Catégorie : Théâtre

La Gentillesse

— Par Michèle Bigot —
La Gentillesse est un texte dramatique inspiré des personnages de L’Idiot de Fiodor Dostoïevski et de La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole: des êtres hors du commun, dont la douceur confine à la naïveté, et qu’on pourrait dire frappés d’innocence. Dans l’univers feutré d’une famille bourgeoise, deux héros improbables et maladroits font exploser les cadres, les règles de la bienséance et des relations sociales. Leur irruption est une déflagration, qui vient détruire, bouleverser la vie, libérer les pulsions dissimulées.
Sur le plateau, quatre personnages, deux femmes figées dans des attitudes prostrées ou mutiques, la mère et la fille ; Dans un coin un homme et une femme (la seconde fille). Lui s’ingénie à démêler une sculpture de filaments colorés. Autoritaire et sûr de lui, il intime sèchement des ordres absurdes. La jeune femme fait de son mieux, elle est docile. C’est une « gentille ». Elle a une voix et une attitude de « ravie de la crèche », mais au fond, ce qu’elle suggère à son partenaire est frappé du sceau du bon sens. Elle l’encourage à sortir de son isolement et de son aboulie.

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« Les Cavaliers » ou Retour en pays d’enfance.

— Par Dégé —

Envoutés, littéralement transportés par la scénographie de Les Cavaliers, adapté du roman de J. Kessel par Eric Bouvron, on n’a pas vraiment envie de savoir par quels effets spéciaux cette magie a opérée.

Le brouillard artificiel qui, tel un tapis volant, nous conduit d’un lieu l’autre dans un Afghanistan hors du temps, là où coutumes et costumes ne sont plus les nôtres ; le projecteur en contre-plongée qui dessine une silhouette féminine magnifiée derrière une tenture, voile qui devient tour à tour rideau de palais ou cloison d’hôpital ; d’où émanent de si étranges sonorités ? Peu importe la technique car la vraie magie ne tient pas à elle. La magie, c’est que l’on croit aux différentes métamorphoses : celles des décors, celles des huit personnages (joués par trois acteurs) et surtout la nôtre, spectateur !

Car nous y croyons à tout ce que nous ne voyons pas : des chevaux, des chiens inexistants ; d’invisibles kilomètres, périlleux et poussiéreux ; des nomades, des peuplades évoqués…Pire ON VOIT, avec « l’aïeul de tout le monde », un costume blanc de moine encapuchonné, un être qui n’existe pas !

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Au théâtre, « Les Cavaliers » de Joseph Kessel : partir pour mieux revenir

— par Janine Bailly—

Il souffle ces derniers soirs, sur la scène du théâtre Aimé Césaire, un vent étrange venu des steppes afghanes, vent doux qui caresse, vent violent qui agresse, et soudain la petite salle, d’habitude si intime, ouvre son espace jusqu’à l’horizon de nos rêves. Ils sont quatre sur scène, et nous les suivons dans ce voyage en pays inconnu, entre imaginaire et réalité, entre admiration et effroi. Car le récit composé, mis en scène et joué avec ses trois complices par un Eric Bouvron qui sut prendre au roman de Joseph Kessel sa substantifique moelle, ce récit est tout à la fois inscrit dans le temps et doué d’éternité, réaliste dans sa cruauté et merveilleux dans ce qu’il tient du conte, histoire singulière d’un homme et métaphore de notre humanité entière.

Un décor réduit au strict nécessaire, sur les côtés du plateau des coussins et les accessoires qui permettront à trois des acteurs de se métamorphoser en un éclair, au gré des rôles différents qu’ils auront à jouer, un quart de rideau blanc qui voilera en ombre chinoise une lascive danse féminine, ou qui encore cachera pudiquement une intervention douloureuse infligée au héros blessé.

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« Les Cavaliers » au théâtre

— Par Selim Lander —

On ne lit plus guère Joseph Kessel et c’est bien dommage. Il y a des modes en littérature… Les Cavaliers est pourtant le roman sans doute le plus stupéfiant de Kessel, celui qui nous immerge dans un univers où la sauvagerie s’accompagne d’un sens sourcilleux de l’honneur. Un gros roman qui tourne autour de ce qui fut le sport national afghan, le bouzkachi, avant les pick-up et les kalachnikovs, un sport de guerriers, certes, qui se disputaient à cheval la dépouille d’un bouc, une sorte de polo, donc, beaucoup plus farouche et brutal, qui ne manquait cependant pas d’une certaine d’élégance.

