Catégorie : Littératures

« Lannwèl tala tjè noutout lajol ! » & « En nous cette colère »

 Par Yves Untel Pastel —

Lannwèl tala tjè noutout lajol !

Annou prédyé, manmay
Pou nou pé sa goumen
Goumen sé prédyé
Prédyé sé goumen

Mi an inosan ka domi lajòl !
Sé fwè nou, sé yich nou,
Sé san nou, sé defansè nou !
Ki mal i fè douvan létèwnèl ?
Lanmou sèlman épi sakrifis
Soufrans pèp nou i pran
Anlè zépol-li !
I obliyé lavi ki ta’i
Davwa sé ba pèp-la
Épi pèp, kon pèp-la
I chwézi lité !
Ki mal i fè douvan lajistis ? Ayen !

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Les enfants et les dérives

(aux enfants d’Haïti, de Palestine et à la mémoire d’Aylan le naufragé)

— Par Lenous Guillaume-Suprice —

Fais attention à l’amertume d’Océane
à ce barouf de feu
à ces vagues de détestation
dans son regard
contre toi dirigés.

Ta furie de tout projeter
même des enfants
contre des ruines devant elle
sur les plages du jour
la rend bien folle d’écumes.

Ça lui donne envie
à la vélocité d’un chant de cils
d’engloutir tous tes renégats
tes personnages de discordes et de ressacs
d’un même souffle de dissuasion.

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Lemistè 4 – Mise en confrontation de la parole poétique et de la parole prophétique du monothéisme hébraïque

— Par Eric Eliès —

Depuis 2012, le poète antillais Monchoachi élabore, avec le cycle Lemistè, une œuvre poétique polyphonique qui fait résonner dans la langue française, qu’il s’approprie, malaxe, détourne et subvertit, les singularités de la langue créole et d’une identité caraïbéenne complexe aux racines à la fois américaines, africaines et européennes… « Streitti » constitue le 4ème recueil du cycle Lemistè, initié en 2012 avec « Liber América » et poursuivi en 2015 avec « Partition noire et bleue » (recueil par lequel j’ai découvert Monchoachi et que j’ai présenté sur CL) et en 2021 avec « Fugue vs fug ». D’une très grande richesse sémantique, car puisant à toutes les langues de l’espace caraïbéen, la poésie de Monchoachi est exigeante et ardue, et chacun des recueils, tous remarquables par la complexité et la minutie de leur composition, où tout est soigneusement pensé et pesé sans pour autant freiner la spontanéité de parole, exige plusieurs relectures. Néanmoins, par rapport aux précédents recueils, « Streitti » semble étonnamment accessible pour un lecteur européen. La langue est fluide et coule presque de source, comme une eau au flot bien moins tumultueux que les remous de « Partition » et de « Fugue », qui pouvaient effrayer un lecteur non averti.

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Le « Document de cadrage sur la question constitutionnelle »…

… nouvelle tentative frauduleuse du PHTK néo-duvaliériste de démantibuler la Constitution haïtienne de 1987

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

En Haïti, le rituel apparemment erratique et déstructuré des tentatives de « réforme » constitutionnelle est devenu un sport à géométrie variable, une sorte de gaguère de haute fréquence où les paris sont lucratifs si l’on est du bon côté de l’Histoire… Ce festif rituel est financièrement rentable pour les politiciens de tout acabit comme pour les preux chevaliers, « experts » constitutionnalistes autoproclamés qui se bousculent d’une saison constitutionnelle à l’autre. Sous le ciel hâbleur d’Haïti, ce rituel est chronique, il a son clergé, ses réseaux, son catéchisme, ses projets pilotes et, surtout ses mentors empressés : quelques rares bailleurs de fonds de l’International dispensateurs discrets de « conseils avisés » et de généreuses enveloppes financières qui habituellement s’évaporent sans laisser de traces… Tous, ils entonnent en chœur le refrain élimé de la « réforme » constitutionnelle couplé à celui d’« élections »/seleksyon qui doivent être « libres et transparentes » car elles constituent, semble-t-il, la seule voie de la résolution des maux centenaires de la République d’Haïti…

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« À tous les enfants qui souffrent », Klang & « La cogida y la muerte », Lorca 

