Catégorie : Théâtre

« Résister c’est exister » Textes d’Alain Guyard, mise en scène d’Isabelle Starkier

Au T.A.C. Jeudi 22 Vendredi 23, Samedi 24 Janvier 2015 à 19h 30

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—Dossier de presse —

Au Théâtre Aimé Césaire (T.A.C.)

Comment dire non ? Comment refuser ? L’acte le plus facile et le plus dur à la fois, que tout le monde peut faire et que peu accomplissent. Dans Résister c’est exister, François BOURCIER, seul en scène, endosse le costume d’une vingtaine de personnages. Simple citoyen, retraité, médecin, ménagère, proviseur, étudiant, paysan qui ont un jour, par conviction, par compassion ou tout simplement parce que «trop c’est trop», fait acte de résistance.
Résister ce n’est pas toujours saboter des ponts, c’est parfois crier : «Vive la France» et risquer sa vie. À l’aide de témoignages authentiques, il crée un moment de théâtre vivant, parfois drôle, toujours poignant. Dans cette leçon d’histoire originale, le spectateur trouvera les clés pour comprendre la résistance d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Drôle souvent, tragique parfois, toujours émouvant, ce spectacle nous fait toucher du doigt notre propre résistance éternelle, permanente, celle qui nous fait exister. un hymne au courage simple, à la liberté, à l’audace, à l’engagement, à l’humanité tout simplement !

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« Résister c’est exister » : les scenari de la liberté

Au T.A.C. jeudi22, vendredi 23, samedi 24 janvier à 19h30

— Par Christian Antourel —

resister_c_est_exister-2…« Sur le thème des micro-héroïsmes de la Résistance pendant la seconde guerre mondiale ce spectacle crée une tension dramatique très soutenue Tous ces petits gestes et gens sans noms qui ont réagi et ont lutté contre l’oppression nazie sans y avoir été préparés, comme un geste qui émerge pour ne pas se laisser engluer par l’humiliation et la peur »…

Dans le contexte de la grande guerre, Isabelle Starkier met en scène des personnages qui ont tous dit non à leur façon à l’oppression, à l’injustice et à la cruauté à un moment ou à un autre. Cette pièce nous redit ces hommes et ces femmes, semblables à nous qui ont fait preuve de force et de courage dans des situations diverses, par leurs paroles ou de petits actes « anodins.» Mais qui prennent toute leur importance, quand on sait qu’ils mettaient leur vie en danger car  « Résister, ce n’est pas toujours saboter des ponts» C’est un spectacle qui nous interpelle sans moralisme outrancier sur ce qu’il y a de meilleurs en nous, quand la mise en scène nous fait revivre l’engagement des Résistants et des justes sous l’occupation.

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« Un dimanche au cachot » : les avis divergent

Un-dimanche-au-cachot— Par Selim Lander —

Disons tout de suite, ou plutôt rappelons qu’il n’y a pas de critique objective, au théâtre comme ailleurs. Le critique arrive plein d’entrain ou fatigué, l’estomac vide ou rempli, de bonne ou de méchante humeur, et tout cela, bien sûr, ne peut qu’influer sur sa manière d’accueillir le spectacle à propos duquel il devra, quoi qu’il arrive, donner son avis. S’il est un « vrai » critique, il a en outre le souvenir des centaines de pièces déjà vues, avec lesquelles il ne pourra s’empêcher de comparer celle de ce soir. La place où il est assis importe également pour beaucoup. S’il est un critique reconnu, et si les places sont numérotées, on lui aura réservé une très bonne place ; si ce n’est pas le cas, il risque de se retrouver trop loin ou trop sur le côté, en tout cas pas là où il pourrait avoir le meilleur point de vue sur la scène et les comédiens⋅ Dans la salle Frantz Fanon de l’Atrium, pardon, de l’EPCC Martinique, les places ne sont pas numérotées ; la prudence étant bonne conseillère, nous sommes arrivé suffisamment à l’avance pour être assis au troisième rang, presque de face, un emplacement à peu près idéal⋅ Par ailleurs nous n’étions pas plus fatigué que d’habitude, ne sortions pas d’une scène… de ménage, notre estomac n’était ni trop rempli ni criant famine, bref tout était réuni a priori pour que nous goûtions sereinement le spectacle.

