Catégorie : Théâtre

Barockissimo : costumes en scène

barockpssimoPour son 10e anniversaire, le Centre national du costume de scène rend hommage aux Arts Florissants.

Le Centre national du costume de scène est la première structure de conservation, unique en France comme à l’étranger, à être entièrement consacrée au patrimoine matériel des théâtres.

Il a pour mission la conservation, l’étude et la valorisation d’un ensemble patrimonial de 10 000 costumes de théâtre, d’opéra et de ballet ainsi que de toiles de décors peints, déposés par trois établissements nationaux, la Bibliothèque nationale de France, la Comédie-Française et l’Opéra de Paris, auxquels s’ajoutent de nombreux dons.
Histoire

Il a été implanté dans l’ancien quartier de cavalerie, le Quartier Villars, dans la quartier de la Madeleine (Moulins). Situé sur la rive gauche de l’Allier, il fait face à la ville et à son quartier historique. La caserne militaire a été construite au XVIIIe siècle et est classée monument historique grâce à ses magnifiques escaliers de grès jaune et rose.

La restauration du bâtiment par François Voinchet, architecte en chef des monuments historiques, s’est accompagnée de la construction d’un nouveau bâtiment pour les réserves de costumes (1 730 m2), dessiné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte.

→   Lire Plus

« L’Assemblée des femmes » d’après Aristophane

11,12,12,13, 2016 à 19h 30 & le 14 mai 2016 matinée à 15h 30, soirée à 20 h

assemblee_des_femmesL’Assemblée des femmes
d’après Aristophane
La Compagnie Courtes-lignes (Guadeloupe)
Mise en scène de Claude-Georges Grimonprez

L’Assemblée des femmes est une comédie grecque antique d’Aristophane écrite vers 396 av. JC. Cette pièce de théâtre est une critique de la société d’Athènes, où Aristophane s’attaque au système communautaire.

Dans ce texte, les athéniennes, déguisées en hommes se rendent à l’assemblée du peuple pour faire voter le pouvoir aux femmes. Elles ne revendiquent pas davantage de droits pour elles-mêmes, leur objectif est de sauver la démocratie en proie à l’incivisme confus. Leur programme : la communauté des biens et le partage des richesses. Évidemment, Aristophane, n’est ni féministe, ni communiste ; la dérision et la satire sont ses armes et ses seules croyances pour dénoncer les dérives populistes de la démocratie athénienne. Sa fantaisie est de choisir les femmes en guise de porte-parole. Ces femmes qu’il raille sans cesse, elles seules sont pourtant assez folles et assez sages pour refaire le monde. Elles inventent donc le communisme – et pour ce faire, le féminisme.

→   Lire Plus

« 1848 : Romyo et Julie » : un théâtre populaire face à la critique

— Par Jean-Durosier Desrivières —

critiqueLe champ de la critique d’art étant quasiment désertique, déserté et aléatoire dans le paysage martiniquais, il y a forcément, pour certains, une tentation de polarisation et de monopolisation du discours critique sur un art tel le théâtre. Le discours critique, ici, étant aussi essentiellement de presse, avec cette spécificité naturelle d’être pressée, risque d’être assez néfaste pour le développement de l’art dramatique en Martinique. Et si l’on n’y prend pas bien garde, ce discours polarisé et monopolisé, risque aussi d’influencer pernicieusement, de façon latente ou non, les directives des politiques culturelles de ce pays.

Seulement deux compte-rendu critiques relatifs à la dernière représentation théâtrale d’Hervé Deluge, « 1848 : Romyo et Julie », sont à considérer et nous laisserons le lecteur pour quitte. Il s’agit de deux textes parus sur le site de Madinin’art : « “Romyo et Julie” : un symptôme de l’état du théâtre martiniquais », publié le 15 avril 2016, signé Roland Sabra et « Roméo et Julie : du théâtre populaire », publié le 17 avril 2016, signé Selim Lander. Le duo que constituent nos deux auteurs, qui sont les seuls à écrire régulièrement sur le théâtre en Martinique, fonctionne le plus souvent comme un drôle de jeu d’équilibre et d’équilibristes, frisant parfois une certaine perversion : l’un à charge, l’autre au bémol.

