Catégorie : Théâtre

À Charleville, des marionnettes de rêves et de papiers

— Par Géraldine Kornblum —

La 18e édition du Festival mondial des théâtres de marionnettes, qui vient d’ouvrir ses portes, 
se tient jusqu’au 27 septembre. L’occasion de découvrir quelques merveilles.

Charleville-Mézières (Ardennes), 
correspondance Voilà donc que s’est ouvert le Festival mondial des théâtres de marionnettes, vendredi dernier à Charleville-Mézières. Pendant dix jours, l’événement – biennal depuis 2011 – rassemble en salles comme dans la rue 115 compagnies venues des cinq continents, parmi lesquelles 41 premières en France et deux artistes invités, soit 569 représentations pour spectateurs de tous âges. Voilà surtout une édition qui s’annonce des plus prometteuses tant elle a livré aux premiers jours quelques succulences.

Une extrême beauté faite 
de douceur et de légèreté

Esquisses, de Barbara Mélois, une des nombreuses créations que présente le festival, est de celles-ci, de ces spectacles qui font de l’instant vécu un moment de grâce inouïe qui enserre le cœur d’un magma d’émotions dont il est difficile de se sortir, qui enveloppe le cerveau longtemps, très longtemps, d’une réminiscence persistante et incontrôlable, comme douée d’une force se refusant à refermer la parenthèse enchanteresse.

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« Unissons les théâtres public et privé pour faire face à la crise »

— Par Bernard Murat (Metteur en scène, acteur, réalisateur, scénariste, directeur du Théâtre Edouard-VII et Président du Syndicat national du théâtre privé -SNDTP) —

theat_pub_priveLe constat est sans appel et très inquiétant : pas une semaine sans qu’on apprenne de nouvelles coupes dans les budgets alloués par des collectivités à des théâtres publics, et ce mouvement touche à présent tous les établissements de la décentralisation théâtrale, cette histoire née dans l’après-guerre, qui a vu notre pays se doter d’un réseau unique au monde.

Quels que soient les efforts engagés par l’Etat pour contrecarrer cette tendance, et les annonces positives de ce début d’année par le premier ministre, le pire est sans doute à venir ; confrontées à des équations budgétaires impossibles, les collectivités territoriales, devenues le principal financeur de la culture, sont dans l’obligation de procéder à des arbitrages sévères.

Nous sommes, directeurs et entrepreneurs du théâtre privé, interpellés par ce mouvement, et solidaires de nos confrères du théâtre subventionné, sans que cela empêche une forme de lucidité qui nous oblige à nous interroger sur ce qu’il convient de faire pour répondre à ce repli sans précédent.

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Le bizarre incident du chien pendant la nuit

— Par Michèle Bigot —

bizarre_incidentLe bizarre incident du chien pendant la nuit
D’après le roman de Mark Haddon
MES Philippe Adrien
Du 11/09 au 18/10 2015-09-19 Théâtre de la tempête, 75012 Paris

En nous racontant l’histoire de Christopher, jeune garçon autiste, Philippe Adrien a choisi de mettre de côté le répertoire des passions tristes pour se tourner vers un registre drolatique. Sur les conseils d’une amie comédienne, il s’intéresse au roman de Mark Haddon The curious incident of the Dog in the Nigt-Time, adapté à la scène par Simon Stephen.
Il s’agit donc ici d’un théâtre récit, ouvert sur la dimension mentale offerte par le thème de l’autisme. Théâtre récit, car il s’agit bien de nous raconter un événement et les répercussions que cet événement entraîne dans les esprits, notamment dans l’esprit de Christopher.
Un matin Christopher découvre que Wellington, le chien de la voisine a été massacré à la fourche. En véritable adepte de Sherlock Holmes, Christopher se met en tête de découvrir l’identité de l’assassin, en dépit de l’interdiction paternelle. En tant qu’autisme atteint du syndrome d’Asperger, il est pourvu d’un sens de la logique et d’une intelligence incomparables, mais toutes ces qualités se heurtent tellement au bon sens de la vie quotidienne qu’elles vont entraîner des difficultés énormes et des malentendus comiques.

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Virgul’ : reprise des activités

L’Atelier

« Pratique du Conte » reprendra le samedi 12 septembre 2015 à 15h.