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Le bonheur à Saint-Étienne. A propos de « Dans la république du bonheur »

— Par Michèle Bigot —

La pièce de Martin Crimp a rencontré un public aussi jeune qu’enthousiaste à la Comédie de Saint-Étienne, qui a assumé une part de la co-production.
Marcial di Fonzo Bo, avec sa troupe du Théâtre des Lucioles a trouvé dans ce texte de quoi satisfaire son goût de l’humour noir et de la satire sociale la plus mordante. Après avoir fait ses classes avec Alfredo Arias, il poursuit le travail de décloisonnement du spectacle théâtral initié auprès de Matthias Langhoff et privilégie les dramaturges argentins, Copi, et Spregelburd. On se souvient des deux pièces qu’il a présentées à Avignon en 2011, La paranoïa et L’entêtement. Avec sa complice, Elise Vigier il privilégie un théâtre de situations, souvent drôle, parfois franchement cruel, comique et décalé.
Il trouve aujourd’hui, avec Martin Crimp de quoi nourrir sa veine satirique féroce, dans une pièce réjouissante à force d’humour et de causticité.
La pièce se compose de trois tableaux, respectivement intitulés « Destruction de la famille », « Les cinq libertés essentielles à l’individu » et « Dans la république du bonheur ».

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« Un dimanche au cachot » : un cheminement vers la lumière

— Par Roland Sabra —

un_dimanche_au_cachotNoir. Faible lumière. Elle est là, dans le coin gauche du rectangle dessiné sur plateau. Noir. Faible lumière. Lui on le devine, en fond de scène, coté jardin. Elle L’oubliée. Lui, la présence, la musique. Lui se fera oublier. Elle, sa voix, sa voix, surtout sa voix qui débordera l’espace du cachot. Le noir de la salle et le noir du plateau confondus. Le noir de l’oppression. L’obscur percé par un objet lumineux : l’espace de jeu de la comédienne. Elle dit l’obscur qui la contient pour en faire un chemin vers sa lumière. Elle, « L’Oubliée », fille de sa Manman Bizarre et du « Vieux Maître », demi-sœur révoltée de celui qui l’enferme, inscrite dans une mémoire d’Afrique par une « Belle  Congo », enceinte imaginaire d’un « vieil esclave » qu’un molosse indocile pourchasse. Elle est là toute. Et la scène ne peut la contenir. Elle envahit l’espace du théâtre. Elle saisit le spectateur par les tripes.

 José Pliya confirme, s’il en était besoin, son talent de passeur entre littérature et théâtre. Son adaptation réalise ce miracle de convoquer l’essentiel de la représentation foisonnante du roman de Patrick Chamoiseau en ne retenant que la parole de la petite chabine et sans briser le continuum narratif du récit.

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« Un dimanche au cachot », adaptation de José Pliya, mise en scène de Serge Tranvouez

Vendredi 16 janvier à 20 heures à l’Atrium

un_dimanche_au_cachot-2— Présentation par Michel Pennetier (Madinin’Art) —

… Deux récits alternent, se chevauchent, s’interpénètrent ; deux temps, celui du présent et celui du passé de l’esclavage entrent en relation, deux jeunes filles dominent le roman, celle d’aujourd’hui, une jeune délinquante recueillie dans un centre de rééducation nommé «  la Sainte Famille », celle du passé, une jeune chabine, esclave sur l’Habitation où un siècle plus tard sera installé le centre. Mais un seul lieu étroit, effrayant où séjournent de manière différente l’une et l’autre, le cachot. L’une dans son désarroi existentiel s’y réfugie, l’autre y a été emprisonnée pour y mourir peut-être. Le « Je » narratif est à la fois l’éducateur qui vient porter secours à la jeune délinquante et l’écrivain qui construit le récit mythique évoquant la jeune esclave. Ce récit, c’est la parole de l’éducateur à la jeune délinquante. Comment nommer cette parole ? Ce serait l’aplatir de dire que c’est un «  récit thérapeutique ». On avancerait en disant que c’est « un conte initiatique ». C’est une parole de vie qui traverse la mort.

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« La réunification des deux Corées » : l’amour ? Quelle connerie !