→   Lire Plus

« L’acte inconnu » de Valère Novarina : « Ce dont on ne peut parler, c’est cela qu’il faut dire »

Guadeloupe Cap Excellence Théâtre

acte_inconnu_2— Par Roland Sabra —

Pourquoi l’animal humain est-il doté de la parole ?
Pourquoi la viande et le verbe se sont ils rencontrés?
Valère Novarina, Devant la parole, 1999

 

S’il n’est toujours récréation le théâtre est toujours forcément re-création. « L’acte inconnu » de Valère Novarina, mis en scène par l’auteur en est une illustration. La pièce a fait l’ouverture de la Cour d’honneur du festival d’Avignon en 2007. Lors d’un voyage en Haïti l’auteur rencontre les comédiens haïtiens du Nous théâtre de Guy Régis Junior. Il propose au directeur de la troupe de co-diriger une re-création de la pièce. Guy Régis Junior a la sagesse de s’effacer pour permettre une confrontation sans intermédiaire entre Novarina et ses comédiens. L’écrivain viendra accompagné de Céline Schaeffer et Richard Pierre. Le résultat a été présenté en septembre dernier lors des Francophonies de Limoges. Il était cette semaine au Centre Culturel de Sonis à Pointe-à-Pitre.
La pièce est aujourd’hui un peu plus courte que la version avignonnaise qui durait deux heures et vingt-cinq minutes. Les quatre mouvements qui la composent « L’Ordre rythmique », « Comédie circulaire », « Le Rocher d’ombre » et « Pastorale égarée », sont là semble-t-il.

→   Lire Plus

« Marche » en ouverture de Cap Excellence théâtre 2016

Guadeloupe Festival

marche— Par Roland Sabra —

Marche, rituel théâtral d’avant le coucher du soleil d’après le texte de Christian Petr dans une mise en scène de Serge Barbuscia.

Les dieux de la pluie ne l’ont pas permis. Lundi soir, Chac, Tlaloc, Cocijo et consorts ont conjugués leurs efforts pour interrompre le rituel, place des  martyrs de la liberté  à Pointe-à-Pitre. La troupe emmenée par Serge Barbuscia est revenue le mardi matin à 11 h, le soleil au mitan du ciel, dans le ronronnement des marteaux-piqueurs et le bruit-blanc de la ville affairée à ne pas vouloir entendre, à ne pas vouloir voir celui dont on allait nous parler.

Il est né de l’observation par Christian Petr, d’un homme d’une quarantaine d’année arrivé par un matin de printemps Place des Corps Saints dans la Cité des Papes, avec pour seul bagage un sac de couchage et qui va s’y installer, sans rien dire à personne, sans jamais qu’un mot ne soit prononcé, pendant six ans. Il vivra, est-ce le mot ?, de denrées ramassées dans les poubelles, de quelques aumônes parcimonieusement accordées, blotti sous les porches clos des immeubles, accroupi et adossé aux façades murées des bâtisses anonymes, faisant six pas, jamais plus, s’arrêtant immobile un instant, puis six autres pas suivis d’un nouvel arrêt.

→   Lire Plus

« Amphitryon » de Molière

— Par Selim Lander —

amphitryonMolière a eu une carrière compliquée. Aussi talentueux qu’audacieux, il se heurtait fatalement aux jaloux et à tout ce que la France – en fait Paris – connaissait de conservateurs en tout genre. C’est miracle qu’il ait, bon an mal an, bénéficié de la faveur d’un monarque absolu comme Louis XIV. Néanmoins, quand il avait lancé dans le public une pièce sujette à controverse, comme ce fut le cas du Tartuffe, il était opportun de calmer le jeu avec une comédie qui ne pouvait choquer personne.

Tel fut le cas d’Amphitryon, conte mythologique qui raconte les amours de Jupiter avec une humaine, Alcmène, fort éprise de son mari Amphitryon. Jupiter profite du départ d’Amphitryon à la guerre pour prendre son apparence et se faire aimer d’Alcmène. Il est accompagné de Mercure qui prend, quant à lui, l’apparence de Sosie, le valet d’Amphitryon, et qui est chargé d’empêcher que les amours du dieu des dieux ne soient perturbées par le retour intempestif du guerrier ou de son véritable serviteur.