Comment rendre le bouzkachi au théâtre, les chevaux pressés les uns contre les autres autour du bouc, les cris des cavaliers, puis l’un d’eux qui se détache, emportant la dépouille au galop, immédiatement poursuivi par les autres parmi lesquels l’un, plus rapide, plus adroit, s’emparera du bouc avant d’être poursuivi à son tour par la meute, et ainsi de suite ? Une gageure.

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« Les cavaliers » de Joesph Kessel dans une adaptation d’Eric Bouvron

8, 9 & 10 décembre 2016 à 19h 30 au T.A.C.

— Par Chrisitian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

La pièce nous parle d’un pays sauvage, où les hommes et les mœurs sont rudes, et nous interpelle sous le vernis d’êtres civilisés que nous sommes ou croyons être. Car c’est précisément une histoire d’hommes, dans son acception commune mais surtout spécifique qui nous est narrée. Avec la question de l’honneur, de la fierté attachée comme une chaine à tous les actes et les actions qu’ils commettent ou accomplissent.
Qu’est- ce qu’être un homme et comment le devient-on ? La souffrance est-elle un passage obligé pour y parvenir ? L’Amour est-il un frein à cette ambition ? Question dont la portée reste universelle quoiqu’on en pense. Comme quoi, si ce théâtre reste un spectacle à visée divertissante, il n’empêche en rien le public de s’instruire, de s’informer, voire de méditer. Le cruel seigneur d’une province voisine lâche son fouet et se mue en quelques secondes en un serviteur moqueur. Le jeune Ouroz participe à un violent tournoi de cavaliers d’Afghanistan : le bouzkachi du roi, un jeu équestre très réputé où s’affrontent les meilleurs cavaliers, l’on doit, en principe, récupérer une carcasse de bouc et la jeter « au milieu du cercle de justice »son père, le grand Toursene maitre des écuries du domaine lui confie son cheval Jehol pour l’évènement et lui promet de lui offrir l’étalon en cas de victoire.

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Appel à écriture théâtrale

Avant le 31 décembre 2016

textes_en_parolesBasée en Guadeloupe, l’association TEXTES EN PAROLES s’est donnée pour objet, depuis 2002, de promouvoir les écritures dramatiques contemporaines issues de, ou inspirées par l’univers de la Caraïbe ou des Amériques. Pour la saison théâtrale 2016 – 2017, l’association lance un nouvel appel à écriture théâtrale.

Où que Vous soyez et qui que Vous soyez…

Vous écrivez pour le théâtre EN FRANÇAIS ou EN CRÉOLE, en lien avec la Caraïbe ou les Amériques…
Vos textes dramatiques nous intéressent !
Avec Vos histoires, Vos personnages… nous voulons faire vivre le spectacle-vivant en Guadeloupe et au-delà, au sein de notre large réseau (NB : Les textes pour le jeune public sont bienvenus !!)
Envoyez-nous vos textes inédits en FRANÇAIS ou en CRÉOLE
au format Word, Times New Roman 12pt, interligne simple, MINIMUM : 15 pages/28000 caractères accompagné du formulaire de participation avant le 31 décembre 2016 à l’adresse-mail suivante : appel-a-ecriture@textes-en-paroles.com

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« Et tâchons d’épuiser la mort dans un baiser », m.e.s. de Marc Lainé

 — Par Michèle Bigot —

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Marc Lainé nous propose un spectacle musical créé à partir d’un matériau composite : passages de la correspondance de Claude Debussy, mêlant ce texte aux mélodies extraites de son opéra inachevé La Chute de la maison Usher, pour un pianiste, deux chanteurs et un acteur.

