Catégorie : Théâtre

Le théâtre amateur en Martinique est bien vivace

 

De la nécessité d'organiser et de promouvoir le théâtre amateur en Martinique

Le théâtre amateur en Martinique est bien vivace. Michèle Césaire vient de proposer au Théâtre de Foyal les Premières rencontres du Théâtre Amateur, en mai 2008, suivie par la ville de Trinité qui propose elle aussi des rencontres pendant la première semaine de juin. Jandira Bauer de Jesus l’an dernier dans « Madame Marguerite, la jeune Daniely Francisque le 22 mai de cette année, avec Neg Pa Ka Mo, nous ont offert dans des registres très différents, des spectacles porteurs de promesses d’avenir.

La programmation du Théâtre Municipal de Foyal était assez restreinte . Trois pièces, dont une déjà programmée l’an dernier à titre privé. En premier lieu nous avons vu « Le dindon » de Feydeau, mis en scène par Claude Georges Grimonprez  qui dirige  la Compagnie théâtrale Courtes Lignes fondée en 1993  avec  Anne-Marie CLERC. La troupe nous avait gratifié l’an dernier de « Douze hommes en colères. » Il y a dans cette compagnie, un bonheur à jouer dont on ne peut douter, et qui éclate sur scène. C’est cette énergie qui fait oublier les imperfections, les maladresses, inhérentes à cette pratique.

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Projet d’écriture théâtrale (Esquisses)

 

— Par Jean Durosier DESRIVIERES —

Titre :

*Paroles en crue

Genre :

*Drame.

Durée :

*Théoriquement la représentation de cette pièce, encore au stade de projet, devrait osciller entre une heure (1h) et une heure et demie (1h30).

Résumé :

*On est à la Cité de l’Indépendance, un soir de forte averse provoquant un début d’inondation. Deux inconnus, Maton et Voltaire, se retrouvent par hasard sous un abri de fortune, le porche d’un magasin-bric-à-brac où ils se réfugient, en attendant une éventuelle accalmie pour pouvoir rentrer : le premier chez sa compagne Sonia et le second Chez son amante Eva. Alors que l’eau monte graduellement, Maton, enjoué et sans doute habitué à de pareilles situations, éprouve tout simplement, pour tuer le temps, le besoin de parler à son compagnon (Voltaire) de circonstance qui paraît être un Etranger à ses yeux, un coopérant, apparemment coincé et méprisant par-dessus tout. Mais l’eau se fait de plus en plus menaçante, quand soudain passe un cadavre. C’est alors que, sous le choc, la voix de Voltaire se fera entendre de façon plus drue, et l’on discernera également la fragilité du personnage et découvrira presque toute sa vérité.

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Sont-ils ce qu’ils disent être ou sont-ils ce qu’ils font?

— Par Roland Sabra —

Poster-TabouEdito du 20/05/2008

  Le film de Guy Deslauriers, sur un scénario de Patrick Chamoiseau, avec Stomy Bugsy dans le rôle du journaliste martiniquais assassiné rencontre des difficultés de financement. Le budget du film s’élève à 3 millions d’Euros, moitié moins que la moyenne des films français. Les Chti’s ont couté 11 millions d’Euros alors que le budget d’un film étasunien oscille  aux environs de 60 millions de dollars soit 40 millions d’Euros en moyenne, mais  « Titanic »  avait coûté à l’époque 135 Millions d’euros (200MD). Guy Deslauriers précise que le sujet du film, les faits qu’il relate, a privé les producteurs « Kreol Productions » de certains financements habituellement réservés aux films français et d’outremer. En d’autres termes, pour appeler un chat, un chat et une censure une censure, le film a été pénalisé parce que qu’il a eu l’heur de déplaire politiquement. Et le réalisateur d’ajouter « Qu’un certain nombre de partenaires ne sont pas allés au bout de leurs engagements et encore moins de leur promesses. » Ceux-là on voudrait bien les connaître, pour mieux les faire connaître!