—Par Gary Klang —

Il y a la main tendue
Qui ne sait pas comment gagner le cœur
Il y a les yeux hagards
De l’enfant qui n’a jamais souri
Il y a tous ceux
Pour qui la terre est un grand astre mort

Il y a la haine et la misère
la geôle et la maison de boue
Il y a tous ceux qui ont
Et tous ceux qui n’ont pas

Il y a enfin
Dans la mer Caraïbe
Une île sans arbre
Qui se perd dans la mer

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 » La complainte du sapin de Noël » &  » La rumeur »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

La complainte du sapin de Noël

Dans la verdeur de ma jeunesse
on m’a coupé le pied sous l’herbe,
on m’a coupé de mes racines,
de ma vie j’ai perdu le fil
et puis de fil en aiguilles…
Je me suis fait enguirlander,
ce n’est pas vraiment cool
même si c’est en foule
qu’on vient pour m’admirer.
Maintenant ils m’ont mis les boules…
lorsque je songe à ma famille,
à la forêt où je suis né
et que jamais, au grand jamais,
je sais que je n’les reverrai !…
À cause de leur stupide coutume
à laquelle ils m’ont sacrifié
sans respect, remords ni regret,
je suis rempli d’amertume
et je ne peux me “résinier”.
Pour ne pas se casser le tronc
ils n’ont su que couper le mien
pour m’offrir un costume à la fin,
un très beau costume en sapin !…

La rumeur

Méfie-toi donc de la rumeur
car elle est comme une tumeur
qui s’enfle alors et qui prend corps…
Bientôt elle a réglé ton sort

et si tu ne la fais pas taire
tel un cancer que l’on opère
au plus vite, ça te dessert :
socialement, te voilà mort !

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Élégie tropicale

Nota bene : Le poète n’analyse pas, n’explique rien. Ses poèmes sont des contes que chacun peut déchiffrer à sa guise. À l’instar du photographe ou du peintre, le poète prend des instantanés et s’efforce de décrire ce qu’il a observé avec son propre vocabulaire. Bien que le poète raconte ce qu’il voit, qu’il ne juge pas, son regard est sélectif et il ne cache pas ses états d’âme. S’il est « voyant », comme dit Rimbaud, il ne faut pas l’entendre au sens où il verrait plus clair que les autres, mais simplement qu’il faut le laisser libre de voir, parfois, autrement. Michel Herland.

Tes grands arbres à l’assaut des mornes jusqu’au ciel
Les lianes qui s’accrochent aux fromagers
Les fleurs sauvages de tes savanes
Tes gamins sourire-soleil
Les mamzels longues jambes
Les vieillards en ont vu d’autres
endimanchés de blanc
ils accompagnent l’un des leurs
à sa demeure dernière

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Mayot

— Par Daniel M. Berté —

Chido rivé
I violanté, I voltijé, I valdendjé Mayot
I krazé, I koulé, I kasé Mayot
I palantjé, I pijé, I piétiné Mayot
I ravajé, I ratibwazé, I razé Mayot

Chido danmé
I dékalbiché, I défonsé, I démonté Mayot
I dérayé, i dékalé, i débiélé Mayot
I dévasté, I dépotjolé, I démantibilé Mayot
I déchiktayé, I dékatjé, I déservélé Mayot

Mayot pa ni
I pa ni dlo, i pa ni kay, i pa ni manjé Mayot
I pa ni rimed, i pa ni limyè, i pa ni moské Mayot
I pa ni lajan, i pa ni enternet, i pa ni sékirité Mayot
I pa ni lékol, i pa ni téléfòn, i pa ni anmizé Mayot

Maorè o konba
Yo za ka débléyé Mayot
Yo za ka réparé Mayot
Yo za ka rimonté Mayot
Yo za ka rilévé Mayot

Matinitjé anmwé
An ti-lanmen jénérosité pou Mayot
An gran jes solidarité pou Mayot
An tjenbé-fò lanmourtjé pou Mayot
An mouvman-tjè fraternité pou Mayot

Daniel M. Berté 171224

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Parutions ; nouveautés du 18 décembre 2024

Samuel Beckett et Gérard Astor
La Nuit et le Jour au Théâtre
Roger-Daniel Bensky, Préface par Rachida Triki, Postface par Jacques Poulain
« Utopie contre Dystopie ; éclatement baroque contre rétrécissement classique ; différentialité narrative contre minimalisme situationnel ; tente abrahamique (ou ibrahimique) pour accueillir les multitudes, contre retraite vertigineuse vers le donjon de l’Égo ». Ainsi Roger-Daniel Bensky définit-il les différences entre Beckett et Astor. Mais ne nous y trompons pas, au-delà d’une réflexion sur ces[…] EAN : 9782336501109
19/11/2024
135 x 215 mm
Collection : Carnets d’Archipel méditerranées
188 pages
23.00 €

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Faites sortir les elfes !