— Par Roland Sabra —

reunion_2_coreesLe titre est mystérieux, difficile à interpréter et c’est volontaire.. N’allez pas croire qu’il s’agit d’une pièce politique sur les sempiternelles négociations autour de la DMZ (demilitarized zone), ce no man’s land qui s’étend sur 250 km, d’une largeur de 4 km à la hauteur du 38ème parallèle et qui sert de ligne de démarcation entre les belligérants de la guerre de Corée depuis 1953. Deux ou trois indications peuvent, tirées par les cheveux, établir un très, très loin rapport entre la pièce de Pommerat et la DMZ. Premièrement la réunification semble impossible, deuxièmement plus on se parle moins l’on s’entend, troisièmement le dispositif scénique est lui aussi un couloir mais pas tout à fait démilitarisé puisque c’est là que les affrontements se déploient.
Reprenons. Après « Ma chambre froide » avec une scène ronde bordée de gradins, après «Cendrillon » avec une scène à l’italienne, voici « « La réunification des deux Corées » avec des gradins disposés des deux cotés d’un « chemin de vie ». De quoi est-il question ? Un emprunt à La Ronde et Rien qu’un rève de Schnitzler, une inspiration  du scénario de Scènes de la vie conjugale, de Bergman mêlés à un véritable travail d’enquête sociologique qui n’ose dire son nom parce qu’elle n’est pas une fin en soi mais un moyen, un instrument, un outil pour faire théâtre..

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Pov ti manzè Arlette dialogue avec la jeunesse

 Campagne d’information de la CACEM sur le Tri des emballages

—Cie Téat’Lari —

pov_ti_manzeLe Théâtre de comédie créole du Téatlari a visité dans la bonne humeur pas moins de sept lycées et collèges sur le territoire de la CACEM, du 8 au 12 décembre dernier, lors de la campagne d’information sur le Tri des emballages domestiques lancé par le Service Environnement de la Communauté d’agglomérations du Centre de la Martinique. « Rappeler à tous et surtout informer la jeunesse martiniquaise par le Théâtre de comédie, que le tri des emballages constitue un acte social hautement responsable qui implique chacun, qu’il soit plus âgé ou très jeune, dans la valorisation des déchets des Martiniquais comme ressources potentielles de notre développement » précise Yva Gaubron, la doyenne des comédiens martiniquais.
Les 5 joyeux compères comédiens conduits par Christian Charles, apparaissent en chantant avec entrain, que le « Téatlari (Théatre de rue) vient tout juste de débarquer en ces lieux pour raconter l’histoire du pays dans la joie et la gaîté …»
La fable commence par la fenêtre aux rideaux jaunes porté à bout de bras par les comédiens, où apparait Man Paulette (Liliane De Percin), la maman de la petite Arlette.

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« Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée »

 Au T.A.C. de F-de-F les 11, 12 & 13 décembre 2014

— Par Selim Lander —

musset-1Un « Proverbe » : une comédie à deux personnages, trop brève pour faire à elle seule l’objet d’un spectacle. Isabelle Andréani a eu l’idée de lui adjoindre un prologue « pédagogique », non pour expliquer la pièce – qui ne le réclame pas – mais pour présenter Musset aux spectateurs. Il plaira même à ceux qui n’en apprendront rien, tant il est habilement construit et joué. Nous sommes dans le grenier du domicile de Musset, sa bonne et son cocher nouvellement engagé cherchent les harnais pour atteler la voiture du maître. Un maître dont ils sont tous les deux entichés au point de connaître par cœur certains de ses poèmes. Dans une cassette se trouvent de vieilles lettres parmi lesquelles l’échange de lettres codées (apocryphes) entre George Sand et Musset au contenu nettement pornographique. Le-dit échange se clôt sur deux vers de G. Sand (« Cette insigne faveur que votre cœur réclame / Nuit à ma renommée et répugne à mon âme ») dont il faut seulement retenir les deux premiers mots, « Cette nuit » : c’est dès cette nuit-là que Sand est prête à se donner à Musset…

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Exhibit B :« Censurer, c’est donner raison à toute censure »

— Par Alain Foix —

alain_foix-2Le point de vue d’Alain Foix, écrivain, philosophe, dramaturge, metteur en scène et scénariste français né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).