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Haïti, Guadeloupe, Dominique : nouvelles écritures théâtrales

 — par José Pliya* —

arlequin-2Le point commun entre les trois territoires à explorer sous l’angle des « nouvelles écritures théâtrales », c’est la Caraïbe. Cette partie du monde a, entre autres singularités, ces insularités multiples, ces langues en archipels : français, anglais, espagnol, créole… À ce titre, on peut dire que le deuxième point commun entre nos trois territoires est la langue créole qu’ils ont en partage. Cela est important, car, comme nous allons le voir, cette langue créole – dont la caractéristique est le mélange d’idiomes, le croisement de formes syntaxiques, la transversalité d’imaginaires linguistiques – reflète assez bien la réalité des scènes théâtrales de ces trois îles, et même de la Grande Caraïbe.

Haïti : entre ancrage local et aspiration à l’universel

Dans le foisonnement artistique perpétuel qui frappe le spectateur qui découvre cette île, le théâtre a toujours eu une place importante. Les années 1970-1980 sont dominées par la figure de grands metteurs en scène comme Syto Cavé et, surtout, le regretté Hervé Denis. Avec eux, le théâtre est une affaire de troupe, de famille et de grands textes du répertoire haïtien (Jacques Stephen Alexis) ou caribéen (Simone Schwarz-Bart, Aimé Césaire) qui sont créés et joués un peu partout dans le monde.

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« Le Dindon » de G.Feydeau

— Par Christian Antourel —

coutelignes-390Acclamé en France, jusqu’à la comédie Française « le Dindon » un des vaudevilles de Feydeau des plus aboutis a traversé la mer et mis en scène par Claude-Georges Grimonprez à eu un succès considérable en Guadeloupe.

Une comédie délirante

Tout fait divers devrait s’appeler Feydeau, tant l’auteur a le réflexe spontané de l’histoire surgie au coin du quotidien. De ces choses de peu d’importance, postures et gestes des plus anodins, il fait le vaudeville, comédie légère fondée sur l’intrigue et le quiproquo et la Cie Courtes Lignes présente cette pièce qui résiste à l’épreuve du temps, qui dit, sans y paraître l’humour dans son habit de lumière. Gardons nous d’applaudir trop tôt et voyons quel rythme, quelle mise en espace, quel imaginaire scénique nourri à la source buissonnière, hors l’académie du théâtre, dans une langue réinventée pour saltimbanques d’un théâtre de salon, mérite un tel succès. A n’en point douter, le verbe aimer le théâtre composé, conjugué de passion et de professionnalisme est un élément à considérer et quand on verra avec quel ravissement, l’esprit cocasse, la justesse du verbe et le geste précis précipitent dans l’élégance agitée les mots en chute exacerbée, il se peut que nous soyons convaincus.

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Le Tour du Monde en 80 Jours

 — par Laurence Aurry —

tour_du_monde_80LE TOUR DU MONDE en 80 Jours, joué à guichets fermés les 6, 7 et 8 mars 2008 au Théâtre de Fort-de-France, nous a offert un vrai moment de détente.

Les auteurs, Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, ne se sont pas contentés d’une simple adaptation de l’œuvre romanesque de Jules Verne, comme on a pu en voir au cinéma. Tout en gardant la trame narrative et les principaux personnages du récit de Verne, ils ont su faire preuve d’originalité et de créativité. Le charme du spectacle vient de ce constant décalage entre l’époque représentée, celle de Phileas Fogg, qui pense gagner son pari grâce aux nouveaux moyens de locomotion que l’ère industrielle a développés à la fin du XIXè siècle, et les nombreuses allusions à notre monde contemporain. Les multiples anachronismes qui jalonnent le texte offrent une réécriture amusée et amusante qui nous permet de voyager à travers notre propre époque ou plutôt à travers les représentations que nous nous faisons encore du monde. C’est un tour du monde des caricatures et des clichés, des images toutes faites dans lesquelles nous enfermons volontiers l’Autre.

