Catégorie : Théâtre

Espace A’ZWEL. Activités trimestrielles : Mars, avril, mai 2016

espace_azwel_03-2016Nos spectacles :

Le vendredi 11 mars à 18H30 : WOPSO ! de Marius Gottin par le théâtre du 6e continent et la compagnie les enfants de la mer dans une mise en scène de José Exélis avec Charly Lerandy et Emile Pelti
Deux vieux dans le hall de l’aérogare, Fulbert et Auguste attendent l’heure de départ de leur avion. Entre ces deux vieux, des mots qui disent la vie, l’amour, la mort..
*Accessible des 9 ans

Le vendredi 18 mars à 18H30 : OSER DIRE SON NOM d’Alex Donote avec le soutien de la Cie Théâtre du Flamboyant, conception et interprétation Alex Donote
Une mise en espace pour un montage poétique qui nous invite à jeter un regard lucide sur notre monde. A travers des textes de la Caraïbe mais également d’Afrique, d’Amérique latine. Le corps, la voix, le chant sont sollicités
* Accessible dés 9 ans

Le vendredi 1er et samedi 2 avril à 18H30 : LE VOYAGE DE MANDIBULE de la compagnie Vent de sable (France), conception et interprétation Muriel Morelle
Conte et musique : de l’Afrique à l’Argentine, en passant par le carnaval de Rio, la Bolivie et New-York… Des musiques traditionnelles aux musiques plus actuelles, cette histoire invite au voyage et à la découverte de curieux instruments de musique
* Accessible dés 2 ans

Le vendredi 22 avril à 18H30 : LE COURAGEUX PETIT PEPITO de Lucette Salibur par la compagnie Théâtre du Flamboyant.

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Cyclones : De bruit et de fureur !

– par Janine Bailly –

cyclones-1D’abord, il y a le bruit. Ruissellements d’eaux tandis que l’on prend place, grincements de portes, fenêtres et tôles malmenées par un cyclone en approche, hurlements du vent, orage qui gronde dans la colère du ciel : la bande sonore ne nous laissera que peu de répit, qui nous accompagnera au long du récit, coupée de quelques brusques et rares interruptions laissant place à un épais silence, trou noir chargé de toutes les choses non encore dites.

Puis sort de l’obscurité un corps, corps replié, tout en contraction sur soi-même. Puis sort du sombre un visage plus sombre encore, qui garde à peine figure humaine, yeux exorbités dans une hallucinante fixité. Et le corps se met en mouvement, si lourd, corps d’un reste de femme, sorcière ou fantôme caché de grises guenilles, aux pieds et aux mains quelques bandages qui suggèrent une indéfinissable altération physique : oui, c’est une femme encore, et elle boit (pour conjurer la peur ? pour exorciser de vieux démons ? pour faire front quand hurle la nature et que déferlent les souffrances ?).

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Caubère et son public ou l’art de l’auto-référence

— Par Roland Sabra —
caubere_danse_diable1981. Avignon. Théâtre la Condition des Soies. La danse du diable fait ses premiers pas sur un chemin qui n’en finit pas et qui passait ces temps-ci par le Tropiques-Atrium de Fort-de-France. Le spectacle a pris du poids. Le comédien aussi. Tout comme le vin bien né il se bonifie avec le temps pour le bonheur des oenophiles mais ceux-ci se font plus rares.
La vie du personnage, Ferdinand Faure né en 1950 est croquée à trois âges de sa vie, cinq, dix et dix-huit ans, par sa mère Claudine, une marseillaise, fichu sur la tête, missel à la main, un peu sorcière, pétainiste, gaulliste, mauriacienne, anti-communiste, qui écoute le jeu des 1000 francs animé par Roger Lanzac puis Lucien Jeunesse, qui déforme obstinément les mots venus de l’empire du mal, l’URSS, qui dit goulash pour goulag, qui ridiculise les noms de Soljenitsyne ou de Mnouchkine . Claudine a trois enfants, Ferdinand qu’elle persécute d’un amour aussi ambivalent qu’il est envahissant, Isabelle qu’elle renvoie pour un oui pour un non dans sa chambre ou dans la garrigue se faire les mollets en « pataugas » , et un petit dernier, Pascal, un trésor, dont on ne saura pas grand chose.