→   Lire Plus

Une Antigone plurielle et collective

— Par Marina Da Silva —
Lucie Berelowitsch fait résonner la révolte d’Antigone dans l’Ukraine contemporaine avec des acteurs ukrainiens et français. Un chant de soulèvement et d’amour parfaitement composé.

antigone_lucie_berelowitschLa pièce s’ouvre par l’affrontement jusqu’à ce que mort s’ensuive entre Polynice et Etéocle dans une piscine désaffectée. Gladiateurs des temps modernes, leurs râles virils nous apitoient et nous irritent. A jardin, le chœur « cabaret-punk » des Dakh Daughters, accompagne cette lutte fratricide de chants qui étreignent l’âme. Ce collectif de comédiennes, chanteuses et musiciennes ukrainiennes engagées, est l’axe-pivot de l’Antigone que signe Lucie Berelowitsch. La metteure en scène de culture russe et française était invitée à créer à Kiev en avril 2015. Devant les traces des barricades de la place Maïdan, signes-témoins d’une guerre sans nom, elle s’interroge : « Que faire avec sa mémoire, comment honorer les morts, comment reconstruire à partir des cendres, comment réapprendre à vivre ?» Un questionnement à l’œuvre depuis l’infini du temps dans l’Antigone de Sophocle qu’elle va croiser avec celle de Brecht, inspirée de la traduction d’Hölderlin, pour éclairer la tragédie ukrainienne contemporaine.

→   Lire Plus

 » L’atelier » de J-C Grumberg dans une mise en scène de Julie Mauduech

3, 4, 6 & 7 mai 2016 19h 30 au T.A.C.

l_atelier

Résumé

Dans un atelier de confection, de 1945 à 1952, des employés travaillent et, entre rires et larmes, racontent leur vie pendant l’Occupation et dans l’immédiat après-guerre : un Juif qui a été déporté, un autre qui a vécu caché en zone occupée, une troisième qui s’est réfugiée en zone libre, une quatrième, encore, dont le mari a été arrêté et envoyé dans les camps, mais aussi des jeunes gens à peine touchés par la guerre et une femme dont le mari fonctionnaire a peut-être collaboré… Autant de destins différents qui se croisent et soulèvent tous la même question : comment vivre après le traumatisme de la guerre et de la Shoah

— Note d’intention par Julie Muaduech —

L’action de L ‘ATELIER prend place dans un contexte particulier. En effet, les scènes sont précisément datées de 1945 à 1952.

Elles se déroulent donc dans l’immédiat après-guerre. Les personnages ne cessent de faire référence au passé, notamment à la SHOAH, à l’extermination des juifs décidée par les nazis en janvier 1942.

→   Lire Plus

« Tribunal des femmes bafouées », prolongation

T.A.C. (Théâtre municipal de Fort de France Aimé Césaire), samedi 30 avril à 19h30

tribunal_femmes_bafouees-8L’épouse, le mari et la maitresse, répondront-ils à la question de la fidélité conjugale face au miroir de la Comédie créole ? Et puis, La fidélité n’est-ce pas pratiquer l’adultère essentiellement par la pensée ?

Zoom théâtral sur la fidélité conjugale au Théâtre Aimé Césaire de Fort de France

José Alpha, adaptateur et metteur en scène de la Comédie créole TRIBUNAL DES FEMMES BAFOUEES qui expose les passions sociétales, explique

La célèbre comédie Tribunal des femmes bafouées que vous cosignez avec Tony Delsham, est en rappel pour prolongation au Théâtre municipal de Fort de France, ce samedi 30 avril prochain. A quoi attribuez-vous un tel succès ?

José Alpha : … d’abord à la qualité des comédiens qui m’accompagnent sur le projet et puis à la pertinence des histoires développées par les personnages. Les comédiens sont formidables et transpirent de justesse dans la conduite des personnages issus du roman Fanm dèwo de Tony Delsham. Et puis, c’est bien à la demande du public qui s’est manifesté au terme du cycle de représentations du mois de mars dernier, que les comédiens sont ravis de retrouver ce nombreux public qui en demande toujours plus.

→   Lire Plus

Dom JUAN 2.0 : Pétillant pour de vrai, oui !