«On me dit : “Fais attention en sortant, ils cassent la gueule aux Noirs venus voir Exhibit B !” Je passe barrières et CRS, et m’engouffre dans la foule qui manifeste. Une femme m’interpelle :

– Comment c’est ?

– Pas de quoi fouetter un chat noir. Je développe et l’incite à voir par elle-même. Bientôt se forme un cercle mitigé de curieux et d’hostiles. On me tend un micro et je décris l’installation.

– On met des Noirs en cage ! crie quelqu’un. – Non, ce sont les spectateurs qui sont en cage. Cette installation dénonce ce qu’elle présente. Une œuvre est par nature critiquable. Mais la censurer, c’est donner raison à toute censure.

On me pose une foule de questions, dont on n’attend pas la réponse. Et celle qui devait venir vient : “Est-ce que Dieudonné, c’est de l’art ?” Un artiste, j’aurais répondu oui, c’est son statut. Mais derrière le mot “art”, se cache un abîme de malentendus, et je devine la question non posée : “On interdit Dieudonné et on pose un cordon de CRS devant un spectacle qui malmène l’image du Noir.

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« Exhibit B » à Saint-Denis : le théâtre face aux « antinégrophobes »

— Par Laurent Carpentier —

exhibit_bLa barrière a commencé à vaciller. Franco – alias le Pacificateur dans l’ancien groupe de rap La Brigade –, a grimpé sur la première marche le mégaphone à la main. « Mon corps n’est pas à vendre ! », « Décolonisons l’imaginaire ! », disaient les sages banderoles. « Salopards ! » a hurlé une pasionaria petite et baraquée. Et c’est alors que tout est parti en vrille : les barrières se sont effondrées, les grands costauds – tee-shirts noirs fraîchement endossés – de la Brigade antinégrophobie ont ouvert la voie et jeudi 27 novembre la foule galvanisée s’est ruée sur le Théâtre Gérard-Philipe (TGP) à Saint-Denis en banlieue parisienne. Une vitre brisée d’une frappe de marteau, quelques coups donnés, un début d’envahissement rapidement repoussé par la sécurité et des policiers arrivés en courant qui n’avaient visiblement rien vu venir.

Voir aussi :le portfolio sur cette manifestation

Tout ça pour quoi ? Exhibit B, une déambulation-spectacle du Sud-Africain Brett Bailey, antiraciste convaincu, cherchant à montrer au travers d’une série de tableaux vivants la souffrance infligée aux Noirs, depuis la Vénus Hottentote exhibée dans les foires au XIXe siècle jusqu’aux immigrés attachés et bâillonnés à des sièges d’avion pour être renvoyés chez eux.

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« Le Songe d’une autre nuit », un théâtre multiculturel

Par Selim Lander

songe_d_une_autre_nuitAdapté du Songe d’une nuit d’été, sans doute la pièce la plus souvent jouée de Shakespeare, ce Songe-là, qui nous vient de Guyane dans une mise en scène de Jacques Martial, a la particularité de confier la partie du peuple de la nuit à des élèves comédiens d’une école de Saint-Laurent-du-Maroni qui s’expriment en saramaka surtitré en français. Les nobles Athéniens et  Bottom (Pyrame) sont joués par des élèves ou anciens élèves de l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT, Lyon). On voit tout de suite l’intérêt qu’aurait pu présenter un tel choix dramaturgique : poser d’emblée l’irréductible étrangeté du peuple de la nuit par rapport aux Athéniens. Malheureusement le message est brouillé dans la mesure où les mêmes Guyanais mobilisés pour jouer les elfes interprètent, avec le renfort de leur camarade de l’ENSATT, le petit peuple d’Athènes qui donnera la tragédie de Pyrame le jour du mariage des deux couples aristocratiques (Hermia et Lysandre, Helena et Demetrius)⋅Certes, ils s’expriment alors en français mais le spectacle ne perd pas moins de sa magie⋅

Un grand tronc posé sur le plateau nu est le seul élément fixe du décor⋅ Quelques accessoires portant la marque de l’artisanat guyanais (le lit de Titania, la reine des elfes, en pandanus tressé, des tabourets, un mur de branchage pour la tragédie) et les fleurs qui recèlent les charmes d’Obéron complètent le dispositif.