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La Danse du diable

— Par Selim Lander —

caubere - la danse du diableQui ne connaît Philippe Caubère, cet acteur qui tourne avec ses seuls en scène – et cette Danse du diable, en particulier – depuis maintenant 35 ans ? Au fil de ces pérégrinations, le voici pour deux soirées en Martinique, quelques décennies après s’y être produit dans 1789, un spectacle du Théâtre du Soleil dirigé par Ariane Mnouchkine. La Danse du diable fut le premier épisode d’une geste de onze spectacles, d’une durée de trois heures chacun, qui racontait son enfance marseillaise et sa carrière théâtrale. Remanié, il s’inscrit désormais dans une nouvelle geste de huit spectacles, L’homme qui danse. Si cette pièce est donc bien rodée, ce grand comédien – qui fut un Molière inoubliable dans la pièce et le film éponymes – ne donne pas l’impression de répéter un texte appris par cœur. Il avoue d’ailleurs laisser toujours une certaine place à l’improvisation. La Danse du diable n’en est pas moins savamment construite ; on se plaît à retrouver au moment le plus inattendu une notation posée plus tôt. En trois heures de temps, Caubère fait défiler une galerie de personnages, plus ou moins réussis, il faut le dire, tous inspirés de souvenirs personnels de l’acteur.

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Festival des petites formes, suite & fin à Fonds Saint-Jacques

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Spectacles en communes et Hors les murs

L’orchidée violée & 4 Heures du matin

Samedi 27 février 2016 à 16h :
Sainte-Marie Domaine de Fonds Saint-Jacques – CCR

L’homme qui plantait des arbres

De Jean Giono

Avec Pascal Durozier

Tarif H.C 10€

De Jean Giono, par Pascal Durozier. Ce grand classique des textes écologistes raconte l’aventure tranquille d’un berger solitaire.
Au cours de l’une de ses promenades en Haute-Provence, Jean Giono a un jour rencontré ce personnage extraordinaire qui plantait des arbres, des milliers d’arbres… Au fil des ans, le vieil homme a réalisé son rêve : la lande aride et désolée est devenue une terre pleine de vie… Une histoire simple et généreuse, un portrait émouvant et un hymne à la nature.

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Cyclones : Le poids des mots, le choc des images »

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Samedi 27 février 2016 au T.A.C.

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Une femme s’apprête à subir un cyclone annoncé. Retranchée dans sa bicoque, calfeutrée à grands renforts de planches et de clous, elle attend sous une table se réconfortant comme elle peut à l’aide de rhum. C’est alors qu’une jeune étrangère lui demande asile.

Lire aussi : Trop c’est trop! par R. Sabra

Un simple coup d’œil suffit à identifier cette œuvre qui s’annonce très clairement comme un thriller théâtrale, où tous les ingrédients du genre sont réunis : des séquences d’action comme filmées au ralenti, une situation dangereuse et menaçante, une atmosphère sombre et sinistre, une utilisation d’un suspense sous contrôle où les personnages changent brutalement de comportement ; ils deviennent tout d’un coup agressifs et irritables, ou complètement lugubres et amorphes. Frileux s’abstenir, car du frisson il y en a aura au programme, pour tenir le spectateur en haleine, la tension monte par degrés, tandis que l’intrigue avance jusqu’au climax⋅ Leyna est enfermée dans son secret sa culpabilité, sa maison est son refuge et sa prison, l’ultime rempart contre la folie qui la guette, contre cet Autre , ce monde qui la juge et la condamne⋅On sent qu’à tout instant la raison de l’une ou de l’autre peut basculer. 

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De « L’orchidée violée » à « Quatre heures du matin »

— Par Roland Sabra —

Durant mon enfance, mon père était
mon héros.
Il cultivait mon innocence à être
unique et différente en ce monde.
J’étais son orchidée, mais un jour, il
m’a regardé avec les yeux des
autres.