Cet
atelier est ouvert à toutes personnes (débutants et confirmés) intéressées par la pratique du Conte. Il est animé par le conteur

Valer’EGOUY
.

Lieu des cours :
Z.A.C. de Rivière-Roche, Bâtiment D, 2ème étage, Fort-de-France.

Tarifs : adhésion annuelle (45€) plus participation mensuelle 30€.

C’est avec plaisir que VIRGUL’ vous accueillera pour cette nouvelle session de cours annuels.

Pour tous renseignements :

0696
455 150 / 0696 85 69 82




virgul972@gmail.com
/ comvirgul@gmail.com

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Le conservatisme du théâtre public freine l’émergence de nouveaux talents

—Par Thibaud Croisy, metteur en scène —
theatre_en_dangerLa programmation du Théâtre de l’Odéon pour la saison 2015-2016 fait la part belle aux « poids lourds » de la scène européenne.
À plusieurs reprises, je me suis exprimé sur la nécessité de mettre en œuvre des politiques culturelles qui soutiennent et promeuvent durablement les jeunes générations d’artistes (« Non au cumul des mandats ! », Le Monde ,18 juillet, 2013). Ces derniers mois, la situation a bien évolué à l’échelle nationale, notamment grâce au renouvellement de nombreux postes de direction, mais des efforts méritent encore d’être accomplis. En effet, à l’heure où les théâtres dévoilent leur programmation pour la saison prochaine, plusieurs d’entre eux font preuve d’assez peu d’ouverture. Il suffit, par exemple, de lire la brochure du Théâtre de l’Odéon pour constater qu’elle ne rassemble que des « poids lourds » de la scène européenne : Angélica Liddell, Romeo Castellucci, Joël Pommerat, Thomas Ostermeier, Krzysztof Warlikowksi, Luc Bondy.
Sur les neuf metteurs en scène invités,  y ont déjà présenté au moins une pièce ces dernières années, à l’exception de Séverine Chavrier, seule primo-accédante et unique metteuse en scène française de la saison.

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L’Université d’été européenne de la mousson d’été

mousson_d_eteL’Université d’été fondée par Michel Didym est un dispositif pédagogique spécifiquement greffé sur La mousson d’été qui est animée par cinq artistes. Sous forme d’ateliers matinaux, cette formation/partage offre à 70 personnes, venues de toute l’Europe, la possibilité d’une formation in situ, de se trouver dans ce carrefour de l’écriture théâtrale et d’en devenir acteur. Dans un espace convivial, elle favorise les échanges, les rencontres, les découvertes. Elle donne l’occasion à des étudiants, des enseignants, des artistes et des professionnels du secteur culturel français et européen de se former aux spécificités de l’écriture théâtrale. Elle permet de rencontrer les artistes qui font la création d’aujourd’hui.
du 21 au 27 août de 9h30 à 12h30
direction pédagogique Jean-Pierre Ryngaert
assisté de Aziyadé Baudouin-Talec
ateliers animés par Joseph Danan, Nathalie Fillion, Pascale Henry, Rebekka Kricheldorf et Jean-Pierre Ryngaert

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Mousson d’été. La force de frappe de la parole

— Par Marina Da Silva —

Nord-Sud. Richesse et pauvreté. Individu-société. Intime et publique. Des écritures plurielles, orage et arc-en-ciel, composent une Mousson d’été passionnante et prometteuse.

C’est Michel Didym qui fait l’ouverture de cette vingt-et-unième édition avec = (presque égal à) de Jonas Hassen Khemiri, traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy.

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Michel Corvin. Mort d’un encyclopédiste du théâtre

— Par Sophie Joubert —

dic_theatre_corvinL’universitaire et essayiste, spécialiste du théâtre du XXe siècle, est décédé le 20 août à 85 ans.

Volontiers provocateur et farouchement indépendant, Michel Corvin était, à 85 ans, un immense lecteur, un défricheur curieux des écritures contemporaines, un spectateur assidu et attentif aux formes nouvelles. Avec gourmandise, il préférait parler de jeunes auteurs presque inconnus plutôt que des Surréalistes dont il était pourtant un grand connaisseur. « Il avait du goût pour ce qu’il ne connaissait pas encore, il était plutôt du côté des voyous que de l’orthodoxie » analyse Olivier Neveux, professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’université Lumière Lyon-2 et rédacteur en chef de la revue Théâtre/Public.