Les extraits choisis dans la correspondance de Debussy couvrent la dizaine d’année qui ont précédé sa mort. Ce moment de la correspondance traduit la double obsession de Debussy pour les affres de la création musicale et la maladie. Diagnostiquée en 1910, sa maladie le pousse à s’identifier à Roderick Usher, tourmenté par une mélancolie envahissante et déchiré par son impossible amour pour sa sœur. L’amour de Claude Debussy pour sa femme Emma, chanteuse accomplie, le renvoie douloureusement à la passion de Roderick pour sa sœur Madeline. Madeline est malade : elle tombe dans des transes cataleptiques. Roderick est persuadé que les murs de la maison sont pourvus d’un sens maléfiques et capables d’emmurer sa sœur. Debussy partage avec son héros une hyper-acuité des sens et sa profonde anxiété. C’est ce dont il témoigne dans sa correspondance, non moins que des tourments de la création, lui qui voulait toujours écrire la musique de demain et qui s’aperçoit, quand elle est écrite, que ce n’est que la musique d’hier !

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« Les cavaliers » de Joseph Kessel.

8, 9 & 10 décembre 2016 à 19h 30 au T.A.C.

les_cavaliers-2Mise en scène :Eric Bouvron assisté de Gaëlle Billaut-Danno
Collaboration artistique :Anne Bourgeois avec Eric Bouvron, Khalid K, Grégori Baquet, Maïa Guéritte.

Le jeune et orgueilleux Ouroz participe au tournoi le plus important d’Afghanistan, le Bouzkachi du Roi. C’est un sport très violent pour des cavaliers où tous les coups sont permis.
Mais Ouroz échoue, tombe de son cheval, et se brise la jambe. Il doit à présent retourner dans sa province lointaine pour faire face à son père, le grand Toursène, qui fut champion de ce jeu cruel et porte la fierté et la gloire d’une famille qui n’a jamais failli dans les grandes épreuves.
Ainsi commence pour Ouroz un long et périlleux voyage initiatique. Il est accompagné de son fidèle serviteur Mokkhi et de Jehol, son magnifique cheval fou. Ils vont rencontrer des êtres plus incroyables les uns que les autres, et vont traverser des lieux d’une rudesse extrême⋅
Eric Bouvron, fasciné par ce roman d’aventures sur les steppes afghanes, a eu envie d’adapter pour le théâtre le chef-d’œuvre de Joseph Kessel⋅ Cet auteur assoiffé de connaissances et de voyages a vécu sa vie avec fougue et passion⋅ Son charme, son humour et ses aventures extraordinaires ont fait de lui un écrivain incontournable.

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La Comédie-Française met le théâtre en boite

— Par Annie Chénieux —

dvd_theatreLe deuxième volume des DVD de la Comédie-Française réunit les productions prestigieuses de la Maison de Molière.

Des années 60-70 jusqu’aux années 2000, le volume 2 des coffrets de la Comédie-Française regroupe vingt-six des meilleures pièces du répertoire français (1). Entre les grands auteurs classiques (Molière, Corneille, Marivaux, Feydeau, Labiche, Hugo, Giraudoux…), les metteurs en scène prestigieux (Jean-Paul Carrière, Jacques Charon, Jean Piat, Pierre Dux, Jean Le Poulain,…), les noms se bousculent. Comédies, tragédies, drames romantiques, pièces bourgeoises, théâtre de l’absurde, écritures contemporaines, tout un répertoire est rassemblé là, capté pour toujours, et interprété par des comédiens de grand talent : Michel Aumont, Jean-Luc Boutté, Michel Duchaussoy, André Dussollier, Denise Gence, Geneviève Casile, Martine Chevalier,… Parmi les inédits, un hommage à Molière par La Troupe du Roy mis en scène par Paul-Emile Deiber, réalisé par Claude Barma en 1973.
Le vocabulaire du théâtre en objets

Un balai à ciels, une boite à sel, un cintre circulaire, un bac à plantes… Un inventaire à la Prévert ? Non, une liste d’objets, non exhaustive, ayant pour inspiration le vocabulaire technique du théâtre et nés de l’imagination de Stefania di Petrillo et Godefroy de Virieu.

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Georges Dandin, le mari que l’on ne plaint pas…

— Par Gérald Rossi —

dandin_mariage_forceEn adaptant deux des pièces de Molière pour n’en faire plus qu’une les jeunes comédiens de la compagnie du Homard Bleu proposent un tour de passe passe drôle et futé.