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« Monsieur Jourdain » : baroque et jubilatoire

  — Par Roland Sabra —

Didier Carette n’aime pas Molière. Il a du mal avec le théâtre du XVII ème siècle dont il trouve l’écriture trop « monologuante » et les personnages trop « monolithes ». Le contraire de ce qu’il aime dit-il. Le metteur en scène à des affinités avec Brecht, avec Shakespeare, pas beaucoup avec Jean-Baptiste Poquelin. C’est pour des raisons économiques, pour assurer des recettes, il faut bien vivre, qu’il se contraint à monter « Le Bourgeois gentilhomme » pièce du répertoire dont le grand public est friand. Comme Didier Carette est un homme de paradoxes que les défis stimulent il confie le rôle de M. Jourdain à Georges Gaillard qui lui détestait franchement cette pièce et « Le Medecin malgré lui » avec. Le résultat? Il est jubilatoire! Comme quoi l’art est avant tout affaire de labeur et d’intelligence.

Le travail de Didier Carette se situe dans la veine d’un théâtre baroque qu’il tire vers l’expressionnisme allemand à la Murnau pour inventer, à l’instar du cinéma de même nom, une sorte de théâtre noir, de théâtre d’horreur dans lequel il s’évertue à chercher dans les personnages les plus négatifs ce qu’il y a d’humanité profonde, enfouie.

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« Les Bonnes » : vertiges et folie dans le grenier des morts-vivants

 — par Selim Lander —

  au Théâtre de Fort-de-France

 10, 11 et 12 avril 2008

« Au moins cette beauté doit-elle avoir la puissance d’un poème, c’est-à-dire d’un crime ». Jean Genet

 Le théâtre de Genet est fait d’outrance et d’excès. Il ne se complaît pas dans le médiocre. Les sentiments ordinaires n’y ont pas leur place. Les vertus, surtout, n’existent pas. Il n’y a pas d’amour sans haine, de respect sans moquerie, de modestie sans orgueil, d’attention sans dérision. Et puis, au-delà de tout ce qui précède, il y a la malédiction suprême – « La scène est un lieu voisin de la mort » – et les comédiens ne sont déjà plus de notre monde : il leur faut « des accoutrements terribles, qui ne seraient pas à leur place sur les épaules des vivants ». Impossible donc d’aborder une pièce de Genet sans accepter d’être confronté à la cruauté sous toute ses formes : jalousie, mépris, méchanceté, jusqu’au meurtre. Il faut « que le mal sur la scène explose ».

Mais le théâtre a sa logique propre qui s’impose même à un Genet. Il est faux-semblants, retournements de situations, coups-de-théâtre.

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« La Route » de Zakes Mda

 — par Selim Lander —

Zakes Mda est un noir sud-africain, né en 1948 à Soweto, auteur de sept romans et de cinq pièces de théâtre. Il a dû s’exiler, a enseigné le creative writing à l’université d’Ohio, avant de revenir s’installer dans son pays. Sur la foi de La Route – présentée à l’Atrium de Fort-de-France les 11 et 12 avril 2008, après être passée par Avignon l’été précédent – on est forcé de conclure qu’il s’agit d’un écrivain talentueux et l’on regrette qu’il soit resté jusqu’ici si peu connu en France (trois romans ont néanmoins été traduits : Au pays de l’ocre rouge, Le Pleureur, La Madone d’Excelsior). Dieu sait pourtant qu’on pouvait redouter le pire : que peut bien apporter une pièce (de plus) sur l’apartheid qu’on ne sache déjà ? Nos craintes étaient heureusement injustifiées. Et, de fait, le théâtre n’a nul besoin de chercher des sujets originaux, les tragédiens français du Grand Siècle en étaient les premiers convaincus, eux qui revisitaient inlassablement les mythes antiques.

L’argument de la pièce, qui date de 1982, avant la fin de l’apartheid, est des plus simples : un blanc et un noir se rencontrent sur une route, un fermier et un ouvrier mécanicien itinérant.

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« Les Bonnes » : « Solange » Aïdoudi éblouissante dans une cérémonie sacrificielle, érotique et religieuse

 — Par Roland Sabra —

Une création foyalaise

Les comédiens et les comédiennes sont des êtres insupportables. Narcissiques, auto-centrés, mégalomanes, d’une redoutable fragilité qui se pare de la robe de l’infantilisme le plus indécrottable, on ne peut que les haïr de ne pouvoir faire du théâtre sans eux. Et pourtant… l’adage est bien connu qui affirme que l’on apprécie les gens que pour leurs qualités alors qu’on les aime pour leur défauts. Jandira de Jesus Bauer a été comédienne, ce qui explique pourquoi elle est sans doute assez folle pour s’embarquer avec trois comédiennes antillaises et monter « Les Bonnes » à Fort-de-France. Le résultat est à la mesure de l’entreprise, décalé, iconoclaste et fidèle, inventif et décapant, mais surtout réussi.