Je ne le remettrai pas, à la Nation
mon fils et je ne m’en remettrai pas
à elle non plus.
Il dort aujourd’hui.
Il dort si calmement, que j’en oublie
presque, qu’à son réveil, il voudra
encore me frapper.
Peut m’ importe la raison de ses
coups, je n’ai plus mal, seule mon âme
est meurtrie et blessée.
Il voudra encore me posséder, me
souiller … Pourquoi ais-je encore peur
de le dire ? De me violer.
(p.57)
L’Orchidée Violée, Bernard Lagier

 

Entre hystérisation d’un texte, vécu comme un corps étranger qu’il faudrait expulser et lecture sans affect d’un bottin téléphonique il existe une voie étroite celle sur scène d’une présence désincarnée qui suppose chez le comédien avant tout une présence à soi-même. Avant le verbe et le geste il y a le silence et l’immobilité. De cet effacement de l’ego comédien il naît une possibilité de corps- miroir sur lequel chaque spectateur lira, entendra et fera l’expérience sensible de la découverte du texte.

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« L’Orchidée violée » – « 4 heures du matin »

— Par Selim Lander —

Des « petites formes », i.e. des pièces brèves interprétées par un(e) seul(e) comédien(ne), une seule représentation à l’Atrium et quelques-unes « hors les murs », telle est la formule imaginée par Hassane Kouyaté pour multiplier l’offre de théâtre. L’idée est bonne, incontestablement, tout en correspondant à ce que l’on peut attendre d’une « scène nationale ». Deux pièces étaient au programme de la première soirée de ce genre. Nous avions déjà eu, naguère, un avant-goût de l’Orchidée violée de Bernard Lagier grâce à une mise en espace. Le texte était porté alors par Amel Aïdoudi. C’est, cette fois, Astrid Mercier qui relève le défi. Deux interprétations aussi différentes que le feu et la glace.

L’Orchidée violée est d’abord un superbe texte, le monologue d’une jeune mère qui a été violentée par son père et qui l’est désormais par son fils de quinze ans. «  À son réveil, il voudra encore me frapper, me violer ». « J’ai dû naître un jour sans étoiles et sans soleil… Ma vie : le néant, mon fils. Tout est déjà dit ».

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Festival des petites formes : lectures et représentation

Samedi 20 février 18h Tropiques-Atrium

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L’homme qui plantait des arbres

de Jean Giono

Avec Pascal Durozier

Samedi 20 février 20h – Case à Vent

De Jean Giono, par Pascal Durozier. Ce grand classique des textes écologistes raconte l’aventure tranquille d’un berger solitaire.
Au cours de l’une de ses promenades en Haute-Provence, Jean Giono a un jour rencontré ce personnage extraordinaire qui plantait des arbres, des milliers d’arbres… Au fil des ans, le vieil homme a réalisé son rêve : la lande aride et désolée est devenue une terre pleine de vie… Une histoire simple et généreuse, un portrait émouvant et un hymne à la nature.

L’homme qui plantait des arbres v1 from Steve Murez on Vimeo. Voir la vidéo du spectacle ci-dessous.

Lectures

En partenariat avec ETC Caraïbe

Le Patron

D’Alfred Alexandre (Martinique)

Alfred Alexandre est né en 1970 à Fort-de-France. Il suit des études de philosophie à Paris pour revenir en Martinique comme professeur de philosophie et chargé de cours à l’université des Antilles et de la Guyane.

Révélé en 2005 par
Bord de canal, qui reçoit en 2006 le Prix des Amériques insulaires et de la Guyane, il écrit en 2007 sa première pièce de théâtre,
La Nuit caribéenne, qui est saluée par Etc_Caraïbe et jouée.