Plateau nu. Pour leur adaptation du « Mariage forcé » et de « Georges Dandin », deux pièces ici combinées dans un récit unique, les jeunes comédiens de la compagnie étrangement nommée du Homard Bleu ont choisi de ne pas s’encombrer du moindre élément de décor et c’est un bon choix. Les mots ne prennent que plus de sens. Ils ont aussi choisi d’inscrire l’action dans les années 1930, quand la crise faire rage aux Amériques. Ce qui n’apporte une coloration inattendue à l’intrigue, avec des incrustations bienvenues, comme la présence d’un bondissant crieur de journaux, ou encore une fête foraine survitaminée, avec jongleurs, magicien, etc. Et le tout avec un parti-pris assumé : de faire rire.

Mais pas seulement. Les Sotenville aristocrates fauchés, ont tout intérêt à ce que leur fille Angélique épouse le riche propriétaire terrien Georges Dandin. Que leur importe que la demoiselle en aime un autre.

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Nkenguegi

— Par Michèle Bigot —

nkenguegiDieudonné Niangouna, qui fut artiste associé au festival d’Avignon lors de l’édition 2013, où il présenta Shéda, est à la fois auteur, metteur en scène et acteur. Nkenguegi est sa dernière création ; elle se présente comme le troisième volet d’une trilogie dont les deux premiers volets furent Le Socle des vertiges et Shéda. Il continue dans la démesure : si ses créations sont des Odyssée, des pièces fleuves, le flot n’est pas tari qui vient irriguer Nkenguegi. Présentée dans le cadre féérique de la carrière Boulbon, Shéda donnait à voir le spectacle de la misère en terre africaine, et tous les soubresauts de la vie politique où l’effort démocratique se heurte à la tentation de la tyrannie. Ce qui préside à Nkenguegi, c’est le naufrage des migrants ! Sur scène, en fond de décor, une reproduction du tableau de Géricault, Le radeau de la Méduse, que les acteurs vont reproduire sur le plateau. A la faveur d’une structure de type « théâtre dans le théâtre », les comédiens entremêlent leurs corps épuisés dans une disposition mimétique : le drame de la Méduse trouve ici une juste transposition dans les naufrages de migrants en Méditerranée.

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Angelus novus

— Par Michèle Bigot —
antifaust

Passé maître dans la direction des créations collectives (Le Père Tralalère, Notre Terreur, La Capital et son singe), sylvain Creuzevault nous revient avec toute son équipe pour une réécriture contemporaine du mythe de Faust. Ici la figure de Faust se distribue en trois personnages : Kacim Nissim Yildirim, docteur en neurologie, Marguerite Martin, biologiste généticienne et Theodor Zingg, compositeur et chef d’orchestre. Trois figures de la libido sciendi, trois figures du pouvoir tel qu’il s’exerce sur les esprits d’aujourd’hui. Il y a quelque malice à avoir fait de Marguerite l’autre de Faust. Sa dimension féminine incontrôlable, son ubris déchaîné. Le Faust contemporain a trois visages, celui du professeur Nimbus, celui du pouvoir scientifique et celui de l’artiste. Chacun d’eux se déchaîne dans son domaine. Tous sont aux prises avec leurs démons : soif de pouvoir, débordements libidinaux, exaltation mystique, paranoïa. Faust ne connaît pas de limite dans sa soif démiurgique : tout homme de science qu’il soit, sa raison vacille. Et sa raison vacille à cause de son ambition. La raison est un démon déraisonnable, comme on sait.
Comme dans l’atome, il y a fission dans le mythe de Faust.

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Qui êtes-vous Georges Dandin ?

— Par Selim Lander —

gearge-dandin-gravure-1682Vous n’existez pas mais pourriez-vous exister ? Serait-il possible qu’un riche paysan marié à une belle jeune noble puisse se montrer aussi benêt que vous dans la pièce de Molière ? Certes pas si vous étiez un paysan parvenu, ce que votre auteur (littéraire) ne précise pas. Sans doute êtes-vous simplement le fils d’un homme riche et n’êtes vous que l’héritier de la fortune qui a séduit les parents de la belle Angélique. Car si vous étiez un homme, un vrai, vous vous accommoderiez des mœurs de votre époque, vous sauriez que la galanterie fait partie du jeu amoureux et que celui qui ne s’y livre pas ne peut s’en prendre qu’à lui-même s’il n’est pas aimé. Or vous vous comportez comme un barbon de comédie.