Né le 10 septembre 1930, Michel Corvin a fait sa thèse de doctorat sur les avant-gardes théâtrales de l’entre deux-guerres. Avec son collègue et ami Bernard Dort, dès les années soixante, il renouvelle l’étude du théâtre en luttant contre la suprématie du texte. Au sein de l’Université, il fait figure de frondeur en s’intéressant à des personnalités marginales, écrit sur Artaud, Kleist, le mouvement Dada, mais aussi sur Feydeau et le théâtre de Boulevard.

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L’histoire d’un théâtre de l’utopie : le Théâtre du Peuple de Bussang

theatre_du_peupleLe Théâtre du Peuple de Bussang est né en 1895 d’une utopie humaniste et artistique : créer dans les montagnes vosgiennes une fête dramatique destinée à l’ensemble du peuple, en régénérant l’art de son temps. Depuis cent vingt ans, ce théâtre atypique dans le paysage culturel français maintient vivant l’idéal de son fondateur, Maurice Pottecher, résumé par la devise “Par l’art, pour l’humanité” inscrite au fronton de la scène. Dans cette bâtisse de bois classée Monument historique et dont le fond de scène s’ouvre sur la nature, est proposée chaque été, à l’occasion d’un rituel festif, populaire et familial, une programmation dramatique croisant créations et oeuvres de répertoire et mêlant professionnels et amateurs. Malgré les guerres, les évolutions sociétales, les changements dans le fonctionnement, l’organisation et la direction du lieu, ce projet a résisté au passage du temps, en se réinventant sans cesse, mais sans perdre son “esprit” originel. Dans l’Humanité => En s’appuyant sur des centaines d’entretiens, les deux auteurs, spécialistes en études théâtrales racontent l’aventure 
de Bussang depuis sa fondation en 1895. Le Théâtre du Peuple 
de Bussang. 
Cent vingt ans d’histoire, de Bénédicte Boisson 
et Marion Denizot.

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« Nous voulons dire aux politiques qu’ils sont perdus, out, morts »

— Par Vincent Lenoir —
theatre_de_luniteINTERVIEW – Le « parlement éphémère » sera l’une des attractions du festival de théâtre de rues qui s’ouvre mercredi à Aurillac (Cantal). Mêlant discours, chants, poésie et politique, l’objectif de la troupe du Théâtre de l’Unité est de rédiger plusieurs lois qu’ils soumettront ensuite aux politiques en vue de 2017. Hervée de Lafond, cofondatrice de la troupe, explique au JDD.fr les ambitions de son spectacle.
Quel est le principe de votre « parlement éphémère »?
L’objectif est de donner la parole aux gens. Quand je regarde le Parlement, je ne vois que des cadres blancs de 60 ans. On veut tout simplement donner le pouvoir au peuple, refaire émerger la démocratie. Les gens pourront en discuter et nous ratifierons des textes que nous enverrons ensuite aux candidats à l’élection présidentielle de 2017. Le public pourra lui-même écrire et proposer ses lois grâce aux petits cartons que nous distribuerons au début du spectacle.
En quoi le « parlement éphémère » est également une œuvre de théâtre qui a sa place au festival d’Aurillac?
Nous avons préparé plusieurs éléments de mise en scène comme des discours de Victor Hugo, de Jean Jaurès, d’Edgar Morin ou de « Pepe » Mujica, l’ex-président de l’Uruguay.

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« Les Désenfantées » de Nathalie M’Dela-Mounier

les_desenfanteesThéâtre

En collaboration avec Aminata Dramane Traoré

Alors que de jeunes migrants tentent en vain de gagner l’Europe depuis une plage africaine, deux femmes guettent les appels téléphoniques de leurs enfants respectifs séduits par un ailleurs qu’elles n’imaginaient pas. Amadou a en tête de rejoindre les djihadistes au nord du Mali ; Alice a pris la route de la Syrie où ils recrutent également.

Du déni à la colère, au-delà des efforts que font ces mères – qui n’ont apparemment rien en commun – pour que leurs enfants reviennent et pour comprendre les causes de leur départ, elles mesurent ce qui les rapproche toutes les deux. Non dénuées d’humour, repoussant déterminisme et fatalisme, elles nous font aussi percevoir comment ce qui se passe à un endroit de la terre peut affecter l’autre partie.