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L’Humanité dans le temps et dans l’espace

— Vu par José Alpha —

homme_de_terre« L’embellie des Trois Ilets », ce concept de développement économique et socio culturel territorial porté par la Région Martinique, a présenté une belle mise en oeuvre théâtralisée par le Théâtre du Silence des « Hommes d’argile » de la commune des Trois Ilets.
Conçue et dirigé par Hervé Deluge assisté de José Exélis et par le groupe musical Watabwi, à la Poterie des 3 Ilets ce samedi 22 nov 14 en fin d’après midi, la réalisation théâtrale fut une belle et captivante réussite.
Dès l’arrivée sur le site de la Poterie des Trois Ilets, sur un espace de stockage de briques et de terre ocre amoncelée où se déroulera l’action théâtrale, prolongé dans le lointain par une pièce d’eau calme, le spectateur se trouve face à un décor naturel des origines de l’humanité.
Le sentiment du merveilleux est du reste étroitement lié à la nature ; et si cela peut sembler curieux de parler de merveilleux naturel du fait que tout se passe en effet dans un espace vivant et industriel magnifié par la nature et la théâtralisation, le spectacle proposé par Hervé Deluge transporte le spectateur dans un tableau réaliste quasiment photographique de l’évolution humaine.

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Un théâtre sous le glaive du diocèse

— Par Christophe Deroubaix —

theatre_en_dangerJean-Pascal Mouthier, fondateur du Théâtre de la Comédie, est menacé d’expulsion par son bailleur : le syndicat ecclésiastique des prêtres.

Marseille (Bouches-du-Rhône),
correspondant. S’il traverse cette épreuve, il pourra en tirer une pièce qu’il inscrira à la programmation de ce théâtre dont on veut le priver. On peut déjà lui suggérer un classique le Fada, l’Archevêque, la Passion et l’Avarice. Ou un plus marxiste : Noyé dans les eaux glacées de l’archevêché. Enfin, un assez christique : la Passion de Jean-Pascal. Résumons : Jean-Pascal Mouthier a rêvé toute sa vie d’avoir un théâtre. Il effleure à peine son Graal que l’on veut déjà l’en priver, pour des arriérés de loyers alors qu’il a rénové le lieu de fond en comble. Son propriétaire intraitable ? Le syndicat ecclésiastique des prêtres. À Marseille, le réel fait toujours la nique à la fiction.
« Il y avait juste quatre murs 
et plus d’une tonne d’amiante »

Au commencement était, comme souvent, « un rêve de gosse » : avoir son propre théâtre.

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« La Machine à beauté » ou la comédie des apparences

— Par Selim Lander—

Machine à beauté2Salle comble à l’Atrium pour la représentation de La Machine à beauté, une pièce de Robert Bellefeuille d’après le roman de Raymond Plante (Québec). Le spectacle a déjà tourné dans des collèges et mériterait de s’exporter tant la forme paraît en adéquation avec le propos. Ce dernier est simple : pour être unanimement désirée la beauté perd de son charme lorsqu’elle devient le lot commun ; si, en outre, il n’existe que deux canons de la beauté, un pour chaque sexe, la parfaite ressemblance entre tous s’avère une gêne insupportable ; et chacun de préférer retrouver son état initial. Au-delà de cette « thèse » dont on dira plus loin ce qu’il faut en penser, on voit  tout de suite les ressorts comiques d’un tel sujet : personnages caricaturaux, quiproquos lorsque tous sont devenus semblables, retournements de situation. Le texte qui est destiné à un public d’enfants et d’adultes développe tout cela avec autant d’efficacité que de simplicité. Mais une pièce comme celle-ci ne serait rien sans l’interprétation qui la porte. Ricardo Miranda (à la mise en scène) et les comédiens de la compagnie L’Autre Bord, qui nous avaient déjà très favorablement impressionné à la fin de la saison dernière dans La Nuit des assassins de José Triana, marquent à nouveau un grand coup avec cette comédie d’une tonalité entièrement différente mais dans laquelle on retrouve une signature commune, le rythme soutenu du début à la fin et un dispositif scénique qui se limitant à des cubes, même si certains sont ici solidement assemblés pour constituer la machine éponyme.