Molière et les femmes ! Il les craignait, il les savait – d’expérience – capables de transformer la faiblesse à laquelle la société voulait les contraindre en une force redoutable. Il a montré cela plusieurs fois, dans l’École des femmes et ailleurs. Georges Dandin ou le mari confondu n’est pas sa pièce la plus jouée, ni, il faut le dire, la plus réussie, son personnage éponyme étant par trop dépourvu de qualités.

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« La Mère confidente » – Marivaux, Lemaire

— Par Selim Lander —

la-mere-confidenteDeux jeunes gens s’aimaient d’amour tendre. Hélas, elle est riche et lui pas. Qu’il fût noble et elle roturière, l’affaire eût été dans le sac. Mais la famille de Dorante « vaut seulement » celle d’Angélique. Alors… Il y a bien quelque part un oncle suffisamment argenté qui montre de l’affection pour son neveu. Re-hélas, l’oncle est célibataire, encore vert et sur le point d’épouser. Le mariage des deux tourtereaux paraît impossible. Cependant nous sommes dans un théâtre où toutes les ficelles, même les plus grosses, sont permises. Il n’y a donc aucune raison de désespérer : Dorante épousera bien Angélique après quelques péripéties.

L’originalité de la pièce est dite dans le titre. La mère, qui doit s’opposer au mariage suivant les convenances du temps, se veut l’amie, la confidente de sa fille. Réticente, cette dernière finit par accepter cette idée révolutionnaire et par confier son amour à sa nouvelle « amie », … laquelle s’empresse de reprendre son rôle de mère, etc. Il y a certes quelque chose de très actuel dans cette situation. Aujourd’hui plus qu’hier, en effet, bien des parents, ne sachant plus quel rôle jouer exactement, hésitent devant leurs enfants entre la complicité et l’autorité.

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« Une chambre en Inde » une création du Théâtre du soleil

— Par Michèle Bigot —

une_chambre_en_indeDirigée par Ariane Mnouchkine en harmonie avec Hélène Cixoux

musique de Jean-Jacques Lemêtre

Avec la participation d’une troupe généreuse où collaborent les comédiens de la troupe du Soleil et ceux qui viennent d’horizons divers (où domine la culture de l’Inde: Kalaimamani Purisai Kannappa Sambandan Thambiran), Ariane nous offre son dernier spectacle, nouvelle mouture de la veine universaliste où trouvent leur place l’Europe toute entière et tous les siècles, mais aussi l’Inde, Kaboul et le Cambodge.

Création collective au sens plein du terme, énergie du collectif et de l’improvisation puissamment maîtrisée. Une vision globale harmonise cette diversité : celle d’un rêve plein de fantasmagories colorée, mais aussi celle du cauchemar, des viols, des explosions, attentats et autres meurtres de masse.

Tout se passe en Inde, dans la chambre où essaie de dormir Cornélia. Dans cette chambre c’est le monde entier qui s’engouffre, à la faveur des rêves, des visions, des visites, des échanges téléphoniques, à l’instar de la Chambre de Jacob de Virginia Woolf. C’est le lieu intime qui devient commun, l’espace où chacun peut transiter de la quête personnelle au drame collectif.

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« Georges Dandin » ou la fable timide

18 & 19 novembre 20h – salle Frantz Fanon. FdF.

23 novembre 19h au Carbet

george_dandin-3— Vu par José Alpha, le dimanche 13 novembre 2016 au Marin —

En épousant Angélique Sotenville incarnée ici par l’impétueuse Daniely Francisque, le paysan fortuné Georges Dandin créé par Molière le 18 juillet 1668 à Versailles à la demande du Roi Louis XIV, espère s’élever au-dessus de sa condition pour faire partie de la noblesse de la cour. Seulement la jeune femme trompe son mari et chaque fois que Dandin tente de la confondre, celle-ci l’humilie en retournant la situation contre lui, le faisant passer pour un goujat, au point de demander à ses parents de la libérer de cette union trop contraignante pour sa jeunesse.