En donnant la parole aux mères et en interrogeant le système sous un angle inhabituel, cette pièce nous invite à réaliser notre communauté de destin. Elle souligne la nécessité de remonter à la source des événements qui tissent puis déchirent les vies de femmes et d’hommes refusant de n’être que les jouets cassés d’un monde chaotique.

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Ninet’InfernO : un chant d’amour et de désespoir

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— Par Marina Da Silva —

Roland Auzet adapte les Sonnets de Shakespeare pour Pascal Greggory et Mathurin Bolze. 
Un poème sur mesure d’une beauté à couper le souffle.

Le rideau se lève sur une forêt de chaises où sont assises des silhouettes humaines. Elles vont s’éclipser à cour et à jardin, rejoindre la tapisserie d’instruments composée par l’Orchestre symphonique de Barcelone et national de Catalogne (OBC). Ils restent à deux. Lui est un homme d’âge mûr, à la beauté solaire, Pascal Greggory, acteur révélé d’abord au cinéma par Rohmer puis par Chéreau. Il a commencé à jeter les chaises et jette aussi les mots de sa rage et de son amour blessé, trahi. Face à lui, Mathurin Bolze déploie sa jeunesse étincelante et insolente. Le premier est aimanté par le second, qui ne le regarde plus, suit sa trajectoire d’astre fasciné par son destin. L’un est à bout de souffle, laisse couler son chant d’amour comme une lave de volcan. L’autre est muet, mais tout son corps vibre d’un prodigieux langage qui éblouit. Ninet’InfernO s’inspire des Sonnets de Shakespeare (154 poèmes publiés en 1599), que Roland Auzet, compositeur et dramaturge, a sélectionnés.

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De retour d’Avignon

— Par Dominique Daeschler —

avignon_2015_finCette cuvée 2015 du festival d’Avignon paraît décevante dans son ensemble. Beaucoup de témoignages (immigration et sans papiers, racisme, chômage, guerres et violences policières) qui ne passent pas la barre du théâtre et restent dans une dimension « reportage » ou « jeu au public » abordant la fable brechtienne dans son aspect le plus élémentaire sans apport spécifique de mise en scène et de dramaturgie. Enfin, l’altérité édictée en credo n’atteint pas toujours son but dans des spectacles redondants (Retour à Berratham), hétéroclites (Cuando vuelva a casa), brouillons(le bal du cercle).

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Dinamo (in)

Trois argentins (C Tolcachir, M Hermida, L Perotti) membres du théâtre école Timbre 4 cosignent texte et mise en scène d’un huis clos entre trois femmes dans une caravane : Ada chanteuse en mal d’inspiration et de contrats, Marisa sa nièce ex championne de tennis et Harima clandestine planquée dans ce petit espace. Toutes trois sont confrontées à la solitude, au manque d’avenir, aux réminiscences obsessionnelles du passé. C’est Harmina qui parle une langue inconnue (petit clin d’œil à l’espéranto) qui i rassemblera le trio dans la possibilité de vivre au présent.

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Avignon 2015 (20) : Épilogue ( et récapitulatif)

— Par Selim Lander —

affiche IN 15Le festival s’est achevé le 25 juillet. Après trois semaines très intenses, la ville va retrouver un calme relatif, la fréquentation estivale des touristes, quoique non négligeable – la Cité des Papes recèle tant de trésors ! – n’ayant rien à voir avec celle des festivaliers. Le 69ème festival IN a programmé 58 spectacles pour 280 représentations avec un taux de fréquentation supérieur à 93%. Avec les manifestations gratuites, 156000 entrées ont été comptabilisées. On ne dispose pas de ce dernier chiffre pour le OFF (qui fêtait cette année son 50ème anniversaire), chaque compagnie se chargeant de la vente des billets pour son ou ses spectacles, mais les chiffres disponibles sont encore plus impressionnants : 1071 compagnies (dont 128 étrangères) ont présenté 1336 spectacles. Plus de 50000 cartes du OFF (donnant droit à des réductions sur les spectacles) ont été vendues, soit 50000 spectateurs qui ont vu chacun au minimum quatre ou cinq pièces, sans compter les autres, non-encartés.