Réception du Prix de l’excellence à vie au Center For Fiction de New York. 10 décembre 2024.

— Allocution de Patrick Chamoiseau —

L’écrivain islandais Thor Vilhjálmsson, me raconta un jour cette très belle histoire. Il admirait beaucoup l’écrivain français Michel Butor, grand partisan du Nouveau Roman. Ce mouvement littéraire avait réussi à élargir les limites de la fiction romanesque, à une époque où celle-ci paraissait ne plus rien comprendre à la complexité du monde.

Thor Vilhjálmsson appela Butor pour l’inviter à donner une conférence dans son petit pays de rochers, de glaciers, de geysers et de volcans. Quand Vilhjálmsson eut Butor au bout du fil, il lui formula l’invitation la plus chaleureuse qui soit. Michel Butor l’écouta poliment mais, peu enclin à voyager vers cette île de mousse grise, il lui bredouilla les excuses que les écrivains utilisent pour échapper à une invitation… Qu’il avait du travail… Qu’il était fatigué… Que les voyages en avion ne lui convenaient pas… et-cætera, et-cætera.

Mais, Thor n’était pas homme à se décourager. Comme il était lui-même un grand romancier, un fils béni de l’art de conter, il eut soudain l’idée qui allait tout changer.

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Patrick Chamoiseau nommé lauréat du « Lifetime of Excellence in Fiction Award « 2024 par The Center for Fiction

The Center for Fiction est la seule organisation littéraire à but non lucratif aux États-Unis entièrement dédiée à célébrer la fiction. Situé à Downtown Brooklyn, à New York, ce centre est un véritable point de rencontre pour les passionnés de littérature, qu’ils soient lecteurs ou écrivains. Depuis son ouverture en 2019, The Center for Fiction a créé un espace unique pour la communauté littéraire de New York, tout en s’étendant à un public mondial grâce à son site web.

Le Centre organise des événements littéraires exceptionnels, tels que des conférences, des discussions et des performances, qui ont attiré des auteurs de renom comme Salman Rushdie, Jacqueline Woodson, et Maaza Mengiste. Il soutient également les écrivains émergents à travers des bourses d’écriture et des ateliers, tout en offrant des programmes dédiés aux jeunes lecteurs, comme KidsRead / KidsWrite. Sa librairie indépendante, son café, son bar, ainsi que sa bibliothèque historique fondée en 1821, font du Centre un lieu où la littérature est vécue au quotidien.

Nomination de Patrick Chamoiseau pour 2024

The Center for Fiction est ravi d’annoncer que le romancier, poète et essayiste Patrick Chamoiseau sera le récipiendaire du Lifetime of Excellence in Fiction Award pour l’année 2024.

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« Le monde tel qu’il est », de Salvat Etchart, Prix Renaudot 1967

Les éditions Caraïbéditions viennent de republier Le monde tel qu’il est de Salvat Etchart au sein de sa collection Îles en poche

Le monde tel qu’il est de Salvat Etchart, Prix Renaudot 1967, est un roman profondément ancré dans l’histoire et la société de la Martinique, offrant un portrait complexe de cette île façonnée par des siècles de domination coloniale, de révolte et de souffrances. L’œuvre se compose de plusieurs récits parallèles qui s’étendent sur plusieurs siècles, entrecroisant les destins de personnages issus de différentes époques de l’histoire martiniquaise.

Le roman s’ouvre sur l’histoire de Le Basque, un esclave au 16e siècle qui rachète sa liberté et fonde ce qui deviendra plus tard la ville de Case-Navire, aujourd’hui Schoelcher. Ce premier récit pose les bases d’une dynamique de lutte et de résistance qui traverse l’histoire de l’île. Ensuite, le roman bascule en 1934 avec l’assassinat d’un mulâtre militant du groupe Spartacus, et l’année suivante, un autre personnage, son demi-frère, part en quête de vengeance. Ces personnages évoluent dans un environnement où la violence, la répression coloniale, et les tensions sociales sont omniprésentes, mais où la quête d’identité et de liberté reste une lutte constante.

