses, ont vu de leurs yeux vu sur scène le Père de la nation martiniquaise. Alors que rien dans la corpulence de Jacques Martial ne renvoie à la frêle silhouette du poète, Césaire était là vivant parmi les siens. C’était Lui au premier jet du texte. Telle est la performance fabuleuse de Jacques Martial dans la nuit lumineuse d’un moment partagé.

Le spectacle avait commencé avec cinquante minutes de retard juste après l’arrivée de Catherine Conconne. Mais elle n’y était pour rien. On attendait l’avion de 19 h 15 qui avait du retard. La Fondation Clément se situe dans l’axe de la piste de l’aéroport.

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Passage au pays du Cahier d’Aimé Césaire

— Par Jean-José Alpha —

 

« Le Cahier du retour au pays natal » d’Aimé Césaire paru en 1939, alors que l’auteur âgé de 26 ans, est en plein questionnement identitaire face au racisme européen et états-unien autant que la misère qui sévit dans son pays de Martinique, a été présenté aux Martiniquais hier soir , le 17 mars 2013, par Jacques Martial, à l’habitation Clément dans le cadre de l’année du Centenaire du poète et homme politique considéré comme l’une des plus consciences du 20ème siècle.

 

L’arrivée de l’errant, personnage nomade porteur à bout de bras de la misère humaine, dans le lointain, au milieu du champ de canne prolongé par l’espace scénique, est saisissante ; elle place d’entrée les invités de Bernard Hayot, président de la Fondation Clément, dans un univers dérangeant que l’acteur metteur en scène utilise intelligemment.  Économie de gestes et de déplacements dans cet espace malheureusement placé en haut d’une colline donc ouvert à tout vent, qui, étrangement, s’est calmé au fur et à mesure de l’évolution du spectacle. Diction exemplaire et sonorisation adaptée aux exigences du lieu, en plus dans le registre de la tragédie lyrique, Jacques Martial donne à entendre surtout, la colère de Césaire face à l’oppression, au désespoir, aux frustrations et aux angoisses qui le submergent.

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Aimé Césaire Liturgie et poésie charnelle par A Lucrece

 

La LIBRAIRIE ALEXANDRE a le plaisir de vous convier à rencontrer André LUCRÈCE autour de son dernier ouvrage :

« AIMÉ CÉSAIRE Liturgie et poésie charnelle » L’Harmattan

Samedi 02 Mars 2013 de 10h00 à 12h30

29 Rue de la République – 97200 Fort de France

Pour André Lucrèce, la poétique de Césaire est liturgie et poésie charnelle car, aux sacralités classiques, le poète oppose la sienne faite d’une approche païenne et féconde, qui porte en sa conscience non seulement l’expérience personnelle, intime, du poète, mais également l’histoire.

Là où on aurait pu croire le nègre placé sous la tutelle d’une névrose au sortir de l’esclavage, là où certains esprits attardés et corrompus le perçoivent aujourd’hui encore comme un handicapé psychique en attente d’une résilience, la réalité, au contraire, a aimanté son espérance et son intelligence. Césaire nous le décrit alors au bailliage de la responsabilité : debout à la barre, à la boussole, à la table à carte, debout et libre, triomphant sous les étoiles. Cette liaison stellaire, le poète nous l’offre comme le dernier stade qui décide du destin, celui de la solennité de l’homme.

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Anthlogie Internationale Aimé Césaire en 100 mots. Beautés et splendeurs de la nature

 

Le centenaire de naissance d’Aimé Césaire (26 juin 1913-26 juin 2013), est l’occasion de découvrir sa littérature. Aimé Césaire nous invite et nous incite à aller jusqu’au bout de nous-mêmes pour découvrir les secrets cachés de sa poésie. Cet amoureux de la nature, qu’il connaissait et respectait, puisait en elle force et inspiration.

J’ai puisé 100 mots dans ses différents ouvrages, depuis le « Cahier d’un retour au pays natal », Éditions Présence africaine (1939), jusqu’à son dernier, « Nègre je suis, nègre je resterai, Entretiens avec Françoise Vergès, Albin Michel (2005), nous montrant l’omniprésence de la nature. Bien que la plupart des mots soient écrits au pluriel, j’ai pris la liberté de me les approprier en les mettant au singulier.

Ces 100 mots correspondent à 100 bougies, et 10 mots réunis à 10 thèmes de la nature.

Aussi, je vous invite à faire tout comme je l’ai fait, corps et connaissance avec les mots qui lui étaient devenues familiers, et composer un poème, un haïku, un tanka, une citation, une histoire, ou une nouvelle de votre choix. Les peintres et les photographes sont également sollicités pour  apporter leur pierre à l’illustration de cet ouvrage.

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Fanon, mauvaise conscience des Antilles

Par Michel Herland. À propos de Frantz Fanon et les Antilles, un livre d’André Lucrèce.

Publié en 2011 pour marquer le cinquantenaire de la mort de Frantz Fanon (né en 1925, décédé prématurément en1961), ce livre petit par ses dimensions mais bel objet (par son papier, sa typographie, sa couverture à rabats), et bien écrit, a surtout le mérite de poser quelques bonnes questions (1). La préface annonce la couleur : « En quoi la mise à l’écart de la pensée fanonienne et la promotion du discours-monde constituent-elles une possibilité offerte à l’homme antillais de prendre la mesure du monde et de se défaire des formes d’aliénation moderne ? » (p. 19).