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Avignon 2015 (19) : Patrice Chéreau – Un musée imaginaire

Par Selim Lander

Chéreau afficheOuvert en 2000 dans l’Hôtel de Caumont, en Avignon, la Fondation Lambert d’art contemporain se prolonge depuis cette année dans l’Hôtel mitoyen de Montfaucon. Les deux bâtiments entièrement rénovés pour la circonstance (agence Berger&Berger) sont voués pour l’un au fonds permanent (qui a fait l’objet d’une dation à l’Etat), pour l’autre aux expositions temporaires. C’est donc là où se tient en ce moment, et jusqu’au 11 octobre 2015, une exposition qui présente à la fois des documents tirés des archives que Chéreau a léguées à l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) et des œuvres de plasticiens ayant nourri son imaginaire ou qui, du moins, sont censées entretenir avec lui un certain rapport « sensible ».

Patrice Chéreau (1944-2013) est tombé très tôt dans le théâtre. C’est en effet au lycée Louis-Le-Grand, à Paris, qu’il tiendra ses premiers rôles et assurera ses premières mises en scène (en compagnie de Jean-Pierre Vincent). La troupe se fait remarquer et fera le voyage de Nancy, invitée par Jack Lang.

La suite ira tout aussi vite. Chéreau prend la direction, à 22 ans, du Théâtre de Sartrouville et c’est là qu’il s’associera Richard Peduzzi, son décorateur jusqu’à la fin.

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Avignon 2015 (18) : Qui sommes-nous ? – Mariano Pensotti

— Par Selim Lander —

Cuando vuelva a casa voy a ser otro – Quand je rentrerai à la maison je serai un autre

Cuando3Au cinéma, au théâtre aussi, on reconnaît les œuvres d’Amérique du Sud. Il est difficile de dire à quoi cela tient exactement, peut-être avant tout à une certaine manière de considérer l’humain qui combine l’empathie avec une certaine dérision, également à une certaine manière de traiter des sujets graves sans se prendre au sérieux. Mariano Pensotti est argentin (né en 1973). Sa renommée a largement dépassé les frontières et Cuando est une coproduction internationale à laquelle le festival d’Avignon s’est pertinemment associé. On aime en effet ce spectacle (en espagnol sous-titré) astucieusement construit et bien mis en scène et qui pose adroitement une question essentielle – c’est le cas de le dire – à savoir la grande question existentialiste : y a-t-il une « essence » de l’individu donnée une fois pour toutes, ou l’existence précède-t-elle l’essence ?

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Avignon 2015 (17) : La religion – Carole Martinez, Diderot

Par Selim Lander

DomaineMurmures_r« Le premier pas vers la philosophie, c’est l’incrédulité » (Denis Diderot). En nos temps troublés par des adeptes d’une certaine religion, cette vérité est bonne à entendre. Deux pièces qui n’abordent pas cette religion-là mais le christianisme nous amènent à réfléchir sur les conséquences de cette bizarrerie intellectuelle qu’est la foi en un dieu invisible et muet. La première saisit une femme au plus intime d’elle-même. La seconde emprunte la forme du débat socratique, version XVIIIe siècle.

Du domaine des murmures

Carole Martinez a obtenu le « Goncourt des lycéens » en 2011 pour ce roman qui se passe dans un Moyen-Âge de légende, de mystère et de foi.

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Baâda le malade imaginaire et Candide l’africain

— Par Roland Sabra —

candide_africainToinette mesure un mètre quatre-vingt-quinze, pèse bien ses quatre-vingt dix kilos et porte une belle barbe noire. Monsieur Purgon est un féticheur. Candide ne vit pas en Westphalie mais fréquente la cour de sa majesté Toukguili de Gongonbili Gongoni. Les scènes sont agrémentées de chants en dioula et en moré, de danses traditionnelles rythmées au son de balafon, djembé et kora. Et c’est de Molière et Voltaire dont il est question !
La compagnie Marbayassa, par deux fois lauréate du grand prix national du théâtre burkinabé transpose Candide ou l’Optimisme et Le Malade imaginaire au cœur de l’Afrique contemporaine et c’est un pur bonheur.
Molière qui, dans sa pièce testamentaire, dénonce le despotisme de la médecine et l’obscurantisme religieux et Voltaire, qui s’en prend à la noblesse rétrograde et à l’optimisme béat, sont magnifiés dans une démarche qui célèbre l’universalité de leurs propos. Au delà des modifications mentionnées, le travail présenté fait preuve d’une grande fidélité aux auteurs. Dans Candide, la trame du récit voltairien est respectée, un griot assure la transition entre les scènes, dans Baäda les vers sont ceux de Molière.