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La fable de la « soup joumou », soi-disant « soupe de l’Indépendance »…

… dans le brouillard de la patrimonialisation et de l’arnaque identitaire

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« On distingue généralement trois types de fraude scientifique : la fabrication de données, la falsification de données et le plagiat. Fabriquer des données, consiste à forger de toutes pièces les résultats d’une recherche. Falsifier des données consiste à altérer intentionnellement des données de façon à les rendre plus conformes à l’hypothèse du chercheur. Le plagiat visé ici consiste dans l’appropriation totale ou partielle d’un texte qu’on n’a pas écrit soi-même. Nonobstant leur gravité, nous passerons sous silence les conduites « zone grise » (par ex.: l’autoplagiat, les publications « salami », la cosignature honorifique, les soumissions multiples, etc.) analysées ailleurs (Larivée et Baruffaldi, 1993) » — (« La fraude scientifique et ses conséquences », par Serge Larivée, Faculté des arts et des sciences, École de psycho-éducation, Université de Montréal.)

La parution des articles dans lesquels nous avons soumis à l’analyse critique l’incrédibilité de l’historicité de la « soup joumou » frauduleusement et idéologiquement qualifiée de « soupe de l’Indépendance » a suscité l’intérêt de nombreux lecteurs dans divers milieux, tant à Port-au-Prince que dans certaines villes de province.

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Man pa té mandé… Rèzdibonnè

–  Par Daniel M. Berté

Man pa té mandé né
An péyi raz-maré
Tranmanntè ka krazé
Siklòn ka dékalé
Volkan ka déblozé


Man pa té mandé wè
Moun ek moun ka goumen
Anba kou ka griyen
Anviolaj féminen
Tiyanmay sasinen


Man pa té mandé santi
Chalè kout fret an do
Lòdè sawgas pouri
La kokangni lé profitè
Ladoulè dé espwaté

 

Rèzdibonnè man né
Dan an péyi révé
Lariviè ka chanté
Savann ver lanmè blé
An vlopans lalizé


Rezdibonnè man wè
Ant zanmi lanmitjé
An grann fraternité
Tjè ek tjè lanmouré
Kò lémans karésé


Rèzdibonnè man santi
Bon lodè blaf-pwason
Lénerji kréyatris
Dousin an bra anman
Kalinans an kares

 

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« La vie, c’est mortel ! » & « La vie, c’est mortel ! »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

La vie, c’est mortel !

Parce qu’un premier homme
aurait croqué la pomme,
désireux de connaître
juste sa raison d’être…

La faute originelle !
Avec, il nous faut naître
à ce qu’ils disent en somme…
Depuis, la vie de l’homme
est un péché mortel !

Saturée, la mémoire,
par trop de souvenirs…
C’est la fin de l’histoire
et l’heure de mourir,

de nourrir les corbeaux…
Quand le corps n’est plus beau,
que s’est ridée la peau,
ça fait froid dans le dos :
surgit l’ange à la faux !

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Diogène

— Par Gary Klang —

On cherche l’éclaircie
La barque sur l’eau étale
Un monde sans heurt et sans obstacle

On s’agrippe aux fétus
Et l’on fait comme Diogène
Qui muni de sa torche
Cherchait un homme en plein soleil

On cherche
On cherche
Se disant que tout de même
Il faudra bien trouver un homme dans un monde d’hommes

Mais très vite
On perd la foi et l’espérance

Le fait est là
Têtu tel un enfant puni

L’homme est une denrée rare

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Noël 2024

— Par Robert X… —
Et puis si c’était vrai? Si ces tableaux anciens
Où l’on voit une femme découvrant son sein
Pour donner la tétée et allaiter son fils
Représentaient vraiment la Vierge avec le Christ?

Imaginez! Le Fils de Dieu! Imaginez! Le Roi des cieux!
Et pourquoi pas, s’il est à la fois homme et Dieu?
Dans ma crèche en bois, Marie, Joseph, immobiles,
Et Jésus au berceau sont en Playmobil .