« Monsieur de la Dandiniere » (Patrick Womba) , le père d’Isabelle et son épouse Mme Sotenville (Lucette Salibur) qui voient dans la fortune de Dandin le moyen de renflouer leurs affaires, feront tout pour sauver les apparences et garder la dot de l’ambitieux mari.

Cette farce populaire en trois actes de Molière qui n’est pas la plus célèbre, a fait pourtant l’objet de plusieurs adaptations plus ou moins réussies.

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« La pluie » : le temps de l’absence

la_pluieSpectacle(s) : La Pluie
Auteur(s) : Daniel Keene
Metteur(s) en scène : Alexandre Haslé
Acteur(s) : Alexandre Haslé, Manon Choserot
Intervenant(s) : Nicolas Dalban-Moreynas
Texte(s) : La Pluie
Dans la petite salle du Paradis, tout en haut du Lucernaire, une matrone enguenillée accueille le public avant de s’en aller avec sa carriole brinquebalante. Une petite vieille, modeste, va prendre sa place. Elle est entre les mains du marionnettiste Alexandre Haslé. Un fond d’air d’accordéon, le bruit d’un train, un chant yiddish… Des figures surgissent du fond de sa mémoire : une femme portant une voilette de deuil, un homme imposant, un vieillard barbu, un violoniste… Des gens qui sont partis en lui laissant leurs affaires, qu’elle a gardées. « Ils m’ont donné des affaires et elles remplissaient ma maison » Deux petites chaussures traînent là, celles d’un petit garçon qui lui a confié une bouteille contenant de l’eau de pluie. Puis les bruits de train ont cessé, seules sont restées les traces des pas dans la terre, la pluie. Tout ce qu’elle peut faire, « c’est me souvenir »….
Lire Plus=> LeJDD.FR

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« George Dandin » : H2K en mission!

23 novembre 19h au Carbet.

george_dandin— Par Roland Sabra —

Dans le cadre des «  Classiques revisités », la thématique du premier trimestre de Tropiques-Atrium Scène nationale, Hassane Kassi Kouyaté ( H2K) propose d’explorer « George Dandin, ou le mari confondu ». Mission ? Explorer ? De quoi s’agit-il pour lui ? De réinvestir son talent internationalement reconnu dans la formation et le perfectionnement du travail de comédiens antillais. L’argument de la pièce de Molière est connu de tous. Un paysan enrichi épouse une fille de nobliaux désargentés espérant par là acquérir quelque respectabilité. Las ! Son épouse et ses beaux-parents méprisent un mari et un gendre de si basse extraction. Sa femme n’aura de cesse de revendiquer une liberté entravée par les liens d’un mariage arrangé et pour lequel elle n’avait aucun penchant !

Lecteur naïf ou metteur en scène expérimenté nul n’est épargné par la question troublante : qu’est ce Molière a voulu dire dans ce « divertissement » royal offert à la cour de Louis XIV ? Ce diable d’homme avait plus d’un tour dans sa plume. Plus d’un siècle avant la Révolution française annonce-t-il en la personne de Dandin l’avènement politique d’une classe bourgeoise issue de la paysannerie et le déclin corrélatif d’une noblesse en voie de décomposition ?

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La mère confidente

16, 17, 18, 19 Novembre 2016 à 19h 30 au T.A.C.

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— Par Christian Antourel —

Afin de mieux espionner les amours de sa fille, la mère d’Angélique demande à celle-ci d’être sa confidente !

Dorante et Angélique se sont rencontrés avec la complicité de Lisette dans un jardin. Ils s’aiment mais Dorante n’a pas de biens et leur amour est suspendu au choix de Madame Argante, mère d’Angélique qui envisage un autre prétendant, Ergaste, pour sa fille. Un paysan peu scrupuleux..Lubin,, va profiter de cette situation pour semer les indiscrétions. Madame Argante, voulant contrôler la situation, propose à sa fille d’être sa confidente. Troubles aveux, retournement de situation, confessions et quiproquos font de cette pièce peu connue de Marivaux, un enchantement de drôleries et de finesses. « Xavier Lemaire signe une mise en scène magique de cette comédie que Marivaux écrivit en 1735 et trop peu jouée depuis, alors qu’il excelle à mettre les cœurs à nu pour en dévoiler leurs plus indicibles battements… » On aime ces images en formes de toiles peintes qui créent une ambiance propice à l’évasion, et les jeux de lumières comme sous une pergola, Clairs obscur qui donnent aux personnages l’allure de peintures « vivantes » voulues lumineuses, des instantanés de vie de figures littéraires incarnées.