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L’Orchidée Violée / 4 heures du matin

Vendredi 19 février 2016, 20 h Tropiques-Atrium

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Quelque part dans une cité populaire une femme est seule, enfermée dans son appartement face à un miroir. Une question se pose à elle, en ce jour du quinzième anniversaire de son fils : doit-elle tuer ce fils qui est responsable des maltraitances qu’elle subit après avoir été la cause d’un passé plein de souffrances ? Doit-elle le livrer à la mère patrie ? Quels liens unissent la mère de famille et la mère patrie dans cette détresse ?
Ce texte est un voyage dans l’inconscient et le conscient, dans la souffrance d’une femme qui a bien les contours d’un pays en questionnement.

Lire la critique de la précédente mise en scène faite par José Exélis :

« L’orchidée violée »: tout est à faire 

par Roland Sabra.

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Festival des petites formes

Du 19 au 27 février 2016

festival_petites_formesUn nouveau rendez-vous théâtral de Tropiques Atrium Scène nationale !

Spectacles à Tropiques Atrium, en communes – Ateliers – Lectures…

La présence de Philippe Caubère, acteur majeur de la scène française !

Avec le soutien de la SACD

Présentation

Pour sa première saison, Tropiques Atrium Scène nationale créée le Festival des petites formes organisé du 19 au 27 février à Fort-de-France et dans plusieurs communes du territoire martiniquais.

Inscrit au cœur d’un trimestre placé sous le signe des écritures contemporaines, Tropiques Atrium a souhaité faire de ce festival un temps fort de sa programmation théâtrale et le lieu de découverte de ce format artistique offrant non seulement une souplesse particulièrement adaptée au contexte territorial et social martiniquais mais également une proximité précieuse entre artistes et spectateurs.

Cette première édition mettra l’accent sur les monologues, les Seul en scène, sur les cheminements qui conduisent des questionnements intimes aux problématiques sociétales. Créations, diffusion hors-les-murs dans plusieurs communes et auprès des publics empêchés, résidence d’auteur, ateliers d’écriture en milieu scolaire, lectures, masterclasses rythmeront le festival afin de toucher une diversité de publics et de nourrir le goût du théâtre.

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« Elisabeth II » : un spectacle aussi noir que jubilatoire

— Par Michèle Bigot —

elizabeth_II_denis_lavantElisabeth II,
Non Comedie
Thomas Bernhard,
M.E.S. Aurore Fattier
Théâtre du Gymnase, Marseille 13-23/10/2016

Aurore Fattier, qui n’a pas coutume de reculer devant les textes difficiles et/ou provocateurs propose depuis décembre 2015 (création de la pièce au Théâtre de Namur qui en assure la production) l’avant-dernière pièce de Thomas Bernhard, farce burlesque et tragique dont l’histoire est aussi rocambolesque que son sujet est épineux.
En effet la pièce fut écrite en 1987, et refusée au Burgtheater par Claus Peymann qui a pourtant créé la plupart des pièces de l’auteur. Profondément blessé par ce refus et par le scandale que déchaîna le succès de Heldenplatz, en raison des tirades venimeuses contre l’Autriche que contenait la pièce, Thomas Bernhard se venge en rédigeant son testament en février 1989 : « Je souligne expressément que je ne veux rien avoir à faire avec l’Etat autrichien, et je refuse non seulement toute immixtion, mais encore tout contact de cet Etat autrichien en ce qui concerne tant ma personne que mon travail, à tout jamais ».
Mais comme le montre Adrien Bessire (« Refuser pour mieux passer- Le théâtre de Thomas Bernhard : 10 ans d’interdiction en Autriche (1989-1998), Les chantiers de la création, 5.2012) il faut considérer cette interdiction comme « un acte politique qui dénonce la persistance en Autriche des idées nazies ».

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« Cyclones » : trop c’est trop!