Toute l’œuvre de Genet peut se lire autour de deux axes, le bien/le mal, le masculin/le féminin. « Les bonnes » ont d’ailleurs été jouées plusieurs fois par des hommes. « Sol Ange » est un nom de personnage qui apparaît pour la première fois dans « Notre Dame des Fleurs » et Claire est aussi un signifiant qui renvoie à celui qui quitte le monde laïque pour le monde ecclésial.

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Soweto: la recette d’un succès populaire ambigu

 — Par Roland Sabra —

Soweto texte de Serge BiléComme toute recette de cuisine tout dépend de l’endroit où vous concoctez votre plat. On ne fait pas une bouillabaisse de la même façon à Marseille, à Miami, à Tokyo, à Fort-de-France. Il est important de tenir compte des ingrédients locaux, de ce que vous pourrez trouver sur le marché.

Prenons l’exemple de Soweto, spectacle qu’il est difficile de qualifier, tant il relève de genres indéfinis, (comédie musicale? tour de chant? danses? music-hall? variétés?) et qui a suscité un enthousiasme populaire indéniable à l’Atrium de Fort-de-France. Les trois représentations ont été doublées et chaque fois elles ont fait salle comble.

Serge Bilé, est un journaliste honnête et compétent, et ses papiers retracent, sans compromis, sans flatterie aucune ce qu’il constate, n’en déplaise à quelques nationalo-populistes qui lui contestent ( de quel droit?) sa liberté de parole au fallacieux prétexte qu’il ne serait pas martiniquais d’origine! La bêtise est sans frontière. Sans être historien, essayiste, ni même écrivain Serge Bilé écrit des livres, témoigne. « Noirs dans les camps nazis », qui aurait dû obtenir le prix Essais France Télévision a été écarté à la suite d’une intervention de la responsable des prix littéraires mettant injustement en doute le sérieux de l’ouvrage.

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Zandoli pa tini pat

—  par Selim Lander —

Bestiaire chorégraphique

3-4-5 avril 2008 au Théâtre de Fort-de-France

Décidément, les mauvaises habitudes ont la vie dure. A Fort-de-France où l’on n’est pas submergé par une offre surabondante de spectacles vivants, on observe souvent que les représentations, au lieu de s’étager tout au long de l’année suivant un calendrier harmonieux, sont souvent programmées de façon à se phagocyter mutuellement. A croire que les responsables de la programmation ont suivi des études de sciences économiques et qu’ils en sont sortis convaincus à tout jamais des vertus de la concurrence.

Le 3 au soir pour la première de Zandoli, il n’y avait pas beaucoup plus de 30 personnes au Théâtre de Fort-de-France. Sans doute les afficionados du spectacle vivant s’étaient-ils précipités à l’adaptation martiniquaise de Soweto, présentée exactement aux mêmes dates, 3-4-5 avril à l’Atrium… On espère que les deux soirées suivantes seront plus équilibrées et que l’on verra davantage de spectateurs au Théâtre car il n’est pas normal que des artistes de qualité se produisent devant une salle presque vide.

Claire Moineau dans Crescendo

D’autant que le spectacle offre un prologue, non annoncé sur le programme, qui justifierait à lui seul le déplacement de tous les amateurs de danse.

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« Les Bonnes » de Jean Genet en Martinique : en voilà du propre!

— Par Roland Sabra —

Comment le choix de la pièce vient au metteur en scène?

Épisode 1

Jandira Bauer, metteuse en scène martiniquaise d’origine brésilienne a accepté la présence d’un critique tout au long de la gestation et l’accouchement d’un spectacle. Je vais tenter de rendre compte de cette aventure. Roland Sabra.