—Vu par José Alpha—

dom_juan-2_0-cDire que ce spectacle de la Cie des Asphodèles atteste de cette saine agilité et de cette intelligence vivace du jeu théâtral solaire, qui disparait malheureusement aux Antilles et singulièrement en Martinique, sous le poids de « pesantes et savantes préoccupations « sociopolitico scéniques et émotionnelles », est une vérité.

Voici développée là sous nos yeux, une belle leçon de jeux, de mise en scène de comédiens musiciens, chanteurs et « cabotins », issus des imaginaires de Lucas Franceschi, adaptateur et metteur en scène de ce Molière atypique traité au rythme de la rigueur de la Commedia del Arte. Ce metteur en scène comédien ne nous est pas inconnu puisque Michele Césaire, la directrice du Théâtre Aimé Césaire, nous l’avait fait connaitre avec « les Irrévérencieux » au mois de janvier dernier.

Sept comédiens (cinq hommes et deux femmes) tiennent une vingtaine de personnages tous plus « saltimbanques » les uns des autres, « prennent possession du plateau » équipé sur trois niveaux, d’échelles, de zones d’ombre et de plans inclinés, « pour créer un véritable dialogue avec le public. 

→   Lire Plus

Amateur en Mai au T.A.C.

amateurenmaiUne vie culturelle qui ne reconnaît pas la pratique amateur, c’est-à-dire la manière la plus forte et la plus partagée de vivre les arts, n’est pas une vie culturelle ouverte à tous.

Fleur Pellerin

26, 27 28 mai 2016 à 19h 30
La Réunification des deux Corées

De Joël Pommerat
L’Autre Bord Compagnie (Martinique)
Mise en scène de Caroline Savard et Guillaume Malasné

→   Lire Plus

« Amphitryon », m.e.s. de Guy-Pierre Couleau

Tropiques-Atrium : le 29 avril 2016 à 20h. Scolaires les 28 et 29 à 9h30

amphitryonSitôt sa nuit de noces avec Alcmène consommée, Amphitryon, général thébain, quitte sa jeune épouse pour aller guerroyer. Le dieu Jupiter, amoureux de la belle mortelle, profite de l’occasion pour se glisser dans son lit sous les traits du mari. Son allié Mercure monte la garde, après avoir pris l’apparence de Sosie, valet d’Amphitryon. Mais celui-ci est de retour au palais, précédant son maître pour annoncer sa victoire… et tombe nez à nez avec cet « autre moi ».
Dès lors, la pièce repose toute entière sur le motif du double et du miroir. Entre quiproquos, malentendus et rebondissements, Molière invente une fantaisie mythologique à grand spectacle, où les dieux descendus sur terre, rusés et manipulateurs, sèment la confusion et s’amusent aux dépens des humains, dupés de bout en bout et incapables de distinguer le vrai du faux.

Lire un résumé de la pièce

Amùphitryon a été créé comme un divertissement, à une époque où les scénographies se sont vues profondément et durablement enrichies des inventions de Torelli.

→   Lire Plus

Deux personnages d’immoralistes : « Dom Juan », « Le Bel indifférent »

— Par Selim Lander —

Dom Juan 2.0 Dom Juan 2.0 ou comment combiner l’écriture de plateau avec un texte classique

Molière et Dom Juan. Peut-on imaginer que cette pièce fut écrite dans l’urgence, pour pallier l’interdiction du Tartuffe, une pièce en prose, contredisant la règle des trois unités, qui n’eut que quinze représentations du vivant de Molière, bref rien qui puisse présager qu’elle soit considérée désormais comme l’un des chefs d’œuvre de l’auteur ? Le succès de la pièce est d’autant plus étonnant que si son sujet principal – l’impiété – pouvait faire scandale au XVIIe siècle, au même titre que celui de Tartuffe – la fausse dévotion – il ne peut guère toucher les Français d’aujourd’hui qui n’ont pas la religion comme principale préoccupation (on ne parle pas ici des islamistes qu’on n’imagine pas, au demeurant, en spectateurs de théâtre – ou des chrétiens intégristes qui ont besoin de quelque chose de plus provoquant que Molière pour se mobiliser).