— Par Roland Sabra —
cyclones-1La brise rafraîchit. L’ Alyzé, comme son nom l’indique est lisse, régulier, poli et délicat. La bise est glaciale. Le cyclone tourne en rond et quand il se conjugue au pluriel il tourne en rond jusqu’à l’ennui. Trève de poncifs. De quoi s’agit-il dans Cyclones la pièce de Daniely Francisque mise en scène par Patrice Le Namouric dont la première a eu lieu au Pitt Colonnette à Ducos ? Sous les tropiques à l ‘approche d’un cyclone une femme solitaire, Léna, se barricade dans sa maison quand une autre femme plus jeune frappe à sa porte, lui demande refuge et se présente comme étant Aline, sa sœur. On découvrira qu’elle est sa sœur et plus encore…
Ce « plus encore », que l’on devine assez rapidement, « explique », selon la mise en scène, la déréliction de Léna, ses mouvements saccadés, ses gestes d’automates, son corps plié, cassé, broyé, son agressivité, sa violence verbale et physique, cette voix de petite fille qui surgit du fond de ses entrailles, son penchant pour la divine bouteille. Figure absolue de la victime, enfermée dans la perte de sa raison elle tourne en rond entre les quatre planches de sa baraque, entraînant sa « plus que sœur » au creux de sa folie.

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« Cyclones » de Daniely Francisque

Samedi 30 janvier 2016 à 19h au Pitt Colonnette à Ducos*

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Synopsis

Par une nuit de cyclone, une femme solitaire se barricade dans sa case délabrée, lorsqu’une jeune étrangère lui demande refuge…

Pluie forte. La radio annonce l’approche d’un cyclone.  Leyna s’affaire à barricader sa maison délabrée afin qu’elle
résiste aux fortes rafales. Elle cloue des planches aux portes et aux fenêtres puis s’abrite sous une table, se préparant à une nuit tumultueuse, en serrant un verre d’alcool entre ses doigts fébriles.
On frappe à la porte. Leyna se redresse. Personne ne vient jamais chez elle. Elle a fermé sa porte au monde. On frappe en criant son nom. Elle se lève, arrache les clous et ouvre, armée d’une planche.
Une jeune étrangère grelotte devant elle, valise à la main, lui demandant refuge : Aline, 16 ans, qui déclare être sa soeur, photos de famille à l’appui. Leyna n’a pas de soeur. Aline insiste. Leyna pousse hors de chez elle la jeune affabulatrice, verrouille à nouveau sa porte, avale cul sec son verre d’alcool, en espérant que le vent l’emporte.
Leyna a rompu avec sa famille depuis des lustres.

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« Fuck America » : entre humour et gravité

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

fuck_america-2Allemagne 1938, la famille juive allemande Bronsky se sent menacée par le nazisme et demande un visa d’émigration aux Etats Unis. La pièce commence par un échange épistolaire entre le père Bronsky et le consul des Etats Unis qui lui oppose une fin de non recevoir prétextant des quotas déjà atteints. Ce n’est qu’en 1952 que les Bronsky parviennent enfin aux States après avoir subi les pires outrages et avoir tout perdu.

Jacob le fils est un type un brin farfelu, au langage brut de décoffrage, sans la moindre fioriture et aux envies à forte inclinaison tendancieuses. Il a échappé par miracle aux rafles allemandes. Le voici sans le sous, quasi clodo dans le quartier interlope de Manhattan parmi de vieux clochards, les putes, les maquereaux. Il survit grâce à une multitude de jobs à la petite semaine. Jacob a deux obsessions écrire un roman où il pourrait raconter le ghetto, et trouver une femme de temps en temps. Son quotidien est bien loin d’être un long fleuve tranquille. Les péripéties de sa vie dans les bas fonds de New York sont émaillées de rencontres de personnages sordides ou cocasses que les trois comédiens se partagent au rythme de la pièce.

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Fuck « Fuck America »

Par Selim Lander

fuck_americaAu théâtre, il y a des soirs avec et des soirs sans. On veut dire par là avec ou sans cette fascination que connaît le spectateur lorsque les trois conditions d’une pièce réussie se trouvent réunies : le bon texte, la bonne mise en scène et le(s) bon(s) comédien(s). Tout commence par le texte (sauf pour le mime ou un certain théâtre d’objets, évidemment). Fuck America est un roman qui, d’après ce que l’on en sait, est fortement inspiré par l’expérience personnelle de l’auteur, Edgar Hilsenrath, plus particulièrement ses années de « galère » en Amérique (États-Unis). Connaissant l’humour juif new-yorkais, on imagine aisément qu’un bon écrivain puisse tirer d’une telle expérience un roman à succès (et l’on nous dit que, en l’occurrence, le succès fut bien au rendez-vous). Le théâtre, néanmoins, semblable d’ailleurs à cet égard au cinéma, est obligé d’opérer des coupes sombres dans le texte romanesque. L’adaptation est un exercice difficile, pas toujours réussi. C’est malheureusement le cas dans cette pièce (adaptée par l’un des trois comédiens) où l’on enfile les lieux communs, par exemple les stéréotypes racistes.