Jandira Bauer a consacré sa vie au théâtre. Du Brésil à la Martinique en passant par la France, elle a fréquenté, cotoyé, mais surtout appris auprès des plus grands. De Jean Genet à Ariane Mouchkine. De Jean Genet justement au début dea années 80 qu’elle rencontre comme comédienne dans « Les Bonnes ». Le Maître est imposant, la comédienne impressionnée car au-delà d’un apparent détachement il veille au grain. Jamais il ne donnera l‘imprimatur pour une version définitive de son texte. Ce sera la deuxième version, trois sont connues, deux publiées, la troisième aux archives Loius Jouvet.

Le texte « Les Bonnes », Jandira Bauer un quart de siècle après sa rencontre avec l’auteur, le connaît par coeur. Il n’a cessé de la travailler et, elle, n’a cessé de le travailler tout au long de sa carrière dans de nombreux ateliers.

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« Les Bonnes » de Jandira Bauer : une créatrice marginale et provocatrice, profondément humaine.

« Les bonnes » création à Fort-de-france : homosexualité, religions, candomblé et luttes des classes

Elle arrive à l’heure au rendez-vous, qu’elle a demandé plusieurs fois de déplacer, parée des couleurs du diable : noire et rouge. Martinico-brésilienne, elle a gardé cet accent lent et chanté de son pays natal. La langue a du mal a maîtriser le bouillonnement de l’esprit. Venue parler de sa dernière création «  Les Bonnes » présentée pour la première fois à Fort-de-France, jeudi 10 avril avant Le Festival d’Avignon cet été, elle profite d’une incise sur Jean-Luc Lagarce pour décortiquer, pendant deux bonnes heures, la façon dont il faut lire « Juste avant la fin du monde » qu’elle travaille en ce moment avec des élèves comédiens. Genet, Lagarce, des auteurs à ne pas mettre en toutes les mains et dont Jandira de Jésus Bauer fait son quotidien. Un quotidien qui n’a rien de monotone, son rapport aux textes est charnel, il est fait de sexe, de transgressions, de tendresse, de mise en danger, de passions, et les mots sont à l’avenant, directs, sans fioritures, les formules assassines et drôlement imagées de tournures lusophones, en un mot, un discours d’humanité.

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« Epilogue d’une trottoire » de Alain-Kamal Martial

   — Par Alvina Ruprecht —

une_trottoireMise en scène de Thierry Bédard

Une production de la compagnie Notoire, la scène nationale d’Annecy.

Présentée au Théâtre du Grand Marché de Saint-Denis de la Réunion, 5-8 mars 2008

Équipe technique :
Création sonore : Jean Pascal Lamand

Lumières; Jean Louis Aichhorn

Distribution :

Marie Charlotte Biais – la femme

Joao Fernando Cabral – le fantôme

Le Théâtre du Grand Marché qui a la mission du Centre dramatique de l’Océan indien, se trouve tout au fond du pavillon du « grand marché », comme un bijou qu’on cache pour éviter que les indésirables ne le subtilisent. Pourtant, ce bijou de création scénique ouvre grand ses portes à tous les publics de Saint-Denis de la Réunion, en leur offrant une programmation des plus stimulantes et un lieu de rencontre agréable où artistes et grand public prennent un verre, se côtoient, et échangent des idées. Ce théâtre reçoit souvent les productions d’outre-mer pour alimenter le dialogue artistique au grand plaisir des habitants de la région. C’est dans le contexte de cette programmation ouverte qu’un texte intitulé Épilogue d’une trottoire, œuvre jouée dans le « cycle de l’Étranger(s) » au theatre Notoire (le CDR d’Annecy), a été donné au Théâtre du Grand Marché cette saison.