Don Juan ou l’immoraliste. Contrairement à Tartuffe qui ne cesse de tenir des discours moralisateurs, Don Juan professe le rejet de toute morale autre que celle de ses plaisirs immédiats.

→   Lire Plus

Petites réflexions sans prétention

— par Janine Bailly—

Phedre(s) de Wajdi Mouawad, Sarah Kane et J.M. Coetzee mise en scene de Krzysztof Warlikowski au theatre de l'odeon du 17 mars au 13 mai 2016. Avec: Isabelle Huppert, Agata Buzek, Andrzej Chyra, Alex Descas, Gael Kamilindi, Norah Krief, Rosalba Torres Guerrero. (photo by Pascal Victor/ArtComArt)

Il semblerait qu’une mode sévisse actuellement au théâtre, comme si l’on était en manque d’œuvres originales à mettre en scène. Avec plus ou moins de bonheur, on « revisite » les œuvres du répertoire — sous certaines plumes il m’a même été donné de lire ce vilain verbe  de « dépoussiérer » —, on les adapte, on les change d’époques et de costumes, de lieux et de langages, on les résume et les allège ou les surcharge, on leur fait dire ce qu’au grand jamais elles n’auraient cru dire, irai-je jusqu’à écrire qu’on les triture et les tord et les malaxe en tous sens ? C’est là donc que se serait réfugiée une part essentielle de la créativité ? Ne boudons pas notre plaisir, ces manipulations font partie du jeu, et il est bel et bon que le metteur en scène prenne un point de vue qui lui soit propre, qu’il nous donne à voir le texte sous un angle singulier, et sous un éclairage qu’il aura privilégié, ceci à la condition que ce texte ne devienne pas qu’un simple prétexte.

→   Lire Plus

« Le bel indifférent » : pathétique !

— Par Roland Sabra —

le_bel_indifferent-2Un grand fauteuil, incommode sans doute. Une petite table basse avec un téléphone. Elle est déjà là, robe rouge seule sur le plateau noir. Seule c’est ce qui la définit le mieux. Elle attend. Le public entre s’installe, se salue, parle, papote comme si elle n’était pas là. Elle compte pour si peu. On le sait déjà. Imperceptiblement la lumière décline. La frontière entre l’avant et le début du spectacle est brouillée. Cette histoire n’a pas de commencement, ni de fin. Elle est de toujours, de toute éternité, sans époque et sans lieu. Une tragédie. Une tragédie de l’attente, de l’attente de l’autre, de l’amour pour l’autre, de l’amour bafoué, de la jalousie, de la solitude. Elle l’attend. Elle guette les bruits de l’ascenseur, de la cage d’escalier. Il arrive, s’installe dans le fauteuil, lit son journal. Sans un mot. Elle, elle parle, elle parle. Elle soliloque. Elle réclame. Elle menace. Elle dit aussi le mépris, la déchéance, l’obsession, l’argent, la violence et la haine, la mendicité amoureuse. Elle dit : « je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime ».

→   Lire Plus

« Dom Juan 2.0 », un parcours plaisant de la comédie à la farce

— Par Roland Sabra —

dom_juan-2_0-bLa pièce a été créée il y 9 ans et profilée de nouveau en 2014. Elle a son compteur un nombre respectable et enviable de représentations. Sa longévité est gage de qualité. C’est une adaptation réussie du Dom Juan ou le festin de pierre de Molière. La pièce on le sait a un statut d’hybridité. Elle ne respecte pas la règle des trois unités chère au théâtre classique. On ne sait pas toujours à quelle catégorie l’affecter. On l’évoque  donc quelques fois comme une tragi-comédie. Tous les metteurs en scène qui ont voulu ne s’en tenir qu’au texte rien qu’au texte ont été confrontés à cette hybridité, valorisant selon le cas tel ou tel aspect. Toute liberté prise avec le texte ne fait qu’amplifier, voire démultiplier ce questionnement.  Adaptation et / ou réécriture ? Le Robert définit l’une comme la « traduction très libre d’une pièce de théâtre comportant des modifications nombreuses qui la mettent au goût du jour ou la rajeunissent ». On peut l’entendre comme une tentative de réappropriation culturelle d’une œuvre culturelle ayant déjà une identité qui lui est propre.