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Avignon 2015 (16) : Qu’est-ce que l’art ? Botho Strauss, Jacques Mougenot

— Par Selim Lander —

Trilogie du revoir

TrilogieLa Trilogie de la Villégiature de Goldoni (1761), Les Estivants de Gorki (1904), La Trilogie du revoir de Botho Strauss (Trilogie des Wiedersehens, 1977) : trois textes dans un intervalle de deux siècles pour décrire de riches personnes en vacances. Des trois, le Goldoni est sûrement le meilleur. Celui de Gorki, malgré des qualités, ne laisse pas un souvenir impérissable, en tout cas dans la version présentée cette année à la Comédie Française[i]. La Trilogie de Botho Strauss créée cet été en Avignon a partagé le public. On a vu quelques personnes déserter précocement le théâtre mais peut-être était-ce dû pour une part à l’acoustique défaillante de la salle dans une configuration telle que le décor, n’occupant pas toute la largeur de la scène, laissait les spectateurs des côtés en fort mauvaise posture pour entendre. Or les déserteurs étaient des vieilles personnes, lesquelles, comme l’on sait, ont souvent des difficultés d’audition.

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Avignon 2015 (15) : Stig Larsson monté par Lavelli, Ahmed El Attar

Par Selim Lander

Deux pièces sur l’incommunicabilité, l’une dans le OFF montée par Lavelli, l’autre dans le IN du metteur en scène égyptien Ahmed El Attar.

On ne l’attendait pas

on-ne-lattendait-pas Dans un précédent article consacré à Crises de Lars Noren, nous écrivions de cet auteur qu’il se rattachait à une tradition psychologique typiquement suédoise depuis Strindberg et Bergman. On peut dire la même chose de Stig Larsson, né en 1955 (qu’on ne confondra pas avec Stieg Larsson, l’auteur de Millenium). Sur une grande scène de Présence Pasteur, un lieu du OFF installé dans un lycée privé, un plancher rond en bois clair délimite l’espace de jeu. A la périphérie du cercle, quelques rares meubles également en bois clair : au fond un banc, à jardin deux fauteuils, à cour un autre fauteuil sur lequel se trouve assise, de dos, une femme, la mère. Debout de l’autre côté, la fille.

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Avignon 2015 (14) : Pierre Meunier et Samuel Achache

— Par Selim Lander —

Drôle de journée, dans le IN, avec deux spectacles aux intentions graves qui se traduisent en gags.

Forbidden di Sporgersi d’après Algorithme éponyme de Babouillec

Forbidden1Pierre Meunier interprète ou plutôt évoque, enfin s’efforce d’évoquer avec deux autres comédiens (dont l’un, J.-F. Pauvros, surtout chargé de la musique) et une comédienne un texte produit par une jeune autiste appelée Babouillec. Un texte empli de fulgurances.

« Quelqu’un t’interpelle,
Otage de ton Silence, tu perds la Raison de ton Acte.

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« L’Affamée », le désarroi amoureux comme un pouvoir sur le monde…

—Par Michèle Bigot —

l_affamee-2L’Affamée,

D’après Violette Leduc,

Festival d’Avignon off, Espace Roseau,

4-26 juillet 2015-07-21

MES et jeu : Catherine Decastel

La Compagnie des Myosotis nous propose ici le premier volet d’un triptyque forgé autour des trois premières oeuvres (L’affamée, Ravages et L’asphyxie) de Violette Leduc, figure féminine et littéraire du XXè siècle dont on redécouvre l’importance aujourd’hui. Son écriture, fiévreuse et passionnée sans rien perdre de son acuité et de sa justesse verbale, parvient à nous faire ressentir par le détail les affres de la passion amoureuse : tourments et éblouissement du désir féminin.

Ce premier volet est consacré à l’amour malheureux que L’auteure portait à Simone de Beauvoir. Comment porter sur le plateau un tel sentiment, sinon par le seul verbe ? Il est vrai que l’incandescence de l’écriture est déjà en soi un objet théâtral fascinant, sans qu’il soit besoin de lui ajouter décor, lumière ou musique ! Pourtant la formidable trouvaille de la Compagnie des Myosotis a été de faire porter ce texte par un corps féminin, qui déploie le verbe dans sa matérialité charnelle.