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« Mémoires d’Iles » d’Ina Césaire. Adaptation et mise-en-scène de José Exélis

— Par Roland Sabra—

memoire_d_ilesNostalgie Blues et lutte des classes

Le rideau s’ouvre sur un espace vide dessiné par José Exélis et sculpté par la lumière de Valéry Pétris. Réussite. Elles sont deux, deux de cet âge qui n’a plus nom. Elles sont d’un autre temps, de ce temps où la mémoire de ce que l’on a fait prend le pas sur ce qui reste à faire.. Deux d’un même père, mais l’une mulâtresse et l’autre « mal sortie ». L’une reconnue et l’autre ignorée. Deux sœurs donc, par le père. Impair et passe. Elles vont se laisser aller à remonter le temps. Hermance, truculente, joue la carte couleur, négresse elle est, négresse elle se revendique. Aurore, elle a en mains deux paires, une paire blanche une paire noire. Elle hésitera toujours à jouer. Ambivalence de classe, de l’entre-deux. Elle s’enorgueillit de bien parler français, d’avoir intégrer les codes de la classe dominante, et se révolte à l’assassinat, resté impuni, par un gendarme blanc, de Zizine et Désétages à la veille d’un scrutin municipal : « Élections sans incident » dira la presse à la botte.

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« Les souvenirs de la dame en noir », monologue de et par Maïmouna Gueye

—- Par Laurence Aurry —

(Spectacle joué dans la salle Frantz Fanon de L’Atrium, le jeudi 13 mars 2008)

souvenirs de la Dame en noirC’est un cri de souffrance, c’est un souffle de liberté, c’est le théâtre de Maïmouna Gueye. Le monologue de la dame en noir est en réalité un écho de toutes les voix des femmes africaines qui ont vécu le mépris, les mutilations, l’oppression. De l’excision, au mariage forcé, à l’avortement, Maïmouna chante et pleure le triste destin de ces femmes, véritables objets sexuels. Avec beaucoup de violence mais aussi de poésie, d’humour et de dérision, le texte nous interpelle vigoureusement. Le jeu volontairement changeant, heurté, les nombreuses adresses aux spectateurs, l’alternance des tonalités donnent au monologue un réel dynamisme.

La dame en noir semble avoir perdu la raison. Elle pourrait être une de ces sans papiers misérables, qui vivent dans des squats infâmes, c’est du moins ce que suggère la scénographie avec la grosse poubelle, les détritus répandus sur le sol et ce qui ressemble à un lit de fortune, ainsi que ses vêtements déchirés. Elle a fui l’enfer pour vivre dans un autre enfer.

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 » Les Souvenirs de la dame en noir  » : Super-Nana à l’Atrium !

— par Selim Lander —

 On attend du comédien, surtout lorsqu’il se présente seul en scène, les qualités qui lui permettront d’imposer sa personnalité au spectateur. Le comédien n’est pas là pour enseigner, il n’a pas besoin de nous captiver par la profondeur de son discours. Nous voulons qu’il nous subjugue par sa présence, par son jeu, bref par son talent d’acteur. Les spectateurs qui auront eu la chance d’assister au spectacle de Maïmouna Gueye jeudi 13 mars 2008 à l’Atrium de Fort-de-France auront été, à cet égard, plus que comblés.

 Maïmouna Gueye a commencé le théâtre très jeune dans son Sénégal natal avec Gérard Chenet, auteur et metteur en scène d’origine haïtienne, qui lui a offert en particulier le rôle d’Antigone, puis elle est allée faire ses classes au conservatoire d’Avignon. On l’a vue dans quelques films puis, en 2003, elle a écrit et créé Les Souvenirs de la dame en noir, spectacle avec lequel elle continue de tourner, en alternance avec un autre « one woman show » plus récent, Bambi, elle est noire mais elle est belle, créé en 2006.

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« Mademoiselle Julie » : Pères, ne laissez jamais vos filles seules les nuits de Saint-Jean!

— Par Roland Sabra —
Michèle Césaire continue d’explorer les relations maître-serviteur. Après nous avoir présenté un Jacques le Fataliste très sage, elle nous offre aujourd’hui une Mademoiselle Julie tourmentée. Le tourment accompagne d’ailleurs la vie de Strindberg, auteur de la pièce et inventeur du théâtre moderne.

La pièce est un huis clos de trois personnages qui pousse au suicide une jeune fille la nuit des feux de la Saint-Jean. Mademoiselle Julie est une jeune fille qui appartient à à une noblesse d’épée sur le déclin. Jean est un domestique qui imagine échapper à sa condition par l’entremise d’une liaison avec la fille du Comte, sous les yeux de la cuisinière Christine, sa promise. Jeu de dupes à la fatale issue. Déjà enfant, le domestique croyait aimer Julie quand il n’était attiré que par les richesses, le château et les soins de la jeune fille. Il rêvait d’ascension sociale, elle vivra une descente aux enfers. A la transgression sociale s’ajoute une transgression des rôles sexuels, puisque c’est elle Julie qui prend l’initiative de séduire son domestique. On retrouve dans la pièce toute l’ambivalence de Strindberg vis à vis de ses propres parents.