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Un Roman de Renart : du spectacle avant toute chose

Par Corinne Le Sergent

renardLa queue d’Ysengrin coincée dans la glace, le goupil et le loup dans le puits, nous connaissons tous un certain nombre d’épisodes que relatent les diverses « branches » du Roman de Renart, longue narration en vers, écrite pendant près de 100 ans, entre le XIIe et le XIIIe siècle, par de nombreux auteurs anonymes. Il est probable que peu d’entre nous aient lu le texte en entier, encore moins dans sa langue originale, mais c’est bien le propre d’un classique que d’être connu sans avoir forcément  été lu. Le spectacle proposé cette semaine par le théâtre Aimé-Césaire adapte donc pour la scène quelques épisodes du texte original. Maurice Baud, comédien et metteur en scène, déclare dans une note d’intention vouloir « se faire le relais de ce texte qui, bien que faisant partie du plus ancien patrimoine littéraire français, est selon [lui], toujours d’actualité par sa drôlerie, sa sagesse, sa richesse, la justesse de son propos. » Pourquoi et comment adapter à la scène ce monument ?

La première étape de ce travail de « relais » consiste à rendre le texte accessible aux auditeurs contemporains, en récrivant certains épisodes : la pêche aux anguilles, le puits, le jugement de Renart, le siège de Maupertuis, etc.

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Retour aux sources avec « Un Roman de Renart »

Par Selim Lander.

roman_de_renartLe Roman de Renart date du tournant du XIIIe siècle. C’est donc l’un des premiers textes comiques écrits en (vieux) français. Maurice Baud a décidé de le monter au théâtre dans une version abrégée et modernisée sans excès par Bruno Cosson. Ils rendent tous deux un service éminent aux lettres françaises en rendant accessible ce texte des origines de notre littérature. Et le public l’a bien compris qui se presse nombreux aux représentations (le Théâtre municipal fait salle comble tous les soirs). Autant dire que ce retour en arrière est plus que rafraîchissant. Nos ancêtres y apparaissent comme des êtres primesautiers, irrévérencieux, s’amusant de choses simples et ne négligeant pas la gaudriole. Le roi Lion ne sait pas ce qu’il veut, le curé est en puissance de femme et d’enfant et les femelles de tout poil se font allègrement sauter par un messire Renart lequel possède plus d’un tour dans son sac.

Le comédien est accompagné sur la scène par une violoncelliste, Marie-Claude Douvrain. Elle lui apporte un contrepoint musical qui n’a rien de superflu. On notera que le violoncelle possède une « voix » grave et chaude qui explique qu’on le trouve souvent présent sur les scènes de théâtre, l’accordéon demeurant son seul concurrent sérieux.

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Un roman de Renart

Au T.A.C.  Jeudi 13, Vendredi 14, Samedi 15 Novembre 2014 à 19 h 30

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— Dossier de presse —

Ce texte reprend, dans la langue d’aujourd’hui, tous les ingrédients de l’original : le personnage central de Renart trompe tout son monde « car la faim lui fait la guerre », certes, mais surtout pour se délecter des tours cruels qu’il joue à tous.
Là où les autres crient au péché, au coup malheureux du sort, à la leçon divine, Renart ne voit que jouissance de la vie : il mange, il fait l’amour, il tue, il rigole, il tremble… de bon coeur et de bonnes tripes⋅

Comédien, et metteur en scène, j’aime⋅⋅⋅ le répertoire classique, le Roman de Renart en fait partie et les souvenirs d’enfance, le Roman de Renart en est un⋅ En tout premier, l’histoire de Tibert et Renart qui rivalisent tous deux d’astuces et de ruses pour déguster tous seuls les fromages en laissant la peau de l’autre en otage au fermier⋅ J’avais entendu cette histoire sur un banc de l’école et j’étais amoureux de l’institutrice remplaçante, jeune et délicieuse⋅⋅⋅
J’ai eu envie de me faire le relais de ce texte qui, bien que faisant partie du plus ancien patrimoine littéraire français, est selon moi, toujours d’actualité par sa drôlerie, sa sagesse, sa richesse, la justesse de son propos⋅
Il me fallait retrouver et partager cette truculence, cette verdure de langage, l’irrévérence de ce personnage face aux certitudes creuses des institutions de son époque ; certitudes qui se nourrissent de la guerre contre⋅⋅⋅ d’autres certitudes, prétextant que le mal est toujours en l’ennemi, chez l’autre⋅ Avec Renart, le mal, et même l’animal est en nous.