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Avignon 2015 (13) : Revisiter les classiques – Molière, Hugo

Par Selim Lander

Des Précieuses pas si ridicules

DES PRECIEUSESDepuis Molière on garde des précieux et précieuses l’image de personnages ridicules utilisant des métaphores absurdes pour exprimer les choses les plus simples (comme « commodité de la conversation » en lieu et place de « fauteuil »). Molière, néanmoins, avait pris soin de laisser planer un doute en présentant les ennemis des précieuses comme passablement rétrograde. On se souvient, à cet égard, de ce qu’il fait dire à Chrysale, le « bon bourgeois » des Femmes Savantes, le frère en esprit du Gorgius des Précieuses, père de Magdelon et oncle de Cathos :

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Avignon 2015 (11) : Danser la guerre – Eszter Salamon, Angelin Preljocaj

Par Selim Lander

Retour au IN avec deux chorégraphies sur le thème de la guerre.

Monument 0 : Hanté par la guerre (1913-2013)

Monument 01Ezter Salamon est hongroise ; elle a créé ses premières pièces en 2001. Elle est aujourd’hui artiste associée au Centre National de la Danse. Monument : 0 est le premier opus d’une série « explorant à la fois la notion de monument et la pratique d’une réécriture de l’histoire » (le dossier de presse). Pour l’heure, il s’agit de revisiter les danses de guerre de certaines tribus primitives. Les revisiter, pas les imiter servilement. Quoi qu’il en soit, le résultat semble assez proche des modèles, les mouvements des danseurs demeurant fort rudimentaires, pour ne pas dire… primitifs. Il en va d’une certaine danse contemporaine comme de la peinture qui a connu une courbe ascendante depuis les primitifs du Moyen Âge jusqu’aux grands maîtres de l’époque classique et baroque avant d’amorcer une descente qui l’a conduite sinon en enfer du moins au minimalisme du monochrome.

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Avignon 2015 (11) : Perec, Ionesco

— Par Selim Lander —

Deux grands auteurs « comiques » du XXème siècle qui, chacun à sa manière, ont dénoncé le totalitarisme.

W ou le souvenir d’enfance

w-perecMarie Guyonnet, la directrice du théâtre La Boderie, a déjà adapté il y a quelques années L’Art et la manière d’aborder son chef de service pour lui demander une augmentation de Georges Perec. Elle revient à cet auteur avec l’adaptation, cette fois, de W ou le souvenir d’enfance, un texte qui mêle autobiographie et fiction. Elle utilise à nouveau quatre comédiens (dont deux figuraient déjà dans l’Augmentation). Le décor est constitué au départ par des colonnes de bambou, qui pourront être déplacées, recomposées en fonction des besoins pour construire un bateau, un portique, dessiner une étoile jaune, etc.

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Aimez-moi … pour que j’existe

Comment réagir face à un mauvais spectacle de théâtre ?

aimez-moi— Vu par José Alpha —

Le spectateur au théâtre du spectacle vivant qu’il soit dansé, chanté, ou en voltige, vient à la rencontre de l’histoire racontée par un (ou plusieurs) personnage qui incarne les situations de la tragédie, de la comédie ou du Théâtre du silence. Et c’est bien à partir d’un récit toujours fantasmagorique, dramatique ou de méprise, en tout cas, de rencontres entre inattendu, intrigue et émerveillement que l’organisation poétique du metteur en scène donne du sens à la projection théâtrale.
L’artiste en scène pour la circonstance, Mme Suzy Singa de la Cie Sinji, nous invite à découvrir « Aimez-moi », sa création au 44eme Festival culturel de la ville de Fort de France Tjebé Larèl.
Favorablement observée notamment pour son courage et son engagement professionnel, la comédienne s’entoure de trois créatifs de la scène théâtrale martiniquaise dont les expériences ont, à un moment de leur évolution respective, rencontré disent-ils, la force poétique et politique de l’écrivain dramaturge du « Cahier d’un retour au pays natal », du « Discours sur le colonialisme », d’ « Une tempête » et de « la tragédie du Roi Christophe ».

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