→   Lire Plus

Au Théatre, il n’y a rien à comprendre, tout à sentir…

— Par José Alpha —

romyo_&_julie_alphaEn reprenant la maxime de Louis Jouvet, je m’autorise amicalement cette observation à la lecture de l’article paru le 15 avril dernier dans Madinin’art, l’organe critique des arts et spectacles vivants fort apprécié en Martinique.
Tenter de réduire la liberté du créateur du plateau théâtral, en l’occurrence celui de la tragédie romantique Romyo et Julie d’Hervé Deluge produite aux Tropiques Atrium les 14,15 et 16 avril dernier, ne peut selon moi avoir de sens pédagogique si on s’arc-boute à pointer les contre-nature, les gabegies voire les impérities du dramaturge qui poursuit pourtant son rêve de médiation à travers les histoires qu’il raconte avec ses acteurs, qu’il a su convaincre de l’estimable mission de son entreprise.
Tout en reconnaissant aimablement la jeunesse de l’histoire théâtrale en Martinique et dans les Antilles, même si, au demeurant, cette grande histoire qui trouve ses origines dans l’aire de l’esclavagisation, remonte au 18eme siècle dans l’archipel caribéen hispanophone et anglophone, certains critiques ne participent pas réellement à l’évolution perfectible de l’art à « jouer » les confusions, les dépassements, voire le mystère passionné des exaltations refoulées qui maintiennent les consciences dans l’immobilisme et la peur.

→   Lire Plus

« Le courageux petit Pépito » de Lucette Salibur

Vendredi 22 avril à 18h 30. Espace A’zwel

courageux_pepito-2Mise en lecture par Rita Ravier
avec Alex Donote, Rita Ravier, Ruddy Sylaire
CENTRE DE RECHERCHE
création et de diffusion théâtrale
Enfance et petite enfance
Une mise en lecture qui nous conte l’histoire d’un pays où aucune fleur ne pousse, où aucun oiseau ne vient chanter. Dame la pluie est retenue prisonnière dans un pays lointain. Que peut faire le courageux petit Pépito…
Centre commercial Lafontaine, Terreville, Schoelcher – Direction artistique : Lucette Salibur
Réservation : 0596 66 25 81 ou 0696 28 57 58 ou lazwel@gmail.com
L’espace A’zwel est conventionné avec la ville de Schoelcher, la Dac Martinique et est soutenu par la CTM
à l’espace A’ZWEL* des 2ans
18h30
Vendredi 22 avril

→   Lire Plus

Dom Juan 2.0, m.e.s. de Luca Franceschi

les 21, 22, 23 avril 2016 à 19h 30 au T.A.C

dom_juan-2_0— Dossier de presse —

Sept comédiens, cinq hommes et deux femmes, interprètent cette comédie qui compte une vingtaine de rôles. L’acteur ici ne se cache pas derrière son rôle, il existe en tant que tel, il est là pour nous raconter une histoire.
A l’heure du numérique, d’internet 2.0 et des communications virtuelles, où les relations se tissent par écrans interposés, réseaux sociaux et plateformes de rencontres, que reste-t-il des rapports humains, sincères et spontanés ?
En s’appuyant sur leur personnalité propre et la maitrise de rôles qu’ils interprètent avec autant de profondeur que de légèreté, les comédiens prennent possession du plateau pour créer un véritable dialogue avec le public. Un rapport ludique s’établit et introduit une idée de théâtre au présent.
Sous couvert de présenter un filage de sortie de résidence, les acteurs se présentent ici eux-mêmes au public à travers la pièce de Molière. En parallèle de leur jeu de comédien, ils se dévoilent au spectateur, dans leur rapport de groupe, leur fragilité, leur espièglerie, leurs doutes et coups de gueules.