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« Notre peur de n’être »

Texte et mise en scène Fabrice Murgia, Cie ARTARA — Comédie de Saint-Étienne —

— Par Michèle Bigot —

notre_peur_d_etreLa pièce de Fabrice Murgia, Notre peur de n’être a connu un vif succès en juillet 2014 au Festival d’Avignon, où elle a été créée. C’est cependant à la Comédie de Saint-Étienne, dirigée par A. Meunier que revient le mérite d’avoir accueilli ses répétitions , et ce durant deux mois. Née à la faveur d’un travail de réflexion long de deux ans, et inspirée par l’essai de Michel Serres, Petite poucette, cette pièce sur l’archi-solitude de l’homme moderne devant ses écrans résulte pourtant d’un travail collectif.
Il s’agit là d’une véritable écriture de plateau, dans laquelle il n’existe pas de texte préétabli qu’il s’agirait de faire vivre sur scène. Le texte s’élabore au fur et à mesure des répétitions, et en étroite correspondance avec le reste de la scénographie, l’éclairage, la gestuelle, l’occupation de l’espace, l’architecture du plateau, le décor, les costumes et la bande son. Le travail des comédiens n’est pas seulement interprétatif ; ils ont collaboré très étroitement à la création du texte lui-même, chaque acteur apportant les textes qui l’inspirent en vue d’un travail collectif.

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« Le morne était le monde » : j’ai rencontré le poète éveilleur

— Par Jean-José Alpha —

Le « marronneur de mots » comme il se définit lui même, le poète philosophe Joby Bernabé, a livré à son auditoire une telle affirmation de la Vie, récit de sa propre trajectoire, que la charge poétique qui le portait souleva d’acclamations la salle comblée sous les yeux émus de « l’orfèvre de la parole ».
De son apparition éclairée en demi-teinte plantée derrière un micro sur pied, sur un plateau nu plongé dans le noir, « le musicien de la parole » qu’il est, s’est révélé une fois de plus maître de son instrument. Il s’est livré avec aisance et plénitude à son art captivant, celui de dire dans le souffle, la retenue, l’exaltation et l’agilité, tout ce qu’il pense et tout ce qu’il ressent avec cette voix parfaitement maitrisée de ténor⋅
On peut penser que l’exercice du dire pratiqué par les adeptes du « stand up » ou du « one man show »,  utilisant comme genre théâtral la dérision ou la satire livrée à un débit de mitraillette, captivent l’auditoire subjugué par la performance ; mais très vite, la fatigue s’installe aussi vite que les pensées s’escamotent ou se vident de sens dans un tempo métronomique, répétitif, qui lasse et qui décroche.

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« La Flambeau », un texte pour le théâtre de Faubert Bolivar

—Par Roland Sabra —

Né à Port-au-Prince, vivant en Martinique où il enseigne la philosophie, Faubert Bolivar, écrivain, nouvelliste, poète, dramaturge collectionne les récompenses littéraires. En 2013 il recevait le Prix Marius-Gottin d’ETC-Caraïbe pour une pièce en créole « Mon ami Pyero » et le Prix Spécial du Jury Henry Deschamps pour une pièce théâtrale « La Fambeau ». Les années précédentes, « Faux-lit », une nouvelle et « Sélune pour tous les noms de la terre » un monologue avaient été honorés.
« La Flambeau » est donc une pièce en huit tableaux et six personnages, un couple, sa bonne, et trois esprits. L’action se déroule selon toute vraisemblance -mais est-ce le mot approprié- dans le pays natal de l’écrivain. Monsieur prépare une conférence, Madame confère avec sa mère, morte il y a longtemps, Mademoiselle est sous la protection de son parrain Ogou, un Loa, célèbre pour sa vaillance guerrière et sa fertilité, entre autres. Il est question, de vol, de viol, de République et de morts-vivants. L’atmosphère dans laquelle évoluent les personnages est celle d’un monde tétanisé entre enfance perpétuelle et adolescence infiniment prolongée, un monde dans lequel il semble impossible de devenir adulte, comme si un acte non assumé, non pris en charge, envahissait, caché dans le brouillard d’une histoire dérobée, l’espace psychique confondu pour l’heure avec l’espace politique.