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« George Dandin ou le Mari confondu » de Molière

18 & 19 novembre 20h – salle Frantz Fanon. FdF. Le  23/11 à 19h au Carbet.

le_mari_confondu-1Mise en scène : Hassane Kassi Kouyaté
Assistante à la mise en scène : Arielle Bloesch
Scénographie : Sarah Desanges
Création lumière : Marc-Olivier René
Costumes : Anuncia Blas
Univers sonore : Serge Béraud
Construction de décor : William Vahala & Tony Raynaud
Avec : Joël Jernidier (George Dandin),Daniely Francisque (Angélique), André Duguet (Clitandre), Lucette Salibur (Madame de
Sotenville), Patrick Womba (Monsieur de Sotenville), Aliou Cissé (Colin), Néophana Valentine (Claudine) & Christophe Rangoly (Lubin)
Comédie en 3 actes et en prose commandée par Louis XIV. Elle fut jouée le 18 juillet 1668 à Versailles, lors des fêtes
données pour célébrer les victoires militaires de la France. George Dandin, riche paysan, a voulu s’élever au-dessus de sa condition en épousant la fille d’un gentilhomme, Angélique de Sotenville. Mais il a tout lieu de regretter cette union : la famille d’Angélique a conclu ce mariage pour avoir son bien et lui fait bien sentir le peu d’estime qu’elle a pour lui. Quant à Angélique, elle semble disposée à se laisser courtiser par Clitandre, un jeune galant qui rôde autour d’elle, accompagné de son valet Lubin.

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« La Mère confidente », pièce de théâtre de Marivaux

16, 17 18 & 19 novembre 2016 au T.A.C. à 19h 30

la_mere_confidentePièce de théâtre en trois actes

Marivaux drape à ravir le caractère d’une mère protectrice qui se veut “amie”, “confidente” pour mieux se faire obéir.

Car l’amour triomphe toujours dans les pièces de théâtre de Marivaux et dans la Mère confidente, Angélique rencontre un étranger dans un bois dont elle tombe amoureux éperdument amoureuse.

La Mère confidente met en scène deux amoureux. Madame Argante présente le plus âgé à sa fille Angélique. Voyant que cet amoureux lui déplaît, elle interroge sa fille qui lui avoue qu’elle a souvent rencontré un jeune homme lisant dans le parc voisin, qu’ils ont fait connaissance et qu’il l’aime, mais qu’il ne la demande pas en mariage parce qu’il est sans fortune, celle-ci dépendant d’un oncle qui n’a que trente-cinq ans. La mère lui explique que cet amour est sans issue, Angélique en convient, mais elle ne peut se l’arracher du cœur. Sa mère lui demande de l’informer de tout ce qui se passera entre elle et son amant. Angélique pleure et promet.

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A la recherche de la sœur perdue

— Par Michèle Bigot —

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L’Enfant caché dans l’encrier
Joël Jouanneau, création
26/26/10/2016, Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-provence
On connaît deux Joël Jouanneau : l’auteur et metteur en scène de pièces destinées au jeune public, et le metteur en scène des textes de Beckett, Bernhard, Jelinek….
Dans le registre du théâtre destiné au jeune public, sa pièce précédente, Le Marin d’eau douce (2007), racontait déjà l’histoire d’un enfant, appelé juste Enfant, qui s’ennuyait dans son grand château. Pour rompre cet ennui, il décidait de prendre la mer, et à l’issue de ce périple, il rencontrait Minnie, sa presque sœur qui le baptisait Ellj.
C’est ce même personnage de Ellj qu’on rencontre dans la nouvelle pièce. L’enfant s’ennuie toujours, livré à lui-même. Il passe ses grandes vacances dans le château de son père, le grand amiral toujours absent. Un jour, il entend une petite voix sortir de l’encrier ; c’est celle d’une petite sœur inconnue qui l’appelle au secours. Le voilà donc parti sur les routes pour la délivrer. Au fur et à mesure que se déroule son voyage, sur terre et sur mer, Ellj retranscrit ses aventures sur son cahier d’écolier.