→   Lire Plus

« Les Rencontres pour le lendemain » – Premier bilan

— Par Selim Lander —

mairie Saint-EspritOrganisées à la médiathèque du Saint-Esprit, à l’initiative d’un écrivain philosophe, Faubert Bolivar, épaulé par un petit groupe de volontaires passionné(e)s, les Rencontres du lendemain dont la première a eu lieu au mois de janvier 2016 se sont déroulées jusqu’ici au rythme annoncé d’une par mois. Il s’agit à chaque fois de donner à la personnalité autour de laquelle s’organise la soirée l’occasion de se faire connaître du public autrement que par ses œuvres, d’une manière plus personnelle, plus intime. Le déroulement de chaque soirée suit toujours à peu près le même canevas : les deux ou trois personnes que la tête d’affiche a souhaité avoir auprès d’elle pour témoigner s’expriment avant qu’elle ne prenne elle-même la parole, puis un débat s’ouvre avec le public. Dans les intervalles, un film peut être projeté à la demande de la personnalité invitée et les organisateurs s’arrangent pour lui ménager quelques « surprises » : la lecture à plusieurs voix d’un de ses textes, une chanson accompagnée au clavier ou au tambour, un témoignage qu’elle n’avait pas sollicité, par exemple de la part de quelqu’un d’éloigné qui se sera fait filmer pour la circonstance…

→   Lire Plus

Roméo et Julie : du théâtre populaire

— Par Selim Lander —

Voir la grande salle « Aimé Césaire » (on se Roméo et Juliedemande comment elle pourrait s’appeler autrement !) de l’Atrium pleine jusqu’au dernier balcon, lors de la dernière et dixième représentation (si nous avons bien compté et « scolaires » comprises) d’une même pièce a quelque chose de rassurant. Dans une petite île comme la nôtre, dont la population totale atteint à peine celle d’une ville moyenne de Métropole, il n’est pas si facile de rassembler autant de spectateurs pour le théâtre. Certes, le Théâtre municipal (inutile de préciser son nom officiel : on ne peut pas se tromper !) fait régulièrement le plein de trois représentations de la même pièce mais la « jauge » n’est pas comparable. Le Théâtre municipal a son public (un mélange étonnant de boulevardiers et de spectateurs prêts à avaler les expériences les plus contemporaines) ; l’Atrium, dans la grande salle, a également son public féru de musiques d’aujourd’hui et de théâtre « populaire ».

→   Lire Plus

« Le bel indifférent » Mise en scène : Aliou Cissé

Vendredi 22 avril à 20h -Tropiques-Atrium

le_bel_indifferent-1D’après l’oeuvre de Jean Cocteau.

Le Bel Indifférent a été écrit pour Edith Piaf et représenté pour la première fois en 1940 au Théâtre des Bouffes-Parisiens dans le décor de Christian Bérard. Paul Meurice donnait la réplique à Edith Piaf.
Il s’agit d’une courte pièce. Seul le personnage féminin parle. On assiste donc à un monologue. Un second personnage est en scène mais il ne parle pas.
La scène se passe dans une « pauvre chambre d’hôtel ». Une chanteuse de caf’conce, de retour de son tour de chant, attend son homme, Emile, un « gigolo », très beau, qui n’est toujours pas rentré. A son arrivée, elle lui fait une scène de jalousie terrible, lui demande où il était et le couvre de reproches. Pendant toute la scène, l’homme lit son journal et ne répond pas. Tandis qu’elle dévide ce qu’elle a sur le coeur, se décidant enfin à parler, il s’endort. Puis il se lève et s’apprête à partir. Comprenant qu’elle est allée trop loin, elle menace de se tuer et l’assure qu’elle l’attendra toujours.

→   Lire Plus

« Nos serments »? destinés à être violés…

— Par Michèle Bigot —

nos_sermentsNos serments

m.e.s. Julie Duclos

texte de Guy-Patrick Sainderichin et Julie Duclos

par la Cie L’In-quarto,

La Colline, Paris, 7-22/04/2016

Cette pièce au titre énigmatique est librement adaptée du film de Jean Eustache, La Maman et la Putain. Elle en reprend sans contrainte la thématique principale, celle des utopies amoureuses, telles qu’elles ont pris naissance dès les années 50 avec Sartre et Beauvoir et telles qu’elles ont été expérimentées par la jeunesse dans les années 70. En fait, le titre est inspiré par ce pacte que conclurent Sartre et Beauvoir, un engagement réciproque aux termes duquel chacun se devait non seulement de ne pas mentir à l’autre, mais de ne rien lui cacher ( La Force de l’âge).