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« Fort-de-France, la capitale grandiloquente » & « Allez jeunesse indomptée »

Par Yves Untel Pastel

Fort-de-France, la capitale grandiloquente

Le long roucoulement de la Rivière-Pilote m’apaise
M’enveloppe le chuchotis de la verte frondaison autour
Je me suis enfui loin de la grande-ville délirante, criarde
Fort-de-France est une grande psychotique profonde
Avec ses occlusions intestines de voitures inutiles

Fort-de-France, cette capitale grandiloquente claudicante
Sur un monceau d’incertitude se dresse cette excroissance
Une tour prétentieuse, une érection de quelque chose
Un chancre moderniste sur la peau d’un pays cadavérique
Une tour bien mal nommée, Lumina, une jetée d’ombre

Ce lourd pied posé sur une terre aux milles cancers
Cet hippopotame de verre qui tient du centre hospitalier
Ce complexe hors sol qui se prétend centre d’affaire
Dans une île où ne poussent que les lotissements et les voitures,
Les hypermarchés où s’accumulent ce vampirique ailleurs

Je me défais de cette ville, je me défie de ses louangeurs
Qui ne projettent qu’eux-mêmes vers leurs propres avenirs
Oubliant le petit peuple, le pays minéral, et ses grands maux
Je me désole de ces faiseurs de rien, ces géreurs d’illusions
Tous ces docteurs Frankenstein occupés à tuer le pays mourant

Que voulez-vous vous enorgueillir d’une arche qui abrite les affairistes
Et laisse à la férocité des « narcotiqueurs » une jeunesse déroutée
Et nous voilà ânonnant des slogans âcres : La Martinique avance !

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L’éphéméride du 7 décembre

Derek Alton Walcott décroche le Prix Nobel de littérature juste devant Édouard Glissant le 7 décembre 1992

Attaque de Pearl Herbor le 7 décembre 1941

Derek Alton Walcott est un poète, dramaturge et artiste saint-lucien de langue anglaise, né le 23 janvier 1930 à Castries et décédé le 17 mars 2017 sur l’île de Sainte-Lucie.

Il est principalement connu pour son poème épique Omeros (en), une adaptation de l’Iliade aux Caraïbes. Son œuvre est réputée pour avoir donné une peinture vivante et pittoresque de la culture et des coutumes antillaises.

Il était membre honoraire de l’Académie américaine des arts et des lettres, et membre de l’Académie des poètes américains.

Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1992, devenant ainsi le second auteur noir après Wole Soyinka à recevoir cette distinction. Et, en 2010, il se voit décerner le prix T.S. Eliot.

Biographie

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Mon Paris des années 60

— Par Gary Klang —

Écœuré par la lâcheté et l’imposture qui règnent en France de nos jours, j’aimerais faire un retour aux années 60. Depuis le départ du Général De Gaulle, la France s’enfonce de plus en plus jusqu’à toucher le fond avec Emmanuel Macron. Les massacres quotidiens perpétrés à Gaza ne dérangent ni les hommes politiques, ni les journalistes français qui répètent tous en chœur les mêmes litanies mensongères, et gare à celui qui sortirait des rangs. Seules quelques rares exceptions sauvent l’honneur, tels Rony Brauman ou Dominique de Villepin.

Mais qu’est-ce que les années 60 avaient de si différent ? Tout d’abord le grand souffle de liberté qu’apporta Mai 68. J’habitais alors au 34 de la rue Gay-Lussac et toutes les journées avaient un air de fête. Je mangeais au café, juste en face de chez moi, et j’y étais si bien accueilli que je pouvais occuper une table sans consommer. J’y rencontrais des gens très intéressants, comme Claude Couffon, l’un des meilleurs traducteurs de l’espagnol, et qui connaissait tous les grands écrivains d’Espagne et d’Amérique latine. Il était également l’ami de Fidel Castro et de Garcia Marquez et m’en parlait souvent.