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« Fuck America » d’après le roman d’Edgar Hilsentath

Jeudi 28 janvier 2016 à 20h. Tropiques-Atrium

fuck_america-1b« Fuck America » est l’histoire de Jakob Bronsky, un émigrant juif arrivé à New York quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale, qui enchaîne les boulots précaires pour pouvoir écrire le livre de sa vie : « Le branleur », dont il compte bien faire un best seller !

« Le dialogue est la forme qui me va le mieux. La langue est simple mais pas la pensée », dit Edgar Hilsenrath à propos de Fuck America. Vincent Jaspard a adapté ce roman, d’emblée théâtral dans sa forme, avec le souci d’arriver à un texte épuré, délivré de tout artifice. Le texte de la pièce met en valeur l’humour caustique, décapant, de Hilsenrath qui fait de lui, une sorte de Woody Allen des bas-fonds, mâtiné d’un Bukowski espiègle.

Tribune Libre sur agoavox.fr :
Fuck America
par Orélien Péréol
mercredi 10 avril 2013

Voici un spectacle d’une simplicité biblique, si j’ose m’amuser d’entrée de jeu. Trois tabourets. Trois comédiens (deux hommes, une femme) et une multitude de personnages. Jacob Bronsky est fixe : c’est son histoire qu’on raconte.

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« Au nom du père », etc. : une comédie pour un désastre

— Par Selim Lander —

Au nom du père - BissilaDans une ville complètement dévastée, au point que les quartiers eux-mêmes ne sont plus reconnaissables, deux demi-frères, Criss et Cross, sont en quête des ruines de la maison familiale. Sur scène, des cordes en tas symbolisent les ruines. Ce devrait être tragique mais les deux larrons sont des « sapeurs » qui prennent la vie du bon côté. Aussi leur quête s’avère-t-elle plus comique qu’autre chose. Un troisième comédien fait quelques apparitions muettes avant d’investir la scène et de devenir un personnage à part entière, le vieux voisin des deux frères. Il sera le seul à prendre au tragique le drame qui s’est produit, lorsqu’il raconte le martyre d’une famille assaillie par des soudards en uniforme de footballeur. Et encore finit-il son récit sur une pirouette, si bien qu’on ne sait pas s’il l’a inventé pour faire peur ou s’il est réel (réel au sens du théâtre, bien sûr).

Le décalage entre la forme (presque tout le temps comique) et le fond (tragique) n’est pas exceptionnel dans le théâtre contemporain. Reste à savoir de quoi il est productif.

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« Au nom du père et et du fils et de J.M. Weston » : un renouveau du théâtre

— Par Roland Sabra —

au_nom_du_pere-3« L’humour est la politesse du désespoir. » Chris Marker.

« Le désespoir est une forme supérieure de la critique. » Léo Ferré.

1990. Congo. Pointe-Noire. Un leader politique (Victor TSIKA-BAKALA?) est assassiné. La population proteste et entre en rébellion. Le pouvoir la réprime dans la violence et la terreur. C’est sans doute le fait réel qui inspire le comédien, auteur et metteur en scène Julien Mabiala Bissila quand il écrit « Au nom du père et et du fils et de J.M. Weston ».