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Festival Kanoas : temps dédié au théâtre de la Caraïbe en Île de France

11, 12 & 13 novembre 2016

festival_kanoasAu-delà des silences, le Festival KANOAS résonne comme une porte ouverte sur l’espérance et la rencontre d’un monde beau à venir.

Kanoas est inspiré du nom que les Arawaks donnaient aux embarcations qui leur permettaient de naviguer d’île en île.
Il se nourrit des pulsations sélectives qui font la Caraïbe; il porte la trace et le devenir, engendre la forme, le rire, le verbe… il transcende les pleurs pour en faire un bouquet sans porte ni frontière.
Le Festival KANOAS est notre invitation à goûter le privilège de la connivence que les artistes extirpent du chaos.
Jean-Michel MARTIAL
Le Festival Kanoas invite les arts vivants de la Caraïbe et du monde à voyager jusqu’à vous.
En cette année 2016, ils nous viennent de Cuba, de la Guadeloupe et de la Martinique, des Comores, de Mayotte, mais aussi de Montpellier ou de Paris…
Une programmation foisonnante où se mêlent contes, danses, lectures et théâtre dans un esprit de rencontre, d’ouverture et de partage.
Au-delà des limites et des frontières, nous transcendons les différences pour le plaisir de l’ailleurs et de la découverte.

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« Lear… conte à rebours » : au jeu du qui est qui et qui dit quoi?

— Par Roland Sabra —

lear_conte_a_rebours-22008. Bernard Bloch monte Le « Ciel est vide », un texte d‘Alain Foix. La pièce convoque deux drames shakespeariens, celui de la jalousie avec Othello et celui du ressentiment avec Shylock. Deux comédiens dans les loges d’un théâtre bavardent en attendant de monter sur scène. Cinéma, télévision et théâtre, non seulement comme comédiens mais aussi comme metteurs en scène, leur expérience, plus que trentenaire, et leurs talents sont avérés, attestés. Est-ce Shylock ? Est-ce Othello ? On ne sait. mais au détour de la conversation qui porte naturellement sur Shakespeare une phrase est lancée : « J’aimerai bien faire un Roi Lear !» Moi aussi dit l’autre ! Ces deux-là sont des conteurs. Shylock, Hassane Kassi Kouyaté, héritier d’un longue famille de griots qu’on ne présente plus et Shylock, Philippe Dormoy, grand récitant, chanteur, passionné de musique, respecté par ses pairs, viennent de conclure un pacte qui les mènera tout d’abord aux pays des « sacs à paroles » comme le disait joliment Cheikh Hamidou Kane, le grand griot moderne du Sénégal. De cette rencontre va naître une hybridation entre conte et théâtre qui loin d’être une fusion, un amalgame, un salmigondis, va au contraire à partir d’identités conservées et affirmées, questionner l’un et l’autre au cœur même de leur fondements.

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La Mort de Danton

— Par Michèle Bigot —
la_mort_de_dantonG. Büchner, m.e.s. François Orsoni
Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, 10>23/10 2016

F. Orsoni n’a pas choisi la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis par hasard. La pièce se joue dans la salle Pablo Neruda, à l’intérieur du bâtiment de la mairie. C’est ce lieu politique par excellence qui lui paraît le plus propice pour faire entendre ce drame romantique aux accents shakespeariens, qui entremêle dans un désordre calculé la problématique du pouvoir, de la violence révolutionnaire et les déchirements de l’intime. Le metteur en scène privilégie ce théâtre de la parole, où s’énonce l’Histoire dans le verbe le plus cru, mettant au jour les failles des héros. Danton, Robespierre, Saint Just, Camille Desmoulins, tous avocats et brillants orateurs, certains plus tribuns, d’autres plus dialecticiens. Ils s’enivrent dans leur verbe. Ils sont emportés par la fièvre révolutionnaire. Ce qui se joue c’est la vie et la mort, dans une urgence fébrile.
Buchner, qui a une prédilection pour ces héros à demi déchus, broyés par la tourmente, comme Lenz ou Danton, a choisi une forme dramatique résolument moderne, qui fait fi des critères dramatiques traditionnels : une structure par fragments rend compte du télescopage entre les aspects les plus opposés de la vie.

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