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La Julie présentée à Foyal n’était pas Mademoiselle!

— Par Roland Sabra —

Mademoiselle JULIE est une leçon de sociologie sous la fausse apparence d’un divertissement. C’est là toute la différence entre un théâtre militant, didactique, pesant qui noie le divertissement dans la leçon démonstrative et le théâtre de réflexion qui, se présentant d’abord comme un divertissement, amène le spectateur à s’interroger, à penser. Un espace est constitué entre la scène et la salle que le spectateur aura la possibilité, le loisir et pas l’obligation, de traverser par un processus d’identifications plus ou moins conscient non pas à des personnages, mais à des situations vécues, incarnées par des comédiens. Ce qui est asséné d’un côté est laissé à la liberté d’appropriation de l’autre. Distinction entre texte de propagande et texte à thèse, éloge de la distanciation surtout quand elle est brechtienne. Parvenir à cette magie assure à la pièce sa pérennité. C’est pourquoi on peut toujours jouer Sophocle et quelques autres.

La JULIE de Stindgerg n’a pas pris une ride. Elle est de tout temps, de toute éternité, de tout lieu à tel point que c’est à se demander pourquoi un metteur en scène antillais ne l’a pas encore adaptée, transposée, créolisée.

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« Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée », d’Alfred de Musset

— Par Laurence Aurry —

par Laurence Aurry

  En tant que simple amatrice de théâtre, je voudrai juste vous faire part de mes impressions concernant la pièce de Musset, jouée vendredi et samedi 22 et 23 février, dans la petite salle de l’Atrium.

Je vous avoue qu’une mise en scène de Yoshvina Médina me laissait espérer un plus agréable moment.

D’abord le choix même du texte surprend, une œuvre peu connue, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, et pour cause ! Le titre résume assez bien le bavardage de cette pièce en un acte, proche du marivaudage mais n’en possédant pas toute la saveur. Pourquoi ce texte désuet alors que le répertoire de Musset offre tant d’œuvres passionnantes et que le théâtre contemporain regorge de pièces courtes autrement plus intéressantes ? Veut-on ramener le public dans les salles ou définitivement signer l’arrêt de mort d’un art déjà moribond ?

Que dire de la mise en scène et des costumes ? On a pu lire dans la presse que Médina signait là « une mise en scène aux accents bruts de modernité ».

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« Le collier d’Hélène » : Daniely Francisque entre guerre civile et guerre intime

— Par Roland Sabra —

 

Qu’est-il plus grave?  perdre sa terre? ou un collier? La question est insensée pour qui oublierait qu’un chagrin d’amour peut anéantir un sujet plus sûrement qu’un bombardement. Oser dire cela dans un pays en guerre depuis trente ans, dans un pays occupé, dans un pays déchiré, dans un pays qui n’est qu’affrontements, enlèvements et assassinats dans un pays qui pourtant veut vivre, oser dire cela relève de la folie. C’est ce à quoi nous convie Lucette Salibur en montant une pièce de Carole Fréchette, « Le collier d’Hélène » dont on avait pu écouter la lecture dans le cadre de la troisième rencontre métisse « Théâtre des Nations » Martinique/Québec au Théâtre de Fort-de-France de Michèle Césaire sur une invitation de Etc Caraïbe/CEAD.

Hélène est donc à Beyrouth, quand elle perd un collier de verroteries. Perte sur laquelle elle s’appuie pour rester dans ce pays meurtri et partir à la recherche de l’objet perdu.

Refuser de hiérarchiser la douleur, de considérer qu’il est des peines supérieures à d’autres c’est se situer d’emblée du côté du sujet, en posant comme incontournable le caractère incommensurable de la souffrance humaine.