Le premier chapitre du livre rappelle opportunément combien chez Fanon la théorie était inséparable de l’action. Quand il s’intéressait aux névroses de l’homme noir ou du combattant algérien, il savait exactement de quoi il parlait pour avoir reçus ces hommes en tant que patients, pour les avoir soignés. Et de même sa connaissance de la révolution algérienne était-elle directe, intime puisqu’il en était lui-même l’un des acteurs. Intellectuel atypique à cet égard, chez Fanon l’engagement ne se limitait pas à la publication d’écrits non-conformistes ou à l’addition de sa signature au bas d’un manifeste.

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Aimé Césaire Précurseur d’une métamorphose. Tracé d’une aliénation par Rodolf Etienne

 

Aimé Césaire

 

Précurseur d’une métamorphose
Tracé d’une aliénation

 

 par Rodolf Etienne

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 I. Tracé d’une aliénation

 Eléments de définition

 

Puisqu’il en faut une pour ouvrir le débat, considérons la définition suivante du terme créole, tirée du dictionnaire Larousse,

 

n. et adj. d’abord attesté sous les formes hispanisantes crollo (1598), criollo (1643), puis francisé en créole, en 1670. Il est emprunté à l’espagnol criollo (1590), lui-même emprunté au portugais crioulo, seulement attesté en 1632 au sens de « métis noir né au Brésil ». Ce mot est dérivé, avec un suffixe mal éclairci, de cria, dérivé régressif de criar « élever » (espagnol criar), issu du latin creare, signifiant « créer ».

 (…)

L’expression  langue créole, attestée en 1688 et reprise au XIXème siècle, est probablement un emprunt direct au portugais, à en juger par la localisation de la première attestation relative au créole portugais parlé au Sénégal1. Et jusqu’à la fin du XIXème siècle, les créoles étaient considérées comme une simple altération du français, de l’anglais, du néerlandais, du portugais ou de l’espagnol.

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Aimé Césaire et les  » vieilles colonies » : une politique ambiguë

par Thierry Michalon

L’œuvre politique du député Aimé Césaire restera pour la postérité marquée par le rôle-clé qui fut le sien dans la transformation, par la loi du 19 mars 1946, des « vieilles colonies » en départements. Rapporteur de la proposition de loi, il plaida avec vigueur pour que la République prenne acte de l’assimilation culturelle de ces populations à la Nation française, qu’il présentait comme réalisée, et leur étende désormais ses lois, non applicables aux colonies. Mais il ne tarda pas à découvrir et à déplorer les effets de l’application des lois sur la culture de ces peuples, et à regretter cette départementalisation – comme s’il avait pris conscience trop tard de l’impact socio-culturel du droit – au profit d’une vigoureuse revendication d’autonomie…qu’il mit en veilleuse au lendemain de la victoire de la gauche aux élections de 1981.

L’expansion coloniale française se fit, on le sait, en deux phases historiques distinctes, au XVIIème puis au XIXème siècle. Lorsque s’amorça la seconde de ces phases, seuls ne subsistaient sous souveraineté française – le Canada, l’immense Louisiane, la partie ouest de Saint-Domingue (qui produisait à la veille de la Révolution les trois-quarts du sucre du monde et faisait la fortune des ports français) notamment, ayant du être abandonnés – que quelques-uns des territoires ayant constitué le premier empire colonial : la Martinique, la Guadeloupe et ses dépendances, la Guyane, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Réunion, Saint-Louis et Gorée au Sénégal, enfin les « comptoirs » de l’Inde.

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Un poète politique : Aimé Césaire

MAGAZINE LITTÉRAIRE n° 34. Mensuel. La littérature et la drogue. Novembre 1969. 59 p.



aime_cesaire-9_300Il est député de la Martinique depuis la Libération, il a été avec Senghor, reconnu comme le plus grand poète noir d’expression française. Comment s’accordent, en lui, la négritude, la poésie et la politique ?


Le Magasine Littéraire. — Quels ont été vos sentiments, quelle a été votre impression quand vous avez quitté la Martinique pour venir terminer, en tant que boursier, vos études à Paris ?

Aimé Césaire. — Je n’ai pas du tout quitté la Martinique avec regret, j’étais très content de partir. Incontestablement, c’était une joie de secouer la poussière de mes sandales sur cette île où j’avais l’impression d’étouffer. Je ne me plaisais pas dans cette société étroite, mesquine ; et, aller en France, c’était pour moi un acte de libération.

— Est-ce qu’alors vous vous sentiez colonisé ?

— C’était confus ; je ne savais pas grand chose de ça. Existentiellement, je me sentais mal à l’aise ; j’étouffais dans cette île, dans cette société qui ne m’apportait rien et dont, très tôt, j’ai mesuré le vide.

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Bien d’autres soufrières

— Par Alain Foix —

aime_cesaire-9_300Un homme, un homme seul, un athlète. Silence. Il avance. Une présence, une puissance. Il fait front. Seul. Il affronte ce silence qu’il impose. Il s’amasse et les planches sous ses pieds se rassemblent et la scène d’Odéon est un surf et la salle une vague qui se cambre, se retient et son souffle arrêté et le temps sous le verbe s’épaissit. C’est Césaire qui chevauche Jacques Martial. C’est Martial qui subjugue l’Odéon. Déferlantes de mots, cataractes du verbe, c’est un fleuve qui déborde de son lit. C’est un Nil dont Césaire est la source. Bords et débords, sacs et ressacs, flux et reflux, des mots lumières, des mots cheval au galop. Bombardements. Et c’est Toussaint Louverture, et c’est le roi Christophe, et c’est Nelson Mandela et Martin Luther King et ce vieux noir râblé, ratatiné sur son siège d’autocar et plié sous le fouet d’un mépris millénaire et toute la négraille qui se dresse, nuée. Nuée ardente aux bouches noires des soufrières, et au cœur des montagnes des oubliés du monde, la forge d’Héphaïstos sous les mots de Césaire martèle la « lance de nuit » d’une belle poésie.

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