Sans forcément en prendre une claire conscience, ils faisaient suite à une tradition bien établie dans la littérature française depuis Marivaux et sa Dispute. Aussi la pièce est-elle traversée par le souvenir de tous ces débats, et véhicule-t-elle toute une série d’échos, qui parcourent la littérature, mais aussi le théâtre et le cinéma. Si les auteurs font explicitement référence à Eustache, Sartre, Beauvoir et Marivaux, il n’en reste pas moins vrai qu’ils sont également redevables à Rohmer et à Bergman.

→   Lire Plus

« Romyo & Julie » : un symptôme de l’état du théâtre martiniquais

— Par Roland Sabra —

romyo_&_julie-0« Des actions contre nature produisent des désordres contre nature. »
William Shakespeare ; Macbeth (1605)

Disons le tout net de Roméo et Juliette il ne reste pas grand chose dans « Romyo & Julie » que nous présente Hervé Deluge, mais vraiment pas grand chose. Les rares traces de Shakespeare que l’on trouve dans le texte viennent d’autres œuvres de l’homme de Stratford-upon-Avon, de Hamlet déclarant à Ophélia « Doute que les astres soient de flammes, doute que le soleil tourne, doute de la vérité même, mais jamais ne doute que je t’aime » ou de la célèbre tirade de Shylock du Marchand de Venise :   « Un Juif n’a-t-il pas des yeux ? Un Juif n’a-t-il pas des mains… » par exemple. Il y a aussi du Jean-Paul Sartre, celui qui écrit “L’important n’est pas ce qu’on a fait de moi mais ce que je fais moi-même de ce qu’on a fait de moi. ». Il y a aussi un petite pique gratuite à l’encontre de « Tous créoles » et encore un « Touche pas la femme blanche » de Marco Ferreri .

→   Lire Plus

« Romyo & Julie », adaptation et m-e-s d’Hervé Deluge

romyo_&_julieDans cette adaptation du texte de Shakespeare, l’amour se joue sur un fond socio-historique complexe, dans un monde en passe de renouveau. 1848, la France abolit l’esclavage des nègres dans les colonies.
Tout sépare Romyo et Julie, lui est le nègre qui avec son tambour annonce sur les habitations l’abolition.
Elle, est l’héritière des colons hostiles au changement. Pourtant, ils s’aiment d’un amour fou et sincère en dépit des lois, des préjugés et de toutes les manigances. Entouré d’une vingtaine de comédiens, danseurs et musiciens, Hervé Deluge propose une transposition caribéenne, qui tout en divertissant, se situe dans une césure historique qui témoigne du passage brusque d’une société esclavagiste à une société postesclavagiste, voire moderne -à l’image des États-Unis passant du président Lincoln au président Obama.

Hervé Deluge
Formé au Nowtéat, au CDR puis à l’École régionale des Acteurs de Cannes, il joue ou met en scène tous les styles. On lui doit plusieurs adaptations de Classiques, des mises en scène de théâtre de rue avec un sens de la surprise et du spectacle.
Après « Tartuffe » il s’ataque à  » Roméo et Juliette »
D’après Roméo & Juliette de Shakespeare
Création Tropiques Atrium Scène Nationale

Adaptation & mise en scène : Hervé Deluge

Collaborateur artistique : Michel Bourgade

Assistant : Marc-Julien Louka

Création Lumière : Dominique Guesdon
Scénographie : Maud Hostache
Consultant pédagogique : Jean-Durosier Desrivières

Photo-Vidéo : Frédérique Chantossel

Musique : Groupe Bulma : Maurice Mouflet, Eddy Erepmoc, Jean-Marc Réunif
© visuel : Frédéric Lagnau

Avec :

Jean José Alpha, Jocelyne Béroard, Sully Cally, Max Cicéron, Aliou Cissé, Françoise Dô, Jean-Michel Dubray, Sarah-Corinne Emmanuel, , Daniely Francisque, Marina Jean-François, Joël Jernidier, Francky Joseph, Jean-Claude Lamorandièe, Charly Lérandy, Marc-Julien Louka, Aymeric Manuel, Florine Mullard, Gustavo Paz, Emile Pelti, Yannik Rivalain, Robert Ténébay, Virgil Venance, Vincent Vermignon, Patrick Womba

romyo_&_julie_dates

→   Lire Plus