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« On Bò a 2 Lans » de José Jernidier et Sylviane Telchid

 

 — Par Alvina Ruprecht —

 on_bol_a_2_lansPrésentée au Centre des Arts de Pointe-à-Pitre,7 novembre, 2007, première manifestation d’une tournée qui amènera l’équipe autour de la Guadeloupe et à Paris.

 L’histoire théâtrale nous montre que la comédie n’est pas un art mineur. Bien au contraire. Dans le contexte européen, le théâtre de la foire était le lieu privilégié des mimes grotesques et clownesques, l’origine du théâtre populaire qui servait de soupape de sécurité contre les mouvements contestataires dans les sociétés féodales. En Italie, il y a eu surtout la Commédia dell’arte, des acteurs itinérants connus à travers le continent qui ont laissé des traces profondes sur les premières créations de Molière, sur son panthéon de personnages inspirés souvent des types de la Commédia, et surtout sur ses premieres conceptions scéniques basés sur un jeu très gros, très physique, très codé. La Commedia était un théâtre de mime et de mimique sans véritable dialogue mais qui avait recours aux bruitages, aux onomatopées, aux sonorités de toutes sortes. Rien de plus vulgaire que ces grognements, ces cris, ces rots, rien de plus corporel, de plus bruyant, de plus chaotique que les lazzi de la Commedia qui rendent hommage aux jeux du bas du corps populaire que Bakhtine a théorisé (le Carnavalesque) dans son livre sur Rabelais.

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A l’Atrium « L’échange » : gagnant/gagnant

— Par Roland Sabra

 A l’Atrium de Fort-de-France

La compagnie de la Comédie Noire, dirigée par le guadeloupéen Jacques Martial, présentait, à Fort-de-France, les 08 & 09 novembre 2007, « L’échange » de Paul Claudel, dans une mise en scène de Sarah Sanders. La pièce existe dans deux versions, écrites à plus de 50 ans de distance.

La version retenue par Sarah Sanders est l’originale, la flamboyante, celle rédigée en 1893. C’est la plus jouée, la seconde, dans laquelle l’influence de Jena-Louis Barrault est sensible, semble imprégnée d’une lecture claudelienne de Teilhard de Chardin.

L’intrigue est connue. Deux couples se rencontrent sur une plage du Nouveau monde. L’un est au service de l’autre. Deux couples donc, l’un composé d’un homme d’affaire, Thomas Pollock Nageoire, immensément riche, figure prototypique de Citizen Kane et d’une actrice sur le retour, Lechy Elbernon, figure prémonitoire des stars hollyvoodiennes, l’autre d’un homme immensément pauvre, Louis Laine, de tout juste vingt ans,  toujours adolescent, forcément, projection rimbaldienne de Claudel lui-même, et d’une femme un peu plus âgée, peut-être un peu frustre mais servante du Seigneur et engagée dans sa parole.

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« Combat de Femmes » ou les ruses de l’illusion scénique!

 — par Alvina Ruprecht —

 combat de femmesSélectionné par l’association Textes en Paroles en 2004, Combat de femmes fut créé en Martinique en 2005 dans une mise en scène de l’auteur. La reprise que j’ai vue le 26 octobre, 2007 au Centre Culturel de Sonis aux Abymes (Guadeloupe), également mise en scène par l’auteur, comporte la même distribution avec une seule différence : Fanny Gatibelza remplace Stana Roumillac dans le rôle de la deuxième fille.


Au premier abord, nous nous croyons en plein rêve romantique mais l’innocence du regard romantique se dissipe rapidement. Un salon cossu, des meuble recouverts d’un velours rouge-sang; des roses artificielles qui jonchent le sol tandis que des fleurs coupées et des plantes ornementales garnissent les meubles dans un cadre qui évoque l’opulence sensuelle d’un opéra de Verdi. Au milieu de cette extravagance se tient la Diva, vêtue d’un blouson couleur sang qui flotte derrière elle lorsqu’elle se déplace. D’énormes bagues brillent sur ses doigts dont les bouts rouges évoquent des griffes plutôt que des mains. Un brin de sadisme, de cruauté, des accès de colère assortis des bouffées de narcissisme quasi hystérique, caractérisent ce personnage, au bord de la crise de nerfs.

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