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« Ne m’appelle pas étranger »

— Par Gary Klang —

Ami
Ne m’appelle pas étranger

Ni d’une île
Ni de la mer
Ni des fleuves

Comme toi
Poussière d’étoiles
Et nos ancêtres
Venus des terres d’ébène

Tu t’enfermes
Et me parles de frontières
D’immigrés
D’immigrants
D’étrangers
De sans-papiers
Que sais-je

Qui t’a légué la terre
Je vais
Je viens
Je passe

Arrachés du néant
Nous allons au pays de nulle part
Sans contour et sans nom

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Vini Vann, la boutique de Manzèl Yvonne : Un voyage au cœur de la Martinique des années 60

Samedi 7 décembre de 19h à 21h au Teyat Otonom Mawon (TOM), m.e.s. Elie Pennont

Dans le récit Vini Vann, la boutique de Manzèl Yvonne, Arlette Pujar nous offre une immersion émouvante dans la Martinique des années 60, une époque où les changements sociaux étaient encore balbutiants, et où la modernité peinait à pénétrer l’île. À travers les yeux d’Anita, une jeune Martiniquaise qui vit à Marseille avec sa famille, le roman retrace une époque où l’identité, les valeurs de solidarité et le lien social étaient vécus au quotidien, notamment à travers les petites boutiques de quartier, telles que celle de sa grand-mère, Manzèl Yvonne.

Une époque, une boutique, un lien social

Le roman se déroule principalement aux Terres-Sainville, un quartier populaire de la Martinique où la boutique de Manzèl Yvonne est un véritable centre de la vie communautaire. À cette époque, ces débits de la régie, comme les appelait l’auteur, étaient les lieux où l’on échangeait plus que des marchandises : c’était aussi là que se tissaient des liens sociaux profonds. « Vini vann ! » – l’invitation sonore des clients annonçant leur arrivée – devient le symbole d’un monde révolu, où la simplicité et la solidarité faisaient le quotidien des habitants.

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Man tonbé Man lévé Anlè chimen lavi

— Par Daniel M. Berté —

Man tonbé blo !
Kon soula an dalo
Man blésé bobo-mwen
An fil-bawblé pikant…

Man lévé flap !
A la-vol-kon-zozio
Man grifantè solid
An jaden tjenbé-tjè…

Man tonbé blogodo !
Kodjè dou an labou
Man pété bol-jounou
Dan la dézespérans…

Man lévé floup !
Ti kolibri vayan
Man koré ek drésé
Rasin-kas an bon tè…

Man tonbé bouf !
Mango koko-bef mi
Man kongné zotey-mwen
Anlè souch démonyak…

Man lévé fioup !
Zéklè an mwa daou
Man pwenté ek matjé
An tras ladivini

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« Rien qu’un rêve ! » & « Frustration »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Rien qu’un rêve !

Si ce monde est un rêve,
à qui appartient-il ?
Adam rêva-t-il Ève ?
Ai-je rêvé d’une île ?

Si ce monde est virtuel,
pouvons-nous le changer ?
Affrontant le danger,
je me rêve immortel !

Icare s’est rêvé
des ailes pour voler
et fuir de sa prison…
Était-ce une illusion ?

La vie n’est qu’un mensonge
et le bonheur un songe…
La souffrance une transe,
pas un mal qui vous ronge !

Faut-il pour échapper
aux sombres cauchemars
juste se réveiller
avant qu’il soit trop tard ?

Tellement de questions
demeurant sans réponse
tandis que l’on s’enfonce
plus loin dans l’illusion…

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L’aménagement du créole à l’épreuve des errements de l’État haïtien et du populisme des créolistes fondamentalistes

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Fatwâ فتوى, au pl. fatāwā فتاوى :

« Avis juridique, verdict religieux qui n’engage que le savant jurisconsulte qui le prononce.

Les personnes habilitées à donner des fatâwâ sont les muftis. »

(Les Cahiers de l’islam, n.d.)

« Avis ou décision ayant valeur de loi, rendu par un mufti,

donc par une autorité religieuse. » (Dictionnaire Orthodidacte)

Existe-il une « guerre des langues » en Haïti ? Dans son « Préambule », la Constitution haïtienne de 1987 consigne et institue « l’acceptation de la communauté de langueS et de culture » et, aux articles 5 et 40, elle établit la co-officialisation du créole et du français, les deux langues de notre patrimoine linguistique historique. Est-il fondé, au nom de la légitime défense du créole, de passer outre ce « Préambule » ainsi que les articles 5 et 40 de notre charte fondamentale dans le but d’alimenter la diabolisation du français affublé de l’infâmante étiquette de « langue du colon », langue de la « gwojemoni neyokolonyal » ?

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