Deux frères, l’un Criss (Criss Niangouna) écrivain qui n’a encore rien écrit et l’autre Cross ( l’auteur en personne) danseur qui a peur de danser devant un public, rescapés d’une guerre qui a détruit le pays rentrent chez eux. Enfin chez ce qu’il reste de « chez eux », c’est-à-dire pas grand chose, un océan de décombres. Ils recherchent la maison de leur enfance et plus précisément la sépulture de leur père, enterré avec un précieux trésor : une paire de Weston. Au pays de la Sape (la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes) une telle possession surclasse définitivement celui qui la porte.

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« Les irrévérencieux » : un théâtre populaire de qualité.

— Par Roland Sabra —

les_irreverencieux-3Pantalone est un des principaux personnages de la Commédia dell’ arte. Il en est d’autres comme Le capitaine. Ces deux là on les retrouve dans « Les irrévérencieux » de la Compagnie Théâtre des Asphodèles. Drôle de nom pour une troupe de théâtre. S’agit-il des fleurs ou de la Plaine des Asphodèles ce lieux des enfers où séjournent les fantômes des morts qui durant leur vie n’ont commis ni bien ni mal et sont néanmoins condamnés à une errance infinie ?
Thierry Auzer, personnage volubile et directeur de la troupe, un jour comme ça au cours d’une conversation lance « le hip-hop c’est la Commédia dell’Art de ce siècle ! ». Surprise dans un premier temps et puis à bien y réfléchir on se dit que peut-être le raccourcis contient plus de vérité qu’il n’y paraît à la première écoute. Que peut-être les qualités d’improvisations, l’extraordinaire souplesse corporelle des comédiens, véritables gymnastes accomplis, n’est pas sans rapport avec l’énergie et la vitalité gestuelle exigée par la breakdance. Le metteur en scène de la troupe, Luca Franceschi et Stéphane Lam soumettent l’idée aux comédiens qui vont proposer, suggérer, improviser, et finalement permettre la construction d’un spectacle à la fois fidèle à la Commédia dell’Arte et follement innovant.

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« Les Irrévérencieux »

— Par Selim Lander —

les-irreverencieux-du-theatre-des-asphodeles-Bonne nouvelle : des « irrévérencieux » ont investi le Théâtre municipal. Pendant trois jours les Martiniquais assez chanceux pour obtenir une place peuvent assister à un spectacle de pure comédie, avec des masques, du mime, de la danse, du rap, sans oublier la « musique de bouche » (human beatbox) ni les démonstrations d’une contorsionniste, bref la commedia dell’arte revisitée à la sauce du XXIe siècle par la troupe des Asphodèles, basée à Lyon et dirigée par Thierry Auzer. La pièce qu’elle nous présente ces jours-ci doit être le premier volet d’un triptyque (on attend la suite !). Elle a été mise en scène par Luca Franceschi qui l’a lui-même écrite en collaboration avec les comédiens.

L’argument dans cette sorte de divertissement importe peu. Résumons-en le début : soit un M. Pantalone qui fut l’époux trois femmes venues de trois pays différents. Elles l’ont quitté lui laissant trois filles parlant chacune la langue de leur mère (espagnol, finnois, français). Ce M. Pantalone possède aussi une servante qui s’exprime pour sa part en anglais.

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Biogâtre* : quand le théâtre devient biographe.

— Par DEGE —

sony_suzanneDes mystères du Moyen-âge en passant par les spectacles grandioses et lucratifs de R. Hossein, les biographies religieuses ou politiques ont vu le jour : Jésus, Thomas More, Luther…quelques scientifiques comme Galilée, ou des personnages tirés de faits divers… (A ne pas confondre avec les pures fictions sur un type humain que sont par exemple l’Avare ou le Faiseur). Les auteurs de ces biographies en font le prétexte à l’exposition de leurs réflexions philosophiques, à leur analyse de l’âme humaine, à la critique d’un système, etc.

Les biographies dramaturgiques dont il est question ici, appelons-les « biogâtres », s’intéressent à la vie et l’œuvre d’un…écrivain ! Un être dont on peut traiter de l’imaginaire mais et puisqu’il a réellement existé, écrit, créé : il s’agit, pour l’auteur d’un biogâtre, de faire l’éloge posthume d’une œuvre et d’une pensée qui résonnent insuffisamment.