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La machine à beauté

machine_beauteThéâtre de masques pour jeune public de 7 à 99 ans
Du 04 au 14 novembre 2014 dans les collèges de Martinique
Le 20 novembre 2014 à l’Atrium
Dès décembre 2014 dans les école de Martinique
«C’est d’abord et avant tout cela qui m’a inspiré: l’image constante de la beauté. Un clou dans la conscience ! Comme si la vraie vie, le plaisir, le bonheur ne pouvaient exister que si on était beau ». Raymond Plante.
Les habitants d’un petit village viennent chez la nouvelle photographe se faire prendre en photo. Malheureusement, ils se trouvent tous plutôt laids.
Arrive alors Arsène Clou, un inventeur, qui, grâce à sa machine, promet la beauté à tous ceux qui la veulent.
Les villageois se précipitent dans la machine où ils sont immédiatement transformés…

Un spectacle tout public à partir de 7 ans

(durée 50 minutes)
un spectacle pour se divertir…

…un spectacle pour réfléchir

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Le blues selon Bob Wilson

Les Nègres, de Jean Genet, mise en scène Robert Wilson,

— Par Michèle Bigot —

Bleu à l’âme, blues au ventre, l’américain Bob Wilson, ami de Ornette Coleman, travaillant avec le saxophoniste Dickie Landry, nous offre sa vision poétique de Les Nègres de Jean Genet.
Les Nègres, c’est l’histoire d’un procès : par une mise en abyme dramatique, les blancs intentent un procès à un noir, censé avoir assassiné une femme blanche : telle est l’action qui se déroule hors-scène, dans les coulisses. Sur scène des acteurs noirs masqués jouent le rôle des blancs (la cour) qui assistent à un meurtre rituel célébré par d’autres acteurs noirs. Au bout de cette cérémonie, en guise de clôture du drame, c’est la cour des blancs qui est jugée par les noirs. Effet spéculaire, répétition, renversement, ironie et démontage des codes de la dramaturgie sont en vigueur. Dès lors chaque mise en scène des Nègres est aux prises avec cette ambiguïté et cette ironie généralisée⋅ Certains mettent l’accent sur la dimension politique du message, d’autres insistent sur la théâtralité de la pièce, d’autres encore sur la dimension festive et bouffonne du drame : en tout cas, impossible d’en donner une version lisse, qui ne prenne pas parti !

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« Aladin » : du théâtre pour le jeune public

— Par Selim Lander —

AladinLe théâtre du Jeu de Paume, à Aix-en-Provence, a produit en 2013 ce spectacle repris cette année, qui illustre un épisode bien connu des Mille et une nuits. Après le désistement de Charles Tordjman, metteur en scène, Matej Forman, co-directeur avec son frère jumeau d’un théâtre qui allie les marionnettes à des animaux stylisés, le tout dans des décors naïfs, est resté le seul maître à bord. L’univers des frères Forman collant particulièrement bien avec celui de l’enfance, on était curieux de découvrir cette adaptation d’Aladin.

 Le prologue est prometteur : deux boules lumineuses volent lentement au-dessus des spectateurs jusqu’à la scène, coupée par plusieurs rangs de rideaux transparents, où les attendent d’autres boules en mouvement.

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« Un Diptyque » par Malte Schwind et des élèves du master théâtre de l’université d’Aix-Marseille

— Par Selim Lander —

Un dyptique-©-Michèle-Souheban2Malte Schwind, qui a commencé à travailler sur Un Diptyque alors qu’il était encore étudiant du master théâtre de l’AMU (Aix-Marseille Université, la nouvelle entité qui regroupe les trois universités d’antan), démontre déjà une maîtrise étonnante de l’outil théâtral alliée à une profonde originalité. Car si tout n’est pas neuf dans sa manière, sa pièce finit par produire sur les spectateurs un effet de sidération qui n’a, lui, rien de commun Pour comprendre ce qui est visé, rien de mieux que de lui laisser la parole :

« Nous voulons chasser le naturalisme et le naturel⋅⋅ Nous n’aurions pas peur du trop, d’une recherche de la plus grande expressivité de chaque élément théâtral, de l’exagéré, du grotesque, du sale et du bruyant, d’un trop plein, d’un excès, d’un excès de trop de textes, trop de musiques, trop d’images…

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