Curieusement, même quand des écrivains se sont imposé la lourde tâche de guides, il n’y a pas ou prou de reconnaissance théâtrale de leur vie et œuvre sous forme biographique. Ainsi de V. Hugo, Lamartine pour les anciens par exemple, ou pour les nôtres et la francophonie, Fanon, Césaire…ils mériteraient un biogâtre.

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Les irrévérencieux : la création en partage, exigence et éclectisme

Les 21, 22 & 23 janvier 2016 à 19h 30 au T.A.C.

les_irreverencieux— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Les irrévérencieux, mais le sont ils vraiment ? Si la mise en scène mélange sans sourcilier « coco épi zabrico » c’est pour le meilleur et pour le Dire.

Tout commence par un marché de dupes. Créer une citée basée sur les disparités et la consommation de ses habitants, c’est le projet grandiose et lucratif formé par M. Pantalone avec la complicité du duc Orlando. Pour sceller leur accord M. Pantalone lui offre d’épouser l’une de ses filles. A partir de cette trame toute simple, se déroule un spectacle fascinant prétexte à côtoyer, Commedia dell’arte, hip hop et human beat box ( cette manière originale de rendre des sons copiant la musique avec la bouche) Une Commedia dell’arte judicieusement modernisée, dont les caractéristiques sont parfaitement respectées, pour les puristes. On y retrouve : entre autres types comiques de la comédie italienne, l’inénarrable Pantalon, un comique de gestes prononcé, des masques, l’utilisation de langues et onomatopées plurielles. Enfin, une propension véritable des acteurs à effectuer de remarquables performances physiques.

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« Au nom du père et du fils et de J.M. Weston » une pièce de Julien Mabiala Bissila

Tropiques-Atrium le 22 janvier 20h.

au_nom_du_pere_&_du_filsCriss et Cross, deux frères, rescapés d’une guerre, retournent sur les lieux qu’ils avaient dû fuir, en quête de souvenirs et des traces de l’avant. Ils reviennent aussi chercher une paire de chaussures. Pas n’importe quelle chaussure à la petite semelle, non, la reine des chaussures. Celle que l’on exhibe fièrement les soirs de fête, les soirs de frime : la Weston !

A cette quête de l’objet précieux abandonné répond celle, plus absolue, de la mémoire : celle d’une famille qui a vécu l’indicible, celle d’une ville meurtrie, celle d’un pays ravagé par la folie des hommes.

Au pays de la SAPE ( Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes) où le paraître est roi, Julien Mabiala Bissila joue du symbole et aborde l’Histoire par le petit côté de la talonnette, par le dérisoire, comme pour mieux exorciser les douleurs, conjurer le sort, vaincre les terreurs.

Dans ce texte, le dramaturge congolais cultive le cocasse, taquine l’absurde et nous livre une pièce, tout à la fois grave et burlesque, qui contourne les clichés autant qu’elle surprend par son verbe.

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Sony Congo, ou le poids des mots chez Sony Labou Tansi

— Par Janine Bailly —

sonylaboutansiOn entre dans la salle, le décor éclairé dit déjà qu’il s’agira de se laisser pénétrer par la force des écrits : sur le plateau un coin-bibliothèque avec de vrais livres, vrais livres aussi au sol, délimitant le cercle de jeu, livres figurés enfin sur un écran tendu en fond de scène. Au déclin des lumières s’affiche sur ce même écran une carte d’Afrique situant le Congo. Vient ensuite un court reportage évoquant la guerre et les destructions de Brazzaville, séquence symbolique de l’état délétère de ce continent dont Sony Labou Tansi a voulu stigmatiser les failles, déplorer et peut-être panser les blessures, et pour lequel il a construit sa brûlante révolte de mots : « Les mots me charment me font signe et demandent que je leur trouve du travail à n’importe quel salaire. Sous ma plume comme des prolétaires les mots revendiquent leur droit à la parole… il faut quelqu’un qui les comprenne, qui les prenne à son service… Les mots croisent les mains s’assoient et s’endorment aux pieds du poète qui seul connaît leur valeur.

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